une simple question de temps? - Partenariat innovation forêt

Transcription

une simple question de temps? - Partenariat innovation forêt
4
Cet article complète la
série spéciale portant
sur la recherche reliée au
changement climatique
menée au Service canadien
des forêts de Ressources
naturelles Canada.
L’adaptation des
essences forestières au
changement climatique :
une simple question de temps?
Par Aude Tousignant, ing.f., et Jean Beaulieu, ing.f., Ph. D.
Les tests de provenances :
Pourquoi étudier
des outils utiles aux chercheurs
l’épinette blanche?
Pour évaluer la réponse des arbres à un changement rapide
du climat, les chercheurs travaillent à partir des évaluations
génétiques réalisées par les améliorateurs dans les tests de
provenances. En comparant la réaction de semis provenant de
diverses sources géographiques et climatiques, les chercheurs
peuvent créer un modèle pour estimer l’impact du changement
climatique sur le rendement de certaines essences d’arbres en
plantation au Québec.
L’épinette blanche constitue une essence
recherchée en raison de son haut taux de survie
en plantation, de son très bon rendement, de ses
dimensions, de la rectitude de son tronc, de sa
grande adaptabilité et de la qualité de son bois.
Elle se classe au troisième rang des essences les
plus utilisées pour le reboisement au Québec,
après l’épinette noire et le pin gris.
Photo : RNCan
Il est généralement reconnu que les populations d’arbres sont bien adaptées aux conditions climatiques et aux sites où
elles poussent. Or, le changement climatique modifie très rapidement les conditions de température et le régime des
précipitations des régions dans lesquelles elles se trouvent. Des chercheurs du Centre canadien sur la fibre de bois ont
voulu savoir comment les arbres s’adapteront à ces nouvelles conditions, en étudiant plus spécifiquement la réponse de
l’épinette blanche au changement climatique.
Quels seront les effets de l’augmentation des températures?
En 2005, les chercheurs ont étudié le rendement de deux plantations situées
dans des endroits ayant des conditions différentes de température : Mirabel
(point rouge) et la réserve faunique de Mastigouche (point bleu). Les
températures moyennes en 2005 à Mirabel sont de 2 °C supérieures à celles
de Mastigouche, ce qui se traduit par des rendements plus élevés dans les
plantations. En effet, le rendement des plantations d’épinettes blanches à
Mirabel atteint 400-450 m3/hectare à 50 ans, tandis qu’à Mastigouche, il est
de l’ordre de 250-300 m3/hectare.
En regardant ces données, nous pourrions nous attendre à ce que le rendement
global des plantations d’épinettes blanches au Québec augmente avec
le réchauffement du climat. Si, en 2070, la température de Mastigouche
P r i n t e m ps
2 0 11
Progrès Forestier
24
augmente de 2 °C (ce qui correspond à la température de 2005 à
Mirabel), pouvons-nous présumer que les rendements des plantations
seront les mêmes à Mastigouche en 2070 que ceux des plantations de
2005 à Mirabel?
Photo : RNCan
Et bien, non… Le rendement prévu des plantations de Mastigouche
en 2070 augmente par rapport au rendement des plantations de 2005,
mais reste inférieur de 50 m3/hectare à celui des plantations de Mirabel
en 2005. Cela s’explique par le fait que les populations d’arbres ont
besoin d’un certain temps pour s’adapter à des conditions différentes.
Les arbres qui poussent à Mirabel ou à Mastigouche en 2005 sont
génétiquement bien adaptés à leur milieu, tandis que ceux de 2070 à
Mastigouche n’auront pas eu un délai d’adaptation assez long pour
atteindre une croissance optimale sous ces nouvelles conditions.
Une question de temps
Photo : Réjean Poliquin, MRNF
Photo : RNCan
La capacité des essences forestières de s’adapter, de se disperser et de
migrer s’impose comme un facteur essentiel de survie face au changement climatique. L’adaptation des arbres aux nouvelles conditions
environnementales dépend principalement de la diversité génétique
de leur population, puisqu’ils ne peuvent pas « fuir » les problèmes de
leur milieu. Cependant, comme les chercheurs l’ont constaté lors de
leurs travaux sur l’épinette blanche, cette adaptation requerra plusieurs
générations.
Aider la nature
à rattraper le temps?
Sachant que le temps que prend une population d’arbres pour
s’adapter à de nouvelles conditions est plus lent que le rythme du
changement climatique, n’y aurait-il pas lieu d’intervenir? Toujours
grâce à leurs travaux sur l’épinette blanche, les chercheurs ont
développé des outils afin d’établir les plantations à partir de sources
de semences mieux adaptées aux conditions futures de croissance.
Sources : Jean Beaulieu, chercheur scientifique,
Centre canadien sur la fibre de bois, Service canadien des forêts
http://www.scf.rncan.gc.ca/nouvelles/699
http://www.scf.rncan.gc.ca/nouvelles/185
Pour en savoir davantage
http://www.scf.rncan.gc.ca/nouvelles/707
Pour plus de renseignements, veuillez communiquer avec :
PARTENARIAT INNOVATION FORÊT
1055, rue du P.E.P.S., C. P. 10380, succ. Sainte-Foy
Québec (Québec) G1V 4C7
Tél. : 418 648-5828
Téléc. : 418 648-3354
Courriel : [email protected]
Qu’est-ce que le Centre
canadien sur la fibre de bois?
Associé à FPInnovations et au Service canadien des forêts
de Ressources naturelles Canada, le Centre canadien sur la
fibre de bois (CCFB) vise à développer un savoir innovateur
pour accroître les possibilités économiques permettant
au secteur forestier de tirer parti de la fibre ligneuse
canadienne. Soixante-cinq personnes à travers le Canada
travaillent pour le CCFB.
Photo : RNCan
Partenariat
innovation
forêt
Pour en savoir davantage sur le CCFB :
http://scf.rncan.gc.ca/soussite/ccfb
P r i n t e m ps
2 0 11
Progrès Forestier
25
© PARTENARIAT INNOVATION FORÊT, 2011