Quelques fondements bibliques et leurs conséquences : Dans l

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Quelques fondements bibliques et leurs conséquences : Dans l
Quelques fondements bibliques et leurs conséquences :
Par le pasteur Marianne Guéroult
Dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, il est régulièrement question d’étrangers.
Plusieurs situations de migration ont été des moments importants et fondateurs pour le
peuple d’Israël et la communauté des croyants : pensons par exemple à Abraham obligé de
quitter son pays, à la fuite hors d’Égypte, à l’exil babylonien ou aux voyages de l’apôtre Paul.
Dans la Bible, de nombreuses rencontres entre soi et l’autre provoquent des transformations
réciproques.
Parmi toutes les ressources bibliques, nous pouvons retenir celles-ci :
1/ Le thème de l’étranger est notamment présent dans l’éthique de l’Ancien Testament, qui
insiste sur la protection de l’étranger par le droit (Dt 24,14-15 ; 27,19 ; Jr 7,5-6) et exhorte à
la générosité à son égard (Dt 24,19-22).
L’obligation éthique à l’égard de l’étranger peut même être comprise comme un
commandement d’amour à placer à côté du commandement d’amour du prochain :
« Quand un émigré viendra s’installer chez toi, dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas ; cet
émigré installé chez vous, vous le traiterez comme un indigène, comme l’un de vous ; tu
l’aimeras comme toi-même ; car vous-mêmes, vous avez été des émigrés dans le pays
d’Égypte. » (Lv 19,33-34)
C’est Dieu lui-même qui protège l’étranger (Ps 146,9), lui « qui aime l’émigré en lui donnant
du pain et un manteau » (Dt 10,18). Le commandement d’amour à l’égard de l’étranger a
son fondement dans l’amour de Dieu lui-même.
Les textes bibliques nous apportent un témoignage pour aujourd’hui :
Dieu – « le Dieu tout autre » – se présente à nous, aujourd’hui aussi, comme l’Autre sous la
forme de l’étranger, et il est particulièrement proche des hommes qui sont en situation
d’étrangers.
La proximité de Dieu se concrétise pour nous dans notre manière d’agir, en tant qu’Église,
envers et avec les étrangers. L’engagement des Églises dans la politique de migration trouve
ici une justification fondamentale.
2/ Dans le Nouveau Testament, de nombreux récits montrent l’attention que Jésus accorde à
ceux qui sont étrangers du point de vue des Juifs (Mc 7,24-30, cf. Mt 25,38.43).
De plus, une transformation s’opère par le baptême, qui ouvre au salut par le Christ où sont
abolies toutes les différences religieuses, sociales, culturelles et sexuelles : « vous tous qui
avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni
esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en
Jésus-Christ. » (Ga 3,27-28 ; cf. 1 Co 12,13).
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L’étranger est aboli en tant qu’étranger, et cela dans un double sens : premièrement,
l’étranger est accepté, accueilli par Dieu, et deuxièmement, il n’est plus ainsi enchaîné à son
altérité, à laquelle la référence au salut a fait perdre toute signification.
Appliquons ces fondements bibliques au contexte des Eglises issues de l’immigration :
L’ethnicité, qu’elle soit entendue positivement ou négativement, ne peut en aucun cas
servir de caractéristique pour les Églises issues de l’immigration. Cela reviendrait en effet à
les enchaîner à leur altérité, ce qui est contraire au message du Nouveau Testament.
3/ Unité et diversité, quelques références bibliques :
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Galates 3, 27-28 : « vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y
a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la
femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ. »
 L’union intime avec le Christ dans le baptême (« revêtir le Christ ») ne fait pas qu’abolir
les anciennes différences qui séparent les hommes. Cet acte fait en même temps de la
somme des individus baptisés une « communauté ».
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1 Corinthiens 12, 12 : « prenons une comparaison : le corps est un, et pourtant il y a
plusieurs membres ; mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment
qu’un seul corps : il en est de même du Christ ».
 La rencontre des cultures a été à l’origine de l’Eglise et de la théologie, elle a été moteur
de son développement jusqu’à aujourd’hui.
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Actes 2, 7ss : « comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue
maternelle ? … »
 Le peuple de Dieu est de toutes les couleurs. Il n’y a qu’à regarder la diversité des Eglises
issues de l’immigration en France. Il y a :
 des chrétiens originaires d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine,
 des Eglises nouvelles (qui viennent de naître) et des Eglises anciennes (implantées
depuis longtemps),
 des Eglises établies sur des bases solides et stables, d’autres qui disparaissent
(départ du membre fondateur, pasteur parfois autoproclamé) ou se divisent (un
nouveau groupe étant créé par un membre dissident).
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Actes 2, 42ss : « Tous s'appliquaient fidèlement à écouter l'enseignement que donnaient
les apôtres, à vivre dans la communion fraternelle, à prendre part aux repas communs et
à participer aux prières. »
 Dans beaucoup d’Eglises issues de l’immigration, c’est le destin, le partage d’une même
existence et d’une même problématique, qui unissent les membres. Ainsi l’appartenance
confessionnelle a moins d’importance.
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