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Macosa : « La renaissance par la promotion du Made in France » L’entreprise de Bonnétable spécialisée dans la sous-traitance de corseterie de luxe tente de se relancer après une grosse crise du secteur. Rencontre et explications avec Philippe Hache, le directeur. B Bonnétable, mardi 18 décembre. Philippe Hache : « Ce métier, c’est traverser le grand canyon sur un câble sans balancier » Photographies « Le Maine Libre » Denis Lambert Propos recueillis par Mathilde Belaud – [email protected] « Le Maine Libre » : Quelles sont les activités de Macosa ? Philippe Hache : Nous allons fêter nos 40 ans au mois de mars 2013. Macosa est une entreprise spécialisée dans la fabrication en sous-traitance de lingerie-corseterie pour des grandes marques, moyenne gamme, haut de gamme et luxe. Nous fabriquons des soutiens-gorge, des caracos, de la lingerie légère, des maillots de bain et toute une gamme de beach wear. Depuis deux ans, nous produisons du masculin. Nous avons également une équipe spécialisée de quinze personnes qui produisent de 350 à 650 marinières par jour pour une grande marque bretonne. Comment avez-vous traversé ces dernières années ? Ici, dans les années 90-95, il y avait 250 salariés. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 98. Dans la sous-traitance, on travaille sans contrat, sans filet. Tout est en autofinancement. Ce métier, c’est traverser le grand canyon sur un câble sans balancier. Nous avons été touchés durement par les délocalisations à la fin des années 90. Il a fallu trouver de nouveaux clients dans le haut de gamme et le luxe et fabriquer de nouveaux produits. Puis la crise de 2009 est arrivée. Les trois premiers mois de l’année, on a perdu 52% de notre activité. Cette crise nous a coûté très cher. Pourquoi ne pas créer votre propre marque ? On a essayé en 1997 de créer notre propre marque « Eloquance ». Mais pour monter une marque, il faut cinq ans et dix collections en autofinancement. Le problème, c’est que nos donneurs d’ordre en ont pris ombrage. Nous avons arrêté notre marque au bout de quatre saisons, ça nous coûtait trop cher. Quelles solutions avez-vous mis en œuvre ? On se bat pour défendre le Made in France. On se recentre sur le savoir-faire de Macosa et la qualité des produits qui sortent de nos ateliers. La campagne électorale pour la présidentielle avec les Lejaby, avec qui on travaille, a jeté un œil sur le Made in France. On veut obtenir une certification « origine française garantie ». C’est notre image de marque, notre carte à jouer. Je me déplace beaucoup pour faire rentrer de nouveaux clients. Nous avons su évoluer et proposer des productions en petites et très petites séries. Pour élargir la palette de services, nous avons également créé un bureau d’études avec des modélistes qui permet de mettre au point les collections en interprétant les croquis des stylistes des marques. On leur donne toute la collection clef en main. Et l’avenir ? On va continuer à se battre. L’un des challenges que l’on a à relever, c’est le renouvellement des salariés dans les huit ans. A Macosa, la moyenne d’âge est de 43 ans. On peine à recruter. Chez Macosa, il faut trois ans pour arriver au niveau d’exigence qu’on demande à une ouvrière. Que peut-on faire alors pour attirer les jeunes ? Nous allons créer une école interne, fin 2013. Nous avons mené l’expérience cette année, avec le Greta du Mans avec 400 heures de formation, pour donner leur chance à des femmes, souvent des mères célibataires. Nous en avons embauché cinq au mois de septembre. C’est important d’avoir une entreprise en milieu rural. Nous employons des femmes de la région. Mais à Bonnétable, nous sommes confrontés au manque de logement social et de transports en commun pour venir du Mans. Etes-vous optimiste pour la suite ? On voit au jour le jour comment la crise évolue. C’est très stressant mais on s’accroche. On fait un beau métier. On se bat pour défendre notre profession. 95% de femmes, dont la plupart sont de Bonnétable Macosa emploie 98 salariés, dont une grande majorité de femmes. Pour Carène, originaire de Beaufay, Macosa, c’est une « histoire de famille », comme elle l’explique sans quitter des yeux la marinière qu’elle assemble sur sa machine. « Mes sœurs travaillaient dans l’entreprise et ça m’a donné envie de les rejoindre. J’ai fait un BEP couture et j’ai été embauchée. C’était la chance de faire un métier intéressant et de rester pas loin de la maison ». Carène, 37 ans, est "fière de défendre le Made in France". Depuis vingt ans, la jeune femme de 37 ans qui vit désormais à Bonnétable, a vécu durement les crises successives de l’entreprise. « C’est dur dans le secteur. On voit beaucoup d’entreprises fermer ». « Travailler près de chez soi c’est précieux » Alors il a fallu s’adapter. Carène s’est formée pour rejoindre l’équipe des marinières et ajouter de nouvelles compétences à ses savoir-faire. « J’avais envie de changer et comme ça, j’évite la routine ». La jeune femme explique sa « fierté de faire du Made in France. On sait ce qu’on fait, on sait la qualité. C’est précieux de défendre notre métier. On est fier quand on voit des pubs à la télé et qu’on sait que c’est nous qui l’avons fait ». Cette fierté, Mélanie, 33 ans, la partage aussi depuis le mois de septembre. Maman de trois enfants, cette ancienne militaire a dû se reconvertir pour élever ses enfants. « Grâce à Pôle Emploi, j’ai entendu parler de la formation chez Macosa. Je ne regrette pas du tout de m’être lancée. J’aime le travail manuel et ce qu’on fait, c’est vraiment minutieux. Et puis ? avoir un travail à côté de chez soi, à Bonnétable, c’est vraiment précieux ».