pleurs de la petite enfance ».

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pleurs de la petite enfance ».
Conférence d’Eric BINET « pleurs de la petite enfance ». 19/09/2013
Avant-propos : l’objectif de cette conférence n’est pas de culpabiliser mais de donner des
pistes de réflexion.
Lecture : « les oubliés » Anne TURZ 2010, pleurs, une affaire de santé publique ?
Nécessité de toujours vérifier si les pleurs ont une explication médicale. Quand il n’y en a pas,
on parle souvent de coliques ou des pleurs du soir.
Pour info : les décès pour raison non accidentelle sont 3 fois supérieurs entre 0 et 1an
qu’après.
Etre heureux :
-Se sentir aimé
-s’aimer soi même
-aimer les autres
-développer son authenticité (goût, qualités, besoin…). Importance de nommer ce que l’on
sait de lui pour qu’il ne reste pas dans l’ignorance de ce qu’il est.
-Développer son sentiment de responsabilité par rapport à lui et par rapport aux autres. Les
adultes envoient des messages précis sur ce plan-là.
Nos représentations des pleurs sont majoritairement négatives (90%) : fatigue, colère,
comédie, il teste …
Il y a différents degrés dans les pleurs :
- La protestation : quelque chose le gène. Peut précéder les pleurs.
- Les pleurs
- La colère : intervient quand les pleurs durent et ne sont pas pris en compte.
Pleurer n’est pas un langage mais un pré langage car il n’y a pas d’action volontaire du bébé.
Pleurs vus à travers l’histoire :
19è siècle : il y a de la pudeur face aux larmes
Darwin : les larmes c’est de l’eau mal employée car ne remédie à rien.
Aujourd’hui : pudeur, retenue, isolement
Echelle de tolérance face aux pleurs :
Pleurs = Manipulation
Signe de faiblesse
Mauvaise habitude
Ne pas céder, punir
Même effets :
Stopper les pleurs
Pleurs = Souffrance
Il faut le consoler à tout prix (donner tétine, doudou, sein, bercer énergiquement…)
Pourquoi ce besoin de faire stopper les pleurs ?
Quand bébé pleure, notamment la nuit, renvoie au passé et au danger : ennemi, guerre,
animaux…
Le cerveau est composé de trois parties :
- Le cerveau cognitif : correspond à la réflexion, à ce qui se réfléchit
- Le cerveau mammalien : siège des émotions
- Le cerveau reptilien : règle les fonctions vitales : température, danger, appétit…
Les cerveaux mammalien et reptilien font partis du système nerveux autonome. Ce sont aussi
eux qui impliquent les pleurs. N’étant pas contrôlé par le cerveau cognitif, il n’est donc pas
possible de pleurer volontairement pour un bébé.
Les pleurs sont liés au cycle stress- détente. Il existe une multitude de stress possibles.
L’analyse de la composition des larmes, montre que celle-ci varie en fonction de la situation.
Les larmes peuvent contenir des molécules, hormones issues du stress.
↔Les larmes permettent de libérer le corps de toxines, au même titre qu’uriner ou déféquer.
Pleurer permet de se rééquilibrer, de gérer son stress. (Peut se faire par la transpiration pour
un nouveau-né).
NB : un bébé ne pouvant pleurer peu passer par le biais du vomissement pour gérer le stress
(la cortisol ayant été constatée dans la salive).
Les hormones étant particulièrement présentes durant la grossesse et l’allaitement, les
femmes sont plus sujettes aux pleurs pendant ces périodes.
Le fait que les femmes pleurent plus que les hommes expliquerait aussi leur longévité
supérieure.
Il faut noter qu’à partir de la 28ème semaine, un fœtus peut pleurer ↔ met en évidence la
nécessité de cette fonction.
La courbe des pleurs des nouveaux nés montre souvent un pic autour de la 6ème semaine.
Correspond à une accumulation de stress qui nécessite d’être évacué. Périodes critiques :
6/8/12/15/23/34/42 semaines. Changements important dans le développement du bébé.
Stress de ne pas y arriver et d’avoir l’intention de.
Si le cortisol est trop important dans le cerveau, l’hippocampe s’épuise et il y a une sur
sensibilisation des amygdales, qui empêchent la capacité de se souvenir.
Il se passe quelque chose, je ne sais pas quoi exactement, mais je suis vraiment contrarié ↔
pas de souvenirs avant 3/ 4ans.
« Pourquoi pleurent-ils ? »Helly Van de Rijt
Facteurs de stress à l’origine des pleurs :
- Période pré natale : problèmes médicaux, familiaux, professionnels, de grossesse… :
importance de ne pas sous-estimer cette période.
- Période néo natale ( de la naissance à 4 semaines) : accouchement, séparation précoce,
prématurité, baby blues, péridurale ( pleure + ), naissance hyper médicalisée, télé dans la
chambre, conflits avec les médecins…
- Facteurs environnementaux : crise, pollution, guerre, grippe H1N1…
- L’entrée dans un mode de garde : espace, sur stimulation, incohérence des pratiques par
rapport à la gestion des pleurs…
- Vie familiale : culpabilité / reprise du travail, rivalités, changement…
Et bien d’autres encore.
Un bébé qui pleure à satiété ne pleure pas même si un autre pleure.
Par contre, un bébé dont le réservoir de stress est plein, n’a besoin que d’une étincelle pour
libérer les pleurs.
→ 1ère fonction du pleur : gérer stress, retrouver l’équilibre.
→2ème fonction du pleur : créer un lien d’attachement.
Réactions de l’adulte face aux pleurs :
Les pleurs renvoient généralement à des réactions négatives : crier, bercer fort, secouer,
rarement à l’envie de le prendre contre soi, de lui sourire. Ces réactions correspondraient à
des vécus amnésiques. Ces pleurs, nous renvoient à nos propres pleurs non accompagnés.
Réactivation de souvenirs.
Il y a rarement de l’empathie « il a besoin de », « il n’est pas rassuré »… Plus souvent « il
pleure tout le temps », « il est capricieux ». On entend parfois « il essaie de vous tester, si
vous cédez, vos le regretterez ». Or pour manipuler quelqu’un il faut avoir la faculté de
réfléchir consciemment. Or pour réfléchir consciemment, il faut que les lobes frontaux
secrètent du glutamate, ce qui est impossible avant 1 à 2ans.
Mécanismes de répression des pleurs:
Douces violences : Tétine ( correspond à un besoin de succion et non de consolation)*,
pouce, doigt des parent, transat, mobile, sein, « chut », souffler, le porter contre sa volonté,
le faire rire, détourner son attention, les médicaments, les bras : le nec plus ultra.
Correspond à un conditionnement aversif**.
*bien si n’est pas détourné de son sens premier.
**L’attente première d’un bébé c’est d’être porté. Or le message est-il ne faut pas pleurer
pour être dans les bras. Je ne suis digne d’être porté que si j’arrête de pleurer. Le bébé
apprend à se taire dans les bras de l’adulte.
Violences physiques : secouer, fessée, pousser, culpabilité, retrait affectif (ignorer, tourner le
dos, refuser de le prendre)…
Vont s’installer des mécanismes d’auto répression. L’enfant va s’isoler, se réfugier dans le
sommeil, tétine, doudou, bras… Adultes adoptent des mécanismes similaires : cigarette,
alcool…
Ex : si tu es en détresse, va voir la tétine et non les humains.
Quand un bébé pleure et qu’un second lui apporte une tétine, ce geste n’est pas inné, mais
acquis. Correspond à la réponse qui lui a été apportée. Si le premier pleure et que le second
tape : signe de vigilance.
Conséquences des mécanismes de répression des pleurs :
- Refoulement émotionnel négatif, augmentation du stress,
- 1er sentiment de culpabilité,
- Honte, fuite du regard,
- Embarras, ne pas extérioriser : « chut »
- Répétition trans-générationnelle.
Les effets positifs des pleurs quand ils sont bien accompagnés:
- Personnification : ça m’arrive à moi
- Prise de conscience,
- Connaissance d’un monde rassurant (on me vient en aide si besoin)
- Facilitation d’intégration.
- Elixir d’attachement : confiance, sentiment d’être important, d’être aimé, d’âtre accepté de
façon inconditionnelle.
CONCLUSION : plus on empêche un bébé de pleurer, plus il va pleurer. Plus on va
accompagner le bébé dans son besoin de pleurer, moins il aura envie de pleurer.
Un bébé qui pleure à sa guise est un bébé qui dort 50% de moins.
L’accompagnement des pleurs :
- Consoler n’est pas stopper, c’est donner de l’attention, soulager.
- Aller au bout du besoin de pleurer, c’est répondre à un besoin d’instinct de refuge.
- Avec le contact physique dans les bras, il y a activation du bulbe olfactif : sécrétion
d’ocytocine et opioïdes. Mécanismes d’attachement.
- Contact visuel,
- Contact verbal par un langage de tendresse.
- Etre dans l’empathie.
Les pleurs et le lien d’attachement :
Les pleurs sont là pour créer le lien d’attachement. En collectivité, en période d’adaptation est
un moment idéal pour réactiver les pleurs, permettent ces nouveaux attachements.
Pleurs du soir correspondent à une immaturité cérébrale. La gestion des stimuli augmente le
réservoir de stress. Nécessité de protéger le plus possible des stimuli (TV, radio, sonnette…
pendant les trois premiers mois. Quand pleure, s’isoler avec le bébé dans une pièce calme,
sombre, porter bébé, l’emmailloter partiellement (bras) en lui permettant de bouger les
jambes. ↔↘50% pleurs.
Rozenn Pelatre CESF

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