chapitre 7

Transcription

chapitre 7
CHAPITRE 7
Q Les totalitarismes
Frise d’ouverture
page 230
La chronologie fait apparaître en parallèle l’évolution des trois États étudiés en mettant l’accent sur
les étapes de la prise du pouvoir et les principales
mesures mises en place par les trois régimes.
gure enfin l’affrontement ultérieur de la Seconde
Guerre mondiale
La vue, prise du pavillon italien, indique la référence du régime fasciste à la Rome antique.
Elle permet d’introduire la problématique du chapitre portant sur ce qui rapproche les trois régimes
totalitaires et sur leurs spécificités irréductibles.
Cartes
Document d’ouverture
pages 232-233
page 231
L’exposition universelle des arts et techniques de
Paris en 1937 fut organisée par le gouvernement
du Front populaire. Alors que la construction des
pavillons de la France est retardée par les grèves,
les pavillons étrangers sont bâtis à temps. Ils sont
l’occasion, pour les régimes totalitaires, d’affirmer
leur propagande. La localisation face à face, du
pavillon soviétique et du pavillon allemand, revêt
plusieurs significations. Elle signale à l’époque la
vitalité et une certaine identité des deux régimes
totalitaires, notamment par l’aspect imposant des
deux architectures évoquant les cérémonies grandioses habituelles dans ces deux régimes. Elle
marque également l’opposition idéologique entre
les deux régimes : la statue L’ouvrier et la kolkhozienne (statue monumentale de Véra Mukhina, bel
exemple de « réalisme socialiste ») signale la place
de la classe ouvrière dans le régime soviétique,
l’aigle impérial allemand fait référence à l’aspect
militaire du régime nazi. À posteriori, elle préfi-
Ces cartes visent à monter l’originalité des régimes
totalitaires en Europe tout en mettant l’accent sur
les traits spécifiques à chacun des trois régimes.
La carte 1 montre que les régimes totalitaires
s’opposent aux démocraties libérales puisqu’ils
sont des dictatures. Mais l’Italie et Allemagne se
distinguent en même temps des dictatures autoritaires conservatrices.
Les cartes 2 et 3 pointent la volonté expansionniste de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie.
Ces deux régimes regardent vers l’extérieur, envisagent l’expansion militaire et la guerre. La carte
3 permet également d’évoquer les notions de pangermanisme et d’« espace vital ».
À l’opposé, la carte 4 montre que la dictature de
Staline est tournée vers l’intérieur. Elle s’est exercée essentiellement contre la population soviétique par l’intermédiaire du goulag qui a permis la
mise en valeur de la plus grande partie de l’espace
soviétique.
P101Q
Découvrir 1
Affirmer un État nouveau
pages 234-235
Problématique : Sur quelles valeurs se
fondent les régimes totalitaires ?
Dans les quatre doubles pages « Découvrir » de
cette partie, on envisage principalement les caractères communs aux trois régimes totalitaires.
Chacune des doubles pages met en évidence une
caractéristique essentielle de ces régimes, à savoir
le rejet de la démocratie libérale, l’adhésion volontaire ou forcée des populations, la terreur de masse
et le contrôle de l’économie au service de l’Etat.
Dans cette première double page, il s’agit de comprendre la nature de ces régimes radicalement
nouveaux et spécifiques qui rejettent la démocratie libérale. On cherche ici les éléments communs
à ces trois régimes : la place du chef charismatique, l’encadrement de la population par l’État
ou le Parti, le rejet, proclamé ou non, des valeurs
des droits de l’homme. En même temps, apparaissent les spécificités de chaque régime : l’État
est premier dans le régime fasciste alors que c’est
le racisme qui prime dans le régime nazi. Enfin,
l’URSS de Staline ne se revendique pas comme régime totalitaire et se place comme une héritière de
la Révolution française.
Explication des documents
Doc 1Q Ce texte est rédigé en réalité par Giovanni
Gentile, qui fait partie des grandes figures intellectuelles du fascisme. Il constitue l’élaboration
doctrinale la plus achevée de la définition du totalitarisme fasciste par ses propres acteurs dix ans
après l’arrivée des fascistes au pouvoir. À partir
de la première phrase se référant à Hegel, ce texte
permet de définir le totalitarisme comme un régime politique contrôlant la totalité de l’existence
de la population. En même temps, ce totalitarisme
se place au service de l’État fasciste qui a pour vocation, selon Mussolini, d’absorber la société civile tout entière. C’est en effet l’État qui fonde le
totalitarisme fasciste.
Il apparaît également que ce régime s’oppose à la
démocratie libérale, aux principes des droits de
l’homme et même aux idées de bonheur et de progrès héritées des Lumières.
Doc 2Q Cet extrait de Mein Kampf montre les
fondements racistes du totalitarisme nazi. Plutôt
que de se référer, comme Mussolini, au Totale staat,
Hitler préfère la désignation d’État Völkisch (ethnico-racial) en raison de la primauté accordée au
peuple (Volk) dans l’univers raciste des nazis. Hitler reprend explicitement l’héritage Völkisch, idéologie d’extrême droite constituée au XIXe siècle
en réponse aux bouleversements de la société al-
lemande par l’industrialisation. Cette idéologie
est censée exprimer l’esprit du peuple (Volk) allemand caractérisé par une culture commune, par
un enracinement dans la terre (à l’origine de la
force vitale du peuple allemand) et les racines rurales traditionnelles, et partageant un même sang
(Blut und Boden).
Les conséquences en sont le pangermanisme, la
revendication d’un espace vital et l’antisémitisme,
puisque les Juifs sont rendus responsables de tous
les maux qui accablent le peuple allemand. Porteurs de la modernité, ils menaceraient les fondements mêmes de l’existence du Volk enraciné dans
les traditions et dans la terre. On sait également
que les Juifs sont accusés d’avoir provoqué la défaite de 1918 et la crise économique. Selon Hitler,
l’objectif du totalitarisme nazi est la préservation
du Volk qui serait menacé par les Juifs.
Doc 3Q Ce tableau est une illustration de l’idéologie völkisch. Hitler, représenté comme un chevalier teutonique, incarne cet enracinement dans
les fondements médiévaux du Volk allemand.
La référence aux chevaliers teutoniques est également un appel à la conquête de l’espace vital à
l’Est. La fonction de porte-drapeau évoque enfin
la fonction charismatique du chef dans un régime
totalitaire. En effet, en tant que Führer, Hitler se
prétend l’incarnation et l’interprète de la volonté
du peuple allemand.
Les documents 2 et 3 permettent également d’étudier la signification nationaliste et raciste du drapeau nazi.
Au-delà des indications données par Hitler dans
l’extrait de Mein Kampf, il faut rappeler que les
trois couleurs retenues (rouge, blanc, noir) renvoient à celles de l’Empire allemand lui-même
héritier du Saint-Empire romain germanique. Le
choix de la couleur rouge est aussi une façon de
ne pas laisser le monopole de celle-ci au communisme. Le svastika, croix gammée inclinée à 45°
sur un cercle blanc, est un emprunt à un symbole
cosmique indien. Il est interprété comme le symbole des Aryens, les ancêtres des Germains selon
les nazis. Le svastika, selon les propres mots de
Hitler, représente le « symbole du combat pour la
victoire de l’Aryen » sur les races « inférieures »,
les Slaves et les « sous-hommes », les Juifs.
Doc 4Q L’auteur, un juriste d’extrême droite, un
des théoriciens de la « révolution conservatrice »
en Allemagne, présente sa définition de ce que
pourrait être un État totalitaire en Allemagne. Il
s’inspire du modèle italien et du fonctionnement
de l’État durant la Première Guerre mondiale qui
avait mobilisé l’économie, la société, l’opinion
publique au service de l’effort de guerre. On peut
ainsi établir un lien généalogique entre la guerre
totale et l’État total. Cet État total est également
proche de l’État totalitaire italien car il vise le
contrôle de toute la société civile et s’oppose à l’individualisme et aux valeurs des droits de l’homme.
P102Q
Mais sa dimension raciste, antisémite, nationaliste
(le Diktat) et expansionniste (l’espace vital) est à
nouveau soulignée ici. Précisons que ce texte fut
critiqué par les nazis dans la mesure où, pour eux,
ce n’est pas l’État qui prime, mais la dimension
raciste de la défense du Volk allemand. À la différence de l’État totalitaire italien qui est une finalité
pour Mussolini, l’État n’est pour les nazis qu’un
moyen au service de leur politique antisémite.
Doc 5Q Ces trois articles de la constitution soviétique de 1936 illustrent le paradoxe existant
entre les principes affirmés (un État, des paysans
et des ouvriers, un régime démocratique par l’intermédiaire des soviets élus par les citoyens) et
le rappel du rôle dirigeant du Parti communiste,
qui a confisqué, de fait, la démocratie soviétique
(celle-ci n’a vécu que quelques mois en 1917). La
dernière phrase suggère malgré tout la dimension
totalitaire du régime, puisque le parti contrôle les
organisations sociales et étatiques.
Doc 6Q Cette affiche de propagande fait également apparaître un autre paradoxe qui fonde le totalitarisme stalinien. D’une part, cette constitution
est présentée comme socialiste et démocratique (on
parlait de « la constitution la plus démocratique du
monde »). D’autre part, elle est présentée comme
ayant été donnée par Staline, ce qui est fort peu démocratique et en tout cas contraire aux principes
de la souveraineté nationale. Cette affiche illustre
bien le fonctionnement d’un régime totalitaire : le
peuple est enrégimenté sous les bannières rouges
du Parti communiste alors que le buste de Staline
au premier plan à gauche indique la place du chef,
lui aussi charismatique.
Découvrir 2
Encadrer les sociétés
pages 236-237
Problématique : Comment susciter
l’adhésion des populations ?
Un autre caractère commun à ces régimes, et qui les
différencie des dictatures autoritaires classiques,
est qu’ils ont réellement suscité l’adhésion enthousiaste des masses, grâce à l’utilisation des moyens
modernes de propagande et d’encadrement de la
population. Cet aspect confère un caractère résolument moderne à ces régimes politiques. Sur ce
plan, on discerne peu de différences entre les trois
régimes. C’est pourquoi chaque document illustre
ici un aspect commun aux trois régimes.
Explication des documents
Doc 1Q L’intérêt de ce document est double. Il
montre que, cyniquement, Hitler perçoit l’éducation des jeunes comme un moyen de leur retirer
leur liberté de penser et d’agir (dernière phrase du
texte). D’autre part, il détaille les étapes de l’encadrement des jeunes Allemands. A dix ans, le jeune
garçon entre dans le Jungvolk où il prête serment
de fidélité à Hitler, tandis que les filles sont incorporées dans les Jungmädel. De 14 à 18 ans, les filles
sont incorporées à la Bund deutscher Mädel et les
garçons aux Jeunesses hitlériennes où ils subissent
un entraînement sportif, militaire et idéologique.
A 18 ans, les jeunes gens rejoignent le service du
travail et l’armée. En 1936, ces organisations dirigées par Baldur Von Schirach remplacent toutes les organisations de jeunesse existantes et deviennent un rouage essentiel du totalitarisme en
concurrençant les structures familiales et scolaires
de socialisation des enfants.
Doc 2Q Cette interview de Günter Grass précède
de peu la publication de son autobiographie en
2006 qui a fait scandale en Allemagne. Ce prix
Nobel de littérature, grande figure morale de l’Allemagne d’après-guerre qui a toujours dénoncé
le passé nazi de l’Allemagne avoue en effet qu’il
a servi, quelques mois durant, dans la Waffen SS
à l’âge de 17 ans. Les extraits de cet article nous
indiquent la manière dont les S.S. étaient perçus
dans l’Allemagne nazie. On voit également que le
régime nazi avait su susciter l’enthousiasme des
jeunes gens. Il n’est ici jamais question de terreur.
Ce document peut se lire dans le prolongement du
document précédent puisqu’il nous indique l’état
d’esprit des jeunes gens en Allemagne quand ils
sortent des Jeunesses hitlériennes et du service du
travail obligatoire.
Doc 3Q Dans l’Italie fasciste, toutes les associations de loisirs populaires (culture populaire,
éducation artistique, sport, tourisme) sont regroupées en 1925 dans l’Œuvre nationale Dopolovaro
(« Après le travail ») qui passe sous le contrôle du
Parti fasciste en 1927. Cette organisation a été rendue possible par l’institution de la journée de 8
heures en 1923. La photographie montre la finalité politique de cette organisation qui sert d’instrument de propagande et d’enrégimentement des
ouvriers. Elle rassemblait 4,6 millions d’adhérents
volontaires en 1939 et elle a servi de modèle d’encadrement des masses au KDF en Allemagne (voir
p. 245).
Doc 4Q Cette photographie permet d’aborder
également l’embrigadement des enfants dans
l’Italie fasciste. A 6 ans, les garçons intégraient
les Fils de la Louve, de 8 à 14 ans, les Balillas (ils
reçoivent un uniforme et des armes factices) et de
16 à 18 ans, les Avant-gardistes. Créées en 1926, ces
organisations remplacent toutes les autres organisations de jeunesse en 1931. On inculque aux
jeunes une éducation guerrière et une obéissance
absolue au Duce. Le montage de la photographie
suggère l’aspect militaire de leur entraînement et
l’avenir guerrier auquel ils sont promis comme le
souligne la statue présente dans le fond. En outre,
cette photo date de 1936 et se situe entre la cam-
P103Q
pagne d’Éthiopie et l’intervention de l’Italie dans
la guerre d’Espagne.
Doc 5Q Cette affiche souligne la modernité, pour
l’époque, des moyens employés par la Propagande
nazie. Ministre de la propagande, Goebbels lança
dès 1933 une campagne intense pour l’acquisition
de Volksempfänger (Récepteur de radio populaire)
qui fit de l’Allemagne le second pays d’Europe
le mieux équipé en postes de radio. Le but était
que tous les foyers allemands puissent écouter les
discours de Hitler. C’est l’intrusion de la politique dans le cercle familial. Sur l’affiche, le poste
de radio, relayant la voix de Hitler et dominant la
foule, suggère l’adhésion du peuple au chef charismatique. La radio paraît ici comme un instrument
privilégié du totalitarisme.
Doc 6Q Ce texte est extrait d’un ouvrage de Victor
Serge (1890-1947) décrivant la situation de l’URSS
vingt ans après la révolution d’Octobre. Son point
de vue est celui d’un révolutionnaire qui considère que le régime de Staline a trahi les idéaux de
1917. En effet, Victor Serge est un Belge d’origine
russe, proche des mouvements anarchistes d’avant
la Première Guerre mondiale. Après la révolution
d’Octobre, il rejoint la Russie soviétique et devient
un dirigeant de la IIIe internationale. Il se lie à
Trotski et à l’opposition de gauche, ce qui lui vaut
d’être déporté en Sibérie entre 1933 et 1936. Il est
libéré après une campagne internationale de protestation. Il laisse une œuvre littéraire essentielle
décrivant la guerre civile et la NEP et dénonçant
surtout le régime instauré par Staline.
Cet extrait se présente comme une revue de la
presse soviétique en 1936. Le nom de Staline revient constamment pour en présenter une image
paternelle caractéristique de tous les dictateurs,
mais également une image quasi divine qui renvoie là aussi au caractère charismatique du pouvoir du chef dans un régime totalitaire.
Découvrir 3
Réduire l’obéissance
pages 238-239
Problématique : Quelles formes prend
la terreur de masse ?
L’adhésion des masses aux régimes totalitaires s’effectue également par la contrainte et la terreur. Il
s’agit d’un autre point commun à ces régimes caractérisés par la terreur de masse, faisant suite à
la brutalisation inaugurée par la Première Guerre
mondiale et supposant un très fort contrôle social.
Cette terreur est massive par le nombre de personnes détenues, elle est entretenue par la délation qui
contribue à réprimer le moindre écart de langage et
à contrôler la vie privée de chacun. Elle est largement évoquée pour que nul n’ignore son existence.
Explication des documents
Doc 1Q Cette photographie (à mettre en relation
avec la carte 4 de la page 233) illustre la fonction
et le caractère massif de la répression en URSS.
Cette répression fournit une main-d’oeuvre abondante pour des grands travaux de mise en valeur
de l’espace soviétique, dans des conditions épouvantables entraînant une très forte mortalité des
détenus.
Doc 2Q Ce texte montre le contrôle exercé sur la
vie privée des membres du Parti communiste. Le
militant dont il est question ici se voit reprocher
les engagements des membres de sa famille et les
propos antisémites de sa femme. On peut également supposer que ces deniers ont été rapportés
par la délation qui contribue largement au contrôle
social dans l’URSS de Staline.
Doc 3Q Cette anecdote rapportée par Victor
Serge montre que de simples propos (et même le
fait de les avoir entendus sans les avoirs dénoncés)
peuvent valoir de lourdes condamnations. L’objectif est de faire sentir à chaque citoyen qu’il est
un coupable en puissance, puisque la moindre
plaisanterie peut être fatale. Le traitement habituel des détenus (mise au secret, torture, absence
de défense) montre une absence totale de garanties
individuelles et le règne d’un arbitraire des plus
aveugles.
Doc 4Q Cette couverture du supplément illustré
du Völkischer Beobachter, journal du N.S.D.A.P. depuis l’origine, est une photo des détenus du camp
de concentration de Dachau, l’un des premiers
ouverts en 1933 pour les opposants politiques au
régime nazi. Pour ce journal, il s’agit de montrer
que le régime a su réduire au silence ses opposants. Mais la diffusion de cette image indique
que la réalité des camps était bien connue des Allemands. Tout Allemand susceptible de s’opposer
au régime savait ce qui l’attendait, et il n’est pas
douteux qu’une telle photographie a contribué à
terroriser la population.
Doc 5Q Ce texte est extrait du roman d’Anna
Seghers (1900-1983), Allemande antifasciste et
proche du Parti communiste, exilée en France en
1933. Dans ce roman rédigé en 1940, elle décrit la
vie quotidienne sous le nazisme à partir des différents témoignages qu’elle a pu recueillir. Cet extrait
montre que la réalité des camps de concentration
n’était pas inconnue de la population allemande.
Ce camp est situé délibérément à proximité du village et il n’est pas rare que des Allemands n’ayant
rien à se reprocher y soient incarcérés. On peut
rapprocher à cet égard le destin du jeune batelier
évoqué à la fin du texte, de celui des deux couples
qui avaient plaisanté sur Staline (document 3).
Doc 6Q L’auteur de ce texte, Emilio Lussu, fondateur du Parti sarde d’action fut élu député en
1921. Emprisonné puis évadé d’Italie en 1929, il
gagna la France où il publia en 1933 son témoignage sur l’avènement du fascisme en Italie. Ce
P104Q
texte évoque lui aussi le délit d’opinion puisque
sont déportées des personnes simplement coupables d’être des adversaires du régime. Il décrit les
mauvais traitements dont les détenus sont victimes pour des motifs apparemment futiles.
Découvrir 4
Contrôler l’économie
pages 240-241
Problématique : Comment l’économie
est-elle soumise aux besoins de l’État ?
On met parfois au crédit des régimes totalitaire
leur réussite économique : industrialisation de
l’URSS, modernisation de l’appareil productif
italien, lutte contre le chômage en Allemagne. Il
s’agit de montrer ici que ces réalisations se sont
faites uniquement en fonction des impératifs de
l’État, au détriment de la population et dans une
perspective essentiellement belliciste, conformément à l’idéologie des ces régimes.
Explication des documents
Doc 1 et 2Q Ces deux tableaux montrent une
certaine croissance de la production industrielle globale mais aussi un déséquilibre entre
les productions destinées à satisfaire les besoins
de la population qui ont été sacrifiées (textile,
construction en Italie, biens de consommation en
Allemagne) et les productions destinées à alimenter la machine de guerre qui connaissent une forte
progression (industrie mécanique en Italie, biens
d’équipement en Allemagne).
Cette croissance est visible dès 1935-1936. A cette
date Hitler a fait accepter à la Grande-Bretagne et
à la France le principe du réarmement de l’Allemagne. En Italie, Mussolini s’est lancé dans une
politique d’expansion coloniale (cf. carte page
232).
Doc 5Q En forme d’illustration de la progression
des industries mécaniques en Italie, ce document
montre à la fois les progrès accomplis en terme de
production navale ainsi que la propagande réalisée à cette occasion par le régime fasciste.
Doc 6Q On trouve la même logique en URSS.
Les productions agricoles se sont effondrées au
début des années 1930 lors de la collectivisation
forcée et de la dékoulakisation. Les paysans ont
fréquemment abattu leur cheptel pour éviter leur
confiscation pure et simple. Comme l’agriculture
a été délaissée par la planification, les résultats restent faibles en 1940. Le contraste avec la forte augmentation des productions de l’industrie lourde
est d’autant plus saisissant. Là aussi, la priorité à
l’industrie est notable.
Doc 3Q L’affiche publicitaire pour les usines Alfa
Roméo est significative du contrôle de l’économie
par l’État totalitaire fasciste. La devise veut faire
croire à la mise au travail des ouvriers de l’entreprise par adhésion à l’idéologie du régime fasciste
symbolisé ici par l’aigle impérial. De même, la
composition suggère que l’aigle impérial trouve sa
force dans la production industrielle. Il faut rappeler que l’entreprise devint propriété de l’État
italien en 1933 en passant sous le contrôle de l’IRI
et qu’elle fabriqua du matériel militaire pour la
campagne d’Éthiopie. Durant la Seconde Guerre
mondiale, les usines Alfa Roméo fabriquèrent exclusivement des moteurs d’avion.
Doc 4Q Ce texte de Hitler signale les impératifs
politiques présidant à l’organisation économique
dans l’Allemagne nazie. L’objectif fixé à l’économie allemande est d’être capable de supporter une
guerre d’ici quatre ans et, pour cela, de fonctionner en relative autarcie (recherche de produits de
substitution à certaines matières stratégiques telles
le caoutchouc). Les motivations à faire la guerre
sont liées au programme nazi : l’affrontement de
l’URSS et la conquête d’un espace vital à l’Est.
Doc 7Q Le discours de Staline peut être considéré en parallèle au mémorandum de Hitler. Staline brosse un bilan plutôt flatteur des réalisations
Bibliographie
• Ph. Burrin., Fascisme, nazisme, autoritarisme,
Seuil, Points, 2000.
• A. Koestler, Le Zéro et l’infini, traduction
française, 1938, rééd. Livre de Poche.
• M. Ferro (dir.), Nazisme et communisme. Deux
régimes dans le siècle, Hachette Pluriel, 1999.
• P. Milza, Les fascismes, Imprimerie nationale,
1985, rééd. Champs Flammarion.
• G. L. Mosse, De la Grande guerre au totalitarisme. La brutalisation des sociétés européennes, traduction française, Hachette Littérature, 1999.
• H. Rousso, (dir.), Stalinisme et nazisme. Histoire et mémoire comparées, Complexes, 1999.
• E. Traverso, Le totalitarisme. Le XXe siècle en
débat, Seuil, Points, 2001.
• J. et D. Musiedlack, Les totalitarismes. Fascisme et nazisme, Documentation photographique
n° 7037, octobre 1996.
• Th. Serrier, « Günter Grass ou le cauchemar
allemand », L’histoire n° 314, novembre 2006,
pp. 28-29.
Sitographie
Le Totalitarisme : un concept en débats par Bernard Bruneteau, maître de conférences à l’université Pierre Mendès France-Grenoble II
http://hist-geo.ac-rouen.fr/doc/cfr/tot/tot.htm
P105Q
économiques du premier plan quinquennal (à
confronter avec les résultats effectifs dans le document 6, notamment en ce qui concerne la production agricole). Certes, en quelques années, L’URSS
est devenue la troisième puissance industrielle
mondiale et elle est passée d’une économie essentiellement agraire à une économie industrielle.
Mais sa conclusion est analogue à celle de Hitler :
il s’agit là aussi de construire une force militaire
capable de défendre le pays.
S’entraîner au bac – Étude d’un
ensemble documentaire
L’embrigadement de la
jeunesse : l’exemple de
l’Allemagne nazie
pages 246-247
Première partie
� Il s’agit d’un témoignage rédigé après la Seconde Guerre mondiale, il y a réécriture d’événements passés dont l’auteur connaît l’issue.
� Être courageux, endurant, sportif, dévoué, capable de vivre en communauté.
� Un encadrement étroit dès le plus jeune âge, en
dehors de l’influence des parents.
� Les Juifs, les intellectuels, les scientifiques.
� Former des guerriers valeureux, ayant assimilé
les idées nazies.
Deuxième partie
Les régimes totalitaires, dans le but de créer un
« homme nouveau », accordent beaucoup d’importance à la prise en main de la jeunesse, créant
des organisations chargées de les encadrer et de
les éduquer. C’est le cas des « Jeunesses hitlériennes » (Hitlerjugend ) dans l’Allemagne nazie, où, à
partir de 1936, tous les jeunes âgés de 6 à 18 ans
sont obligés d’être inscrits. Cette organisation regroupe plus de 8 millions de jeunes à la veille de la
Seconde Guerre mondiale en 1938. Les garçons,
enrôlés de 6 à 10 ans comme Pimpf (« gamin »),
deviennent à 10 ans Jungvolk (« Jeune du Peuple ») (document 1) après avoir prêté serment sur
le drapeau de servir et de donner sa vie à « Hitler,
sauveur de la patrie ». À 14 ans, ils sont membres à
part entière de la Hitlerjugend. À 18 ans, les garçons
sont appelés à passer dans le « Service du Travail
», puis dans l’armée. Les filles, elles, entrent à 10
ans dans le Jungmädel (« Jeunes Vierges ») pour
devenir ensuite entre 14 et 18 ans, membres du
Bund deutscher Mädel (« La Ligue des jeunes filles
allemandes»). À 18 ans, elles accomplissent une
année de service agricole ou de service ménager
(document 4). À 21 ans, elles prolongent leur formation dans la section Glaube und Schönheit (« Foi
et Beauté »).
Ainsi, garçons et filles, durant leurs loisirs, sontils soustraits à l’influence de leur famille et, portant un uniforme paramilitaire, ils suivent une
éducation qui diffère selon les sexes. Les garçons
reçoivent un entraînement physique et militaire
qui passe bien avant l’éducation académique et
scientifique (document 5). Ils sont appelés à s’endurcir et à accepter une discipline de fer au sein
d’une vie en communauté (documents 3 et 5). Les
valeurs de courage et d’endurance sont magnifiées. Les filles sont préparées aux combats à venir
(cours de secourisme, de défense passive), mais
surtout elles sont initiées à la maternité, considérée par les nazis comme une fonction vitale pour
la nouvelle Allemagne.
La première raison d’être des Jeunesses hitlériennes est donc la formation d’hommes et de femmes
prêts à servir loyalement le IIIe Reich. Cela passe
aussi par le culte du chef (cf. le serment prêté à
l’entrée de la Jungvolk) et la dénonciation des ennemis du Reich (cf. document 4 « les Juifs, les socialistes, les infirmes de naissance... la clique juive
de Weimar, la méprisable S.D.N. »).
Regards sur… la vie en
Allemagne sous le nazisme
pages 248-249
La photographie et le texte donnent une première
impression de banalité de la vie quotidienne dans
l’Allemagne nazie par la profusion des enseignes
commerciales, les passants en costume d’une part,
le repli du couple Karl et Trudel sur sa vie de famille d’autre part. Pourtant le nazisme s’insère
dans tous les interstices de ce cadre apparemment
paisible. La banderole antisémite dans la rue commerçante appelle au boycott des magasins juifs et
évoque l’un des pires aspects du nazisme. Cette
banderole rappelle également que les Allemands
ne sont même pas libres d’acheter leurs produits
où bon leur semble. Rappelons au passage que le
boycott des magasins juifs fut lancé par Goebbels
dès le 1er avril 1933. Le texte montre également
qu’un couple qui s’abstient de participer aux collectes et aux réunions du Parti, qui se permet de
donner son avis sur le sort des Juifs est aussitôt
considéré comme suspect et surveillé étroitement
par ses voisins. Dans les deux cas, l’adhésion au
régime jusque dans les moindres détails de la vie
quotidienne, est obligatoire sous peine d’encourir
de graves ennuis.
Hans Fallada (1893-1947), journaliste et romancier, en racontant dans son roman l’itinéraire d’un
couple qui décide de faire de la propagande antinazie à la suite du décès de son fils unique lors de
la campagne de France, décrit la vie quotidienne
à Berlin au tout début de la Seconde Guerre mondiale.
P106Q
Découvrir 5
L’Italie fasciste,
le premier régime totalitaire
pages 250-251
Problématique : Comment Mussolini
et les fascistes prennent-il le contrôle
de l’Etat ?
Après avoir envisagé les caractères communs aux
trois régimes totalitaires dans la partie précédente,
on envisage maintenant les spécificités de chacun
d’eux.
En étudiant la manière dont les fascistes se sont
emparé de l’État italien, il s’agit d’étudier les
principales caractéristiques du régime fasciste :
une dictature dirigée par le Duce s’appuyant sur
un parti unique, l’exaltation de la violence comme
mode de fonctionnement politique, au service finalement des milieux dirigeants traditionnels de
la société italienne.
Explication des documents
Doc 1Q Le programme du P.N.F. de novembre
1921 est le second programme fasciste, rédigé au
moment où Mussolini transforme les « Faisceaux
italiens de combat » en « Parti national fasciste »
avec le soutien financier de la grande bourgeoisie
italienne. Il a été rédigé par Mussolini dans une
perspective de recentrage politique et de remise au
pas des membres de son mouvement, dont le nombre est passé de 20 000 à 320 000 entre 1919 et 1921.
La démagogie révolutionnaire du programme
de 1919 est abandonnée. Ce texte se présente comme un programme de gouvernement soucieux des
intérêts des milieux dirigeants, d’où les mesures
visant à protéger la propriété privée et à réduire
les conflits sociaux.
Ce point est important dans le contexte social de
l’Italie d’après-guerre marqué par les grèves avec
occupation d’usine de 1920. On peut rappeler à
cet égard les expéditions punitives menées par les
bandes fascistes contre les grévistes et les syndicalistes de gauche instaurant un climat de terreur
politique qui a favorisé leur arrivée au pouvoir.
Au-delà des aspects socialement conservateurs,
apparaissent également des aspects spécifiques au
fascisme au sujet de la définition de l’État souhaité
par Mussolini. L’État serait le gardien de la nation
italienne elle-même conçue comme la synthèse
de la volonté de l’ensemble des Italiens. Nous
trouvons là en germe la dimension totalitaire de
l’État fasciste. Une conséquence en est la volonté
d’expansion géographique (le terres irrédentes) et
coloniale. Cet État est d’emblée présenté comme
guerrier. L’analyse de ce texte montre que le régime
fasciste n’est pas un régime autoritaire classique.
Doc 2Q La loi sur les compétences du chef du
gouvernement se place dans le cadre de l’instauration des « lois fascistissimes » instaurant totalement la dictature fasciste en 1925. Elles portent
sur le pouvoir du Duce, du gouvernement et du
parlement, elles instituent l’OVRA (la police politique), instaurent la censure de la presse et de la
radio, rétablissent le délit d’opinion et interdisent
les syndicats et partis non fascistes.
Cette loi maintient l’apparence d’un régime parlementaire : le roi nomme et révoque le chef du
gouvernement (ce qui s’est effectivement passé en
1943), les ministres sont responsables devant lui,
le pouvoir législatif est maintenu. Formellement,
Mussolini n’est que le chef du gouvernement. Il
existe une forme de pouvoir bicéphale partagé nominalement par le roi et par le Duce qui constitue
un frein au pouvoir de ce dernier. L’Italie fasciste
est officiellement un État constitutionnel doté de
bases législatives. Mais, de fait, le régime parlementaire est vidé de sa substance puisque le Duce
détient un pouvoir exécutif exorbitant (les ministres sont responsables également devant lui et il
peut avoir plusieurs portefeuilles en même temps)
et il muselle le pouvoir législatif. Il n’y a donc plus
de séparation des pouvoirs. En outre, l’interdiction de critiquer le Duce sous peine de prison renforce le caractère dictatorial de son pouvoir.
Doc 3Q Cette photographie illustre les modalités de l’accession au pouvoir de Mussolini. Élu à
la chambre en 1921, et après avoir fait échouer la
grève générale de l’été 1922, Mussolini fait pression sur le gouvernement et le roi Victor Emmanuel III, et avec la Marche sur Rome, obtient
d’être nommé chef du gouvernement le 30 octobre
1922.
Cette photographie allie les deux images que les
fascistes veulent donner d’eux-mêmes. Les responsables fascistes arborent la chemise noire signifiant le deuil de l’Italie bafouée lors du règlement
de la paix en 1919 ainsi que leurs décorations attestant de leur bravoure durant la Grande guerre.
Ils rappellent ainsi le nationalisme, l’esprit ancien
combattant des Arditi et leur attachement à la violence politique, notamment contre les ouvriers et
les syndicalistes. En revanche, Mussolini, en costume et chapeau, donne de lui-même une image
des plus respectables destinée à rassurer les milieux dirigeants italiens.
Doc 4Q Ce chant fasciste illustre le versant violent et anticommuniste du fascisme, tout en s’affirmant contre les honnêtes citoyens et les bourgeois. Il indique également l’importance du culte
du chef dont les fascistes s’affirment être les fidèles
serviteurs. Mussolini est placé sur le même plan
que Jésus, ce qui lui confère une aura quasiment
sacrée. On retrouve la dimension charismatique
du chef dans un régime totalitaire.
Doc 5Q La mise en scène de cette photographie
suggère une continuité (par le geste et la stature)
P107Q
entre César, l’initiateur du l’Empire romain, et
Mussolini qui se présente comme le restaurateur
de la grandeur passée de Rome avec la conquête
de l’Éthiopie (voir carte p. 232). De fait, une fois la
conquête achevée, Mussolini a proclamé officiellement la constitution de l’Empire italien dans
la continuité de l’Empire romain. L’uniforme et
le contexte de photographie rappellent la nature
guerrière du régime fasciste.
Doc 6Q Ce bâtiment construit en prévision de
l’Exposition universelle de 1942 exprime les divers héritages revendiqués par le régime. Les statues antiques à la base du bâtiment font référence
à l’antiquité romaine tandis que l’inscription sur
le fronton évoque bien entendu la Renaissance.
En revanche, la forme du bâtiment est résolument
moderniste et évoque les paysages du peintre de
Chirico, proche du surréalisme.
Découvrir 6
L’Allemagne nazie :
un régime totalitaire
pages 252-253
Problématique : Pourquoi cette dictature
suppose-t-elle l’exclusion de catégories
entières de population ?
L’objectif est de faire comprendre aux élèves que
la dictature nazie s’est exercée au premier chef
contre la population allemande elle-même. On a
vu précédemment que les régimes totalitaires supposaient l’adhésion enthousiaste de la population.
Il s’agit maintenant de montrer que cette adhésion
plus ou moins volontaire suppose en contrepartie
l’exclusion de larges pans de la société allemande.
Cette logique d’intégration (c’est-à-dire du
contrôle étroit du Volk allemand) ou d’exclusion
(tous ceux qui peuvent « pervertir » le Volk sur le
plan racial et sur le plan politique : les Juifs, les
handicapés mentaux, les noirs, les homosexuels,
les communistes), structure cette présentation du
régime nazi. La terreur s’exerce contre ceux qui
sont considérés comme extérieurs au Volk germanique.
Explication des documents
Doc 1Q Le programme du N.S.D.A.P. de 1920
a été rédigé durant la crise de l’après-guerre. Il
prône des mesures en faveur des chômeurs et des
classes moyennes (paragraphes 7 et 15). En simplifiant un peu la réalité, on sait en effet que de
larges bataillons du parti nazi se recrutaient dans
ces milieux sociaux. Ce programme est également
nationaliste (pangermanisme paragraphe 1 et
hostilité aux traités de paix paragraphe 2) et expansionniste (introduction du thème de l’espace
vital paragraphe 3). Enfin, ce programme est raciste puisque les Juifs, considérés non pas comme
les pratiquants d’une religion, mais comme un
peuple au sang différent de celui des Allemands,
seraient exclus de la citoyenneté allemande pour
cette raison.
La question est de savoir si l’on peut introduire
le débat (insoluble) opposant les historiens fonctionnalistes (la shoah fut décidée finalement pour
toute une série de raisons tenant au contexte de
la Seconde Guerre mondiale) et les historiens intentionnalistes (Hitler aurait eu dès le départ la
volonté d’exterminer les Juifs et Auschwitz serait
contenu dans ce programme de 1920).
Doc 2Q Ces extraits de textes juridiques indiquent quelques aspects du contexte de la mise
en place de la dictature nazie dans le cadre de la
« révolution légale » de février à juillet 1933. Le
31 janvier 1933, Hitler dissout le Reichstag. Le 28
février, au lendemain de l’incendie du Reichstag,
il adopte un premier décret suspendant les libertés individuelles. Ce décret installe un régime de
terreur politique qui entache bien évidemment la
campagne électorale. À l’issue des élections législatives du 5 mars, et après avoir obtenu les pleins
pouvoirs grâce au parti du centre, le Zentrum, la loi
du 24 mars accorde au chancelier la possibilité de
promulguer des lois sans en référer au parlement.
C’est la fin du régime parlementaire et l’instauration de fait de la dictature de Hitler dont la parole
devient, dès lors, source de loi.
Il en résulte que, dès lors, le régime nazi n’est plus
un État au sens moderne du terme, mais un régime
charismatique affranchi de toute rationalisation.
Après l’occupation des sièges des syndicats et leur
adhésion obligatoire au front du travail nazi, le
2 mai, l’ordonnance du 14 juillet clôt cette révolution légale avec l’interdiction de tous les partis
à l’exclusion du Parti national-socialiste. Deux
remarques peuvent être formulées. D’une part,
l’instauration de la dictature nazie s’est faite en 6
mois tandis que celle de la dictature fasciste s’est
réalisée en 4 ans. D’autre part, nous trouvons avec
ces extraits la plupart des sources juridiques de la
dictature de Hitler : Hitler détient le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, il est soutenu par un
parti unique et toutes les libertés sont suspendues.
Doc 3Q Le portrait officiel de Hitler et la devise
officielle du IIIe Reich résument les grands traits de
l’idéologie nazie et montrent en quoi l’Allemagne
nazie est un État totalitaire raciste. Le terme Volk
évoque la nation ou le peuple allemand. Il renvoie
à la conception Völkisch de communauté raciale
fondée sur le sang et la terre. Il suppose l’exclusion
de ceux qui ne sont pas considérés comme étant de
sang allemand, les Juifs. Mais l’idéologie Völkisch
de lutte entre les races sous-entend également que
la défense de ce Volk passe par la conquête d’un
espace vital (Lebensraum) pour nourrir ce peuple
et pour assurer la suprématie des Allemands sur
P108Q
les Slaves. Le terme Reich place le régime nazi
dans la continuité du Saint-Empire romain germanique et du IIe Reich, dans une vision millénariste. Ce Reich suppose également l’unité de tous
les Allemands (c’est-à-dire toutes les populations
qui parlent l’allemand) dans une grande Allemagne. C’est donc l’application du pangermanisme.
Enfin, le terme Führer (Guide) désigne le type de
régime dirigeant le Reich. Depuis la mort du président Hindenburg en août 1934, Hitler est la fois
« Chancelier et Führer du Reich » : il détient sans
partage la totalité du pouvoir exécutif (ce que n’a
pas Mussolini). Hitler exerce donc une dictature
totale, il est le maître du Reich, mais il se veut également l’incarnation de la volonté du Volk : cette
simple devise permet d’aborder le caractère charismatique du pouvoir de Hitler.
Doc 4Q Les lois de Nuremberg sont la conséquence des conceptions raciales des nazis. Étant
donné que les Juifs sont considérés comme ne
faisant pas partie du peuple Allemand, en vertu
du droit du sang (voir documents 1 et 3), ils sont
exclus de la citoyenneté allemande. En outre,
comme le mélange est perçu par les nazis comme
une atteinte à la soi-disant pureté de la race susceptible de provoquer sa disparition, le mariage
et les relations sexuelles sont prohibés. Ces lois
marquent une étape importante dans l’exclusion
des Juifs de la nation allemande et dans leur persécution préludant à l’extermination.
Doc 5Q Cette photographie est à rapprocher du
document 2 sur la mise en place de la dictature
nazie. L’air abattu de ce militant communiste – accusé notamment d’avoir suscité la révolet de la
flotte de guerre en 1918 – symbolise la défaite du
Parti communiste allemand en 1933. Il contraste
avec l’arrogance des S.A. On peut remarquer la
présence à l’arrière-plan de nombreux policiers et
S.A. qui semblent encadrer et quadriller la foule.
Cette photographie illustre concrètement la mise
en place de la dictature nazie.
Doc 6Q Cette caricature de musicien de jazz noir
rappelle que le régime nazi contrôle également les
arts, ici le jazz, interdit en Allemagne dès 1933 en
tant que « musique nègre ». On peut ainsi en rappeler le caractère totalitaire. Divers symboles rapprochent cette musique des communautés considérées comme des ennemis du Volk germanique :
les noirs figurés par cette caricature qui nous rappelle que les nazis considéraient les noirs comme
de sous-hommes, les Juifs que l’étoile de David et
la boucle d’oreille évoquent vraisemblablement à
l’époque, les homosexuels qui ont été également
persécutés par le régime. On peut rapprocher
cette affiche de la tristement célèbre exposition
sur « l’art dégénéré » de 1937-1938. Organisée par
Goebbels, elle présentait les œuvres des artistes
qui ne correspondaient pas aux canons de l’art officiel nazi. En effet, dans le régime nazi, l’art doit
exalter la communauté raciale allemande et doit
être débarrassé de toute influence étrangère.
Découvrir 7
L’URSS de Staline, le
bouleversement autoritaire
d’une société
pages 254-255
Problématique : A quel prix le projet
socialiste est-il mis en place ?
Il s’agit de montrer que Staline use de la terreur
de masse pour mettre en place un État obéissant
aux principes du socialisme. Il faudrait toutefois
souligner que l’État ainsi installé ne respecte pas
l’intégrité des principes auxquels il se réfère. À
l’inverse des deux régimes précédemment étudiés,
la terreur s’exerce contre la population dans son
ensemble, voire même surtout contre les communistes et les dirigeants eux-mêmes de l’appareil
étatique.
Doc 1Q Cette affiche imprimée à l’occasion du
17e congrès du P.C.U.S. de 1934, au cours du second plan quinquennal et au tout début des grandes purges qui décimèrent le Parti communiste,
glorifie bien entendu l’œuvre de Staline. La composition de l’affiche est simple : à gauche Lénine,
les marins et les gardes rouges qui réalisèrent la
révolution d’octobre 1917. À droite, au bout du
doigt tendu de Lénine, l’URSS de 1934, héritière
de la révolution de 1917. Derrière le buste de Staline en vareuse militaire installé à une tribune, les
combinats sidérurgiques et une escadrille d’avions
de guerre symbolisent les réalisations industrielles
du premier plan quinquennal dont la réussite
est bien entendu attribuée à Staline. Au pied de
Staline un défilé et des banderoles à sa gloire. On
trouve ici quelques éléments du culte de la personnalité.
Doc 2Q Extraits de la constitution de 1936 (voir
aussi page 235). Cette constitution fonde un État
socialiste (paragraphes 1 et 4) : État des ouvriers
et des paysans, propriété collective des moyens de
production (d’où la possibilité du plan quinquennal) opposée à la propriété privée du système capitaliste. Cette constitution assure également le respect de tous les droits fondamentaux hérités des
droits de l’homme : liberté de la personne, liberté
de conscience, liberté d’expression. On remarquera que, à la différence des deux régimes précédemment étudiés, l’URSS se situe dans la filiation
des Lumières et de la Révolution française, et se
présente comme un régime extrêmement démocratique. Bien entendu, les chapitres précédents
ont permis de montrer aux élèves qu’il n’en était
rien en réalité, mais le discours est d’importance
malgré tout. Surtout, les documents qui suivent
sont destinés à montrer ce qu’il en est réellement.
Doc 3Q Cet extrait de l’ouvrage de Victor Serge
résume la collectivisation de 1928-1932 dans les
P109Q
campagnes. Son point de vue est celui d’un membre
de « l’opposition de gauche » proche de Trotski
mais il s’agit également d’un témoignage direct
puisqu’à cette époque, Victor Serge vivait encore
en URSS et n’avait pas encore été interné au goulag. La première étape est celle des réquisitions. Il
s’agit d’obliger les paysans à livrer leurs récoltes
mais aussi d’obtenir celles-ci à bas prix pour financer en partie l’industrialisation qui débute alors.
La seconde étape est celle de la collectivisation
forcée avec l’entrée obligatoire des tous les paysans
dans les Kolkhozes (coopératives), auxquels ils
doivent apporter tout leur cheptel et tout leur matériel. Les paysans récalcitrants, riches au pauvres,
sont qualifiés de koulaks (paysans riches) et déportés par familles et villages entiers en Sibérie
ou en Asie centrale. On habille donc la répression
sous un verbiage révolutionnaire pour justifier ces
déportations massives. Le dernier paragraphe du
texte esquisse un bilan de cette collectivisation
forcée : chute de la production agricole, famine
dans les campagnes (5 millions de morts, et notamment en Ukraine) organisée pour briser toute
résistance au régime, soit 10 millions de personnes
déportées.
Doc 4Q Ces quelques statistiques élaborées par
Victor Serge montrent la reconstitution des inégalités et d’une hiérarchie sociale en URSS (différence de salaires hommes / femmes ; différence
ouvriers / hauts fonctionnaires, c’est-à-dire dirigeants de l’État et du Parti communiste). Les
indications de prix des denrées montrent le très
faible pouvoir d’achat des ouvriers et la très grande misère du peuple soviétique au début de l’industrialisation. La faiblesse des salaires ouvriers
était le moyen de construire un appareil industriel
à moindre coût.
Doc 5Q Cette photographie des membres du Bureau politique (l’instance décisionnelle du Parti)
en 1920 et l’indication de leur devenir montre que
la plupart d’entre eux ont été liquidés par Staline.
Dans les années 1930 en effet, Staline s’est débarrassé de la vieille garde bolchevique pour deux
raisons : ces anciens compagnons de Lénine pouvaient contester son pouvoir ; d’autre part ils incarnaient les principes du socialisme et la période
de la révolution durant laquelle Staline, lui, joua
un rôle très secondaire.
Doc 6Q Les procès de Moscou qui se tinrent
de 1936 à 1938 furent l’occasion de juger et de
condamner à mort les plus illustres des compagnons de Lénine (Zinoviev, Kamenev, Boukharine notamment). Torturés, drogués, ces derniers
s’accusèrent des crimes les plus surprenants et
principalement d’avoir comploté contre l’URSS
sous la direction de Trotski (alors en exil) et sur
ordre des services secrets occidentaux. Dans ce
réquisitoire, Vychinski, le procureur le plus redoutable de ces procès (lui-même un ancien menchevik qui avait combattu les bolcheviks durant la
guerre civile), nous livre en réalité les raisons de
ces procès. Il s’agit de rendre les accusés responsable des faillites du système (les pénuries, le gaspillage, et la misère de la population) inhérentes
à la gestion autoritaire de l’économie par Staline.
L’autre fonction des procès de Moscou est de terroriser tous les membres du Parti communiste qui
pourraient se reconnaître dans ces grandes figures
du mouvement bolchevique pour les contraindre
à une obéissance aveugle envers Staline. En effet,
au cours des années 1936-1938, ce sont 700 000
personnes (dirigeants du Parti, de l’Etat ou de l’armée) qui furent exécutées, souvent sans procès.
P110Q
Bibliographie
• P. Ayçoberry, La société allemande sous le IIIe Reich, Seuil, Points, 1998.
• V. Chalamov, Récits de Kolyma, 2 tomes, Livre de poche 1990.
• E. Gentile, Qu’est-ce que le fascisme ? Histoire et interprétation, Folio histoire, 2004.
• I. Kershaw, Hitler. Essai sur le charisme en politique, Gallimard, Folio, 1995.
• I. Kershaw, Qu’est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Gallimard, Folio,
1997.
• I. Kershaw, Hitler 1889-1945, 2 tomes, Flammarion, 1999-2000.
• J.-J. Marie, Staline 1878-1953, Librio, 2003.
• E. Lussu, La marche sur Rome et autres lieux, Editions du Félin, 2002.
• M. Levin, Le siècle soviétique, Fayard, 2003.
• M.-A. Matard-Bonucci, L’Italie fasciste et la persécution des Juifs, Perrin, 2007.
• P. Milza, Mussolini, Fayard, 1999.
• P. Milza et S. Berstein, Le fascisme italien 1919-1945, Seuil, Points, 1980.
• G. L. Mosse, Les racines intellectuelles du Troisième Reich, Calmann-Lévy, coll. Mémorial de la Shoah,
2006.
• V. Serge, S’il est minuit dans le siècle, Grasset, 1939, rééd. Grasset, Collection Cahiers rouges.
• V. Serge, Mémoires d’un révolutionnaire, Seuil, 1951, rééd. Points.
• A. Soljenitsyne, Une journée d’Ivan Denissovitch, Julliard, 1975.
• Dossier : « Goebbels, itinéraire d’un chef nazi », L’histoire n° 312, septembre 2006.
• J.-L. Van Regemorter, Le stalinisme, Documentation photographique n° 8003, juin 1998.
• N. Werth, Histoire de l’Union soviétique - De l’Empire russe à la CEI, 1900-1991, PUF, 2001.
• N. Werth, La terreur et le désarroi. Staline et son système, Perrin, Tempus, 2007.
Sitographie
• Sur Mein Kampf, une étude sous-titrée La matrice de la barbarie par Hélène Desbrousses : http://
www.anti-rev.org/textes/Desbrousses00a
• Sur Hitler, à consulter avec les plus grandes précautions, un site révisionniste renfermant une
collection de documents historiques, et iconographiques : http://www.hitler.org/
• Staline par Stéphane Courtois : http://www.canalacademie.com/Staline.html
• Deux travaux de Nicolas Werth :
Sur la paysannerie sous Staline ; le pouvoir soviétique et la paysannerie dans les rapports de police
politique (1930-1934) (Dossier paru dans le Bulletin de l’IHTP, n° 81-82, décembre 2003) : http://
www.ihtp.cnrs.fr/spip.php?rubrique75?lang=fr
Les « Opérations de masse » de la « Grande terreur » en URSS (1937-1938) (dossier paru dans le Bulletin de l’IHTP n° 86) : http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php?rubrique142?lang=fr
P111Q
Préparer le bac – L’explication d’un tableau de propagande
Fête du kolkhoze d’Arkadi Plastov Pages 260-261
Ce que je tire du document Les connaissances que je dois mobiliser
Peinture
monumentale
célébrant les
valeurs du
régime
1°) Quelle est la nature du document ? A qui est-il destiné ?
Isolement
du régime
soviétique
2°) Dans quel contexte cette œuvre est-elle peinte ?
Détail d’une œuvre de
188 X 307 cm
1937
Pouvoir
communiste
Staline, et les
soviétiques
Tableau monumental appartenant au courant du
réalisme pictural, qui s’impose dans les années
1920 alors que le régime refuse l’avant-gardisme
révolutionnaire (constructivisme …)
Double destinataire : le chef de l’État soviétique et le
peuple qui peut visiter les expositions itinérantes
Isolement du régime soviétique enfermé sur lui-même
et rejeté par tous au moment de la dépression des
années 1930
Staline au pouvoir depuis une dizaine d’année, après
l’élimination de Trotski. Période marquée par de
grands procès politiques contre les contestataires ou
les rivaux possibles (grandes purges dans le Parti …)
3°) Quel personnage est mis en valeur ? Que représente-t-il ? Quelles relations sont
visibles avec l’ensemble des gens qui l’entourent ?
Portrait de Staline au-dessus
de la foule
Banderole, drapeaux rouges
et fleurs près du portrait
Foule endimanchée et
attablée
Toutes générations
confondues
Une relation quasi religieuse de domination d’un
homme et de la foule. Icône du « petit père des
peuples »
Une masse (aucune individualité ne se détache )
célébrant un homme providentiel et ses bienfaits
4°) Quelle est l’image du pays donnée par ce tableau ? Quelles sont les valeurs
défendues par le régime, qui sont représentées dans ce tableau ?
Climat de fête et de
réjouissances. Abondance
de victuailles sur les tables
rustiques
Aucun signe de pauvreté
(vêtements modernes)
Samovar en argent au
Succès de la
collectivisation premier plan
Grand bâtiment en pierre
Nombreuses taches rouges
Prospérité
Pays non touché par la dépression des années 1930
Cohésion sociale dans les campagnes
Double fidélité : au régime (culte de la personnalité
de Staline) à la patrie (racines russes présentes :
samovar)
Succès de la politique envers les campagnes :
collectivisation (fête kolkhozienne), richesse
(victuailles, bâtiment neuf en pierres)
Triomphe du modèle communiste à la campagne
5°) En quoi le tableau est-il représentatif d’un art totalitaire ?
Réalisme
On doit organiser l’art, et
pictural qui
en faire, comme l’industrie
n’est pas réalité lourde et l’Armée rouge,
un instrument efficace au
service d’un projet d’État
total. Filonov, 1919
… vers le
mythe du
bonheur
soviétique
Allégeance du peintre à l’égard du régime
Utilisation du courant pictural « réaliste » donnant
une image déformée de la réalité afin de satisfaire le
pouvoir en place
Censure et contrôle des artistes qui doivent se mettre
au service du régime
Peinture d’une campagne mythique, dans laquelle la
classe populaire qui célèbre son chef, est représentée
triomphante et satisfaite
P112Q
Au commencement était le Verbe, tableau d’Hermann Hoyer
Cette peinture réalisée avant 1933 met en scène
Hitler, alors chef du parti nazi. Destinée à être
reproduite, elle est l’un des outils de propagande
destiné au peuple allemand. Il ne s’agit pas encore
d’un exemple de l’art officiel qui mettra en avant
une peinture traditionaliste. Mais cette peinture
correspond au genre « héroïque » mis en avant par
les nazis, avec, ici, un personnage contemporain.
Si c’est dans le contexte de la lutte pour la prise
de pouvoir dans les années 1930 sur fond de crise
économique que cette peinture a été réalisée, l’intention de l’artiste était de montrer Hitler au moment de ses premiers engagements en politique
dans les années 1920 à Munich. Ce tableau surprend par sa palette sombre. Un premier regard
laisse croire à une scène banale : un homme parlant à une assistance attentive dans une auberge.
Mais le contraste, couleurs sombres dominantes
et lumière éclairant les visages et l’orateur, centre l’attention du spectateur sur Hitler. Celui-ci,
habillé en vêtements civils, domine par sa stature
le reste de l’assistance. Sa verticalité est soulignée
par le S.A. au garde-à-vous à sa droite aux côtés
du drapeau nazi qui se détache du décor. Hitler
est représenté en homme respectable, cherchant
à convaincre son auditoire. Celui-ci, composé de
femmes et d’hommes de toutes conditions, apparaît écouter gravement les paroles de l’orateur.
Mais cette réunion politique prend un autre sens
lorsqu’on lit le titre du tableau choisi par le peintre : la première phrase de l’Évangile de Jean « Au
commencement était le Verbe » ; Hitler devient
l’équivalent d’un prophète apportant la lumière,
voire de Jésus-Christ prêchant la Parole. La petite
communauté à laquelle il fait face peut être alors
assimilée à celle des premiers disciples chrétiens
qui comprennent, le jour de la Pentecôte, que désormais Jésus guide leur action. Hitler est le nou-
veau messie, le Sauveur d’une Allemagne dont
les ennemis ne sont pas cités ici explicitement :
ce sont les Juifs, ceux qui ont fait mettre à mort
Jésus.
Il y donc un détournement de thèmes religieux
que pratiquait également Hitler dans ses discours
où il multipliait les références aux Évangiles. On
pourrait faire le parallèle avec un tableau plus tardif Le Führer parle de Paul Padua (1939) où toute
la famille, rassemblée autour du poste de radio,
écoute religieusement le discours du Führer. Au
mur, les images pieuses sont remplacées par un
portrait d’Hitler.
Regards sur…
le dimanche d’un jeune Italien
pages 262-263
Ces deux documents illustrent l’encadrement des
jeunes gens par le régime fasciste. La photographie permet de faire sentir aux élèves ce que signifie concrètement pour les jeunes garçons le fait
d’appartenir aux Ballilas : leurs loisirs sont occupés par les entraînements et les défilés militaires.
En revanche, le texte montre l’ennui et l’inertie
opposée par les jeunes gens de la milice universitaire qui signale une faible adhésion au régime
fasciste.
Le roman « Giovenizza, Giovenizza » dont le titre renvoie à l’hymne du Parti national fasciste
« Jeunesse », met en scène entre 1936 et 1941 trois
jeunes Italiens habitants la ville de Ferrare. Giordano et Mariuccia, frère et sœur et leur ami Giulio, amoureux de cette dernière, symbolisent les
différentes attitudes vis-à-vis du fascisme. « Giovenizza, Giovenizza » a été porté à l’écran par le
réalisation Franco Rossi en 1969.
P113Q