réel, quelquefois, désaltère l`espérance. C`est pourquoi, contre toute

Transcription

réel, quelquefois, désaltère l`espérance. C`est pourquoi, contre toute
Patrice LECLERC, Maire
Hommage aux victimes des attentats
terroristes
Gennevilliers - 20 novembre 2015
Salle du Conseil municipal
Mesdames, Messieurs,
Merci, Mesdames, Messieurs, Merci d’être là ce
soir.
Le poète et résistant René CHAR a écrit : « Le
réel, quelquefois, désaltère l’espérance. C’est
pourquoi, contre toute attente, l’espérance
survit. »
Vous êtes le réel.
Vous êtes ce réel qui même s’il connaît la peur
devant
l’abominable,
devant
la
folie
meurtrière, ne cède pas à la panique.
Vous êtes ces femmes et ces hommes qui
aimez la vie, qui aimez les autres, ceux qui
vous ressemblent comme ceux qui peuvent,
par leurs différences, vous faire découvrir le
monde, et d’autres manières de penser et de
vivre.
Bref, vous aimez l’Humanité, celle qui vous fait
voir en chaque femme, et en chaque homme,
un frère ou une sœur, une part de votre
Humanité.
C’est pourquoi les massacres perpétrés à
Saint-Denis, à quelques pas d’ici, la tuerie au
Bataclan à Paris, nous bouleversent.
Nous pensons aussi aux autres peuples
victimes du terrorisme, trop nombreux et
souvent oubliés, malheureusement, je pense
particulièrement à la Syrie et au Liban.
Après les attaques contre la liberté, à Charlie
Hebdo, contre la police à Montrouge, contre
les juifs à l’hyper-Casher à Vincennes, les
mêmes criminels se sont attaqués à la
jeunesse du monde.
Permettez-moi de reprendre les propos d’Anne
Hidalgo, Maire de Paris :
« Vendredi soir, les terroristes sont venus
défier ce qu’ils détestent le plus, la vie
cosmopolite,
généreuse,
insoumise
et
bruyante de Paris et de Saint-Denis. C’est dans
des quartiers où cohabitent toutes les
générations, toutes les langues, toutes les
cultures, qu’ils ont cherché à nous interdire de
vivre et de vibrer, de parler, d’écouter,
d’échanger, de partager. Ce qu’ils ont voulu
abattre, c’est notre liberté, cette liberté que
dans chacune de nos communes nous nous
attachons à protéger et à partager, (…) ».
Une semaine après, nous pensons à toutes les
victimes, à leurs familles.
Je pense particulièrement à Richard HAMMAN,
salarié et syndicaliste de la Snecma
Gennevilliers, à Stéphane HACHE, qui a vécu à
Gennevilliers.
Je sais aussi que de nombreux habitants et
salariés de notre ville connaissent une
personne proche blessée ou lâchement
assassinée, vendredi dernier.
Je veux aussi remercier les médecins de
Gennevilliers, l’équipe de l’Espace Santé qui a
donné de son temps, de son professionnalisme
pour aider, accompagner les victimes.
C’est aussi dans des moments, dramatiques et
effroyables,
que
la
société
française
redécouvre l’efficacité, l’utilité, le dévouement
des agents du service public comme de la
police et des services d’urgences et de santé.
C’est aussi dans ces moments-là que l’on
attache aucune importance aux objets, à
l’argent et beaucoup d’importance, aux êtres
humains, leur intégrité physique et morale.
Je remercie l’ensemble des élus de notre
Conseil municipal, tous les groupes politiques
qui, dès samedi dernier, ont su écrire
ensemble
une
déclaration
commune,
marquant ainsi la force du rassemblement des
Gennevilloises et des Gennevillois dans leur
diversité d’opinions, de religions, d’origines, de
style de vie, contre les lâches attentats
barbares et pour affirmer l’importance de
résister ensemble.
Dès le lendemain des attentats, la majorité
municipale prenait des dispositions d’urgence,
sans attendre les consignes, pour protéger la
population, rassembler tout le monde.
Nous continuerons à améliorer nos dispositifs
en place, sans céder à la panique à laquelle
voudrait nous contraindre les terroristes.
S’il est naturel d’avoir peur, il faut résister à la
panique, résister à tout ce qui empêcherait la
vie de reprendre le dessus, tout ce qui
anéantirait nos valeurs, tout ce qui entraverait
les libertés et le débat public.
Il faut que les initiatives et actions reprennent,
avec prudence certes, mais aussi avec
détermination, car notre fraternité a besoin de
s’exprimer au quotidien contre tous les risques
de replis, de haine et d’amalgame.
Je sais que nos concitoyens musulmans
craignent ces amalgames.
Certaines forces politiques en usent et en
abusent.
Nous ne tomberons pas ici, à Gennevilliers,
dans ce piège.
Nous ne confondons pas les criminels, quel
que soit leur alibi, avec les croyants ou avec
les personnes qui ont la même origine.
Bien au contraire, nous affirmons notre union,
notre
rassemblement
fraternel
contre
l’horreur.
Notre hommage, notre résistance quotidienne,
ne passe pas par la colère, ne passe pas par la
haine, ne passe pas par le repli, mais par une
volonté
d’afficher
concrètement
notre
fraternité, notre envie de vivre, notre
détermination à léguer à nos enfants et petitsenfants les joies et émotions de la musique,
les joies et émotions des retrouvailles entre
amis après le boulot, les joies et émotions du
sport, les joies et émotions de découvrir le
monde, les joies et émotions de notre
Humanité.
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je vous remercie de votre attention.
C’est en résistants ordinaires que nous
sommes
toutes
et
tous
rassemblés
aujourd’hui.
Des femmes et des hommes ont été
massacrés alors qu’ils aimaient la vie, la
musique, boire un coup entre amis, faire la
fête.