Bacs blancs

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Bacs blancs
2 Les mouvements littéraires au XVIII
1 . Les Lumières
e
siècle
B ◗ Relativisme et tolérance
BACBLANC
! page 123 du manuel
Questions
1. Le corpus étudié comporte trois textes : la lettre LXXXV du roman épistolaire Lettres persanes (1721) de
Montesquieu, le conte philosophique Petite Digression (1766) de Voltaire et un extrait du dialogue philosophique
Entretien d’un philosophe avec la Maréchale de *** (1766) de Diderot. Ces trois textes abordent le thème de la
religion et plus précisément défendent farouchement l’idée de tolérance religieuse.
• Ainsi, dans les Lettres persanes, Usbek explique que la multiplicité des religions est une richesse pour toute
patrie tant dans le domaine économique que moral. Relevons à ce propos les lignes 23 et 24 : « S’il faut raisonner sans prévention, je ne sais pas, Mirza, s’il n’est pas bon que dans un État il y ait plusieurs religions « ainsi
que les passages suivants : « ils sont portés à acquérir par leur travail et à embrasser les emplois de la société
les plus pénibles » (l. 28 et 29), « chacun se tient sur ses gardes et craint de faire des choses qui déshonoreraient
son parti » (l. 34 et 35). Par ailleurs, Usbek insiste sur l’idée selon laquelle les guerres de Religion sont la conséquence non pas de la diversité des croyances mais de l’attitude intolérante et prosélyte des hommes. Ainsi, le
Persan écrit à Mirza : « ce n’est point la multiplicité des religions qui a produit ces guerres, c’est l’esprit d’intolérance » (l. 44 et 45), « celui qui veut me faire changer de religion ne le fait sans doute que parce qu’il ne changerait pas la sienne » (l. 53 et 54).
• Voltaire, quant à lui, justifie la nécessité d’être tolérant par l’impossibilité des hommes à prouver l’existence ou
l’inexistence de Dieu. Ainsi, l’intolérance ne peut que provoquer des guerres absurdes et vaines tout comme est
absurde et inutile la querelle des aveugles concernant les couleurs. « Il se mit à juger souverainement des couleurs, et tout fut perdu » (l. 11 et 12), écrit ainsi Voltaire. De ce fait, seule la tolérance peut mettre fin à toutes ces
guerres ; d’où le choix pour la société des Quinze-Vingts « de suspendre leur jugement sur la couleur de leurs
habits » (l. 26 et 27).
• Enfin, nous retrouvons cette idée de tolérance dans le texte de Diderot à travers des répliques telles que « Je ne
me suis pas proposé de vous persuader » (l. 1), « Vous n’avez pas, à ce que je vois, la manie du prosélytisme »
(l. 10), « Je permets à chacun de penser à sa manière, pourvu qu’on me laisse penser à la mienne » (l. 14).
2. Si les trois textes ont une visée argumentative, les auteurs choisissent de faire entendre leur voix plus ou moins
explicitement.
• L’argumentation la plus explicite est sans nul doute celle de Diderot. En effet, celui-ci choisit de rendre compte
d’un entretien entre la Maréchale et lui-même ; entretien dans lequel il revendique ouvertement son athéisme.
Ainsi, à la baronne qui lui dit « superstition pour superstition, autant la nôtre qu’une autre » (l. 20), il répond
« Je ne le pense pas » (l. 22) ou encore à la question « Si, malgré cet inconvénient, l’espoir d’une vie à venir vous
paraît consolant et doux, pourquoi nous l’arracher ? » (l. 28), il rétorque « Je n’ai pas cet espoir » (l. 30).
• Les propos de Usbek sont eux aussi très explicites : « On remarque que ceux qui vivent dans des religions tolérées se rendent ordinairement plus utiles à leur patrie que ceux qui vivent dans la religion dominante » (l. 25 à
27). Cependant, il nous faut remarquer que Montesquieu fait le choix de la fiction, plus précisément du roman
épistolaire, pour défendre ses idées. Autrement dit, Usbek devient le porte-parole de l’auteur sachant que ce personnage persan permet une critique plus vive de l’ethnocentrisme français.
• Quant au texte de Voltaire, il propose l’argumentation la plus implicite du corpus. En effet, l’auteur fait le choix
du conte philosophique ; c’est-à-dire de l’apologue. Ainsi, c’est au lecteur de saisir que derrière l’histoire de la
fondation des Quinze-Vingts se cache la critique de l’intolérance religieuse. Cette lecture n’est donc pas sans difficultés d’autant que l’idée développée dans le dernier paragraphe qui se présente comme la morale de l’enseignement est elle aussi très implicite : « Un sourd, en lisant cette petite histoire, avoua que les aveugles avaient
eu tort de juger les couleurs : mais il resta ferme dans l’opinion qu’il n’appartient qu’aux sourds de juger de la
musique » (l. 28 à 30)
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Travaux d’écriture
1. Dissertation
Le sujet de dissertation nous invite à réfléchir sur l’efficacité des formes argumentatives que sont principalement
l’apologue, l’essai et le dialogue. S’interroger sur l’efficacité d’une forme argumentative, c’est
se demander non seulement si le texte parvient à obtenir l’adhésion du destinataire mais aussi quels sont
les moyens mis en œuvre par l’auteur pour y parvenir ou, au contraire, quelles sont les difficultés qui
empêchent ou du moins rendent la compréhension de l’œuvre difficile. Si les formes argumentatives sont au cœur
du sujet, il ne faut cependant pas oublier que la réflexion doit également mettre en relation cette première question avec une période précise de l’histoire littéraire : le siècle des Lumières.
I. DES FORMES ARGUMENTATIVES EFFICACES AU SERVICE DES COMBATS
MENÉS PAR LES PHILOSOPHES DU SIÈCLE DES LUMIÈRES.
1. L’Encyclopédie et ses nombreux articles qui sont autant d’essais répondent à la volonté des philosophes de diffuser le savoir auprès du plus grand nombre tout en développant l’esprit critique des
lecteurs puisque les articles écrits par divers auteurs peuvent présenter des thèses adverses.
2. Le choix de la fiction telle que le conte philosophique permet d’incarner les combats chers aux philosophes dans des personnages ; d’où une plus grande force persuasive. Ex : l’épisode du « nègre de
Surinam » dans Candide de Voltaire.
3. En outre, le détour par la fiction permet bien souvent d’éviter la censure. Ex : Lettres persanes de
Montesquieu
L E S L U M I È R E S B. Relativisme et tolérance
II. UNE EFFICACITÉ À NUANCER
1. L’ironie, arme littéraire préférée des auteurs du XVIIIe siècle est source
de nombreux contresens. Ex : De l’esprit des lois, « De l’esclavage des nègres » de Montesquieu
2. Le lecteur peut ne pas saisir la critique présente dans un texte tant elle est implicite. Ex : Petite
Digression de Voltaire
2. Commentaire
Il s’agit de montrer en quoi ce texte constitue un apologue, c’est-à-dire un récit derrière lequel se cache une
critique. Nous nous interrogerons également sur l’efficacité de cette forme argumentative.
BACBLANC
I. UN RÉCIT SOUS FORME DE CONTE PHILOSOPHIQUE.
1. L’anecdote respecte les étapes habituelles du schéma narratif
2. La voix subjective et ironique du narrateur
II. UN APOLOGUE : PRÉSENCE IMPLICITE D’UNE CRITIQUE
1. Un plaidoyer pour la tolérance
2. Une morale ambiguë dans le dernier paragraphe qui pose le problème
de l’efficacité de l’anecdote
3. Écriture d’invention
Quelques pistes d’évaluation :
• Respect de la forme épistolaire (date, lieu, phrase d’appel, formule de politesse…)
• Construction de la lettre sous forme de paragraphes, chacun devant proposer un argument illustré d’un exemple
(répartition des heures dans la semaine, place laissée aux enseignements sportifs, artistiques et culturels, relation entre les élèves et les enseignants, prise en compte des élèves en difficulté…)
• Prise en compte du regard étranger (étonnement de l’étranger, comparaison avec son propre système éducatif…)
2. Les mouvements littéraires au XVIIIe siècle
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