Des torrents de boue à Flaxlanden - Haut-Rhin

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Des torrents de boue à Flaxlanden - Haut-Rhin
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Faits divers
VE NDRE DI 1 3 M AI 201 6
L ' AL S A CE
ORAGES
Des torrents de boue à Flaxlanden
Un violent orage, des trombes d’eau et des champs dont la terre venait à peine d’être retournée : la nuit de mercredi à hier a été cauchemardesque pour certains habitants
de Didenheim, Brunstatt et surtout Flaxlanden. Quelques villages du Sundgau et de la région colmarienne ont également été touchés, mais plus légèrement.
Grégory Lobjoie, avec Pierre Gusz
Des conditions climatiques « exceptionnelles », des torrents d’eau et de boue « hallucinants » : de nombreux
habitants des communes de Didenheim, Brunstatt et Flaxlanden n’ont plus fermé l’œil de la nuit après avoir été brusquement réveillés par des trombes d’eau qui se sont abattues, hier vers 1 h du matin, sur leur toit : beaucoup d’eau que n’ont pas pu retenir les bassins de rétention installés
un peu partout autour de ces communes. En ruisselant dans des champs, cette eau de pluie a généré d’importantes coulées de boue.
« Tout est allé très vite. À peine j’étais levé que la cave était pleine de boue !
Il n’y avait rien d’autre à faire qu’à attendre… » Cet habitant de Flaxlanden était, hier, encore en train de pelleter dans son garage pour dégager la boue. Il n’était pas le seul à le faire, car une trentaine de Flaxlandenois faisaient de même, épaulés par de nombreux pompiers venus d’un peu partout de l’agglomération mulhousienne. « Il y a beaucoup de solidarité, avec beaucoup de pompiers qui ont été envoyés chez nous, ainsi que des équipes techniques de l’agglomération, a remarqué le maire de Flaxlanden, Claude Frey. Il y a aussi des agriculteurs du village qui donnent un coup de main… » Sa commune était la plus touchée du secteur avec, outre des caves privées endommagées, la salle des sports et de la culture, le périscolaire et le presbytère envahis par la boue. « Il y a un gros
nettoyage à faire, a indiqué Claude Frey. Depuis 2 h je suis sur la brèche, et ce n’est pas simple. » Alors qu’une marche populaire était prévue dans la commune ce lundi de Pentecôte, il a d’ores et déjà été décidé de l’annuler vu les dégâts constatés à la salle des sports.
La commune nouvelle, et voisine, de Brunstatt-Didenheim a également été touchée, notamment dans le petit quartier installé à la sortie de Brunstatt, en direction de Zillisheim, mais aussi en plein centre, rue du Maérchal-de-Lattre-de-Tassigny. Dans cette rue, ce sont des caves qui ont été inondées par de l’eau claire, avec vraisemblablement des remontées de nappe phréatique et d’eau de canalisation. « Il y a eu des retours d’assainissement chez des particuliers », a constaté Jean-Denis Bauer, maire délégué didenheimois. « Il peut y avoir des problèmes au niveau des La boue a défoncé une porte de secours et envahi la salle des sports de
Flaxlanden.
Photo L’Alsace/François Torelli
Une entreprise inondée à Brumath
Dans le Bas-Rhin, les pompiers sont intervenus surtout mercredi soir. Vers 19 h 50, ils se sont rendus à Brumath pour pomper l’eau qui avait envahi les halls de stockage de la société Dutscher, rue de l’Industrie. Cette entreprise est spécialisée dans les consommables et matériels pour laboratoires de biotechnologie. Suite aux pluies orageuses de la fin d’après-midi, une dizaine de centimètres d’eau avaient envahi 7 000 m² de surface. Sept pompes ont été activées pour aspirer l’eau et ce pendant six heures. Une trentaine de salariés de l’entreprise ont donné un coup de main aux pompiers pour assécher et nettoyer les locaux. G. D.-A.
À la sortie de Brunstatt, en direction de
Zillisheim. Photo L’Alsace/François Torelli
Flaxlanden a été la commune la plus touchée par les inondations et les coulées de boue.
conduites, avec parfois l’absence de l’agent communal a entrepris de déclapet anti-retour chez des particu- gager la route.
liers », lui faisait écho la maire brunstattoise Bernadette Groff.
Au total, les pompiers de l’agglomération mulhousienne sont interveIl y a également eu des coulées de nus plus d’une centaine de fois.
boue à Steinbrunn-le-Bas. C’est la rue
de la Fontaine qui a été le plus touUn téléviseur implose
chée, les rues des Orphelins et de à Fortschwihr
l’École dans une moindre mesure. Les
nombreux coups de téléphone reçus Les fortes pluies et l’orage tombés par la mairie ont poussé les équipes dans la nuit de mercredi à hier sur communales à intervenir et à appeler Colmar et les communes voisines ont
les pompiers, hier en début d’après- nécessité 13 interventions de la part midi, pour dégager les routes qui ris- des équipes du Service départemenquaient de devenir glissantes et tal d’incendie et de secours (Sdis) du éviter que les intempéries encore pré- Haut-Rhin, depuis 2 h et une bonne vues n’aggravent la situation.
partie de ce jeudi matin. De Sigolsheim à Bischwihr en passant par À Steinbrunn-le-Haut, c’est la route Ostheim, le Sdis a principalement été
départementale qui était particuliè- sollicité pour des épuisements de lorement concernée par des coulées de caux. À Fortschwihr, un dégagement boue, mais bien moins que les an- de fumée a été aperçu au 5, rue du nées précédentes. Dans la journée, Grand-Jardin, peu avant 4 h du matin.
PRÉVENTION
Les travaux d’aménagement de la « salle de consommation à moindres risques » de Strasbourg vont démarrer le mois prochain pour une ouverture à l’automne. À terme, 200 toxicomanes pourraient franchir chaque jour ses portes.
ciner si elle le souhaite contre l’hépatite B, entrer dans un programme pour sortir de son addiction, ou encore bénéficier d’un accompagnement de retour à l’emploi. « Il s’agit d’aller plus loin que la réduction des risques », insiste le Dr Alexandre Feltz, adjoint au maire de Strasbourg en charge des questions de santé et promoteur de la candidature de Strasbourg à l’expérimentation de la SCMR. « La Ville proposera
des heures de travail afin de permettre l’insertion professionnelle de ce public », ajoute-t-il.
Geneviève Daune-Anglard
Le terme « salle de shoot » ne plaît pas aux promoteurs du projet à
Strasbourg. L’appellation a pourtant
le mérite d’être plus courte que « salle de consommation à moindre risque » ou SCMR, le terme officiel qui désigne un lieu ou des toxicomanes peuvent s’injecter leur dose dans des conditions réduisant le risque de
contamination par le virus HIV et ceux des hépatites B et C.
« Une entrée dédiée »
En effet, la loi de modernisation du système de santé adoptée en janvier 2016 a permis de trouver le cadre juridique pour permettre l’expérimentation pendant six ans
d’un tel dispositif. Et Strasbourg sera
la première ville en France à ouvrir une telle salle, à la mi-octobre, au sein du périmètre des hospices ci-
De gauche à droite : Michel Senthille, procureur de la République, Marie
Fontanel, directrice générale déléguée de l’ARS, Roland Ries, maire de Strasbourg, Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mildeca, et le Dr Alexandre Feltz, adjoint au maire.
Photo L’Alsace/Jean-Marc Loos
vils, dans l’ancien bâtiment de la chirurgie thoracique. Une situation
idéale, selon la directrice d’Ithaque, Danièle Bader-Ledit, « car disposant d’une entrée dédiée, à partie du quai
Menachem-Taffel ». Une implantation loin de tous riverains, ce qui devrait faciliter l’acceptation par la population du quartier, mais aussi « permettre aux usagers de drogue de se rendre dans cette salle, sans se sentir sous le regard des gens », souligne encore Danièle Bader-Ledit.
Sept personnes, majoritairement
des infirmiers ou des travailleurs sociaux, seront présentes en permanence dans les locaux, ouverts 365 jours par an et six heures par jour, Une télévision située dans l’une des chambres de cette maison a implosé pendant l’orage. Les pompiers ont procédé à son extinction au moyen d’une lance du dévidoir tournant.
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sur le site internet : www.lalsace.fr
31 mm
Selon des indications de Meteonews, la station météorologique de l’aéroport de BâleMulhouse a enregistré 31 mm de pluie en 24 heures entre mercredi à 17 h et hier à
17 h. Ces fortes précipitations
correspondent à 40 % de la moyenne pour un mois de mai, qui s’élève à 79 mm.
ILLFURTH Il meurt percuté par un train de fret
La première salle de shoot en France ouvrira en octobre à Strasbourg
La première réunion du comité de pilotage de la SCMR strasbourgeoise
a rassemblé hier des représentants de la justice, de la police, de l’Agence
régionale de santé (ARS), de la Ville, de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) et l’association Ithaque qui accompagne depuis
25 ans les personnes toxicomanes et
qui sera chargée de gérer la nouvelle
salle de consommation.
Photo L’Alsace/François Torelli
« Glacis géographique »
L’Alsace et Strasbourg sont des secteurs très touchés par la consommaessentiellement l’après-midi et en tion d’opiacés et par les décès par début de soirée, « un horaire qui cor- surdose. L’an dernier, Ithaque a acrespond aux habitudes de vie des cueilli 2 000 personnes, dont 600 utipersonnes accueillies », indique la lisateurs du programme d’échange directrice d’Ithaque.
de seringue. L’association s’attend à terme à une fréquentation de 150 à La personne viendra avec sa propre 200 personnes par jour à la SCMR.
dose de drogue. Elle sera identifiée à
l’accueil puis attendra son tour pour La justice et la police ont accepté se rendre dans la pièce de consom- d’établir un « glacis géographique » mation proprement dite où elle aura autour de la SCMR, mais le procu30 minutes maximum pour prendre reur de la République de Strasbourg sa dose. Elle sera ensuite orientée Michel Senthille prévient : « Il y
vers une salle de repos, où le travail aura une limite à la quantité de drod’accompagnement médical et so- gue qu’un usager de la salle pourra cial pourra se faire. En effet, outre un transporter sur lui et toute tentative dépistage possible du sida ou de de trafic aux abords sera, elle, durel’hépatite C, elle pourra se faire vac- ment réprimée… »
IRE03
Le trafic ferroviaire sur la ligne Mulhouse-Altkirch a été interrompu dans
les deux sens suite à un accident de personne survenu, hier vers 15 h 40,
à hauteur de la gare d’Illfurth. Les gendarmes de la communauté de
brigade de Dannemarie et d’Illfurth se sont rendus sur place. L’accident
s’est produit à hauteur du passage à niveau 11. L’enquête doit encore
déterminer les circonstances du drame. La victime, qui a été heurtée par
une locomotive de fret, est un homme de 78 ans qui était hébergé chez
son fils, à Illfurth.
La circulation des trains a pu être rétablie vers 16 h 40 dans le sens
Altkirch-Belfort. Des navettes aller-retour avaient été mise en place par la
SNCF entre les deux villes.
JUSTICE
Il envoyait des colis radioactifs par la Poste
tion et n’étaient pas marqués comme contenant des matières radioactives. « Commercial intelligent » en quête Selon l’ASN, de tels envois compord’un nouveau marché ou « beau pi- taient des risques majeurs en cas d’ingeon » abusé ? Face aux longs échan- halation ou d’ingestion.
ges entre le parquet et l’avocat de la défense, les juges colmariens ont eu, Pour le parquet, le commercial aurait hier, bien du mal à démêler le vrai du tenté d’obtenir le marché de démanfaux dans une affaire de transport de tèlement des détecteurs de l’électrimatières dangereuses. Un homme de cien, sans devoir le facturer. Mais pour
56 ans était accusé d’avoir, du 2 août la défense, ce serait bien l’électricien 2013 au 23 décembre 2013, à Maxe- qui aurait profité du « trop gentil » ville, Woerth, Illkirch et Ensisheim, commercial. « À qui profite le crime ? transporté puis expédié par colis pos- Cet électricien a fait une très belle aftaux de la matière radioactive mesu- faire en se débarrassant de près de 250
rée à plus de 0,1 mSv/h. Il lui était détecteurs sans rien payer… » Selon également reproché d’avoir usurpé lui, son client n’avait pas été formé sur
l’identité de la société Chubb, spéciali- les conditions de transport de ces obsée dans la sécurité, en inscrivant ce jets radioactifs. « Et en mettant Chubb
nom à la fois comme récepteur et ex- en expéditeur, ce n’était pas pour tripéditeur des colis.
cher, juste pour s’assurer que si le colis
était retourné, il le serait forcément à Le prévenu, technico-commercial la société ! Si mon client avait voulu se
chez une société de sécurité concur- cacher, il n’aurait pas payé à la Poste rente, avait récupéré plus de 230 dé- avec sa carte bancaire… »
tecteurs bioniques de fumée, plus aux
normes, chez un électricien de Rie- L’homme a été condamné à trois mois
disheim, afin de les renvoyer vers leur de sursis pour l’usurpation d’identité constructeur, la société Chubb. « Je sa- et à deux mois de sursis et 500 € vais qu’il fallait que ça soit eux qui les d’amende pour les délits de transport démantèlent, donc j’ai voulu rendre et envois postaux. Le montant des service », a assuré le prévenu. Mais les dommages et intérêts de Chubb sera colis envoyés l’étaient sans autorisa- évalué en septembre prochain.
Clémence Lesacq