« Le discours rencontre le discours d`autrui sur tous les chemins qui

Transcription

« Le discours rencontre le discours d`autrui sur tous les chemins qui
« Le discours rencontre le discours d’autrui sur tous les chemins qui mènent vers son objet, et il ne
peut pas ne pas entrer avec lui en interaction vive et intense .
Seul Adam mythique, abordant avec le premier discours un monde vierge et encore non dit, le
solitaire Adam, pourrait vraiment éviter absolument cette réorientation mutuelle par rapport au
discours d’autrui . »
( Bakhtine (1934-1978) traduction de T Todorov, 1981, p . 98)
Notre projet consiste à collecter et à restituer des histoires vraies . Ce projet, nous le trouvons
enthousiasmant ! Les faits passés, les récits marquants ne sont-ils pas là pour nous tracer une leçon,
pour maintenir l’équilibre du présent et de l’avenir ?
Notre professeur de français nous a posé une question, apparemment toute simple : qu’est ce
qu’une histoire vraie ? Question qui a en a soulevé d’autres en cascade :
Comment juger qu’une histoire est vraie ? Quel thème privilégier ? Quel est notre statut vis-à-vis de
cette histoire vraie ? Sommes-nous de simples réceptacles appelés à restituer le vécu d’autrui ?
Autrement dit, sommes-nous des transmetteurs, des récitants où intervenons-nous d’une manière
ou d’une autre dans la construction de ces récits reconstitués ?
Nous avons tenté de répondre à toutes ces questions . Une histoire vraie est une histoire inspirée de
faits réels mais pas forcément rapportée fidèlement ont avancé certains d’entre nous .D’autres ont
jugé la rencontre « histoire » et « vraie » oxymorique . Nous avons tendance à penser qu’une
histoire est obligatoirement issue de l’imagination : « arrête de raconter des histoires » et que, de ce
fait, « vraie » ne devrait pas lui être accolé .
Nous avons ensuite considéré qu’une histoire peut être « vraie » à partir du moment où la personne,
auteur du récit, croit sincèrement qu’elle est vraie, qu’elle est un vécu de faits réels . Dès lors, elle
devient récit entre un donateur et un bénéficiaire, objet de communication .
Toute l’histoire du monde a été dite avant d’être écrite . Est-ce dire que l’histoire doit répondre à des
critères de réalité absolue, avec des faits vérifiables par des preuves ?
Elle s’appuie sur des événements qui se sont produits et ce qui nous intéresse , nous autres
« collecteurs » d’histoires, plus que les faits précis, c’est de mettre en évidence ce qui peut parler à
l’intelligence comme à l’inconscient collectif . Nous considérons que l’histoire vraie, c’est ce vécu
que la mémoire fait remonter des limbes du passé . Une narration ultérieure qui vit le paradoxe de
posséder à la fois une situation temporelle (par rapport à l’histoire passée) et une essence
intemporelle, puisque sans durée propre . Elle est un lieu de mémoire et de constitution de l’histoire,
matière d’enseignement .
Nous devenons de ce fait des « écrivains » de l’histoire et non plus de simples « récepteurstransmetteurs » d’un discours englobant le récit d’une histoire vécue par autrui . Nous nous tenons,
certes, attentifs, très près de ce narrateur premier, garant et organisateur du récit, analyste et
commentateur . Mais notre travail d’écriture s’intéressera à la perspective narrative ce qui nous
permettra de manipuler des points importants de notre programme : la régulation de l’information
qui procède d’un point de vue . Quel est le narrateur dont le point de vue oriente la perspective
narrative ?Qui est le narrateur ? Qui voit ? Qui parle ? Quel serait le plan énonciatif de l’histoire ?
Deux voix se mêlent pour raconter une même histoire : qui écoute-t-on ? Notre écriture se met au
service de souvenirs . Et c’est le « comment dire » qui importe à celui qui écrit .
« On ne peint bien que son propre cœur, en l’attribuant à un autre »
Chateaubriand