Cross canal solution consommateur
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Cross canal solution consommateur
Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? PROGRAMME Le consommateur est de moins en moins fidèle à une marque ou à un distributeur ; grâce à Internet il peut comparer les offres en quelques clics en tout lieu et à toute heure. Par ailleurs, l’achat se prépare en jonglant entre les sites Internet, les magasins physiques, les applications mobiles… Chaque canal ayant un atout particulier dans le tunnel d’achat, en délivrant et en captant une part d’information. Comment le cross-canal, c'est-à-dire, le suivi et l’accompagnement personnalisé du processus d’achat canal par canal permet de mieux contenter le client ? Quels sont les acteurs en avance sur le sujet ? Quel est le coût de mise en œuvre ? Quelle organisation est la mieux adaptée ? Quels avantages significatifs en ont-ils retirés ? Quels sont les objectifs d’une stratégie cross-canal ? Une meilleure connaissance du parcours ou l’amélioration de l’expérience client ? L’optimisation de la collecte et de l’exploitation de la data client ? Un tunnel d’achat plus efficace et de nouvelles opportunités de ventes (up-selling, crossselling) ? Quel intérêt pour le consommateur ? A quel profil de consommateur (sexe, âge…) le cross-canal est-il destiné ? Dans quels pays et dans quels secteurs ce type de dispositifs est-il le mieux implémenté ? Quelles stratégies cross-canal ont le plus de succès et pourquoi ? Lorsque le prix du produit est élevé ? Lorsque l’achat est complexe ? Dans quelle mesure le cross-canal modifie-t-il le parcours client ? De l’idée à la mise en œuvre Comment passer d’une stratégie multi-canal à une démarche cross-canal notamment en termes d’organisation et de process ? Quelles sont les contraintes technologiques et humaines : traçabilité du parcours, BI, accessibilité à l’information par la force de vente, formation et adhésion de cette dernière ? Comment centraliser l’information ? Intervenants : BPCE - Stéphane Corre, Directeur Canaux à distance RAPP FRANCE - David Rousselle, DGA SFR - Pierre Alarcon, Directeur Solutions de Vente Multicanales Animateur : EXPERIAN MARKETING SERVICES - Benoit Enée, Digital Market Director EMEA 1/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? INTRODUCTION PAR BENOIT ENEE, DIGITAL MARKET DIRECTOR EMEA, EXPERIAN Nous observons qu’il existe des enjeux autour de la data, des canaux, et de la mise en place des campagnes pour toucher des consommateurs qui évoluent dans leurs usages et dans leurs besoins. Quelques chiffres : Sans surprise, le canal Internet est fortement utilisé par les consommateurs pour effectuer l’acte achat. - 92 % des consommateurs ont déjà acheté sur Internet - 95 % des consommateurs ont fait une recherche sur Internet avant d’acheter Les canaux traditionnels demeurent présents. - 84 % des acheteurs sur le web se sont renseignés en points de vente physiques avant d’acheter Dans le online, tout ce qui est mobile et tablette est en fort développement. - 49 % des mobinautes ont déjà acheté via mobile - 48 % des tablonautes ont déjà acheté via tablette Parmi les différents leviers marketing pour guider vos contacts, on observe la newsletter qui est toujours active et la puissance des réseaux sociaux qui ont de l’influence sur leur acte d’achat. 1/3 des consommateurs reconnaissent avoir déjà été influencés dans leurs achats par une newsletter d’un site marchand. 22 % ont également déjà suivi les recommandations de leurs proches sur les réseaux sociaux. Le cross-canal est une réalité. David, vous qui avez un nombre important de clients, sont-ils prêts à aller tous vers le cross-canal ? RAPP FRANCE - David Rousselle Non, tous ne sont pas prêts, il y a différents niveaux de maturité suivant les entreprises, les pure players ne sont d’ailleurs pas forcement les plus avancés, car dès qu’on introduit la notion de points de vente physiques ils ne sont pas habitués. Dans les entreprises de grande taille, les grands groupes français, organisés avec d’un côté la communication, de l’autre le marketing, etc., ont du mal à mettre en place ce cross-canal car cela nécessite un travail en commun de la part de tous ces acteurs. Les entreprises de plus petite taille comme les réseaux de franchises, qui ont une approche peut-être plus pragmatique, plus commerçante, ont réussi à mettre en place des choses intéressantes car elles partent d’une idée sur un magasin puis si ça fonctionne ça va se déployer sur la région, etc., se déployer petit à petit. Donc la souplesse et l’adhésion des différents profils, que ce soit marketing ou digitaux est importante. 2/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? Animateur Donc des enjeux et défis d’organisation et de data. Chez SFR, le cross-canal fait partie de vos défis aujourd’hui ? SFR - Pierre Alarcon Oui. Chez SFR l’organisation est importante. Nous sommes partis du web il y a 5 ans, sur lequel il y avait le moins d’effort car nous étions focalisés sur les points de vente. Le web était plutôt de la vitrine. Nous ne nous intéressions que de façon relative à la transaction sur le web. Puis petit à petit nous avons mis en place des équipes en mode agile, pour faire du web, et nous avons fait progresser ce site web à un niveau correct il y a 3 ans. Et on s’est dit pourquoi le site web ne serait pas aussi un service de vente à distance. A partir de là, nous avons commencé à avoir des contraintes différentes. Une discussion s’est opérée au COMEX car il y avait une barrière infranchissable entre le mindset et les outils sur la vente à distance, donc nous devions donner à la vente la possibilité d’agir sur les 3 canaux. Le multicanal permet sur l’ensemble de ces canaux des offres et des services, d’apporter des solutions de manière cohérente. Le cross-canal, c’est faire en sorte que le client ait une expérience avec la marque et cette expérience ne doit pas être liée au premier canal avec lequel il prend contact avec la marque. Donc le cross-canal permet de donner au client la possibilité d’avoir une expérience cohérente dans la continuité. Et si cette marque n’est pas capable d’avoir un fil conducteur cohérent et en temps réel, l’expérience sera dégradée. L’expérience est une perception, donc il faut faire attention à la perception de l’expérience client. Animateur Stéphane vous avez parlé de changement d’organisation et aussi de culture, pouvez-vous en dire plus ? BPCE - Stéphane Corre Notre enjeu à tous c’est l’expérience client, c’est ce qui est le plus important. Nous avons été trop longtemps dans des organisations qui n’étaient pas assez cohérentes. En revanche, au niveau commercial il n’y a pas de raisons que ce ne soit pas cohérent d’un canal à l’autre, donc l’important est de savoir comment on s’organise et que l’expérience client soit cohérente indépendamment du système. Notre métier c’est de servir le client. Quand vous êtes sur un produit pure player, vous êtes sur Internet. Quand vous êtes sur des métiers comme nous où vous êtes sur le Internet, téléphone et boutique, là en termes d’organisation ce ne sont pas les mêmes équipes. Le web, le téléphone, c’étaient des équipes spécialisées. Par exemple pour le mobile, des équipes différentes travaillent sur des applis différentes et il faut comprendre comment faire le lien entres elles. Donc il faut comprendre toutes les interfaces qui sont en rapport. On ne s’improvise pas multicanaliste comme ça. Animateur Pierre, pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont les gens doivent être reconnus, objectivés, commissionnés en interne, pour que le partage de l’information existe entre les 3/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? différents canaux et pour savoir comment reconnaître une vente et les gens qui pilotent les actions dans les différentes canaux ? SFR - Pierre Alarcon Nos commerciaux et nos vendeurs sont rémunérés dans nos points de vente. Le service client et le call ont un autre type de rémunération et sur Internet encore une autre. Donc quand on fait du cross-canal il faut analyser plusieurs choses. Par exemple, comment rémunère-t-on la livraison des points de vente en magasin ? Si par exemple, je suis plus compétitif avec le colissimo et le moyen choisi par le client pour la livraison chez lui, qu’en faisant la livraison pour un retrait en magasin, que fait-on ? Donc il faut trouver un autre mode de rémunération. Un autre débat au sein de SFR a été le suivant : est-ce que la société SFR veut suivre l’expérience client et apporter une expérience client ad hoc quitte à baisser la rémunération des vendeurs qui vient d’un autre canal ? La discussion a duré 1,5 ans. Il a donc fallu trouver quels sont les gains pour les acteurs internes de l’entreprise du crosscanal, car pour le client on voit bien l’avantage. L’avantage pour l’entreprise c’est sa pérennité à long terme, mais ça les vendeurs ne se sentent pas forcément concernés car ils disent qu’ils n’ont pas forcément prévu d’être là dans 10 ans. Donc concrètement qu’est ce qu’on gagne ? On gagne que les vendeurs n’auraient jamais vu dans des points de vente certains clients sans Internet. Car c’est la génération Y et que sans ça elle n’aurait jamais posé les pieds dans les points de vente, elle vient juste chercher son smartphone, ne pose pas de questions car souvent elle en sait plus que le vendeur, mais il a la possibilité de faire de l’upsell et sera content de trouver un point de présence physique. C’est ce que je leur dis. Les clients, quand on leur demande si ils seraient content d’un monde sans magasins, ils disent non. Il faut un point de contact. Donc il faut jouer là-dessus. Chez nous, nous avons donc dit c’est celui qui vend qui touche. La gestion de lead qui vient du lead, car demain on aura 100 % des clients qui seront passés sur le web et bien on a tous de la perte, par contre si on les transforme et les finalise en magasin, on a la possibilité de transformer un peu plus et donner au magasin la possibilité de transformer des clients qui viennent d’autres canaux. Là c’est une question de mesure et les patrons de points de vente voient l’importance du cross-canal. Donc profitez de ce que le web peut vous apporter. Il faut tout se dire et il faut développer ça. Par contre, en effet, en faisant du cross-canal, nous n’aurons pas le même nombre de points de vente, nous les réduirons, car les clients veulent autre chose dans les points de vente. Par ex. les Apple Store sont un concept où les clients peuvent voir les produits et c’est ce qu’ils veulent. Concernant la complémentarité des canaux, les clients comprennent qu’il y a des actes plus agréables à faire nous même tranquille, et en points de vente ce qu’ils veulent c’est toucher les produits. Donc l’objectif est de déterminer quel objectif l’on donne au magasin. L’objectif c’est « toucher le produit », c’est ce que le web ne sait pas faire, si ce n’est pas ça, le magasin ne sert à rien. C’est le point clé et Apple l’a compris. Dans un Apple Store, vous avez 250 m² avec toute la gamme Apple, il n’en manque pas un et c’est ce que les clients recherchent en magasin. 4/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? RAPP FRANCE - David Rousselle Les gens font des recherches online puis achètent en magasin, c’est la tendance majeure. La difficulté est que traditionnellement, les entreprises ont assigné des objectifs à chacun de leurs canaux et les ont structurés autour d’un outil souvent appelé la customer journey, et en fonction du potentiel client, on va le relancer ou pas, avec tel ou tel outil, par exemple un courrier ou un mail. En fait, ce ne sont pas de nouveaux consommateurs, ce sont les consommateurs, mais ils n’ont plus envie de remplir les formulaires, et peut-être qu’ils vont d’abord en magasin puis sur Internet, et peut-être qu’il achètent leur téléphone sur Amazon et pas chez SFR. Et du coup il y a plusieurs canaux Internet, plusieurs parcours avec un parcours qui n’est plus prévisible, qui n’est plus linéaire, et les consommateurs sont complètement imprévisibles, car l’offre est importante. Par ex. Facebook, on peut se demander si c’est un canal que maîtrise l’entreprise. Car pour l’entreprise on dit qu’il y a des canaux que l’on gagne et d’autres que l’on paye. Il y a une sorte de complexité qui s’est mis en place et on ne peut plus prévoir ce qui va se passer. On doit donc se mettre dans une disposition avec des outils et être capable de réagir en temps réel par rapport à ce qui se passe. Il faut pouvoir personnaliser en temps réel avec tous les canaux en fonction de ce qui se passe avec le client. Donc il faut se mettre dans un état d’esprit et une organisation qui le permet. Animateur Nous avons mené une étude qui montre que les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés, les sites marchands aussi. Nous voyons que la visibilité d’une marque en magasin est toujours importante sur l’impact consommateur. Nous observons également que sur les produits achetés, la proportion d’achats sur le web est importante. L’étude montre que les CSP+ parisiennes ont une très forte activité sur le online, ils sont cependant moins influencés que les autres groupes par les publicités sur le online et restent les plus gros consommateurs de produits et d’achats online. Nous observons qu’un autre groupe identifié est lui très fortement influencé par le web et les réseaux sociaux et va plus acheter des vêtements et des objets sur le web que de la banque et des télécoms. Donc cette étude montre que les clients sont différents et que la donnée est importante. David, la Big Data c’est un enjeu majeur ou pas ? RAPP FRANCE - David Rousselle Oui, et j’ai une équipe de data miner. Depuis 10 ans, il faut accumuler les données et avoir une vision à 360 ° de nos clients et côté clients il y a une sorte de crise et de peur. Certes beaucoup d’entreprises ont créé des datas centers mais très peu savent quoi faire de ces données. Décider de comment utiliser ces informations et comment faire du business à partir du surf des clients n’est pas évident. Aujourd’hui le volume n’est plus un problème. On sait gérer des gros volumes d’informations. L’enjeu est de trouver des gens qui sont capables d’analyser ces données, 5/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? donc en statistiques mais aussi surtout qui ont un sens marketing et business pour avoir des idées de ce qu’on peut faire avec ces données, quelles sont les actions que l’on peut mettre en place, en fonction de telle action de l’internaute. Donc l’idée est d’abord, à mon avis, d’investir dans des compétences, d’embaucher des gens malins et pragmatiques pour progressivement construire une approche Big Data. Ce mythe de l’entreprise qui connaît ses clients et a beaucoup de données est en train de s’effondrer avec les adserver. Par exemple avec FB, je peux utiliser les données mais elles ne sont pas chez moi, je pourrai les utiliser mais pas les récupérer. Animateur Stéphane, la gestion de la data, est-ce un sujet pour la BPCE ? BPCE - Stéphane Corre C’est dans notre métier, on connaît beaucoup de choses de nos clients et ça ne sort pas de chez nous. Chez nous la data est toujours énorme, tous les jours nous collectons 25 millions d’informations, qui sont traitées chaque nuit, donc nous connaissons le Big Data. Ce Big Data, ce n’est qu’un autre nom pour le marketing, il faut traiter nos données. On peut, en effet, être submergé par les datas. Quel est l’intérêt de tout garder. En effet nous réfléchissons plus à la manière de l’organiser plutôt que de tout garder, je parle de la data externe. Si vous ne savez pas l’utiliser, autant ne pas la garder, de toute façon en 2 ou 3 mois vous avez assez d’informations pour travailler. Chez nous on ne l’appelle plus vison 360° mais actualité client. C’est ce qui nous permet d’avoir un entretien circonstancié avec le client s’il appelle. C’est-à-dire qu’il faut avoir une information suffisamment bien mâchée pour répondre au client si il a une question. Mais par ex. ne pas lui dire « vous étiez sur le net hier à 10h10 car ça fait Big Brother et c’est insupportable pour le client. Mais, en effet, lui dire « vous vous êtes arrêté là vous avez eu un problème ? » Mais bien sûr il faut travailler les outils de manière à ce que les vendeurs se détachent de l’outil pour avoir une écoute, car si le gars en agence est rivé à son ordinateur pendant que vous lui expliquez votre problème c’est insupportable. Donc même si vous connaissez particulièrement tout ce qui existe sur la banque, il y a un moment ou vous serez content de rencontrer quelqu’un pour savoir qu’il est capable de répondre à votre question dans l’entreprise. Par ex. nous sommes en train de mettre en place dans l’entreprise des personnes susceptibles de répondre à telle ou telle question et vous allez être pris en charge par la bonne personne. Cela vaut toute la data du monde mais demande une organisation pour recenser les compétences et être capable de mettre en ligne le client et la personne adaptée. Il faut donc garder la cohérence entre le web et les autres canaux. Nous sommes donc encore en train de penser à la réorganisation de nos magasins. Et nous développons la Visio par exemple, certains clients aiment et d’autres non. Mais il faut là aussi que vous soyez capables d’avoir l’historique et il faut que ça apparaisse sur le poste de travail du collaborateur. La cohérence est importante. L’arrivée de la data et sa transformation pour qu’elle soit lisible par quelqu’un est essentiel. Il faut pouvoir mâcher un peu la data et que ça ait un sens. 6/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? SFR - Pierre Alarcon Oui je suis d’accord, nous avons aussi beaucoup de données, mais quand on veut répondre à une donnée toute simple, comme par exemple ce que le client a fait il y a une heure sur le canal, nous n’en sommes pas capables. Par contre nous allons envoyer des courriers pour proposer une nouvelle offre ADSL à une personne qui est déjà client depuis 2 ans. Donc il y a un vrai sujet d’architecture, pour le temps réel. Pourquoi les clients ne veulent plus remplir les questionnaires ? C’est parce que les entreprises ne sont pas capables de les gérer, nous sommes, en tant que consommateurs, 90 % à répondre au premier questionnaire ou autre, même s’il est stupide, en ayant l’espoir que cette fois-ci l’entreprise saura utiliser les données, et en général nous nous rendons compte que dans le temps ils n’en font rien. C’est donc un des points qui est mis en exergue dans le temps, il faut avoir de l’information multicanale en temps réel à jour. Il faut donc faire attention à la façon dont on remonte l’information sur les canaux. En effet, le client peut ne pas aimer qu’on voit ce qu’il a fait il y a une heure, mais il faut être capable de remonter l’information, la transformer et la présenter au vendeur s’il a besoin. Jeff Bezos d’Amazon a mis beaucoup d’investissements sur la logistique et le CRM. C’est sur ces aspects que nous devons agir. Nous devons revoir les frontaux pour capter l’information en temps réel, et on doit l’adapter au CRM, un CRM ne se change pas tous les 6 mois, et pour tout ce qui en zone d’incertitudes, ne le faisons pas, si nous ne sommes pas sûrs que c’est en cohérence avec les frontaux, de plus cela fera des économies. Dans le cross-canal, un autre aspect important est d’observer sur quel secteur vous travaillez. Nous sommes dans le secteur high-tech c’est un achat plaisir, mais chez Carrefour, par exemple, ils ont fait des expériences de livraison à domicile et s’aperçoivent que les gens après ça ne veulent plus aller en magasin, car ce n’est pas un achat plaisir. Ainsi, que l’on soit chez Vuitton, SFR, dans le secteur de l’alimentaire, de l’automobile ou de la banque, on ne peut pas faire la même chose, le niveau de cross-canalité sera différent. Par exemple dans le secteur bancaire, il y a une sorte de niveau de confidentialité, je n’aimerai pas par exemple qu’un site Internet me donne des informations en temps réel. Il y a un niveau de profondeur à ajuster. Il faut avoir un plan stratégique, se demander où on veut être dans 3 ans, et tenir un cadre d’architecture IT pour répondre à cette cross-canalité. On ne peut pas faire du cross-canal en faisant du Quick-Win. On peut se reposer des questions tous les 6 mois et l’adapter mais il nous faut de bons architectes. Dans la durée, c’est ce qui va faire que l’entreprise pourra dérouler sa stratégie. Animateur David, avez-vous aujourd’hui les bons outils pour répondre aux enjeux ? RAPP FRANCE - David Rousselle L’idée de l’architecte me plaît bien. Nous embauchons d’ailleurs en ce moment des gens issus de l’architecture, qui font du design et qui vont nous aider à mettre en place les différentes briques du dispositif pour qu’elles fonctionnent bien entre elles. 7/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? Pour le Quick-Win je diverge un peu, mais c’est peut-être une philosophie d’entreprise. Il y a 2 ans par ex. personne ne pouvait prévoir que Pinterest allait monter. Donc, comment faiton ? La question est donc d’avoir une architecture qui s’adapte très vite, certes il faut avoir l’idée d’où on va dans trois ans, mais aussi avoir une souplesse pour que notre structure s’adapte si ce genre de chose arrive, car la génération Y va vite, tout va vite, et il faut que nos outils aient de la souplesse, pour nous permettre de rebondir rapidement. BPCE - Stéphane Corre Sur la notion de Quick-Win, pour l’IT l’enjeu le plus important est en effet la souplesse et cela vient de l’architecte. L’enjeu dans nos métiers n’est pas tellement la puissance informatique mais être capable d’intégrer une certaine agilité et souplesse. Nous avons développé et totalement remis en place nos briques techniques. L’important est d’avoir un IT capable d’intégrer ce que vous voulez faire et c’est là où la notion de Quick-Win peut fonctionner. Nous avons progressé en architecture et les architectes aujourd’hui travaillent en amont sur les projets et sont capables de nous dire si ça va marcher ou s’il faut attendre. Les architectes doivent être des gens très proches des métiers, car ils doivent penser le coup d’après et pouvoir intégrer les nouveautés si elles arrivent. Animateur Nous avons observé qu’il y a des questions d’organisation et d’IT. Des solutions émergent, au travers de ces campagnes en temps réel en mode SaaS, qui intègrent de la data et qui se déploient sur les différents canaux. David, ce type de solutions et de besoins sont-ils de plus en plus au cœur des préoccupations de vos clients ? RAPP FRANCE - David Rousselle Oui, d’ailleurs nous benchmarkons beaucoup de solutions de ce type. Ce que nous recherchons avant tout c’est l’ouverture et la capacité d’intégration des nouveaux canaux. Les API permettent de brancher des choses autour et de gérer les choses de manière simple, c’est le plus important. De la même manière qu’on va gérer du retargeting -ex. l’internaute visite le site et on lui envoie un mail- ce qui nous intéresse est la capacité à gérer ces canaux, par exemple, l’internaute visite le site et je lui envoie un mail qu’il va pourvoir partager sur Facebook. Animateur Pierre, selon vous tous les canaux ne sont pas à traiter auprès de tous les clients et prospects. Le cross-canal n’est donc pas la solution pour tous les clients ? SFR - Pierre Alarcon En effet, la question est par exemple « est-ce qu’on peut faire de l’abonnement à 2 euros et donner le même service et la même cross-canalité que sur un abonnement à 34 ? ». La réponse est non, même si on ne veut tous payer moins cher. Depuis l’arrivée de Free et ce modèle low cost, nous avons aussi un système low cost mais certains services qui ne sont 8/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? pas intégrés deviennent payants. Dans le secteur aérien par exemple nous y sommes habitués et ça ne nous choque plus. Faire du low cost sur du cross-canal impose de revoir la structure de l’offre et les coûts associés et de rendre payants certains services si c’est du service. Par contre sur une offre complète j’ai la globalité de ce que le cross-canal peut m’apporter et je serai traité aussi en conséquence en tant que client. De même dans une banque, je ne serai pas choqué d’être traité différemment en fonction des niveaux d’engagement payés. Quand on fait du cross-canal, on peut avoir tendance à ouvrir le cross-canal à toute l’offre et rendre payant certain actes, mais ça peut devenir vite très compliqué. Mais, si le client change de forfait, il faut aussi changer ses niveaux de service, et là aussi le savoir en temps réel pour bien gérer et mettre très rapidement en place les changements. Là aussi, cela vient d’une bonne souplesse dans l’architecture. L’important est d’associer les métiers à la construction des solutions. Animateur Vous avez tous avancé que le fond propre de l’entreprise ce sont ses clients ? BPCE - Stéphane Corre Il ne faut pas oublier ce qu’est notre métier. Je réfléchis banque, c’est toujours dans l’expérience client que nous allons trouver la solution. Il faut aller voir ce qui se passe en magasin, ce sont nos clients qui sont nos vrais fonds propres. Nous en avons beaucoup, par rapport aux crédits engagés mais le fond propre ce sont nos clients. Dans mon métier les clients restent en moyenne 20 ans. Notre métier a évolué. Les centres d’appels n’étaient pas courants auparavant. D’autre part on ne sait pas vendre sur Internet. Par ex. on sait consulter les comptes mais vendre sur Internet, on ne sait pas le faire car il y a la règlementation, un formulaire de 2 pages à remplir avant d’acheter. Donc il ne faut pas le prendre comme une contrainte mais comme une opportunité. Savoir et pouvoir orienter le client est le principal, donc l’important c’est bien de partir du métier. RAPP FRANCE - David Rousselle Il y a de nombreux canaux, c’est une nébuleuse, mais la notion sur laquelle on essaie de se baser est la notion d’engagement. Avec les prospects que nous appelons « froids » ou « chauds », nous pouvons mesurer le niveau d’engagement avec les marques et pousser des contenus différents. Ex. avec Apple des clients sont de vrais ambassadeurs de la marque et nous allons leur donner la possibilité de parler, d’autres vont juste chercher un téléphone qui fonctionne. Cette notion d’engagement est importante. SFR - Pierre Alarcon La mesure de la satisfaction prend en compte l’acte d’achat et la satisfaction client. Le NPS permet de savoir si le client sera plutôt ambassadeur ou s’il est dans l’insatisfaction (détracteur), ce sont toujours les extrêmes. Nous avons décidé que le client doit pouvoir s’exprimer quand il le veut. Nous sommes dans une société de liberté, il est normal de pouvoir choisir les moments où on veut interagir avec la marque. Nous sommes en train de transformer nos méthodes de mesure du NPS pour que ce soit plus proche de la mesure client et connaître son sentiment, s’il est satisfait ou non. Donc, si nous choisissons d’ouvrir 9/10 Le Cross-Canal : une solution contre la volatilité des nouveaux consommateurs ? cette possibilité d’expression, nous devons savoir comment réagir dans les 10 min en fonction de ce qu’il dit. Nous avons mis en place un pilote, les clients dont nous avons traité l’insatisfaction étaient contents. Par la suite l’enjeu repose sur la montée en puissance, car pour le moment nous l’avons seulement développé avec quelques clients mais il faut pouvoir le faire sur de gros volumes. ÉCHANGES AVEC LE PUBLIC Nous avons parlé de volatilité du consommateur. Vu la complexité de tous ces projets, observez-vous un avantage compétitif à développer ces solutions ? Vous avez déjà mesuré le coût, mais avez-vous déjà mesuré ce que cela vous rapporte ? BPCE - Stéphane Corre Nous suivons le taux d’attrition de nos clients et nous avons vu la différence. En 2001 nous étions à 15 ans de durée de vie client, aujourd’hui avec tout le travail fait, de cohérence, de réseau et le traitement de la relation client, nous avons gagné 5 ans, cela représente 5 ans de CA, c’est énorme pour nous. Nous sommes à 20 ans de durée de vie aujourd’hui, nous l’avions calculé. SFR - Pierre Alarcon Concernant la partie service client, productivité et DMT, nous avons divisé par 2 ou 3 les temps de traitements mais nous avons aussi amélioré la satisfaction client. Le cross-canal, nous ne l’avons déployé qu’en janvier de cette année. Dans les télécoms, l’offre est tellement variable que c’est compliqué de dire si les gains du cross-canal sont forts, moyens ou faibles. Le sujet du prix est très important et le contexte est encore trop pollué par les prix de l’offre pour mesurer en point de vente l’efficacité du cross-canal. Depuis 2-3 mois ça s’est calmé et nous observons que les clients reviennent à des choses plus pragmatiques. Mais dans le secteur spécifique des télécoms il faut attendre encore un peu pour le mesurer. 10/10