et Sandouville ? 6.10.2008 - PS Longages

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et Sandouville ? 6.10.2008 - PS Longages
PS Longages
et Sandouville ? 6.10.2008
Soumis par Julien Traviesas
05-10-2008
Sandouville: les questions à Nicolas Sarkozy Par Benoist SIMMAT, envoyé spécial à Sandouville
Le Journal du Dimanche Seul un fort vent d'ouest anime l'immense parking déserté de l'usine Renault de Sandouville,
en amont du Havre. Aucun bruit ne sort d'une des plus grosses fabriques de France. Le vaste bloc jaune et blanc de
l'atelier "cire" (anticorrosion) marquant l'entrée du site semble abandonné. Lundi, Nicolas Sarkozy sera présent pour
évoquer l'avenir. Et il est très attendu.La deuxième équipe mobilisée de 13h08 jusqu'à 20h51 n'a pas repris le travail.
"On n'y est plus que le matin, au moins jusqu'à Noël", indique un ouvrier de maintenance attardé devant les grilles. En
attendant les 1 000 "volontaires" au plan de départ annoncé cet été, la direction de l'usine recourt, une fois de plus, au
chômage technique. Au sol, des foyers éteints de pneus brûlés le matin même, "pour entretenir la flamme". Ils tranchent
avec le slogan triomphaliste inscrit en lettres noires sur le frontispice de l'usine: "Renault contrat 2009."
Pour éteindre l'incendie allumé à Sandouville, usine symbole de l'industrie française, Carlos Ghosn, le patron de Renault,
a rendez-vous demain à 11 h avec Nicolas Sarkozy. La matinée de lundi s'annonce chargée. Au programme: vingt
minutes au pas de course sur la chaîne de montage de la Laguna. Puis, une demi-heure de "questions-réponses" avec
450 ouvriers. "Pas ceux qui travailleront ce matin-là, la direction a sélectionné les salariés les moins revendicatifs, ceux
qui ne sont pas syndiqués, pour qu'il n'y ait pas de heurts", s'indigne Nicolas Guermonprez, responsable CGT. Sans
compter que l'amphithéâtre "Georges Besse" (du nom de l'ancien patron assassiné par Action directe) ne contient que
250 places, il faudra sans doute tenir la réunion dans les ateliers.
Moins que le smic
De quoi donner des sueurs froides au préfet du Havre, chargé de la sécurité, en visite de repérage vendredi sur le
site. Il est venu rencontrer les syndicalistes pour éviter tout débordement demain. "On ne peut pas promettre qu'il ne va
rien se passer", murmure Didier, 58 ans, pilier de la CGT locale. Au même moment, des représentants du personnel
reviennent de Paris, où s'est déroulé un CCE (comité central d'entreprise) houleux. Les syndicats ont voté contre les 6
000 suppressions d'emplois décidées dans le groupe (1) et les "mesurettes" d'accompagnement: création d'une cellule
de reclassement de six personnes (active jusqu'en avril prochain), indemnités de départ comprises entre trois et vingtquatre mois selon l'ancienneté, et même... 30% de réduction sur l'achat d'une Renault d'occasion. "Ridicule", lâche un
représentant du comité d'entreprise. L'ambiance n'a jamais été aussi morose à Sandouville, qui ne sort plus que cinq
Vel Satis, une petite centaine d'Espace et 150 Laguna par jour, trois fois moins que prévu. Les syndicats affirment que
Renault ne trouvera pas 1 000 volontaires au départ: "Pas avec 13% de chômage sur Le Havre, pas avec 50% de
salariés de plus de 50 ans", explique Nicolas Guermonprez.
Sur un grand tableau du local FO, les questions à Nicolas Sarkozy sont prêtes et peaufinées. La direction a accepté que
des élus syndicaux (2 CGT, 2 FO, 2 CGC, 1 CFTC, 1 CFDT) s'adressent en direct au Président pendant une demiheure à la fin de sa visite. Parmi les questions: "Que comptez-vous faire pour assurer un salaire décent aux ouvriers?"
Depuis deux ans, les salariés se plaignent de gagner moins. Un ouvrier comme Fabrice, 30 ans, travaillant sur la
Laguna, avec dix ans de maison, perd 35 euros par jour de chômage technique. A la fin du mois, il ne gagne plus que 1
100 euros net, au lieu des 1 450 euros habituels. "En dessous du smic, donc", conclut-il. "Il y a eu trop de journées non
travaillées, il n'est pas rare de perdre 300 à 400 euros par mois", admet Guy Vallot, le représentant FO de Sandouville,
qui a connu le temps de la gloire de l'usine : "Il y a trente-trois ans, nous étions 12 500, maintenant nous allons être 2
700 et dès janvier il n'y aura plus qu'une équipe par jour!"
La voiture électrique
C'est l'avenir du site qui angoisse les troupes. Carlos Ghosn a pourtant affirmé qu'il était hors de question de fermer
Sandouville. Un véhicule utilitaire (VU) y sera préindustrialisé et assemblé à partir de 2012. Mais quid des chaînes de
montage d'ici là? C'est le point clé des autres questions préparées pour Nicolas Sarkozy: "Fera-t-on des automobiles à
terme en France ?", "Pourquoi ne pas recourir aux préretraites pour les plus de 58 ans ?", "Quel est l'avenir du haut de
gamme à Sandouville ?" Il est vrai qu'un "VU" n'est pas à la hauteur du potentiel technique atteint par les équipes locales
(la Laguna se classe parmi le trio de tête mondial en termes de qualité). Dans les ateliers, les équipes rêvent de
monter, d'ici à seize mois, la voiture électrique promise par Carlos Ghosn pour 2011. C'est peut-être la carte que
s'apprête à abattre Nicolas Sarkozy demain.
(1) Mille emplois à Sandouville sur les chaînes de production, 3 000 dans les autres "structures" française et 2 000 sur des
sites non spécifiés en Europe (France comprise). La CGT veut faire annuler ce "plan".
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