Dans la peau d`un poilu
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Dans la peau d`un poilu
qwertyuiopasdfghjklzxcvbnmq wertyuiopasdfghjklzxcvbnmqw ertyuiopasdfghjklzxcvbnmqwer tyuiopasdfghjklzxcvbnmqwerty Dans la peau d’un poilu Par la « côte » 307 uiopasdfghjklzxcvbnmqwertyui opasdfghjklzxcvbnmqwertyuiop asdfghjklzxcvbnmqwertyuiopas dfghjklzxcvbnmqwertyuiopasdf ghjklzxcvbnmqwertyuiopasdfgh jklzxcvbnmqwertyuiopasdfghjkl zxcvbnmqwertyuiopasdfghjklzx cvbnmqwertyuiopasdfghjklzxcv bnmqwertyuiopasdfghjklzxcvbn mqwertyuiopasdfghjklzxcvbnm qwertyuiopasdfghjklzxcvbnmq wertyuiopasdfghjklzxcvbnmqw ertyuiopasdfghjklzxcvbnmrtyui 11/11/2014 Dans la peau d’un poilu Cela fait maintenant deux semaines, deux semaines que je n'ai plus de quoi picoler! J'ai froid, faim et soif. Malheureusement, le jus est de plus en plus imbuvable et avant de dormir je n'ai le droit qu'à une demie-Kartoffel.. Mes proches me manquent, avec mon meilleur ami Sheguey, qui est un ami d'enfance, on a songé à s'enfuir mais un camarade s'est fait exécuter pour cela. On est résigné sans issue de secours. Les Fritz ont buté deux caporaux dans l'après-midi. La bouteille de Pinard que m'a femme m'a envoyée, a explosé je ne sais comment. On a des totos plein le corps. Ma seule Limace est déchirée. Nous, on souffre profondément comparé aux autres marsouins. On n'a pas de crèche, les moustiques nous rongent en été faisant place au froid en hiver. Un des adjudants s'est fait croquer le majeur par un gaspard. Mon flingot s'enraye toutes les deux secondes. J'ai régulièrement des diarrhées, mais les infirmières ne me gardent pas plus de deux heures. La guerre me ronge petit à petit, le sentiment de la mort qui avec sa faux vous frôle constamment est déstabilisant. Seul l’antidérapant nous aide à nous détendre le temps d'un instant. Sheguey s'est pris une grosse abeille dans la fesse droite. Mon Dieu! Qu'est-ce qu'il pisse le sang! Et pourtant on doit reprendre la guerre. C'est horrible de devoir se dire qu'en deux ans le seul mot qui subsiste est : la mort. Donc à ceux qui n'y participent pas Carpe Diem. Christian Les débuts de l'offensive de Mars 1918 Mars 1918, les français recevront dans au moins deux mois des renforts venus d'Amérique. Le Maréchal Erich Ludendorff sait que seules des mesures draconiennes peuvent sauver l'Allemagne. Un an plus tôt, la Russie a signé un traité de paix avec l'Allemagne. Ludendorff décide donc de rapatrier les troupes de l'est à l'ouest. En Mars, l'offensive est lancée sur les troupes anglaises dans la Somme. Les bobines déferlent sur les lignes anglaises, suivies de millier de tonnes d'abeille. C'eut été le plus gros marmitage de l'histoire et sans doute le plus terrifiant. Pour commencer, les troupes d'assaut (les 1ère vagues) coupent les barbelés pour permettre au reste d'avancer. Pour les anglais, le cafard est terminé. Cela laisse place aux retraites successives. Au mois de Juillet, les fritz sont sur la Marne. Les anglais kapout font donc appel aux poilus français pour stopper les boches. Les allemands ont réussi à saper le moral des alliés mais ce n'est que temporaire. Durant l’offensive, les pétroleurs sont aussi au rendez-vous. On assiste aussi à la 1ère bataille de chars. Edouard - « Ça y est les « Fritz » recommencent le marmitage, on a intérêt à rester dans notre sape si on ne veut pas être transpercés par les abeilles. - On devrait quand même y aller, sinon on va se faire bousiller. - Pff… Les bigors et les artiflots font très bien le sale boulot. Quels fayots ceux-là, tout pour se faire bien voir des adjupètes. - On va crécher ici pendant combien de temps ? J’ai froid, mes lattes sont pleines de boue, ma limace toute trouée à cause de ces saletés de gaspards et totos. Et puis, j’ai laissé tout mon barda dans la tranchée avec tous les souvenirs de ma femme, mon fils et mes parents dedans. Ça me fout le cafard de les savoir si tristes, car ils sont persuadés que je ne reviendrai pas. - Arrête de te plaindre, moi aussi j’ai le bidon vide. Ils pourraient faire un effort à la cantoche. Le brot est infâme, la barbaque est dure comme du bois, le jus est imbuvable et je ne te parle pas du pinard. Même les kartoffels sont immangeables. Ils ont de la chance les civelots. Ils peuvent encore boire un caoua à la fin de chaque repas et ils ne s’imaginent pas quelles sont les conditions de vie de ceux qu’ils appellent les « Poilus » . - Tu appelles ça le pinard ? Dans mon ancien régiment, on appelait ça l’antidérapant car il nous empêchait d’attraper la crève. Aujourd’hui, même lui est dégoûtant et congelé, il vaut mieux boire du barbelé. Pour l’arrière, ce n’est pas de leur faute, on ne leur raconte que des bobards dans les baveux. En attendant, passe moi la couvrante, j’ai vraiment froid et je suis complètement «kapout ». - Tiens, couvre-toi bien, on risque d’y rester longtemps dans ce trou. Les moulins à café et les flingots d’en face semblent bien chargés » Un des soldats se leva pour aller voir à quoi ressemblait le front. Le second le rejoignit. Les Bertrand et les bobines fusaient. Les frelons crépitaient et emplissaient les oreilles d’un bruit assourdissant. On entendit un long sifflement, puis plus rien. Pour eux, comme pour tant d’autres, ce fut la fin. Anne-Laure Cher frère, Le 19/06/1914 à Verdun Je t'écris cette lettre pour te parler de la violence au front. Les abeilles font un bruit atroce et désagréable. La nourriture est immangeable surtout la barbaque. Je t'écris d'ailleurs cette lettre à la cantoche aux côtés des fayots et des bras-cassés, qui sont d'ailleurs mes compagnons. En ce moment même, je bois un bon pinard! Un de mes amis fayot s'est fait mordre par un gaspard, il souffre le martyre. Le barda est très lourd. Je m'impatiente de rentrer à la maison, de tous vous retrouver et de prendre un bon caoua avec vous tous et mes amis poilus. Pour avoir de la bonne nourriture, nous devons tous inventer des bobards mais nous devons aussi tout bousiller sur le front. Nous vivons tous en communauté, nous n'avons pas de crèche, aucune intimité. Nos lattes sont bousillées, les poilus sont tout kapout sur le front. Amélie La nuit est noire, froide, au loin on entend les abeilles qui sifflent dans nos oreilles. L’adjupète Fernando est mort dans mes bras après m’avoir dit de faire attention aux bertrands, en me disant clairement de ne pas oublier de mettre mon groin de cochon. Les totos, les cafards nous mettent la tête en sang à force de se gratter violemment, et les gaspards qui mangent les cadavres de nos frères, alliés. Trois fois par semaine les soldats venaient nous donner de l’antidérapant, de la barbaque, du barbelé que je ne buvais pas souvent car cela était beaucoup trop fort pour ma gorge, et le soir ils nous donnaient du jus pour ne pas nous endormir trop tôt. Le matin les arbeits continuaient à travailler dans les tranchées, les artiflots n’arrêtaient pas de tirer sur les Fritz. Nous n’entendîmes plus les bruits rassurants du moulin à café, cela voulait dire que nous n’allions plus avoir de caoua. Les baveux coulaient à flot à Paris. Les soldats bousillaient leurs lattes et leurs couvrantes à cause de la boue et de la pluie. Nous ne pouvons pas nous raser donc nous nous appelons les poilus. Nous entendîmes une bobine s’éclater sue le sol puis plus rien. Andreia À Verdun , le 31 octobre 1914 Très chère Caroline , Je t'écris cette lettre qui est sans doute la dernière . La guerre est atroce . J'ai réussi à me cacher pour t'écrire ces quelques lignes . Tout d'abord , il faut que tu saches que je t'aime et que je t'aimerai toujours et ce sera ainsi jusqu'à ma mort . Ici, la vie est très difficile , il n'y a plus de barbaque , le jus se fait rare mais la guerre, elle, ne s'arrête pas . C'est interminable, dormir dans le froid avec une couvrante déchirée , trouée et le bidon vide ce n'est que le début ... Ça ne s'arrêtera donc jamais ? Ah ma petite femme si tu savais, si tu savais tous ces bobards que l'on raconte dans les baveux ... Ils cachent la vérité. Il vous font croire ce que vous voulez entendre. Ma chérie ma belle limace blanche à rayures est devenu qu'un simple bout de tissu, les bras-cassés se font exécuter, mes amis de la nation meurent par milliers à cause des marmites qui sont lancées depuis le ciel par les frelons ennemis. Je te laisse mon amour, je ne peux rester plus longtemps ici sans le risque de me prendre une abeille dans la tête . Je t'aime de tout mon coeur . Ton mari Eitan Fouraha - Salut ami d’arme ! - Comment vas-tu ? Adjupète ! - Je vais bien, hier et aujourd’hui, on m’a donné de la barbaque et du bon brot à la cantoche. -Tu as de la chance ! De mon côté, on a de la soupe froide mais on a du pinard. - C’est fou cette guerre tous ces poilus qui meurent ! - Oui, chez nous c’est le marmitage d’abeilles. - Nous, de notre côté, on a même retrouvé des civelots morts. - Oh non ! Ce n’est pas possible tu me racontes des bobards là ? - Non, je t’assure ils ont été tués par une Bertrand. - Les pauvres, bon je dois retourner au front au revoir mon cher ami. - Au revoir ! - J’espère te revoir bientôt. - Ne vous en faites pas pour moi, et vous aussi, restez prudent ! Hugo Après l’ordre de l’adjupète qui nous ordonna d’attaquer pour reprendre une tranchée, nous commençâmes à sortir des tranchées, entendîmes les abeilles fuser autour de nous et les explosions de Bertrand et par conséquent les respirations du groin. Bien sûr, il y avait les frelons. Finalement nous réussîmes à prendre la tranchée une fois les fritz kapout, nous prîmes du jus et puis nettoyâmes nos lattes. Le soir venu nous fumes très surpris car bien que grinchon l’adjupète nous offrit du pinard. Mais la nuit après que tout le monde eut bien bu et soit tombé d’un profond sommeil (j’étais alors en train d’écrire une lettre à toute les personnes de ma famille) j’entendis du bruit de certaines personnes derrière moi, juste après j’entendais un « chut » et puis d’autres paroles qui n’étaient pas française j’allais donner l’alerte quand une main me saisit l’épaule, je me retournai et vit l’adjupète qui me dominait avec son képi et ses yeux bleus avec quelques cheveux blonds dessous son casque il était habillé comme s’il faisait une ronde de nuit. Il me fit signe de ne pas faire de bruit et me dit en chuchotant qu’il avait lui aussi entendu ces bruits et qu’il allait voir ce que c’était et qu’il ne fallait pas donner l’alerte car les autres soldats dormaient à poings fermés. Je lui proposai d’aller voir avec lui, il accepta et nous marchâmes en direction du bruit. Nous vîmes d’abord des silhouettes sombres mais alors que nous nous approchions de ce bruit, un groupe de vingt personnes nous surpris par derrière. Ils appelèrent alors un autre groupe. Quand celui-ci arriva nous sûmes que ces personnes étaient allemandes. Leur chef s’approcha et nous parla d’un français écorché et dit « Bonjour mon frère comment vas-tu ? » Alors, l’adjupète répondit « Je vais bien mais arrête de jouer et libère moi. » C’est alors que je compris que l’adjupète était un Allemand. Alors ensemble ils me mirent un bandeau sur les yeux et me mirent face à un arbre. C’est alors que j’entendis des voix françaises et des coups de feu, tout à coup le bandeau sur mes yeux fut enlevé. Mes libérateurs m’expliquèrent qu’ils étaient chargés de surveiller tous les adjudants et que celui-ci était un infiltré. C’est ainsi que je pus conter cette petite histoire. Duncan A Paul Cisson 15 avenue des Tilleuls J’en ai marre Paul ! Je n’en peux plus. Tous les jours, des centaines d’abeilles et de marmites nous tombent dessus. Tous les jours, on se bousille à tuer, tuer et encore tuer. Nous sommes écrasés par la fatigue, dévorés par les rats et les totos. Certains ne se sont pas lavés depuis des mois. On crève de faim ! Je sais pas, ils peuvent pas nous apporter un coup de pinard ces bras-cassés de dirigeants nan ? Ils dépensent des milliers pour acheter des armes, ils peuvent bien faire un p’tit geste nan ? Et les civelots là ! Qui gobent leurs bobards comme un crapaud goberait une mouche ! Parce que c’est ça qu’ils sont ! Des crapauds ! Pendant que nous, on traverse les contrées avec nos bardas de 20 kilos, eux, ils sirotent leurs jus, tranquilles ! Cette guerre est immonde et injuste ! Vivement qu’elle cesse ! François Joseph. Fanny Un beau jour de janvier en 1915 un soldat allemand se fait capturer par un français. -<<Alors l'allemand tu aimes l’antidérapant mélangé avec du jus et du pinard>>dit-il. -<<C'est quoi ?>>dit l’allemand. -<<C'est un mélange qui te fait voir des étoiles après avoir reçu une abeille>>dit le français. -<<Oui donne un verre pour goûter >>dit-il. -<<Veux-tu le baveux même si il est rempli de bobards >>dit-il. -<<Non j'en ai déjà trop dans mon sac >>dit-il. -<<Je te préviens ne mange pas les kartoffels comme tu dis en Allemagne car elles sont pleines de «gaspards»>> dit-il. -<<Merci pour le conseil mais je peux avoir des lattes propres ?>> dit-il. -<<On te donnera des vêtements tout propres sans toto en prison>>dit-il. -<<je dois partir pour la prison merci du remontant et bonne fin de journée>>dit-il. <<merci à toi aussi et à jamais >> dit-il. - L’allemand est condamné à la peine de mort et le soldat français se fera tuer dans quelques heures lors d’un assaut des allemands. Louis -Hey, l’Artiflot ! - Oui mon général… Qu’est qu’il y a ?? donnant un coup de pied dans un rat pour le faire partir. Sacrés Gaspards!! Ils grignottent nos limaces ou ils nous mangent. Déjà que plusieurs d’entre nous sont limite kapout, s’il y a encore des rats qui nous énervent; tout va mal, dit-il en haussant la voix. -Vous avez raison, il y a assez d’arbeit dans les tranchées, ras-le-bol de ces maudits rats. Et ne parlons pas d’ la cantoche !! -Je trouve leur caoua trop fort et trop liquide, on dirait que c’est de l’eau ce café… pouff !! il s’énerve -Et je ne vous parle même pas du pinard … -Ah bon ?! Mais je pense que la barbaque est l’aliment le meilleur sur le camp. À chaque fois, j’en demande deux rations. -Pour moi, le pinard n’a pas de goût, il est fade… Il m’a l’air de mauvaise qualité… le poilu hausse les épaules. - Je n’en sais rien car je ne bois pas d’alcool. J’ai promis à mon épouse que je serais toujours droit et honnête pendant cette guerre. une courte pause entre les deux poilus -Oh !! Les poilus, on se dépêche, vite sur le FROONNNNNT !!!! dit un homme extérieur à eux. -Allez, viens on y va ! -Okey, je te suis ! course pour aller sur le front puis : Tu trouves pas que le général qui nous a donné l’ordre, grouille de totos ?? -Si, il faut qu’il fasse gaffe pour sa tête… -Hahahaaa… Bonne chance !! -À toute à l’heure pour manger notre barbaque… Mathilde Les Joyeux Artiflots : Nous sommes le trois août 1914, en Bretagne, les joyeux vacanciers profitent du calme des côtes Bretonnes, de leur danse et de leur gastronomie. Suite à l'assassinat de Sarajevo, la France est tout de même inquiète pour son avenir, et Soudain ! On entend les grelottements graves du clocher, c'est le signal ! Les femmes pleurent pour leurs hommes et l'injustice du monde humain ! La guerre est déclarée ! Les jours suivants, on a mobilisé tous les hommes capables de tenir un fusil, des hommes provenant de toutes les régions Françaises (Vendée, Alsace, Bretagne, Mayenne, Gironde...) mais aussi de nos brillantes colonies. On a équipé les soldats à Paris avec un véritable barda, de l'eau de vie et de l'artillerie. Enfin on envoie par les taxis parisiens les soldats combattre sur la Marne. La foule s'était formée un véritable bath de voir partir les valeureux soldats sur le champ de bataille. Sur la Marne, il faisait froid malgré le mois d'août, les hommes avaient le cafard et les boissons sont devenues un véritable barbelé. La nuit, ce n'est pas mieux, on ne dort pas à cause du bruit transperçant et infernal des authentiques abeilles que procurent les artiflots aux troupes ennemi. Les adjupètes rôdaient et surveillaient à tour de rôle les tranchées en cas d'éventuelle introduction de l'ennemi tandis que nous profitions d'un peu d'antidérapant. Les Artiflots restaient les plus vaillants et protecteurs dans cette bataille, ils y ont pratiquement tout fait et nous remontaient le moral la plupart du temps. Ils restaient les plus joyeux, sérieux et victorieux possible. Ils restaient serviable en à peu près tout, comme dans les arbeits, les assauts les plus meurtriers, dans le ravitaillement et même pour lancer les traditionnels bertrands. Enfin, après la 10 000 èmes fidèle grenade, et grâce aux Joyeux Artiflots, on pouvait apercevoir le drapeau blanc dans les pitoyables tranchées boches. Nous, Poilus, nous ne pouvions être qu'en admiration grâce aux artiflots, nos joyeux sauveurs de cette horrible, victorieuse et première bataille, mais malheureusement la guerre est loin d'être finie. Nathan Fait le:8 mars 1916 A: Verdun Mon ami, Je t'écris toutes les souffrances de la guerre qu’elles soient morales ou physiques. J’espère que cette lettre ne sera pas censurée j'ai besoin de dire ces atrocités à quelqu'un pour qu'il puisse comprendre ce que nous, les poilus, endurons depuis deux ans. Je vais commencer par te parler de la bouffe, sur le front elle est dégoûtante, la barbaque est pleine de bêtes dont je ne saurais te donner le nom. Nous n’avons presque pas de pinard, le jus est froid ; bref nous ne mangeons pas bien. Tous les jours, c'est la même chose les abeilles fusent, on entend les bobines exploser, les gaspards nous mangent, on ne peut même plus dormir tellement les totos nous grattent. La plupart du temps nous portons des groins. Les personnes les plus tranquilles sont les artiflots, eux, ils sont juste à l'arrière et lancent des obus quelle bande de froussards! Notre barda est lourd, j'ai même vu des soldats qui ne pouvaient plus retirer leurs lattes, nos limaces sont sans cesse mouillées. J’espère que tu ne lis pas les baveux, ça m'étonnerait. J'ai hâte de rentrer mais je ne suis même plus sûr qu'après la guerre je pourrais crécher tranquillement. Je t’ai parlé avec nos mots, c'est comme cela que nous parlons maintenant à la guerre mais je pense que tu t'en souviens vaguement. Bon rétablissement à toi et je te souhaite de vivre heureux avec ta femme et tes enfants. Francis Nicolas A la guerre c’est horrible, tout le monde meurt, les bras cassés comme les fayots. Tout le monde se prend des abeilles dans le bidon les poilus ne mangent presque pas, pas une goutte d’antidérapant, un morceau de barbaque, il y a peut-être des fois un petit morceau de brot sec. Il y a sans cesse des bruits de frelon, d’obus et de tirs. Les poilus ne peuvent dormir même s’ils sont épuisés. Des gaspards se baladent dans les tranchées ce qui amène des maladies. La boue et l’eau croupie alourdissent les chaussures des poilus. A la fin de la guerre le restant de soldats ont la vie sauve certes, mais ils ont une vie très éprouvante; ils ont des séquelles de leurs blessures physiques, comme psychologiques. Ils ont aussi un grand mal à se réintégrer dans la société. Mélodie 19 Avril 1917 Bataille de Verdun. Bonjour, Nous étions sur le front, les abeilles fusaient de toute part, nous sommes à l'abri. Les frelons passaient au-dessus de nous en nous bombardant. Mes amis et moi étions en train de creuser les tranchées. Nos artiflots envoyaient des obus sur les allemands. Nous étions peu mais les allemands étaient désorientés, nous étions plus fort mais moins nombreux. On prenait nos bardas et nous allions à l'attaque, les Fritz ne tenaient plus, ils étaient dépassés. Nos lattes étaient pleines de sang et de boue. Les marmites allemandes fusaient dans tous les sens. Quand nous sommes revenus de cette attaque, nous sommes allés à la cantoche. Ensuite, nous sommes allés dans nos crèches où l'on s'est reposé avant l'assaut de demain. Mais la nuit fut très longue puisque les gaspards et les totos nous dévoraient. Le lendemain, nous repartîmes au combat, nos bras-cassés se faisaient tuer en premier et les obus allemands nous massacraient. Cependant, un calme se fit entendre, nous avons reçu une bombe devant nous, qui nous a propulsés dans les airs en petits morceaux. C'est ainsi que je suis mort, je n'ai hélas pas pu nous voir gagner mais je sais que nous avons de grandes chances. Au revoir. Bertrand. Romain B. Chère maman, Je voulais te dire à quel point tu me manques! Si tu savais comme c’est difficile de vivre en n’étant point à tes côtés… Je n’ai qu’une envie c’est que cette guerre se termine et que je puisse t'offrir un bon verre de pinard comme au bon vieux temps. Je t’écris cette lettre de la cantoche, (eh oui, c’est notre seul temps libre de la journée). Je me suis fait des amis, ils sont adorables, j’aimerais beaucoup te les présenter. Hélas, je ne sais pas si on aura l’occasion, malheureusement. Bon il faut dire que ce sont un peu des bras cassés parce qu’ils m’ont bousillé mes vêtements. Mon copain Phillipe s’est écrasé à côté de moi, il est tellement fatigué. Mon autre camarade Jean, (on le surnome Jean le fayot) il s’est fait mordre par un Gaspard… le pauvre.. enfin ceci étant dit cela aurait pu m’arriver. Il y a des poilus qui ne sont même pas venus manger. De la cantoche on peut entendre des bruits de frelons et d'abeilles, c'est insupportable. Mais bon on fait avec tous les jours. J'aurais bien aimé t'écrire plus, mais il faut que je retourne sur le front. Je t'embrasse très fort maman. Je t'aime Ton fils, Pierre. Victoire Je m’appelle Jean Dupont, un soldat français plus connu sous le nom de poilus. Je suis âgé de vingt-cinq ans et originaire de Paris. J’étais fermier avant d’être appelé pour défendre notre patrie. Je vais vous raconter la vie dans les tranchées. Nous vivons entre les barbelés. Nous avons sans arrêt le bidon vide. Heureusement qu’il y a encore des antidérapants pour nous remonter un minimum le moral. Au milieu de mes frères d’armes qui se font toucher par une abeille, il y a les cafards qui viennent les achever pendant la nuit, mais notre pire ennemi reste sans aucun doute les gaspards. Ils viennent nous dévorer pendant notre sommeil. Il y a aussi cette odeur immonde de cadavre qui règne dans les tranchées et qui me donne sans cesse l’envie de vomir. Dans ma crèche, nous étions une vingtaine au départ. Maintenant nous ne sommes plus qu’une dizaine. Le bruit des frelons passant au-dessus de nos têtes nous réveille au milieu de la nuit avec la peur qu’ils nous lâchent une marmite sur la tête. Mes lattes m’ont l’air de peser une tonne en raison de la boue qui les recouvre, sans compter mon uniforme couvert de sang et de bout de cervelle. La cantoche s’est transformée en infirmerie, nous sommes donc obligés de manger dans la tranchée. Nous nous grattons sans arrêt à cause des totos. Avant chaque nouvel assaut je prie pour ma famille, j’en oublie même parfois de prier pour ma propre survie bien que conscient que chaque attaque peut m'être décisive. Je ne ressens plus la peur mais juste la rage de vaincre ces ennemis qui veulent nous voler notre pays, nos terres, nos femmes et nos enfants. Sous cette rage je deviens « aveugle ». Tout ce qui ne porte pas un uniforme de poilus, je lui tire dessus. J’ai d’ailleurs pendant un jour pluvieux de décembre tué un civelot croisé sur mon chemin. Les images affreuses de ce civelot agonisant me hantent chaque nuit. Romain D. Mon cher frère ; Je t’envoie cette lettre afin de te donner des nouvelles. Sur le front les abeilles fusent et les marmites grondent toujours. La barbaque se fait rare, la plupart du temps nous n’avons que des kartofells. Je suis couvert de boue derrière une couvrante mais celles-ci se font rare. Le cafard commence à se faire sentir dans les tranchées qui dit en passant sont infestées de gaspards. Nous manquons d’antidérapant. Il y a peu, on nous a donné des barbelés, peu mais cela réchauffe. Ne crois pas tout ce qui est marqué dans les baveux, tout ce qui y est marqué est choisi par les adjupètes. Les artiflots font ce qu’ils peuvent mais les allemands ont des pétroleurs, nous avons du mal à rivaliser. La vie au front est rude, je ne sais si je vais tenir, un assaut a lieu demain, j’y participerai, je reviendrais certainement les pieds devant. Je pense à vous. Bien à toi, ton frère. Clément Mon ami, le 17/10/1916 A Verdun. Ensemble, nous avons passé de bons moments ; et si je m’en vais là-haut, sache que je penserais toujours à toi. Tu as bien réussi à cette guerre, et j’envie ta chance. Ici, les adjupètes nous prennent pour des esclaves, pour se bousiller la vie contre ces bras-cassés d’Allemands ! On marche avec notre barda, tout en évitant ces bobines et abeilles qui fusent de partout, tuant grand nombre de mes connaissances devant ma vue. En tant que poilus, on ne tire pas n’importe où : on vise soigneusement de tous les côtés. Moi, je n’ai même pas de groin, je risque ma vie pour la France, mais on n’est pas remercié : ni jus, ni pinard, ni barbaque. Je m’imagine déjà dire « Bath, c’est fini ! » mais au fond, je pense que c’est loin d’être terminé. A part nous, personne ne connait cette violence, et, dans cette lettre, j’essaie de ne pas t’inquiéter. Et si, dans quelques années, il y a des deuxièmes, troisièmes, voire quatrièmes guerres, tu découvriras cette violence. Sinon, j’espère que tout va bien ; et raconte des nouvelles de moi à ma famille si tu as le temps. Merci, ton meilleur ami. Dorian