Les points communs entre la mère biologique et le fils
Transcription
Les points communs entre la mère biologique et le fils
Lambeaux : Les points communs entre la mère naturelle et le fils • L’un et l’autre connaissent la misère dans leur enfance. Elle est cependant plus perceptible dans les pages consacrées à la mère car elle doit y faire face quotidiennement. • Ils partagent le même sentiments d’exclusion. - La mère le connaît même dans sa propre famille : les mots que l’on prononce « Celle-ci on se demande d’où elle vient » mettent en évidence sa différence face aux autres membres de la famille. Elle subit ce sentiment d’exclusion au quotidien aussi à cause de l’attitude de son père qui ne lui montre qu’hostilité. Le fils le ressentira une fois dans sa famille quand sa mère adoptive lui lance l’expression "petit Boche". - la mère s’identifie aux autres exclus : « l’étrangère » et « le bagnard » • L’un et l’autre se sentent différents des autres : - la mère ne peut partager ce qu’elle ressent et elle se tait. Une seule fois, elle parlera beaucoup, se dévoilant à ses sœurs : le jour du pique-nique. Le passage sur son regard est significatif : son « regard grave » dérange les autres, dévoile sans doute sa différence et cela l’isole. Le fils ne peut se montrer tel qu’il est quand il est élève à l’école d’enfants de troupe. L’un et l’autre cachent leur intériorité, la répriment. • Ils sont tous deux déchirés - entre ce qu’ils doivent être dans le monde où ils vivent et ce qu’ils sont vraiment dans le secret de leur être : pour la mère, lutte entre ses aspirations et sa vie de mère dans un village où les commérages vont bon train ; pour le fils, entre ce qu’il pense vraiment et l’attitude qu’il s’impose pour ne pas avoir à subir l’acharnement du légionnaire. - l’impression d’être double : pour la mère, opposition entre la vie de paysanne qu’elle mène et les interrogations existentielles qu’elle se pose ; pour le fils, deux prénoms : un à la maison, l’autre à l’école ; deux vies : à la caserne et en vacances dans sa famille. - par les souffrances existentielles : l’un et l’autre vivent des moments de où ils dotent du sens de la vie. Sentiment d’exclusion, de différence, déchirement incommunicable : la mère et le fils connaissent, l’un et l’autre, une immense solitude. • L’ennui, la monotonie du temps qui passe uniformément est aussi un thème récurrent dans l’une et l’autre partie : dans la première partie, cet ennui est souvent mentionné : « Puis l’automne, puis l’hiver », « passent les mois, les saisons » rien ne change jamais dans son existence. Le fils le ressent aussi lors des années passées à l’école militaire. • Le désir de fuite est aussi partagé : pour la mère, fuir sa famille, fuir un monde mesquin ; pour le fils, au moment de l’adolescence, puis au moment des difficultés pour écrire. • Le désir de mort les relie aussi : première envie de mourir pour la mère : quand elle ne peut plus aller à l’école ; suivront d’autres moments identiques jusqu’à la tentative de suicide. Le fils est lui aussi attiré par la mort : l’épisode de la chute de vélo, lors de la crise littéraire, la tentative de suicide. • Leur première expérience de l’amour est très forte et ils la vivent tous deux dans le secret. • Tous deux sont attirés par les mots : la lecture la Bible pour la mère, les manuels de français pour le fils) et l’écriture (le journal, puis les carnets pour la mère ; le désir d’écrire de belles lettres, la naissance de la vocation d’écrivain pour le fils). L’un et l’autre partagent la même difficulté à s’exprimer. Cependant si la mère ne pourra jamais se défaire de ses souffrances qui vont inéluctablement la mener à la mort, si elle ne pourra jamais les dire et donc les partager et s’en libérer, le fils lui connaîtra une autre destinée. L’amour que lui a porté sa mère adoptive l’a rendu plus fort que n’a pu l’être sa mère et il trouvera un but à sa vie : l’écriture le sauve « En écrivant, se délivrer de ses entraves, et par là même, aider autrui à s'en délivrer » . Ainsi Lambeaux est tout à la fois le récit de la destinée tragique de la mère, celui du cheminement de l’auteur vers la vie :"combien passionnante est la vie", celui de la naissance de l’auteur en temps qu’écrivain, celui de la naissance du livre Lambeaux : mise en abyme (procédé consistant à insérer dans un texte un fragment qui le représente, par exemple : figuration de l’écrivain par lui-même en train de composer son œuvre) celui de la renaissance de la mère puisque son fils lui donne la parole qu’elle n’a jamais eue.