0306 haut-debit sans fil

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0306 haut-debit sans fil
Brève Vigie, 03 mars 2006
Le haut débit sans fil, service public ou prestation commerciale ?
Aux États-Unis, mais aussi en Europe, de nombreuses initiatives tendent à la mise en place de
vastes réseaux haut débit sans fil. L’économie de ces nouvelles infrastructures de
communication est diverse : service public gratuit, accès payant ou financé par la publicité,
les opérateurs et leurs commanditaires développent des modèles variés et ne visent pas tous
le même public.
Le quartier français et le centre des affaires de la Nouvelle-Orléans sont couverts par un
réseau haut débit sans fil wi-fi qui doit bientôt être étendu à toute la ville. Il restera gratuit au
moins dans la période de convalescence de la zone sinistrée. Plusieurs dizaines de villes ou
régions américaines, Portland, San Francisco, Anaheim, Long Beach, Denver et Aurora,
Minneapolis, Grand Rapids, Pittsburgh, Arlington et Brookline, ont réalisé ou projettent des
réseaux haut débit sans fil par wi-fi. Selon un rapport de MuniWireless, les collectivités
locales américaines dépenseraient 700 millions de dollars US d’ici à trois ans pour construire
ces réseaux. Jusqu’à présent, la plus grande surface urbaine desservie par un réseau wi-fi
correspond aux 90 km2 de Santa Clara, Cupertino et Sunnyvale au sud de San Francisco où
l’opérateur est MetroFi. Depuis deux ans, Philadelphie a entrepris d’installer des antennes wifi sur ses 350 km2, ce qui devrait être achevé cet été 2006. Ce mois de février, Chicago a lancé
un appel d'offres pour le printemps prochain, qui concerne 590 km2. Un autre appel d’offres
vient d’être ouvert par joint-venture : Silicon Valley Network, organisme de développement
de la Silicon Valley en partenariat avec Intel. Il concerne 24 villes, soit 3 900 km2. C’est à ce
jour le projet le plus complexe techniquement et le plus coûteux.
En Europe aussi des initiatives sont prises. Le consortium Roma Wireless implante des hotspots dans le centre de la capitale italienne. En Grande-Bretagne, l’opérateur The Cloud va
étendre son réseau londonien et s’implanter dans les gares et aéroports, les hôtels, les
principaux lieux publics de neuf villes. Dès mars, les clients de BT Openzone, O2,
SkypeZones et Nintendo DS pourront se connecter sur la plate-forme de The Cloud.
La question majeure n’est pas technique mais économique : comment rendre viables ces
réseaux ? Certaines municipalités veulent fournir une meilleure infrastructure de
communication à leurs services techniques, d’autres projets visent, comme RomaWireless,
quatre publics en priorité, les scolaires et les étudiants, les personnes défavorisées, les
hommes d’affaires de passage, les touristes cultivés. C’est dans cet esprit qu’agissent San
Francisco comme Philadelphie dont la responsable de projet, Dianah, explique que “de même
que la mairie assure la bonne qualité de l’eau ou la construction de routes, la ville du XXIe
siècle doit s’assurer que tous ses résidents ont accès au Web”. Les infrastructures d’accès aux
hauts débits deviendraient un service public, voire un bien public, accessible à tous au même
titre que les rues et les routes. À Philadelphie, l’accès Internet sans fil serait gratuit sur 10 %
du territoire et payant (de 10 à 20 dollars US par mois selon les revenus) ailleurs. The Cloud
se place sur une base purement commerciale et fournit à des opérateurs le moyen de facturer
selon leurs tarifs les accès à leurs clients. En revanche Google, à San Francisco, se fait fort de
financer par la publicité le futur réseau wi-fi qui serait gratuit pour les utilisateurs. Son
concurrent MicroFi est déjà passé à la gratuité en s’appuyant sur une publicité locale. Il offre
cependant aux allergiques à la publicité de payer 19 dollars US par mois.
André-Yves Portnoff et Véronique Lamblin, Futuribles International
© Futuribles, Système Vigie, 03 mars 2006