Des territoires en quête d`entreprises innovantes

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Des territoires en quête d`entreprises innovantes
CYCLE
TERRITOIRES / METROPOLES
Des territoires en quête d’entreprises innovantes
Vendredi 2 décembre 2016 de 14h30 à 16h00
Débat animé par Jean DUMONTEIL – Directeur de la Lettre du secteur public
Intervenants
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Julien BIRGI – Directeur de l’Opération d’Intérêt Métropolitain Bordeaux Inno Campus
(OIM) – Bordeaux Métropole
Audrey CAMUS – Directrice du développement – Foncière des Régions
Thomas LE DIOURON – Fondateur & Dirigeant – Impulse Partners
Yvon MARTINET – Avocat Associé – DS Avocats
Thierry SCHULTZ – Chef du service immobilier d’entreprise, Industrie, Commerce,
Artisanat, Zones d’activités, Hôtellerie et Tourisme – Eurométrople Strasbourg
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Préambule
Les métiers de l’immobilier connaissent une grande mutation, toutefois le marché voit
apparaître des nouveaux acteurs qui diffèrent des entreprises traditionnelles.
Comment comprend-on la culture de ces entreprises nouvelles ?
Quelles stratégies les métropoles emploient-elles pour favoriser le développement des
entreprises innovantes ?
Quelles solutions les bailleurs apportent-ils à ces nouveaux acteurs ?
Comment aider l’implantation des entreprises innovantes ?
Audrey Camus
Les métropoles disposent de différents critères d’attractivité :
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Le dynamisme de l’activité économique sur un territoire défini :
Synergies entre divers acteurs économiques pour générer un écosystème favorable à
l’implantation des entreprises innovantes et notamment l’idée de développer des synergies
entre les différents types d’entreprises, voire même des universitaires.
Exemple : EURATECHNOLOGIE à Lille (gestion publique). Celle-ci a permis
l’installation dans des bâtiments anciens de start-ups, étudiants, et des entreprises
comme IBM. Les 20 000 m² mis à disposition dans le bâtiment principal de la
technopole sont aujourd’hui tous occupés. En effet, les territoires urbains peuvent
être développés alors qu’au premier abord ils ne paraissaient pas attractifs. La
création de synergie entre les entreprises permet aussi de rendre le territoire plus
intéressant et donc plus dynamique.
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La qualité de l’environnement pour les salariés :
o Localisé plutôt en centre-ville pour une proximité des offres de services, car la
tendance est au « je travaille partout ».
o Implantation et aménagement facilités par le développement de divers
services des offres résidentielles. Il appartient donc aux collectivités
territoriales de favoriser les infrastructures nécessaires au développement.
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La flexibilité dans le temps et dans l’aménagement des espaces :
o Rendre le travail possible dans tous les espaces, grâce à l’accès wifi et bientôt
le Lifi.
o Des plateaux ouverts où le bureau traditionnel disparaît
o Des espaces de co-working proposés par de nouveaux bailleurs
o La réponse des bailleurs classiques : des baux courts, les entreprises
innovantes n’ont pas les mêmes besoins contractuels, il faut donc s’adapter.
o Desk-sharing : le bureau attribué laisse place à la création d’espaces annexes
pour des réunions formelles et informelles.
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o Espaces de services : les conciergeries sont ouvertes aux personnels des
bureaux et aux habitants du quartier, ce qui crée des espaces mutualisés. Le
but étant de rapprocher des utilisateurs de cultures différentes, avec une
approche collaborative ou non, ayant d’autres rapports au territoire.
Il faut faire en sorte que l’immobilier soit au service du développement des entreprises
innovantes afin de devenir un partenaire accompagnateur.
Les entreprises innovantes ont des membres innovants, qui vivent de manières différentes,
avec une culture différente. Il faut donc imaginer leur développement physique mais aussi
contractuel. L’immobilier doit être au service de leur entreprise, car le problème de
l’immobilier n’est pas celui des entreprises innovantes (car l’immobilier n’est pas leur
métier). Il y a donc un rapport au territoire qui est différent.
Comment suscitez-vous la création d’entreprise ?
Julien BIRGI : Bordeaux Métropole
Nous devons veiller aux conditions favorables au développement économique afin de faire
grandir nos entreprises. Dans le temps long, qui est celui du développement du territoire, il
faut aussi faire en sorte que le développement économique se fasse. Et le temps de
l’entreprise n’est pas le même que celui de la collectivité.
Bien que le contexte réglementaire se soit complexifié, et que les ressources foncières se
raréfient, nous essayons de faire au mieux pour les entreprises à Bordeaux Métropole. Pour
ce faire nous nous sommes fixés quatre objectifs :
1. Décloisonner
On ne cherche pas à créer de nouvelles choses mais à mettre en réseau et en résonnance
des offres existantes sur le territoire, afin de valoriser les atouts. Il y a une perte de potentiel
liée au manque de communication des entreprises entre elles.
2. Résoudre le problème au manque de réponse à la demande d’emploi
Il s’agit de faciliter aux créateurs d’entreprises, l’exploitation de la demande d’emploi.
3. Faciliter l’implantation des entreprises
Comment exploiter le potentiel et la demande dans un contexte où le temps public est
vraiment différent du temps de l’entreprise ? La réponse : Nous agissons en anticipant sur
les procédures, pour faciliter les entreprises à s’installer et ceci, dans le cadre d’un pacte
Etat/Métropole.
4. L’ancrage dans la région bordelaise
L’écosystème bordelais a beaucoup investi dans la recherche et le domaine de la santé. Plus
on est dans le virtuel et l’innovation et plus, il faut avoir un ancrage sur un territoire, un lieu
physique représentatif des avancées.
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Par exemple : les FabLabs, incubateurs en accès libre pour les PME, qui offrent un
enseignement avec un accès aux centres de recherches et à leurs équipements.
Ainsi il s’agit aussi de communication autour des projets. Face aux développements
technologiques, les hommes accompagnent de petits projets démonstrateurs afin de donner
envie aux petites entreprises innovantes de s’implanter à Bordeaux. Pour la création de pôle
de compétitivité, on a besoin de se projeter sur un territoire.
Ce sont dans les incubateurs que l’on fait naître les entreprises de demain, il faut donc savoir
mieux communiquer sur leurs existences et dans un lieu commun, où les personnels des
entreprises innovantes peuvent se rencontrer et échanger. Le challenge est de mettre en
relation les grandes entreprises et le petites pour qu’elles mutualisent leurs savoirs.
La collectivité doit donc organiser la relation entre le territoire et les entreprises. Comme le
fait Bordeaux avec Bordeaux Inno Campus.
Thierry SCHULTZ : Eurométropole
Les objectifs des élus strasbourgeois sont ambitieux : créer 500 start-up à horizon 10 ans.
Strasbourg, avec sa localisation stratégique européenne est une grande ville
d’expérimentations, avec l’implantation du 1er réseau de tramway en France. C’est un pôle
de concentration d’universités et de centres de recherches de qualité, avec plus de 100 000
étudiants dont 20% d’étrangers répartis dans 80 universités. Le solde d’emploi est positif.
Dès 2008, Strasbourg a défini une stratégie économique qui a pour but de faire une
gouvernance en réseau, et les acteurs de l’EUROMETROPOLE STRASBOURG se sont
regroupés en 4 axes pour le développement de l’entreprise :
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Les technologies médicales
Des activités tertiaires tournées vers l’international
Des activités touristiques, culturelles et de création
La mobilité innovante
L’imagerie médicale et la robotique sont très actives, avec 4 prix Nobel sur le territoire
encore en activité. Les pôles de compétitivité sont dynamiques, avec la création
d’incubateurs, d’espaces de co-working, de sociétés de transferts de technologie et de
pépinières pour faire croître de nouvelles entreprises innovantes.
A la suite de la réalisation de diagnostics du territoire par un cabinet privé, Strasbourg a tous
les atouts en main pour positionner ses entreprises, ses investissements et les emplois de
demain. Les Start-ups pourraient générer 27 000 emplois pour la région.
Des solutions immobilières et foncières sont aussi déployées avec 60 hectares dédiées aux
biotechnologies et à la santé.
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Par exemples :
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Les bio-clusters qui ont fait leur apparition pour créer une dynamique sur un même
espace mais avec différents acteurs.
LOCUSEM, un acteur de solutions de logements solidaires dans le Bas-Rhin, offre des
loyers modérés aux créateurs et aux artisans qui s’implantent sur le territoire.
Les entreprises innovantes ne viennent pas au hasard. Il faut un territoire pour les accueillir
avec des universitaires et de la recherche, des pôles de compétitivités puissants qui créent
cette dynamique et valorise un territoire.
Thomas LE DIOURON
IMPULSE PARTNERS développe des clusters et a pour rôle de les animer afin de développer
un écosystème. A travers des clusters thématiques, les clients des entreprises qui innovent
et les donneurs d’ordres se rapprochent. Le cluster permet donc à des gens qui travaillent
sur le même secteur de pouvoir échanger des informations et à collaborer via deux types
d’acteurs : les donneurs d’ordre et les start-ups. C’est un business de développement
« intelligent » entre les gens qui ont des besoins et ceux qui ont une offre.
Aujourd’hui IMPULSE PARTNERS dispose d’incubateurs à Paris et à Londres, fortement
sollicités par les collectivités :
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Paris : 5 clusters répartis sur 2 000 m² via des infrastructures publiques
Londres : 1 000 m² de structures privées.
C’est donc un lien entre une start-up et les majors du secteur qui se met en place,
notamment par le partenariat où les grandes entreprises financent les plus petites et les
accompagnent pour se développer et innover. En l’occurrence, IMPULSE PARTNERS est dans
le secteur du BTP et de la construction et permet aux majors de financer et encourager les
petites entreprises sont :
Exemple de majors :
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FONCIERE DES REGIONS
ALTAREA COGEDIM
BOUYGUES IMMOBILIER
VINCI
LAFARGE
ST GOBAIN
TOTAL
Les clusters – gratuits pour les start-ups - ont un rôle de facilitateurs pour engager le
dialogue entre les grandes structures (les majors) et les créateurs (les start-ups).
En effet, le rapport de force entre une multinationale et une petite entreprise n’est pas
toujours évident, le cluster intervient pour faire un lien entre les deux pour, par exemple,
aider à décrypter les organigrammes des grands groupes.
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Les types de partenariats sont :
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Le financement du cluster
L’entrée en capital dans les start-ups
Le rachat complet de la start-up
L’objectif est de faire se rencontrer des gens dans un domaine spécialisé, ce qui permet
vraiment de créer des cohésions et une valeur ajoutée pour leurs start-ups.
Yvon MARTINET
DS Avocat est un acteur engagé pour les villes et territoires durables en France et à
l’international. Le cabinet accompagne les territoires dans leurs stratégies urbaines et
foncières, la gestion des impacts environnementaux, la structuration des opérations
immobilières durables et la gouvernance intelligente et connectée.
Aujourd’hui les territoires peuvent utiliser le droit comme facteur d’innovation et non se
laisser contraindre par le droit. Le droit se met au service des territoires afin d’apporter des
outils facilitant la levée des contraintes réglementaires permettant l’innovation sur les
territoires.
On se situe dans une logique de ville et de territoire durable, l’enjeu est de constituer des
territoires viables et intelligents répondant aux problématiques environnementales sensibles
de façon efficiente notamment aux besoins de transports et déplacements, aux traitements
des eaux et des déchets.
Le droit utile ne contraint pas, la notion de Soft Law a fait son apparition pour une loi plus
adaptée à la vie des affaires. L’adaptation de la réglementation, une sorte de GREEN DEAL à
la française prend différents aspects :
1. DIRECTA : organisme en charge de contrôler les dossiers d’innovation et une fois
acceptés, les dossiers sont soumis à dérogation à la réglementation en phase pilote
notamment sur les questions de droit environnemental et de droit de la santé.
2. Adapter les enjeux actuels de recherche et développement et constituer un principe
d’exception juridique sur la recherche et le développement.
3. L’impôt innovation, les outputs fiscaux, le crédit d’impôt innovation sont des outils
agissant à l’intérieur ou à l’extérieur des clusters apportant des solutions juridiques à
l’innovation.
L’innovation et ses territoires ne sont pas nécessairement contraints par le droit mais
peuvent faire aboutir de nouveaux textes. En adaptant nos pratiques administratives, nous
pouvons amender le droit sur des principes individuels sans toucher aux textes
réglementaires fondateurs.
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Dans le cadre du changement climatique, l’accord de Paris repose sur un droit français
pertinent : droit positif adopté par 64 pays. Les stratégies « bas carbone », signature propre
des métropoles, ont fait du GREEN BUSINESS innovant un lieu d’attractivité pour les
entreprises sensibles aux thématiques environnementales.
L’accord de Paris à été un puissant levier pour unir les différents clusters, de même que la loi
Grenelle du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement, est un
exemple de la signature du droit sur le territoire français.
Le GREEN BUSINESS sur ces territoires a donné lieu à un écosystème français dans lequel
Majors, start-ups et collectivités travaillent dans le cadre de partenariats public privé (PPP)
sur de nouveaux leviers de développement.
Conclusion
Nous pouvons dire que se profile un pari sur divers projets thématisés à l’échelle d’un
territoire beaucoup plus vaste.
La logique est de donner envie aux acteurs de se rencontrer et de se projeter sur un
territoire privilégié, c’est-à-dire d’identifier un écosystème favorable au développement de
leurs entreprises. Une logique de mixité fonctionnelle doit maintenir les utilisateurs avec de
l’activité et de l’échange auprès d’autres entreprises mais aussi auprès de résidents du
secteur.
Une mixité de l’usage et de la pratique se met en place où dès l’entrée dans le hall de
réception, l’émergence du wifi partout engendre un espace de travail décloisonné possible
en tout lieu et à tout moment.
Synthèse écrite établie par Cherinne BOUNAAS, Aminata LY et Nicolas NAHAMA, étudiants au DESUP
IMMOBILIER D’ENTREPRISE de l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne
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