Repentance, pardon et réconciliation
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Repentance, pardon et réconciliation
courrier correo courier 2010 / 3 & 4 www.mwc-cmm.org Conférence Mennonite Mondiale 82 87 • Mennonite World Conference • Congreso Mundial Menonita La CMM ‘en forme’ pour aborder les changements Prochain Rassemblement aux États-Unis ? 13 5 Collaboration entre organisations d’entraide 16 8 20 10 23 11 24 14 Être unis en Christ ? Dimanche de la Fraternité Mondiale : Ensemble pour servir Dieu Les mennonites touchés par la catastrophe au Congo La CMM donne 50 000 USD aux hôtes du 15e Rassemblement Luthériens et anabaptistes : Repentance, pardon et réconciliation pages 2-7 Les luthériens et les anabaptistes se réconcilient lors d’un culte de repentance et de pardon Stuttgart, Allemagne – Le 22 juillet 2010, la page a été tournée sur presque 500 ans de culpabilité : des représentants des 70 millions de luthériens du monde entier ont demandé que leur soient pardonnées la violente persécution des anabaptistes du 16e siècle et les images négatives des anabaptistes et des mennonites qui ont continué à circuler dans leurs communautés et leurs instituts de théologie. La Conférence Mennonite Mondiale (CMM), qui représentait les anabaptistesmennonites, a reçu leur requête et accordé son pardon. Cette étape décisive a été photo : Liesa Unger franchie le troisième jour du onzième rassemblement de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM), qui s’est tenu au centre de conférence de Liederhall à Stuttgart. Par l’adoption de la déclaration intitulée ‘Acte concernant l’héritage de la persécution luthérienne des anabaptistes’, les luthériens se repentent de la persécution violente des anabaptistes et de sa justification théologique par les réformateurs luthériens. Environ 480 délégués du monde entier ont reconnu “pour le mal que nos prédécesseurs du XVIe siècle ont fait aux anabaptistes, pour avoir oublié ou ignoré cette persécution au cours de ces derniers siècles et pour tous les portraits inappropriés, fallacieux et injurieux des anabaptistes et des mennonites faits jusqu’à aujourd’hui par des auteurs luthériens dans des ouvrages d’érudition et de vulgarisation”. Quatre années de travail. L’acte, que le président de la FLM, l’évêque Mark S. Hanson, décrit comme “peut-être le plus significatif de ce rassemblement” est l’aboutissement de quatre années de travaux accomplis par la Commission d’Étude Internationale LuthéroMennonite de la FLM et de la CMM. Des représentants officiels de la CMM et d’autres mennonites d’Allemagne, de France, de Suisse et des PaysBas étaient témoins de cette déclaration. Il y avait aussi un nombre record d’invités d’autres dénominations chrétiennes, des orthodoxes, des catholiques, des anglicans, des adventistes du septième jour et des groupes luthériens non affiliés à la FLM. Dans son discours d’ouverture, Le secrétaire général sortant, Ishmael Noko (Zimbabwe) a dit que cette motion redéfinirait les relations entre mennonites et luthériens. “C’est uniquePendant le culte luthérienmennonite de pardon et de réconciliation, Larry Miller montre une gravure représentant Dirk Willems secourant celui qui le poursuivait et qui était tombé à travers la glace, une image symbolisant l’idéal anabaptiste d’amour envers les ennemis. ment en déracinant la violence, l’exclusion et la discrimination dans notre propre tradition et pratique … et en cherchant la guérison des mémoires parmi nous et avec les autres dénominations que nous pouvons devenir des témoins crédibles et efficaces de paix et de réconciliation dans notre société.” Avant le vote, Mark Hanson a résumé le thème en disant que cet acte permettrait “à la fois de construire et de définir la communion” pour les luthériens. Il a souligné que l’approbation de la déclaration n’en était qu’un des éléments. “La demande de pardon à Dieu et à nos frères et sœurs mennonites est essentiellement une prière. Aussi, pour la première fois lors d’un rassemblement de la FLM, nous aurons un culte de repentance immédiatement après la session plénière.” Beaucoup à apprendre. Mark Hanson a aussi souligné le témoignage de non-violence des mennonites aux États-Unis. “Nous avons beaucoup à apprendre de vous sur la façon de devenir des communautés de pardon.” Il a rendu hommage aux organisations catholiques œcuméniques et aux églises réformées, qui oeuvrent aussi vers la guérison des mémoires avec les mennonites. Le professeur luthérien, Joachim Track, à la tête de la commission œcuménique de la FLM, a présenté le texte, qui a été très chaleureusement reçu par les délégués argentins, nigérians et canadiens. Après un moment de courrier - courier - correo prière, Mark Hanson demanda aux délégués de voter en se levant ou en s’agenouillant. L’acte fut adopté à l’unanimité. Des représentants de la CMM furent invités à venir sur l’estrade pour répondre au nom des anabaptistesmennonites. Larry Miller, le secrétaire général de la CMM, présenta Rainer Burkart, coprésident de la Commission d’Étude, Ernst Bergen, trésorier (Paraguay), Janet Plenert, vice-présidente (Canada), Danisa Ndlovu, président (Zimbabwe) et Mesach Krisetya, ancien président de la CMM (Indonésie) – qui avait participé aux premières discussions qui devaient aboutir à la Commission d’Étude. La voix de Danisa Ndlovu trembla d’émotion quand il dit que les anabaptistesmennonites “ne pouvaient venir à cette table la tête haute, nous aussi avons besoin de la grâce de Dieu”. Il dit que cet acte était l’accomplissement de la ‘règle du Christ’ de lier et délier, selon les enseignements de Jésus dans Matthieu 18. “Nous sommes convaincus qu’aujourd’hui Dieu a entendu votre confession et vous accorde son pardon. Nous nous joignons avec joie et humilité à Dieu pour vous Couverture : Le président de la Fédération Luthérienne Mondiale, l’évêque Mark Hanson (à gauche) s’entretient avec Danisa Ndlovu, le président de la CMM, avant le culte de repentance et de guérison qui a suivi la demande officielle de pardon pour la persécution des anabaptistes au 16e siècle. photo: Byron Rempel-Burkholder 2010 - 3 & 4 pardonner. Dans l’esprit de la règle du Christ, nous croyons que ce que nous faisons ensemble ici aujourd’hui, Dieu le fait aussi dans les cieux.” Selon la pratique du lavement des pieds en usage dans nombre d’églises anabaptistes-mennonites, Danisa Ndlovu, aidé de Janet Plenert, a présenté un baquet de bois réservé à cet usage et une serviette à Mark Hanson. Danisa dit que le baquet était “un signe de notre engagement à ce que les relations entre luthériens et anabaptistes-mennonites soient caractérisées par un amour sans limite et un service à toute épreuve. Nous apprendrons à chercher le bien l’un de l’autre dans la vulnérabilité et la soumission mutuelle.” Développer notre humanité. Pour de nom- breux délégués, la pratique de l’humilité et du service rappelait le message de l’archevêque anglican de Canterbury, Rowan Williams, un peu plus tôt. Il avait lié le thème du rassemblement, ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien’, à la vulnérabilité du peuple de Dieu qui doit admettre sa dépendance à l’égard de Dieu, non seulement pour la nourriture mais aussi pour la réconciliation. “Le pardon est une des manières les plus radicales de développer notre humanité mutuelle” dit-il. Dans son message, Rowan Williams mentionna que cet acte était un exemple de cette vulnérabilité. “Pour ces églises, recevoir la contrition de nos communautés est la reconnaissance, remplie de miséricorde, du corps du Christ, et du fait qu’elles ont besoin de nous ; et nous avons de bonnes raisons Photo © LWF / Erick Coll Mark Hanson, président de la FLM (à gauche) reçoit un baquet de bois, réservé à l’usage du lavement des pieds, du président de la CMM, Danisa Ndlovu. Danisa dit que le baquet était “un signe de notre engagement à ce que les relations entre luthériens et anabaptistes-mennonites soient caractérisées par… un service à toute épreuve”. d’avoir besoin d’eux dans notre monde où des siècles de collusion chrétienne avec la violence ont laissé le pouvoir s’exercer sans limite.” De l’action à la prière. Juste après le vote, les secrétaires généraux et les présidents de la FLM et de la CMM ont conduit les délégués et les invités dans une autre salle pour un culte de repentance et de guérison. Le culte permettait aux mennonites et aux luthériens de partager histoires, prières et musique de leur tradition. Une chorale composée de mennonites et de luthériens d’Ingolstadt (Allemagne) a entraîné l’assemblée dans des chants des deux traditions. Wilhelm Unger, pasteur mennonite et musicien de Regensburg, a chanté un hymne écrit à partir d’un texte du martyr anabaptiste Michael Sattler. Frieder Boller, président de Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Gemeinden in Deutschland, a raconté l’histoire d’un martyr anabaptiste, soulignant l’appel à être prêt à mourir pour sa foi. Theodor Dieter, directeur de l’Institut de Recherches œcuméniques de Strasbourg et co-secrétaire de la Commission d’Étude, a exprimé son profond regret de ce que les réformateurs luthériens, dont Luther luimême, aient utilisé des arguments théologiques pour justifier la persécution et la mise à mort des anabaptistes. Larry Millers montra une illustration de l’anabaptiste Dirk Willems secourant celui qui le poursuivait et qui était tombé à travers la glace. Cette image est devenue le symbole de l’idéal anabaptiste d’amour envers les ennemis. Larry Miller a reconnu que de tels exemples ont parfois conduit les anabaptistesmennonites à présenter l’image du martyre comme un ‘signe de supériorité’. “Nous avons eu tendance à dévelop3 per une identité fondée sur la victimisation, pouvant nous conduire à l’auto-justification et l’arrogance, et nous aveuglant sur nos faiblesses et nos défaillances, profondément enracinées aussi dans notre tradition.” Des branches d’olivier. Après la lecture des Écritures et des prières pour la guérison, des membres de la CMM se sont avancés et ont recouvert la nappe pourpre de l’autel par une nappe blanche, symbolisant ainsi le passage de la repentance à la guérison. Ils ont mis des branches d’olivier autour de l’autel pour indiquer leur engagement à vivre dans la paix. Des délégués ont passé des coupes emplies d’huile de Terre Sainte pour s’oindre mutuellement en disant “Dieu te donne un nouveau cœur et un nouvel esprit”. Pour continuer à envisager l’avenir sous le signe de la réconciliation, les participants ont ensuite entendu des témoignages de luthériens qui oeuvrent déjà à la paix. L’évêque colombien Eduardo Martinez a raconté que les luthériens et les anabaptistes travaillent déjà main dans la main pour faire face à la violence de ce pays. Michael Martin, un pasteur luthérien bavarois, a décrit deux décennies de relations entre mennonites et luthériens en Allemagne, et les révisions faites au matériel liturgique des luthériens pour refléter une meilleure compréhension de l’anabaptisme. Susan C. Johnson, évêque de l’église luthérienne évangélique du Canada, et Janet Plenert, vice-présidente de la CMM mentionnèrent des initiatives communes au Canada, allant de l’agriculture à la préparation commune de matériel d’étude et pour les cultes. Le lieu et le moment de l’événement étaient lourds de symbole. La ‘Stiftskirche’ de Stuttgart, où se sont tenus différents cultes, était ellemême le signe que même au 16e siècle les réformateurs n’étaient pas unanimes dans leur persécution des anabaptistes. Johannnes Brenz, enseveli dans cette église avait vigoureusement défendu la conviction que l’État n’avait pas autorité en matière de foi. Ainsi que l’a dit Mark Hanson, les luthériens ‘recouvraient’ l’héritage de Brenz. – Byron Rempel-Burkholder Déclaration luthérienne : Prise de position sur la persécution des anabaptistes par les luthériens L orsque, aujourd’hui, les luthériens prennent conscience de l’histoire des relations entre luthériens et anabaptistes au XVIe siècle et dans les siècles suivants, telle qu’elle est présentée dans le rapport de la Commission d’étude internationale luthéro-mennonite, ils éprouvent un profond sentiment de regret et de douleur à considérer les persécutions dont ont été victimes les anabaptistes de la part des autorités luthériennes, et en particulier du fait que des réformateurs luthériens ont appuyé cette persécution par des arguments théologiques. C’est ainsi que, au nom de la famille luthérienne mondiale, l’Assemblée de la FLM veut exprimer publiquement son profond regret et sa douleur. Mettant notre confiance en Dieu qui, en Jésus-Christ, a réconcilié le monde avec lui, nous demandons pardon – à Dieu et à nos soeurs et frères mennonites – pour le mal que nos prédécesseurs du XVIe siècle ont fait aux anabaptistes, pour avoir oublié ou ignoré cette persécution au cours de ces derniers siècles et pour tous les portraits inappropriés, fallacieux et injurieux des anabaptistes et des mennonites faits jusqu’à aujourd’hui par des auteurs luthériens dans des ouvrages d’érudition et de vulgarisation. Nous prions Dieu d’accorder à nos communautés la Photo © LWF / Erick Coll À droite : les délégués de la Fédération Luthérienne Mondiale écoutent la déclaration reconnaissant la persécution des anabaptistes et demandant pardon. 4 courrier - courier - correo guérison de la mémoire et la réconciliation. Nous nous engageons : • à interpréter les Confessions luthériennes à la lumière de l’histoire présentée ci-joint des relations entre les luthériens et les anabaptistes ; • à veiller à ce que cette décision de la FLM soit répercutée dans l’enseignement des confessions luthériennes, dans les séminaires et dans d’autres activités d’enseignement de nos Églises membres ; • à poursuivre l’examen des questions non résolues qui se posent entre nos deux traditions, en particulier celles du baptême et des relations des chrétiens et de l’Église avec l’État, dans un esprit d’ouverture mutuelle et avec la volonté d’apprendre les uns des autres ; • à affirmer le présent consensus, aboutissement de l’expérience de nos Églises au cours des siècles, pour refuser le recours à la force publique que ce soit pour exclure ou pour imposer des croyances religieuses particulières ; et à oeuvrer à la reconnaissance et à l’affirmation de la liberté de religion et de conscience dans les ordres politiques et les sociétés ; et • à demander instamment à nos organismes internationaux, à nos Églises membres et en particulier à nos congrégations de chercher des moyens de poursuivre et d’approfondir nos relations avec la Conférence Mennonite Mondiale et avec les communautés mennonites locales au travers de prières et d’études bibliques communes, d’un engagement humanitaire conjoint et d’un travail en commun pour la paix. – approuvé par la Onzième Assemblée de la FLM, 22 juillet 2010 2010 - 3 & 4 photo : Wilhelm Unger Comme symbole du passage de la repentance à la guérison, des membres de la communauté de la CMM qui participaient au culte de reconnaissance ont recouvert la nappe pourpre de l’autel par une nappe blanche. Ils ont aussi mis des branches d’olivier autour de l’autel en signe d’engagement à vivre dans la paix. La réponse mennonite : Vivre ensemble la ‘règle du Christ’ M artin Luther, tout comme les anabaptistes, se réfère à une pratique importante des premiers chrétiens appelée la ‘règle du Christ’. Elle est décrite dans Matthieu 18, l’un des deux seuls textes du Nouveau Testament où Jésus utilise le mot ecclesia – ‘église’. Dans les deux cas, il s’agit de ‘lier et délier’. Ici, son enseignement concerne le pardon qui restaure la communion dans la communauté des disciples. (...) En ce jour, en ce lieu, luthériens et anabaptistesmennonites, nous accomplissons la ‘règle du Christ’. En ce jour, en ce lieu, nous, luthériens et anabaptistes-mennonites et autres chrétiens mettons en pratique un enseignement fondamental et essentiel de l’Église : lier et délier, demander et accorder le pardon, restaurer et guérir les relations dans le corps du Christ. À Dieu soit la gloire ! V ous confiant en Dieu qui a réconcilié le monde avec lui-même en Jésus Christ, vous avez entrepris cette action sur l’héritage de la persécution des anabaptistes pour laquelle vous demandez pardon à Dieu et aux frères et sœurs anabaptistes-mennonites. (…) Sommes-nous dignes de recevoir votre demande ? Nous sommes tristement conscients de nos propres manquements. Nous ne pouvons nous approcher de cette table la tête haute. Nous ne pouvons y venir que la tête baissée en signe d’humilité et dans la crainte du Seigneur. Nous ne pouvons arriver à ce point sans voir notre propre péché. Nous ne pouvons arriver à ce point sans reconnaître notre propre besoin de la grâce et du pardon de Dieu. Nous sommes profondément émus par votre esprit de repentance et par votre demande de pardon. Et nous nous souvenons de la prière de George Blaurock, le premier anabaptiste, baptisé le 21 janvier 1525 à Zurich (Suisse) et mort sur le bûcher le 6 septembre 1529 à Klausen (Autriche). Alors qu’il était en prison George Blaurock écrivait : “Je prie sincèrement pour tous mes ennemis, O Seigneur, quel que soit leur nombre. Ne leur impute pas leurs péchés. Seigneur, je 5 m’en remets à ta volonté.” Nous croyons que Dieu a déjà entendu et répondu à cette prière anabaptiste. Nous croyons qu’aujourd’hui Dieu a entendu votre confession et vous accorde le pardon. Nous nous joignons à Dieu dans l’allégresse et l’humilité pour accorder le pardon. Dans l’esprit de la ‘règle du Christ’, nous croyons que ce que nous faisons ensemble aujourd’hui sur terre, Dieu le fait aussi dans les cieux. À Dieu soit la gloire ! V ous confiant en Dieu qui a réconcilié le monde avec lui-même en Jésus Christ,vous avez non seulement recherché le pardon pour le passé, mais vous avez aussi prouvé votre intégrité en prenant des engagements précis par une nouvelle action. C’est avec reconnaissance que nous prenons ces engagements. En réponse : • Nous nous engageons à promouvoir les interprétations de l’histoire luthéroanabaptiste qui prennent au sérieux la description faite par la Commission d’Étude Internationale LuthéroMennonite ; • Nous nous engageons à nous assurer que votre initiative de réconciliation soit connue et respectée dans l’enseignement des églises anabaptistes-mennonites sur les luthériens ; • Nous nous engageons à continuer avec vous la réflexion sur les questions non résolues entre nos deux traditions, dans un esprit de vulnérabilité et d’ouverture au Saint-Esprit ; • Nous nous engageons à encourager nos églises membres, leurs paroisses et leurs institutions à développer de meilleures relations 6 et une collaboration plus active avec les luthériens pour servir le monde. À Dieu soit la gloire ! P endant le dernier souper, Jésus dit à ses disciples : “Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres.” (Jean 13/34-35). Puis il a démontré concrètement ce nouveau commandement : “Jésus se lève de table, dépose son vêtement et prend un linge dont il se ceint. Il verse ensuite de l’eau dans un bassin et commence à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.” Nombre d’églises anabaptistes et mennonites pratiquent le lavement des pieds. Ce baquet de bois, réservé à cet usage, provient de l’une d’entre elles. Nous vous l’offrons en signe d’engagement pour qu’à l’avenir nos relations soient caractérisées par un amour sans limite et un service sans faille. Nous apprendrons à rechercher le bien l’un de l’autre dans la soumission mutuelle et volontaire. Car c’est au travers de notre vulnérabilité que la miraculeuse présence de Dieu, qui transforme et réconcilie, devient visible au monde. À Dieu soit la gloire ! – Ce texte est une version abrégée de la réponse lue par le président Danisa Ndlovu au nom de la CMM. Le texte intégral se trouve sur www.mwc-cmm.org. Comprendre ce qui s’est passé au 16e siècle Phyllis Pellman Good L a confession de foi luthérienne a été rédigée en 1530 avec l’accord de Martin Luther. Ce document, appelé ‘Confession d’Augsbourg’, a 480 ans, cependant il fait toujours autorité et unit les églises rattachées à la Fédération Luthérienne Mondiale. Dans cette confession figurent au moins sept ‘condamnations’ des anabaptistes, qui apportent des arguments théologiques à leur persécution, particulièrement à cause du baptême volontaire des adultes et de leur réticence à participer au gouvernement. Bien que ces menaces n’aient plus cours, la présence de ces condamnations dans ce document encore très utilisé a rendu nécessaire qu’elles soient examinées avec attention et honnêteté. Cette démarche a commencé quand les mennonites allemands ont été invités à se joindre aux festivités du 450e anniversaire de la Confession d’Augsbourg. Un pasteur mennonite souligna l’ironie de célébrer “notre propre condamnation”. Cette réflexion aboutit à plusieurs dialogues au niveau national (en Allemagne, en France et aux États-Unis) et à quatre années de conversation internationale entre luthériens et mennonites. Le but de ces conversations internationales ? “Mettre en place un cadre théologique permettant aux luthériens et aux mennonites d’exprimer leurs convictions et leurs préoccupations de telle sorte que chaque partie se sente comprise par l’autre.” Dans le respect et avec prudence, des représentants des mennonites (Conférence Mennonite Mondiale) et des luthériens (Fédération Luthérienne Mondiale) ont formé une Commission d’Étude Internationale pour réfléchir à ce qu’ils pourraient faire concernant leur passé difficile. Était-il possible pour les luthériens de reconnaître que leur confession de foi comportait une justification théologique de la violence (et même du meurtre) envers les anabaptistes ? Pourraient-ils demander sincèrement pardon tout en restant fidèles à la Confession d’Augsbourg ? Était-il possible que les mennonites acceptent de ne pas exagérer leur martyre, et même de reconnaître qu’il y avait des raisons historiques compréhensibles aux courrier - courier - correo déclarations incendiaires des luthériens ? Les mennonites seraient-ils capables de revoir leur identité concernant leur martyre afin de pouvoir offrir un vrai pardon aux luthériens ? Ces deux églises pourraient-elles envisager un avenir sans colère ni soupçon, permettant de voir l’autre comme un membre légitime du corps du Christ ? Rainer Burkart, coprésident mennonite de la Commission d’Étude Internationale, dit : “Imaginez que nous fassions partie d’une grande famille dans laquelle deux parties sont en conflit depuis très longtemps. Comme il serait bon si chacune pouvait raconter son histoire pendant que l’autre écoute !” “Il a fallu 15 rédactions de certaines parties du rapport et beaucoup de fatigue pour transformer nos perceptions différentes en perspectives communes”, rappelle Larry Miller, co-secrétaire de la Commission et secrétaire général de la CMM. Qu’a apporté ce grand investissement de temps et d’énergie ? “Nous avons longuement évoqué le 16e siècle et ses tragédies. Nous avons toujours des avis différents sur de nombreux sujets importants”, explique Rainer, “mais nous avons trouvé les moyens de gérer nos différences”. “Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que les deux églises allaient parler de la Confession d’Augsbourg d’une manière différente de par le passé ; et que l’enseignement concernant ces malheureuses condamnations seraient semblables dans les deux dénominations. Nous allons rester en dialogue, particulièrement sur les questions du baptême et des relations entre Église et État.” A lfred Neufeld, théologien d’Asunción (Paraguay), souligne ce qu’il considère comme un résultat significatif pour les anabaptistes-mennonites. Ces dialogues : 1. peuvent aider les mennonites à comprendre la raison de ces condamnations ; 2. ont révélé que les mennonites n’ont pas toujours été aussi cohérents qu’ils le pensent dans leur enseignement et leur pratique sur la question des relations avec l’État ; 3. soulignent que les anabaptistes constituaient un problème politique réel au 16e siècle, et remettaient en question les fondements mêmes de la société, selon les luthériens. “Nous sommes maintenant libres de nous considérer comme égaux”, dit Alfred. “Ces conversations n’ont pas changé l’histoire du martyre des anabaptistes ni notre conception de la communauté spirituelle comme alternative de non-conformité au monde. Mais leur honnêteté et leur intensité permettent aux luthériens de mieux nous comprendre.” “Nous devrions arrêter de nous glorifier à cause de notre martyre” pense Alfred. “Les luthériens ont aussi leurs martyrs. Nous pensons qu’ils sont adeptes du statu quo, mais nous n’avons pas le monopole du martyre et du courage. C’est une histoire commune.” Rainer pense que pour les luthériens, c’est un change- 2010 - 3 & 4 ment majeur. “Ils sont devenus conscients (ainsi que leurs paroisses) qu’il y avait des problèmes dans la Confession d’Augsbourg. Ils ont identifié le problème : la justification théologique de la marginalisation et du meurtre des anabaptistes qui faisaient partie de leurs communautés.” “Ils ont décidé d’aborder très différemment les convictions théologiques différentes des leurs.” Rainer ajoute : “Je crois que nous les mennonites découvrons que nous n’abandonnons pas nos convictions théologiques quand nous dialoguons avec des personnes d’avis différents. Le dialogue nous permet de mieux comprendre nos différences. Il n’est pas nécessaire de constamment vouloir se défendre”. “Les mennonites se sont accordés avec les luthériens sur la façon de raconter leur histoire commune” dit Larry. “La façon dont nous nous considérions, interprétions le comportement et la théologie de l’autre était une de nos différences. Maintenant, après une conversation franche et approfondie, nous allons raconter la même histoire.” “Ceci n’est pas la célébration de l’unité doctrinale sur tous les points” insiste Larry. “C’est plutôt une nouvelle et – nous le croyons – une honnête compréhension des événements du 16e siècle et des conséquences. Les luthériens se sont engagés à enseigner leur confession de foi en fonction de ce dialogue. Quand ils réimprimeront la Confession d’Augsbourg avec des commentaires, ils incluront les nouvelles perspectives, engagements et interprétations de l’anabaptisme.” “Nous ne devons pas être moins respectueux des luthériens et de leurs dons qu’ils le sont quand nous raconterons notre histoire commune.” Phyllis Pellman Good, Lancaster (États-Unis) est consultante en communications pour la CMM. Comme symbole du ‘nouveau cœur et nouvel esprit’, le président de la CMM, Danisa Ndlovu, a oint Ishmael Noko, secrétaire général sortant de la FLM, avec de l’huile de Terre Sainte, pendant le culte de réconciliation et de guérison à Stuttgart. Ils sont tous deux zimbabwéens et de mères originaires de l’église Frères en Christ. photo : Liesa Unger 7 Rapport de la réunion annuelle du Comité Exécutif : La Conférence Mennonite Mondiale ‘en excellente forme’ pour aborder les changements de structure et de personnel Addis Abeba, Éthiopie – “La CMM est en bonne forme. Elle ne connaît pas de crise, et ce que nous avions décidé de faire, nous avons pu le faire.” C’est par ces mots que Larry Miller, le secrétaire général, a résumé le travail de la CMM devant le Comité Exécutif, dont la réunion annuelle s’est tenue du 28 juillet au 4 août 2010. La plupart des membres de ce Comité Exécutif sont nouveaux : ils ont été élus par le Conseil Général en 2009 à Asunción (Paraguay). Responsable de l’encadrement du travail de la CMM entre les sessions triennales du Conseil Général, le nouveau Comité Exécutif a commencé par se familiariser avec la structure et le travail de l’organisation. Mais il a été très vite impliqué dans les discussions concernant les secteurs importants du travail en cours de la CMM, comme la fréquence des rassemblements de la CMM et le lieu du prochain rassemblement. Aussi, après avoir sérieusement considéré les alternatives, le Comité Exécutif a décidé de confirmer le cycle de six ans. Il a choisi les États-Unis – ou l’Indonésie – comme lieu du prochain rassemblement en 2015 (voir article à droite). “Mais la CMM est davantage que des rassemblements” lui a dit Larry. Le Comité a appris qu’il supervisait également le travail des quatre commissions, une nouvelle structure de la CMM. 8 Mises en place in 2009, les quatre commissions (Foi et Vie, Paix, Diacres et Mission) ont informé le Comité Exécutif qu’elles ont commencé leur travail et ont fait part de leurs projets : • La Commission Foi et Vie prépare une enquête sur les pratiques du baptême et de la cène des Églises membres ; • La Commission Paix projette de faire une étude des pratiques de la paix dans les églises anabaptistes au niveau mondial ; • La Commission Diacres a choisi deux diacres anabaptistes mondiaux dans chaque continent qui seront particulièrement disponibles en temps de crise ; • La Commission Mission a annoncé qu’elle tiendra en 2013 une réunion mondiale missionnaire en Asie. Mandat des commissions. “Quel est le rôle de ces commissions ?” ont demandé plusieurs membres du Comité Exécutif. “Gèrent-elles les programmes de la CMM ?” “Ce n’est pas l’objectif des commissions”, dit Larry. “Leur principale tâche est de préparer des sujets de réflexion et des ressources pour le Conseil Général et les Églises membres. Mais il semble que certains s’attendent à ce qu’elles coordonnent des programmes. Le Comité Exécutif doit continuer à être vigilant sur ce point.” Le Comité Exécutif a approuvé ces projets, mais aussi a mis en garde contre le risque de faire double emploi. Il a encouragé les commissions à travailler ensemble et de manière globale. Dans ce but, les présidents et secrétaires des commissions se sont réunis pour la première fois après la réunion du Comité Exécutif. Nouvelle équipe, nouvelle structure. La forma- tion des commissions n’est pas le seul changement dans la CMM. Le comité de recherche, chargé de trouver un nouveau secrétaire général pour remplacer Larry Miller, quand il quittera ce poste en 2012 après 22 ans de service, a fait son rapport et présentera un nom lors de la prochaine réunion en mai 2011. Le précédent Comité Exécutif (2003-2009) a initié une évolution vers des représentations et des bureaux de la CMM dans chaque continent. “Dans l’avenir, nous devrons décider du type de bureaux et de représentations que nous voulons, dans quels pays ils se trouveront, et de leurs coûts”, dit Ernst Bergen (Paraguay), le trésorier. “Ce sont de bons sujets de réflexion, fruits de notre croissance”. “Mais nous ne souhaitons pas que les cadres et le personnel soient les seuls à y réfléchir”, dit encore Ernst. Des consultants du Nord et États-Unis en 2015 : préférence L ors de sa réunion à Addis Abeba (28 juillet- 4 août 2010), le Comité Exécutif de la CMM s’est prononcé à l’unanimité pour tenir le prochain Rassemblement de la CMM aux États-Unis en 2015. Le Comité a aussi décidé à l’unanimité de considérer l’Indonésie comme une alternative pour 2015, si les plans pour les États-Unis ne sont pas réalisables. L’Indonésie a aussi sa préférence pour le rassemblement mondial de 2021. “Pour que le prochain rassemblement ait lieu aux États-Unis, il faut deux choses : d’abord discuter avec les églises membres de la CMM nord-américaines pour savoir si elles désirent accueillir le prochain rassemblement ; et, le cas échéant, faire une étude de faisabilité concernant le site qu’elles proposeront”, dit Larry Miller, le secrétaire général de la CMM. Une étude extensive avait été faite en 2004, lorsque les églises membres des États-Unis avaient invité la CMM à tenir son rassemblement de 2009 dans l’est de la Pennsylvanie. Mais après mûre réflexion, la CMM avait accepté l’invitation et l’étude des églises membres paraguayennes, reçues en même temps. Le Comité Exécutif tient donc la promesse faite à ses membres nord-américains en 2004, de considérer avec ‘le plus grand sérieux’ d’y tenir le Rassemblement de 2015. courrier - courier - correo du Sud examineront les questions liées à la transition et la future structure de la CMM et donneront leur avis. Budgets et opportunités. Bien que la CMM soit en bonne santé financière, elle ne peut pas encore établir simultanément des bureaux sur chaque continent, précise Ernst. Ce plan figure donc dans les projections financières en tant que ‘opportunité’, de même que différents autres projets que la CMM réalisera au fur et à mesure de ses moyens. Les rentrées couvrent les dépenses des projets en cours, dit Karen MartinSchiedel (Canada), directrice Finance et Administration. Le Comité Exécutif a approuvé le budget du Fonds Général de 897 000 USD pour 2011, à cause des frais supplémentaires dus aux changements ; 150 000 USD proviennent du fonds de réserves prévu pour la période de transition. La CMM a constitué des réserves modestes ces dernières années grâce surtout aux contributions personnelles faites à Leadership Campaign, destinées à financer la transition des responsabilités, et aussi grâce à l’excédent du 15e Rassemblement. “J’aimerais que la CMM utilise dans les autres continents la même stratégie qu’en Amérique du Nord” dit Pakisa Tshmika (Congo/États-Unis), collaborateur de la CMM. “Il faut que nous poussions les Africains, les Asiatiques et les Latino-Américains à faire leur part”. photo : Markus Rediger La CMM poursuit sa tradition de planter un arbre dans le pays qui l’accueille. Mais dimanche 1er août, elle a planté 38 arbres près de l’église Misrak Meserete Kristos, la plus grande des paroisses de MKC en Éthiopie ! Ci-dessus, le président de MKC, Tewodros Beyene (au centre) et le président de la CMM, Danisa Ndlovu, avec des plants. À gauche se trouve Sisca Ibanda, la représentante africaine au Comité Exécutif. du Comité Exécutif pour le prochain Rassemblement mondial Ce choix a aussi été fait parce que les trois derniers rassemblements ont eu lieu dans le Sud : Calcutta, Inde, en 1997 ; Bulawayo, Zimbabwe, en 2003 et Asunción, Paraguay, en 2009. “Bien que la majorité des mennonites et Frères en Christ vivent dans l’hémisphère sud, le Comité Exécutif pense qu’il est essentiel que les églises du Nord aient l’occasion d’accueillir la famille mondiale dans leurs communautés”, a commenté Larry. “Il est vrai que la plupart des habitants du Nord ont davantage les moyens de voyager que ceux du Sud, cependant le Comité Exécutif affirme clairement son désir de ne pas priver les églises membres du Nord d’offrir l’hospitalité à l’Église mondiale et de connaître la joie de la communion fraternelle avec les sœurs et les frères du monde entier” dit encore Larry. L e Comité Exécutif a reconnu que l’obtention de visas pour les États-Unis posera probablement un problème sérieux pour les habitants de certains pays. Il s’est engagé à ce que la CMM explore toutes les voies légales et à prier sans cesse pour que tous ceux qui le souhaitent puissent assister au rassemblement. “Nous sommes en relation avec trois autres communions mondiales qui ont récemment tenu leur assemblée mondiale aux États-Unis” a expliqué Larry. “Elles ont eu plus ou 2010 - 3 & 4 moins de succès dans ce domaine, et nous nous concerterons avec elles. C’est une situation problématique, mais nous sommes convaincus que nous pouvons réussir.” Lors de cette même réunion, le Comité Exécutif a aussi décidé, après avoir étudié sérieusement différentes possibilités, de confirmer le cycle de six ans de la tenue des rassemblements mondiaux de la CMM. Il a proposé deux lieux pour les deux rassemblements suivant celui de 2015 : l’Indonésie en 2021 et l’Europe en 2027. Les membres indonésiens ont invité la CMM pour 2015. Le Comité Exécutif leur a demandé : de maintenir leur invitation pour 2015, en attendant d’avoir reçu une invitation des membres d’Amérique du Nord et que l’étude de faisabilité soit satisfaisante ; et de réfléchir à renouveler leur invitation pour 2021, si le rassemblement de 2015 se tient aux États-Unis. Plusieurs anniversaires importants dans l’histoire anabaptiste auront lieu en 2025 et en 2027. Aussi, les églises membres européennes inviteront probablement la CMM sur leur continent en 2027. La CMM réfléchira à la meilleure manière de célébrer mondialement le 500e anniversaire du premier baptême anabaptiste (janvier 1525) et le 100e anniversaire de la première conférence mennonite mondiale (juin 1925). – Phyllis Pellman Good 9 Janet Plenert (Canada), vice-présidente de la CMM, appuya cette suggestion en citant l’exemple des Paraguayens et de leur soutien au 15e Rassemblement, qui a contribué pour une grande partie à un excédent de 325 000 USD. Participation des jeunes. Elina Ciptadi- Perkins (Singapour), personne de liaison pour les jeunes, et Ayub Omondi Awich (Kenya), représentant de l’Afrique du Groupe de Travail des Jeunes, ont rencontré le Comité Exécutif pour dessiner les grandes lignes d’un nouveau ‘Réseau des Jeunes Anabaptistes’ Le Comité Exécutif C e groupe de 14 personnes est responsable du travail de la CMM entre les sessions triennales du Conseil Général. Pendant sa première réunion à Addis Abeba, Phyllis Pellman Good, consultante en communication de la CMM, a posé quelques questions à chaque membre. Deux membres étaient absents : Thuma Hamukang’andu (Zambie), église Frères en Christ, qui n’a pu venir à cause de problèmes de visa ; Félix Rafael Curbelo Valle (Cuba), décédé le 13 décembre 2009. Le Comité Exécutif nommera son remplaçant. Le secrétaire général, Larry Miller (France), participe aussi au Comité Exécutif. Photos : Merle Good / MWC 10 (YABs). Il couvre cinq domaines : (a) réseau, (b) communion fraternelle, (c) développement des capacités, (d) prise de décision et (e) identité anabaptiste. Elina explique que cette initiative est née de l’enthousiasme engendré par les deux Sommets Mondiaux de la Jeunesse liés au 14e Rassemblement au Zimbabwe et au 15e Rassemblement au Paraguay. “Les jeunes sont intéressés par la CMM et veulent s’engager” dit-elle. Le Comité Exécutif a très bien accueilli les plans du réseau, qui seront intégrés à la structure et au budget de la CMM. Il dispose de 85 000 USD, excédent pro- venant du Sommet Mondial de la Jeunesse de 2009. Dialogues interdénominationnels. Le Comité Exécutif a écouté les échos positifs et émouvants des représentants de la CMM qui venaient d’assister à l’Assemblée de la Fédération Luthérienne Mondiale à Stuttgart (Allemagne). À cette occasion, les luthériens ont demandé pardon pour l’héritage de la persécution des anabaptistes au 16e siècle. Le Comité Exécutif a aussi approuvé la participation à deux dialogues interdénominationnels : • des conversations bilatérales avec la Conférence générale des adventistes du septième jour sur le thème ‘Vivre en chrétiens’, en particulier sur les interprétations bibliques et les pratiques de la paix ; • des conversations trilatérales sur le baptême, entre la Fédération Luthérienne Mondiale, le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens (Église catholique) et la CMM. Ces dialogues commenceront en 2011. Les représentants d’Amérique Latine les ont approuvés tout en incitant à la prudence. “Étant données les réserves de certaines de nos églises, causées par la persécution passée et des déclara- Danisa Ndlovu Janet Plenert Ernst Bergen président viceprésidente trésorier Zimbabwe Canada Brethren in Christ Church Mennonite Church Canada Responsabilités dans l’église : évêque des BIC au Zimbabwe, un poste comportant des charges administratives et pastorales pour 320 assemblées BIC et postes d’évangélisation. Famille : (épouse) Treziah ; (filles) Thinkgrace, 21 an ; Trustworthy, 19 ans ; (fils) Devotion, 17 ans. Loisirs : “Aller dans le village où habite ma mère pour marcher dans la brousse loin des tensions.” Raisons d’espérer : “L’espoir, c’est accepter la réalité – et donc accepter que Dieu vous a appelé pour un temps comme celui-ci. Il faut le vivre pleinement. Je crois que c’est ce que veut dire répondre fidèlement à son appel.” Paraguay Responsabilités dans l’église : membre actif, quelques sermons. Profession : secrétaire exécutive de Mennonite Church Canada Witness. Famille : (époux) Steve ; (filles) Gabrielle, 23 ans ; Natasha, 20 ans ; Katrina, 17 ans. Loisirs : “Rouler en bicyclette au soleil, tricoter.” Raisons d’espérer : “J’ai de l’espoir quand je vois les signes de la transformation accomplie par Dieu : la compassion plutôt que la rapacité, le partage plutôt que l’égoïsme. Je crois que le royaume vient quand les gens se rassemblent, que ce soit près de chez eux ou dans le monde.” Verinigung der Mennoniten Brüder Gemeinden Responsabilités dans l’église : responsable du ministère dans les prisons à Asunción et du conseil de Fahce, une université chrétienne. Profession : Entrepreneur et partenaire dans de nombreuses entreprises. Famille : (épouse) Lucy; (fille) Daniela, 20 ans ; (fils) Samuel, 17 ans ; David, 7 ans Loisirs : “Me promener dans la nature, dans le Chaco et dans les collines autour d’Asunción.” Raisons d’espérer : “Quand je vois comment Dieu transforme radicalement les vies, je suis rempli d’espoir. On peut réellement grandir dans la foi. Dans notre ministère, nous voyons des miracles tous les jours.” courrier - courier - correo tions actuelles des catholiques, il est très important que les objectifs de ce dialogue soient bien clairs”, dit Edgardo Sanchez (Argentine). Guérison des mémoires. Larry a remar- qué qu’une des raisons d’être de ces conversations interdénominationnelles, comme avec les catholiques et les luthériens, est de parler du passé et des souvenirs. “À cause de notre histoire, nous les anabaptistes, nous nous considérons comme les héritiers des martyrs, et il nous faut prendre conscience de la manière dont cette perception affecte notre vision du monde” dit-il. “Nous photo : Merle Good / MWC Sisca Ibanda (Congo) dirige un chant pendant un culte d’une session du Comité Exécutif ; à sa droite, Ron Penner (Canada) et Edgardo Sanchez (Argentine). de violence, l’utilisation de l’argent et du pouvoir dans les relations entre anabaptistes. Sisca Mawangu Ibanda Prem Prakash Bagh Adi Walujo RD Congo Inde Indonésie Communauté des Églises de Frères Mennonites au Congo Bhartiya General Conference Mennonite Responsabilités dans l’église : Directrice des ministères concernant les femmes ; supervise les paroisses mennonites de Kinshasa. Profession : Professeur de sociologie et de psychologie pour une organisation de développement rural du Congo. Famille : (époux) Ibula Muana Katamanga Jules Cesar ; (fils) Jacques Ibula, 35 ans ; (filles) Laura Ibula, 32 ans ; Debbie Ibula, 31 ans ; (fils) Godwin Ibanda, 28 ans ; (fille) Jennifer Mawangu, 24 ans. Loisirs : “J’aime beaucoup cultiver les fleurs et les légumes.” Raisons d’espérer : “Je suis convaincue que quand chacun d’entre nous obéit à Christ, cela fait une profonde différence dans le monde.” 2010 - 3 & 4 devons aussi nous rappeler que nous sommes membres du corps du Christ, qui est beaucoup plus vaste. Nous sommes appelés à rendre compte de nos convictions et de nos pratiques, et à accepter les autres quand ils font de même.” Un rapport a aussi été fait sur le travail d’accompagnement de la CMM des Églises membres en conflit. Ces préoccupations ont conduit à un accord pour continuer à travailler sur ce qui est appelé “guérison des mémoires”, abordant des thèmes comme l’héritage de l’esclavage et du colonialisme, le pouvoir et sa transmission dans les contextes Responsabilités dans l’église : pasteur ; membre du comité exécutif de l’union d’églises. Profession : “Mon travail pastoral est bénévole. Ma femme est médecin et peut donc assurer un revenu à notre famille.” Famille : (épouse) Alka R Bagh ; (fille) Palak Prakash Bagh, 17 ans ; (fils) Anubhav Prakash Bagh, 14 ans ; mère de 76 ans. Loisirs : “Musique : composer, chanter, jouer de l’harmonium et du tabla.” Raisons d’espérer : “Nos villages chrétiens ressemblent peut-être aux villages hindous, mais notre comportement et notre témoignage de chrétiens sont différents.” Gereja Injili di Tanah Jawa Responsabilités dans l’église : Vice-secrétaire général de l’union d’églises. Profession : pasteur à plein temps ; “Je dois assurer mon propre soutien. C’est le salaire de ma femme, infirmière en chef d’un hôpital, qui nous fait vivre.” Famille : (épouse) Sri Edy Hernani ; (filles) Angela, décédée à 8 ans en 2008 ; Efifania Ariella Diani, 6 ans ; (fils) Timothy Efifanio Hernadi, 1 mois. Raisons d’espérer : “Quand ma fille était malade, certains chrétiens ont suggéré que c’était une punition. Mais j’ai dit : Non, Dieu veut me dire quelque chose. Quand nous passons par des épreuves, Dieu est particulièrement proche”. Autres sujets. Le Comité Exécutif a aussi : • reçu des exemplaires de Mission and Migration, de Rainer Burkart Allemagne Arbeitsgemeinschaft Mennonitischer Gemeinden in Deutschland Responsabilités dans l’église : pasteur de l’assemblée évangélique mennonite de Neuwied. Famille : (épouse) Angelika ; (fils) Jan, 23 ans. Loisirs : “Je lis des romans policiers. Je vais au sauna. J’aide ma femme à s’occuper de ses trois chevaux.” Raisons d’espérer : “J’espère avoir la force de vivre avec des questions non résolues et sans avoir toutes les réponses. C’est particulièrement important pour moi parce que je sais que la vie peut être injuste. Mais même quand nous en faisons l’expérience, nous devons faire confiance à Dieu, qui est aussi espoir.” 11 Jaime Prieto, le troisième volume de la série d’Histoire Mennonite Mondiale, écrit à partir de la perspective de chaque continent. Ce volume concerne l’histoire anabaptiste en Amérique Latine ; les volumes sur l’Afrique et l’Europe ont déjà été publiés et les volumes sur l’Asie et l’Amérique du Nord devraient être prêts en 2011 ; • appris que le site internet de la CMM sera refait pour fournir un accès plus facile aux ressources, un espace pour les commissions et les caucus continentaux et des blogs sur www.mwccmm.org ; • découvert que, en juin 2010, les Églises membres de la CMM comptaient près de 1,2 million de membres baptisés – 30 000 de plus que l’année précédente – répartis dans 99 unions d’églises dans 56 pays. Le total des membres anabaptistes baptisés dans le monde, membres et non membres de la CMM, est de 1 672 072. Accueil de la MKC. La plus grande de ces unions d’églises est l’église Meserete Kristos d’Éthiopie, qui accueillait le Comité Exécutif pendant les huit jours qu’ont duré ses sessions. “Nous avons maintenant 189 296 membres baptisés dans 518 paroisses,” dit le président de la MKC, Markus Rediger Edgardo Sanchez Suisse Argentine Tewodros Beyene, dans son discours de bienvenue à Addis Abeba, la capitale du pays et le centre de l’église. La MKC a également 867 postes d’évangélisation. Le secrétaire exécutif de la MKC, Kenna Dula, a décrit les débuts de l’église, il y a 60 ans, fruit du travail missionnaire de Lancaster Mennonite Conference (ÉtatsUnis). En 1982, quand l’église devint clandestine à cause de la persécution du gouvernement communiste, elle comptait 5 000 membres. La MKC a refait surface en 1991 avec 50 000 membres et n’a pas cessé de croître depuis. “Dieu a été très bon pour Iris de LeónHartshorn États-Unis Konferenz der Mennoniten der Schweiz Responsabilités dans l’église : membre du conseil exécutif de la conférence ; président du comité qui prepare la Conférence Mennonite Européenne (MERK). Profession : Directeur du centre d’informations de l’agriculture en Suisse. Famille : (épouse) Marianne ; (fils) Matthias, 23 ans ; David, 22 ans ; (fille) Caroline, 19 ans. Loisirs : “J’aime la marche en montagne, la photographie, le ski et rencontrer des amis.” Raisons d’espérer : “C’est bon de passer du temps avec mes frères et sœurs du Comité Exécutif parce que je découvre Dieu à l’œuvre dans leurs vies tout autour du monde.” 12 Iglesia Evangélica Menonita Argentina Responsabilités dans l’église : co-pasteur responsable ; supervise 12 églises missionnaires. Profession : ingénieur en bâtiment. Famille : (épouse) Erica ; (filles) Débora, 18 ans ; Anita, 16 ans ; (fils) Pablo, 8 ans Loisirs : “J’aime sortir et partager le message de Dieu avec les gens. C’est naturel pour moi.” Raisons d’espérer : “En Patagonie et dans toute l’Argentine, j’espère qu’il y aura dans chaque ville une famille qui aime Dieu et vit selon les principes du royaume. Nous demandons aux familles de déménager ou d’être conscientes de représenter Dieu dans des endroits particuliers.” Mennonite Church USA Responsabilités dans l’église : pasteur de l’union régionale d’églises Pacific Northwest. Famille : (époux) Leo ; (filles) Isabel, 30 ans ; Toni, 28 ans ; (fils) Andres, 30 ans ; (petit fils) Gavin, 6 ans. Loisirs : “J’aime lire, que ce soit de la théologie ou des romans !” Raisons d’espérer : “Je vois des gens qui continuent à s’engager dans l’église et qui sont remplis d’espoir. Quelquefois l’église m’épuise, mais en même temps, je vois qu’elle fait du bien. Et cela me permet de continuer.” nous”, dit Tewodros. “Malgré les épreuves, la MKC est maintenant complètement indépendante et ne reçoit pas d’aide extérieure.” Dimanche 1er août, des groupes constitués de membres du Comité Exécutif et du personnel de la CMM ont participé à des cultes dans cinq églises de la MKC d’Addis Abeba. Le Comité Exécutif de la CMM se réunira de nouveau en mai 2011 à Hong Kong. Il devrait prendre sa décision concernant le site du Rassemblement de 2015 et le prochain secrétaire général de la CMM, décision recommandée au Conseil Général qui votera par courrier. Ron Penner Canada Evangelical Mennonite Conference Responsabilités dans l’église : co-pasteur intérimaire (avec sa femme). Profession : Copropriétaire (avec sa femme) d’une ferme d’élevage de poulets. Famille : (épouse) Ruth ; (fils) Duane, 44 ans ; (filles) Robin, 42 ans ; Kristen, 30 ans ; fils décédé, Trevor. Loisirs : “J’aime le golf et les voyages. Et j’aime lire.” Raisons d’espérer : “Une semaine de réunion avec le Comité Exécutif de la CMM me donne bien des raisons d’espérer ! Il est manifeste que l’Église est partout dans le monde.” courrier - courier - correo Collaboration entre organisations d’entraide anabaptistes mondiales Addis Abeba, Éthiopie – C’était un événement historique ! Des représentants d’organisations et d’églises anabaptistes du monde entier consacrées à l’entraide s’étaient réunies du 6 au 9 août 2010, pour réfléchir à la manière de travailler ensemble plus efficacement. Cette toute première consultation a attiré 53 participants de 27 organisations, branches et comités des églises membres de la CMM. Venus de 18 pays et de tous les continents, plus de 80% des anabaptistes dans le monde étaient représentés, dit Reg Toews, Steinbach (Canada), un des trois facilitateurs de la consultation. Pakisa Tshimika, collaborateur de la CMM, a souligné que cette consultation est née de conversations précédentes sur la diaconie (ou service) à Pasadena (États-Unis) en lien avec le Conseil Général de la CMM en 2006. Le Conseil Général a alors approuvé une réunion de représentants d’organisations d’entraide, destinée à explorer la meilleure manière de collaborer sur des programmes et des problèmes communs. Les participants ont vite affirmé qu’ils voulaient travailler ensemble à l’avenir. Ils ont demandé “un espace ou une structure sous les auspices de la CMM dans lequel les membres pourraient être en contact, tout en restant indépendants, afin de mieux servir l’Église et le monde”. Local et mondial. Ils ont décidé de soutenir cette initiative par du personnel, des finances, des dons et des compétences. Ce nouveau projet, qui fournit un même accès aux organisations et églises du Nord et du Sud, se focalisera sur les relations locales et mondiales, tout en préservant le caractère et l’indépendance des organisations. Deux jours de discussions en sessions plénières et en petits groupes ont été nécessaires pour sa mise en place. Les échanges se sont portés sur quatre modèles présentés par les facilitateurs (dont Phyllis Toews - Canada) : • processus : continuer à améliorer ce qui se fait déjà en commun ; • ad hoc : nommer un comité qui convoquera le groupe en fonction des besoins ; • nouveau : créer une nouvelle structure, conseil ou réseau, pour gérer les informations, la responsabilité mutuelle et la collaboration ; • transformation : restructurer une organisation existante afin qu’elle assure la coordination au niveau mondial. La discussion sur ce dernier point s’est orientée vers le Comité Central Mennonite (MCC), la plus grande organisation participant à la consultation. Certains ont souhaité que le MCC assume la responsabilité de coordonner les activités de service au niveau mondial ; mais la majorité a préféré que le MCC reste une organisation nord-américaine qui se joindrait à cette nouvelle structure mondiale comme un partenaire à parts égales. Finalement, les participants ont choisi l’idée d’un nouveau réseau ou structure, et ont demandé à la CMM de faciliter sa création. Ils ont décidé de nommer un ‘groupe de travail provisoire’, chargé de rassembler et de distribuer les informations sur les projets en cours des organisations d’entraide anabaptistes, d’organiser les futures consultations et éventuellement des projets. Le groupe de travail fonctionnera sous la direction de la CMM en début de mandat, jusqu’en mai 2012. Points soumis à l’approbation. Ces plans doivent cependant être approuvés par les organisations dont sont issus les délégués à la rencontre. Les réponses, approbation, refus ou commentaires, doivent être envoyées avant fin 2010. ‘Servir comporte des risques’ : c’est ce dont se sont souvenus les participants quand ils ont appris la mort en Afghanistan du collaborateur du MCC, Glen Lapp, assassiné alors qu’ils étaient réunis en Éthiopie. Le décès de Glen Lapp a été annoncé et des prières formulées pour sa famille et pour le MCC, lors du culte à l’église Misrak Addis Abeba Meserete Kristos, le dimanche 8 août. – J. Lorne Peachey Les participants à la Consultation se sont joints aux milliers de personnes qui assistent au culte de l’assemblée de Misrak, la plus grande église de la MKC. 13 La gloire, fruit de l’unité Antonio González D ans la prière sacerdotale (Jean 17), quand Jésus prie pour ses disciples présents et futurs, il utilise un terme un peu étrange. Il prie que ses disciples reçoivent la gloire que le Père lui a donnée “pour qu’ils soient un comme nous sommes un” (Jean 17/22). Ce terme étrange nous conduit à nous demander : “Quelle est la nature de la gloire que le Père a donnée à Jésus et que Jésus demande pour nous, afin qu’elle devienne le fondement de l’unité chrétienne ?” En grec, la connotation du mot ‘gloire’ est ‘apparence éblouissante’. Il est donc souvent utilisé pour qualifier une opinion superficielle qui ne prend pas en compte la réalité profonde de quelque chose. Cependant, dans le contexte sémitique, le mot ‘gloire’ a d’autres nuances. En hébreu ‘gloire’ suggère le ‘poids’ que quelqu’un a ou a reçu. En français, on parle du ‘poids’ d’une photo : Merle Good opinion, ou d’une ‘personne qui a du poids’ par référence à l’importance de la personne. Dans cette perspective, la gloire ne relève pas de l’apparence, elle n’est pas superficielle. Ce mot se réfère davantage à la vraie dimension d’une personne et à ses opinions qui ont ‘du poids’. Cette gloire n’est pas seulement un concept purement individuel ; elle nous est accordée par les autres et donc nous donne du ‘poids’ (importance ou valeur), ou nous “enrichit” par leurs louanges ou leurs mots d’approbation. Par conséquent, une personne reçoit réellement ‘du poids’ ou de l’importance, ce qui définit le rang social de cette personne dans ses relations avec les autres. La gloire vient des autres. Il serait absurde de se l’accorder à soimême, car cela n’aurait aucune valeur (Jean 8/50-54). Ce qui est donc important, d’un point de vue sémitique, ce n’est pas de faire une distinction entre l’apparence et la réalité comme le font les Grecs, mais de réfléchir à l’origine de la gloire. C’est dans l’évangile de Jean particulièrement que nous trouvons la différence entre deux aspects fondamentaux de la gloire : (a) la gloire qui vient de Dieu et (b) la gloire qui vient des êtres humains. Cette différence engendre des tensions, car la peur du rejet et le désir d’être reconnu empêche – particulièrement ceux qui ont une position élevée dans la société – de croire en Jésus. La gloire humaine conduit les êtres humains à mépriser la gloire divine (Jean 5/44; 12/42-43). Ceci met en relief un aspect critique de la foi chrétienne : elle n’est pas uniquement un phénomène individuel ou intérieur. Elle recouvre toutes les Antonio González a fait une étude biblique sur Jean 17, lors du culte de jeudi matin au 15e Rassemblement. courrier - courier - correo Unis en Christ dimensions humaines, y compris les relations. Quiconque croit en Jésus n’appartient plus au monde. Bien sûr, il ne s’agit pas de ne plus vivre sur la terre ou de ne pas aimer le monde que Dieu a tant aimé (Jean 3/16). Mais suivre Jésus (qui n’a pas reçu la gloire des êtres humains) signifie ne pas entrer dans le système de gratification mutuelle et de notoriété de la société (Jean 5/41). Les chrétiens sont dans le monde, mais ils ne sont pas du monde (Jean 17/14-15). Ils ne recevront donc pas la gloire des êtres humains, mais de Dieu. Q uelle en est la conséquence ? Dans son sens plein, cette gloire implique d’être uni à Dieu et totalement indépendant du monde, comme l’était Jésus avant la création du monde (Jean 17/5). Cependant on peut aussi connaître la gloire dans le monde, comme Jésus l’a connue, c’est-à-dire vivre dans la grâce et la vérité. Ses miracles peuvent être considérés comme des signes de sa gloire. Mais il est important de savoir que ces miracles n’ont rien à voir avec la gloire que Jésus reçoit des êtres humains, comme si les miracles étaient des actes extraordinaires destinés à rendre Jésus célèbre. Les miracles accomplis par Jésus manifestent expressément la gloire de Dieu, qui est la reconnaissance accordée par Dieu à Jésus. C’est la raison pour laquelle ses disciples croient en lui (Jean 2/11; 11/4). La gloire de Dieu n’est pas la notoriété; c’est la transmission de quelque chose qui a son origine en Dieu et que Jésus donne pour les autres. C’est le fondement de la gloire de Jésus (Jean 16/14-15). C’est peut-être pour cela que la gloire de Dieu nous demande de mourir à nous-mêmes. Dans l’évangile de Jean, la glorification de Jésus est liée à son ‘heure’, une référence explicite à ce qui allait se passer pendant la Pâque (Jean 7/39; 17/1). Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la gloire ne se réfère pas en premier lieu à la résurrection. Mais cette 2010 - 3 & 4 gloire est décrite précisément dans l’évangile de Jean : la glorification de Jésus, c’est le grain de blé qui tombe à terre et qui meurt. De nouveau, ceci implique une rupture avec le monde (Jean 12/23-26). Le monde ne loue ni ne suit ceux qui ont été crucifiés ou qui ont échoué, bien sûr. Crucifié, Jésus est rejeté. Cependant, c’est en raison de ce rejet que Jésus reçoit la gloire de Dieu. Il n’est donc pas surprenant que dans l’évangile de Jean, la mort, la résurrection et le don du Saint Esprit soient si étroitement liés. Retournons à la question initiale de la nature de la gloire que Jésus demande pour nous à son Père. Jean nous dit (Jean 17/22) que la gloire reçue par Jésus nous a déjà été donnée. Nous n’avons pas à essayer de l’obtenir par nos propres forces ; c’est un don de Dieu. Nous la possédons déjà, c’est l’unité éternelle avec le Père, la vie dans la grâce et la vérité, la possibilité de donner aux autres ce que nous avons reçu, la mort et la résurrection avec Jésus. Il s’agit d’un don qui nous appartient déjà, mais nous devons le découvrir et lui permettre de porter des fruits dans nos vies. Donc, le don de la gloire est directement lié à l’unité, et ce, pour au moins deux raisons. (1) La gloire de Dieu nous détache du système de notoriété et de gratification mutuelle de notre société et fait de nous des membres de la communauté de Jésus. (2) La gloire de Dieu nous permet de mourir à nous-mêmes, car seuls ceux qui meurent à eux-mêmes peuvent vivre dans une pleine unité avec les autres. Il ne s’agit pas de ne pas s’intéresser au monde, mais de le servir. L’unité chrétienne, précisément parce qu’elle ne naît pas d’un système de ce monde, témoigne au monde de la radicale nouveauté de ce qu’a accompli Dieu : il nous aime autant qu’il aime Jésus (Jean 17/23). À partir de cela, nous pouvons comprendre ce que Jésus voulait dire quand il expliquait que nous serions avec lui et verrions sa gloire. Il ne parlait pas seulement de l’autre monde. Dans l’évangile de Jean, c’est le Jésus terrestre qui parle. Il s’agit d’être avec Jésus et de voir sa gloire déjà à l’œuvre dans ce monde, d’être avec lui et de réaliser que la gloire c’est d’être là où se trouve Jésus. Il ne suffit pas de dire que Jésus glorifié est partout. Il nous faut discerner, dans la société contemporaine et dans notre contexte, où Jésus nous appelle à être en sa compagnie, de découvrir sa gloire et de la partager dans ce lieu précis. C’est une gloire qui n’est pas de ce monde, mais que l’on rencontre sur le chemin qui mène à la croix. Antonio González est directeur de recherches et de publications à la Fundación Xavier Zubiri de Madrid (Espagne). Né et élevé dans une famille catholique, scolarisé dans une école catholique au Salvador, il entra dans un ordre jésuite, désirant devenir prêtre, En 1999 au Guatemala, il découvrit les mennonites du Séminaire Anabaptiste d’Amérique Latine, et deux ans plus tard, il prit la difficile décision de quitter les jésuites. Il s’est joint à l’église des Frères en Christ. Il a fait des études universitaires en Espagne et en Allemagne. Il est marié, et lui et sa femme ont entendu un appel de Dieu à évangéliser en Espagne. Courier-Correo-Courrier poursuit la parution d’une série d’articles tirés des sermons et des études bibliques présentés au 15e Rassemblement à Asunción (Paraguay), en juillet, dont le thème était ‘Marchons ensemble sur le chemin de Jésus Christ’. L’étude biblique d’Antonio González (ci-dessus) et le sermon de Ditrich Pana (pages 16-17) ont été donnés jeudi 16 juillet, et avaient pour thème ‘Unis en Christ’. 15 Être unis en Christ ? Ditrich Pana L e livre des Actes, cinquième du Nouveau Testament, décrit la croissance de l’église primitive. Ce livre vient après l’évangile de Luc, le médecin, qui rapporte l’œuvre de Jésus. À eux deux, ces livres constituent 25 % du Nouveau Testament et ils sont plus longs que l’ensemble des épîtres de Paul. Ils contiennent de nombreuses références au thème de l’unité. L’étude de l’évangile de Luc, verset par verset, m’a pris trois mois et demi. J’ai découvert 37 fois le mot ‘unité’ sous différentes formes : “unanimes, union, réunis, assemblés, conseil, se rassembler etc.” Le livre des Actes poursuit le récit de l’œuvre de Jésus par l’intermédiaire de son nouveau corps, l’Église. Dans ce livre, Jésus n’est plus limité en temps et en espace. Luc souligne quatre principes généraux : • Le Saint Esprit. À la Pentecôte, le Saint Esprit remplit les croyants, qui deviennent les instruments par lesquels la Bonne Nouvelle de Jésus sera proclamée à tous les êtres humains (Actes 1/8). • Les personnes méprisées et les pécheurs. L’Éthiopien (Actes 8/26-40), Cornélius (Actes 10) et le geôlier (Actes 16/22-34) étaient rejetés par les juifs mais ils ont été acceptés et sauvés par Christ. • Les femmes. Les femmes n’étaient pas incluses dans les cultes juifs, elles devaient rester debout au fond de la synagogue et se contenter d’écouter les discussions et les Écritures saintes lues par les hommes. Luc souligne le rôle joué par Lydie (Actes 16/13-15) et Priscille (Actes 18/18). Lors des voyages missionnaires de Paul, il mentionne un groupe de femmes sans les nommer 16 (Actes 17/4). • La prière. Les premiers chapitres d’Actes décrivent les apôtres et d’autres disciples de Jésus priant dans le temple. La prière est aussi une pratique qui caractérise le ministère de l’apôtre Paul. Ces quatre principes créent une atmosphère d’unité parmi les croyants. “Unanimes, ils se rendaient chaque jour assidûment au temple. Ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité de cœur” (Actes 2/46-47). C’est l’unité. C’est ce que signifie être unis en Christ. C’est la puissance du Saint-Esprit qui unissait les croyants de l’église primitive. “Mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre” (Actes 1/8). L’unité parmi les croyants de l’église primitive était-elle visible ? Oui ! La guérison en était une des manifestations. Dans Actes 3/16, Pierre dit : “Grâce à la foi au nom de Jésus, ce Nom vient d’affermir cet homme que vous regardez et que vous connaissez ; et la foi qui vient de Jésus a rendu à cet homme toute sa santé, en votre présence à tous”. L’homme malade a été guéri grâce à l’union des apôtres en Christ. La même chose peut se produire aujourd’hui. J’en ai fait l’expérience. L e 17 juin 2004, ma femme et deux de mes filles ont eu un grave accident. Ce jour-là, j’avais une réunion avec les femmes responsables de notre église à Pozo Amarillo, à 70 kilomètres de Loma Plata, et je n’ai appris l’accident que le soir par un neveu. Il m’a dit que ma femme allait bien, mais qu’une de mes filles avait une fracture compliquée. Ma fille est restée à l’hôpital quatre mois et demi, complètement immobilisée. Les médecins voulaient l’opérer, mais ils ne pouvaient pas à cause de la gravité de la fracture. Finalement, ils m’ont dit qu’ils voulaient l’envoyer à Asunción pour être opérée par des spécialistes. Mais quand les spécialistes l’ont vue, ils ont dit qu’elle semblait guérir sans opération. J’étais content, mais je pensais qu’elle aurait quand même besoin d’un fauteuil roulant. Cependant, quand elle a été guérie, elle marchait tout à fait comme avant. Moi, le père de cette enfant, j’avais confiance dans le Seigneur. J’ai prié sans cesse, nuit et jour. Le Seigneur a entendu ma prière, et ma fille a guéri sans intervention chirurgicale. Qui a guéri ma fille ? Jésus seul. Elle a été guérie par l’unité en Jésus. Béni soit Jésus, le vrai fils du Dieu tout-puissant, qui l’a guérie. Une autre caractéristique visible de l’unité en Christ est le culte. Les premiers croyants priaient ensemble dans le temple et dans les maisons. Lors de leurs cultes, ils partageaient le pain et mangeaient ensemble. Ainsi ceux qui ne faisaient pas partie de l’église voyaient leur unité. “Ils louaient Dieu et trouvaient un accueil favorable auprès du peuple tout entier. Et le Seigneur adjoignait chaque jour à la communauté ceux qui trouvaient le salut” (Actes 2/47). La prière doit faire partie de la vie quotidienne. Elle peut prendre bien des formes : de l’élan spontané de reconnaissance jusqu’aux psaumes et cantiques chantés pendant les cultes à l’église. L’adoration doit venir du cœur et ne pas être seulement une manifestation extérieure. L’unité en Christ produit aussi des fruits visibles : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la courrier - courier - correo Unis en Christ foi, la douceur et la maîtrise de soi (Galates 5/22). La Bible dit que la loi n’est pas contre de telles choses. Pratiquons-nous l’unité dans nos vies aujourd’hui ? Elle est décrite dans Actes 4/32 : “La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme, et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun”. Remarquez que le verset commence et se termine par la notion de communauté. Tous vivaient dans l’unité et l’harmonie. Que ce soit vrai aujourd’hui encore. L a Conférence Mennonite Mondiale nous permet aussi de vivre l’unité. La CMM entretient cette union et cette harmonie par le Saint-Esprit. Il nous rend capable de connaître l’unité sincère et joyeuse lors d’événements tels que le 15e Rassemblement. Quand nous sommes ensemble, par la puissance du SaintEsprit, nous faisons la connaissance de nombreux frères et sœurs et nous découvrons l’Église du Christ dans le monde. C’est à Winnipeg (Canada) en 1990, que j’en ai fait l’expérience pour la première fois. Lors du 12e Rassemblement, j’ai appris le mot ‘Shalom’. Aujourd’hui, 19 ans plus tard, je m’en souviens très bien. Le ‘Shalom’ est ce qui nous permet d’être unis, bien que nous venions de cinq continents, sommes de races différentes et parlons toutes sortes de langues. Par les cultes et les autres activités, la CMM nous permet de faire l’expérience de l’unité en tant qu’amis. L’union en Christ surmonte l’obstacle des races et des langues. Nous tous, de tous les continents, réjouissons-nous de notre union en Christ. L’Église mondiale est présente dans nos vies. Chaque jour, le Seigneur ajoute de nouveaux croyants par l’union avec lui. Nous devrions regarder les frères et sœurs qui vivent à nos côtés en disant : “Christ nous unit”. J’ai fait une expérience intéressante 2010 - 3 & 4 photo : Lowell Brown e Ditrich Pana prêche pendant le culte de jeudi soir lors du 15 Rassemblement. au 15e Rassemblement. À l’entrée du lieu de rencontre, il y avait trois hommes en uniforme, et l’un d’entre eux m’a fait signe d’approcher. Ils m’ont posé de nombreuses questions, dont celle-ci : “Êtes-vous aussi mennonite ?” Et savez-vous ce que j’ai répondu ? “Je suis mennonite ! Amen !” Ditrich Pana a été président de la Convención Iglesias Evangélicas Unidas-Enlhet Paraguay, pendant trois ans. Ditrich, qui parle deux langues et trois dialectes, prêche dans sa langue maternelle, le lengua du nord, pendant la Hora del Evangelico (l’Heure de l’Évangile) une émission de radio hebdomadaire de 15 minutes. Il était membre du Conseil National de Coordination et du Comité de Planification du Programme pour Paraguay 2009. Lui et sa femme Mariacita ont cinq enfants et quatre petits-enfants. 17 L’unité commence Jon Spicher T Au 15e Rassemblement : quand le Nord et le Sud finissent par jouer ensemble au “Dutch Blitz”. L’unité commence par des relations Melanie Schellenberg C omment vivre l’unité en Christ avec nos différentes cultures, langues et réalités sociales ? Par où commencer ? Participer au 15e Rassemblement à Asunción, m’a aidée à commencer à répondre à ces questions. L’amie avec qui j’ai voyagé, Natalie, et moi, aimons jouer au “Dutch Blitz,” un jeu de cartes rapide bien connu des mennonites nord-américains. Un matin avant le culte, nous nous sommes assises sur le sol dans le couloir avec notre nouvelle amie, Alison (États-Unis) pour faire quelques parties. De temps à autre, des passants s’arrêtaient pour nous regarder avec curiosité. Parmi eux, un couple indigène paraguayen et leur fils restèrent un moment et regardèrent attentivement. Puis un couple d’Amérique du Nord qui passait, fit ce commentaire: “N’est-ce pas typique ? Les Nord-américains jouent et les Sud-Américains regardent !” Nous nous sommes senties interpellées. Alors, dans notre espagnol limité, nous avons demandé aux Paraguayens 18 s’ils voulaient jouer. L’homme, qui s’appelait Leonardo, accepta d’essayer. Il apprit rapidement. Nous avons eu le temps de faire quelques parties avant d’aller ensemble dans la salle de culte. Nous avons rencontré Leonardo et sa famille quelques jours plus tard, et nous avons échangé des grands sourires et des salutations avec nos nouveaux amis. Je ne sais toujours rien de la vie de Leonardo ni de sa foi (j’ai quand même découvert qu’il était bon au “Dutch Blitz” !), mais cette rencontre fortuite autour d’un jeu de carte m’a appris que l’unité commence par des relations. Pour créer une vraie unité, les mennonites, comme tous les chrétiens du monde, doivent se rencontrer pour “jouer ensemble” à des jeux auxquels chacun peut participer. Personne ne devrait rester à l’écart et se contenter de regarder. Melanie Schellenberg (Canada) et son amie Natalie Wiebe étaient au 15e Rassemblement, et ont voyagé au Brésil, en Uruguay, en Argentine, au Paraguay et au Pérou. D’après un communiqué de presse de Mennonite Church Canada. out en pédalant le long de la côte désertique du Pérou, mon ami Lars et moi nous disions qu’il semblait que nous connaissions la ville de Chimbote avant même d’avoir vu son nom sur la carte. Tout le monde nous disait que c’était une ville portuaire particulièrement dangereuse. Quiconque mentionnait Chimbote disait : “Ne vous y arrêtez surtout pas, même pas pour déjeuner, et encore moins pour y passer la nuit.” On nous répétait que non seulement les habitants de Chimbote ne voudraient pas nous accueillir, mais que nous serions sûrement dévalisés. Malgré tous ces bons conseils, nous sommes arrivés à Chimbote au crépuscule ! Nous avions roulé toute la journée, c’était la seule ville des environs, alors nous avons pensé : “Et bien, on va voir ce qu’il en est.” En arrivant, nous nous sommes renseignés sur un lieu d’hébergement à la cathédrale catholique. On nous envoya d’un bureau à un autre, et finalement on nous indiqua une paroisse de la banlieue. Là, nous avons attendu la fin de la messe, et deux religieuses en habit blanc bordé de rayures bleues sont venues nous accueillir. Elles ne nous ont pas posé de question, et nous ont simplement dit : “Bonsoir, entrez”. N ous avons découvert que ces sœurs faisaient partie des Missionnaires de la Charité, congrégation religieuse fondée par Mère Térésa. Les sœurs passent leurs journées à s’occuper des marginalisés et des handicapés. Elles nous ont montré notre chambre et nous ont demandé si nous voulions quelque chose à manger ou à boire. Nous venions de manger, et nous avions encore du pain, aussi nous n’avions pas faim. Mais nous avons accepté avec plaisir l’offre d’une boisson chaude. Pendant que nous déballions nos courrier - courier - correo Unis en Christ Regard d’un “outsider”... par l’hospitalité affaires, une des sœurs nous a apporté une thermos d’eau chaude, des tasses, du café en poudre, du sucre et un pot de confiture de fraises. Elles avaient remarqué que nous avions du pain et ont ajouté la confiture ! Aussi, loin de confirmer des préjugés reposant sur la peur, notre expérience à Chimbote a été fantastique ! Nous sommes partis le lendemain matin, ébahis que ces sœurs aient d’accueilli deux parfaits étrangers d’une manière si naturelle. L’authenticité de leur hospitalité, qui trouve sa source dans la discipline de la prière et du service quotidiens, dans leur don à Dieu et aux autres, nous a émerveillés. Jon Spicher et Lars Akerson ont fait plus de 12 400 kilomètres à bicyclette, partant de Harrisonburg, aux États-Unis, pour arriver à Asunción, au Paraguay, pour le 15e Rassemblement. Lars Akerson (à gauche) et Jon Spicher, à leur arrivée à Asunción en juillet 2009 après un voyage à vélo de six mois. photo : Ray Dirks Louis Schweitzer Ces réflexions sur la déclaration des ‘Convictions communes des anabaptistes’ sont écrites par un pasteur baptiste, professeur d’éthique et de spiritualité à la Faculté de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine (France), qui est donc bien conscient de la diversité du monde évangélique, protestant et chrétien en général. Cet article est repris de Christ Seul, une publication des églises évangéliques mennonites de France – Le rédacteur C e texte a su être à la fois précis, concis et beau et on sent bien qu’il s’applique à être oecuménique (au sens où il exprime ce qui relève de la foi commune à toutes les Eglises, comme la confession du Dieu trinitaire), évangélique et mennonite. Dès l’introduction, il nous est rappelé que les chrétiens qui se réclament de cette déclaration de foi se situent dans l’Eglise du Christ de tous les temps et de tous les lieux. Il n’y a aucune exclusive, mais l’affirmation de convictions qui cherchent à confesser la foi commune à tous les chrétiens avec des accents spécifiques. Bien des affirmations qui auraient semblé très “mennonites” autrefois ne le sont plus autant. La plupart des chrétiens pourraient certainement signer l’essentiel de ce texte ; ceux qui se veulent évangéliques en accepteraient davantage encore et certains seraient d’accord avec presque tout. Et pourtant, il y a, dans chaque article, une couleur mennonite, un accent, parfois discret, qui rappelle ou précise un angle d’approche, une conviction, qui peuvent être partagés par d’autres, mais qui, mis ensemble, forment le profil spécifique de cette famille d’Eglises et de croyants. Couleurs mennonites... • Dans le premier article, trinitaire, il nous est précisé que ce peuple est appelé par Dieu à lui être fidèle “dans la fraternité”. L’accent porte donc sur la dimension communautaire. • Le deuxième, qui nous parle du Christ, ne se limite pas à la croix et à la résurrection, mais parle de son enseignement et de la formation des disciples. • Le troisième, sur l’Esprit et l’Eglise, pourrait être signé par tout professant, mais souligne néanmoins la dimension de la “suivance” du Christ. • Très protestant, le quatrième article parle de la Bible, mais cette dimension d’interprétation communautaire sous la direction de l’Esprit à la lumière du Christ, bien qu’acceptable en principe par la plupart des évangéliques, “sonne” bien mennonite. • Le cinquième est sans doute l’article le plus spécifique puisqu’il souligne la dimension de la paix, de la non-violence et de l’amour des ennemis. • Ce qui est dit ensuite sur le culte semble classique, mais la pointe anabaptiste se loge sans doute dans la responsabilité mutuelle qui semble être une version plus moderne de l’ancienne discipline. • Le dernier article confesse un non-conformisme au monde et à ses valeurs qui prend tout son sens illustré par l’histoire des anabaptistes du XVIe siècle. ...et anabaptistes Voici donc une confession de foi que bien des évangéliques auraient envie de signer. Mais c’est peut-être alors que, sans être mennonites, ils sont un peu anabaptistes... 19 Dimanche de la Fraternité Mondiale : 23 janvier 2011 Ensemble pour servir Dieu D epuis 1999, chaque année les églises anabaptistes du monde entier sont invitées à adopter un thème commun pour le culte du dimanche proche du 21 janvier, habituellement le quatrième du mois. C’est à cette date, en 1525, qu’a eu lieu le premier baptême anabaptiste à Zurich (Suisse). Le Dimanche de la Fraternité Mondiale (WFS) fournit aux anabaptistes l’occasion de se souvenir de leurs racines communes et de célébrer leur ‘koinonia’ mondiale. La CMM encourage les églises à planifier leur culte pour entrer davantage dans la communion, l’intercession et la reconnaissance avec notre famille mondiale spirituelle. Chaque année, la CMM donne à un groupe différent la responsabilité de préparer les documents pour le WFS. En 2011, le choix s’est porté sur les jeunes, et plus particulièrement sur le Groupe de Travail des Jeunes de la CMM (YTF), guidé par Elina Cipadi-Perkins et Melani Susanti. Dès le début, le YTF a décidé d’impliquer toutes les générations. “Nous avons vite réalisé que nous n’avions pas seulement besoin des idées créatives des jeunes”, dit Melani. “Il nous fallait aussi la connaissance et la sagesse des aînés de l’église. C’est ainsi qu’est née l’idée de préparer des docu- ments ‘intergénérationnels’ pour le WFS”. Ils ont été réalisé par des personnes âgées de 19 ans à 67 ans qui vivent dans dix différents pays sur cinq continents : Colombie, Honduras, Indonésie, Singapour, États-Unis, Canada, Kenya, Nigéria, Espagne et Suisse. Chaque partie a été réalisée en tandem, un jeune et un aîné. Voici les objectifs des organisateurs du WFS 2011 pour cette journée : • reconnaître ce que les jeunes tout autant que les aînés apportent au corps du Christ ; • que les jeunes reconnaissent qu’ils ont besoin de travailler avec les responsables et les aînés de leur paroisse ; • que les jeunes soutiennent les aînés et que les aînés encouragent les jeunes ; • que différentes générations fassent un effort particulier pour travailler ensemble. Les documents de cette année ne comportent pas de déroulement précis du culte. Les paroisses sont encouragées à faire le leur en utilisant le matériel approprié à leur contexte : • une confession et déclaration (page 21) ; • un ‘arbre à souhaits’ (page 22) ; • un témoignage :’Les jeunes au cœur de l’église’ (page 20 Les jeunes au cœur de l’Église Ray Brubacher S i vous regardez une photo des participants à la première Conférence Mennonite Mondiale (Suisse, 1920), vous verrez surtout des hommes européens, blancs et d’âge mûr, quelques femmes aussi, mais pas de jeunes. Les photos du Rassemblement en Inde en 1997 montrent de nombreux Indiens, hommes et femmes, beaucoup d’Européens et de Nord-Américains, un petit nombre de personnes d’autres continents et une poignée de jeunes. Mais sur les photos du 15e Rassemblement au Paraguay en 2009, vous voyez le visage multiculturel des mennonites – et beaucoup plus de jeunes ! Le deuxième Sommet Mondial de la Jeunesse a attiré près de 800 jeunes. Le Paraguay a non seulement accueilli le plus grand GYS, mais les jeunes étaient prédominants au bureau de la CMM à Asunción. L’âge moyen des 11 employés était de 25 ans ! Pendant les trois années de préparation du 20 Rassemblement, ces jeunes ont surpassé mes attentes dans tous les domaines. Ils ont été extrêmement accueillants et engagés. L’un d’entre eux quittait souvent la maison le matin à 6 h 30 pour n’y revenir le soir qu’à 9 h ou plus tard. Ces jeunes ne se sont jamais plaints de la quantité de travail et de ses difficultés. Ils sont toujours restés aimables, même quand le travail s’empilait à l’approche de la date du Rassemblement. Pendant la rencontre, ce groupe de jeunes a pratiquement tout fait, mon propre travail était terminé pour l’essentiel. Ce sont ces jeunes qu’il faut remercier de ce que le Rassemblement ait été une bénédiction pour plus de 6 000 personnes venues du monde entier. Pour moi, avoir travaillé avec un tel groupe demeurera une bénédiction incroyable. Ray Brubacher, Kitchener, (Canada), était le coordinateur international de la CMM pour le 15e Rassemblent. Pour le WFS 2011, vous pouvez trouver une présentation PowerPoint avec ce témoignage et des photos à www.mwc-cmm.org. courrier - courier - correo – peut être téléchargé à partir du site de la CMM comme une présentation PowerPoint avec des illustrations) ; • des suggestions pour le sermon “Les fruits du parrainage” (page 22) ; • des témoignages de jeunes sur leur engagement dans l’église avec leur mentor. Ces témoignages, ainsi que les sujets de prières, se trouvent sur www.mwc-cmm.org et le lien vers Facebook (après le 1er novembre 2010). Nous encourageons les jeunes et les aînés à travailler en tandem pour organiser le culte. Il pourrait y avoir, par exemple, deux présidents de culte, deux prédicateurs, et une chorale ou un groupe de musique composé de jeunes et d’aînés. Des documents plus détaillés que ceux qui sont publiés dans ce numéro de Courier-Correo-Courrier seront envoyés au centre de toutes les églises anabaptistes dans le monde. Ces ressources peuvent aussi être téléchargées à partir du site internet de la CMM. Confession et déclaration Doug Hostetter et Karen Flores Aînés : Bien souvent, nous considérions que les activités de l’église étaient la seule responsabilité des aînés. Nous savions apprécier l’expérience, la maturité et la sagesse des aînés, mais nous dédaignions les idées, la curiosité et l’énergie de la jeunesse. Tous : Seigneur, aie pitié. Jeunes : Bien souvent, nous pensions que le travail parmi les jeunes ne concerne que les jeunes. Nous appréciions la facilité de contact et l’enthousiasme des jeunes. Mais nous minimisions les connaissances et le discernement des aînés. Tous : Seigneur, aie pitié. Aînés : Bien souvent, nous croyions que la direction de l’église était trop difficile et trop exigeante pour les jeunes. Nous croyions qu’à cause de notre expérience nous étions les seuls à pouvoir prendre des décisions sages concernant l’église. Tous : Seigneur, aie pitié. Jeunes : Nous croyions qu’à cause de notre âge, il n’y avait pas de place pour nous dans l’église. Nous croyions qu’à cause de votre âge, il n’y avait pas de place pour vous dans nos vies. Tous : Seigneur, aie pitié. Aînés : Nous étions attachés à notre autorité et nous pensions que les jeunes n’avaient pas assez d’expérience pour aider. 2010 - 3 & 4 Nous étions sûrs que nous pouvions faire l’œuvre de Dieu sans l’aide des jeunes. Tous : Seigneur, aie pitié. Jeunes : Nous étions attachés à notre indépendance et nous pensions que les aînés étaient trop vieux pour nous donner des conseils. Nous étions persuadés que nous pouvions faire l’œuvre de Dieu sans leur aide. Tous : Seigneur, aie pitié. Leader : Devant le Dieu de tous les âges, nous reconnaissons nos erreurs en paroles et en actions. Nous nous engageons à être une église qui reflète le corps du Christ dans son ensemble, une église qui apprécie l’enthousiasme des jeunes et la sagesse des aînés ; où les jeunes recherchent les conseils des aînés ; où les aînés parrainent et soutiennent l’engagement des jeunes ; où les jeunes sont désireux de servir avec l’aide des aînés ; où les aînés sont prêts à faire confiance et à transmettre leurs connaissances aux jeunes. Seigneur, donne nous la sagesse, la patience, et le désir de travailler ensemble, formant une seule église, le corps du Christ. Aide-nous à devenir une église qui accueille et soutient tous ses membres. Qui valorise les dons et les talents que tu as donnés à chacun d’entre nous. Afin de pouvoir accomplir ta volonté d’aimer la justice, de pratiquer la miséricorde et de marcher humblement avec notre Dieu. Tous : Seigneur, aie pitié. 21 Dimanche de la Fraternité Mondiale : 23 janvier 2011 Ensemble pour servir Dieu Suggestions pour le sermon : Les fruits du parrainage César García et Peter Edem Akpan L e parrainage des jeunes par les adultes est important dans la vie de l’église et, en son absence, de graves problèmes peuvent survenir. Nous en avons un exemple dans 2 Samuel 13-18, l’histoire de la rébellion d’Absalom contre son père David. Bien que cette histoire soit rarement utilisée dans le cadre des relations intergénérationnelles, elle montre les conséquences désastreuses de l’absence de parrainage. Absalom a grandi sans vraie relation avec son père parce L’arbre à souhaits D emandez aux jeunes de votre église de créer un ‘arbre à souhaits’ (voir photo). L’arbre est constitué de morceaux de papier en forme de fruits ou de feuilles sur lesquels les jeunes ont écrit leurs souhaits concernant l’église idéale. Ces fruits et feuilles sont collés sur le tronc de l’arbre, et l’ensemble peut être exposé dans la salle principale pendant le WFS 2011. Les participants au culte sont incités à ‘adopter un souhait’, c’est-à-dire à prier spécifiquement pour un des souhaits figurant sur l’arbre. L’arbre pourrait aussi porter des fruits ou des feuilles vierges sur lesquels les aînés de l’église pourraient inscrire des paroles d’encouragement ainsi que leurs propres souhaits pour l’église. 22 que David devait partager son temps entre ses nombreuses femmes et enfants, et les affaires de l’État. Par conséquent, Absalom n’avait : • ni principes ni discipline. Il n’a pas appris à respecter l’autorité, ce qui l’a conduit à faire justice lui-même et tuer Amnon qui avait violé sa sœur Tamar (2 Samuel 13/2829). Dans 2 Samuel 15/1-6, Absalom se tient à la porte de la ville pour conseiller, ce qui est le rôle du roi David. David le savait, mais il n’a rien fait. • pas de pouvoir. Absalom avait les qualités d’un grand leader : excellent communicateur (2 Samuel 15/3), consolateur (2 Samuel 15/4), argumentateur (2 Samuel 13/20) et très déterminé (2 Samuel 13:22). Pourtant David ne lui a pas donné l’occasion d’exercer ses dons et ses idées, si bien qu’Absalom s’est emparé par force du pouvoir et de la royauté. • pas reçu d’amour. Dans 2 Samuel 13/20-21 on voit que David aimait peu Absalom. Il favorisait Amnon au détriment d’Absalom. David n’a pas agi quand il a appris qu’Amnon avait violé la sœur d’Absalom. 2 Samuel 14/2223 mentionne aussi que David ne manifestait pas d’affection envers Absalom, bien qu’il souhaitait son retour d’exil. En revanche, l’histoire de Paul et Timothée, dans 1 et 2 Timothée, fourmille d’exemples d’unité entre générations. Cette relation de parrainage intergénérationnel a fait de Timothée un leader respecté et un disciple confirmé de Christ. Quelques exemples : • 2 Tim 3/10-11 montre comment agissait Paul : il a donné à Timothée un enseignement solide et des compétences avant de le laisser exercer un ministère et des responsabilités. • 1 Tim 1/18 et 6/20 et 2 Tim 1/6-7 montre Paul, le mentor, donnant des instructions et des principes clairs à Timothée afin qu’il sache comment se comporter. • 1 Tim 5/1-4 suggère que Paul a conseillé Timothée de travailler avec les différents groupes et générations de l’église, plutôt que de tout faire lui-même ou de ne collaborer qu’avec les jeunes. • 1 Tim 6/20-21, 2 Tim 3/14-16 et 2 Tim 4/1-5 : Paul n’aurait pu mieux souligner l’importance pour Timothée de rester fidèle aux enseignements de Jésus Christ. Il sait qu’il est important de nommer de jeunes responsables connaissant bien la Bible, menant une vie intègre et très désireux d’évangéliser, plutôt que de choisir des aînés qui nommeraient leur successeur en fonction de leur affinité, de leur popularité ou de leur charisme. Dans 1 et 2 Tim, nous voyons que Paul a formé Timothée à exercer des responsabilités en l’imitant. Paul s’est offert en exemple au jeune Timothée, ce qu’il ne pouvait faire que parce qu’il n’y avait pas de fossé entre ce qu’il croyait et ce qu’il pratiquait. Le parrainage n’est possible que lorsqu’il y a une cohérence entre ce qui est dit et ce qui est vécu. Les jeunes sont prêts à respecter et à suivre des responsables intègres. courrier - courier - correo Six mois après le tremblement de terre : Les mennonites chiliens reconstruisent les vies et les maisons photo : Titus Guenther Roberto Saez (à gauche) pasteur de l’église mennonite Lota, près de Concepción (Chili), s’est joint à Boris Fuentealba pour inspecter l’endroit où se tenait la maison de Boris avant le tremblement de terre du 27 février. Catastrophe de Sange : les mennonites durement touchés Kinshasa, RDCongo – Le 2 juillet 2010 à Sange, un camion transportant du pétrole s’est retourné et a explosé. Cette catastrophe a touché directement la paroisse Frères mennonites de Sange, dans la province du Sud Kivu. L’explosion a tué 250 personnes et en a blessé gravement 300 autres qui ont dû être hospitalisés. Le pasteur mennonite Charles Mbuyi, de la capitale provinciale Bukavu, rapporte que 51 membres de la paroisse Frères mennonites de Sange figurent parmi les morts et 50 parmi les blessés. L’Église du Christ au Congo (ECC), qui rassemble les églises protestantes congolaises, rapporte que des organisations en lien avec l’ONU, la Croix Rouge congolaise et internationale sont intervenus rapidement pour évacuer les blessés. L’incendie a détruit 20 maisons, de nombreux enfants ont perdu leurs deux parents et de nombreux survivants souffrent de traumatismes psychologiques. 2010 - 3 & 4 Les trois dénominations mennonites font partie de l’ECC et sont membres de la CMM. Sisca Mawangu Ibanda, membre du Comité Exécutif de la CMM et de la Communauté Évangélique Frères Mennonites du Congo (CEFMC), s’est rendu à Sange 19 jours après la catastrophe. Outre le spectacle de désolation, elle a été frappée par le traumatisme qui se lit sur le visage des habitants ; “l’ampleur de la tragédie les a anéantis”. Sisca remarque : “le district de l’église a été sensible à la tragédie et a répondu efficacement : il a pris l’initiative de mobiliser les membres pour qu’ils contribuent à un fond de solidarité en faveur des sœurs et frères de Sange affectés par la catastrophe.” Elle demande à la communauté anabaptiste mondiale de prier pour la population de Sange. – À partir de rapports et d’un entretien avec Tim Lind, coordinateur des Relations Inter-Églises de la CMM. Strasbourg, France – Six mois après le tremblement de terre qui a dévasté leur pays (le 27 février 2010), les mennonites du Chili s’entraident et témoignent. L’assemblée de Lota, à environ 500 kilomètres au sud de la capitale Santiago, est une des plus touchées. C’est dans cette région, autour de Concepción dans le centre du Chili, que le tremblement de terre, de magnitude 8,8 a été le plus durement ressenti. Plus de 400 personnes sont mortes ; aucun mennonite ne figure parmi eux. L’assemblée reconstruit les maisons de quatre familles de l’église qui vivaient dans des maisons de bois bâties à flanc de colline, dit le pasteur de Lota, Roberto Saez. Les membres de l’assemblée réparent aussi leur salle de réunion endommagée. Roberto Saez précise que certains bâtiments d’église de la ville ont été complètement détruits. En vacances. À Concepción même, de nombreux membres de l’église Puerta del Rebaño étaient en vacances au moment du tremblement de terre. Certains sont rentrés pour participer aux secours, mais d’autres n’ont pas pu revenir et ont apporté leur aide du lieu où ils se trouvaient. L’église Puerta del Rebaño a fait plus que de reconstruire maisons et bâtiments d’église. Un membre, Felipe Elgueta, raconte que la troupe de l’église “Théâtre Spontané” a donné des représentations dans quatre villes dévastées par le tremblement de terre. “Le théâtre est devenu un lieu de rencontre” dit Felipe, “non pour fuir la réalité, mais pour partager ses expériences dans un cadre de confiance”. Outre la représentation, la troupe propose des activités thérapeutiques : dessin, histoires et expression de sa souffrance.” Nouvelles formes d’aide. Dans les semaines qui ont suivi le tremblement de terre, Felipe a remarqué que “de nouvelles formes d’aide ont émergé”. Un membre de Puerta del Rebaño a travaillé avec une organisation locale d’aide à l’enfance et a mis au travail des jeunes délinquants ; ceux-ci ont organisé des activités ludiques pour les enfants touchés par la catastrophe. “Nous demandons aux anabaptistes du monde entier de prier pour le Chili”, écrit le pasteur Samuel Tripainao, secrétaire général de Iglesia Evangélica Menonita de Chile (IEMCH). “Nous pensons qu’après tout ce remueménage de la terre, Dieu revisitera notre nation.” L’assemblée de Lota est une des douze paroisses membres de l’IEMCH, et a posé sa candidature à la CMM. La paroisse de Puerta del Rebaño est une assemblée mennonite indépendante, mais qui développe des contacts avec les autres mennonites. L’IEMCH et Puerta del Rebaño ont envoyé des délégués au Rassemblement de la CMM au Paraguay et participent au Congrès du Cône Méridional, une association régionale d’églises mennonites. 23 ‘Un beau geste’ Les hôtes du 15e Rassemblement reçoivent 50 000 USD Sithabile Ndlovu Décès d’une jeune Africaine Strasbourg, France – Sithabile Ndlovu, une participante zimbabwéenne à YAMEN! 20082009, est décédée subitement le 9 mai à Johannesburg (Afrique du Sud) après une brève maladie. Elle avait été hospitalisée la nuit précédente. En août dernier, Sithabile avait terminé son année avec YAMEN!, un programme commun de la CMM et du MCC pour les jeunes. Elle a travaillé en Bolivie avec les programmes Centro Menno à Santa Cruz, destinés aux mennonites parlant bas-allemand dans les régions rurales. Sithabile a participé au 15e Rassemblement de la CMM au Paraguay en juillet dernier. Les jeunes, choqués par la nouvelle de sa mort subite, se souviennent de son profond engagement au Sommet Mondial de la Jeunesse (GYS). Barbara Kärcher (Allemagne), une des responsable du GYS, témoigne du bonheur de Sithabile d’avoir pu faire des études universitaires grâce à l’aide d’un ancien professeur. Elle avait aussi confié à Barbara la joie que lui avait apportée son expérience en Bolivie, sa peur de retrouver la pauvreté et l’instabilité de son pays, et aussi sa solitude, ses deux parents étant morts. Ces derniers mois, elle habitait avec son frère en Afrique du Sud. 24 Strasbourg, France – Les présidents des huit unions d’églises mennonites qui ont accueilli Paraguay 2009 ont décidé de distribuer en parts égales le don de 50 000 USD de la Conférence Mennonite Mondiale. En octobre dernier, les cadres de la CMM ont décidé d’utiliser une partie du solde positif du Rassemblement pour exprimer leur reconnaissance aux Paraguayens pour leur généreuse hospitalité. Danisa Ndlovu, le président de la CMM, et Larry Miller, le secrétaire général, ont envoyé un courrier aux présidents de chaque union d’églises pour les informer du don, les laissant décider eux-mêmes de son utilisation. Tous ceux qui ont travaillé ensemble pour préparer le Rassemblement ont fini leur travail, aussi la responsabilité de la décision revient aux leaders des unions d’église. Ernst Bergen, le trésorier de la CMM depuis Asunción, a demandé à Theodor Unruh de prendre contact avec les autres responsables. “Ce n’était pas facile de se mettre d’accord, mais nous avons essayé d’y arriver au mieux”, dit Theodor. “Chaque responsable a parlé du don et de son utilisation avec le conseil de son union d’églises.” Les huit responsables d’union d’églises très différentes avaient aussi des idées très différentes. Ils décidèrent finalement de partager la somme également, chaque union recevant 6 250 USD. Cinq d’entre elles ont choisi d’en utiliser la moitié pour leurs propres projets et de consacrer l’autre moitié au soutien de Rancho Alegre, un camp à environ 50 kilomètres à l’est d’Asunción, qui leur appartient en commun. Ce camp est utilisé par des écoles, des groupes de jeunes et d’autres groupes chrétiens pour des retraites Les trois unions d’églises indigènes ayant participé au Rassemblement ont été très touchées par le don. Chacune l’utilisera pour un de ses projets. “Nous voulons remercier la CMM pour ce beau geste. C’est un signe de reconnaissance pour le travail et l’énergie que les églises ont investis dans la préparation du Rassemblement”, dit Theodor. Les huit union d’églises et leur leader sont : Convención Evangélica Hermanos Menonitas Enlhet (Walter Ortiz); Convención Iglesias Evangélicas Hermanos Menonitas Nivacle (Inocencio Galván); Convención de las Iglesias Evangélicas Unidas – Enlhet Paraguay (Nenito Vins); Vereinigung der Mennonitengemeinden von Paraguay (Ferdinand Friesen); Convención Evangélica de Iglesias Paraguayas Hermanos Menonitas (Juan Silverio Verón); Convención Evangélica Menonita del Paraguaya (Alfred Klassen); Iglesia Hermandad Evangélica Mennonite – Fidelfia (Arnold Boschmann); et Vereinigung der Mennoniten Brüder Gemeinden Paraguays (Theodor Unruh). Le trésorier de la CMM, Ernst Bergen (à droite), rencontre les responsables des unions d’églises indigènes qui ont aidé à accueillir la conférence de Paraguay 2009, pour discuter de l’utilisation du don de 50 000 USD fait par la CMM. courrier - courier - correo photo : Gerry Keener Les 26 nouveaux pasteurs et leurs épouses chantent un hymne de consécration. Le pasteur Trung est à droite. 26 pasteurs consacrés par l’Église mennonite du Vietnam Ho Chi Minh Ville – Après ce qui a paru être un hiver long et froid, employé à d’intenses préparations, L’Église mennonite du Vietnam (VMC) traverse maintenant un printemps luxuriant, marqué par la croissance, tout comme le développement socioéconomique rapide du pays. Le 20 mars, le pasteur Nguyen Quang Trung, président de la VMC, a animé une fête joyeuse. Il a remis leur diplôme à 30 étudiants en formation pastorale et a ordonné 26 pasteurs mennonites venant de provinces et de villes de tout le Vietnam. Les 30 diplômés suivaient des cours une semaine par trimestre pendant les quatre années passées. Ces trois dernières décennies, alors que l’église n’était pas officiellement reconnue par le gouvernement, Trung était à la tête d’un petit groupe de mennonites fidèles. Aussi, cette célébration publique l’a beaucoup ému. Des membres du gouvernement ont même envoyé des félicitations et des bouquets colorés aux nouveaux responsables. Plus de 100 responsables et croyants mennonites ont participé aux festivités, qui se sont déroulées dans une grande salle de banquet près 2010 - 3 & 4 du siège de l’Église. Le pasteur Nguyen Minh Sang, secrétaire général de l’union d’églises, a commencé par une prière de reconnaissance. Le vice-président, Nguyen Hong An, a conduit le culte. Lors du culte de consécration, Trung a invité les 26 pasteurs, qui ont tous leur diplôme et occupaient déjà des postes pastoraux dans des églises mennonites, à se donner sans réserve à l’œuvre du Seigneur. Il les a incités à partager l’évangile avec un zèle dévorant. L’un après l’autre, les pasteurs s’agenouillèrent pour une bénédiction et une parole d’envoi. Le pasteur Trung, le pasteur Tuyen Nguyen, le pasteur Jae Sun Lim, le pasteur Lee, Gerry Keener, un missionnaire de Eastern Mennonite Missions de passage et Palmer Becker, un théologien mennonite canadien en visite, leur imposèrent les mains. S’adressant à la presse locale après le culte, Trung déclara : “Cet événement est extrêmement important pour l’église mennonite ; c’est un tremplin qui lui permettra de développer l’œuvre du Seigneur dans tout le Vietnam.” Une semaine plus tard, c’était l’ouverture officielle de l’Institut Mennonite de Théologie et de Renouveau du Vietnam. Les 14 étudiants inscrits dans le nouvel institut, qui propose une licence de théologie, viennent de finir leur première semaine de cours. Palmer Becker (Mennonite Church Canada), et Gerry Keener ont donné ensemble le premier cours : Histoire biblique. Le pasteur Sang a précisé que la VMC compte main- tenant 90 assemblées locales et environ 8 500 membres, ainsi que 140 pasteurs et évangélistes. Il a déclaré : “Nous faisons confiance à Dieu pour nous aider à faire de grands pas en avant dans le développement de son œuvre. Ma prière est que l’église mennonite croisse encore plus rapidement que le Vietnam !” – d’après un communiqué de presse de EMM, de Jewel Showalter L’Église mennonite du Vietnam L e Comité Central Mennonite (MCC) est arrivé pour la première fois au Vietnam en 1954. Des collaborateurs de Eastern Mennonite Missions (EMM) ont suivi en 1957. Une église mennonite est née et a compté environ 150 membres baptisés, avant d’être fermée en 1978. Tous les missionnaires ont quitté le pays en 1975. Les 15 années suivantes, bien que sans contact avec des Nord-Américains, Nguyen Quang Trung a conservé la vision d’une église mennonite, et essayé à plusieurs reprises d’obtenir sa reconnaissance officielle. En 1997, Gerry et Donna Keener (d’EMM) sont allés au Vietnam et ont développé des liens avec les églises mennonites. Ils ont formé des responsables, ils se sont occupés de tâches administratives et ont enseigné à South International School de Saigon. Le gouvernement vietnamien a reconnu officiellement l’Église mennonite du Vietnam en 2007, si bien que l’Église a pu mettre en place officiellement ses propres instituts de formation de responsables. 25 Ministères mennonites en Équateur Quito, Équateur – Du 13 au 14 mars 2010, une joyeuse célébration a marqué le 10e anniversaire du Partenariat Équateur, une initiative commune des unions d’églises de Central Plains (Mennonite Church USA), d’Iglesia Cristiana Menonita de Colombia (toutes deux membres de la CMM) et du Mennonite Mission Network (MMN), une œuvre de Mennonite Church USA. La célébration a aussi marqué le 20e anniversaire de la présence du MMN en Équateur. Pendant la semaine de fête, les membres des églises mennonites de Riobamba et Quito ont accueilli une équipe ‘communion-et-travail’ en Équateur. Les visiteurs de Colombie et des États-Unis ont assisté aux réunions de travail, célébré des cultes dans une église indigène de San Antonio, rencontré des familles de réfugiés ayant fui la violence de la Colombie voisine, visité le séminaire et écouté des témoignages du travail pour la paix. En 2000, l’Église mennonite colombienne a envoyé Urueña et César Moyo avec Partenariat Équateur. Méditant sur les 10 dernières années d’activité du partenariat, Urueña a cité une liste impressionnante de jalons : • établissement d’une relation de confiance avec la population indigène qui s’est concrétisée par une invitation à former des responsables d’église ; • la naissance d’une assemblée vibrante dans la capitale ; • l’implantation d’une nouvelle église dans les montagnes de Riobamba ; • la multiplication du nombre de croyants anabaptistes grâce à l’enseignement dans les séminaires et les ateliers. “Quelquefois, nous pensons que nous devrions arrêter de rêver, mais Dieu nous donne toujours des idées et des visions nouvelles”, dit César. Outre le soutien aux responsables indigènes (formation théologique et implantation d’églises), César et Urueña ont aidé à développer une vision et participé à d’autres ministères comme des prêts pour des micro-entreprises et Edu-Paz, une initiative commune de responsables de quartiers et d’écoles, destinée à initier les enfants à la résolution des conflits et aux valeurs positives. – d’après un rapport du MMN de Holly Blosser Yoder et Lynda Hollinger Janzen Contributions aux frais de C-C-C Courier-Correo-Courrier est envoyé sans abonnement à ceux qui le demandent. Cependant, ses lecteurs sont invités à contribuer aux frais d’impression et de distribution : 35 USD, 35 CAD ou 30 €. Les membres de la famille de la CMM plus aisés sont invités à donner davantage pour ceux qui le sont moins. USD : 2529 Willow Avenue Clovis, CA 93612 CAD : 50 Kent Avenue Kitchener, ON N2G 3R1 Euros : 8 rue du Fossé des Treize 67000 Strasbourg, France 26 La CMM a choisi Byron Rempel-Burkholder (à gauche) pour remplacer la rédactrice des communiqués de presse, Ferne Burkhardt. Ferne Burkhardt prend sa retraite ; Byron Rempel-Burkholder la remplace Strasbourg, France – Après neuf années passées à récolter des informations et à écrire pour la CMM, Ferne Burkhardt, Petersburg (Canada), a pris sa retraite à la mi-juin en tant que rédactrice des communiqués de presse de la CMM. Un autre Canadien la remplace : Byron RempelBurkholder, de Winnipeg. Pensant à ses neuf années de travail, Ferne souligne que le volume des articles concernant la CMM et circulant vers divers media et personnes intéressées dans le monde entier, est passé d’environ 40 à plus de 70 certaines années. “Leur nombre dépendait des événements”, dit-elle. “Pendant l’année du Rassemblement [mondial], il y avait de nombreuses informations à faire paraître, mais beaucoup moins les autres années.” Ferne était bénévole. “Je n’ai jamais relevé mes heures de travail”, dit-elle, “je faisais ce qui devait être fait quand j’avais le temps de le faire. Si je devais rester éveillée jusqu’à 3 heures du matin, il n’y avait pas de problème.” Quels sont ses meilleurs souvenirs ? “Rencontrer des personnes fantastiques du monde entier ; cela a été une expérience incroyable, au- delà de tout ce que j’aurais pu imaginer.” “La CMM est vraiment reconnaissante à Ferne pour sa diligence et sa compétence”, dit Larry Miller, le secrétaire général de la CMM. “À une période où les projets et les activités de la CMM se développaient continuellement, elle a été capable de suivre et de les décrire de telle manière que les anabaptistes du monde entier pouvaient les comprendre et les apprécier.” Le nouveau rédacteur des communiqués de presse de la CMM, Byron Rempel-Burkholder, apporte une riche expérience internationale, sur le plan de la communication et de la vie d’églises. Né en 1957 en Éthiopie, sa famille s’est installée au Canada quand il avait 13 ans. Il a une licence d’anglais et de Nouveau Testament, et a été pasteur de deux assemblées. Byron est allé au Congo avec le Mennonite Brethren Board of Missions and Services quand il était jeune. Au Canada, Byron a publié des programmes d’enseignement et du matériel pour les cultes pour plusieurs groupes mennonites d’Amérique du Nord. Il est le fondateur du magazine Leader publié par Mennonite courrier - courier - correo Church Canada et Mennonite Church USA. Il est récemment devenu éditeur à Herald Press, et continue à être rédacteur de Rejoice, un magazine inter-mennonite sur la prière. Toutes ses responsabilités, dont celle de la CMM, sont à temps partiel. “Je crois que j’ai toujours pensé que je travaillerai un jour pour la CMM”, dit Byron. “J’y retrouve beaucoup de mes centres d’intérêts : enfant élevé à l’étranger, édition, église et aspects interculturels.” “La perspective et l’expérience internationales de Byron seront très utiles à la CMM”, dit Larry. “Je suis très heureux de l’accueillir dans la famille de la CMM.” Byron assumera aussi la responsabilité de la publication du journal trimestriel de la CMM, Courier-CorreoCourrier, quand le rédacteur actuel, J. Lorne Peachey, s’arrêtera en fin d’année. courrier courier correo Volume 25 • N° 3 & 4 Larry Miller Responsable de la publication J. Lorne Peachey Rédacteur en chef Ferne Burkhardt Révision et Service de Presse Eleanor Miller Assistante en communication Sylvie Gudin Traductrice – français Marisa & Eunice Miller Traductrices – espagnol Courrier - Correo - Courier, une publication trimestrielle de la CMM, est disponible gratuitement en anglais, français ou espagnol. Envoyer toute demande à C/C/C, CMM, 8 rue du Fossé des Treize, 67000 Strasbourg, France. Email: [email protected]. ‘J’ai choisi d’être reconnaissante’ Ferne Burkhardt M on premier souvenir de la Conférence Mennonite Mondiale remonte à août 1962, lors du 7e Rassemblement à Kitchener en Ontario (près de chez moi). Ce premier rassemblement au Canada fut considéré comme le plus représentatif des 437 années de l’histoire anabaptiste. Les organisateurs attendaient 8 000 participants, et il en est venu 12 207 ! La participation quotidienne était d’environ 7 000, avec plus de 10 000 au culte dominical. Ils étaient venus de 23 des 30 pays totalisant alors 400 000 anabaptistes. J’étais alors membre d’une union d’églises accueillant le Rassemblement, aussi j’ai eu peu de temps pour assister aux cultes et aux autres rencontres. Je me souviens surtout d’une foule constituée essentiellement de blancs, et posant des questions. Mais les chants qui parvenaient jusqu’au bureau de renseignements où je me trouvais étaient magnifiques. En 1978, notre deuxième expérience de rassemblement de la CMM nous amena en famille, en voiture sans climatisation, à Wichita, dans le Kansas (États-Unis), où les températures dépassaient les 40° C. Comme je n’avais pas de responsabilités, j’ai profité pleinement des activités. Je n’imaginais pas que des dizaines d’années plus tard, je serais rédactrice des communiqués de presse pour la CMM. Larry Miller, le secrétaire général de la CMM, m’a proposé ce travail bénévole en 2001. Il savait que je venais de me retirer d’un travail pour un journal mennonite canadien. Larry avait besoin d’une réponse rapide, car le rédacteur des communiqués de presse devait assister au Comité Exécutif quelques semaines plus tard. Quand j’en ai parlé à mon pasteur, il s’est esclaffé : “Alors tu commencerais par un voyage en Allemagne ? Difficile décision !” Ce n’était pas vraiment le cas, et j’ai dit oui. C’était un privilège que de faire partie de l’équipe de communication de la CMM pendant neuf ans. Rencontrer quelquesuns des responsables les plus doués et engagés de l’Église anabaptiste et les considérer comme des ‘amis’ a été un plaisir et une bénédiction. Des personnes ordinaires comme ce Zimbabwéen qui m’a dit “Je choisis d’être reconnaissant” m’ont aussi marquée. Faire partie de la CMM a beaucoup de bons côtés, comme de participer – tout en travaillant – à deux autres rassemblements mondiaux, au Zimbabwe en 2003 et au Paraguay en 2009. Ils ont un rôle important dans la croissance de la communauté et doivent se poursuivre, mais le discernement et la réalisation de la mission de Dieu dans le monde, entre ces événements spectaculaires, sont au moins aussi importants. Cette question : “Où aura lieu la prochaine conférence mennonite mondiale ?” revient souvent. Il y a dix ans, j’aurais aussi pu la poser. Entre les rassemblements, c’était passionnant de découvrir la multiplicité des activités de la CMM en tant d’endroits – les décrire, souvent un défi ! Les communiqués de presse ont probablement contribué à une meilleure connaissance de ce travail, aussi bien dans la communion anabaptiste mondiale qu’au-delà. Et je suis sûre que cela continuera. C es dix dernières années, la CMM a connu une explosion de nouvelles initiatives : la déclaration des “Convictions communes”, un Rayon de Littérature Anabaptiste Mondial ; cinq volumes d’histoire mondiale anabaptiste ; de nouvelles commissions ; des délégations Koinonia pour soutenir les églises membres traversant des épreuves ; Dons en commun ; des dialogues avec d’autres communions mondiales ; un site internet multilingue… la liste est longue. J’ai été heureuse de faire partie de l’équipe pendant que ces changements se produisaient. La CMM a connu de profonds changements depuis 1962, particulièrement ces dernières années. De 400 000 anabaptistes répartis dans 30 pays cette année-là, en 2009 leur nombre a monté en flèche pour atteindre plus de 1,6 million dans 80 pays. Des changements peut-être inattendus, se poursuivront, tant que la CMM continuera à répondre à son appel à être “une communion (koinonia) d’églises anabaptistes liées les unes aux autres dans une communauté de foi à travers le monde pour vivre la communion fraternelle, le culte, le service, et le témoignage.” Soli Deo gloria. www.mwc-cmm.org 2010 - 3 & 4 27 CONFÉRENCE MENNONITE MONDIALE Une Communauté d’Églises Anabaptistes courier - correo - courrier Que s’est-il passé dans les cieux le 22 juillet ? Larry Miller, secrétaire général de la CMM “Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié aux cieux, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié aux cieux.” – Matthieu 16/19, 18/18 P our la Conférence Mennonite Mondiale, ce qui s’est passé à Stuttgart (Allemagne) entre les luthériens et les anabaptistes-mennonites, le 22 juillet 2010, représente l’accomplissement de la ‘règle du Christ’. C’était, avons-nous dit, une expérience essentielle d’ ‘être église’ : lier et délier, demander et accorder le pardon, restaurer les relations dans le corps du Christ. Mais que s’est-il réellement passé à Stuttgart ce jour-là ? Qu’avons-nous lié ? Qu’avons-nous délié ? À l’époque de Jésus, ‘lier et délier’ se référait à la pratique rabbinique consistant à déterminer l’application des commandements des Écritures dans le contexte contemporain. ‘Lier’ un ancien commandement signifiait déclarer qu’il était applicable dans un nouveau contexte et démontrer son applicabilité. ‘Délier’ une pratique établie signifiait la déclarer inapplicable dans les circonstances actuelles, et en expliquer la raison. Les évangiles montrent souvent Jésus liant et déliant. Par exemple, il lie le commandement ‘aime ton prochain’, en l’appliquant non seulement aux amis mais aussi aux ‘ennemis’, se réclamant de l’exemple de Dieu, qui fait du bien aux justes et aux injustes (Mat 5/43-48). Il délie l’interdiction de travailler le jour du sabbat au nom de la ‘miséricorde’ (Mat 12/1-9). L’élément de la miséricorde donne un nouveau sens à ce processus. Quand un ‘péché’ est identifié (lié), c’est pour que le ‘pécheur’ puisse être libéré (délié) par la repentance et le pardon (Mat 18/15-19). Pour Jésus, délier ne signifie pas seulement déclarer une loi ou une tradition inapplicable, mais surtout accorder le pardon. Alors, que s’est-il passé à Stuttgart? Douloureusement conscients de leur propre besoin de pardon, les représentants de la CMM ont délié (pardonné) les églises de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) de ce qu’elles reconnu dans leur émouvante confession : • le mal commis par leurs ancêtres au 16e siècle à l’encontre des anabaptistes ; • l’oubli ou l’ignorance de cette persécution pendant les siècles suivants ; • les portraits inappropriés, fallacieux et injurieux des anabaptistes et des mennonites faits par les auteurs luthériens. Reconnaissants et conscients de la puissance de Dieu qui renouvelle les relations quand les parties impliquées le demandent, la FLM et les représentants de la CMM ont ensemble lié (déclaré) les engagements spécifiques de chaque communion pour l’avenir de leur vie commune dans le corps du Christ et dans le service pour le monde (voir pp. 4-6). L’expérience de Stuttgart était étayée par le processus historique et fondamental des luthériens, qui ont lié et délié le contenu de leur confession de foi prédominante, la Confession d’Augsbourg. Bien que cela se soit passé dans le contexte de la Commission d’Étude internationale luthéromennonite – et donc en dialogue avec la délégation de la CMM – le travail le plus difficile et le plus crucial, s’accompagnant d’autocritique, a été celui des luthériens. Dans Guérir les mémoires : se réconcilier en Christ, Rapport de la Commission internationale d’Études luthéro-mennonites, les luthériens déclarent que bien que Martin Luther et d’autres réformateurs aient “tant insisté sur la distinction entre les Écritures et les traditions humaines, ils partageaient avec leurs contemporains certaines convictions que les luthériens d’aujourd’hui considèreraient contraires à l’évangile”. À la lumière des Écritures (qui lient), ces convictions doivent être rejetées (déliées). Par exemple, la conviction des réformateurs que les chrétiens devraient demander ou accepter “l’intervention de l’État en matière de foi doit être rejetée définitivement”. D e même, à la lumière de recherches historiques, la délégation luthérienne a conclu que la plupart des condamnations de la doctrine anabaptiste dans la Confession d’Augsbourg ne sont pas valides (déliées). Elles sont basées sur des “jugements erronés sur ce que les anabaptistes du 16e siècle croyaient et pratiquaient”. Les seules condamnations qui demandent davantage de dialogues fraternels sont celles qui concernent les positions anabaptistes sur le baptême et les relations Église/État. Ce qui s’est passé à Stuttgart le 22 juillet s’est-il aussi passé dans les cieux ? Plus tard, Ishamel Noko m’a écrit : “Depuis le moment où j’ai parlé lors de votre Rassemblement au Paraguay en 2009, il a été évident pour nous que cet acte de repentance et de guérison avait une puissance de transformation dans nos églises plus grande que ce que nous anticipions quand la Commission d’Étude a commencé son travail. À Stuttgart, nous savions que nous étions témoins de l’œuvre de Dieu pour l’unité et la réconciliation”. Je ne peux que me joindre à Ishmael et dire “Dieu en soit loué”.