en savoir plus - L`écran de Saint Denis
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mardi 5 février écran 1 SOIRÉE D’OUVERTURE, DOCTEUR FOLAMOUR DR. STRANGELOVE OR: HOW I LEARNED TO STOP WORRYING AND LOVE THE BOMB DE STANLEY KUBRICK ROYAUME-UNI–ÉTATS-UNIS/1963/NOIR ET BLANC/ 1H33/VOSTF/35 MM D’APRÈS LE ROMAN DE PETER GEORGE RED ALERT AVEC PETER SELLERS, GEORGE C. SCOTT, STERLING HAYDEN, KEENAN WYNN, SLIM PICKENS Le général Jack Ripper, convaincu que les Russes ont décidé d’empoisonner l’eau potable des États-Unis, lance sur l’URSS une offensive de bombardiers B-52 en ayant pris soin d’isoler la base aérienne de Burpelson du reste du monde. Pendant ce temps, Muffley, le Président des États-Unis, convoque l’état-major militaire dans la salle d’opérations du Pentagone et tente de rétablir la situation. « Voilà donc Kubrick, avec son septième film, devenu poète et moraliste, parce que, sans en avoir l’air, il nous parle mieux et plus profondément de la bombe qu’on ne l’avait fait avant lui, et que Dr. Strangelove n’a rien de cynique, ni de confortablement optimiste ou de conventionnel. Une fois de plus, art et technique se retrouvent. La science moderne a prouvé, s’est prouvée à elle-même, qu’elle ne pouvait avancer qu’à l’aide de connaissances incomplètes, qu’il nétait de progrès possible qu’en acceptant une part d’indétermination, et que seule une certaine et volontaire ignorance permettait d’établir des lois. Le film de Kubrick est beau, qui nous dit à son tour qu’il n’y a pas de savoir sans danger, de lucidité sans un peu d’aveuglement, d’art ni de vie authentiques sans menace consentie. » mercredi 6 février écran 1 Les classiques de l’enfance, à partir de 6 ans WALL.E D’ANDREW STANTON ÉTATS-UNIS/2008/COULEUR/1H37/VF/35 MM WALL.E est le dernier être sur Terre et s’avère être un petit robot. Sept cents ans plus tôt, l’humanité a déserté notre planète, laissant à cette incroyable petite machine le soin de nettoyer la Terre. Mais au bout de ces longues années, WALL.E a développé un petit défaut technique: une forte personnalité. Extrêmement curieux, très indiscret, il est surtout un peu trop seul. « La vraie surprise de WALL.E provient du ton adopté et du message sous-jacent. Le film d’Andrew Stanton, surtout dans sa première partie, est extrêmement sombre, obsédé par le vide, la destruction (explosions, rouille et apocalypse), souvent inquiet sous ses coutures comiques. WALL.E est probablement le film le plus subversif jamais produit par le studio Disney, d’habitude si modéré, e-cuménisme oblige. La grande idée de Stanton est en effet de figurer l’humanité, ou plutôt ce qu’il en reste, comme une colonie de poupons bodysnatchés, les yeux rivés sur des écrans de télé, le cerveau ramolli par un consumérisme roi, en apesanteur dans un parc d’attraction stellaire ressemblant comme deux gouttes d’eau à… Disneyland ! Pour Stanton, l’espèce humaine en est donc là, perdant pied avec le réel à mesure que se rapproche la catastrophe. Ce sont les robots qui lui donnent une leçon d’humanité et de révolte. On ne sait pas où nous emmèneront dans le futur les magiciens de Pixar, mais on est prêt à les y suivre, le cerveau en éveil et les yeux grands ouverts. » JACKY GOLDBERG, LES INROCKUPTIBLES N° 661-663, 29/07-18/08 2008 JEAN NARBONI, CAHIERS DU CINÉMA N° 155, MAI 1964 9