Plaquette colloque - Le blog du CAUE du Gard

Transcription

Plaquette colloque - Le blog du CAUE du Gard
Archéologie et patrimoine
industriels
dans le Bas-Languedoc oriental
des années Colbert aux années Pompidou...
Nîmes, 17-20 avril 2013
Lycée A. Daudet, 2-3 bd Victor Hugo
Colloque organisé par la Société d’Histoire Moderne et
Contemporaine de Nîmes et du Gard
Archéologie et patrimoine industriels
en Bas-Languedoc oriental
des années Colbert aux années Pompidou...
« Au fond des vallées, des villages étirés, des crassiers tapissés d’herbes,
des puits et des fabriques abandonnés : d’une âpre sérénité, le paysage
montre partout ses cicatrices. Magnaneries et filatures mangées par le
lierre, envahies de genêts. Derrière ces blessures, d’autres, plus secrètes, se
laissent deviner : dans ces cols, dans ces bois, dans ces hameaux.»
Michel del Castillo, La Tunique d’infamie, 1997
« Mémoire de notre industrie, monde fait de travail mais aussi de sociabilité, toute une partie de notre histoire récente inscrite dans le paysage
est en voie de disparition sous la poussée des mutations économiques. »
Maryse Clary, Le Gard de la préhistoire à nos jours (dir. R. Huard),
2003.
D
u romancier à la géographe, en passant par les historiens et les divers protagonistes des sciences
humaines, le constat s’impose : tout un pan de notre histoire s’estompe ou disparaît sous nos yeux1.
Les vestiges des deux premiers processus d’industrialisation, autrement dénommés « révolutions industrielles », qui ont façonné nos sociétés et modelés les paysages durant deux siècles, du dernier tiers du
XVIIIe siècle aux années 1970, et de la proto-industrie qui les a précédés et accompagnés2, se dégradent
ou disparaissent. Le tissu industriel ancien prendrait-il l’aspect de la « tunique d’infamie » avec l’arasement des chevalements des puits de mines, l’obturation des galeries, les bâtiments des filatures en déshérence, ou l’abandon des moulins hydrauliques et éoliens ? Le Bas-Languedoc oriental, et partant le
Gard, possède un important passé industriel ; avec des personnalités comme Alexandre Tubeuf et Henry
Merle, il fut même à la pointe des progrès pour chacun des deux premiers processus d’industrialisation
précédemment évoqués. Le textile, les industries extractives, la métallurgie, la chimie, tout comme la
verrerie, la céramique ou les industries agroalimentaires y ont occupé une place de choix. En 1890, le
Gard fournissait 8 % de la production nationale de charbon de terre et, en 1914, les 83 filatures encore en
activité – on en comptait 244 en 1877 et 111 en 1892 – représentaient la moitié des usines de ce type en
France. Au sein des mondes du travail, le secteur industriel a été très présent sur les différents gradins de
l’amphithéâtre gardois, des Cévennes au littoral méditerranéen, des pays du Vidourle au sillon rhodanien,
et dans sa partie centrale avec Nîmes, Alès, Tamaris, Salindres, La Grand-Combe et Bessèges pour nous
limiter aux principaux centres de production.
Démarche interdisciplinaire étudiant les témoignages matériels (usines ; ateliers ; cités ouvrières ;
infrastructures ferroviaires ; machines etc.) créés par et pour les processus industriels, l’archéologie
industrielle a vu le jour en Angleterre il y a un demi siècle. Devenue discipline universitaire, elle a élargi
ses domaines d’investigation et contribué à l’exhumation, à la sauvegarde, à la conservation et, suivant
1 Laurent Aiglon, « Du passé minier faisons table rase : la conservation du patrimoine industriel cévenol », Revue d’histoire
moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard, Nîmes, décembre 2005, n° 21, p. 88-95.
2 Franklin Mendels, « Proto-Industrialization : The First Phase of the Industrialization Process », in Journal of Economic History,
1972, 32, p. 241-261 ; Industrialization and Population Pressure in Eighteenth Century Flanders, New York, 1981 ; en collaboration avec Pierre Deyon, « La proto-industrialisation : Théorie et réalité », VIIIe Congrès international d’histoire économique de
Budapest, Lille, 1982, 2 vol. Le concept de proto-industrie s’applique à l’activité industrielle s’exerçant en milieu rural et dont
les produits sont destinés aux marchés extrarégionaux. Amorcé au XVIIe siècle, ce processus marqua profondément, en particulier en France, les XVIIIe et XIXe siècles.
3
diverses modalités, à la mise en valeur du passé industriel, contribuant à la patrimonialisation d’une
partie de celui-ci. Alors que l’UNESCO en reconnaissait le bien fondé dans les années 1970, le CILAC
(Comité de liaison et d’information pour l’archéologie, l’étude et la mise en valeur du patrimoine) vit le
jour en 1979. Destiné à promouvoir la protection du patrimoine industriel, il publie une revue et organise
à intervalles réguliers des colloques nationaux et internationaux3. L’Institut national du patrimoine œuvre
également, de son côté, dans cette voie4. Au fil des ans, alors que s’élargissait le champ d’investigation et
qu’était approfondie l’analyse des sources5 contribuant à accroître la connaissance scientifique et à valoriser
les territoires imprégnés par les témoignages du passé industriel, des voix s’inquiétèrent de la tendance
qui, en valorisant le patrimoine, tendait à éclipser l’archéologie. Si la patrimonialisation de l’industrie,
dans ses diverses composantes, permet de transmettre sa mémoire tout en la socialisant, elle peut en même
temps la fossiliser, voire la mythifier6 et faire perdre de vue combien les témoignages conservés portent
également l’empreinte des rapports sociaux de production au sein des mondes du travail. Mémoire et
histoire entretiennent des liens complexes.
Rechercher, inventorier, sauvegarder, conserver, restaurer, réhabiliter, valoriser, réutiliser,
reconvertir..., large est la palette des actions envisageables dans le domaine de l’archéologie et du
patrimoine industriels7. Pour ce qui est de l’espace gardois, nombre de réalisations ont vu le jour. La minetémoin d’Alès, le musée de la soie à Saint-Hippolyte-du-Fort, l’aménagement du plan incliné reliant La
Vernarède à La Levade avec les bâtiments (tours de gué ; salle des machines...) qui en ponctuent le tracé,
la piste cyclable aménagée au pied du causse de Blandas sur l’emplacement d’une ancienne voie ferrée, en
apportent la preuve, et la liste pourrait être allongée d’importance8. L’action des collectivités territoriales se
conjugue souvent avec celle des associations désireuses de sauver de l’oubli – et plus encore – les activités
productives qui permirent de faire vivre les populations in situ à l’image de la mine de plomb argentifère de
Vialas dont la « réactivation », osons le mot, fleure bon le conte de fées. Œuvrer pour l’avenir suppose de
mener une action pédagogique afin de sensibiliser les jeunes, et les moins jeunes, générations. Comment
ne pas saluer les opérations menées par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement du
Gard (CAUE) dont les brochures, à maints égards exemplaires, facilitent la compréhension des activités
socio-économiques passées dans leur milieu environnant9 ? L’orientation bibliographique proposée par
Danielle Bertrand-Fabre permettra au lecteur de se faire une idée plus précise des opérations réalisées par
les différents acteurs.
3 Sa revue, L’Archéologie industrielle en France (AIF), publie deux numéros par an. En octobre 1994, le colloque national
de Trégastel avait pour thème : « Le patrimoine industriel pour quoi faire ? » ; en septembre 2011 a été organisé, à BelfortMontbéliard, un colloque international portant sur « Le patrimoine industriel : nouvelles politiques urbaines et sens de la
reconversion. »
4 C’est ainsi qu’en juin 2009 il a organisé un colloque ayant pour sujet : « L’architecture et l’industrie : les enjeux de la reconversion. ».
5 Ainsi, aux sources matérielles de plus en plus diversifiées (cartes postales ; règlements d’atelier et d’usine ; chansons etc.) sont
venues s’ajouter celles immatérielles, avec les témoignages oraux.
6 C’est ainsi que le Centre historique minier de Lewarde, fondé en 1982 à l’est de Douai, sur l’ancienne fosse Delloye, à
l’initiative de a Compagnie des houillères, a fait l’objet de nombreuses critiques : ni corons, ni terril, ni lavoirs, ni industries
annexes, ni chemin de fer n’y figurant.
7 Michel Wienin, Inventaire général du patrimoine industriel, 1989, base Mérimée de la Direction Générale des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon (DRAC). Lisa Caliste est aujourd’hui chargée de l’inventaire du patrimoine industriel en
Languedoc-Roussillon.
8 La Maison du mineur à La Grand Combe, le musée des Vallées cévenoles à Saint-Jean-du-Gard, celui du Vieux-Nîmes dans
la préfecture gardoise ou encore le musée Georges Borias d’Uzès, qui consacrent une parie importante de leurs collections présentées au public, à l’activité industrielle d’antan. Notons également, à proximité de la terre gardoise, la filature des Calquières
à Langogne, heureusement qualifiée « musée vivant », ou bien le circuit aménagé, grâce à l’action du regretté Christian Tardieu
à Banne, pour retrouver les galeries et les puits des mines de charbon.
9 Parmi ces brochures, intitulées « Quelques pistes pour la classe» et donc destinées en priorité aux scolaires, relevons quelques
titres : Balade architecturale à Uzès : sur les traces des « magnans » ; L’industrie de la soie dans l’Uzège aux XIXe et XXe siècles ; Histoire
remarquable d’un village gardois Saint-Quentin-la-Poterie. Des actions ponctuelles de plus ou moins grande envergure ont été
également réalisées à Saint-Ambroix, Saint-Jean-de-Valériscle, Lasalle...
4
L’exhaustivité ne saurait être de mise ici. Couvrir autant que faire se pouvait les différentes
composantes de l’espace gardois, milieu urbain et espace rural ; tenter dans la mesure du possible de
balayer le champ chronologique retenu, depuis l’époque de Colbert dont l’action peut être assimilée à la
mise en œuvre d’une véritable politique industrielle, jusqu’aux années Pompidou élargies à la décennie
1970 durant laquelle on parla de désindustrialisation, notion certainement plus complexe qu’il ne paraît
au premier abord ; prendre en compte de la façon la plus étendue la dimension technique et sectorielle
du sujet ; accorder une place non négligeable à la représentation multiforme des phénomènes industriels
étudiés, furent au nombre de nos préoccupations. Nous avons aussi souhaité, dans une démarche
comparative, ouvrir le colloque aux expériences ou actions entreprises dans d’autres parties de la Région
Languedoc-Roussillon, en particulier les départements de l’Hérault et des Pyrénées-Orientales, et nous
avons jugé indispensable d’organiser une sortie sur le terrain couronnée par une table ronde à laquelle
participeront des représentants des collectivités territoriales. Les vingt-huit communications présentées
durant ce colloque contribueront, nous l’espérons, à enrichir nos connaissances, confronter des points
de vue, générer la discussion et aider à la prise de conscience de la nécessité de coordonner les efforts
afin d’utiliser au mieux les vestiges du passé qui nous parlent et nous regardent à condition de savoir les
entendre et les voir.
Nombreux sont celles et ceux que nous devons remercier pour l’aide apportée à la réalisation
de cette manifestation. Madame Janine Barbé, proviseur du lycée Alphonse Daudet, qui a mis à notre
disposition la salle Jacques Terrisse ; MM. Jean-Paul Fournier, sénateur-maire de Nîmes, et Daniel-Jean
Valade, adjoint à la culture et à la tauromachie ; M. Damien Alary, président du Conseil général du Gard ;
M. Christian Bourquin, président de la Région Languedoc-Roussillon ; M. Alain Penchinat et la Société
méridional de construction. Qu’ils veuillent bien trouver ici l’expression de notre reconnaissance et de
notre gratitude pour la fidélité dont ils font preuve dans le soutien apporté à notre action. L’archéologie
du savoir conjugue, avec l’archéologie industrielle, le souci de réunir des compétences diverses ; aux
archéologues, architectes, chercheurs, conservateurs, ethnologues, géographes, géologues, historiens,
ingénieurs, responsables d’’associations et sociologues qui nous font l’honneur et l’amitié de venir exposer
leurs travaux, nous adressons nos remerciements chaleureux. À MM. Michel Wienin, Daniel Travier et
Laurent Aiglon, qui ont toujours répondu avec amabilité à nos sollicitations, nous témoignons notre
reconnaissance pour les conseils éclairés et l’aide qu’ils nous ont apportée. Alors que nos sociétés vivent
présentement la mise en place et l’accélération du troisième processus d’industrialisation, puisse ce
colloque contribuer à l’enrichissement de nos connaissances du passé afin de permettre d’opérer des choix
rationnels et raisonnables pour œuvrer de concert à un avenir meilleur dans l’intérêt de tous.
Robert Chamboredon, Président de la SHMCNG
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Archéologie et patrimoine industriels
en Bas-Languedoc oriental,
des années Colbert aux années Pompidou...
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Nîmes 17–20 avril 2013
Lycée Alphonse Daudet
Salle Jacques Terrisse
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Mercredi après-midi, 17 avril
14 h. – 14 h. 30 : Accueil des participants
14 h. 30 – 15 h. : Discours officiels
Les impacts urbains de l’industrialisation
Président : Robert Chamboredon, président de la SHMCNG, vice-président de l’Académie de Nîmes.
15 h. – 15 h. 30 : Le logement des ouvriers au XVIIIe siècle : l’exemple du faubourg Richelieu à Nîmes,
par Jean-Marie Marconot, membre honoraire du CNRS, responsable des éditions RIRESC-recherches
sociales.
15 h. 30 – 16 h. : Que sont devenus les établissements industriels et commerciaux de Nîmes figurant sur
le plan de 1898 ? par Jean Pey, conservateur adjoint honoraire du musée archéologique de Nîmes.
Discussion Pause
16 h. 30 – 17 h. : Que nous raconte encore la ville-champignon de La Grand-Combe à travers les
discontinuités de son patrimoine industriel et urbain ? par Laurent Aiglon, historien, agent de collectivité
en musée.
17 h. – 17 h. 30 : La ville face au développement industriel : les exemples du faubourg de Rochebelle et de
la banlieue de Tamaris à Alès au XIXe siècle, par Claire-Lise Creissen, docteur en histoire de l’art, chargée
de cours à l’université de Nîmes.
17 h. 30 -18 h. : Une cité industrielle en Camargue : Salin-de-Giraud, par Thierry Durousseau, architecte
et historien de l’architecture.
Discussion
7
Jeudi matin, 18 avril
Les industries extractives
Président : Roland Andréani, professeur émérite d’histoire contemporaine, université de Montpellier III.
9 h. 30 – 10 h. : Les mines de plomb argentifère de Villefort au XVIIIe siècle : une entreprise étrangère au
pays, par Marie-Lucy Dumas, agrégée d’histoire, docteur en sciences politiques, présidente du Lien des
chercheurs cévenols.
10 h. – 10 h. 30 : Ré-animer « la mine au bois dormant » : création d’un sentier d’interprétation sur le site
du Bocard (Vialas), usine de traitement de la galène, minerai de plomb argentifère, par Cécile Coustès,
consultante en ingénierie culturelle et en valorisation du patrimoine, guide conférencière à Nîmes.
Discussion Pause
11 h. – 11 h. 30 : Les exploitations de charbon dans le Gard. par Jean-Pierre Rolley, géologue, professeur
honoraire à l’École des mines d’Alès, président de l’Association géologique d’Alès et sa région, membre de
l’Académie cévenole.
11 h. 30 – 12 h. : Le bassin houiller de Graissessac (Hérault) : l’Inventaire au service du patrimoine
minier, par Lisa Caliste, chercheur en patrimoine industriel, Inventaire général du patrimoine culturel de
la Région Languedoc-Roussillon.
Discussion
Jeudi après-midi, 18 avril
Les industries de transformation
Président : Roland Andréani, professeur émérite d’histoire contemporaine, université de Montpellier III.
14 h. – 14 h. 30 : Le site de Maison rouge (Saint-Jean-du-Gard), une filature de soie remarquable, par
Daniel Travier, fondateur et directeur du Musée des vallées cévenoles, responsable du projet « Maison
rouge ».
14 h. 30 – 15 h. : La bonneterie cévenole et les avatars de la révolution technologique aux XIXe et XXe
siècles, par Armand Cosson, professeur honoraire de Première supérieure au lycée A. Daudet de Nîmes.
15 h. – 15 h. 30 : L’aluminium de Salindres (1860-1890), un patrimoine unique et méconnu, par Thierry
Renaux, membre du Centre Alexandre Koyré, EHESS et Institut pour l’histoire de l’aluminium.
Discussion Pause
16 h. – 16 h. 30 : Cent cinquante ans d’histoire de la chimie à l’usine de Salindres, par Robert Thillier,
ancien cadre dirigeant de Rhône Poulenc et ancien directeur de l’usine de Salindres.
16 h. 30 – 17 h. : Les caves coopératives en Languedoc oriental : une épopée de la modernité en milieu
8
rural, par Michel Wienin, chercheur honoraire chargé de l’inventaire du patrimoine industriel et technique
du Languedoc-Roussillon à la DRAC puis au Conseil régional à Montpellier.
17 h. – 17 h. 30 : Les bouteilles en verre noir au basalte de Jean-Antoine Chaptal (1783) ; histoire et
archéologie expérimentale, par Alain Riols, vice-président de l’Association française pour l’archéologie du
verre (AFAV).
Discussion
Vendredi 19 avril
Sortie sur le terrain : un passé industriel toujours présent
9 h. – 11 h. 15 : Visite de la Maison du mineur et du puits Ricard à La-Grand-Combe sous la conduite
de Laurent Aiglon.
15 h. 30 – 17 h. 30 : Visite du Musée des vallées cévenoles et de Maison rouge à Saint-Jean-du-Gard sous
la conduite de Daniel Travier.
18 h. : Table ronde avec des responsables des collectivités territoriales : que faire des vestiges industriels ?
Salle Stevenson, avenue René Boudon, Saint-Jean-du-Gard.
Samedi matin, 20 avril
Les transports ferroviaires
Présidente : Catherine Bernié-Boissard, professeure de géographie, université de Nîmes.
9 h. – 9 h. 30 : La « promenade du viaduc » dans le Viganais. Ou comment faire revivre un passé
ferroviaire, par Michel Lescure, chef d’arrondissement honoraire de la DDE du Gard, ancien responsable
de l’ingénierie routière au Conseil général du Gard.
9 h. 30 – 10 h. : Cerdà à Nîmes (1844) : le choc de la modernité, par Gracia Dorel-Ferré, chargée de
cours à l’université de Savoie, membre du Centre de recherches du Musée des sciences et des techniques
de Catalogne.
10 h. – 10 h. 30 : Le transport du charbon vu par la compagnie des chemins de fer et des mines de houille
de Portes et Sénéchas au milieu du XIXe siècle, par Jean-Pierre Bouvier, géologue.
Discussion Pause
Histoire et mémoire : conserver, animer, valoriser le passé industriel
11 h. – 11 h. 30 : « Lou malur de Lallo ». Le 11 octobre 1861, un vendredi noir : la catastrophe des mines
de Lalle à Bessèges, par Pierre Bérard, ingénieur géologue et hydrogéologue ex-BRGM.
9
11 h. 30 – 12 h. : Réveiller la « mine au bois dormant », par Mariette Émile, secrétaire de l’association
« Le Filon des Anciens » à Vialas.
12 h. – 12 h. 30 : Souvenirs d’usine (1947-1974). Ce que les anciens de « La Jallatte » ont à nous dire, par
Philippe Rigoulot, directeur d’établissement socio-médical, docteur en sciences politiques, correspondant
de l’Académie de Nîmes.
Discussion
Samedi après-midi, 20 avril
Présidente : Catherine Bernié-Boissard, professeure de géographie, université de Nîmes.
14 h. – 14 h. 30 : Enquêter en milieu ouvrier : une approche ethno-cinématographique. L’exemple du site
industriel de Tamaris, Alès (2000-2002), par Gilles Remillet, ethnologue-cinéaste, maître de conférences
en cinéma anthropologique et documentaire à l’université de Paris Ouest Nanterre La Défense.
14 h. 30 – 15 h. : La céramique en Uzège à travers les collections du Musée Georges Borias (Uzès),
par Brigitte Chimier, conservatrice du musée Georges Borias, et Anne-Lise Moreau, animatrice de
l’architecture et du patrimoine à Uzès.
15 h. – 15 h. 30 : Le Musée du Vieux-Nîmes, mémoire de l’industrie textile nîmoise, par Aleth Jourdan,
conservateur du Musée du Vieux Nîmes et des Cultures taurines.
Discussion Pause
16 h. – 17 h. : Le CAUE du Gard, un acteur privilégié de sensibilisation du public au patrimoine industriel
gardois, par Anne-Marie Llanta et Françoise Miller, architectes conseillers au CAUE du Gard.
17 h. – 17 h. 30 : La question de la valorisation du patrimoine industriel dans les Pyrénées-Orientales,
par Nicolas Marty, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Perpignan Via Domitia, secrétaire
général de l’Association française d’histoire économique, et Esteban Castañer Muñoz, professeur d’histoire
de l’art contemporain à l’université de Perpignan Via Domitia, directeur adjoint du CRHISM.
Discussion
Discours de clôture
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Présentation des
communications
Première session
Les impacts urbains de l’industrialisation
Le logement des ouvriers au XVIIIe siècle à Nîmes : l’exemple du faubourg Richelieu.
C’est l’inondation de 1988 et le plan d’urbanisme municipal échoué en 1989, qui nous ont permis de
réaliser de nombreuses observations sur ce quartier, autrefois peu valorisé, et aujourd’hui revalorisé, au moins sous
le terme de faubourg, avec ses pairs : Gambetta et La Placette. Un quartier semble ne pas appartenir directement à
un patrimoine, industriel ou urbain, mais d’un autre côté, il n’est pas possible de séparer les deux lieux : le lieu des
usines et des commerces, et le lieu d’habitation. Gouvernements et patrons ont souvent eu le souci de créer et de
gérer l’habitat ouvrier, que ce soit sous la forme de faubourgs, en dehors des remparts, ou sous la forme de quartiers
HLM et annexes sociales. Nous traitons souvent nos masets dans la catégorie champêtre et esthétique des « bories,
cabanons, abris de fortune ». En fait, les pouvoirs publics préféraient que les ouvriers aillent au maset plutôt qu’au
cabaret. L’opposition violente des gens du faubourg Richelieu au plan d’urbanisme de 1989 se comprend à partir
des problèmes sociaux, mais aussi à partir de l’architecture urbaine, édictée en 1734 avec les ingénieurs du roi et
les menuisiers du Jura : petites maisons en face à face, autour d’une cour intérieure et d’un bel arbre, favorisant
convivialité et réunion. Cette solidarité urbaine, d’ailleurs, sauva la vie des habitants en 1988 : personne n’est mort
à Richelieu, malgré les deux mètres d’eau dans les carrefours.
Jean-Marie Marconot
Que sont devenus les établissements industriels et commerciaux de Nîmes figurant sur le plan de
1898 ?
C’est à partir d’un plan industriel et commercial monumental, daté précisément de 1898, propriété d’un
architecte bien connu à Nîmes, que nous allons essayer de brosser un rapide tableau de la transformation de l’espace
urbain nîmois en cette fin du XIXe siècle. Par tradition, Nîmes a été, dans les siècles passés, une ville riche sur le
plan industriel. En effet le tissage, les apprêts et la confection de la laine, de la soie et du coton, y occupèrent une
grande place. Avec l’arrivée du chemin de fer dans les années 1840, les ateliers et les usines se développent à la
périphérie du centre ancien de la ville, sur des terrains vastes et disponibles, en bordure des voies de communication
ferroviaires et routières. S’il n’y pas de cité ouvrière à proprement parler, les ouvriers habitent souvent dans les
faubourgs d’une ville qui se traverse aisément à pied. Nombreux sont les ateliers de fabrication de châles, de tapis
d’étoffes pour ameublement, de bonneterie, vêtements et chaussures, sans parler de l’industrie alimentaire et des
distilleries liées au développement du vignoble. Le plan de 1898, illustré d’une trentaine de vignettes dessinées de
façon axonométrique et réaliste, est représentatif de l’esprit des capitaines d’industrie, et nous pouvons observer
que les usines et les commerces y figurant ont beaucoup plus d’importance que les bâtiments publics, et même que
les monuments antiques de la ville. De nos jours, les vestiges industriels ont, pour la plupart d’entre eux, disparu,
totalement laminés par le processus de désindustrialisation, pour laisser place à une extension urbaine galopante
où la priorité est donnée aux petits immeubles collectifs en copropriété. Quelques exceptions demeurent avec ce
remarquable et unique exemple de conservation du petit patrimoine industriel, à savoir la restauration et la mise en
valeur du moulin Raspail – moulin à vent et à farine – construit au XVIIe siècle et qui a conservé toute sa machinerie
en bois et retrouvé récemment ses quatre grandes ailes.
Jean Pey
11
Que nous raconte encore la ville-champignon de La Grand-Combe à travers les discontinuités de
son patrimoine industriel et urbain ?
La compagnie des mines de La Grand-Combe a été l’entreprise houillère la plus considérable du Midi de
la France. La ville qu’elle érigea témoigne encore aujourd’hui de son passé prospère, aussi bien au niveau de son
architecture que de ses dimensions. Par les vestiges de son activité technique, dont un site remarquable classé au
titre des monuments historiques, et le plan d’urbanisme d’une ville construite en archipel, La Grand-Combe offre
un panorama de l’histoire industrielle du Gard et du paternalisme social qui lui était particulier. Cependant, la
désindustrialisation amorcée dans les années 1960 et la vertigineuse baisse démographique qui s’ensuivit ont eu
des répercussions sur son patrimoine qui a été en partie détruit. La lecture d’une ville-champignon est-elle encore
possible malgré les discontinuités qui se sont produites ? L’enjeu de faire revivre autrement une ville économiquement
dédiée au charbon sans sacrifier davantage de la ville-musée est-il un paradoxe ? Nous tenterons de répondre à ces
questions au moyen de nombreuses photographies anciennes qui seront confrontées à la réalité contemporaine.
Laurent Aiglon
La ville face au développement industriel : les exemples du faubourg de Rochebelle et de la banlieue
de Tamaris à Alès au XIXe siècle.
En matière de développement urbain, la ville d’Alès a été profondément marquée par l’émergence des
industries minières et métallurgiques à partir des années 1820. L’augmentation très conséquente de la population,
qui passe de 9 000 à 25 000 habitants en un siècle, ou l’arrivée précoce du chemin de fer, sont des paramètres
qui bouleversèrent l’organisation traditionnelle de la cellule urbaine, tandis qu’aux franges de l’agglomération de
nouveaux quartiers, très caractérisés, virent le jour aux abords des mines et des usines. Des formes urbaines inconnues
jusque-là à Alès se mirent en place au faubourg de Rochebelle et dans la banlieue de Tamaris, répondant plus ou
moins aux besoins des populations ouvrières qui s’y installèrent. Les architectures et les monuments de ces quartiers
offrent des aspects parfois bien éloignés des styles régionaux : une église en briques à Tamaris, des logements
ouvriers bâtis selon des modules répétitifs, fruits d’initiatives particulières ou des compagnies industrielles. Avec la
fermeture progressive des mines et des usines dans le courant du XXe siècle, sous l’action conjointe des démolitions
de bâtiments, des extensions urbaines et du renouvellement des populations, ces quartiers ont perdu peu à peu leur
identité, mais certains éléments parlent encore de ce passé industriel : qu’il s’agisse des dévotions locales à saint Éloi
et à sainte Barbe, ou des symboles de la mine qui figurent encore sur quelques tombes du cimetière de Tamaris.
Claire-Lise Creissen
Une cité industrielle en Camargue : Salin de Giraud.
Lorsqu’à la fin du XIXe siècle, la compagnie Solvay implanta sa soudière en Camargue, elle n’était pas en
terra incognita. Le territoire aux limites indécises était déjà largement humanisé : l’étang de Giraud était déjà le salin
d’Henry Merle ; fossés et chaussées y ont laissé leurs marques. Pourtant, jamais un projet d’une telle ampleur n’y
avait été envisagé dans un laps de temps si court. Nous suivrons pas à pas la création de cette arche industrielle en
pleine Camargue, lieu de production, d’expérimentation scientifique, mais aussi mise en place de formes urbaines
rationalisées ouvrant à une des premières cités-jardins. De cette savante construction urbaine arrangeant le logis
et le travail mais aussi écoles et hôpitaux, naquit une cité laïque au paysage si particulier. Sous les patronymes des
entreprises Pechiney et Solvay, les cités produisirent une culture salinière à la fois gardianne et ouvrière, tissée de
l’intégration méditerranéenne et des luttes sociales.
Thierry Durousseau
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Deuxième session
Les industries extractives
Les carrières de pierres de taille du Languedoc méditerranéen oriental : une industrialisation très
tardive et modeste.
Dans la région, l’extraction de la pierre de taille commence dès l’Antiquité et connaît des fluctuations diverses
jusqu’à nos jours. Son industrialisation, dans l’acception mécanique du mot, n’apparaît que très modestement
vers le milieu du XXe siècle. En contrepartie, si l’on prenait comme référence industrielle la standardisation de la
production, il faudrait l’associer à toutes les grandes poussées de la construction monumentale. La compréhension
de la faible et tardive industrialisation passe donc par une étude diachronique de ces carrières et, surtout, de leur
contexte géologique, géographique, historique et économique. L’évolution des techniques d’extraction est rarement
prédominante dans ce processus, surtout si on l’aborde sous l’angle économique. Par ailleurs, les spécificités
techniques et esthétiques des roches locales interviennent pleinement, quelle que soit l’époque considérée. C’est
donc un ensemble de facteurs, parfois très complexes à identifier et à évaluer, qui intervient et offre une très grande
diversité de situations. Les vestiges de cette évolution, quand il en reste, sont très réduits et propres à chaque variété
de roche. Contrairement à l’industrie minière, qui a fait largement appel à une main d’œuvre immigrée, les carrières
de pierres de taille de la région sont longtemps restées entre les mains de propriétaires locaux et elles ont fonctionné
surtout avec des paysans-carriers. Les vestiges de leur activité, même limités à l’époque industrielle, ont surtout
marqué la construction locale ou micro-régionale et, à présent, ce n’est guère que dans ce domaine et dans celui des
archives que l’historien moderniste peut intervenir.
Jean-Claude Bessac
Les mines de plomb argentifère de Villefort au XVIIIe siècle : une entreprise étrangère au pays.
Les mines de plomb argentifère de Villefort ont été actives au XVIIIe siècle, pendant quatre-vingts ans, avec
une kyrielle de gestionnaires qui n’ont pu améliorer la faiblesse des rendements. Après une éclipse d’un siècle, de
nouveaux filons, sur le cours du Chassezac, dans les communes de Malons et de Sainte-Marguerite Lagifère, furent
exploités à la fin du XIXe siècle, jusqu’aux années 1950. Ils ont laissé des ruines spectaculaires le long de ce torrent,
au contraire des premières mines dont on recherche encore les entrées des galeries. À priori, l’histoire des mines de
Villefort au XVIIIe siècle montre que cette exploitation n’a connu aucune intégration locale, qu’elle a été comme
surimposée par des gens venus d’ailleurs, sans autre impact que deux toponymes. L’interrogation des mémoires du
XIXe siècle permet de vérifier que personne ne se souvient de ces mines dans lesquelles furent embauchés jusqu’à
300 ouvriers, très probablement étrangers. C’est dire si l’histoire villefortine a complètement évacué cet épisode
qui ne rentre pas dans la constitution de l’identité locale. S’interroger sur ce rejet revient peut-être à s’interroger sur
ce qui a constitué la vision paysanne de son monde : un homme au-dessus du sol et non un homme des dessous
inconnus et dangereux. Redonner vie à cette histoire exige une recherche minutieuse dans ses aspects les plus
divers : impact sur les registres paroissiaux, sur les délibérations consulaires, sur le tracé parcellaire, sur le compoix,
sur les droits seigneuriaux, les légendes… et la recherche des haldes et des dépôts dissimulés sous les arbres.
Marie-Lucy Dumas
Ré-animer « la mine au bois dormant » : création d’un sentier d’interprétation sur le site du Bocard
(Vialas), usine de traitement de la galène, minerai de plomb argentifère.
Le Bocard correspond à la mine et à l’usine de traitement de la galène, minerai de plomb argentifère situé à
Vialas, en bordure du Luech, actives de 1781 à 1893. Naturelle ou provoquée, la dégradation du site est aujourd’hui
particulièrement avancée ; seules quelques ruines subsistent. L’association « Le Filon des Anciens » a voulu réaliser
un projet de sentier d’interprétation sur ce site. Le faire connaître, présenter son intérêt patrimonial au grand
public, n’est pas chose aisée. Si les mines de charbon sont assez bien connues, l’exploitation de la galène ne l’est pas.
De plus, l’état du site ne rend pas lisible l’importance de l’activité industrielle qui s’y est développée. Il s’agissait non
seulement de comprendre le site, de restituer les parties manquantes de son histoire, de son fonctionnement, de
ses évolutions etc., mais également de le sauvegarder dans son état actuel afin d’éviter toute nouvelle dégradation,
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et enfin, de le rendre accessible au grand public. C’est donc un travail de recherches multidisciplinaires auprès des
archives privées et publiques, de spécialistes, de collecte de la mémoire locale etc., couplé avec un état des lieux
précis du site, qui ont permis la définition d’une logique interprétative. Celle-ci est le fil conducteur de la visite des
lieux, permettant d’aborder tous les aspects importants. Pour donner à voir ce qui n’existe plus, pour faire parler les
vestiges en toute sécurité, il a fallu proposer plusieurs parcours sécurisés, ainsi que des outils de médiation adaptés.
Cécile Coustès
Les exploitations de charbon dans le Gard.
Il est difficile de dire avec précision depuis quand le « charbon de terre » est exploité dans le Gard. La
première référence connue dans la région d’Alès date du XIIIe siècle. On peut toutefois facilement imaginer que,
dans les zones où le charbon affleure, les habitants ont dû très tôt utiliser ce curieux matériau capable d’entretenir le
feu. Cependant, cette exploitation est marginale car les zones d’affleurements sont rares et les moyens de transport
très limités. Par ailleurs, le charbon émet des fumées dans lesquelles le soufre est abondant, donnant à ce combustible
une réputation « sulfureuse » en grande partie méritée. La raréfaction des ressources en bois, qui se fait sentir dès
le début du XVIIIe siècle, va peu à peu donner de l’intérêt à cette ressource alternative que représente alors le
charbon. Déjà en 1725 les états de Languedoc interdirent les verreries forestières qui n’étaient pas en montagne.
Dès lors, on va rechercher et exploiter le charbon partout. En 1760, on en dénombre déjà plus de 80 mines dans
l’espace correspondant à l’actuel département. C’est sous l’impulsion généralement attribuée à François Tubeuf que
l’exploitation des mines, encore très rudimentaire, va se « professionnaliser » et s’orienter vers les gisements les plus
prometteurs. Le bassin houiller d’Alès-Bessèges va progressivement s’imposer comme un bassin houiller majeur qui
va profondément marquer la région et qui, de ce fait, a une histoire relativement connue. Par contre, on a presque
complètement oublié les très nombreuses exploitations de lignite qui, jusqu’à l’avènement du chemin de fer, mais
parfois même jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle, ont fait l’objet d’exploitations plus ou moins actives.
Elles ont pourtant permis la naissance de petites industries locales (forges, filatures, magnaneries, etc.), parfois très
florissantes, et dont il ne reste aujourd’hui que bien peu de chose.
Jean-Pierre Rolley
Le bassin houiller de Graissessac (Hérault) : l’Inventaire au service du patrimoine minier.
Entre novembre 2010 et juillet 2011, le Parc naturel régional du Haut-Languedoc a mené l’inventaire
du patrimoine minier de l’ancien bassin houiller de Graissessac, situé au nord-ouest du département de l’Hérault.
Le gisement houiller de cette région est exploité depuis le Moyen Âge, mais c’est à la fin du XVIIIe siècle qu’une
organisation rationnelle de l’extraction peut être retracée par l’archéologie industrielle. Jusqu’à la fermeture des
travaux souterrains au cours des années 1950, puis celle des découvertes en 1993, 30 millions de tonnes de charbon
y ont été extraites. Situé entre le bassin de Carmaux et celui d’Alès, le bassin de Graissessac en fut un concurrent
puis un allié au sein des HBCM. Ainsi, on note les échanges multiples entre Graissessac et Alès au cours du XXe
siècle. Cependant, au premier abord, les vestiges de l’activité minière y sont moins nombreux : sont-ils moins
visibles ou ont-ils subi la politique de la table rase qui eut cours à la fin des années 1990 ? Suivant la méthodologie
de l’inventaire, l’étude in situ a été menée à partir des archives publiques, en particulier les fonds des HBCM
déposés aux Archives départementales de l’Hérault, des fonds privés et des témoignages des habitants et des anciens
mineurs du bassin houiller. Mettre en lumière l’évolution architecturale et spatiale des sites d’extraction et des
bâtiments fonctionnels, des logements ouvriers et des lieux de sociabilité permet ici de comprendre l’importance
de la mine dans le développement industriel et urbain des dix communes concernées. Plus largement, il s’agit de
définir la place de ce bassin dans l’histoire industrielle de la région Languedoc-Roussillon et le rôle qu’il peut jouer
aujourd’hui dans la transmission de cette mémoire.
Lisa Caliste
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Troisième session
Les industries de transformation
Le site de Maison rouge (Saint-Jean-du-Gard), une filature de soie remarquable.
Premier site à avoir mis en place le procédé technique ayant permis l’industrialisation du tirage de la soie,
Maison rouge est aussi la dernière filature de soie française. Son activité cessa en 1965. Protégée aujourd’hui au
titre des Monuments historiques, les soins architecturaux et ornementaux qui caractérisent ses bâtiments sont
exceptionnels. Son histoire est représentative de celle de la filature industrielle de la soie en France. Maison rouge est
l’un des 37 sites de filature identifiés à Saint-Jean-du-Gard ; en 1856, 23 fonctionnaient, occupant 1 090 femmes
et 150 hommes. Un atelier de tirage vit le jour à la fin du XVIIIe siècle ; sa construction en briques – un matériau
relativement peu utilisé en milieu rural – lui valut son appellation. En 1838, une nouvelle usine de 100 bassines – la
« Grande rouge » – y fut adjointe, et c’est elle que nous pouvons voir aujourd’hui. Elle changea à maintes reprises
de propriétaires, mais, de 1880 à sa fermeture, ils furent exclusivement lyonnais. Alimentée en eau par le Gardon,
la filature comprend divers bâtiments et lieux bien définis, aux fonctionnalités variées, et avec des caractéristiques
architecturales propres. Depuis sa fondation, cet ensemble a évolué, et la lecture de ses transformations n’est
pas toujours évidente. Siège d’une entreprise d’ameublement entre 1966 et 2002, le site, rendu disponible, fait
l’objet d’un projet patrimonial et culturel : y transférer les collections du Musée des vallées cévenoles, qui seront
redéployées à l’intérieur, alors que sera aménagé, à l’extérieur, un circuit d’interprétation du site, de son histoire et
de ses fonctionnalités.
Daniel Travier
La bonneterie cévenole et les avatars de la révolution technologique aux XIXe et XXe siècles.
Industrie ancienne et de qualité, à cheval sur les arrondissements du Vigan et de Ganges, la bonneterie
cévenole a connu une série de mutations technologiques qui lui ont permis de surmonter les difficultés, de résister
au déclin du textile régional et d’assurer pratiquement, par son dynamisme jusqu’aux années 1960 une activité
industrielle exportatrice dans l’espace national et au-delà qui a assuré sa renommée. Elle a su s’adapter aux défis
multiples lancés à la fin du XIXe siècle et tout au long du XXe siècle par l’irruption de plus en plus rapide des
métiers automatiques, rectilignes puis circulaires. Cette évolution remarquable fut le fait d’entreprises familiales
dont certaines, par la longévité et l’innovation de leurs dirigeants, mais aussi par la qualité et l’ingéniosité de leur
main d’œuvre, ont bien relevé les défis des contraintes financières et techniques du marché, du moins tant que ces
dernières pouvaient être contrebalancées par les nombreux atouts régionaux. L’étude tente de montrer sur quelles
bases, selon quelles modalités et suivant quelle évolution s’est accomplie cette révolution technologique et pour
quelles raisons elle n’a pu enrayer son échec final.
Armand Cosson
L’aluminium de Salindres (1860-1890), un patrimoine unique et méconnu.
De 1860 à 1890, Salindres, aux environs d’Alès, fut le centre mondial de la production d’un métal alors
nouveau, obtenu pour la première fois en 1854 : l’aluminium. C’est de la soudière de la Compagnie des produits
chimiques d’Alais et de la Camargue, fondée en 1850 par Henry Merle, que sort la quasi-totalité du métal léger
produit dans le monde, soit près de 45 tonnes. L’aluminium, alors rare et semi-précieux, servait à la fabrication
d’œuvres d’art, d’instruments scientifiques et d’optique, de bijoux, de médailles, de bimbeloterie, d’orfèvrerie,
etc. En 1890, lorsqu’un nouveau procédé de production fut mis au point, la fabrication d’aluminium à Salindres
cessa brutalement en ne laissant que quelques traces de cette histoire. Aujourd’hui, que reste-t-il de ce patrimoine
riche et unique ? Qui sait que l’aluminium produit à Salindres était semi-précieux et qu’il avait servi à fabriquer le
premier hélicoptère en 1863 ? Des recherches récentes ( Plateau et Renaux, 2007) et en cours, exploitant archives
privées et publiques, mais aussi les objets patrimoniaux eux-mêmes, apportent un éclairage nouveau ouvrant
des perspectives de valorisation de ce patrimoine, aux sources gardoises, méconnu et pourtant unique. Certains
éléments patrimoniaux sont encore visibles sur le site industriel, que ce soit le château de M. Pechiney, le successeur
de H. Merle, un atelier, ou encore un riche service d’orfèvrerie. Par contre, de nombreux objets mobiliers fabriqués
à partir de « l’aluminium de Salindres » sont disséminés dans les collections de musées, d’antiquaires, d’entreprises
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ou de collectionneurs : bijoux associant aluminium et vermeil, jumelles de théâtre, ciboires et calices, copies de
statues antiques, monnaies, etc. La valorisation, quant à elle, ne cesse de se développer, en France et dans le monde,
grâce aux expositions et aux portails numériques.
Thierry Renaux
Cent cinquante ans d’histoire de la chimie à Salindres.
En 1850, Salindres est un petit village, situé à 8 km au nord d’Alès, où règnent l’agriculture et l’élevage
du ver à soie. En 1855, Henry Merle démarre dans le même Salindres, une soudière pour répondre aux besoins
en produits sodés des industries locales et régionales ; par ailleurs, il profite des sources d’approvisionnement en
matières premières abondantes dans la région : calcaire du Gard, sel de Camargue, pyrites du bassin alésien. Enfin,
il bénéficie de la création récente d’une ligne de chemin de fer entre Bessèges et la vallée du Rhône. Des hommes
de qualité – Henry Merle, Alfred Rangod Pechiney, Adrien Badin et bien d’autres – ont permis le développement
de l’usine, par leur audace, leur esprit d’innovation et leur remise en cause permanente. Ils furent aidés en cela par
des équipes de chercheurs efficaces. En 1860, Henry Merle accueillait Henri Sainte Claire Deville pour mettre en
œuvre la production industrielle d’aluminium par voie chimique ; Salindres fut ainsi la première usine au monde
à fabriquer de l’aluminium industriel. Cette activité dura trente ans jusqu’à l’arrivée du procédé Héroult par voie
électrochimique qui fut appliqué dans les vallées alpines. La soudière poursuivit son activité jusqu’en 1900. Mais,
entre temps, d’autres activités ont vu le jour sous l’impulsion de Jules Boulouvard et Henri Gall : production de
chlore, de chlorates, chlorure de chaux, sulfate de cuivre etc. Au XXe siècle, les fabrications s’orientent selon trois
grands axes : la production d’alumine métallurgique pour l’aluminium, qui durera jusqu’en 1893 ; la production de
dérivés de l’alumine ou alumines spéciales ; la chimie du fluor. L’usine évoluera au cours de son histoire, en fonction
des différentes et nombreuses restructurations de la chimie ; certaines furent douloureuses, d’autres plus bénéfiques.
Aujourd’hui, l’activité a bien diminué, mais il existe sur le site de Salindres deux unités indépendantes dont les
productions sont issues des fabrications historiques : Axens qui produit des alumines, supports de catalyseurs pour
l’industrie pétrolière ; Rhodia-Solvay, dont l’activité est spécialisée sur des produits fluorés de haute performance.
Robert Thillier
Les caves coopératives en Languedoc oriental. Une épopée de la modernité en milieu rural.
Comme toute activité productive, la viticulture ne se conçoit qu’accompagnée de son « cortège industriel »,
c’est-à-dire d’activités qui lui sont liées totalement, comme la tonnellerie, ou partiellement, comme la verrerie. Il
est d’usage de distinguer un ensemble de fabrications d’amont permettant ou améliorant les conditions de récolte
(fabrication d’outillage agricole, de produits de traitement…) et un autre d’aval destiné à la conservation et à la
transformation de cette récolte ainsi qu’à sa commercialisation. Dans le cas de la vigne, cette seconde phase ne se
limite pas à des opérations simples comme la mouture et le conditionnement en sacs, mais la vinification constitue
elle-même un processus productif à part entière mobilisant un matériel important et un savoir-faire particulier. Au
XIXe siècle, la production agricole restait, dans notre région, très largement de type familial ; les grands domaines
occupant un personnel nombreux étaient relativement peu importants en Languedoc oriental. La « révolution
industrielle » se développa toutefois à partir des années 1820 autour de la houille et du fer du bassin d’Alès et,
surtout, dans le domaine textile, avec la soie des Cévennes, la laine du Lodévois ou du Gévaudan, les cotonnades
de Nîmes… Les « usines à la campagne », plus particulièrement le long des cours d’eau, se multiplièrent et le
chemin de fer qui connut un essor remarquable à partir de 1840 bouleversa les conditions de transport dont
l’effondrement des tarifs fut un facteur déterminant pour la mutation d’une polyculture à dominante céréalière vers
la monoculture viti-vinicole dont la production était en très grande partie exportée vers les villes industrielles du
nord. Parallèlement à cette concentration économico-technologique, la société évolua et bascula d’un Languedoc
et d’une Provence blancs, royalistes, individualistes, attachés à leurs traditions, vers le « Midi rouge » du XXe
siècle, ouvert aux idées syndicalistes et socialistes, bien au-delà de la classique classe ouvrière, jusqu’au sein du
monde rural profond, chez les mini, voire micro-propriétaires de vignes ou de mûriers durement touchés par les
crises du phylloxéra et de la pébrine, mais aussi par la concurrence internationale et la pression du négoce. C’est
dans ce contexte que le mouvement coopératif allait trouver son terreau le plus fertile au sein du monde viticole.
Nées en terre germanique, les coopératives de vinification et de distillation connurent du Rhône aux Pyrénées un
développement exceptionnel qui fit des quatre départements méditerranéens du Languedoc-Roussillon la plus forte
concentration au monde d’établissements de ce type. Pendant l’entre-deux-guerres, la « coopé » devint un bâtiment
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emblématique des villages, au même titre, et parfois de façon plus visible, que l’église, la mairie ou l’école. Fruits
d’une politisation en profondeur du milieu rural, les coopératives sont aussi un outil important d’engagement social
pour leurs membres, un lieu de réflexion économique et un agent dynamique de modernisation et d’amélioration
de la qualité des produits. C’est cette épopée humaine et matérielle de notre monde rural, à la fois plus récente, plus
étendue, mais moins étudiée que celle de la soie, que nous voudrions présenter ici.
Michel Wienin
Les bouteilles en verre noir au basalte de Jean-Antoine Chaptal (1783). Histoire et archéologie
expérimentale.
Au début du XVIIIe siècle, dans les régions viticoles comme le Languedoc, les propriétaires de concessions
de mines de charbon créèrent des verreries pour répondre à la demande importante en « bouteilles en verre noir
façon d’Angleterre ». Ce fut le cas à Carmaux en 1754 avec le marquis de Solages, à Saint-Jean-de-Valériscle avec
la verrerie de la Nougarède fondée par Louis Gilly en 1761, à Hérépian en 1768 grâce à Étienne Giral, ou encore
au Bousquet, en 1784, avec l’abbé Martel. L’enjeu économique était double : la rentabilisation de l’exploitation
du charbon par la réduction des coûts de transport ; le développement de débouchés commerciaux importants
pour les produits réalisés. De nombreux chercheurs, chimistes, physiciens, membres d’académies, d’universités,
firent partager à cette nouvelle génération de verriers leurs découvertes scientifiques et leurs applications possibles.
Dans les régions volcaniques du Massif Central et du Bas-Languedoc de nombreux auteurs incitèrent les verriers à
employer le basalte comme matière première dans la composition du verre. Ce fut le cas de Jean-Antoine Chaptal
qui sollicita, en 1783, deux verreries au charbon du Bas-Languedoc, Hérépian et Saint-Jean-de-Valériscle, et une
verrerie au bois, La Sauvie, sur la commune de Rogues, pour mener à bien cette expérimentation. Les dernières
découvertes archéologiques sur le site de la verrerie des Natges-La Sauvie, les analyses des archéomatériaux par le
Centre Babelon-CNRS d’Orléans, les recherches en archéologie expérimentale d’Alain Guillot, souffleur de verre,
meilleur ouvrier de France, confirment les résultats obtenus dans ces trois verreries et font entrevoir les difficultés
posées pour une application industrielle.
Alain Riols
Quatrième session
Sortie sur le terrain : la Grand-Combe et Saint-Jean-du-Gard
Cinquième session
Les transports et voies de communication
La « promenade du viaduc » dans le Viganais. Ou comment faire revivre un passé ferroviaire.
En 2011, le Conseil général du Gard a inauguré une piste cyclable dans la perspective de créer une offre
touristique et de préserver une partie du patrimoine industriel et ferroviaire au pied du Causse de Blandas. Ainsi, le
viaduc de Lavassac – de type Eiffel – , deux anciens tunnels ferroviaires et d’autres ouvrages hydrauliques jalonnant
la ligne Tournemire-Le Vigan, firent l’objet d’une réhabilitation. Tout un pan de l’histoire ferroviaire régionale put
ainsi être redécouvert, depuis sa construction dans le dernier tiers du XIXe siècle, jusqu’à son déclin et à l’arrêt de
son exploitation aux lendemains de la Deuxième Guerre mondiale. Réinvestir dans une ligne « oubliée », afin de la
protéger et de la mettre en valeur, dans la mesure du possible, témoigne d’un réveil de conscience sur la valeur du
patrimoine, permettant de faire connaître et d’approfondir in situ notre connaissance technique et historique de
l’époque des révolutions industrielles.
Michel Lescure
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Cerdà à Nîmes (1844). Le choc de la modernité.
En 1844, Ildefons Cerdà n’est pas encore le grand urbaniste de Barcelone. Après des études brillantes à
Madrid, il cherche encore sa voie, il lit, il s’interroge. Il connaît les grandes inventions techniques anglaises. De
fréquents voyages en France le mettent en contact avec les milieux utopistes, mais il ne semble adhérer à aucun
d’eux. En 1844, il a l’occasion d’assister à l’inauguration du chemin de fer entre Alès et Nîmes, au cours d’une
grande manifestation organisée par Paulin Talabot. C’est la révélation. Il forme toute une théorie du lien entre le
chemin de fer, les ressources et la ville, qui formera, par la suite, la base de son projet pour la ville de Barcelone,
projet mis à exécution pendant les décennies 1870-1890, et dont les principes sont toujours une source de réflexion
pour les urbanistes d’aujourd’hui. Nîmes apparaît alors comme le lieu de la modernité, là où se concrétisent les
inventions, les initiatives et les visions. Ville où s’applique la théorie saint-simonienne, elle est le maillon qui relie les
utopistes entre eux. Jusqu’à présent, le lien entre Nîmes et Barcelone n’avait pas été mis en évidence, ou du moins,
n’avait pas retenu l’attention. Cette communication souhaite éclairer cet aspect.
Gracia Dorel-Ferré
Le transport du charbon vu par la compagnie des chemins de fer et des mines de houille de Portes
et Sénéchas au milieu du XIXe siècle.
En 1854, le financier Jules Mirès achète la compagnie houillère de Portes et Sénéchas. Alors, seule la gare
d’Alès, à 30 km., est accessible aux mines de Portes, par la route 106, avec des tombereaux à traction animale. La
nouvelle société décide de relier ses mines à la gare d’Alès par un chemin de fer. Deux itinéraires sont possibles, l’un
par La Grand-Combe, le second par Bessèges. C’est le premier qui fut choisi. Il s’agissait d’établir une double voie
ferrée au gabarit inusuel de 1,10 m., avec des plans inclinés successifs ascendants et descendants, plans avec machine
à vapeur, plans bis-automoteurs et plans gravitaires, trois techniques individuellement bien maîtrisées. Le plan
bis-automoteur a été conçu et réalisé par Adrien Bourdaloue pour la compagnie de La Grand-Combe et, depuis
1844, il fait la preuve de son efficacité. Les travaux furent menés tambour battant de 1857 à 1859 et l’inauguration
réalisée cette dernière année. L’exploitation de la ligne rencontra de grandes difficultés et nécessita un nombreux
personnel, réparti en une dizaine d’arrêts, avec autant de ruptures de charge. Alors qu’il avait été prévu une capacité
de transport de 250 000 tonnes par an, ce ne furent que 500 tonnes de produits qui purent au mieux être acheminés
quotidiennement ce qui, toutefois, marquait un net progrès par rapport à ce qui était auparavant réalisé, et aussi
à moindre coût. En 1867, le prolongement de la ligne de chemin de fer Beaucaire-La Levade vers Brioude fut
ouvert. La compagnie des mines de Portes, qui avait obtenu un raccordement à cette ligne à partir de La Vernarède,
abandonna aussitôt son transport par plans inclinés qui fut rapidement démantelé. Il subsiste de nombreux vestiges
de cette ambitieuse réalisation, avec des ouvrages souvent bien conservés, dont certains récemment remis en valeur.
Jean-Pierre Bouvier
Sixième session
Histoire et mémoire : conserver, animer, valoriser
« Lou malur de Lallo ». Le 11 octobre 1861, un vendredi noir : la catastrophe des mines de Lalle à
Bessèges.
Ce fut la plus grave catastrophe du bassin houiller des Cévennes. Cette communication met en évidence
la dangerosité du travail dans les mines à cause de l’eau en plus de la silicose et du grisou, mais aussi lors d’autres
accidents tragiques qui ont souvent eu lieu dans les puits de mines et galeries cévenols au cours des 150 ans qu’a
duré l’exploitation intensive. Ce 11 octobre 1861, à Lalle, en limite nord de Bessèges, 139 ouvriers sont entrés dans
la mine. À la suite de pluies diluviennes sur le bassin de la Cèze et d’un effondrement dans le ruisseau de Long, des
centaines de milliers de m3 d’eau boueuse s’engouffrèrent subitement dans plusieurs galeries, emportant mineurs,
boiseurs, rouleurs, traineurs, accrocheurs et chefs de poste. Sur les 139 lampes distribuées le matin aux mineurs
descendus, 29 seulement furent ramenées par les travailleurs qui réussirent à échapper aux flots dévastateurs. On
dénombra donc 110 disparus. Le niveau de l’eau enregistré dans deux puits atteignait 23 mètres. Il fallut presque
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trois mois pour vider l’eau de la mine et remonter la plupart des corps des victimes. Cet événement mit en lumière
le courage, l’héroïsme des uns – le boiseur piémontais Antoine Auberto qui sauva 5 mineurs ; l’ingénieur Alphonse
Parran en charge des sauvetages – et la solidarité des «houilleurs» de Bessèges, de Robiac, de Trélys, de La GrandCombe et qui en sauvèrent 2 puis 3 autres au 4ème et au 14ème jour. Entre mémoire et histoire, à travers d’autres
témoignages, combien de vrais disparus ? Pourquoi de telles différences dans le nombre et le nom des victimes ?
Comment a-t-on pu oublier de citer, plus que de le décorer, le sauveteur des toutes premières heures ? Après la fin
de l’extraction profonde du charbon par puits et galeries et par là-même des accidents (Saint-Florent-sur-Auzonnet,
dynamité en mai 1975 ; Destival, fermé en 1984 et les Oules en 1986), l’exploitation se poursuivit en Cévennes
avec moins d’aléas dans les mines à ciel ouvert du Pontil et de Mercoirol. Elles ont cessé toute activité extractive à
la date du 31 janvier 2001.
Pierre Bérard
Réveiller la mine au bois dormant.
Il y a trente ans, Jean-Pierre Chabrol baptisait l’ancienne mine de plomb argentifère de Vialas « la mine
au bois dormant ». Les galeries, la fonderie, les ateliers disparaissaient sous la végétation et l’oubli des hommes.
C’est pourtant l’activité minière, très importante au XIXe siècle, qui a modifié la structure de la commune, apporté
argent, travail et éducation... Mais Vialas, petit bourg rural dans le Parc national des Cévennes se sentait davantage
« espace naturel » que site industriel. En 2008, des amoureux du site de la mine et des passionnés d’histoire ont
créé le « Filon des Anciens », association de défense et de valorisation du patrimoine de Vialas. L’objectif principal
est de stopper l’effondrement des bâtiments de l’usine avant qu’elle ne disparaisse avec ses secrets... La composition
de l’association reflète bien les différentes thématiques liées au site : géologues, historiens, architectes, amoureux
de littérature ou de technique industrielle, toutes tranches d’âge représentées, résidents permanents et secondaires,
vacanciers etc. Très vite, l’association reçut de nombreux soutiens : en sus des habitants, le conseil municipal, les élus
départementaux, le Parc national des Cévennes. Longtemps dénigré, le passé industriel de Vialas est aujourd’hui
rassembleur. Un partenariat tripartite original – Filon des Anciens ; Parc national ; Mairie de Vialas – a permis à
Cécile Coustès de réaliser son stage de fin d’études sur la mine. Le montage financier du projet réunit l’État, la
Région et le Conseil général ; l’aide technique est fournie par le Parc national des Cévennes. L’histoire du réveil
de la mine de Vialas, au confluent entre enjeux patrimoniaux, historiques, culturels, touristiques, économiques,
politiques, illustre bien le nouvel intérêt porté à l’époque industrielle, devenue aujourd’hui objet patrimonial.
Mariette Émile
Souvenirs d’usine (1947-1974). Ce que les anciens de « La Jallatte » ont à nous dire.
La Société Jallatte, née en 1947 à Saint-Hippolyte-du-Fort, a connu une progression et un rayonnement
fulgurants. Elle a accompagné le développement industriel du piémont cévenol, et la reconversion du bassin minier
d’Alès d’après guerre. Cette histoire exceptionnelle est à la mesure de l’ambition, de l’énergie et de la volonté qui ont
animé, dès l’origine, son fondateur, et que celui-ci a su transmettre à l’ensemble de ses personnels. En effet, l’histoire
de cette société, telle qu’elle nous est contée par les anciens salariés, a des accents d’aventure. Il s’agit, au-delà de
l’histoire d’une entreprise, au-delà de celle d’une marque, de raconter comment, portés par leurs convictions, des
hommes et des femmes se sont mis en marche afin de construire, ensemble, leur propre destin. Comment chacun,
de sa place, reconnu et valorisé dans ses compétences propres, y a trouvé une source d’épanouissement professionnel
et personnel. Les témoignages rassemblés nous interpellent sur le rôle de la mémoire, nécessairement subjectif,
mais il permet également de prendre la mesure de ce qui se joue dans l’interrogation identitaire que porte en soi
l’introspection liée à une enquête sur le vécu. Précisément lorsque ce vécu dépasse largement les frontières de
l’usine, fondue dans la vie de la cité.
Philippe Rigoulot
Enquêter en milieu ouvrier : une approche ethno-cinématographique. L’exemple du site industriel
de Tamaris, Alès (2000-2002).
Comment l’ethnologue peut-il rendre compte de l’histoire sociale d’une entreprise pour en comprendre les
enjeux au présent ? Tel est l’objet de la présente communication qui s’appuie sur une étude d’anthropologie visuelle
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menée dans une fonderie d’acier gardoise située au nord de la ville d’Alès, sur le site industriel de Tamaris entre
2000 et 2002. En effet, comment remonter le fil de la mémoire de l’usine tandis que plus de cent cinquante ans
d’histoire industrielle mouvementée, ponctuée de périodes fastes, de crises, de faillites, de rachats et de changements
de propriétaires semblent alors compromettre toute entreprise de connaissance diachronique. Je reviendrai ici sur
la manière dont la consultation et la confrontation de sources de natures diverses tels que les documents d’archives
privés ou publics, des coupures de presse, mais aussi des photographies anciennes et des récits de vie m’ont permis
de rendre intelligible l’étroite imbrication des logiques sociales, techniques et économiques qui ont contribué à
façonner l’univers quotidien des salariés de l’entreprise aujourd’hui. Enfin, je conclurai cette intervention sur le
rôle joué par l’ethnologue lorsqu’en produisant un film ethnologique sur l’usine (Ouvriers de Tamaris, 76 min.) il
devient à son tour un « fabricant de mémoire visuelle et sonore », fixant ainsi une certaine représentation médiatique
du monde social enquêté.
Gilles Remillet
La céramique de l’Uzège dans les collections du musée Georges Borias à Uzès.
Inscrite dans la géologie de l’Uzège, la céramique y est une activité ancienne et dont certaines formes se
maintiennent encore aujourd’hui. Après un bref rappel du passé médiéval – en particulier pour les céramiques
de Saint-Quentin, diffusées à Avignon –, la communication présentera une synthèse rapide des connaissances
sur la production de céramique de l’Uzège, du XVIIe au XXe siècle. Seront abordées, l’extraction de la terre, la
production de poteries culinaires et d’ornement, de briques et tuiles, de pipes en terre, ainsi que de pièces à usage
industriel en terre réfractaire, dans différents sites : Saint-Victor-des-Oules, Saint-Quentin-la-Poterie, Serviers,
Uzès. L’intervention s’appuiera particulièrement sur les riches collections de céramique du musée Georges Borias à
Uzès.
Brigitte Chimier
Le Musée du Vieux-Nîmes, mémoire de l’industrie textile nîmoise.
Créé en 1920 à l’initiative du journaliste et érudit nîmois Henri Bauquier, avec un groupe de membres
« fondateurs-bienfaiteurs », le Musée du Vieux-Nîmes a pour but, comme l’indique le règlement constitutif, de
« surtout réunir les documents relatifs à l’histoire administrative de la ville et du département, à ses industries
particulières, à ses mœurs et ses coutumes. » Dans cette démarche, l’industrie textile tient une place particulière.
Un fonds se développe, s’enrichit. Ce riche département textile est désormais représentatif du rôle essentiel que la
fabrication et le commerce des étoffes ont tenu dans les activités économiques et industrielles nîmoises, à partir du
XVIIe siècle. Documents graphiques provenant de l’école de fabrication créée pour former des dessinateurs en tissu,
registres d’échantillons, produits finis tels que châles, tapis et tissus d’ameublement en passant par l’outillage, toutes
les étapes de la production sont évoquées et restituent la mémoire de ce riche passé industriel textile.
Aleth Jourdan
Le CAUE du Gard, un acteur privilégié de sensibilisation du public au patrimoine industriel gardois.
Les Conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) ont été créés par la loi sur
l’architecture de 1977. Leurs quatre missions principales sont le conseil, l’information, la formation et la
sensibilisation ; ils interviennent auprès de tous les publics. Le CAUE du Gard a conduit plusieurs actions de
sensibilisation relatives au patrimoine industriel local, qui concernent trois activités emblématiques du département :
l’industrie de la soie. En réponse à une demande du Conseil général, le CAUE a réalisé une étude du patrimoine
industriel des communes de Sommières, Lasalle et Saint-Ambroix, intitulée Mémoires d’industrie. Deux parcours
de découverte des filatures de soie ont été proposés aux collégiens du département. Le CAUE a également participé
au tournage d’une émission télévisée sur l’industrie de la soie. En partenariat avec l’Office de la culture d’Uzès, des
animations ont été proposées à des élèves du primaire sur le thème L’industrie de la soie dans l’Uzège aux XIXe et XXe
siècles, et un dossier thématique élaboré à destination des enseignants. Un parcours dans Uzès à la recherche des
anciennes filatures et la visite de la filature Vincent ont complété une journée de formation organisée à leur intention.
L’industrie de la pipe et des briques en terre à Saint-Quentin-la-Poterie. Sollicité par la Maison de la Terre, le CAUE
a réalisé un dossier thématique sur Saint-Quentin-la-Poterie qui présente l’histoire de ce village, « capitale locale de
la terre cuite ». Conçu à l’origine à des fins pédagogiques, ce document présente notamment des briqueteries ainsi
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que la passionnante histoire de la manufacture de Job Clerc qui exporta ses produits jusqu’en Amérique du Nord ;
il est complété par un circuit de découverte des vestiges de cette industrie. Le CAUE du Gard participe à la mise
en place du label « Villages de caractère » en participation avec le Conseil général et le Comité départemental du
tourisme. Dans ce cadre, il réalise des diagnostics des villages éligibles, complétés par des propositions de mise en
valeur. À Saint-Jean-de-Valériscle, village cévenol, l’accent a été mis sur l’intérêt patrimonial des vestiges miniers,
évocateurs d’un siècle d’activité économique.
Anne-Marie Llanta & Françoise Miller
Éléments de comparaison. Le patrimoine industriel et technique dans les Pyrénées-Orientales :
difficultés et espoirs de mise en valeur d’un passé dévalorisé.
Les Pyrénées-Orientales, département au contact entre le monde pyrénéen et la Méditerranée, appartient
à la fois aux aires d’influence catalane (au plan culturel et linguistique) et française (au plan politique) tandis qu’il
est rattaché administrativement à la région du Languedoc-Roussillon. L’image de cette région n’est guère liée à
l’industrie. Cela s’explique par des réalités évidentes. Elle a connu une forte désindustrialisation au milieu du
siècle dernier et apparaît aujourd’hui comme un espace dont l’économie est essentiellement tertiaire et agricole. Le
tourisme, principalement balnéaire et montagnard, y est très développé depuis les années 1960. Il dispose, outre
des atouts naturels de premier plan, d’un patrimoine culturel exceptionnel. Ces réalités expliquent donc une image
globale dans laquelle l’industrie n’a quasiment pas sa place. Tout semble converger pour que chacun pense que l’entrée
de la région dans la société industrielle ne s’est faite qu’à la marge : la spécialisation agricole, la consommation de
produits fabriqués ailleurs, la domination d’autres espaces par l’investissement capitalistique etc. Il n’y aurait donc
aucune place pour un hypothétique patrimoine de nature technique ou industriel qui, de toute manière, ne pourrait
être que marginal. Cette représentation est pourtant fausse. Des territoires de cette région ont compté parmi les
plus importants de l’industrie textile française aux XVIIIe et XIXe siècles (Carcassonne-Lodève-Ganges), de bassins
industriels d’envergure nationale comme le bassin mino-métallurgique d’Alès-La Grand-Combe, ou d’industries
urbaines diversifiées, à Nîmes surtout (chaussure, bonneterie etc.), mais aussi à Sète (chantiers navals, industries
chimiques), Lodève (textile), Béziers (construction et réparation ferroviaires), ou Perpignan (papier à cigarette),
sans oublier les importantes activités agroalimentaires (conserveries, Source Perrier, Salins du Midi, Byrrh etc.).
C’est omettre aussi que le Languedoc-Roussillon compte parmi les entreprises pionnières de l’énergie électrique ou
de l’industrie chimique au début du second processus d’industrialisation. L’historiographie régionale l’a largement
démontré et continue de le faire. Le département des Pyrénées-Orientales ne fait pas exception dans la région
Languedoc-Roussillon. C’est un bon exemple d’espace au sein duquel le patrimoine industriel et technique n’est pas
pris au sérieux dans l’ensemble de la société. Le Centre de Recherche Historique sur les Sociétés Méditerranéennes
(CRHiSM ea 2984) de l’Université de Perpignan Via Domitia travaille à un programme de recherche qui souhaite
mettre en avant l’importance de l’histoire économique de la région Languedoc-Roussillon, et plus particulièrement
des Pyrénées-Orientales, ainsi que les enjeux que représentent l’inventaire de son patrimoine technique et industriel
et sa mise en valeur. Cet objectif apparaît d’autant plus important qu’une urbanisation accélérée s’approprie des
territoires pour imposer un paysage post-industriel homogène, standardisé où, dans le meilleur des cas, la référence
au passé industriel est ponctuelle et anecdotique. Le contraste avec l’exemple de la mise en valeur du patrimoine
industriel catalan est frappant, notamment à travers le réseau du MNACTEC (Museu nacional de les ciences i
tecnique de Catalunya). Cette communication a pour objectif, à travers plusieurs exemples concrets, de faire le
point sur les difficultés diverses, mais aussi les raisons d’espérer qui peuvent être évoquées quant à la connaissance
et la mise en valeur de ce patrimoine dans les Pyrénées-Orientales.
Nicolas Marty & Esteban Castaner-Munoz
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Documents
I. Abbé Jean-Paul du Gua de Malvès, Projet d’ouverture et d’exploitation de minières
et mines d’or et autres métaux... aux environs de Cèze, du Gardon, de l’Erault..., Paris,
1764.
Nîmes, Carré d’Art Bibliothèque, 24 427. Cliché F. Pugnière
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II. Règlement des filatures Bertrand (Saint-Jean-du-Gard) pour les fileuses logées :
Article I. - Les fileuses doivent obéissance et soumission aux personnes chargées de les surveiller tant à la
maison qu’à la filature.
Art. II.
- Au premier coup de sirène, c’est-à-dire à 5 heures ½ du matin, les fileuses devront se lever et
procéder à leur toilette, afin d’arriver à la filature cinq minutes avant le commencement du
travail, c’est-à-dire à 6 heures précises.
Art. III. - Il est expressément défendu de manger ou de garder des comestibles dans le dortoir, qui doit
être tenu dans un état de propreté absolu. Toutes les semaines, deux ouvrières seront désignées
à tour de rôle par la surveillante, pour balayer les locaux et vider les eaux sales.
Art. IV.
- Les fenêtres des dortoirs devront être tenues ouvertes pendant la journée : les lits seront
découverts pour permettre l’aération de la literie jusqu’à 8 heures du matin.
Art. V.
- Pendant le repos du matin, de 8 à 9 heures, chaque ouvrière devra faire son propre lit, et
secouer avec soin les draps et couvertures.
Art. VI. - Pendant les repas les ouvrières peuvent se promener et se distraire dans la cour attenant à leur
logement : elles ne doivent aller en ville que pour faire les achats qui leur sont indispensables,
après en avoir obtenu l’autorisation de leur surveillante.
Art. VII.
- Il est absolument défendu d’aller en ville la nuit sous aucun prétexte. La porte de la maison
donnant sur la rue sera fermée à 6 heures l’hiver, à 8 heures l’été, celles donnant sur la cour
à 8 heures l’hiver, à 9 heures l’été. Celles qui, après les heures indiquées, iraient en ville
sans autorisation préalable de M. le Directeur, seraient congédiées et perdraient leur droit au
voyage aller et retour.
Art. VIII. - Conformément à l’article VII ci-dessus, seraient aussi renvoyées les ouvrières qui se feraient
remarquer par une tenue et une conduite peu convenables.
Art. IX.
- Après 9 heures du soir les lumières seront éteintes, tant au dortoir qu’au réfectoire, et les
ouvrières devront être couchées et garder le silence.
Art. X.
- Les ouvrières doivent assister aux offices le dimanche et les jours fériés.
Art. XI.
- Toute infraction au nouveau règlement sera sévèrement réprimée, soit par une amende, une
corvée supplémentaire ou l’exclusion.
Signé :
H. Bertrand
Coll. Musée des Vallées Cévenoles. Reproduit dans : Fabrice Sugier, Mineurs des Cévennes, Montpellier,
Espace Sud, 1993, p. 202.
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III. Manifeste des grévistes de la Grand-Combe aux travailleurs
Camarades,
Les mineurs de la Grand-Combe (Gard), font appel à vos sentiments de solidarité.
Obligés de se mettre en grève à la suite des diminutions constantes du chétif salaire quotidien et
des indignes prélèvements de la Compagnie sur le travail effectué, nous sommes décidés à aller jusqu’au
bout.
À la provocation armée, aux poursuites sans motif, aux arrestations illégales, nous avons opposé le
calme qui convient à des gens sûrs de leur droit.
À l’intimidation inouïe tentée sur nous par la police, l’administration, l’armée et notre toute
puissante Compagnie coalisées, nous avons opposé la ferme résolution de poursuivre nos revendications
reconnues justes par les esprits non prévenus et non intéressés.
On a répandu des mensonges intéressés, parfois officiels.
On a dit partout et télégraphié dans toutes les directions, que la grève était terminée, et cela dans
le but de décourager ceux qui voulaient venir à notre secours.
Il n’en est rien.
Nous sommes résolus à épuiser tous les moyens, à endurer toutes les souffrances plutôt que de
céder. En attendant l’émancipation totale de tous les exploités, en entendant [sic] que le prolétariat rentre
en possession de tous ses biens injustement détenus par la classe capitaliste, il nous faut poursuivre cette
lutte de classe, triompher, sur un point, des monopoleurs, en attendant que le parti ouvrier, solidement
constitué et conscient de son but, dise à tous les exploités :
Frères debout, en avant pour l’émancipation sociale.
La grève est la seule arme de résistance qui puisse être employée par les exploités. Nous l’avons
prise, non seulement pour nous, mais pour les résultats qu’elle pourra nous donner tout le temps présent,
mais aussi pour faire luire aux yeux de tous ceux qui croient à une communauté d’intérêts entre les
exploiteurs et les exploités cette éclatante vérité :
L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.
Camarades,
Il ya des femmes, il y a des enfants, pour le bien-être et l’émancipation desquels nous luttons ;
l’hiver s’avance et sera peut-être rude ; au nom de la solidarité ouvrière universelle, nous vous faisons
appel, certains que vous répondrez au cri d’alarme et de détresse que vous jettent vos frères opprimés du
bassin du Gard.
Recevez notre salut fraternel et égalitaire.
Le Comité de la grève. – Le Comité de secours. – La Chambre syndicale des Mineurs de la Grand-Combe.
– La Chambre syndicale des Travailleurs indépendants de la Grand-Combe. – Le cercle des Travailleurs
des Salles. – Le cercle de l’Union de Trescol. – Le cercle du Progrès. – Le cercle de l’Avenir. – Le cercle de
l’Avenir du Pradel. – Le cercle de l’Égalité des Taillades.
L. de l’Arbousset, « Les grèves du bassin d’Alès et les collectivistes révolutionnaires », Alès, 1882.
Reproduit dans : Fabrice Sugier, Mineurs des Cévennes, Montpellier, Espace Sud, 1993, p. 178.
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IV. Allons ! Braves mineurs. Chant de fête pour la Sainte-Barbe (air de la Marseillaise)
1er couplet
C’est aujourd’hui notre fête.
Braves mineurs, réveillons-nous.
N’écoutons pas ces fortes têtes
Qui voulaient nous mettre en courroux,
Nous faisant envisager les choses
Qui ne pouvaient jamais arriver.
Et maintenant, qu’aurions-nous fait,
Nous aurions pris les épines pour les roses.
Refrain
Allons ! braves mineurs,
La fleur des travailleurs,
Marchons, ça ira,
Marchons, ça viendra
La Grand’ Combe
Enfin prospèrera.
2e couplet
Pour nous, plus de meneurs de grèves,
De farouches perturbateurs,
Ni de ces semeurs de misères.
Nous voulons la paix et le bonheur,
Pour pouvoir élever nos familles,
Et faire vivre nos enfants.
Non dans l’exemple des méchants,
Ni de ces hommes perfides.
Refrain
Allons ! braves mineurs,
Plus de perturbateurs,
Marchons, ça ira
Marchons ça viendra
La Grand’ Combe
Enfin prospèrera.
3e couplet
Allons mineurs, soyons tous frères.
Unissons-nous, pour acclamer
Notre Directeur, ce bon père,
Qui nous a fait tant de bienfaits,
Nous a sortis de la misère,
Où on nous voulait faire entrer.
Nous a donné la liberté.
Acclamons donc, ce bon père.
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Refrain
Allons ! braves mineurs,
Vive notre Directeur,
Marchons, ça ira
Marchons, ça viendra
La Grand-Combe
Enfin prospèrera.
4e couplet
Honneur à nos chefs de service,
À nos braves ingénieurs.
Ils ont fait de grands sacrifices,
Pendant ces quelques mois de terreur
Avec un courage sublime,
Ils ont lutté pour les ouvriers,
Pour pouvoir les empêcher,
De tomber dans ce cruel abîme.
Refrain
Allons ! braves mineurs,
Vive nos ingénieurs,
Marchons, ça ira,
Marchons, ça viendra
La Grand’ Combe
Enfin prospèrera.
Fin
Reproduit dans : Fabrice Sugier, Mineurs des Cévennes, Montpellier, Espace Sud, 1993, p. 68.
V. Extraits de Sans famille d’Hector Malot
[...] Mais, pour vous raconter cette effroyable catastrophe des mines de la Truyère, telle qu’elle
a eu lieu, je dois vous dire maintenant comment elle s’était produite et quels moyens les ingénieurs
employaient pour nous sauver.
Lorsque nous étions descendus dans la mine, le lundi matin, le ciel était couvert de nuages sombres
et tout annonçait un orage. vers sept heures cet orage avait éclaté, accompagné d’un véritable déluge. Les
nuages qui traînaient bas s’étaient engagés dans la vallée tortueuse de la Divonne et, pris dans ce cirque
de collines, ils n’avaient pas pu s’élever au-dessus ; tout ce qu’ils renfermaient de pluie, ils l’avaient versé
sur la vallée ; ce n’était pas une averse, c’était une cataracte, un déluge. En quelques minutes les eaux de
la Divonne et des affluents avaient gonflé, ce qui se comprend facilement, car, sur un sol de pierre, l’eau
n’est pas absorbée, mais, suivant la pente du terrain, elle roule jusqu’à la rivière. Subitement les eaux de
la Divonne coulèrent à pleins bords dans son lit escarpé, et celles des torrents de Saint-Andéol et de la
Truyère débordèrent. Refoulées par la crue de la Divonne, les eaux du ravin de la Truyère ne trouvèrent
pas à s’écouler, et alors elles s’épanchèrent sur le terrain qui recouvre les mines. Ce débordement s’était
fait d’une façon presque instantanée ; mais les ouvriers du dehors occupés au lavage du minerai, forcés
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par l’orage de se mettre à l’abri, n’avaient couru aucun danger. Ce n’était pas la première fois qu’une
inondation arrivait à la Truyère, et, comme les ouvertures des trois puits étaient à des hauteurs où les eaux
ne pouvaient pas monter, on n’avait aucune inquiétude que de préserver les amas de bois qui se trouvaient
préparés pour servir au boisage des galeries.
C’était à ce soin que s’occupait l’ingénieur de la mine, lorsque tout à coup il vit les eaux tourbillonner
et se précipiter dans un gouffre qu’elles venaient de se creuser. Ce gouffre se trouvait sur l’affleurement
d’une couche de charbon.
Il n’a pas besoin de longues réflexions pour comprendre ce qui vient de se passer : les eaux se sont
précipitées dans la mine, et le plan de la couche leur sert de lit ; elles baissent au-dehors ; la mine va être
inondée, elle va se remplir ; les ouvriers vont être noyés.
Il court au puits Saint-Julien et donne des ordres pour qu’on le descende. Mais, prêt à mettre le
pied dans la benne, il s’arrête. On entend dans l’intérieur de la mine un tapage épouvantable : c’est le
torrent des eaux.
« Ne descendez pas », disent les hommes qui l’entourent en voulant le retenir.
Mais il se dégage de leur étreinte et, prenant sa montre dans son gilet :
« Tiens, dit-il en la remettant à l’un de ces hommes, tu donneras ma montre à ma fille, si je ne
reviens pas. »
Puis, s’adressant à ceux qui dirigent la manœuvre des bennes :
« Descendez », dit-il.
La benne descend ; alors, levant la tête vers celui auquel il a remis sa montre :
« Tu lui diras que son père l’embrasse. »
La benne est descendue. L’ingénieur appelle. Cinq mineurs arrivent. Il les fait monter dans la
benne. Pendant qu’ils sont enlevés, il pousse de nouveaux cris, mais inutilement ; ses cris sont couverts
par le bruit des eaux et des effondrements.
Cependant les eaux arrivent dans la galerie, et à ce moment l’ingénieur aperçoit des lampes. Il
court vers elles ayant de l’eau jusqu’aux genoux et ramène trois hommes encore. La benne est redescendue,
il les fait placer dedans et veut retourner au-devant des lumières qu’il aperçoit. Mais les hommes qu’il a
sauvés l’enlèvent de force et le tirent avec eux dans la benne en faisant le signal de remonter. Il est temps,
les eaux ont tout envahi.
Ce moyen de sauvetage est impossible. Il faut recourir à un autre. Mais lequel ? Autour de lui il
n’a presque personne. Cent cinquante ouvriers sont descendus, puisque cent cinquante lampes ont été
distribuées le matin ; trente lampes seulement ont été rapportées à la lampisterie, c’est cent vingt hommes
qui sont restés dans la mine. Sont-ils morts ? sont-ils vivants ? ont-ils pu trouver un refuge ? Ces questions
se posent avec une terrible angoisse dans son esprit épouvanté.
Au moment où l’ingénieur constate que cent vingt hommes sont enfermés dans la mine, des
explosions ont lieu au-dehors en différents endroits ; des terres, des pierres sont lancées à une grande
hauteur ; les maisons tremblent comme si elles étaient secouées par un tremblement de terre. Ce
phénomène s’explique pour l’ingénieur : les gaz et l’air, refoulés par les eaux, se sont comprimés dans les
remontées sans issues, et là où la charge de terre est trop faible, au-dessus des affleurements, ils font éclater
l’écorce de la terre comme les parois d’une chaudière. La mine est pleine ; la catastrophe est consommée.
Et le travail de sauvetage commence. Trouvera-t-on un seul survivant parmi ces cent vingt
hommes ? Le doute est puissant, l’espérance est faible. mais peu importe. En avant !
Des bennes d’épuisement sont installées dans les trois puits et elles ne s’arrêteront plus ni jour ni
nuit, jusqu’au moment où la dernière goutte d’eau sera versée dans la Divonne.
En même temps on commence à creuser des galeries. Où va-t-on ? on ne sait trop ; un peu au
hasard, mais on va. Il y eut divergence dans le conseil des ingénieurs sur l’utilité de ces galeries qu’on
doit diriger à l’aventure, dans l’incertitude où l’on est sur la position des ouvriers encore vivants ; mais
l’ingénieur de la mine espère que les hommes auront pu se réfugier dans les vieux travaux, où l’inondation
n’aura pas pu les atteindre, et il veut qu’un percement direct, à partir du jour, soit conduit vers ces vieux
travaux, ne dût-on sauver personne.
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Ce percement est mené sur une largeur aussi étroite que possible, afin de perdre moins de temps et
un seul piqueur est à l’avancement ; le charbon qu’il abat est enlevé au fur et à mesure, dans des corbeilles
qu’on se passe en faisant la chaîne ; aussitôt que le piqueur est fatigué, il est remplacé par un autre. Ainsi,
sans repos et sans relâche, le jour comme la nuit, se poursuivent simultanément ces doubles travaux :
l’épuisement et le percement.
Si le temps est long pour ceux du dehors qui travaillent à notre délivrance, combien plus long
encore l’est-il pour nous, impuissants et prisonniers, qui n’avons qu’à attendre sans savoir si l’on arrivera
à nous assez tôt pour nous sauver !
Le bruit des bennes d’épuisement ne nous maintint pas longtemps dans la fièvre de joie qu’il nous
avait tout d’abord donnée. La réaction se fit avec la réflexion. Nous n’étions pas abandonnés, on s’occupait
de notre sauvetage, c’était là l’espérance ; l’épuisement se ferait-il assez vite ? c’était là l’angoisse.
Aux tourments de l’esprit se joignaient d’ailleurs maintenant les tourments du corps. La position
dans laquelle nous étions obligés de nous tenir sur notre palier était des plus fatigantes ; nous ne pouvions
plus faire de mouvements pour nous dégourdir, et nos douleurs de tête étaient devenues vives et gênantes.
[...] Si tout ne marcha pas bien et vite comme l’espérait Pagès, ce ne fut pas la faute des ingénieurs
et des ouvriers qui travaillaient à notre sauvetage.
La descente qu’on avait commencé à creuser avait été continuée sans une minute de repos. Mais
le travail était difficile.
Le charbon à travers lequel on se frayait un passage était ce que les mineurs appellent nerveux,
c’est-à-dire très dur, et, comme un seul piqueur pouvait travailler à cause de l’étroitesse de la galerie, on
était obligé de relayer souvent ceux qui prenaient ce poste, tant ils mettaient d’ardeur à la besogne les uns
et les autres.
En même temps l’aérage de cette galerie se faisait mal ; on avait, à mesure qu’on avançait, placé
des tuyaux en fer-blanc dont les joints étaient lutés avec de la terre glaise ; mais, bien qu’un puissant
ventilateur à bras envoyât de l’air dans ces tuyaux, les lampes ne brûlaient que devant l’orifice du tuyau.
Tout cela retardait le percement, et, le septième jour depuis notre engloutissement, on n’était
encore arrivé qu’à une profondeur de vingt mètres. Dans les conditions ordinaires, cette percée eût
demandé plus d’un mois ; mais, avec les moyens dont on disposait et l’ardeur déployée, cela devait aller
plus vite.
Il fallait d’ailleurs tout le noble entêtement de l’ingénieur pour continuer ce travail, car, de l’avis
unanime, il était malheureusement inutile. Tous les mineurs engloutis avaient péri. Il n’y avait désormais
qu’à continuer l’épuisement au moyen des bennes, et, un jour ou l’autre, on retrouverait tous les cadavres.
Alors de quelle importance était-il d’arriver quelques heures plus tôt ou quelques heures plus tard ?
C’était là l’opinion des gens compétents aussi bien que du public ; les parents eux-mêmes, les
femmes, les mères, avaient pris le deuil. Personne ne sortirait plus vivant de la Truyère.
Sans ralentir les travaux d’épuisement qui marchaient sans autres interruptions que celles qui
résultaient des avaries dans les appareils, l’ ingénieur, en dépit des critiques universelles et des observations
de ses confrères ou de ses amis, faisait continuer la descente.
Il y avait en lui l’obstination, la foi généreuse qui fit trouver un nouveau monde à Colomb.
« Encore un jour, mes amis, disait-il aux ouvriers, et, si demain nous n’avons rien de nouveau,
nous renoncerons ; je vous demande pour vos camarades ce que je demanderais pour vous, si vous étiez à
leur place. »
La confiance qui l’animait passait dans le cœur de ses ouvriers, qui arrivaient ébranlés par les bruits
de la ville et qui partaient partageant ses convictions.
Et avec un ensemble, une activité admirables, la descente se creusait.
D’un autre côté, il faisait boiser le passage de la lampisterie qui s’était éboulé dans plusieurs
endroits, et ainsi, par tous les moyens possibles, il s’efforçait d’arracher à la mine son terrible secret et ses
victimes, si elle en renfermait encore de vivantes.
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Le septième jour, dans un changement de poste, le piqueur qui arrivait pour entamer le charbon
crut entendre un léger bruit, comme des coups frappés faiblement ; au lieu d’abaisser son pic il le tint
levé et colla son oreille au charbon. Puis, croyant se tromper, il appela un de ses camarades pour écouter
avec lui. Tous deux restèrent silencieux, et, après un moment, un son faible, répété à intervalles réguliers,
parvint jusqu’à eux.
Aussitôt la nouvelle courut de bouche en bouche, rencontrant plus d’incrédulité que de foi, et
parvint à l’ingénieur, qui se précipita dans la galerie.
Enfin, il avait donc eu raison ! il y avait là des hommes vivants que sa foi allait sauver !
L’ingénieur fit sortir ceux qui l’avaient suivi et même tous les ouvriers qui faisaient la chaîne pour
porter les déblais, ne gardant auprès de lui que les deux piqueurs.
Alors ils frappèrent un appel à coups de pic fortement assenés et régulièrement espacés, puis,
retenant leur respiration, ils se collèrent contre le charbon.
Après un moment d’attente, ils reçurent dans le cœur une commotion profonde : des coups
faibles, précipités, rythmés, avaient répondu aux leurs.
« Frappez encore à coups espacés pour être bien certains que ce n’est point la répercussion de vos
coups. »
Les piqueurs frappèrent, et aussitôt les mêmes coups rythmés qu’ils avaient entendus, c’est-à-dire
le rappel des mineurs, répondirent aux leurs.
Le doute n’était plus possible : des hommes étaient vivants, et l’on pouvait les sauver.
Les sons perçus étaient si faibles qu’il était impossible de déterminer la place précise d’où ils
venaient. Mais l’indication, cependant, était suffisante pour dire que des ouvriers échappés à l’inondation
se trouvaient dans une des trois remontées de la galerie plate des vieux travaux. Ce n’est plus une descente
qui ira au-devant des prisonniers, mais trois, de manière à arriver aux trois remontées. Lorsqu’on sera plus
avancé et qu’on entendra mieux, on abandonnera les descentes inutiles pour concentrer les efforts sur la
bonne.
Le travail reprend avec plus d’ardeur, et c’est à qui des compagnies voisines enverra à la Truyère
ses meilleurs piqueurs. À l’espérance résultant du creusement des descentes se joint celle d’arriver par la
galerie, car l’eau baisse dans le puits.
[...] Les coups de pic devinrent moins forts. Évidemment on s’attendait d’un moment à l’autre à
faire une percée, et, comme nous avions expliqué notre position, on craignait de causer un éboulement
qui, nous tombant sur la tête, pourrait nous blesser, nous tuer, ou nous précipiter dans l’eau, pêle-mêle
avec les déblais.
Le magister nous explique qu’il y a aussi à craindre l’expansion de l’air, qui, aussitôt qu’un trou
sera percé, va se précipiter comme un boulet de canon et tout renverser. Il faut donc nous tenir sur nos
gardes et veiller sur nous comme les piqueurs veillent sur eux.
L’ébranlement causé au massif par les coups de pic détachait dans le haut de la remontée de petits
morceaux de charbon qui roulaient sur la pente et allaient tomber dans l’eau.
Chose bizarre, plus le moment de notre délivrance approchait, plus nous étions faibles ; pour moi,
je ne pouvais pas me soutenir, et, couché dans mon charbon menu, il m’était impossible de me soulever
sur le bras ; je tremblais et cependant je n’avais plus froid.
Enfin, quelques morceaux plus gros se détachèrent et roulèrent entre nous. L’ouverture était faite
au haut de la remontée ; nous fûmes aveuglés par la clarté des lampes.
Mais instantanément nous retombâmes dans l’obscurité ; le courant d’air, un courant d’air terrible,
une trombe, entraînant avec elle des morceaux de charbon et des débris de toutes sortes, les avait soufflées.
« C’est le courant d’air, n’ayez pas peur, on va les rallumer au-dehors. Attendez un peu. »
Attendre ! Encore attendre !
Mais au même instant un grand bruit se fit dans l’eau de la galerie, et, m’étant retourné, j’aperçus
une forte clarté qui marchait sur l’eau clapoteuse.
« Courage ! courage ! » criait-on.
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Et pendant que par la descente on arrivait à donner la main aux hommes du palier supérieur, on
venait à nous par la galerie.
L’ingénieur était en tête ; ce fut lui qui le premier escalada la remontée, et je fus dans ses bras avant
d’avoir pu dire un mot..
Il était temps, le cœur me manqua.
Cependant j’eus conscience qu’on m’emportait ; puis, quand nous fûmes sortis de la galerie plate,
qu’on m’enveloppait dans des couvertures.
Je fermai les yeux, mais bientôt j’éprouvai comme un éblouissement qui me força à les ouvrir.
C’était le jour. Nous étions en plein air. [...]
Hector Malot, Sans famille, Paris, Le Livre de poche, 2011, p. 246-250 ; 255-257 ; 265-266.
VI. Carte des chemins de fer
L’Illustrazione Italiana, 26 août 1893.
VII. Bessèges l’écorchée par Jean-Pierre Chabrol (*)
La petite ville a pris le train pour aller se plaindre à la sous-préfecture. Deux mille personnes d’un
coup (sont restés au chaud les papés, les bébés, la gare n’avait jamais vu ça). Trente kilomètres, et débarque
en Alès à 14 h. 30, le vendredi 12 janvier 1979, cette foule rare, compacte, transie, derrière ses élus, ses
responsables, socialistes et communistes, C.G.T. et C.F.D.T.. Un silence, une famille en deuil. J’étais là,
sur le trottoir ; j’aurais voulu manifester parmi eux, j’ai pas osé, je n’avais pas, moi, la lame sur le cou. Au
bord d’une tombe, on serre les mains ; on ne se met pas sur les rangs. En tête, un haut-parleur à main
lançait des mots d’ordre que personne ne reprenait. Gorges bloquées. Des condamnés. Pour quel crime,
de quel droit ?
Le peuple, oui. Gueules taciturnes mais parlantes. les pue-la-sueur, les durs-au-labeur, les
économes, les probes, les exacts, la main d’œuvre rêvée ! Ils ont bossé, payé leurs impôts, accompli leur
service, fréquenté la voisine, fondé un foyer, élevé ces gosses qui les suivent, fait chanter chaque année la
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Grand-Rue pour la fête, le premier dimanche de septembre... Ils sont une petite civilisation chaleureuse,
irremplaçable.
Et les voici obligés de se traîner dans les rues, de supplier, de se battre, mais pourquoi, vingt dieux,
après tant d’années, pour aller s’éclater à Tahiti ? Non, pour continuer, tout bêtement, pour garder le droit
d’aller s’user les forces et le tempérament dans une usine dégueulasse pour 2 100 F par mois. Et on les
traite de quémandeurs ! On parle de leur « donner » du travail ou non, on se permet de leur jeter : « C’est
ça ou rien. » À la rigueur, on les plaint, forme de pitié, mépris : « C’est la faute à pas d’chance, mes pauv’s
amis... »
Bessèges, dans le Gard, bloquée au fond de sa vallée, traquée, ses cinq mille deux cents habitants
le dos au mur.
La dernière de nos petites cités à vivre encore un peu. Molières, Rochessadoule, Le Martinet,
Robiac, Saint-Florent (j’en cite encore ?), toutes assassinées, mines fermées, condamnées en avril 1951 par
la création de la Communauté du charbon et de l’acier, premier acte d’une Europe des trusts qui ne cesse
de grandir et d’écraser. Depuis, dix mille mineurs du pays se sont expatriés. Restait Vallourec.
Le 8 janvier, meilleurs vœux, le directeur de cette usine de tubes annonce cinquante licenciements
sur quatre cent sept salariés. La petite ville sursaute. Le curé Kowalski sonne le tocsin. Les commerçants
baissent le rideau.
Mais on est raisonnable, dans la cité ouvrière :
« Allons, monsieur le directeur, si le sacrifice de cinquante camarades permet à l’usine de survivre, si
vous prenez l’engagement, pour les trois cent cinquante qui restent...
- Non. »
C’est donc bien le commencement de la fin, ça se sentait, mais on est toujours prêt à croire que...
- Non ! Que voulez-vous ! Depuis 1974, l’Italie, et surtout l’Espagne bradent leurs tubes à 1, 60
F le kilo, contre 2 F pour les nôtres...
Pendant ce temps, à quelque 100 kilomètres de là, à Paulhan, près de Montpellier, le directeur
d’Irrifrance (usine Vallourec à 98 %) se plaint pareillement des produits espagnols, il vient de licencier
soixante-neuf salariés sur quatre cents... « Manqu’de bol, les gars. »
Qu’ils disent, les directeurs. Ce qu’ils ne disent pas : les usines de tubes espagnols et italiens,
Tubacex, la CICA près de Saragosse, l’IBERSA, près de Barcelone, tout ça fait partie de la grande famille
Vallourec, énorme multinationale (trust Denain, Norest, Longwy) qui, en plus, contrôle l’ensemble
du commerce des tubes étrangers en France. Un vrai scandale ! M. Monory, ministre de l’économie, a
dénoncé dans un lettre du 31 mai 1978 cette « entente illicite », espèce de fabuleux racket pratiqué aussi
par les trusts pétroliers. Bref, on joue une de ses propres usines contre une autre, pour se déplacer vers les
contrées attardées où les salaires et les avantages sociaux sont au plus bas.
La belle Europe qu’on nous définit par « la libre circulation des capitaux et des hommes », dans
l’ordre, Vallourec la pratique déjà, très discrètement.
« Mais, tout de même, monsieur le directeur, nous voudrions consulter le bilan !
- À Bessèges, Vallourec n’établit pas de bilan.
- Pas possible ! Mais, alors, comment vous savez que notre entreprise est en déficit ?
- On procède par déduction avec les autres usines Vallourec.
- Alors, les autres établissent un bilan ?
- Non. »
On les a usés, on les vire, on se fout d’eux. Ce dialogue entre le représentant de quatre cents pères
de famille à 2 100 F par mois et le représentant de Vallourec, vingt usines et quinze mille neuf cents
salariés (rien que pour le France), 2 milliards d’anciens francs de bénéfices en 1973, le double en 1974, le
sextuple en 1975, bizarrement tombé en déficit pour 1977 et qui distribue cependant, cette même année,
5 milliards de bénéfices à ses actionnaires.
Paisiblement, méthodiquement, le trust retire ses billes du Midi de la France. Il remplira ce vide
avec les tubes qu’il fabrique en Espagne et en Italie. Autour d’un tapis vert, des messieurs, qui n’ont jamais
vu Bessèges rayent la ville de la carte, l’œil sur les graphiques trilingues. Les Bességeois ont fait grève, ont
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occupé l’usine, retenu le directeur dans son bureau pendant vingt-quatre heures, alors nos sages supersupranationaux de mon fric ont mandé au tribunal d’Alès, MM. de Bouteille et Guillo, hauts cadres
spécialisés dans les conflits sociaux, des experts, de vrais professionnels.
Vallourec fermé ? Bessèges verra supprimer sa voie ferrée, partir ses instituteurs. Ses commerces,
passés de deux cent onze à cent quarante-six, en moins de trois ans, disparaîtront presque totalement.
Pourtant, il y a des solutions conditionnées par l’autonomie régionale. L’Occitanie consomme
9 000 tonnes de tubes par mois, Bessèges n’en fabrique que 8 900 tonnes. La région a besoin de ces
tubes, elle sait et peut les fabriquer sans passer par Paris ou Bruxelles. Et elle le prouve : malgré l’écrasante
concurrence étrangère, et surtout celle de Vallourec (qui obtient de sa bonne parente Usinor la matière
première à des prix tellement avantageux que le contribuable doit renflouer ce trust métallurgique), malgré
les calculs sur l’Europe et la comète, en dépit de toute raison d’État, de petites industries de tubes se sont
installées, Tubindustrie à Sénas, près de Salons [sic], Richier à Cavaillon, Fournier à Mollegrasse, près
d’Aubagne, et elles vivent, dans le pays, et ça vit, tout autour...
Vallourec doit avoir des plans planétaires, qui peut se permettre de refuser un marché de 5 milliards
annuels pour la Chine.
Le cortège au pas de corbillard se rend à la sous-préfecture. Là, une délégation des « 2 100 F » est
reçue par qui, bof ! par un qui n’y peut rien, un dont c’est le métier d’administrer au nom du pouvoir,
calmer ou tancer, dressé pour, il vient d’ailleurs, partira pour ailleurs, en avancement si ses notes sont
bonnes. Pour lui, un mauvais moment à passer, délicat. Nous, on reste. Venez quand vous voudrez, notre
tombe est ici.
Point de vue publié à la page 39 du journal Le Monde, le 26 janvier 1979.
(*) Jean-Pierre Chabrol, écrivain, est l’auteur avec Robert Lafont et Emmanuel Maffre-Baugé du manifeste
occitan Mon païs escorjat (« Mon pays écorché ») contre l’Europe des trusts et pour l’autonomie régionale
qui a recueilli à ce jour plus de trois mille signatures.
Fêtes de Bessèges à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Coll. F. Pugnière
33
VIII. La fourmi et la cigale
34
Orientation bibliographique
Cette synthèse comprend des ouvrages généraux ainsi que des études pour le Gard et les
départements voisins. Ont été jointes des références à d’autres régions et pays, à des problématiques
voisines. Le cas échéant, mention est faite de résumés ou éditions électroniques. Une courte webographie
a été ajoutée. Une sélection complémentaire est consultable sur le blog de la SHMCNG.
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Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardennes :
http://www.patrimoineindustriel-apic.com/N/i22.html
Association Mémoire et industrie en Provence : http://sites.univ-provence.fr/~wmip/index.htm
Associations de la Fédération patrimoine-environnement :
http://www.associations-patrimoine.org/actualite.php
Témoignages sur le patrimoine industriel et technique European Routes of Industrial Heritage : http://www.erih.net/fr/bienvenue.html
Patrimoine minier français et mondial, photographies : http://www.patrimoine-minier.fr/index.html
Le Canal du Midi : http://www.canaldumidi.com/
Ressources sur le patrimoine dans le Gard Conseil d’urbanisme, d’architecture et d’environnement du Gard (CAUE) : http://www.caue30.fr/
Cévennes Magazine, revue du patrimoine : http://www.cevennesmagazine.com/contact.php
Patrimoine 30, Fédération archéologique et historique du Gard (P. Valette éd.) : http://www.fahg.fr/
Danielle Bertrand-Fabre
40
Société d’Histoire Moderne et Contemporaine
de Nîmes et du Gard
F
ondée en 1980, la Société d’Histoire Moderne et Contemporaine de Nîmes, qui se proposait
de « susciter, encourager et diffuser les recherches portant sur l’histoire de Nîmes et de sa région du XVIe siècle
au XXe siècle » (art. 2 des statuts), est la plus jeune des sociétés savantes nîmoises. Sa création permettait,
aux côtés de l’École Antique, née en 1920, et spécialisée dans les questions portant sur l’Antiquité et le
Moyen Âge, de couvrir la totalité du champ historique ; ajoutons qu’elle assume en partie l’héritage de
la Société d’Histoire et d’Archéologie de Nîmes qui, de 1933 au Second Conflit mondial, remplit cette
fonction.
En 1998, afin de prendre en compte les sujets et les travaux portant sur le Gard et en prévision du
changement de siècle et de millénaire, sa dénomination changea ; elle s’appelle depuis : Société d’Histoire
Moderne et Contemporaine de Nîmes et du Gard (SHMCNG).
Elle organise chaque année sept à huit conférences et une à deux excursions, qui mènent ses
adhérents à la découverte du patrimoine gardois ou à celle d’expositions en relation avec son objet
d’étude. La société édite également chaque année la Revue d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes
et du Gard, réservée prioritairement à nos adhérents (128 à 156 pages).
Colloques organisés par la SHMCNG
1982 : Nîmes au temps des révolutions 1789-1848.
1989 : Religion, révolution et contre-révolution dans le Midi.
1992 : La République en Languedoc 1792-1958.
1995 : Le Fort de Nîmes. De la citadelle à l’Université.
2000 : Nîmes et le Gard Fins de siècle 1500-2000.
2005 : Les cultures politiques à Nîmes et dans le Bas-Languedoc oriental du XVIe siècle aux années 1970.
2008 : François Guizot (1787-1874) : Passé – Présent.
2013 : Archéologie et patrimoine industriels en Bas-Languedoc oriental, des années Colbert aux
années Pompidou... (en préparation)
Colloques organisés en participation 1981 : Le Jardin de la Fontaine (avec l’École Antique et l’Association française de karstologie).
1985 : Jean-François Séguier (1703-1784). Un Nîmois au siècle des Lumières (avec l’Académie de
Nîmes).
1987 : Les Rabaut, du Désert à la Révolution (avec la Société d’histoire du protestantisme).
2003 : Jean-François Séguier (1703-1784) Un savant nîmois dans l’Europe des Lumières (avec la Fédération
pour l’Institut Jean-François Séguier).
Archives départementales
365 rue du Forez
30 000 Nîmes
[email protected]
http://shmcng.canalblog.com/
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Intérieur de filature (Maison rouge, Saint-Jean-du-Gard).
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Couverture : Maison rouge (Saint-Jean-du-Gard), Intérieur de filature, Gare de Tamaris, Chevalement de la Grand-Combe