Sacres et sacrifices - Judith, Ensemble Dialogos
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Sacres et sacrifices - Judith, Ensemble Dialogos
Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Dans le cadre du cycle Sacres et sacrifices Du vendredi 30 mai au mardi 17 juin 2008 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.cite-musique.fr Judith 0306.indd 1 Judith | Ensemble Dialogos | Mardi 3 juin Mardi 3 juin Judith | Ensemble Dialogos 27/05/08 15:01:58 Cycle Sacres et sacrifices Quels liens peuvent-ils se tisser entre les histoires sacrées de Marc-Antoine Charpentier, les anthems et odes de Georg Friedrich Haendel et les représentations françaises de Médée dans l’opéra de Lully Thésée, dans les cantates de Nicolas Bernier, Louis-Nicolas Clérambault et les pièces de clavecin de Jacques Duphly ? Quels chemins parcourir entre l’église parisienne Saint-Louis (actuelle Saint-Paul), poste avancé de la Rome papale dans la France gallicane et où officiait Charpentier, l’Académie royale de musique, sise dans le Palais-Royal et où Lully donnait à entendre les premiers opéras français, les salons parisiens des Lumières friands de cantates profanes et de pièces de clavecin évocatrices, l’abbaye de Westminster où Haendel brossa un splendide décor sonore pour le couronnement de George II et de la reine Caroline et le théâtre de Lincoln’s Inn Fields, toujours à Londres, où il créa son Ode à sainte Cécile ? En trois concerts, ce ne sont pas seulement ces mondes sonores contrastés qui se répondent, ni quatre époques musicales qui simplement se juxtaposent – les fastes de la France louis-quatorzienne avec Charpentier et Lully, la vivacité de la Régence avec Bernier et Clérambault, l’énergie rayonnante de l’Angleterre géorgienne saisie par le Saxon Haendel, ou la sensibilité nouvelle peinte par un contemporain des Encyclopédistes, Jacques Duphly. Dans les œuvres ainsi mises en résonance, d’autres échos, plus profonds, nous retiennent. Au-delà des fonctions cérémonielles, religieuses ou de divertissement que la musique, toujours fonctionnelle à l’époque baroque, revêtait alors mais que le concert actuellement relègue à l’arrière-plan, ces musiques sacrées et profanes évoquent le pouvoir royal, son éclat et sa part d’ombre, le sacrifice des fils et la mort des pères et, du côté des femmes, le clivage toujours réitéré entre l’image de la sainte et celle de la sorcière. De ces thèmes anciens, enracinés dans les épisodes bibliques et mythologiques, la musique baroque, qui cherche toujours à peindre et à émouvoir, nous offre des tableaux sonores puissamment expressifs. Ainsi la marche solennelle et triomphale déployée par les arpèges des cordes, dans l’irrésistible crescendo qui ouvre le premier anthem du couronnement de Haendel, Zadok the Priest, et qui prépare les jubilantes acclamations d’un chœur massif à sept voix. Le procédé avait été imaginé par le jeune Haendel une vingtaine d’années plus tôt, pour son Nisi Dominus, un motet catholique écrit lors de son séjour en Italie. Repris sur des paroles bibliques pour le couronnement d’un roi anglican, il réveille des échos de pompe romaine jusque dans l’abbaye de Westminster. À l’opposé de cette vision resplendissante de la royauté, Charpentier nous montre, dans son oratorio Mors Saulis et Jonathae, les affres du roi Saül, poussé par de sombres pressentiments à consulter la pythonisse Maga, puis réclamant la mort au plus fort de la bataille, auprès du corps sans vie de son fils Jonathas. Son trépas est commenté par un chœur étonnant, aux harmonies déchirantes. Si ce sanglant épisode ouvre la voie du royaume à David, il illustre aussi les tourments d’un souverain incapable de soutenir dignement sa charge. Un autre oratorio de Charpentier, Sacrificium Abrahae, représente de façon aussi imagée la douleur du père, la soumission du fils, la solennité de la parole divine et la joie de la délivrance après une telle mise à l’épreuve. À l’opposé, le personnage de Médée, la sorcière régicide et infanticide, qui pour venger son amour bafoué parvient jusqu’au plus profond de l’horreur, semble hanter le répertoire lyrique français : Lully nous la peint toujours amoureuse, toujours criminelle, poursuivant maintenant le jeune Thésée de ses inutiles sortilèges (c’est Charpentier qui, plus tard, peindra dans une autre tragédie en musique l’épisode de l’infanticide). Son personnage reparaît dans les petits opéras de salon que sont les cantates françaises, condensés de passions contrastées. Face aux superbes emportements de Médée, la sainte Cécile célébrée dans l’ode de Haendel disparaît quelque peu derrière la musique dont elle est l’allégorie : le compositeur en profite pour évoquer un musicien thaumaturge, Orphée, faisant danser les animaux au son d’un hornpipe très britannique, ou les éclats des trompettes du Jugement dernier. Pour les musiciens de l’âge baroque, fastes et maléfices, sacres et sacrifices sont avant tout l’occasion de créer des fresques sonores saisissantes et de n’en appeler à la raison qu’en évoquant et éveillant les passions. Raphaëlle Legrand Judith 0306.indd 2 27/05/08 15:01:58 V M I S M I G S M N M M P J T G P J L M L S M A A H G A V mardi J r E K A N S c du vendredi 30 mai au mardi 17 juin VENDREDI 30 MAI – 20H JEUDI 5 JUIN – 20H MERCREDI 11 JUIN – 20H Marc-Antoine Charpentier In circumcisione Domini Sacrificium Abrahae Mors Saulis et Jonathae Gérard Grisey L’Icône paradoxale Jonathan Harvey Mortuos Plango, Vivos Voco Elliott Carter Concerto pour violoncelle Jonathan Harvey Madonna of Winter and Spring Antonín Dvorák Stabat Mater – version originale de 1876, reconstitution de Miroslav Srnka Il Seminario Musicale Gérard Lesne, haute-contre, direction SAMEDI 31 MAI – 20H Médée furieuse Nicolas Bernier Médée Michel de La Barre Pièces instrumentales Jean-Baptiste Lully Thésée – extraits Gaultier de Marseille Pièces instrumentales Jacques Duphly La Forqueray Médée Louis-Nicolas Clérambault Symphonie n° 7 « La Magnifique » – extraits Médée Anna Maria Panzarella, mezzo-soprano Amarillis Héloïse Gaillard, flûtes et hautbois baroque Gilone Gaubert-Jacques, violon Anne-Marie Lasla, viole de gambe Violaine Cochard, clavecin mardi 3 juin – 20h Judith - Une histoire biblique de la Croatie renaissante Ensemble Dialogos Katarina Livljanic, chant, direction Albrecht Maurer, vièle, lirica Norbert Rodenkirchen, flûtes, dvojnice Sanda Herzic, mise en scène, décors, costumes Orchestre Philharmonique de Radio France Pascal Rophé, direction Marc Coppey, violoncelle Susan Narucki, soprano Lani Poulson, mezzo-soprano Gilbert Nouno, Arshia Cont, réalisation informatique musicale Ircam mardi 10 juin – 20h Joseph Haydn Les Sept Dernières Paroles du Christ La Chambre Philharmonique Emmanuel Krivine, direction Éric Ruf, récitant mercredi 11 juin – 15h jeudi 12 juin – 10h et 14h30 Spectacle Jeune Public La Barbe bleue, film-spectacle Film de Samuel Hercule (2005, muet, couleur) avec Philippe Vincenot, Cécile Hercule, Métilde Weyergans Compagnie La Cordonnerie Timothée Jolly, composition, piano Denis Mignard, composition, guitare électrique, batterie Métilde Weyergans, voix Samuel Hercule, bruitage, voix Accentus Laurence Equilbey, direction Alexandra Coku, soprano Renata Pokupić, alto Francesco Meli, ténor Markus Butter, basse Brigitte Engerer, piano SAMEDI 14 JUIN – 20H Happy End D’après Le Petit Poucet de Charles Perrault Musique de Georges Aperghis Film d’animation de Hans Op de Beeck, Bruno Hardt et Klaas Verpoest Ictus Georges-Élie Octors, direction Sébastien Roux, réalisation informatique musicale Ircam MARDI 17 JUIN – 20H Georg Friedrich Haendel Coronation Anthem n° 1 « Zadok the Priest » Coronation Anthem n° 3 « My Heart Is Inditing » Coronation Anthem n° 2 « The King Shall Rejoice » Ode à sainte Cécile Les Arts Florissants Paul Agnew, direction Sophie Daneman, soprano Ed Lyon, ténor Judith 0306.indd 3 27/05/08 15:01:58 mardi 3 juin – 20h Amphithéâtre Judith Une histoire biblique de la Croatie renaissante D’après l’œuvre de Marko Marulic (Venise, 1501) et d’après des Agonies anonymes croates (Vartal, Zagreb, Archives HAZU, ms. IV a 31, XVIe siècle, Ms. R. 3375, Bibliothèque nationale et universitaire de Zagreb) Reconstruction musicale : Katarina Livljanic Ensemble Dialogos Katarina Livljanic, chant, direction Albrecht Maurer, vièle, lirica Norbert Rodenkirchen, flûtes traversières, flûte traditionnelle de Lombardie, dvojnice Sanda Herzic, mise en scène, décors, costumes Marie Bellot, création et régie lumières Jean-Marie Jobard, régie sous-titres Bratislav Lucin, conseil philologique La Compagnie Dialogos est soutenue par la Drac Île-de-France – ministère de la Culture et de la Communication. Programme réalisé en coproduction avec le Centre culturel de rencontre d’Ambronay et avec Arcadi. Remerciements à Gesine Moritz, styliste (Cologne), et à Hélène Lefebvre. Instruments de Norbert Rodenkirchen : flûtes traversières (Neidhart Bousset, Boaz Berney), flûte traditionnelle de Lombardie (anonyme), dvojnice (Stjepan Veckovic) Instruments d’Albrecht Maurer : vielle (Thilo Viehrig), lirica (Zlatko Glavinic) Fin du concert vers 21h15. Judith 0306.indd 5 27/05/08 15:01:59 Judith Une histoire biblique de la Croatie renaissante … pourquoi es-tu triste, mon âme, et pourquoi me troubles-tu ? Je te prie, ne perds pas espoir si tu perds la raison… Un soir d’hiver, alors que j’étais en voyage très loin de mon pays natal, j’ai découvert cet extrait d’une Agonie anonyme croate. La beauté de sa langue archaïque, qui était la mienne sans l’être entièrement, m’a retenue pendant de longues heures. Ce texte mettait en scène un dialogue entre l’âme et la conscience d’un homme dont le nom nous reste inconnu, dans un style surprenant qui pourrait évoquer la plume de James Joyce plutôt que celle d’un prêtre-paysan anonyme croate du XVIe siècle. Profondément émue, je lisais et relisais ces extraits en m’apercevant que j’en ralentissais de plus en plus la lecture, comme si je redoutais d’arriver à la fin. Le livre une fois refermé, ces textes ont continué de hanter ma mémoire, prenant lentement la tournure d’un futur programme musical. Pourtant, le travail le plus important restait à faire. Comment pourrais-je transformer ces quelques phrases en une nouvelle forme scénique musicale ? Il fut nécessaire de les replacer dans leur contexte et de reconstituer la situation dramatique et musicale de ce dialogue imaginaire tout en lui gardant le caractère « ouvert » d’une œuvre qui n’est pas limitée aux conventions de son temps. En cherchant les sources proches de ces Agonies, dont un certain nombre apparaît dans le recueil dalmate Vartal du XVIe siècle, la relation avec Marko Marulic, poète croate de la même époque, commençait à se préciser de plus en plus clairement, puisque certains de ces dialogues anonymes ont même été attribués à cet auteur, à cause de la similitude de leur style. Dans l’œuvre si riche de Marulic, un texte semblait être entièrement en accord avec la force des Agonies. C’était l’incroyable histoire de Judith. Le livre de Judith, tiré de l’Ancien Testament et consigné par Marulic, est devenu le chefd’œuvre de la littérature croate. Écrite en langue vernaculaire, à la manière des poètes glagolitiques traditionnels, cette histoire est l’un des rares textes conçus par Marulic dans sa langue maternelle. Il s’adressait vraisemblablement à un public féminin, lequel n’était en général pas familier de la langue latine. Judith est une femme juive forte et pieuse, mais elle est aussi une belle et dangereuse enchanteresse. Afin de libérer son peuple, elle s’infiltre dans le palais de son ennemi assyrien, le puissant Holopherne ; elle le séduit et lui coupe la tête. L’intensité de ce récit dépasse le cadre et les procédés littéraires de son temps, faisant de Judith une œuvre intemporelle. Ses protagonistes parlent et agissent d’une manière directe, surprenante et complexe, entièrement en accord avec le langage et la puissance des Agonies anonymes. En lisant les œuvres de Marulic, il m’est apparu évident que seuls les caractères de Judith et d’Holopherne possédaient la force qui leur permet de subir et d’exprimer ces agonies intérieures. Judith 0306.indd 6 27/05/08 15:01:59 mardi 3 juin L’histoire de Judith, ainsi mise en relation et enrichie des Agonies de la tradition glagolitique, transpose ce récit cruel, mêlant Éros et Thanatos, dans un univers plus intimiste et nostalgique. Nous suivons l’histoire principale, mais nous la quittons aussi pendant un instant pour entrer dans les pensées des personnages principaux : au moment même où la tête d’Holopherne se sépare du reste de sa personne, ses pensées se « séparent » elles aussi, par le biais d’un dialogue entre l’âme et le corps, lorsque le sommeil d’Holopherne ivre est interrompu par la mort. Un dialogue intérieur tout différent envahit Judith. Dans sa propre agonie, son âme et sa conscience dialoguent pendant qu’elle invoque l’aide de Dieu pour tuer l’ennemi de son peuple – ennemi qui est amoureux d’elle et par lequel elle est également fascinée. Le texte de Judith a survécu sans mélodie. Toutefois, sa structure métrique coïncide avec celle d’un nombre restreint de mélodies glagolitiques de la côte dalmate, chargées d’émotion et d’une grande force musicale et dramatique, qui sont principalement utilisées dans le contexte des chants narratifs de la Semaine sainte. Le texte de Marulic évoque aussi quelques rares répons de tradition latine conservés dans les manuscrits dalmates, chantés à la suite des lectures nocturnes du livre de Judith. Toutes ces sources ont contribué à la reconstruction musicale de ce texte et au travail de réflexion sur les personnages et les situations dramatiques. Le matériau musical archaïque a ainsi été utilisé pour créer une œuvre nouvelle. Judith et Holopherne, ainsi que tous les démons personnifiés présents dans leur imagination, sont interprétés dans ce monodrame musical par une voix de femme qui ne cesse de se travestir et de jouer/chanter plusieurs personnages. Elle est accompagnée par une vièle, une lirica (instrument à cordes croate traditionnel, accordé de manière dissonante selon des usages archaïques) et des flûtes anciennes (dont une dvojnice, flûte double spécifique). Réunis, en s’inspirant de techniques d’improvisation attestées dans les écrits contemporains de Judith, ils bâtissent une histoire d’une densité émotionnelle croissante, et transposent cet ancien récit, accompagné de ses puissantes et nostalgiques mélodies dalmates, en un contexte scénique nouveau. Katarina Livljanic Judith 0306.indd 7 27/05/08 15:01:59 … mets tes paroles sur ses lèvres, un esprit droit dans son cœur, de la force dans ses mains… L’accès à la source est coupé et la ville meurt de soif. Judith s’apprête à libérer la source. Elle s’ouvre aux influences supérieures et grâce à son amour acquiert une force qui décuple sa détermination. Purifiée par cette flamme intérieure, vibrante, elle arrive dans le camp ennemi et l’invincible chef la voit. Au premier regard, l’amour perce l’armure du puissant Holopherne et il devient vulnérable. Son arrogance et son égoïsme seront décapités par le sacrifice de Judith. Jud Eto k biti n … zn vašo Holo S vo Asir Prik pose Olof a sa karv toko Sunc na z noć človi Sam leže Ojm Ne b Kako bisa ner onam tako ništa glav posa Kuda Prid Nous nous proposons de raconter cette histoire biblique à travers la poésie de Marulic, chantée et accompagnée par la musique. Le sous-titrage fait partie intégrante du décor et facilite le suivi de l’histoire. Le sens profond se lit aux différents niveaux. Cette musique demande une attention particulière, et c’est pourquoi la mise en scène se met volontairement au service de la musique, comme un instrument invisible inclus dans la partition. Elle cherche le rythme pour exprimer la respiration de l’ensemble. Comment l’écouter ? Son rôle est d’harmoniser le déploiement d’énergie de l’action par les gestes et les mouvements divers, tout en suivant le tempo. C’est un voyage perpétuel et souvent simultané entre ce que l’on entend, comprend et voit. Le plus intime et secret de l’espace du spectacle s’ouvre quand l’âme de Judith parle avec son esprit et quand l’âme d’Holopherne décapité dialogue avec son corps. Ces scènes tentent des approches différentes, tout en laissant le mystère du questionnement intérieur légèrement voilé. L’histoire de Judith se renouvelle constamment, d’époque en époque, et elle reste lisible dans le monde confus et sanglant qui est le nôtre. Cette dimension universelle a permis de ne pas illustrer l’histoire par des costumes et par un décor historiques, mais de rechercher l’essentiel avec des moyens simples. Sanda Herzic zem Judith 0306.indd 8 27/05/08 15:01:59 mardi 3 juin Judith Eto k vam gre Judita gospoja ma visoko počtovana, more biti ne s manjom urehom nego kada se ukaza Olofernu … znajući da će moći tako počteno pribivati pod strihom vašom kako je nigda pribivala u Betuliji pod svojom. Holopherne S vojskom prejakom Oloferne greduć, Asirijom jur svom prošal biše hituć. Prik Eufrata mine, vodeć Asiriju, posede konfine, Mesopotamiju. Oloferne sijaše oholo, visoko, a sam pogledaše po vojsku široko ; karvavo mu oko, čarljen biše obraz, toko biše pritil, poćaše se i u mraz. Sunce svitla lica, na zapad minuje, za more skri nica ; noć jure podtica da narod, živine, človik, zvir i ptica, pustiv teg, počine. Samo Oloferne, pripun rogobore, ležeć na perine, usnuti ne more. Ojme moj nebore, gospodstvo ča t’ prudi ? Ne bdi sad nitkore ; tebe misal trudi. Kakono kad bludi sobom simo-tamo, bisan pas meu ljudi, pojti ne umi kamo, ner se varti samo ter ujisti preži, onamo, ovamo, ciri se i reži : tako t’ov, ki leži, misleći, sasvima ništare ne teži, a pokoja nima ; glavom svuda kima i sobom privraća, posažmi očima, da san se odvraća. Kuda Olofernes projde s vojskom ; svih poda se podbi. Pride napokon u zemlju israelsku. Bi velik strah po svoj zemlji. Judith Voici que se présente à vous ma très noble dame Judith, avec non moins de charme que lorsqu’elle parut devant Holopherne… en sachant qu’elle pourra demeurer aussi honorablement sous votre toit qu’elle demeura jadis à Béthulie sous le sien. Holopherne Holopherne, avec sa puissante armée avait traversé l’Assyrie. Il dépassa l’Euphrate, après avoir traversé l’Assyrie, prit possession de ses confins, et de la Mésopotamie. Holopherne siégeait, orgueilleux, altier, parcourant du regard son immense armée, l’œil injecté de sang, le visage rougi, il était en sueur, même au froid. La face brillante du soleil S’éteignait au couchant, prête à disparaître au-delà de la mer, Et la nuit incitait peuples et bêtes, Hommes, animaux, oiseaux, à prendre leur repos. Seul Holopherne, l’esprit plein d’agitation, Ne pouvait, sur sa couche, trouver le sommeil : « Hélas, malheureux que tu es, que te sert ta puissance ? Tu n’as plus personne ; et tes pensées te tourmentent. » Comme le chien enragé dans la foule, qui court çà et là sans savoir où il va, tournant en rond, qui cherche à mordre, en grinçant des dents et en grognant. Ainsi réfléchit-il sur sa couche Et sans rien faire, ne pouvant trouver le repos, Il tourne et retourne la tête, se retourne sur lui-même, Tente de fermer les yeux, mais le sommeil ne vient pas. Partout où Holopherne avança avec son armée, il fut vainqueur. Finalement, il arriva au pays d’Israël. Une grande crainte se répandit à travers tout le pays. Judith 0306.indd 9 27/05/08 15:02:00 Le peuple de Béthulie Le peuple de Béthulie Tad svi Betuljani jednim vapljem moljahu govore : « Bože, koga u svem kripost svaka more, pozri nas odzgore i glase naše čuj, ter, ki nas sad more, strahov nas obaruj. Ti nas poni shranit dostojaj se, Bože, njih tuj ne ustanit. Kripost tva sve može. Tebi se podlože molimo u suzah, ne daj da nas slože u tolicih tugah. Od meči, od uzah, kad si godi hotil, i od jačih rukah ti nas si slobodil. Ti nas jesi vodil prik mora po prahu, onih si potopil kino nas tirahu. » La rage d’Holopherne Kada ču ognjeni Oloferne taj glas, da su zasedeni puti od gorskih staz, i da židovska vlas pripravno čeka boj, čudi se i starši vas gnjivan bi zatoj. I sazvav u dvor svoj amonske vojvode : Et tout le peuple de Béthulie priait d’une seule voix, disant : « Ô Dieu, qui sur tout as puissance, jette ton regard sur nous, écoute nos prières et délivre-nous de la peur de ceux qui en veulent à notre vie. Daigne, ô Dieu, nous accorder ta protection, N’augmente pas leur force : ta puissance peut tout faire. Tombant à tes pieds, nous te prions, pleins de larmes, Ne nous laisse pas sombrer dans de si grands malheurs. De leurs épées, des chaînes, quand tu le voudras, Et de leurs mains puissantes, tu nous délivreras. Tu nous as conduits, à travers la mer, sur un sol sec, Et tu as submergé ceux qui nous poursuivaient. » La rage d’Holopherne Lorsque le fougueux Holopherne apprit que les armées d’Israël avaient fermé les passages des montagnes, et que celles-ci attendaient résolument la bataille, Il s’enflamma de colère, proférant des menaces, Il convoqua à sa cour les capitaines d’Amon : « Qui sont, dit-il, ces gens qui s’installent sur les sommets et montent la garde aux passages ? Quelles villes habitent-ils ? Quelle est leur vigueur ? Combien sont-ils ? En quoi réside leur puissance ? Ignorent-ils notre vaillance et nos forces au point d’avoir la témérité de se dresser contre nous ? Eux seuls feignent de nous ignorer, tant ils sont effrontés. Et ils ne viennent pas au-devant de nous, comme les autres ! » Et disant ces mots, il écume de rage, grince des dents, Et se répand en invectives. Il se tord les doigts ; rejette la tête en arrière Et dans sa rage, ses yeux roulent dans leurs orbites. La terreur s’empare de ceux qui voient son visage Tandis qu’il va et vient au milieu d’eux, ils abaissent « Tko su, reče, ovoj ki po varsih hode bljudući prohode ? Ki gradi ? Ka hitrost ? Mnogi li se plode, mnoga li njih jakost ? Da imaju sminost stati protiv naju ali našu hrabrost ni sile ne znaju ? Sami nas ne haju, toliko su smini, ter nas ne sritaju s častju kako ini. » To rekši, zapini usta, zube sharsti, a njim ti namini zala svake varsti ; splete parste s parsti, a glavom pokima i od toke garsti zavrati očima. Svaki jih strah ima gledat ga u lica, gdi marmnje meu njima, ter obrazom nica stahu, kako ditca kad skulan di : Quitto. Leur regard, comme des enfants lorsque le maître dit « Silence ! », Et, le fouet à la main, il se met à crier de colère. Tej pojamši biča zakrikne sardito. 10 Judith 0306.indd 10 27/05/08 15:02:00 La s Olof zden Nest Stop usne Skup tko s Htih Ozija pom Judi kara « Tk ter s Jer pri n Vele k Bo ter d kada La p Oni svojo ter t svu « Bo i sve Tebe pogl odpu pom Rači sve m Ki te svet krov meč mardi 3 juin ant : vie. re. rs. mets oir tés. ! » La soif La soif Oloferne podstupi Betuliju, odvrati vodu ka u grad treciše, zdence prigradske čini čuvati. En s’approchant de Béthulie, il détourna l’eau qui s’écoulait vers la cité, et plaça des gardes sur les puits auprès des murailles d’enceinte. L’eau venant à manquer, une grande soif frappa toute la ville. Rien pour humecter les lèvres ; les langues se desséchaient, les lèvres se fendaient, les corps pâlissaient. Les hommes, femmes et enfants, jeunes et vieux se réunirent devant Ozias. Ils voulurent se rendre. Ozias, le gouverneur de la ville, leur demanda d’attendre cinq jours encore l’aide de Dieu. Nesta vode, bi u grad žaja. Stopit ust ne bi čim, prisihat ja jazik, usne pucat, zatim bliditi vas človik. Skupiv se puk velik, muži, žene, ditca, tko star, tko mladolik, k Oziji se stica. Htihu se pridati. Ozija, knez od grada, moli jih da bi još čekali pet dan pomoći božje. Judita, udovica sveta i plemenita, kara jih da bihu Bogu roke postavili. « Tko ste, da ćete moć božju iskusiti, ter svim vekšu nemoć, vekši gnjiv naditi ? Judith, noble et sainte veuve, leur reprocha d’avoir fixé un tel délai à Dieu. Jer se razsarditi hoće tom ričju Bog, pri ner se smiliti, ni dati nam odlog. Vele dvigoste rog, roke take upram k Bogu, ki je svemog, da milost svu da nam, ter da tad pride sam pomoć puku semu, kada je drago vam, ne kad je god njemu ! » La prière de Judith Oni odašadši, Judit u komori svojoj tad pošadši, dviže ruke gori ter tako govori lugom potrusivši svu glavu od zgori, kip vrićom odivši : Dieu s’irritera de tels propos au lieu de nous montrer sa pitié ou de nous donner quelque répit. Vous avez montré trop de hardiesse en fixant un délai à Dieu Tout puissant, en lui disant comment montrer sa pitié ; En lui commandant de venir Lui-même sauver son peuple, À votre convenance, et non selon Sa volonté ! » « Bože, ki stvorivši svaka, obladaš svim, i sve naredivši, zakon si dal tvojim. Tebe humiljeno, Gospodine, molju, pogledaj smiljeno na našu nevolju ; « Ô Dieu, toi qui as tout créé, qui gouvernes tout, et qui, après avoir tout accompli, as donné la loi à ton peuple. C’est toi, Seigneur, que je supplie humblement odpusti zlu volju i rabi Juditi pomozi, ka volju tvu želim spuniti. Rači se smiliti, milostiv bo jesi, sve mož učiniti, zla od nas odnesi. Ki tempal razorit jest se zahvalio, sveta tva ockvarnit ka s’ ti posvetio ; krov ki je sad cio, stukši ga razvrići, mečem svojih sio oltar tvoj prisići : « Qui êtes-vous, pour oser tenter Dieu dans sa puissance ? Vous vous attirez le pire des abandons, la pire des colères ! La prière de Judith Quand ils furent partis, Judith retourna dans sa chambre, Leva les mains vers le ciel Et parla ainsi, se couvrant le front de cendres, le corps revêtu d’une toile de sac Regarde avec pitié notre triste état, Oublie ta colère, et à ta servante Judith Qui ne veut qu’accomplir ta volonté, apporte ton aide. Daigne avoir pitié de nous, car tu es clément. Tu es le Tout-puissant, chasse loin de nous ce malheur, Qui a juré de détruire ton sanctuaire Et de souiller les saints vases que tu as consacrés, De ruiner et détruire le Temple dans sa totalité, D’abattre, par la puissance de son épée, ton autel. 11 Judith 0306.indd 11 27/05/08 15:02:00 ti učin odsići njegove gardosti mačem kim posići priti tve svetosti. Pridaj mu sliposti, neka ga zadiju mrižom me liposti i zamkom očiju. Kad s njima uzbesiju, da riči jazika moga se zabiju u sarce človika, i ljubav velika smami ga tudije, tako da do vika ne znat bude gdi je. Čini u mni smin’je, sarce de s’utvardi i stanovitije da njega pogardi ; a da ga rastvardi skoro desna ovaj i sasvim ogardi, kripost joj ti podaj. Takova stvar i taj po tebi stvorena biti će po vas kraj slava tvoga imena, ako jedna žena ubije muža, kim sad jer pristrašena zemlja s narodom svim. Vazda s’ milostiv bil i tisih molitav vazda si uslišil : ti sada uslišav rabu tvoju, postav rič u ustih mojih, u sarcu razum prav, moć u rukah ovih. » Toj rekši, izvi se iz vriće i vodom po puti umi se i namaza vonjom. Splete glavu kosom, vitice postavi, kontuš s urehom svom vazam na se stavi. Velik urehe glas da liposti veći, ka biše kako klas iz trave resteći, al kami, ki steći u zlato, zlatu da, C’est toi qui abattras, avec l’épée de son orgueil, Celui qui est venu souiller tes lieux sacrés ; Accrois son aveuglement, qu’il soit pris Au filet de ma beauté, aux ruses de mes yeux. Quand je lui parlerai, que les mots de ma bouche Percent le cœur de cet homme Et qu’une grande passion le prenne alors Au point de ne plus savoir où il se trouve. Confirme-moi dans ma hardiesse, pour que mon cœur soit dur Et puisse plus sûrement le souiller ; pour que ma main droite puisse rapidement l’affaiblir Et le défigurer, donne-lui ta force. Un tel exploit, quand il aura été réalisé grâce à toi Sera célébré, par toute la terre, à la gloire de ton nom, Car une femme tuera l’homme qui apporte la terreur À notre terre et à ses habitants. Tu as toujours été plein de pitié, et les prières des humbles Tu les as toujours écoutées : écoute maintenant ta servante, Mets tes paroles sur ses lèvres, Un esprit droit dans son cœur, de la force dans ses mains. » izvarsno svitleći da zlato većma sja. Tako t’ ona prida uresi krasosti poveće ner prija od njeje liposti. I to ne bi dosti, kako pismo pravi, Bog njeje svitlosti uljudstva pristavi ; jer te take spravi ne bihu od bludi, Ceci dit, elle quitta son vêtement de sac, Se lava le corps, s’oignit d’huile, Tressa les cheveux sur sa tête, se para de rubans, Et, choisissant ses atours des jours de liesse, elle s’en orna. Sa parure était éclatante ; plus éclatante encore la beauté De celle qui était comme un épi mûr au milieu des frondaisons Ou une pierre précieuse, sertie dans l’or, qui permettait Par l’éclat de ses rayons, de faire briller l’or davantage encore. Ainsi, donnait-elle plus de charme à son propre vêtement Que ce vêtement n’en apportait à sa propre beauté. Et ce n’était pas tout, car, comme le dit l’Écriture, C’est Dieu qui ajoutait plus de charme encore à son éclat, Car de tels attraits n’étaient pas trompeurs da svete ljubavi i pravdenih ćudi : Zato joj posudi da tko ju ugleda, svak joj se počudi i za njom pogleda. Mais convenaient à un amour sacré et à d’honnêtes propos. Aussi ordonnait-il à tous ceux qui la voyaient Qu’ils fussent stupéfaits, et ébahis à la voir. 12 Judith 0306.indd 12 27/05/08 15:02:01 Le d Jur od z biže noša Kad obho sliša Ca t Ona i put Osta jere Dop vlast Reći ča će ov g tako Gred i on La r Kad ranu staš oči n Slaja stud Kon i niž Meu ter g da k požr Olof mog tolik Vaga dur bles nte, s. » rna. uté it core. ent lat, pos. mardi 3 juin Le départ Le départ Jur sunčeni plamen, vodeći s sobom dan, od zvizd jasnih zlamen taćaše, grede van : bižeć na nižnji stan noć s čarnimi koli, nošaše donjim san, ako su ki doli. Le soleil, de ses rayons, avec le jour, Rivalisait avec l’éclat des étoiles sur leur déclin ; Se hâtant vers son séjour souterrain, la nuit sur son noir chariot Apportait le sommeil aux habitants du monde d’en bas. C’est alors que les soldats arrogants, qui tenaient la garde, Trouvèrent Judith et l’entourèrent. Ils lui demandèrent d’abord : « D’où viens-tu ? Où vas-tu ? Quel est ton nom ? Dis-le nous, que nous puissions savoir. » Elle dit : « Je viens ici de Béthulie, Et ma route me conduit à vos chefs. J’ai abandonné ma ville et mon foyer. Je viens ici pour sauver ma vie car mon peuple se livrera à vous. Judith est mon nom. Ne m’empêchez pas, je vous prie, d’aller vers Holopherne Afin que son immense puissance entende ce que je propose. Il dira : “J’accepte” car je veux lui dire Comment il pourrait se couvrir de gloire, et prendre possession De la cité, sans souffrir ni dommage, ni effort, sans que, dans le combat, un seul de ses hommes ne soit perdu. » Kad ljudi oholi ki stražu bljudoše, obhode okoli Juditu sritoše, slišat ju zajdoše : « Od kud greš i kamo ? Ca t’ jime ? » rekoše. « Pravi nam da znamo. » Ona reče : « Ovamo od Betulije sam i put je moj tamo k vašim poglavicam. Ostaviv grad i hram, s životom bižim tja, jere će se dati vam. Judit se zovu ja. Doprit Oloferna ne brante mi, molim, vlast njega nesmerna da pozna ča kolim. Reći će : toj volim. Jer ću mu skazati ča će bit oholim i kako će jati ov grad, a nimati škodu ni trud velik, tako da s te rati ne zgine ni človik. » Greduć uprav stazom, dojdoše k šatoru, i on ju prid sobom zazva u komoru. La rencontre Kad ju je vidio, s parvoga pozora ranu je oćutio ljubvena umora ; staše kako gora, sobom ne krećući, oči ne zatvora, k njoj ih upirući. Slaja mu bi meda, da gorkost će žerat, studeniji leda kada bude ležat. Kon sebe ju pojat hiti za tarpezom i niže njeje stat zapovidi knezom. Ils prirent le chemin le plus court, et arrivèrent à sa tente, Holopherne lui-même l’appela en sa présence. Meu tim je nudila njega da ji i pje ter ga veselila da se većma nal’je ; da kada se opje, zaspi i zahrope, požre takoj osje, da veće ne sope. Oloferne stati na noge prejedva mogaše ; jer jati koko mogahu dva toliko sam on zžva i obuja ga san. Vagav zatvaruć, zva inih da gredu van. Et il ordonna aux princes de s’asseoir plus bas qu’elle. Elle le pressait de manger et de boire Et lui parlait pour qu’il se serve toujours plus. Si bien que lorsqu’il fut ivre, il se mit à sommeiller et à ronfler. Holopherne était à peine capable de se tenir sur ses jambes, car il avait mangé autant que deux peuvent le faire; Le sommeil s’empara de lui ; Bagoas ferma la tente et ordonna à tous de s’en aller. La rencontre Lorsqu’il la vit, au premier regard Il ressentit la blessure mortelle de l’aiguillon de l’amour ; Il demeura ferme comme un roc, ne fit pas un mouvement Il ne cilla pas les yeux, mais fixa son regard sur elle. Elle était pour lui plus douce que le miel, alors qu’elle ne lui sera qu’amertume une fois qu’il sera étendu, froid comme la glace. Il se hâta de l’installer à son côté à table, 13 Judith 0306.indd 13 27/05/08 15:02:02 Idoše na svoj stan, sobom teturaje, jerbo ne jedan žban popiše spijaje : redom začinjaje, zdravicu obnose, jednu popijaje, a drugu donose. Pojdoše zanose tud ovud nogami, sami se nadnose, kimljući glavami ; u obraz im plami a na nosu para, Tous s’en allèrent en titubant vers leurs tentes Car ils ne s’étaient pas contentés d’une seule cruche de vin En chantant, ils buvaient verres sur verres. Ils n’avaient pas vidé le premier, qu’on en apportait un autre. Leurs jambes flageolaient : ils partaient, revenaient, Balançant leurs têtes, ils trébuchaient les uns sur les autres. Leurs visages étaient rubiconds, la vapeur leur sortait des narines Et la graisse brillait sur leurs barbes. Leurs ventres, gonflés comme des outres, résonnaient ; Leurs langues butaient à chaque mot qu’ils disaient. Ils avaient perdu les sens ; leurs yeux étaient vitreux Ils se tenaient grossièrement, éclataient de rire. Pendant que l’un s’écrasait sur le plancher, dans sa chute, Un autre urinait, les autres le querellaient ; Pour se tenir debout, chacun se cramponnait sur son voisin Et tous deux tombaient, se retrouvant sur leur derrière. Certains vomissaient, d’autres avaient la nausée, Certains étaient vautrés par terre, d’autres leur tombaient dessus, Il fallait en traîner d’autres jusqu’à leurs lits Ils avaient autant de raison qu’un âne mort. i na brade prami lašćaše se ckvara. Tarbuh kako žara nadmen odstojaše, rič, ku potopara, jazik prikošaše ; sviste ne saznaše, ctakljahu jim oči, rugo njimi staše i smih se potoči ; jer niki o ploči udri sobom pad se ; niki se pomoči, niki kara svad se, niki daržat rad se, druga uhitiše, ter i s drugom zad se uznak uzvarziše ; a niki rigniše, niki se gnušahu, a niki ležiše, niki na nj padahu ; a druzih nošahu, stavit jih na odar : toko se saznahu koko martav tovar. Devant Holopherne endormi Sad vij kako linja Olofernja sila, kako ju razčinja hot nečista dila. Postilja je bila na sridu komori, mehka, čista, bila, s pisani zastori. Na njoj se obori Oloferne unid, zaspa većma gori nego morski medvid. Judita zastore postilji razmače, sarce joj kopore, bliže se primače. Ruku s rukom stače i k nebu podvignu, na kolina klače i suzami rignu ; glasa ne izdvignu, da moli u sebi : Devant Holopherne endormi La force d’Holopherne s’était dissipée Et les pensées obscènes l’avaient envahi Le lit était au milieu de la chambre Moelleux, propre, blanc, avec des tentures de soie. En entrant, Holopherne s’écroula dessus Et se mit à ronfler plus fort qu’un lion de mer. Judith tira de côté les rideaux du lit, Son cœur battait fort, elle s’approcha de lui. Joignant ses deux mains, elle les éleva vers le ciel, Puis tomba sur les genoux et versa des larmes ; Elle n’éleva pas la voix, mais pria en elle-même : « Ô Dieu, permets-moi de faire ce qui est ta volonté. Bože, daj da stignu ča je godi tebi ; stvori milost meni, pokrip rabu tvoju, strah mi vas odnemi, dvigni ruku moju da stvar svarši koju misal moja plodi, da se tebe boju puci ter narodi ! Aie pitié de moi, donne ta force à ta servante, Écarte de moi toute crainte, guide mon bras Pour qu’il fasse ce que mon esprit a tramé Afin que toutes les nations, tous les peuples puissent te craindre ! Maintenant, maintenant, je t’en prie, libère ta ville de Jérusalem Sada, sada hodi, tvoj grad Jerosolim 14 Judith 0306.indd 14 27/05/08 15:02:02 od n Rasa poko Ovo koko L’ag [U ta pogo « Za Odg ožal I zat š nje reče duše od z učin I zat Zato Odg nadi prija Zač a sa prem učin O du zato zgub kleče e vin utre. res. ; ute, sin e. mardi 3 juin od nevolj slobodi i vas puk tvoj, molim. Rasap daj oholim ki se uzvišuju, pokoj pošlji boljim ki se ponizuju. Ovo ča veruju po tebi ja moći, koko potribuju, hoti mi pomoći. L’agonie de Judith [U taj hip se misal Judite diže i s dušon se njezinom pogovara] « Zač si žalostna duše moja i zač me smućuješ… Odgovori duša i reče o koliko si smutila sarce moe i ožalostila pamet moju s timi ričami… I zato te prosim o drago mišlenie… ja esam dana telu da š njem zivem i telo me je prihinilo... Odgovori mišlenie i reče O duše moja ne dopada mi tvoe govorenie… moja duše tvoe skužanie niš ne valja, a zato zač telo tvoe je od zemlje, a ti mudra i plemenita esi, zač si od mudrosti učinjena, dana esi telu da š nim živeš… I zato se kruto čudim da si ti toliko okamenila sarce tvoe… Zato molim te moja duše predraga, premozi telo svoe… Odgovori duša i reče Ui’me mani nebogoi’ Ja sam se nadijala od tebe prijati neko utišenie i pomilovanje… a ja prijah veću tugu, bolest i žalost va serci moem … Zač ti znaš da sam mnogo let živela na ovom svitu… a sada telo veće premoći ne morem, zač je ono mane premoglo ; Zač je staro ne more putovati ni ednoga dobra učiniti… O duše koliko esu čemerne riči tvoe, ke sada reče… ali zato te molim moja duše ne zgubliei’ ufanja ako ćeš zgubiti razumii’ prosim te…proplači i na kolenih tvojih klečeći… De sa servitude, et libère tout ce peuple qui est le tien. Frappe les arrogants qui s’élèvent d’eux-mêmes, Accorde la paix aux vertueux qui s’abaissent. Je le crois, donne-moi ta force, pour faire Ce qui est nécessaire, et daigne m’aider. L’agonie de Judith [La conscience de Judith se leva et parla à son âme :] « Pourquoi es-tu triste, mon âme, et pourquoi me troubles-tu…[?] Et l’âme répondit en disant : « …Mon cœur et ma pensée se sont troublés à ces mots …Je suis donnée au corps pour vivre avec lui, et celui ci se dérobe… » La conscience dit : « Ô mon âme, je n’aime pas tes mots… mon âme, tes excuses ne valent rien, car ton corps est fait de terre, et toi, tu es sage et noble, car tu es faite de sagesse, donnée au corps pour vivre avec lui… Je m’étonne de voir ton cœur pétrifié à ce point… Je te supplie donc, mon âme bien-aimée, surmonte ton corps… » Et l’âme répondit : « Malheur à moi sans Dieu, j’espérais recevoir de toi une consolation et une caresse… et je ne récolte que tristesse, malheur et affliction. Tu sais que j’ai longtemps vécu dans ce monde… Je ne maîtrise plus mon corps, c’est lui maintenant qui me domine… Il est vieilli, il ne peut plus ni agir, ni faire le bien » Et la conscience dit : « Ô mon âme, les mots que tu dis sont si amers… je te prie, mon âme, ne perds pas espoir si tu perds la raison, je t’en supplie… pleure et tombe à genoux… » te 15 Judith 0306.indd 15 27/05/08 15:02:02 La décapitation La décapitation To rekši dviže ram i na nogah postup, te muče bičag snam ki višaše o stup, podri ga, kičmu zdup Oloferna jednom, a drugom rukom lup kla, skube objednom. Hronu, strepi sobom, ležeći on uznak, darhta ruka s nogom, vas se oslabi pak izdaše ; ne bi jak ; garkljanom siča karv : tako t’zgibe junak, tako spusti obarv. L’agonie d’Holopherne [Tada, ustavsi se, dusa Oloferna progovori tilu njegovu sardito :] Judith redressa les épaules et se tint debout En silence, elle décrocha l’épée de la colonne du lit, La tira du fourreau, d’une main elle saisit Holopherne par les cheveux. De l’autre, elle le frappa, tirant rapidement la lame. Il gémit, frémit, couché sur le dos Bras et jambes agités de contractions, il s’affaiblit, et expira. Il ne fut pas fort. De sa gorge, le sang s’écoula. Ainsi périt ce héros, ainsi ferma-t-il les yeux. L’agonie d’Holopherne [Et, pleine de colère, l’âme d’Holopherne se leva et s’adressa à son corps :] Gdi su t’zemlje s vinogradi, turne kuće ke sagradi ? Gdi su perle tere oka mnoge cineć od istoka ? Gdi su zlati sad parsteni, gdi kolajne ali venci ? Gdi pinezi sada mnozi, koji bihu tvoji bozi ? … Gdi su t’drage sad pomasti ali specje svake slasti, kim jizbine načinjaše, a ubozih zabivaše ? Nisu t’ ptice sad ni vina na stol, ribe svake cina ; pića sad si gnusnih čarvi, tvoje tilo u prah smarvi. Toj bo Božja jest odluka, taj zgrišen’ja čeka muka ; vikne li t’ se u toj komori, u ku ležiš nosom gori ? Où sont tes terres et tes vignobles, Les tours que tu as construites ? Où sont les perles et les pierres Que tu as ramenées du Levant ? Où sont les bagues d’or Où les couronnes et colliers ? Où sont tous ces deniers Qui étaient tes dieux ? … Où sont toutes les huiles Et les épices exquises, Tous les délices que tu préparais En oubliant les pauvres ? Il n’y a plus de volaille ni de vins Sur ta table, ni de poissons rares ; Tu es maintenant la proie des vers répugnants Qui réduiront ton corps en poussière. Ceci est la volonté divine, Tu expieras tes peines. Pourras-tu crier dans cette chambre Couché, avec ton nez tourné vers le haut ? … Oči tvoji sad prilipi zatvoreni stoje slipi ; jazik muči, ne govori, koji grihov mnogo stvori. … Tes beaux yeux Sont maintenant fermés, aveugles. Ta langue, qui a commis tant de péchés, Est maintenant muette. Le r Pojd Judi « Ot Otvo puku neči Tad ukaz klan kano 16 Judith 0306.indd 16 [Tere svita Ajm ajme Ajm cić k Ajm ajme Ajm ko n …Ajm ka si Ajm ko je slast a sm Svi s sve m Oči s a svi Meu ajme Prok prok Pros I mis Pros Judi da jo prikl 27/05/08 15:02:03 par ira. mardi 3 juin [Tere poce zlocesto tilo Olofernovo ko preminuje sa sega svita hropiti i tuziti :] Ajmeh, gdi je sad ma dika, ajmeh, gdi li žitak vika ? Ajmeh, gdi su moji druzi cić kih stojim sad u tuzi ? Ajmeh, gdi su moja stan’ja, ajme, gdi li sva imanja ? Ajmeh, gdi je moje blago ko no ljubljah vele drago ? …Ajmeh, družbo moja mila, ka si s manom vazda bila. Ajmeh, vijte moje tilo ko je skupa s vami bilo slasti svita sbirajući, a smrti se ne bojeći. Svi su cili jošće udi, sve mi duši malo prudi. Oči su mi zatvoreni, a svi udi umoreni. Meu stvarmi od naravi, ajme, zač me Bog postavi ? Proklet dan ki sam se rodio ; proklet stan gdi sam se dojio ! Prosed’te se puti po kih sam kad hodil, I mista i kuti gdi sam stal i sidil ! Prostri se tuj, nebog, prez glave, kako panj, Juditi Bog pomog kada napade na nj ; da joj ni trud zamanj, da stvari viru da, prikla ga, steć uza nj i odni glavu tja. Le retour Pojdoše po brigu, i kad bi blizu vrat, Judita napridu uzupi, napan vrat : « Otvorte, otvorte grad, jere je s nami Bog ! Otvorte, otvorte ! Sad oni ki je svemog puku svomu pomog, skazal je svu kripost, nečistih u barlog varže, a nami da milost. » Tad pohvativ rukom z dvanjak ize glavu, ukaza prid pukom strašnu, svu karvavu, klanu kako bravu. « Evo glava, reče, kano su daržavu priti da rasteče. » [Et le corps odieux d’Holopherne, en quittant ce monde, se mit à se lamenter et à gémir :] Hélas, où est mon honneur, Hélas, où est ma vie ? Hélas, où sont mes compagnons Maintenant que je suis seul et affligé ? Hélas, où sont mes maisons, Hélas, où sont tous mes héritages ? Hélas, où est mon trésor Que j’aimais si fort ? … Hélas, mes chers amis Qui étiez toujours avec moi. Hélas, regardez mon corps Qui vivait auprès de vous En jouissant des plaisirs de la vie, Sans craindre la mort. Mes bras sont encore forts Mais ils n’aideront pas mon âme. Mes yeux sont fermés, Et tous mes membres anéantis. Entre toutes les choses de la nature, Hélas, pourquoi le dieu [Dieu] m’a-t-il créé ? Maudit soit le jour de ma naissance, Maudite la maison où j’ai grandi ! Disparaissez, ô chemins que j’ai croisés, Lieux et recoins où j’ai demeuré ! Il gisait là, étendu, misérable, comme une bûche, c’est Dieu qui avait aidé Judith quand elle fondit sur lui Afin que son œuvre ne fût pas vaine, et pour affermir son acte, Debout, près de lui, elle frappa encore, et lui coupa la tête. Le retour Puis, elle longea le remblai et se dirigea vers les portes. Judith leva la tête et se mit à crier : « Ouvrez, ouvrez la forteresse, car Dieu est avec nous. Ouvrez, ouvrez, car Celui qui est tout puissant A aidé son peuple, il a montré sa force. Il a terrassé les impies, et nous a accordé sa faveur. » Alors, en faisant signe, elle tira de son sac la tête, La montra au peuple ; toute sanglante et horrible, Tranchée comme celle d’un porc : « Voyez la tête, dit-elle, de celui qui a menacé de détruire notre terre. » 17 Judith 0306.indd 17 27/05/08 15:02:03 Le cantique « Otvorite usan, počnite hvaliti Boga i slaviti u cimbale zvone, kitare udariti, psalam peti tone : Bog bo potr one ki rat podvigoše, onim milost klone ki stav uzdahoše ; zgubit nas dojdoše asirski odbori, toga ne stigoše, Bog njimi obori. dolce, varhe, gori bihu pokrilili, vod naših izvori bihu zavalili ; požgat su pritili sela naša i stane, žene s ditcom htili vest u svoje strane, inim dati rane, svih smartno sikući, da Bog naš nas brane, njih slomi tukući, karvavca dajući pod oblastju žene, sile njih hotući da budu smetene. Zatoj ti spletene biše mnogim strahom, razbjene i bjene karv smišaše s prahom. Le cantique « Ouvrez les lèvres, entonnez des louanges Et glorifiez Dieu au son des cymbales, Jouez de la cithare, chantez pour lui des psaumes Car Dieu a brisé ceux qui nous faisaient la guerre. Il a montré sa miséricorde à ceux qui gémissaient en priant ; Les hordes d’Assur étaient venues pour nous anéantir Mais elles n’ont pu le faire, car Dieu les a mises en déroute. Vallées, collines, montagnes étaient submergées, Les eaux de nos sources pures étaient piétinées ; Ils avaient menacé de brûler nos campements et nos foyers, d’emmener nos femmes et nos enfants dans leurs terres, de leur infliger de graves blessures et de les frapper à mort. Mais notre Dieu nous a protégés, il les a frappés et anéantis, Il a livré les assoiffés de sang au pouvoir d’une femme De manière à confondre les forces de l’ennemi. C’est la terreur qui les a assaillis. Brisés et battus, ils ont mêlé leur sang à la poussière. Oloferna bile nisu mnozih ruke, ni ga naskočile vojske, napan luke, ni pojamši suke žiganti nesmirni, ni od meči zuke ljudi boju birni. Holopherne n’a pas été abattu par la force des hommes, Ni écrasé par des armées aux arcs tendus, Ni par des géants brandissant des gourdins, Ni par des guerriers habitués au cliquetis des lames tranchantes. Mais par Judith, fille de Marara, en habit de fête. S’appuyant sur sa foi en Dieu, elle l’a séduit de son regard, Abandonnant la tenue de son veuvage, Elle s’est revêtue d’or, de perles, de soie. Elle s’est fardée de rouge, s’est blanchie les joues, Elle lui est apparue comme un esprit : elle a saisi l’homme Dont elle a mis le cœur à la torture, elle lui a tranché la tête Comme celle d’un porc ou d’un mouton d’un an. » Les parfums se répandirent, les psaumes résonnèrent, Les prêtres chantaient, les murs faisaient écho. Le candélabre d’or aux sept branches brillait, Et les chandelles de cire blanche paraissaient faites de lumière. Élevant leurs mains, et pliant leurs genoux, Le peuple s’agenouilla devant le Seigneur et le loua. Da u suknji pirni Judit, hći Merara, i pameti virni pozorom ga vara, svarže s sebe stara udovna odila, i sta na njoj zgara zlato, biser, svila. Rumena ter bila lica sva učini, pojde kako vila : tim njega prihini, tim sartce u pini stavi mu pak glavu odkla kako svinji ali kako bravu. » Mirisi vonjahu, zvonjahu psaltiri, popovi pojahu, odpivahu miri. Sjahu kandaliri zlati, sedmostruci, i bili dupliri, kako puri luci. Dvigši obi ruci, a prignuv kolina klanjahu se puci hvaleć Gospodina. 18 Judith 0306.indd 18 27/05/08 15:02:04 L’ép Kom jere Judi svitu Tašć Ovi s ant ; ute. mardi 3 juin L’épilogue Komu poklon diju, Bogu, spasu momu, jere konac viju počitanju tomu, Juditi u komu slava će bit dokol svitu zemaljskomu počne gorit okol. Tašćina od tašćin, i sve je tašćina ; Ovi svit jest osin i magla i hina. L’épilogue Ce cadeau, je le fais à Dieu, qui est mon salut, Car je vois maintenant la fin de mon récit ; Et la gloire de Judith durera jusqu’à ce que Le cercle de ce monde se mette à brûler. Vanité de vanité, tout est vanité ; Ce monde n’est autre que brouillard et chimère. Traduction : Charles Béné ers, es, ort. ntis, Adaptation : Katarina Livljanic et Anne Larouzé es, me ête , e 19 Judith 0306.indd 19 27/05/08 15:02:04 Katarina Livljanic Chanteuse et musicologue, Katarina Livljanic est une des principales spécialistes de l’interprétation du plain-chant et de la musique liturgique du Haut Moyen Âge. Après ses études au Conservatoire national à Zagreb en Croatie, elle s’installe en France où elle continue sa formation approfondie en chant chez Guillemette Laurens et Glenn Chambers ainsi qu’en musicologie médiévale chez Marie-Noël Colette. Avec l’ensemble Dialogos qu’elle a fondé, Katarina Livljanic travaille sur le chant liturgique médiéval de l’aire culturelle méditerranéenne, fait des enregistrements discographiques et se produit en concert partout en Europe et aux États-Unis. Elle se produit également comme chanteuse soliste ; elle est présente dans de nombreux festivals internationaux avec les ensembles Sequentia et Alla francesca (Perth, Cleveland, Vancouver, Genève…). Katarina Livljanic est maître de conférences en musique médiévale à l’Université de la Sorbonne-Paris IV où elle codirige un master professionnel d’interprétation de la musique médiévale. Elle a fondé le programme d’interprétation du plain-chant médiéval à l’Université de Limerick en Irlande et a séjourné aux États-Unis en tant qu’artiste en résidence à Harvard en 1997 et en 2003. Katarina Livljanic est régulièrement invitée par les universités internationales les plus renommées aux États-Unis et au Canada où elle donne des master classes de chant médiéval. Elle publie des articles sur la problématique du chant médiéval dans les revues spécialisées du monde entier. Katarina Livljanic est une de rares personnalités dans le domaine de la musique médiévale dont l’originalité est d’être à la fois chanteuse et chercheuse, en intégrant ses recherches musicologiques dans la démarche artistique de son ensemble Dialogos. En 2002, elle était invitée comme conseillère artistique au Festival de musique ancienne d’Utrecht. En 2007, elle est « Cornille Visiting Professor » avec Benjamin Bagby au Wellesley College aux États-Unis. et à l’interprétation de musiques partiellement improvisées. Il a enregistré de nombreux disques : Albrecht Maurer Quartet Works (1995), Albrecht Maurer Solo Works (1996), The Juillaguet Collection (en duo avec Kent Carter, 1999) sorti à Londres, Albrecht Maurer Trio Delight (2000) sur instruments anciens, European Echoes (2001), Albrecht Maurer Trio Works, Movietalks (2002). Albrecht Maurer Violoniste, vièliste et compositeur, Albrecht Maurer a étudié le violon à la Staatliche Hochschule für Musik de Cologne. Il mène parallèlement des études sur les systèmes tonaux non européens et la musique par ordinateur. Il met en pratique ces différentes expériences au sein de la nouvelle musique expérimentale en travaillant avec des compositeurs issus du cercle de Mauricio Kagel, tels que Maria de Alvear, Carola Bauckholt et Manos Tsangaris. Il a d’autre part travaillé avec différents ensembles de musique classique et de jazz à travers l’Europe en tant que pianiste, programmateur de synthétiseur, violoniste et chanteur. Albrecht Maurer joue de la vièle gothique. Son instrument est une reconstitution, fabriquée par Thilo Viehrig d’après l’iconographie médiévale et des sources théoriques du XIIIe siècle. Albrecht Maurer a travaillé avec de nombreux artistes de jazz comme Theo Jörgensmann, Bobo Stenson, Norbert Stein, Markus Stockhausen, Klaus Kugel, Charlie Mariano, Karl Berger, Steve Argüelles, Lauren Newton, Wolter Wierbos, Benoît Delbecq, Kate Westbrook et Barre Phillips. Ces dernières années, Albrecht Maurer s’est consacré à la composition Norbert Rodenkirchen Norbert Rodenkirchen a étudié la flûte traversière avec Hans-Martin Müller et Günther Höller à la Staatliche Hochschule für Musik de Cologne. Depuis la fin de ses études en 1991, il s’occupe essentiellement de la musique du Moyen Âge dans ses aspects théorique et pratique, tout en écrivant de nombreuses compositions destinées, entre autres, aux théâtres de Darmstadt, de Brême et de Wuppertal ainsi qu’à la Westdeutscher Rundfunk. Norbert Rodenkirchen est aujourd’hui un interprète très recherché sur la scène internationale comme spécialiste des flûtes traversières du Moyen Âge. Des tournées le conduisent au Japon, en Australie, aux ÉtatsUnis, au Canada et dans de nombreux pays d’Europe – principalement avec l’ensemble Sequentia, de renommée mondiale. Il joue aussi fréquemment avec la chanteuse Sabine Lutzenberger (duo médiéval). Avec Tibia ex tempore – Esquisses médiévales, son nouveau projet pour flûte seule (CD chez marc aurel edition, recommandé par Classica), Norbert Rodenkirchen s’est produit dans des festivals en Pologne, en Suède et en Allemagne. Depuis 2003, il est directeur artistique des concerts au Musée Schnütgen à Cologne. 20 Judith 0306.indd 20 27/05/08 15:02:04 San Diplô Zagr Leco inter très Ang orig Elle sour Elep Kes neig drea abor en tr Ams la m mais Solo deve un la d’ab plus Mar Mari en 19 créa aupr trava dom elle d’éc alors aupr Jack Pook Mari à de de m Herz Béra la po stré rer er er ks he puis e yen uses , e et cher ché ent x ger e c ca), ans en eur mardi 3 juin Sanda Herzic Diplômée du Conservatoire national de Zagreb et de l’École de théâtre Jacques Lecoq à Paris, Sanda Herzic a dirigé et interprété, depuis 1984, des travaux très variés en France, en Croatie, en Angleterre et en Australie : créations originales, tant théâtrales que musicales. Elle a dirigé des mises en scènes : Des souris et des hommes de Steinbeck, The Elephant Man de Bernard Pomerance, Kes de Barry Hines, La Reine des neiges d’Andersen, ou encore Picture of dreams, créé au cœur des communautés aborigènes d’Australie, et Apocalypso, en trois versions, à Vienne, Zagreb et Amsterdam. Dans ses mises en scènes, la musique joue un rôle très important, mais dans ses dernières créations, Sei Solo et La Vision de Tondal, le son est devenu l’acteur principal. Elle recherche un langage sobre et universel afin d’aborder avec légèreté les sujets les plus profonds. Marie Bellot Marie Bellot fait ses débuts au théâtre en 1978. Son premier contact avec la création lumière a lieu lors d’un stage auprès de John Davis. Après avoir travaillé avec Lucinda Childs dans le domaine de la danse contemporaine, elle s’oriente vers la conception d’éclairages pour la danse. S’ensuit alors un travail de plusieurs années auprès des chorégraphes Suzon Holzer, Jackie Marquez, Edwige Wood, Renate Pook, Emmanuelle Robert et Maguy Marin. Marie Bellot participe également à des créations pour le théâtre auprès de metteurs en scène tels que Sanda Herzic, Dominique Maurin, Jean-Louis Bérault mais aussi, dans le domaine de la poésie, avec Yorguy Karakatzanis. Elle maintient un lien fort avec le monde de la danse au travers de créations de Toméo Vergès, Caterina Sagna, Ana Rodriguez, ou Pascale Houbin. Marie Bellot poursuit actuellement ses recherches avec des chorégraphes au service de la danse en direction des plus jeunes, par exemple au sein de la Compagnie Coup de balai ou de la Compagnie Wood-Delaporte/Manège. actuels, centrés sur les répertoires du Haut Moyen Âge européen (IXe-XIIe siècles), explorent le théâtre musical et le plain-chant : Guerres de chantres, élaboré à l’Université de Harvard, en collaboration avec l’ensemble Sequentia (direction Benjamin Bagby) ; La Vision de Tondal, consacré au répertoire glagolitique croate (mise en scène de Sanda Herzic, conseil artistique de Yoshi Oïda) ; Abbo Abbas, qui explore les Ensemble Dialogos premières polyphonies occidentales de Cet ensemble de musique médiévale l’an mil (le CD de ce programme paraîtra est fondé en 1997 par Katarina en 2008 chez Ambronay Éditions) ; Livljanic, chanteuse et musicologue. et enfin Lombards et barbares qui se Il aborde les répertoires médiévaux penche sur les richesses vocales de les plus archaïques d’une manière l’Italie méridionale. Dialogos a présenté actuelle et expressive, en alliant une en 2006 son programme Judith, recherche musicologique approfondie monodrame musical basé sur le chef à une grande force scénique, sans d’œuvre éponyme de la poésie croate limiter ses recherches à une certaine (création au South Bank Center de « évasion musicale » vers le monde de Londres et au Festival d’Ambronay à la musique ancienne. Les projets de l’automne 2006). Ce programme a reçu l’ensemble s’inspirent de répertoires le prix de la meilleure interprétation inédits qui communiquent avec la musicale au Festival de Split (Croatie) en sensibilité contemporaine et remettent 2007. Le nouveau projet de l’ensemble, en question les idées reçues sur la en collaboration avec un groupe de musique médiévale dans notre société. chanteurs traditionnels de Croatie, La créativité de ses choix musicaux, la sera créé au Festival d’Ambronay en qualité de ses programmes, ainsi que 2008. Le Centre culturel de rencontre la réflexion qui accompagne chaque d’Ambronay reçoit actuellement nouveau projet ont vite suscité l’intérêt Dialogos en qualité d’ensemble en du public ainsi que les acclamations résidence. Les concerts de Dialogos ont des critiques qui considèrent Dialogos fait l’objet de nombreux enregistrements comme l’un des ensembles les plus radiophoniques ainsi que de productions remarquables de cette nouvelle télévisées. Les disques Terra Adriatica génération. Dialogos s’est produit à (L’Empreinte Digitale), Lombards et travers le monde dans les festivals barbares (Arcana), La Vision de Tondal les plus importants en Europe, au (Arcana) et Chant Wars (Sony-BMG) ont Maroc, au Canada, aux États-Unis et en obtenu de nombreuses distinctions de Amérique latine. L’ensemble propose des la critique française et internationale, programmes pour voix de femmes ou parmi lesquelles : Diapason d’or, Choc du voix d’hommes, à géométries variables Monde de la musique, 10 de Répertoire, selon les projets. Les programmes 5 de Goldberg. Le CD La Vision de Tondal 21 Judith 0306.indd 21 27/05/08 15:02:05 a obtenu le Diapason d’or de l’année 2004 et le Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros en 2005. Dialogos reçoit le soutien de la direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France – ministère de la Culture et de la Communication. 22 Judith 0306.indd 22 27/05/08 15:02:05 Et aussi… > concerts MARDI 7 OCTOBRE, 20H > MÉDIATHÈQUE DIMANCHE 28 SEPTEMBRE, 16H30 Quatre éléments / Quatre saisons Girolamo Frescobaldi Toccate Michelangelo Rossi Toccata Johann Jakob Froberger Toccata et Lamentations Louis Couperin Préludes non mesurés Tombeau de Blancrocher Jean-Henri d’Anglebert Préludes non mesurés Musiques de Jean-Féry Rebel (Les Éléments) et Antonio Vivaldi (Les Quatre Saisons) • Venez réécouter ou revoir à la Médiathèque les concerts que vous avez aimés. • Enrichissez votre écoute en suivant la partition et en consultant les ouvrages en lien avec l’œuvre. • Découvrez les langages et les styles musicaux à travers les repères musicologiques, les guides d’écoute et les entretiens filmés, en ligne sur le portail. http://mediatheque.cite-musique.fr MERCREDI 1er OCTOBRE, 20H Pendule, pouls et chronomètre Jean-Baptiste Lully Suite d’Armide André Campra Simphonies du Ballet des Âges Carl Philipp Emanuel Bach Concerto pour clavecin Wq 23 Georg Friedrich Haendel Concerto grosso op. 3 n° 1 Arcangelo Corelli Ciaccona op. 3 n° 12 XVIII-21 Le Baroque Nomade Jean-Christophe Frisch, direction Jean-Luc Ho, clavecin Longman & Broderip fin XVIIIe (collection Musée de la musique) MERCREDI 8 OCTOBRE, 20H Christopher Simpson June – extrait de The Monthes Summer – extrait de The Seasons Et œuvres de Bull, Gibbons, Lupo, Purcell et Locke Lupo Consort Christophe Coin, treble viol Guido Balestracci, tenor & division viol Martin Zeller, bass viol > musée Visites pour adultes : Du Baroque au siècle des Lumières Cette visite évoque les échanges culturels, les rencontres et les rivalités qui ont marqué l’évolution des goûts musicaux à travers l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles. Tous les samedis jusqu’au 28 juin, à 15h. SAISON 2008/2009 > éditions Musique, sacré et profane Collectif • 128 pages • 2007 • 19 € Pour tout savoir sur les programmes des concerts de la saison 2008/2009, demandez la brochure à l’accueil ! ou au 01 44 84 44 84 ou sur www.cite-musique.fr Imprimeur SIC | Imprimeur France Repro | Licences no 757541, 757542, 757543 Gustav Leonhardt, fac-similé du clavecin Tibaut de Toulouse 1691, reconstitution du clavecin Carlo Grimaldi 1703 (collection Musée de la musique) Akademie für Alte Musik Midori Seiler, violon Clemens-Maria Nuszbaumer, concept musical Jörg Bittner, création lumières Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola, danse, chorégraphie, mise en scène Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Correctrice : Angèle Leroy | Stagiaires : Marie-Anaya Mahdadi, Émilie Moutin | Maquette : Ariane Fermont Judith 0306.indd 24 27/05/08 15:02:05