La surprise d`une nuit d`amour

Transcription

La surprise d`une nuit d`amour
1.
Depuis combien de temps Damaso n’avait‑il pas senti
son pouls s’accélérer à la vue d’une femme ?
Il avait pourtant eu bien des femmes à ses pieds,
avant même de gagner son premier million. Au début,
ses conquêtes avaient surtout été des touristes, mais
ensuite, les mannequins, les actrices et autres divas
avaient défilé dans ses bras. Cependant, aucune femme
ne l’avait jamais troublé de cette manière.
Pour une fois, elle était seule, sans sa cour habituelle.
Il avait eu la surprise de la trouver accroupie, en train
de photographier des fleurs tropicales. Elle était si
absorbée par sa tâche qu’elle n’avait même pas remarqué
sa présence.
Damaso était habitué à être regardé, mais elle ne
semblait pas lui accorder la moindre attention. Lui, en
revanche, sentait son regard se diriger impérieusement
vers elle. Une seule fois, elle lui avait souri, mais elle
souriait à tout le monde.
Intrigué, il s’approcha. Faisait‑elle exprès de l’ignorer
pour piquer sa curiosité ?
Dès le premier jour, lorsqu’elle lui était apparue, le
visage ruisselant mais radieux, après une descente en
rafting, il avait cru sentir entre eux un lien mystérieux.
Il était naturellement attiré par son énergie débordante,
par son audace, mais aussi par son rire diablement sexy.
Elle ne reculait devant aucune des épreuves de ce trek
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en pleine jungle pour milliardaires en mal de sensations
fortes.
— Marisa, vous voilà ! Je vous ai cherchée partout !
s’exclama Bradley Saltram en jaillissant des sous-bois.
Damaso serra les dents en voyant ce jeune génie de
l’informatique, à peine sorti de l’adolescence et déjà à
la tête d’une immense fortune, s’approcher de trop près
de la jeune femme.
— Bradley ! Je me demandais justement où vous
étiez passé.
Le jeune homme sourit béatement et lui tendit la main
pour l’aider à se relever, ce dont elle n’avait manifestement pas besoin. Elle le remercia d’un sourire, ce qui
eut le don d’agacer Damaso sans qu’il puisse expliquer
pourquoi. Il serra les poings et dut se retenir de passer
l’envie à ce blanc-bec de continuer son manège.
Elle flirtait presque ouvertement avec ce Bradley.
Après un éclat de rire, elle le laissa passer devant elle
sur le sentier.
Avec son short et ses chaussures de randonnée, ses
jambes semblaient interminables, songea-t‑il en détaillant
sa silhouette. Sa longue queue-de-cheval se balançait au
rythme de ses pas. Cela faisait une semaine qu’il rêvait
de caresser ses cheveux dorés, qui semblaient si soyeux.
La princesse Marisa de Bengarie était précédée d’une
réputation un peu sulfureuse. La presse à scandale la
disait capricieuse et inconséquente, et racontait qu’elle
dilapidait son héritage pour profiter au maximum de
la vie. Elle ne correspondait pas vraiment à l’image
stéréotypée des princesses de conte de fées.
Elle semblait flirter avec tous les hommes qui participaient à ce trek, sauf lui. Il songea avec satisfaction
que cela pouvait jouer en sa faveur.
Elle était exactement ce dont il avait besoin. Les
jeunes femmes faussement naïves ne l’intéressaient
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pas, et il ne voulait pas non plus d’une maîtresse trop
envahissante. Une brève aventure avec elle pimenterait
agréablement ses vacances, se dit‑il avec un sourire, en
la suivant sur le sentier.
Marisa s’arrêta un instant pour sentir la brume fraîche
de la cascade sur son visage. Son sang battait dans ses
tempes et ses jambes tremblaient de fatigue et d’adrénaline tandis qu’elle s’agrippait à la paroi de la falaise.
Voilà ce qu’elle voulait ! Se perdre dans l’effort physique et oublier…
— Marisa ! Par ici !
Elle tourna la tête. Bradley Saltram la contemplait
depuis un promontoire, un sourire triomphant aux lèvres.
— Bravo, vous avez réussi ! J’étais sûre que vous y
arriveriez.
Bradley lui avait confié sa peur du vide, c’est pourquoi
cette escalade relativement aisée était déjà une victoire
pour lui. Juan, leur guide, l’avait tout de même muni de
tout l’équipement de sécurité et le suivait de près.
Marisa avait du mal à soutenir le regard brillant
d’excitation du jeune homme. Quand il souriait ainsi,
heureux et fier, il lui rappelait douloureusement Stefan.
Ce dernier partageait avec elle le goût de l’aventure
et refusait comme elle les contraintes du monde dans
lequel ils étaient contraints d’évoluer. Stefan réussissait
toujours à lui faire oublier ses malheurs avec un sourire
et un trait d’humour.
Elle chassa les larmes qui lui montaient aux yeux et
se détourna du jeune homme, qui n’avait pas la moindre
idée de la peine qu’il ravivait en elle. Ce n’était pas le
moment de craquer.
Elle adressa à Bradley un sourire forcé.
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— Je vous rejoins en bas, dit‑elle. Je voudrais juste
jeter un œil à la cascade.
Elle n’attendit pas sa réponse et se remit à grimper
avec agilité, trouvant sans cesse de nouvelles prises pour
ses mains et ses pieds sur la paroi glissante.
Elle avait besoin de se concentrer sur ce défi, et sur
l’effort physique qu’il exigeait, pour tout oublier pendant
quelques instants.
Elle était arrivée plus haut que prévu, mais ses membres
enchaînaient les mouvements malgré elle, ignorant les
avertissements de Juan, un peu plus bas.
Les chutes d’eau étaient plus violentes à cet endroit, la
roche n’était plus simplement humide, mais ruisselante.
Marisa se laissa absorber par le grondement grave et
hypnotisant de la cascade, comme pour se débarrasser
de ses émotions.
Un peu plus à gauche, elle aperçut le rocher dont Juan
leur avait parlé : un garçon trop intrépide y était monté
pour faire l’impossible plongeon jusqu’au bassin en
contrebas. Elle fit une pause, gagnée par la tentation non
de commettre un exploit, mais de sombrer dans l’oubli.
Elle n’avait pas spécialement envie de mourir, mais
jouer avec le danger était le seul moyen qu’elle avait
trouvé pour se sentir vivante et croire à la possibilité
d’un avenir heureux. Elle ne ressentait plus rien, sauf
lorsque son chagrin contenu devenait une douleur très
vive. Dans ces moments, Marisa mesurait l’immensité
de ce qu’elle avait perdu.
Les gens disaient que la douleur passait avec le temps,
mais elle n’y croyait pas. Une moitié d’elle lui avait été
arrachée, et rien ne pourrait combler ce vide.
La pulsation de la cascade gagna bientôt son cœur,
l’attirant inexorablement. Elle ferma les yeux et crut
entendre la voix de Stefan lui murmurer : « Allons,
Marisa, ne me dis pas que tu as peur ! »
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Non, elle n’avait peur de rien, sauf de l’incommensurable solitude dans laquelle Stefan l’avait laissée.
Sans réfléchir, elle se mit à escalader en direction
de la petite saillie au bord de la cascade. Elle allait y
arriver lorsqu’un bruit l’arrêta.
Elle tourna la tête et vit juste à sa droite Damaso Pires,
le grand brun qu’elle évitait depuis le début du trek.
Le regard de ce beau Brésilien la mettait mal à l’aise,
comme s’il pouvait lire en elle à livre ouvert.
Son expression dure et autoritaire lui rappela un
instant son oncle, mais il se mit soudain à sourire, pour
la première fois.
Parcourue d’un frisson étrange, Marisa s’agrippa à la
falaise. Il n’était plus le même homme avec ce sourire.
Sombre et troublant, il avait le don d’attirer tous les
regards. Marisa avait remarqué à quel point toutes les
femmes minaudaient autour de lui et se mettaient en
avant pour qu’il les remarque.
Mais quand il souriait… elle-même ne pouvait
s’empêcher de le trouver diablement attirant !
Ses cheveux noirs étaient plaqués en arrière, soulignant les contours virils de son visage. Quelques gouttes
d’eau coulaient de sa mâchoire carrée vers son cou. Elle
remarqua qu’il ne portait pas de casque. C’était le genre
de chose que Stefan aurait fait pour l’amour du risque.
Etait‑ce cette similitude qui lui donnait l’impression
qu’un lien étrange les unissait ?
Il fit un geste de la tête en direction du belvédère dont
Juan leur avait parlé, juste derrière la cascade.
Elle croisa son regard impénétrable et oublia sa
méfiance. Elle se sentait tout simplement attirée vers lui.
Répondant à cet appel mystérieux, elle se mit à grimper
la paroi en s’éloignant de la cascade. Il avançait à côté
d’elle avec des mouvements précis et méthodiques.
Elle dut s’empêcher de le regarder car elle commençait
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à ressentir la fatigue et devait se concentrer sur ses
propres gestes.
Elle était presque arrivée en haut, les yeux rivés sur
la prochaine prise, les oreilles bourdonnant, quand une
main, large, soignée mais striée de plusieurs cicatrices,
se posa devant la sienne. Elle croisa alors le regard de
Damaso Pires et sentit une chaleur violente monter en elle.
Marisa ne comprenait pas pourquoi il lui faisait
autant d’effet. Il était différent des autres, comme s’il
était plus réel qu’eux.
— Prenez ma main !
Elle aurait dû être habituée à cet accent chantant,
depuis une semaine qu’elle était arrivée au Brésil, mais la
voix grave et chaude de cet homme donnait au moindre
mot un air de proposition indécente.
Un frisson la parcourut quand elle décida de lui tendre
la main. Lorsque ses doigts se refermèrent sur elle, un
courant électrique passa entre leurs mains enlacées, et
elle vit avec inquiétude son expression se transformer.
L’espace d’un instant, il parut presque possessif. Puis il
la hissa, sans lui laisser le temps de chercher une prise
où poser son pied.
Lors de ses longues séances d’entraînement, elle avait
croisé bon nombre d’hommes très musclés, mais aucun
d’eux ne l’avait fait se sentir aussi féminine et désirable
que celui qui se tenait à présent devant elle.
Sans la quitter des yeux, il lui défit son casque et le
retira. Ses cheveux blonds trempés tombèrent en mèches
désordonnées autour de son visage. Elle soutint son regard
et détailla ses pommettes saillantes, sa peau cuivrée,
son long nez aquilin, sa bouche ferme qui ne souriait
plus et ses yeux mi-clos qui semblaient dissimuler de
lourds secrets.
Cette façon qu’il avait de la regarder, si intense, si
directe, lui donnait l’impression qu’il la voyait telle
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qu’elle était : non pas la célèbre princesse, mais une
jeune femme solitaire et perdue. Aucun homme ne l’avait
jamais regardée ainsi.
Lorsqu’il laissa tomber son regard sur sa bouche,
ses lèvres frémirent. En sentant de si près son odeur,
un mélange de sueur et d’eau de toilette légère, elle se
sentit chavirer.
— Bem vinda, pequenina. Je suis heureux que vous
m’ayez rejoint.
Elle se tenait debout devant lui, le menton redressé,
et ses yeux, du bleu le plus pur qu’il ait jamais vu, le
défiaient sans ciller. Il sentait tout son corps tendu par
le désir et mis à rude épreuve depuis qu’il l’avait touchée
et qu’il pouvait la regarder d’aussi près. Quel goût sa
bouche pouvait‑elle avoir ? se demanda-t‑il, au supplice.
— Est‑ce le belvédère dont Juan nous a parlé ?
demanda-t‑elle en retirant sa main pour se tourner vers
la vue époustouflante qui s’étendait à leurs pieds.
Elle essayait de fuir, mais il était trop tard. Il avait lu
le désir dans ses yeux et senti leur attirance mutuelle.
Il serait désormais impossible d’ignorer ce qui s’était
noué entre eux.
— Que faisiez-vous là-bas, près de la cascade ?
Il se souvenait de la peur qu’il avait eue en la voyant si
près du danger. Il s’était alors précipité pour la rejoindre,
faisant fi des consignes de sécurité. Qu’était‑elle sur le
point de faire ? Il avait réellement craint le pire.
— Je voulais juste regarder, répondit‑elle d’un ton
désinvolte. Je me suis souvenue de cette histoire de
plongeon…
Damaso allait la sermonner lorsqu’il remarqua la
rigidité de sa posture. Elle était redevenue la princesse
qui balayait du revers de la main une question impertinente, mais il n’était pas du genre à se laisser démonter
aussi facilement.
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Il avança une main et écarta ses longs cheveux blonds
de son visage. Ses cheveux étaient aussi doux qu’il
l’avait imaginé.
— La forêt semble s’étendre à l’infini, dit‑elle d’une
voix rauque.
Il sourit. Elle était à présent hors de danger et, qui
plus était, seule avec lui. Pourquoi la forcer à parler si
elle ne le souhaitait pas ?
— En effet, il faudrait des jours de marche pour la
traverser, répondit‑il sans pouvoir se retenir de caresser
sa joue.
Sa peau était chaude, rougie par l’effort, et si douce
qu’il avait envie de l’explorer entièrement, de partir à la
découverte de son corps du bout des doigts.
— Vous connaissez bien la forêt amazonienne,
Senhor Pires ?
On aurait presque dit une conversation de garden-party.
Elle employait un ton mondain, avec juste ce qu’il fallait
d’intérêt poli, mais ce vernis qu’elle utilisait en société
ne faisait que trahir la femme sensuelle qu’elle était.
Damaso se consumait rien qu’elle la regardant, et elle
le savait, de toute évidence. Il le lisait dans ses yeux.
— Non, j’ai grandi en ville, Votre Altesse, mais il
est vrai que je m’évade dans la nature dès que je peux.
Damaso s’offrait une coupure une fois par an, profitant de ses vacances pour visiter ses sociétés les plus
lointaines.
— Je vous en prie, vous pouvez m’appeler Marisa.
« Altesse » sonne si prétentieux !
— Très bien, Marisa, dit‑il en détachant chaque
syllabe. Vous pouvez m’appeler Damaso.
— Je ne connais pas très bien l’Amérique du Sud,
Damaso, dit‑elle en savourant manifestement la prononciation de son prénom. Je n’ai encore visité aucune grande
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ville, ajouta-t‑elle en enlevant une petite feuille sur le col
de sa chemise, avec un petit sourire au coin des lèvres.
— Mon lieu de naissance ne figure sur aucun guide
touristique, répondit‑il, troublé par ce geste délibéré.
— Voilà qui est étonnant. Je pensais qu’un homme
d’affaires légendaire comme vous avait une plaque à
son nom disant : « Ici est né l’illustre Damaso Pires ».
Il enroula une mèche de ses cheveux blonds autour
de son doigt. Il était inutile de lui révéler que personne
ne savait où il était né, ni dans quelles conditions.
— Vous savez, je ne suis pas né avec une cuillère
d’argent dans la bouche…
— Ne le dites à personne, mais les cuillères en
argent ne font pas le bonheur des enfants, répliqua-t‑elle
en caressant sa main pour libérer libérant sa mèche
prisonnière.
Il saisit aussitôt sa main dans la sienne. Un silence
s’installa entre eux, lourd de promesses. Elle ne détourna
pas les yeux.
— J’aime votre façon de relever les défis.
— J’aime le fait que vous ne vous préoccupiez pas
de mon rang social, répondit‑elle en caressant l’intérieur
de sa main avec son pouce.
Il appréciait qu’elle ne feigne pas l’indifférence, sans
pour autant se jeter dans ses bras. Ils étaient décidément
sur la même longueur d’onde.
— Ce n’est pas votre titre qui m’intéresse, Marisa…
Son prénom était encore plus délicieux à prononcer
la seconde fois. Damaso se pencha en avant, impatient
de goûter à sa chair avec sa langue, mais se reprit. Ce
n’était pas l’endroit propice.
— Vous n’imaginez pas comme je suis heureuse de
l’entendre, dit‑elle en plaquant la paume de sa main sur
sa chemise.
Elle venait littéralement de le marquer au fer rouge.
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La tension devenait insoutenable. Il la désirait follement,
et, à la façon dont elle écartait les doigts sur son torse,
les lèvres entrouvertes, son impatience était partagée.
Il avait envie de la prendre là, tout de suite, sauvagement. Mais son instinct lui disait qu’il aurait besoin de
plus de temps pour assouvir son désir. Comment diable
avait‑il pu résister à son charme depuis une semaine ?
— Peut‑être pourriez-vous m’exposer sur le chemin
du retour ce qui vous intéresse, Damaso.
Il saisit sa main et l’entraîna vers le sentier escarpé
qui partait de la falaise. Ce contact si érotique était
pourtant presque innocent. Depuis combien de temps
n’avait‑il pas tenu simplement une femme par la main ?
Marisa sécha ses cheveux avec une serviette en admirant le jardin de l’hôtel. Une ribambelle de papillons
dansait dans la végétation luxuriante.
Elle essayait de réfléchir à la meilleure façon de les
capturer avec son objectif, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser à Damaso Pires, à sa frustration lorsqu’il
avait dû lâcher sa main à l’approche des autres, à la façon
dont son regard l’avait déshabillée…
Elle avait beau l’avoir évité depuis le début de leur
séjour et savoir qu’il fallait se méfier du désir, elle brûlait
à présent de le revoir.
Il ne s’agissait pas seulement de désir, en l’occurrence.
Elle se sentait étrangement liée à Damaso, comme si
elle le connaissait déjà. Elle ne pouvait s’empêcher de
comparer leur lien à la relation, certes très différente,
qu’elle avait entretenue avec Stefan.
Pour la première fois depuis la mort de son frère, elle
avait repris contact avec la vie. Drapée dans son chagrin,
elle n’arrivait pas à oublier sa douleur. Et voilà qu’un
étranger la faisait de nouveau vibrer. Etait‑elle capable
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de se donner à lui ? Elle frissonna d’excitation et d’appréhension mêlées. Malgré ce que racontait la presse, elle se
sentait bien loin de son image de mangeuse d’hommes !
Elle sursauta en entendant frapper à la porte. Elle jeta
un œil vers le miroir : pieds nus, les cheveux mouillés
tombant autour de son visage sans maquillage, elle ne
ressemblait guère à une princesse !
Elle fut tentée de faire semblant de ne pas avoir
entendu, mais les coups retentirent de nouveau.
Il fallait faire face, à présent. Elle avait souvent été
déçue par les hommes, et c’était la première fois depuis
des années qu’elle prenait le risque de s’approcher de
nouveau de quelqu’un. Elle avait envie de lui faire
confiance. Et elle avait besoin de ne plus se sentir seule.
Le cœur battant, elle ouvrit la porte. C’était lui, bien
sûr, appuyé contre l’encadrement, le regard brillant dans
la lumière du crépuscule.
Il entra dans la pièce et referma doucement la porte
sans la quitter des yeux.
— Querida, dit‑il d’une voix caressante en la dévorant
des yeux. Vous n’avez pas changé d’avis ?
— Et vous ?
— Comment le pourrais-je ? demanda-t‑il avec un
sourire irrésistible.
Il prit sa joue dans sa main, se pencha vers elle et,
soudain, plus rien n’exista autour d’eux.
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