Eléonore BOURBONNOIS - Université de Rennes 1

Transcription

Eléonore BOURBONNOIS - Université de Rennes 1
N° d’ordre :
ANNÉE 2016
THÈSE D'EXERCICE / UNIVERSITÉ DE RENNES 1
FACULTÉ DE MEDECINE
Sous le sceau de l’Université Européenne de Bretagne
THÈSE EN VUE DU
DIPLÔME D'ÉTAT DE DOCTEUR EN MEDECINE
Présentée par
Eléonore BOURBONNOIS
née le 23 octobre 1984 à Rennes
Quelles sont les attentes, en
matière de santé, des usagers du
système de soins de Villejean
(Rennes), à l’occasion de la
création d’un pôle de santé?
Thèse soutenue à RENNES
le 29 mars 2016
devant le jury composé de :
Vincent LAVOUE
PU-PH Gynécologie-obstétrique; gynécologie
médicale / président
Patrick PLADYS
PU-PH Pédiatrie/ Juge
Françoise TATTEVIN
Enquête qualitative auprès de
jeunes de 14 ans et de femmes
d’origine immigrée par entretiens
de groupe.
MCU associée en Médecine Générale, DMG Rennes
/ Juge
Emmanuel ALLORY
Docteur en Médecine Générale, Villejean (Rennes) ,
CCU DGM / Directeur de thèse
Elisa QUEMENEUR
Directrice du Planning familial 35 / Membre invité
2
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
Nom Prénom
AFFECTATION
ANNE-GALIBERT Marie Dominique
Biochimie et biologie moléculaire
BELAUD-ROTUREAU Marc-Antoine
Histologie; embryologie et cytogénétique
BELLISSANT Eric
Pharmacologie fondamentale; pharmacologie clinique;
addictologie
BELLOU Abdelouahab
Thérapeutique; médecine d'urgence; addictologie
BELOEIL Hélène
Anesthésiologie-réanimation; médecine d'urgence
BENDAVID Claude
Biochimie et biologie moléculaire
BENSALAH Karim
Urologie
BEUCHEE Alain
Pédiatrie
BONAN Isabelle
Médecine physique et de réadaptation
BONNET Fabrice
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques;
gynécologie médicale
BOUDJEMA Karim
Chirurgie générale
BOUGET Jacques
Thérapeutique; médecine d'urgence; addictologie
BOURGUET Patrick
Professeur des Universités en surnombre
Biophysique et médecine nucléaire
BRASSIER Gilles
Neurochirurgie
BRETAGNE Jean-François
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
BRISSOT Pierre
Professeur des Universités en surnombre
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
CARRE François
Physiologie
CATROS Véronique
Biologie cellulaire
CHALES Gérard
Professeur des Universités émérite
Rhumatologie
CORBINEAU Hervé
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
CUGGIA Marc
Biostatistiques, informatique médicale et technologies de
communication
DARNAULT Pierre
Anatomie
3
DAUBERT Jean-Claude
Professeur des Universités émérite
Cardiologie
DAVID Véronique
Biochimie et biologie moléculaire
DAYAN Jacques
Professeur des Universités associé
Pédopsychiatrie; addictologie
DE CREVOISIER Renaud
Cancérologie; radiothérapie
DECAUX Olivier
Médecine interne; gériatrie et biologie du vieillissement;
addictologie
DELAVAL Philippe
Pneumologie; addictologie
DESRUES Benoît
Pneumologie; addictologie
DEUGNIER Yves
Professeur des Universités en surnombre
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
DONAL Erwan
Cardiologie
DRAPIER Dominique
Psychiatrie d'adultes; addictologie
DUPUY Alain
Dermato-vénéréologie
ECOFFEY Claude
Anesthésiologie-réanimation; médecine d'urgence
EDAN Gilles
Neurologie
FERRE Jean Christophe
Radiologie et imagerie Médecine
FEST Thierry
Hématologie; transfusion
FLECHER Erwan
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
FREMOND Benjamin
Chirurgie infantile
GANDEMER Virginie
Pédiatrie
GANDON Yves
Radiologie et imagerie Médecine
GANGNEUX Jean-Pierre
Parasitologie et mycologie
GARIN Etienne
Biophysique et médecine nucléaire
GAUVRIT Jean-Yves
Radiologie et imagerie Médecine
GODEY Benoit
Oto-rhino-laryngologie
GUGGENBUHL Pascal
Rhumatologie
GUIGUEN Claude
Professeur des Universités émérite
Parasitologie et mycologie
4
GUILLÉ François
Urologie
GUYADER Dominique
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
HOUOT Roch
Hématologie; transfusion
HUGÉ Sandrine
Professeur des Universités associé
Médecine générale
HUSSON Jean-Louis
Professeur des Universités en surnombre
Chirurgie orthopédique et traumatologique
JEGO Patrick
Médecine interne; gériatrie et biologie du vieillissement;
addictologie
JEGOUX Franck
Oto-rhino-laryngologie
JOUNEAU Stéphane
Pneumologie; addictologie
KAYAL Samer
Bactériologie-virologie; hygiène hospitalière
KERBRAT Pierre
Cancérologie; radiothérapie
LAMY DE LA CHAPELLE Thierry
Hématologie; transfusion
LAVIOLLE Bruno
Pharmacologie fondamentale; pharmacologie clinique;
addictologie
LAVOUE Vincent
Gynécologie-obstétrique; gynécologie médicale
LE BRETON Hervé
Cardiologie
LE GUEUT Maryannick
Médecine légale et droit de la santé
LE TULZO Yves
Réanimation; médecine d'urgence
LECLERCQ Christophe
Cardiologie
LEGUERRIER Alain
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
LEJEUNE Florence
Biophysique et médecine nucléaire
LEVEQUE Jean
Gynécologie-obstétrique; gynécologie médicale
LIEVRE Astrid
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
MABO Philippe
Cardiologie
MALLEDANT Yannick
Anesthésiologie-réanimation; médecine d'urgence
MEUNIER Bernard
Chirurgie digestive
MICHELET Christian
Maladies infectieuses; maladies tropicales
5
MOIRAND Romain
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
MORANDI Xavier
Anatomie
MORTEMOUSQUE Bruno
Ophtalmologie
MOSSER Jean
Biochimie et biologie moléculaire
MOULINOUX Jacques
Biologie cellulaire
MOURIAUX Frédéric
Ophtalmologie
ODENT Sylvie
Génétique
OGER Emmanuel
Pharmacologie fondamentale; pharmacologie clinique;
addictologie
PERDRIGER Aleth
Rhumatologie
PLADYS Patrick
Pédiatrie
POULAIN Patrice
Gynécologie-obstétrique; gynécologie médicale
RAVEL Célia
Histologie; embryologie et cytogénétique
RIFFAUD Laurent
Neurochirurgie
RIOUX-LECLERCQ Nathalie
Anatomie et cytologie pathologiques
ROBERT-GANGNEUX Florence
Parasitologie et mycologie
SAINT-JALMES Hervé
Biophysique et médecine nucléaire
SEGUIN Philippe
Anesthésiologie-réanimation; médecine d'urgence
SEMANA Gilbert
Immunologie
SIPROUDHIS Laurent
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
SOMME Dominique
Médecine interne; gériatrie et biologie du vieillissement;
addictologie
SULPICE Laurent
Chirurgie générale
TARTE Karin
Immunologie
TATTEVIN Pierre
Maladies infectieuses; maladies tropicales
THIBAULT Ronan
Nutrition
THIBAULT Vincent
Bactériologie-virologie; hygiène hospitalière
6
THOMAZEAU Hervé
Chirurgie orthopédique et traumatologique
TORDJMAN Sylvie
Pédopsychiatrie; addictologie
VERGER Christian
Professeur des Universités émérite
Médecine et santé au travail
VERHOYE Jean-Philippe
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
VERIN Marc
Neurologie
VIEL Jean-François
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
VIGNEAU Cécile
Néphrologie
VIOLAS Philippe
Chirurgie infantile
WATIER Eric
Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique;
brûlologie
WODEY Eric
Anesthésiologie-réanimation; médecine d'urgence
7
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES-PRATICIENS HOSPITALIERS
Nom Prénom
AFFECTATION
AME-THOMAS Patricia
Immunologie
AMIOT Laurence
Hématologie; transfusion
BARDOU-JACQUET Edouard
Gastroentérologie; hépatologie; addictologie
BEGUE Jean-Marc
Physiologie
BOUSSEMART Lise
Dermato-vénéréologie
CABILLIC Florian
Biologie cellulaire
CAUBET Alain
Médecine et santé au travail
DAMERON Olivier
Informatique
DE TAYRAC Marie
Biochimie et biologie moléculaire
DEGEILH Brigitte
Parasitologie et mycologie
DUBOURG Christèle
Biochimie et biologie moléculaire
DUGAY Frédéric
Histologie; embryologie et cytogénétique
EDELINE Julien
Cancérologie; radiothérapie
GALLAND Françoise
Endocrinologie, diabète et maladies
métaboliques; gynécologie médicale
GARLANTEZEC Ronan
Epidémiologie, économie de la santé et
prévention
GUILLET Benoit
Hématologie; transfusion
HAEGELEN Claire
Anatomie
JAILLARD Sylvie
Histologie; embryologie et cytogénétique
LAVENU Audrey
Sciences physico-chimiques et technologies
pharmaceutiques
LE GALL François
Anatomie et cytologie pathologiques
LE RUMEUR Elisabeth
Physiologie
MAHÉ Guillaume
Chirurgie vasculaire; médecine vasculaire
8
MARTINS Raphaël
Cardiologie
MASSART Catherine
Biochimie et biologie moléculaire
MATHIEU-SANQUER Romain
Urologie
MENARD Cédric
Immunologie
MENER Eric
Médecine générale
MILON Joëlle
Anatomie
MOREAU Caroline
Biochimie et biologie moléculaire
MOUSSOUNI Fouzia
Informatique
MYHIE Didier
Médecine générale
PANGAULT Céline
Hématologie; transfusion
RENAUT Pierric
Médecine générale
RIOU Françoise
Epidémiologie, économie de la santé et
prévention
ROBERT Gabriel
Psychiatrie d'adultes; addictologie
ROPARS Mickaël
Anatomie
SAULEAU Paul
Physiologie
TADIÉ Jean-Marc
Réanimation; médecine d'urgence
TATTEVIN-FABLET Françoise
Médecine générale
TURLIN Bruno
Anatomie et cytologie pathologiques
VERDIER Marie-Clémence
Pharmacologie fondamentale; pharmacologie
clinique; addictologie
VINCENT Pascal
Bactériologie-virologie; hygiène hospitalière
9
REMERCIEMENTS
À Monsieur le Professeur Vincent LAVOUE
Je vous remercie me faire l’honneur de présider ce jury de thèse. Veuillez trouver le
témoignage de mon profond respect et de ma gratitude.
À Monsieur le Professeur Patrick PLADYS
Je vous remercie de me faire l’honneur de juger ma thèse. Recevez l’expression de ma
sincère considération.
À Madame le Docteur Françoise TATTEVIN
Je vous remercie d’avoir accepté d’être membre de ce jury. Merci de l’intérêt que vous
témoignez à notre travail.
À Madame Elisa QUEMENEUR
Je vous remercie de l’intérêt que vous avez porté à ce travail en acceptant de prendre part à
ce jury.
À Monsieur le Docteur Emmanuel ALLORY
Pour m’avoir fait l’honneur de diriger cette thèse. Pour ta disponibilité, pour ton dynamisme,
pour la motivation que tu as su nous communiquer, pour toutes ces heures de travail, pour la
qualité de ton encadrement.
10
Aux professionnels de santé de Villejean, Pour toute l’aide apportée au cours de notre
recherche. Quel beau projet que le votre !
Aux membres des associations Déclic femme et Le Relais, vous avez toute mon
admiration pour votre engagement et le travail que vous réalisez sur le terrain. Merci d’avoir
cru en mon travail.
Aux usagers, merci de la confiance que vous m’avez accordée. Votre rencontre n’aura pas
été sans impact sur ma pratique.
A mes « co-thésards » Bertille, Gaëlle et Luc. Le hasard nous a associés sur ce travail
mais nous nous sommes pourtant tout de suite entendus, comme une évidence. Combien de
réunions, d’échanges de mails, de Tea Time ou de Pizza party durant ces 2 années… le
temps passe bien vite quand on est si bien accompagnés. Un merci particulier à Bertille pour
ces journées entières de codage, chez toi ou chez moi, si conviviales.
11
À mes parents, vous, ci présents tout au long de ma vie, êtes les grands absents de
ce grand jour. Partis juste avant que je franchisse la ligne d’arrivée de ce marathon que vous
avez vécu avec moi et que je n’aurai jamais terminé sans votre soutien.
Toi ma petite maman, je n’ai pas de mot pour qualifier l’immense vide que tu laisses
dans ma vie et la difficulté d’avancer sans toi. Je te dois tout ce que je suis.
Toi papa qui n’est certainement pas pour rien dans mon choix de profession, j’espère
porter aussi bien que toi le titre de « Dr Bourbonnois ».
À ma « petite » sœur chérie, qui restera toujours ma « petite » sœur malgré nos
seulement 18 mois d’écart. Toute une vie passée côte à côte, dans les bons moments et les
plus durs qui ont aussi fait la particularité de notre relation si forte. Je continuerai à être là
pour toi, comme je te sais présente pour moi, indéfectiblement.
À mes frères,
À Amaury, Martine, Erine, Méline et Kylian, ma famille du soleil. Qu’est-ce que 12000
km quand de tels liens nous unissent? Particulièrement à toi Kylian, mon filleul bien aimé,
sache que je suis là, inconditionnellement, à tes côtés malgré la distance.
À Sébastien, parti trop tôt, mon grand regret est de ne pas avoir eu le temps de
construire plus de souvenirs ensemble.
À ma Famille « Robert » après cette année difficile qui nous a tous éprouvés,
sachez que je suis chaque jour reconnaissante de vous avoir à mes côtés. Quelle belle
famille que la notre ! Et je suis heureuse de pouvoir offrir cela à Elisa. Tout particulièrement à
ème
Brigitte, notre 2
maman à tous, la vie a perdu encore quelques couleurs avec ton départ.
A mes cousins, ma « Gatchik-Genau family », que j’aime nos délires passés et encore
plus ceux à venir !
À ma famille « Bourbonnois » ce n’est pas parce qu’on ne se voit pas souvent que
je ne pense pas à vous.
À ma belle famille, merci de la place que vous m’avez faite dès le premier jour au
sein de votre famille, j’espère que vous savez toute mon affection.
À Alexis et Elisa, mes 2 amours.
Toi Alexis, toi, ma vie « en plus beau », toi ma force tranquille, merci pour ces bientôt
10 années partagées, je n’ai aucun doute sur le fait que celles à venir seront tout aussi
belles.
Toi Elisa, notre petit bonheur tant attendu, mon « soleil à l’envers des nuages », tu
illumines nos vies au delà de toutes mes espérances et je te promets de toujours m’attacher
à être à la hauteur des tiennes.
À mes Blondes chéries, « Ni vous sans moi, ni moi sans vous ». Ces années
auraient eu une toute autre saveur sans vous à mes cotés, tout comme celles à venir. Merci
d’avoir croisé ma route et surtout d’y être restées.
A Eléonore, mon homonyme préféré : la distance n’aura jamais raison d’une belle
amitié. Hâte que nos filles se rencontrent et qui sait…partent en virée à l’île d’Yeu ;)
A tous mes amis que je ne peux pas remercier individuellement ici faute de place.
J’ai pour chacun d’entre vous, une tendresse particulière.
À mes futures associées, Marietta et Amélie, que j’estime autant personnellement
que professionnellement.
À mes enseignants et maitres de stage et à tous les patients rencontrés, qui ont
construit le médecin que je suis. J’espère rester digne de vos enseignements et de la
confiance que vous m’avez accordée.
12
SERMENT D’HIPPOCRATE
Au moment d’être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de
l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses
éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune
discrimination selon leur état ou leurs convictions.
J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur
intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes
connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs
conséquences. Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité
des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas
influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.
Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés. Reçue à
l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des foyers et ma conduite ne servira pas à
corrompre les mœurs. Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas
abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément.
Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je
n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai
pour assurer au mieux les services qui me seront demandés.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans l’adversité. Que les
hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je
sois déshonorée et méprisée si j’y manque.
13
TABLE DES MATIERES
I–INTRODUCTION.........................................................................................................16
II-METHODE....................................................................................................................17
III-RESULTATS...............................................................................................................18
A-Représentations.................................................................................................................................18
1-DuQuartier..........................................................................................................................................................18
2-Desprofessionnelsdesanté........................................................................................................................18
3-DuSystèmedesanté.......................................................................................................................................20
B-Attentes.................................................................................................................................................21
C-Spécificitésdessousgroupes:lesfemmesetlesjeunes.......................................................23
1-Lesfemmes...........................................................................................................................................................23
2-Lesjeunes..............................................................................................................................................................24
IV-DISCUSSION...............................................................................................................28
V–CONCLUSION..............................................................................................................31
VI-BIBLIOGRAPHIE.......................................................................................................33
VII-TABLEAUX................................................................................................................34
A-Guided’entretienJeunes.................................................................................................................35
B-Guided’entretienFemmes.............................................................................................................36
C–Tableaucaractéristiquesdesjeunes.........................................................................................37
D-Tableaucaractéristiquesdesfemmes........................................................................................38
VIII-ANNEXES.................................................................................................................39
A–ANNEXE1:ProjetdesantépluridisciplinaireduPôledeSantéASVB(août2014)...39
IX-LISTEDESABREVIATIONS.....................................................................................40
14
Quelles sont les attentes, en matière de santé, des usagers du
système de soins de Villejean (Rennes), à l’occasion de la création
d’un pôle de santé?
Enquête qualitative auprès de jeunes de 14 ans et de femmes
d’origine immigrée par entretiens de groupe.
Auteur :
Eléonore BOURBONNOIS, doctorante en médecine générale, Faculté de médecine de
Rennes.
[email protected]
Mots clés MeSH :
Détermination des besoins en santé ;
Recherche qualitative ;
Participation sociale ;
Populations sensibles.
Determination of health care needs ;
Qualitative research ;
Social participation ;
Sensitive populations.
45907 signes espaces compris (corps de texte),
4 tableaux
15
Résumé français
Les politiques de santé actuelles donnent une place croissante aux patients. Dans cette
dynamique, à l’occasion de la création d’un pôle de santé sur le quartier de Villejean, quartier prioritaire
de la ville de Rennes, les professionnels de santé ont décidé de s’intéresser aux besoins en santé des
habitants.
L’objectif principal de cette étude était de recueillir les attentes en termes de santé des
usagers du système de soins auprès de jeunes de 14 ans et de femmes d’origine immigrée, deux
populations particulièrement visées par leur projet actuel. L’objectif secondaire était de recueillir leurs
représentations en santé.
Une étude qualitative par focus groups (FG) a été conduite avec des usagers recrutés par des
associations du quartier. Une analyse thématique manuelle avec double codage a ensuite été réalisée.
Deux FG de jeunes et deux de femmes ont été menés avec un total de 22 personnes. Le
quartier était perçu comme particulièrement dégradé au niveau de l’habitat avec des relations de
voisinage parfois difficiles, mais restait malgré tout valorisé par les jeunes avec un fort sentiment
d’appartenance. Au sein de leur parcours de soin le médecin généraliste occupe une place centrale de
même que le pharmacien. L’accès aux soins apparaissait favorisé par l’existence de secrétariats
présentiels et le principal frein était financier. Leurs attentes semblaient essentiellement tournées vers
une demande d’information, que ce soit sur des thèmes médicaux ( sexualité, addictions …) que sur les
structures et le système de soin en général, et un besoin plus particulier pour les femmes d’un service
d’interprétariat. Cette étude a également permis de préciser les comportements en santé des jeunes de
même que leurs sources d’information.
Ce travail devrait donc permettre d’adapter le projet de santé au plus près des besoins
exprimés par la population.
Résumé anglais
Current health policies care more about patients. Therefore, on the occasion of the creation of
a health center in the district Villejean, which is a priority area of Rennes, health professionals have
decided to focus on the health needs of residents.
The main goal of this survey was to gather the expectations in terms of health of.fourteen-yearold teenagers and female migrants, two groups particularly targeted by this project:. The second aim of
this study was to get their health representations.
A qualitative analysis by focus group was conducted with users recruited through
neighborhood associations. A manual thematic analysis with double coding was then carried out.
Two focus group of each group, were conducted with a total of 22 people. The area was seen
as peculiarly degraded concerning the habitat but also in terms of neighborhood relationships. However,
this place was still valued by young people with a strong sense of belonging. In their approved health
care pathway, the General Practitioner and pharmacist are in a central position. Access to care
appeared favored thanks to attendance-secretariats, and the main problem was money. Their
expectations seemed to turn towards a request for information, either on medical topics (sexuality,
addictions...) or on structures and care system in general. A specific need for an interpretation service
was underlined by the women. This survey was also the opportunity to clarify the youth health behaviors
but also their sources of information.
This work should enable to adjust the health project closer to the needs expressed by the
population.
16
I – INTRODUCTION
Le « Pôle de Santé de Rennes Nord-Ouest » a été reconnu en 2014 comme pôle de
santé par l’Agence Régionale de Santé (ARS). Il est né de la volonté de l’Association Avenir
Santé Villejean Beauregard (ASVB), regroupant 66 professionnels de santé (PS), d’améliorer
la prise en charge des patients et la coordination des soins sur le quartier. Ce projet est issu
de leur expérience professionnelle et de réflexions conjointes avec les partenaires locaux et
les institutions. Les principaux axes de travail déjà définis sont : la santé des femmes, la
santé des enfants, la santé mentale, la promotion de l’activité physique et programmes de
nutrition, santé et précarité (Annexe 1). A noter qu’un comité d’usagers est actuellement en
cours d’élaboration.(1) Mais ce projet coïncide-t-il avec les besoins ressentis de la
population ?
Le quartier de Villejean est défini comme Zone Urbaine Sensible (ZUS) depuis 2012.
Comparativement au reste de la commune de Rennes, le pourcentage de jeunes, de
femmes, de faibles revenus, de résidents de logements sociaux, de bénéficiaires de CMU et
de personnes d’origine étrangère y est plus élevé. (2)(3)(4)(5)(6)
Les représentations en santé varient selon de nombreux déterminants. Ainsi les
représentations du professionnel de santé ne sont pas celles du patient et il existe une
différence de perception de l’état de santé en fonction des caractéristiques socioéconomiques, de l’âge et du genre (synthétiquement la conception hédoniste du corps des
classes moyennes et supérieures, des femmes et des jeunes s’oppose à la conception
utilitariste des catégories populaires, des hommes et des personnes âgées), du lieu de
résidence ( La probabilité de se déclarer en mauvaise santé est plus importante lorsqu’on
habite en ZUS), mais aussi de la culture (7)(8)(9) (10). Or si les représentations varient, on
peut concevoir qu’en conséquence les besoins ressentis en santé diffèrent également.
Il apparaît donc important de donner directement la parole aux patients, qui par leur
savoir expérientiel apportent un complément au savoir professionnel(11)(12), permettant
l’émergence d’idées nouvelles, une meilleure adaptation des soins proposés par les PS et
une plus grande adhésion des patients au projet thérapeutique (13)(10). Tout cela intervient
dans un contexte qui depuis la loi du 4 mars 2002 accorde une attention croissante au point
de vue des usagers dans l’organisation du système de soins. Ils ont désormais une place
privilégiée dans les prises de décision que ce soit dans les établissements de soins ou les
instances locales à nationales, mais ils sont encore très peu représentés dans le domaine
des soins primaires.(14)
L’objectif principal de cette étude était de recueillir les attentes en terme de santé des
usagers du système de soins auprès de jeunes de 14 ans et de femmes d’origine immigrée
17
dans le cadre de la mise en place d’un pôle de santé. L’objectif secondaire était de recueillir
1 2
leurs représentations en santé. ,
II - METHODE
Afin d’explorer les attentes et représentations des patients sur le système de santé,
nous avons choisi d’utiliser une méthode qualitative.
Nous avons choisi de nous intéresser aux jeunes et aux femmes car ils constituent
deux populations particulièrement visées par le projet de soin de l’ASVB. La réalisation de
focus group (FG) plutôt que d’entretiens individuels semblait davantage permettre
l’émergence de nouvelles idées par la confrontation des points de vue. Pour que ces groupes
soient productifs et que la parole se libère il est apparu important que les participants se
connaissent déjà et il a été décidé de recruter des groupes déjà constitués par le biais
d’associations locales. La population ciblée devait également utiliser le système de soin du
quartier Villejean-Beauregard (sans forcément y habiter) et parler le français.
Pour les jeunes nous avons sollicité l’association « le relais » constituée d’éducateurs
spécialisés intervenant sur le secteur de Villejean dans le cadre de la protection de l’enfance
pour prévenir les risques de désocialisation du public jeune. Un entretien exploratoire a été
réalisé avec les éducateurs mettant en évidence l’impossibilité de faire cohabiter garçons et
filles et des jeunes d’âges différents sur un même FG. Nous nous sommes donc focalisés sur
les jeunes de 14 ans déjà ciblés par les actions de l’ASVB et avons interrogé séparément
filles et garçons.
Pour les femmes nous avons sollicité l’association «Déclic Femmes» qui oeuvre
depuis 20 ans sur le quartier pour l’intégration et l’autonomisation des femmes d’origine
étrangère. Un entretien exploratoire avec les responsables de l’association a été réalisé puis
2 FG.
Les entretiens ont été enregistrés vocalement et retranscrits intégralement. Un
double codage manuel puis une analyse thématique ont été effectués par 3 chercheurs.
Chaque participant a donné son consentement libre et éclairé à l’utilisation des
données recueillies pour la réalisation de cette étude. Le projet de recherche a été validé par
le comité d’éthique du CHU de RENNES le 22 mai 2015
1
Ces 2 populations sont déjà au cœur des préoccupations des professionnels de santé
comme le montre les axes « santé des femmes » et « santé et précarité » (annexe1) avec
par exemple la mise en place de différentes mesures destinées à diminuer le nombre de
grossesses non désirées sur le quartier en s’adressant entre autre aux adolescents.
2
Travail complémentaire des thèses de Bertille LEBORGNE, Gaëlle LECAVIL et Luc
GUICHARD
18
III - RESULTATS
22 personnes ont participé à cette étude. Leurs caractéristiques sont reportées dans
les tableaux 3 et 4.
A - Représentations
1 - Du Quartier
Image négative de l’habitat et des relations de voisinage
Les femmes notamment, décrivent un habitat dégradé avec des logements vétustes
et mal insonorisés : « F1: j’aime pas trop être dans des appartements. (…) Les murs de chez
moi sont tombés donc ça me fait flipper ». Elles évoquent de mauvaises relations de
voisinage avec parfois une certaine agressivité et des nuisances sonores: «F4: Par exemple
mon appartement, il y a un voisin qui fait beaucoup de bruit
parce qu’il boit (…) nous
sommes pas bien dormi.». Les nuisances sonores émanent aussi des étudiants ou de
personnes en état d’ébriété sur la voie publique.
Elles évoquent une mixité sociale difficile à vivre parfois, «F2: les gens ici
franchement on voit la différence beaucoup des classes sociales et tout. », des difficultés
d’intégration avec une sensation d’isolement renforcée par la barrière de la langue. « F3: On
n’a pas beaucoup de confiance ici avec les gens parce qu’on connait pas. »
Les jeunes en revanche semblent bénéficier d’une capacité d’adaptation plus importante.
Quartier valorisé
Les jeunes évoquent très positivement leur quartier, quartier dynamique, dont ils sont
fiers et pour lequel ils ont un très fort sentiment d’appartenance. « Parce que mon quartier il
est bien. (…) Il est intéressant, tout ça (…) il se passe beaucoup de choses, souvent». (JF1).
C’est un lieu familier, connu, où ils ont leurs habitudes et leurs amis, dont ils connaissent le
fonctionnement et où ils se sentent en sécurité. « E: Dans l’idéal vous voudriez rester ou vous
aimeriez aller ailleurs ? G5: dans un endroit calme ce serait bien. G1: nan ! Ici c’est mieux,
t’as tous tes potes, tu fais du foot »
2 - Des professionnels de santé
Le médecin généraliste
Le médecin généraliste est clairement identifié comme le praticien de premier
recours «G1: c’est mieux d’aller au médecin moi j’trouve (qu'à la pharmacie) (…) bah il nous
19
conseille ce qui est mieux. C’est leur métier en fait de nous dire quoi acheter.» avec un rôle
central dans le système de soins. Il apparaît facile d’accès et certaines de ses qualités sont
mises en avant, tel son calme, «JF1: ils sont pas en train de stresser de s’énerver [...] ouais
d’avoir des mauvaises réactions [...] mais ils savent comment faire, ils savent comment gérer
(JF1) », sa capacité d’adaptation au patient et le fort lien de confiance qui s’établit avec lui
notamment de par son statut de « médecin de famille » « JF2 : Moi c’est Dr Y, moi je le
connais depuis que j’ai 7 ans, du coup euh c’est bon j’ai confiance », « JF3 : il parle de
comment ça se passe à la maison des trucs comme ça. Et après il me donnait des conseils.
Du coup ça me mettait en confiance ». On peut entre autre voir cette confiance dans
l’acceptation d’une consultation autonome des jeunes par leurs parents. «F11: Pour les
enfants aussi. Le petit il a 12 ans donc il y a va tout seul. »
Le secrétariat du médecin généraliste
L’existence d’un secrétariat présentiel est clairement mis en avant et apprécié.
«E : ça vous arrive de téléphoner vous même ? G5-6: non. G1 : Je demande à ma mère ou
ma sœur. Sinon je passe prendre un rdv. G5 : ouais parce que le médecin sur la dalle il n’est
pas loin. G6: il suffit de demander à la secrétaire. » L’absence de secrétariat physique
semblerait donc rendre plus difficile l’accès aux soins. « F9 : Pour le téléphone c’est mon
mari, il prend rdv par téléphone, moi non. E : quand vous voulez aller chez le médecin vous
avez un rdv facile ? F9 : facile ! Pour le généraliste (…) mais pour le téléphone c’est difficile »
Le pharmacien
Concernant les jeunes, la pharmacie est essentiellement repérée comme le lieu de
délivrance des médicaments sur ordonnance et de la pilule du lendemain, le rôle de conseil
et de première orientation de soin est quant à lui peu connu. « G5: moi une fois je suis tombé.
Ma mère a dit à ma sœur d’aller voir le pharmacien. (…) je ne suis pas allé en fait. J’ai été
directement chez le médecin. » Les jeunes se disent également gênés par le manque de
discrétion au comptoir. « C’est trop dangereux [...] on n’est pas tous seuls dans la pharmacie
tu vois. Et puis ya des gens qui te connaissent et toi tu les connais pas. Ils peuvent savoir
après ce que tu dis. Ou t’écouter »
Les femmes quant à elle plébiscitent fortement le rôle du pharmacien notamment
dans l’aide à l’explicitation des ordonnances et soulignent sa serviabilité et sa disponibilité.
« F9: Très gentil le travail de la pharmacie. Moi donne l’ordonnance et la carte vitale et là il
parle bien français, tranquillement, il parle des médicaments (…) Très très très bien. Très
gentille la pharmacie »
L’infirmière scolaire
20
Les avis sont assez partagés concernant l’infirmière scolaire.
Mais elle semble
malgré tout facilement accessible pour tous. «JF1 : Moi en tout cas j’avais confiance en cette
infirmière ». Ils interrogent essentiellement la réalité du secret professionnel et du lien de
confiance possible du fait de son lien avec l’institution scolaire. « G1: elle va balancer direct à
la prof, le CPE tout ça, j’ai pas envie qu’ils sachent. [...] c’est bien l’infirmerie « de l’école »
donc ça parlera après ». Ils peuvent également lui reprocher d’être parfois trop intrusive et
suspicieuse dans ses questions ce qui peut les froisser et les freiner à la solliciter. «JF3 : En
fait, je sais pas, c’est souvent chelou que eux, quand tu parles de choses comme ça ils
croient que tu l’as fait. Alors que tu l’as jamais fait. (…) En fait elle nous a demandé alors
qu’on a dit « non on fait rien, on pose juste la question » « vous êtes sûres ? Vous êtes sûres
? Vous êtes sûres ? » Et ben oui !! Je lui ai dit, on l’a jamais fait !!! »
Le planning familial
Le planning est bien identifié par les filles mais aussi surtout « pour » les filles, Il est
considéré comme un recours possible et une source d’information sur la sexualité. La
confiance en l’existence d’un secret professionnel y a clairement été mise en avant. «JF3 : et
eux là-bas par exemple si tu es enceinte, tu peux avorter sans que tes parents le sachent. Et
au lieu d’envoyer la lettre chez toi ils envoient au planning familial, c’est toi qui va chercher la
lettre là-bas, sans que tes parents sachent »
Les animatrices de Déclic ont pu relater des discussions avec certaines femmes de
l’association qui regrettaient qu’une telle structure ou apparentée ne soit pas présente sur le
quartier. « A :ah oui y’avait un autre point aussi qui était très important qui s’est posé, mais ça
n’a pas été vraiment dit comme ça. Ca a été au travers de détours. Une sorte de planning sur
place où les jeunes filles aillent, tout naturellement voir quelqu’un, ou parler de ce qui leur
arrive. Parce qu’il y a des problèmes de jeunes filles qui tombent enceintes. »
Satisfaction globale avec absence de critiques pour les femmes.
On met en évidence une véritable satisfaction globale de la part des femmes
concernant les soins qui leurs sont prodigués, avec toutefois un manque de critique parfois
surprenant. « E : Et il est gentil ( votre médecin) ? F10: oui ! (...) E: Vous aussi F12 ? F12: oui
aussi, il est gentil »
3 - Du Système de santé
Problème d’orientation dans le système de soins avec méconnaissance des structures
existantes
21
On note chez les femmes toujours, une certaine méconnaissance des structures
existantes sur le quartier, qu’elles soient sociales, sanitaires, administratives ou associatives.
« F9: c’est où le sport, la salle ? », « F5: C’est quoi le CES ? »
Il apparaît difficile pour les femmes interrogées de s’orienter dans le système de
soins. On peut y voir plusieurs raisons. Tout d’abord la barrière de la langue «F6: à l’hôpital
je ne trouve pas la porte. E: à l’hôpital pour s’orienter ? F6: Oui, l’hôpital il est grand. Je
regarde, je cherche (Plisse les yeux comme si elle déchiffrait quelque chose) » ensuite, la
méconnaissance du mode de fonctionnement du système de soins et des offres existantes
« A: avec ADECI c’est gratuit pour les plus de 50 ans. F6: c’est quoi ? », et enfin le fait que
bien souvent ce ne sont pas elles qui gèrent le côté administratif mais plutôt leur mari. « E: et
le remboursement se passe bien ? F11: Je ne sais pas, j’ai jamais demandé… E: c’est votre
mari peut être qui s’occupe des sous ? F11: oui. »
Problème d’accès aux soins pour raison financière
Le principal frein exprimé à l’accès aux soins est financier. « F2 : Mais ils croient
qu’avancer les frais c’est bien pour nous, ils croient qu’on a les moyens d’avancer? F3 : moi
des fois j’ai même pas envie d’aller chez le docteur parce que c’est la même chose ».
L’avance des frais est problématique pour certaines femmes avec un impact important sur
leur budget quotidien « F2 : mon dermatologue il prenait pas la carte vitale! ils m’ont fait des
feuilles de soins. J’ai du payer, 74 euros. Mais moi j’ai un mi-temps. Vous imaginez 74 euros
sur 600 euros, j’aide ma mère, je fais des courses tous les mois, j’ai du gasoil a mettre, j’ai
des assurances à payer… bah eux ils s’en foutent! Mais 74 euros ça fait de l’argent! Et ça
après pareil ça va me faire stresser parce que je vais me dire “ oulala j’espère que je vais pas
avoir de problème avec ma banque.. (…)Et le problème aussi c’est qu’ils réfléchissent pas si
après t’as de quoi te nourrir, de quoi dormir de quoi...Ouais parce qu’ils savent pas! ». Elles
critiquent également l’idée que cela puisse permettre une prise de conscience du coût des
soins. « F2 : Mais ils croient qu’avancer les frais c’est bien pour nous, ils croient qu’on a les
moyens d’avancer? ». Le remboursement peut être jugé insuffisant parfois, notamment
concernant les soins dentaires et d’optique. Mais pour d’autres la santé est une question
prioritaire pour laquelle elles consentent à payer le prix demandé. « E : Est ce que vous avez
déjà limité vos soins parce que ça coûtait de l’argent ? (…) F11 : c’est la santé ! F10 : c’est
important. (…) F9 : non, non, non. F11 : non la santé d’abord ! F9 : santé premier ».
B - Attentes
Un lieu d’activité physique pour la pratique du sport
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Les femmes sont apparues très intéressées par la possibilité de pratiquer le sport en
étant encadrées sur le quartier. Pour certaines, des créneaux dédiés aux femmes seraient
appréciés et bien sûr le coût devrait être adapté.
« F10 : je demande la salle de sport. E: ça vous intéresserait vous la salle de sport ?
(Certaines): oui, oui. A: en plus s’il y a un créneau de femmes c’est pas mal ! E : De ce que
j’ai compris : c’est difficile de faire du sport hommes et femmes mélangés ? (Certaines : Oui)
C’est pour pas montrer son corps c’est ça ? F6 : oui. E : Et vous ça vous dérangerait de faire
du sport avec des hommes ? F10 : non. »
Demande d’informations sur la santé
Les femmes sont très demandeuses de réunions d’informations sur la santé. Les
principaux thèmes à aborder seraient : l’alimentation (en rapport avec le diabète et le
surpoids), la gynécologie (contraception, ménopause...), les troubles du sommeil, les
douleurs articulaires (gestion, prévention… ), les droits des patients, le fonctionnement du
système de soins.
Au cours des FG les jeunes ont montré quant à eux un fort intérêt sur les questions
concernant la vie sexuelle et affective (thème mis au premier plan lors des discussions)
« G2 : Je suis venu ici pour manger un kebab et pour parler du sexe », « G1 : mais d’où on
peut savoir si on a le sida ? » et les addictions. « G2 : Et fumer des cigarettes c’est bien pour
la santé ou pas ? », « G3 : La chicha, c’est plus pire que la cigarette ? ». Les entretiens
mettent en évidence de nombreuses lacunes ou fausses croyances dans le domaine de la
santé qui nécessiteraient des informations spécifiques. « G5 : Mais c’est la femme qui donne
le sida ? ou c’est l’homme ? J’ai jamais compris ça », « JF1 : Elle a avorté plein de fois et là
elle va encore avorter. Moi je dis si elle continue elle va mourir hein ! JF3 : même, elle pourra
plus avoir d’enfant tout ça. »
Demande d’un interprétariat
Nous l’avons déjà vu la barrière de la langue est un obstacle important à une prise en
charge optimale, certaines patientes se mettant même en danger car ne pouvant exprimer
leurs plaintes. « E: est-ce que c’est facile d’aller chez le médecin ? F6 : non c’est pas facile
...] la première fois que j’ai été chez le médecin je ne parlais pas français bien. La première
grossesse (…) j’ai fait une fausse couche pendant que mon mari était au travail. De mercredi
jusqu’au samedi je n’ai pas vu de médecin (…) Je ne parlais pas français (…) ma copine était
au travail,(…). Mon mari travaille. (…). Maintenant ça va. Je comprends. Je ne resterai pas
toute seule. » Lors des différents entretiens avec les jeunes ou les femmes on a pu observer
que certaines familles en arrivant sur le quartier préféraient consulter à l’extérieur du quartier
pour pouvoir avoir un médecin allophone, puis une fois la langue mieux maitrisée revenaient
23
sur le quartier. « F9 : avant en France, j’étais médecin à Pacé, algérien, il parle arabe, facile
moi parler. (…). Et maintenant, je vais à Kennedy »
Demande d’un engagement des professionnels sur la dispense d’avance de frais et
d‘information sur les droits des personnes
Comme nous l’avons vu l’avance des frais pose un vrai problème d’accès aux soins
pour certaines. Elles souhaitent aussi être informées d’avantage sur leurs droits et les
prestations auxquelles elles peuvent prétendre. « E : Est ce qu’il y a des thèmes que vous
aimeriez aborder ? A : déjà connaître tous ses droits. A: oui déjà ce serait pas mal. », « F1 :
les gens (NB : les PS) ils vous proposent pas. Quand y a un moyen ils vous disent pas. Vous
avez les moyens de vous faire rembourser? Non? Ils en profitent. »
C- Spécificités des sous groupes : les femmes et les jeunes
1- Les femmes
Position sociale et impact d’une représentation négative
De ces entretiens ressort la condition particulière de ces femmes, notamment leur
dépendance à leur entourage concernant les démarches administratives « F9: Moi je vais
chez le médecin avec mon mari, il va expliquer pour la santé pour le médecin (…) Il parle
bien français », « E : du coup vous avez besoin de vos enfants parfois pour vous aider ?
F10: quelques fois », les questions financières « A : moi je dis ce qu’elles ont en commun
toutes c’est la dépendance économique. Donc c’est pas elles qui décident. », mais parfois
même dans la gestion de leur emploi du temps « A: Ya certaines quand même on sent quand
même à 16 heures, il faut rentrer ! ». Ce manque d’autonomie est évidemment fortement lié à
l’absence de maîtrise du français. Si lors des FG les femmes n’ont pas abordé le sujet, en
revanche lors des entretiens exploratoires avec les membres de l’association est ressortie
l’existence d’une certaine soumission voire de violences conjugales chez certaines femmes
qu’elles accompagnent justifiant la mise en place d’opérations spécifiques « A : Beaucoup de
non dits. Donc on le voit, mais on profite des occasions justement de la journée de la femme
de tout ça pour dire, toujours rappeler qu’il y a des médecins, des services, des
hébergements, des lois. On ne frappe pas, on ne fait pas n’importe quoi à une femme, elle
est protégée. »
Elles sont pour la plupart femmes au foyer et évoquent une charge importante de
travail, source de fatigue et de stress. « F6 : je suis tout le temps fatiguée. F9 : Comme moi.
F6 : La maison, l’école, les magasins, la maison, le ménage, les enfants. E: vous avez des
24
journées fatigantes. F6 : oui surtout le soir je suis très fatiguée ».
Les jeunes femmes ont rapporté être victimes de préjugés que ce soit de par leur
origine, « F2 : mais aussi voilà la France elle bloque le travail ça peut jouer sur le moral aussi
parce que tout le temps c’est non ! Parce que t’es un arabe, ou t’es un machin, ou t’es noir. Si
je parle de mes opinions religieuses on va me regarder différemment », leur religion ou le port
du voile « F1: mais franchement moi je déteste les remarques qu’on fait enfin aux
musulmanes ou non musulmanes, mais des jeunes filles qui se couvrent ou pas (…) Quand
on sort le matin on se demande qu’est ce qui va nous arriver aujourd’hui. Qu’est ce qu’on va
encore nous sortir ? », certaines personnes allant même jusqu’à présumer de leurs capacités
« F1: Alors qu’on est exactement comme eux, on a suivi les mêmes études, mais on nous
regarde vraiment autrement.. Parce que quand on nous regarde, c’est comme si on nous
3
demandait « t’es pas en pro ? », juste d’être étranger… »
2- Les jeunes
Comportements en santé
Ces entretiens nous éclairent sur certains comportements des jeunes en matière de
santé. On met en évidence une relative autonomie dans la sollicitation du système de soins
que ce soit pour la prise de rendez-vous, dans la consultation des médecins « G1 : avant je
partais tout le temps avec ma plus grande sœur, mais maintenant je vais toujours tout seul.
G2 : tout seul tout seul. G3 : seul. G5 : ça dépend, mais la plupart du temps on va tout seul. »
ou la prise des médicaments « j’avais pris plusieurs (paracétamol), de 1000 je crois (…)
j’avais trop mal au ventre, du coup 1 c’était pas assez, (…) j’ai pris plus de la moitié du
paquet. ». Leurs démarches de santé sont également souvent effectuées en groupes « E :
Vous y allez ensemble ou à la place de ? JF3 : à la place de. (…) ouais des fois on y va à 2,
mais c’est pas elle qui parle c’est moi, ou des fois j’y vais pour elle et elle attend dehors » .
Leurs comportements sont fortement influencés par le groupe, le regard de l’autre
« G2 : tu vas mettre un casque, tu vas te foutre la honte, laisse tomber ! » mais aussi par la
famille, que ce soit en positif « G1 : on boit de l’alcool nous ? On est morts !! », « G1 : moi je
fume pas parce que dans mon entourage c’est pas bien, si tu fumes t’es mort. Et j’ai très très
peur de ça. La vie de ma mère, si je me fais attraper !! », ou en négatif « JF1 : Ya des parents
qui sont sans autorité, ils laissent leurs enfants fumer devant eux.», « E : donc t’as conduit la
voiture de ton père ? G2 : parfois il me donne les clés et me dit « ramène la voiture ». (…)
Depuis que je suis petit en fait mon père il me montrait. Ca fait 2 ans que je sais conduire. » .
3
« en pro » = « en bac professionnel »
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On remarque effectivement que l’interdit familial est fortement respecté mais à l’inverse
qu’une éducation défaillante peut engendrer des prises de risque inconsidérées. « G1 : moi
mon père il passe souvent par la dalle pour voir ce que je fais. G6 : Mon père il peut me
surveiller par le balcon. G5 : Si on fait un truc de mal ils peuvent nous voir. E : et ça vous
empêche de faire des choses ? G1 : bah ouais des fois. »
Prises de risque
Les comportements en santé des jeunes sont souvent marqués par des prises de
risque. Concernant la sexualité, ils rapportent dans leur entourage des rapports sexuels non
protégés, par défaut de moyens « JF1 : ils avaient plus de capote. » ou par confort « JF2 : Et
moi yen a une qui m’a dit « moi je m’avorte parce que c’est nul », enfin la capote elle gène. »,
voire avec des partenaires multiples « G1 : Il y en a qui se partagent même des filles. Entre
potes ils font des partouzes. ». Ils évoquent également la possibilité de relations sexuelles
tarifées qui ne semblent pas vraiment leur poser de problème
si ce n’est le risque de
transmission de MST. « A : et toi ce qui te gêne le plus chez les prostituées, c’est le risque du
sida ? Ce n’est pas le fait de payer ? G1: payer ce n’est pas un problème mais c’est de
trouver de l’argent ».
On observe des conduites à risques également sur la route avec une conduite
automobile sans permis « G2 : Une autre fois on a conduit en cachette, mais on a crevé plus
loin » ou des prises de risque en deux roues avec provocation des forces de l’ordre « G2: moi
je fais de la moto au quartier. Sans casque, sans assurance, moto volée. Je kiffe faire des
courses poursuites avec la police ».
On relève une forte proximité de l’alcool et des stupéfiants sur le quartier, « E : Vous
en entendez parler sur le quartier ou dans votre entourage ya des personnes qui se
droguent? G2 : non pas dans notre entourage, mais au quartier si. On voit toujours. (…) G1 :
bah ils vendent du shit », « E : donc vous voyez des gens alcoolisés ? G2 : bien sûr ! G2 : Ils
sont sur la dalle comme ça. », avec une exposition parfois précoce « G1 : ya F. il fumait du
shit à 7 ans !! G2 : tu te souviens quand on était allés chez G, il fumait du shit et buvait de la
bière » et une facilité d’accès au deal pour ceux qui le souhaitent. « G1 : Si j’ai envie
d’acheter du shit j’y vais, normal quoi. Je passe 10 euros il me file 10g, ça c’est normal. Après
il m’a dit si t’as envie de vendre, tu me le dis à moi. »
Violence intrafamiliale et omniprésente sur le quartier surtout pour les garçons
Des violences intrafamiliales sont évoquées «JF1 oui ma mère elle a été battue par
mon père, et il y a eu des accidents graves », «JF1 : J’étais à l’hôpital parce que ma mère
elle m’avait tapée », «G1 : mon oncle il avait écrasé sa cigarette sur la main de mon cousin ».
26
Mais surtout ils décrivent de nombreuses scènes de violences auxquelles ils sont confrontés
au quotidien sur leur quartier « E : vous entendez parler de violences dans votre entourage ?
G5: oui, toujours ! G1 : bah la dernière baston c’était hier G6: au collège », On remarque un
certain fatalisme dans leur discours à l’évocation de ces violences qui seraient inhérentes à la
vie en banlieue. « E : vous pensez que c’est partout pareil ? G1: bah en banlieue ouais. ».. La
violence y est donc banalisée de même que l’utilisation d’armes qu’ils savent pouvoir se
procurer facilement. «G1: bah moi j’ai un couteau sur moi des fois », «G1: ou sinon je lui dis
de venir quelque part la nuit dans un endroit où il y a personne qui viendra nous déranger.
Avec des armes, par exemple des pistolets à plomb. (…) E : tu peux trouver des pistolets à
plomb comme ça ? G1 : oui je peux demander à H qu’il m’en achète à l’armurerie. Mais la
première chose c’est la gazeuse (bombe lacrymogène). G5 : ou le tazeur. ». Ils racontent ce
risque permanent de la violence mais semblent pour autant se sentir en sécurité sur leur
quartier. « G1 : de toute façon sur la dalle on peut se battre à tout moment », « E : mais il y a
des fois où vous avez peur de sortir dans la rue. G1 et G5 : non. G6: on n’a pas peur. »
La violence fait aussi partie intégrante du mode de fonctionnement des groupes de
garçons, avec ceux qu’ils appellent « les grands frères » (des garçons de 15-16 ans), avec
lesquels il vaut mieux être en bons termes. « G5 : si t’as une bande t’es tranquille. G1 : t’as
pas d’embrouille. Faut pas trainer toujours tout seul ». Ils décrivent des rites initiatiques
marqués de violence par lesquels on leur permet de s’endurcir « G5 : Mais des fois c’était
marrant, parce qu’ils jouaient un jeu avec nous. Si tu perds bah il te frappe. Si tu gagnes,
c’est toi qui le frappes (…) G1: Mais après j’ai pas envie de le frapper fort, sinon il va me
frapper fort après. (…) et il frappait toujours fort. », « G1 : et j’avais un cousin il me disait « je
te frappe comme ça t’as de l’endurance ». E: Tu penses que c’est vrai ? Qu’il faut s’endurcir
comme ça ? G5: Bah ça endurcit, après t’as plus mal si quelqu’un te frappe. » mais aussi de
pouvoir bénéficier par la suite de la protection de ces aînés. Par ailleurs pour des raisons
d’honneur à sauvegarder ils n’envisagent à aucun moment de s’y substituer sous peine d’être
considérés comme lâches et gèrent donc seuls les conflits auxquels ils peuvent être
confrontés. « E : Vous faîtes votre loi vous même en fait. G5 : bah oui ! E : Vous vous
débrouillez entre vous. G5 : Il nous harcèle, alors on le harcèle aussi! G1: Ou on frappe avec
des armes. E : Donc vous surenchérissez. G6 : On se venge. », « E : Et en parler à des
adultes ? G1: Non. Si j’en parle à quelqu’un ils vont me dire « sale pute ». Tu vois c’est un
peureux un peu tu vois. G5 : t’es une balance. » Pour reprendre leurs propres termes c’est la
« loi du plus fort » qui prévaut. « E : Donc les plus fort sur le quartiers ce sont les bandes
quoi. G1 : ouais. G5: bah si t’es plusieurs, t’es plus fort (...) G1: En fait vous savez c’est quoi
la loi du quartier ? C’est la loi du plus fort. »
Sources d’information en santé
Lorsqu’on les interroge sur leurs sources d’information en santé on remarque que
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leurs relais sont multiples mais peu issus du milieu de la santé. En priorité ils vont citer leurs
pairs, parfois la famille (avec une place privilégiée pour les grandes sœurs) ou les animateurs
du quartier (en fonctions de leurs affinités). «E : vos parents ils vous donnent des
informations sur la santé, sur ce qui est bon à faire ou pas ? JF2: bah oui, parce que ce sont
nos parents quand même! ». Les professionnels de santé semblent peu sollicités notamment
par peur du jugement. A noter qu’il en est de même avec la famille pour les questions
relatives à la sexualité. «A: et si t’as des questions auxquelles tu n’as pas de réponse ? Est
ce que tu irais les poser ? Et à qui ? G1: des questions de quoi ? Sur le cul ? Pas à ma
famille! G5: pas à ma famille !»
Les modes de communication les plus appréciés sont le témoignage, la voie
orale. «JF2 : (une personne est venue témoigner sur les addictions au collège) c’était bien…
en plus il nous avait bien dit au départ, «ça vous énerve un peu d’être là, mais à la fin vous
voudrez plus partir.» En plus c’était vrai, on voulait pas partir » Le support papier est peu
utilisé, soit parce qu’il laisse des traces, « JF3 : tu sais le truc que tu m’avais donné là, la
contraception le titre là, elle voulait me donner, moi j’ai dit «je prends pas ! ».Surtout en ce
moment mon père il fouille beaucoup ma chambre hein! Donc euh si j’ai ça là… » soit parce
qu’il n’est pas adapté. « G6 : des fois je regarde, je lis quelques lignes, je comprends rien, je
laisse (...). Mais il y a des mots que je ne comprends pas (....) bah si ça se trouve toi tu vas
comprendre mais pas moi. ». Ils citent aussi internet mais avec quelques réserves «JF1: je
peux chercher sur internet. Mais si ya des trucs dégueulasses et si ma mère elle voit ça dans
l’historique moi je suis dans la merde ».
La question de la sexualité a été plus particulièrement abordée. Leurs amis ont ici
vraiment toute leur place, avec un fort crédit apporté à ceux pouvant prétendre avoir de
l’expérience. «E : C’est plutôt au relais que vous poseriez ces questions là éventuellement ?
JF2 : Ouais. Ou les gens qui ont déjà fait. E : Mais si personne ne l’a fait autour de vous ?
JF3: non moi j’en parle pas. JF1 : je connais quand même quelqu’un qui aura quand même
appris ça. Même s’il l’aura pas fait. (…) JF2 : je me débrouillerai simplement. Ou la maison
verte. ». Chez les garçons il s’agit notamment des « grands frères » qui les « éduquent »
avec entre autre des repères temporels très précis. «G1 : Ou un grand du quartier tu peux
demander. La dernière fois y’en a un il m’a expliqué comme ça, j’avais rien demandé. Il m’a
dit à 13 ans tu dois embrasser une fille. G6:. A 15-16 ans tu fais la première fois l’amour. A 16
ans tu l’as fait 3 fois, après à 17 ans, bah tu commences à trouver ta femme pour le
mariage. » La place de l’école est fortement discutée. Si les garçons ont « hâte » d’assister
aux cours sur la reproduction en fin de 4ème, «E : Et par exemple d’avoir des cours à l’école,
vous trouvez ça bien ou pas ? G1 : si c’est ça ce serait excellent, mais c’est pas toujours ça.
(...) en fait à chaque fois c’est pas intéressant mais quand on parle de ça c’est intéressant. E :
Donc tu trouves ça bien qu’on parle de sexualité en SVT ? G1 : oui », les filles interrogées,
quant à elles, trouvent que là n’est pas le rôle de l’école et se trouvent gênées d’aborder le
sujet en cours. «JF1 : ouais et comme en ce moment on fait des trucs dégueulasses.[...] On
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fait des trucs chelou en SVT. », «JF3 : Et moi en tout cas on m’a dit ça quand j’étais petite,
j’ai pas besoin d’apprendre ça au collège. Ca m’intéresse pas ». Elles sont très inquiètes de
ce que l’ont pourrait penser d’elles, notamment que l’ont puisse imaginer, de par leur
questions et l’intérêt qu’elles portent au sujet, qu’elles ont déjà des rapports sexuels.
«JF3 : bah il va se poser des questions, je sais pas (…) bah je pose des questions sur la
sexualité, il va croire que je pense… non merci. » On remarque également chez elle le besoin
de se sentir concernées pour s’intéresser à un sujet. En l’occurrence la sexualité n’est pas
dans leurs interrogations du moment et elles ne vont donc pas prêter attention aux
informations qui leurs sont données. « JF2 : on en a déjà parlé, t’avais qu’à écouté ! JF3 :
j’étais pas intéressée jt’ai dit. JF1 : donc pourquoi tu demandes maintenant si t’étais pas
intéressée ?? »
IV - DISCUSSION
Forces et faiblesses de l’étude
La première limite de notre étude tient à la réalisation des FG. De par les spécificités
des populations ciblées, le mode de fonctionnement des associations contactées et les aléas
du calendrier, après des semaines voire des mois de recrutement difficile, les entretiens se
sont décidés à la dernière minute ne permettant pas de trouver un animateur extérieur
disponible. Les FG ont donc été animés par l’enquêtrice principale qui manquait d’expérience
en ce domaine.
On peut par ailleurs remarquer que les femmes notamment ont eu tendance à
n’apporter que peu de critiques sur l’exercice de leurs PS. Cela tient-il au manque de maîtrise
de la langue ? À un lien de confiance insuffisant avec l’enquêtrice? Ou au fait qu’elles aient
été mises au courant par les associatives que l’enquêtrice était elle-même un professionnel
de santé ? Ou encore cela tient-il à la nature de leur relation médecin-patient, qualifiée de
« bien souvent descendante » par une des associatives, qui ne permet pas l’élaboration de
critiques ? On sait que la majorité des usagers éprouvent un grand respect pour les
professionnels et qu’il leur est difficile de tenir des positions contraires (11). Pour cette
population peut être qu’une « observation participative » de la part de l’enquêtrice aurait été
plus adaptée qu’un FG. La méthode aurait été de participer aux animations en se présentant
comme enquêtrice et explorer leurs représentations en santé au décours des activités.
Représentation et Représentativité de la population au sein du futur comité d’usagers
L’absence de critiques exprimées ne doit évidemment pas faire conclure à l’absence
réelle de critiques mais aussi peut être à un recul ou une expérience insuffisants pour pouvoir
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les émettre. Ces femmes manquant déjà d’informations sur ce qui existe sur le quartier il est
difficile pour elle d’apporter des critiques ou d’imaginer de nouvelles solutions. On peut ainsi
s’interroger sur la manière de rendre compte des problèmes de santé de certaines
populations qui ne peuvent l’exprimer. Un des projets de l’ASVB étant de créer un comité
d’usagers à visée notamment consultative sur les actions du pôle, comment y représenter
l’avis de ces populations ? Une des solutions pourraient être de passer par les associatifs qui
connaissent bien leurs problématiques et donc de mixer associatifs et usagers au sein du
comité. L’autre possibilité serait d’accorder un temps de formation à ces populations pour leur
donner un minimum de connaissances sur le système de santé et le quartier afin d’outiller
leur réflexion (11).
Enfin se pose la question de la représentativité du futur comité d’usagers. Est-il
nécessaire de représenter tous les publics ou bien certains peuvent-ils parler au nom de
tous ? V. Ghadi et M. Naiditch ont étudié en 2005 les processus de construction de la
légitimité de la participation des usagers. Selon eux « le choix des usagers sollicités devrait
d’abord être guidé par la nature des objectifs du projet à construire plus que par le souci de
représentativité statistique”. Dans de tels dispositifs “ participatifs ” le but n’est pas de refléter
le point de vue de toute la population mais de faire émerger de nouvelles idées, différentes
de celles des professionnels. La légitimité du groupe s’obtient ensuite en passant d’une
somme d’expériences individuelles à l’émergence d’une parole collective. Ce dernier point
passe souvent par un temps de formation permettant d’accéder à un socle commun de
connaissance puis par un temps de délibération entre usagers afin d’accéder à une expertise
profane collective qui pourra ensuite s’articuler avec les expertises professionnelles. (11)
Parallèle avec le projet de santé actuel de l’ASVB
Il apparaît dans ces entretiens que les personnes interrogées ne verbalisent pas
réellement d’attentes particulières concernant leur santé. Cependant ces FG ont permis de
mieux cerner leurs comportements et représentations en santé et les problèmes rencontrés. Il
est donc possible en conséquence d’en déduire des adaptations à apporter aux missions de
l’ASVB et au mode de communication à adopter auprès de ces populations.
Si l’on reprend le projet dessiné par les professionnels de l’ASVB on s’aperçoit qu’un
certain nombre d’attentes ici soulevées ont déjà été prises en compte. Ainsi il est prévu de
pouvoir avoir recours à un service d’interprétariat à distance, de faciliter l’accès à la
contraception notamment pour les mineures et un « rallye vie sexuelle vie affective » est déjà
mis en place dans un collège du quartier dans une optique éducative. La promotion d’une
alimentation équilibrée et de l’activité physique est également prévue. (Annexe 1)
Cependant quelques axes restent à développer tels la prévention chez les jeunes
des conduites à risques en matière d’addictions et de sécurité routière. Concernant les
jeunes filles, il semble que la mise en place d’une antenne du planning familial sur le quartier
serait certainement bénéfique. La structure semble de confiance et connue. Les jeunes se
30
sont saisis de l’occasion d’avoir des professionnels disponibles lors des entretiens pour poser
des questions très variées relatives à la santé, démontrant ainsi l’intérêt qu’il y aurait à
organiser des interventions auprès du public jeune (en cours, dans un local associatif, ou par
une simple présence ritualisée dans un lieu donné où les jeunes sauraient les PS accessibles
pour poser leurs questions…). Le contact direct nous l’avons vu est à favoriser chez cette
population.
De même que le fait de bénéficier de la CMU-C réduit la probabilité de renoncer à
des soins pour raison financière (15), il semble important que les professionnels s’engagent à
proposer la dispense d’avance de frais aux populations qui le nécessitent. Le coût des soins
semble avoir un impact notable sur le budget et la dispense d’avance des frais est ici un
élément majeur afin de favoriser l’accès aux soins
S’il est envisagé de former des médiateurs santé pour accompagner les patients
dans leurs démarches administratives, il apparaît nécessaire de prévoir une information plus
globale sur l’offre de soins du quartier, les structures existantes et le parcours de soins en
général.
Renforcer le rôle des parents
Au moindre problème concernant leurs adolescents, les parents sont pointés du doigt
et déclarés comme permissifs ou démissionnaires. Or on remarque que finalement leur
autorité est ici mise en avant par les jeunes. Les interdits ou les autorisations posés par ceuxci sont respectés plus que nul autre. Si les jeunes privilégient souvent le recours à leurs pairs
qui selon eux sont plus aptes à les comprendre, la famille reste malgré tout une valeur refuge
pour nombre de jeunes. L’éducation en santé est effectivement un des rôles éducatifs parmi
d’autres qui incombe aux parents et l’on peut s’interroger sur la manière la plus adaptée de le
renforcer (16). Dans une étude menée dans le Morbihan en 2007 il a été demandé aux
parents quels étaient leurs attentes concernant la prévention chez leurs enfants. Il en ressort
que sur de nombreux sujets ils ne recherchent pas de connaissance (parce qu’ils se
considèrent à raison ou à tort suffisamment informés ou savent où trouver des réponses)
mais c’est la mise en pratique qui leur pose problème et c’est sur ce point qu’ils demandent à
être soutenus. Les soutiens les plus plébiscités sont ici les professionnels de santé alors
qu’ils se montrent insatisfaits des informations sous forme écrite ou de débats
conférence.(17)
Intérêt d’un secrétariat présentiel
Différents modes de secrétariats sont désormais possibles dans les cabinets
médicaux : prise de rendez-vous sur internet, secrétariat téléphonique dématérialisé ou
secrétariat avec présence physique. Pour nos deux populations peu à l’aise avec les
31
communications téléphoniques, la possibilité de se rendre sur place pour prendre rdv, poser
ses questions, semble favoriser l’accès aux soins et doit être maintenu dans la mesure du
possible. Pour les jeunes cela est évidemment ici facilité par la proximité géographique des
cabinets par rapport à leurs lieux de vie.
Il n’a pas été retrouvé dans la littérature d’étude démontrant l’impact positif de
l’existence d’un secrétariat présentiel mais on retrouve en revanche dans les propositions
émises par le Collège de la Médecine Générale concernant la rénovation de la ROSP
(Rémunération sur Objectif de Santé Publique), l’ajout d’un item « mise en place d’un
secrétariat physique » comme indicateur bénéfique à l’organisation du cabinet et à la qualité
de service(18).
Recours à un interprétariat professionnel
La barrière de la langue dans l’accès aux soins est souvent évoquée par les femmes
interrogées. Cela implique pour elles de devoir être accompagnées dans toutes leurs
démarches de santé (par leur mari ou enfant le plus souvent). La barrière linguistique affecte
l’accès au système de santé, l’état de santé et la satisfaction des patients.(19)(20) Dans une
revue de la littérature internationale puis une étude effectuée en 2012 en milieu hospitalier en
région parisienne pour le compte de la Direction Générale de la Santé il apparaît que le
recours à un interprétariat améliore la qualité des soins, mais en revanche il n’est pas
démontré de supériorité d’un mode de traduction sur l’autre (professionnel de santé
allophone, accompagnant, ou interprétariat professionnel). L’étude a mis en évidence que les
médecins préfèrent avoir recours à l’accompagnant, car plus facile dans l’organisation
immédiate de la consultation et cette personne peut ensuite être un soutien voire jouer le rôle
d’éducateur en santé auprès du patient. La majorité des patients ignorent l’existence de
l’interprétariat professionnel mais une fois informés il emporte leur préférence. Ils y voient la
possibilité d’améliorer la compréhension de leur pathologie, leur suivi et la confidentialité des
échanges mais aussi de limiter leur dépendance à l’entourage. Les accompagnants quant à
eux mettent en avant la contrainte que représente cet accompagnement en terme de
disponibilité et de responsabilité et apprécieraient d’en être soulagés (21)(22).
Le projet du pôle inclus la possibilité de solliciter un organisme professionnel
d’interprétariat en cas de besoin. Le coût de telles prestations est en revanche à prendre en
compte, même s’il est permis de penser qu’un meilleur suivi pourrait permettre de diminuer le
coût total de la prise en charge (meilleure observance, moins de complications…)
Par ailleurs si la barrière de la langue est un obstacle important à la prise en charge
des patients allophones, celle-ci se heurte également à l’existence d’autres barrières,
culturelles et socioéconomiques.
V – CONCLUSION
32
Ce travail a donc permis de mieux rendre compte des attentes, représentations et
comportements en santé de deux populations du quartier qui demeuraient quelque peu
insaisissables. On peut souligner la confiance évoquée dans leur système de santé local et
notamment dans leur médecin généraliste, élément favorable quant à l’accès aux soins de
ces populations. Des éléments restent cependant encore à améliorer tel l’interprétariat et
l’aspect financier. Les actions du pôle pourront donc être adaptées à la lumière de ces
informations.
Le vrai défi reste la représentation des populations vulnérables en général et de
celles ci en particulier, et de la place qui pourra leur être faite au sein du futur comité
d’usagers.
33
VI - BIBLIOGRAPHIE
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VII - TABLEAUX
35
A - Guide d’entretien Jeunes
Question1
Quelle définition donneriez vous du bien être? Du fait d’être « en bonne santé » ? Qu'est ce que ça veut dire pour
vous?
Permet de donner une définition de la santé de manière détournée, d'ouvrir sur autre chose que le médical pur
Question2
Quelles sont les choses que vous faites pour être en bonne santé? Quels sont, selon vous, les gestes au quotidien que
vous faites qui ont un impact sur votre bien-être ou votre santé ?
Question3
Et au contraire, vous arrive-t-il de faire des choses alors que vous savez que ce n'est pas bon pour vous/votre santé?
(Ou voyez vous certaines personnes avoir des comportements qui peuvent être néfastes pour leur santé?)
Parler du tabac, du cannabis, autres drogues, alcool, des mises en danger ( sur la route, sexualité, internet, réseaux
sociaux...), mauvaise alimentation, jeux vidéo,...)
Comment avez- vous eu connaissance du fait que cela était bon ou mauvais pour vous ?
Question4
Quand vous vous posez une question relative à la santé, où cherchez vous/ trouvez vous une réponse ?
Explorer leurs sources d’information
Question5
Quelles sont les personnes autour de vous, dans votre quotidien qui ont un rôle à jouer, qui participent à votre santé ?
Préciser si insuffisant : sur le quartier, à l’école, dans les associations…
Identifier leurs personnes ressource, comment ils identifient les professionnels de santé, ce qu’ils connaissent ou non,
leur connaissance du système…
Question6
Quels professionnels de santé du quartier connaissez vous ?Qu’est-ce qui vous empêche de les consulter ? Qu’est ce
qui vous ferait les consulter plus facilement ?
Explorer les représentations qu’ils se font des professionnels du quartier, leurs freins à les consulter
36
B - Guide d’entretien Femmes
Question1
Vous considérez vous en bonne santé et qu'est ce qui vous fait penser ça?
permet de détailler leur définition de la santé, d'élargir le débat à plus que le médical pur
Question2
Qu'est ce qu'il pourrait être fait pour améliorer votre santé?
Qu'est ce qui vous empêche d'être en bonne santé, quels sont les freins, les problèmes que vous rencontrez que l'on
pourrait améliorer?
Les faire parler de ce qui ne va pas, de ce qui pourrait être modifié. L'accès aux soins.
Question3
Que pensez vous de la façon dont vous êtes soignées à l'heure actuelle? Les personnes qui s'occupent de votre santé
répondent elles à vos attentes?
Les faire parler des professionnels, de leur relation avec les professionnels du quartier, de la manière dont elles les voient.
Permet d'évaluer leur degré de satisfaction du système actuel
Question4
Quels sont les éléments que vous aimeriez voir développer sur votre quartier? Que manque-t-il à votre quotidien de
soins?
Faire évoquer de nouvelles pistes
37
C – Tableau caractéristiques des jeunes
Focus Group
FG1 (filles)
FG2
(garçons)
Age (années)
Classe
Habitant Villejean
Origine
JF1
13
4ème
Oui
Zaïre/ Niger
JF2
14
4ème
Oui
Mayotte/Comores
JF3
15
4ème
Non, (Vient de déménager
dans un autre quartier)
Guadeloupe/ Haïti
JF4
15
3ème
oui
Sri lanka
G1
13
4
ème
oui
Turque
G2
14
4
ème
oui
Turque
G3
14
4
ème
oui
Turque
G4
14
4
ème
oui
Turque
G5
11
6
ème
oui
Turque
G6
13
4
ème
oui
Turque
A = associatif E = Enquêtrice
38
D - Tableau caractéristiques des femmes
Age
(ann
ées)
Profession
Statut matrimonial
Habitante
villejean
Tiers
payant
origine
Date d’arrivée
en France
F1
17
Lyçéenne
Célibataire sans enfant
Oui
Non
Algérienne
2006
F2
19
restauration
Célibataire sans enfant
Non,
(compagnon
oui)
Non
Française
NC
F3
24
Sans profession
Célibataire sans enfant
Oui
Non
Algérienne
2007
F4
28
Femme au foyer
Mariée, 1 enfant, enceinte
oui
Non
Afghane
2012
F5
51
Femme de
ménage
Mariée, 3 enfants
Non (Pacé)
Non
Cambodgienne
1994
F6
32
Femme au foyer
Mariée, 5 enfants
Oui
TP social
Marocaine
2000
F7
36
Femme au foyer
Mariée, 6 enfants
Oui
CMU
Somalienne
2001
F8
55
Femme au foyer
Mariée, 3 enfants
Oui
TP social
Marocaine
NC
F9
54
Femme au foyer
Mariée, 4 enfants
Oui
TP ALD
Marocaine
2014
F10
56
Femme au foyer
Mariée, 7 enfants
Oui
Non
Marocaine
1986
F11
58
Femme au foyer
Mariée, 7 enfants
Oui
Non
Marocaine
NC
F12
32
Femme au foyer
Mariée, 1 enfant
Non
CMU
Marocaine
NC
Focus
Group
FG3
FG4
A = associatif E = Enquêtrice
39
VIII - ANNEXES
A – ANNEXE 1 : Projet de santé pluridisciplinaire du Pôle de Santé
ASVB (août 2014)
Projet de santé pluridisciplinaire du Pôle de Santé ASVB (aout 2014)
Thématiques
Objectifs
Améliorer l'accès à la contraception
Santé des
femmes
Informer sur l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG)
Améliorer la coordination des prises en charge entre généralistes,
gynécologues et professionnels du Centre Départemental d'Action Sociale
(CDAS)
Prise en charge coordonnée entre généralistes et psychologues avec
création d'un temps de concertation
Groupes de paroles à destination des migrants d'une part, des
adolescents et de leurs parents d'autre part
Santé mentale
Créer une commission de concertation "santé mentale" pour améliorer a
coordination entre généralistes, psychologues, bailleurs sociaux et
professionnels du CDAS
Accueillir des équipes de ressource en santé mentale sur le quartier
Concertation et coordination pour des enfants de zéro à sept ans
présentant des troubles du comportement et/ou des difficultés
d’apprentissage
Santé des
enfants
Coordination des prises en charge pour motif de pleurs du nourrisson
entre pédiatres, gynécologues, généralistes, psychologues et protection
maternelle et infantile (PMI)
Echanger avec les instituteurs sur le dépistage des troubles sensoriels
(visuels et auditifs) et des troubles du comportement et de l’apprentissage
Instaurer un programme de prévention sur l’hygiène buccale
Promotion de
l'activité
physique
Suivi des
pathologies
chroniques
Santé et
Développer un programme de promotion de l’activité physique
Groupe de réflexion pour le développement d’un programme de promotion
de la santé sur la nutrition.
Mettre en place le dispositif ASALEE (Action de santé libérale en équipe)
sur le quartier de Villejean
Identifier un référent Réseau Diabète 35 sur le quartier de Villejean
Mise en place d’un médiateur santé sur Villejean pour accompagner dans
les démarches administratives en lien avec la santé ou bien dans les
précarité
40
prises de rendez vous de santé...
Sollicitation d’un service d’interprétariat pour des consultations
Développer les liens avec le secteur social
Acquérir une culture commune sur la santé
Actions
transversales
Organiser des staffs sur des prises en charge complexes
Ouvrir un forum internet pour les professionnels de santé du Pôle
Formation,
enseignement et
recherche
Accueil d’internes et de stagiaires au sein du Pôle de santé
Formations pluridisciplinaires
Echanges d’informations sécurisées entre professionnels de santé
Système
d'informations
coordonné
Mise en œuvre d’un système d’informations partagé concernant les
patients
Créer un annuaire des professionnels de santé du quartier
Animation d’un réseau de partenaires
Participation d’associations d’usagers au projet de santé
Information et
participation des
usagers
Etude sur la perception par les usagers du Pôle de santé
Réalisation et diffusion d’un livret d’information aux usagers sur le Pôle de
santé
Réalisation d’un site internet du Pôle de santé
IX- LISTE DES ABREVIATIONS
ALD : Affection Longue Durée
ASVB : Association Avenir Santé Villejean Beauregard
CMU : Couverture Maladie Universelle
CMU-C : Couverture Maladie Universelle Complémentaire
FG : Focus Group
PS : Professionnels de Santé
ZUS : Zone Urbaine Sensible
U.F.R. DE MEDECINE DE RENNES
BOURBONNOIS, Eléonore .- Quelles sont les attentes, en matière de santé, des usagers du système de soins de
Villejean (Rennes), à l’occasion de la création d’un pôle de santé? : Enquête qualitative auprès de jeunes de 14 ans et
de femmes d’origine immigrée par entretiens de groupe
39 feuilles., 4 tableaux. , 30 cm.- Thèse : Médecine ; Rennes 1; 2016 ; N
Résumé français :
Les politiques de santé actuelles donnent une place croissante au point de vue des patients. Dans cette
dynamique, à l’occasion de la création d’un pôle de santé sur le quartier de Villejean (Rennes), quartier prioritaire de la
ville de Rennes, les professionnels de santé ont décidé de s’intéresser aux besoins en santé des habitants.
L’objectif principal de cette étude était de recueillir les attentes en terme de santé des usagers du système de
soins auprès de jeunes de 14 ans et de femmes d’origine immigrée, deux populations particulièrement visées par leur
projet actuel. L’objectif secondaire était de recueillir leurs représentations en santé.
Une étude qualitative par focus groups (FG) a été conduite avec des usagers recrutés par des associations du
quartier. Une analyse thématique manuelle avec double codage a ensuite été réalisée.
Deux FG de jeunes et deux de femmes ont été menés avec un total de 22 personnes. Le quartier était perçu
comme particulièrement dégradé au niveau de l’habitat avec des relations de voisinage parfois difficiles, mais restait
malgré tout valorisé par les jeunes avec un fort sentiment d’appartenance. Au sein de leur parcours de soin le médecin
généraliste occupe une place centrale de même que le pharmacien. L’accès aux soins apparaissait favorisé par
l’existence de secrétariats présentiels et le principal frein était financier. Leurs attentes semblaient essentiellement
tournées vers une demande d’information, que ce soit sur des thèmes médicaux ( sexualité, addictions …) que sur les
structures et le système de soin en général, et un besoin plus particulier pour les femme d’un service d’interprétariat.
Cette étude a également permis de préciser les comportements en santé des jeunes de même que leurs sources
d’information.
Ce travail devrait donc permettre d’adapter le projet de santé au plus près des besoins exprimés par la
population.
What are the expectations of the users of Villejean care system (Rennes), concerning health, in the frame of the
development of a health cluster? Qualitative survey from fourteen-year-old teenagers and female migrants through
group interviews.
Abstract :
Current health policies care more about patients. Therefore, on the occasion of the creation of a health center
in the district Villejean, which is a priority area of Rennes, health professionals have decided to focus on the health
needs of residents.
The main goal of this survey was to gather the expectations in terms of health of.fourteen-year-old teenagers
and female migrants, two groups particularly targeted by this project:. The second aim of this study was to get their
health representations.
A qualitative analysis by focus group was conducted with users recruited through neighborhood associations.
A manual thematic analysis with double coding was then carried out.
Two focus group of each group, were conducted with a total of 22 people. The area was seen as peculiarly
degraded concerning the habitat but also in terms of neighborhood relationships. However, this place was still valued by
young people with a strong sense of belonging. In their approved health care pathway, the General Practitioner and
pharmacist are in a central position. Access to care appeared favored thanks to attendance-secretariats, and the main
problem was money. Their expectations seemed to turn towards a request for information, either on medical topics
(sexuality, addictions...) or on structures and care system in general. A specific need for an interpretation service was
underlined by the women. This survey was also the opportunity to clarify the youth health behaviors but also their
sources of information.
This work should enable to adjust the health project closer to the needs expressed by the population.
Rubrique de classement :
Mots-clés : Détermination des besoins en santé ; Recherche qualitative ; Population sensible
Mots-clés anglais MeSH : Determination of health care needs ; Qualitative research ; Sensitive population
JURY :
Monsieur le Professeur LAVOUE Vincent
Monsieur le Professeur PLADYS Patrick
Madame le Dr TATTEVIN Françoise
Madame QUEMENEUR Elisa
Monsieur le Docteur ALLORY Emmanuel (Directeur de thèse)
Adresses de l’auteur : 20 rue de la Victoire - 22440 PLOUFRAGAN – [email protected]
Président
Assesseurs