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REVUES Lexbase La lettre juridique n˚667 du 8 septembre 2016 [Editorial] Itsi bitsi tini ouini... et la décence dans tout cela ? N° Lexbase : N4153BWQ par Fabien Girard de Barros, Directeur de la publication Ah ! Les retours de vacances... finies les plages bondées de touristes... aux esprits échauffés par le soleil... finies (?) les rengaines musicales qui trottent, tout l'été, sur les radios nostalgiques : " Sur une plage il y avait une belle fille Qui avait peur d'aller prendre son bain Elle craignait de quitter sa cabine Elle tremblait de montrer au voisin Un deux trois elle tremblait de montrer quoi ? Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini Qu'elle mettait pour la première fois Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini Un bikini rouge et jaune à p'tits pois Un deux trois voilà ce qu'il arriva Elle ne songeait qu'à quitter sa cabine Elle s'enroula dans son peignoir de bain Car elle craignait de choquer ses voisines Et même aussi de gêner ses voisins Lexbook - Revues Généré le 8 septembre 2016. p. 1 Un deux trois elle craignait de montrer quoi ? Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini Qu'elle mettait pour la première fois Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini Un bikini rouge et jaune à p'tits pois Un deux trois voilà ce qui arriva Elle doit maintenant s'élancer hors de l'ombre Elle craint toujours les regards indiscrets C'est le moment de faire voir à tout le monde Ce qu'il la trouble et qui la fait trembler Un deux trois elle a peur de montrer quoi ? Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini Qu'elle mettait pour la première fois Un itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini Un bikini rouge et jaune à p'tits pois Si cette histoire vous amuse On peut la recommencer Si c'est pas drôle on s'excuse En tout cas c'est terminé" Autres temps, autres mœurs... A 70 ans, le bikini, qui s'institutionnalise à l'occasion d'une exposition-galerie Joseph Froissart, ne défraie plus la chronique... n'est plus une révolution "an-atomique" à la piscine Molitor récemment rouverte... n'encourt plus les interdictions sur les plages atlantiques... La femme moderne ne lit plus Modern girl, puisqu'il est désormais purement concevable qu'une fille "nantie de tact et décence" porte une telle chose. Face au risque ou à l'existence d'une atteinte à la dignité de la personne humaine -au regard des canons de l'époque pré-Vatican II, l'autorité investie du pouvoir a tout simplement... capitulé : elle s'accommode avec légèreté des "attroupements, échauffourées qui sont générés par une telle tenue de plage manifestant de manière ostentatoire une [non] appartenance religieuse"... aux vues d'une Jayne Mansfield s'exhibant sur les plages du festival de Cannes, en 1958. Autrefois les bonnes mœurs ? Aujourd'hui, l'ordre public -rappellons qu'il est de jurisprudence constante que le maire doit veiller "au bon accès au rivage, à la sécurité de la baignade ainsi que l'hygiène et la décence sur la plage"— ? Ah, pour la petite histoire, c'est l'Archiprêtre de Marbella, Rodrigo Bocanegra, qui convainquit Franco, peu connu pour son inclinaison en faveur de la libéralisation des mœurs, de lever l'interdit sur la plages Espagnoles. La raison ? Favoriser le tourisme international sur les côtes de Benidorm et de tout le pays... La nécessité du développement économique d'une Espagne enclavée par son conservatisme fut plus forte que l'obscurantisme religieux. La nécessité de relancer les feuilles de chou n'est plus à démontrer, aujourd'hui. A quand, de nouveau, des autorités religieuses plus enclines à la raison, qu'attachées au m² de tissus sur la plage ? Plotin, lui, s'en moquait bien ! Parti lézarder dans la villa romaine du Casale, près de Piazza Armerina, au sud de la Sicile, le philosophe néo-platonicien, du Bien et de la Vérité, n'avait cure de ces mosaïques peignant des femmes en "bikini" s'adonnant au sport... Les trois hypostases (l'Un, l'intellect et l'âme)... c'est autre chose que deux bouts de tissus qui tiennent dans une boîte d'allumettes. Que les paroles de Lee Pockriss et Paul Vance, traduites par André Salvet et Lucien Morisse pour Dalida, raisonnent encore bien à nos oreilles... Lexbook - Revues Généré le 8 septembre 2016. p. 2