Frédéric Travier Les sept dernières paroles du Christ sur la

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Frédéric Travier Les sept dernières paroles du Christ sur la
Les sept dernières paroles du Christ sur la croix
Je vous propose de vivre, pendant ces quelques minutes, les dernières heures de notre Seigneur et
Sauveur Jésus-Christ. Nous le ferons en prenant les textes des Evangiles et en regroupant les détails
qui nous sont donnés autour des 7 paroles du Christ en croix.
Première parole : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font ». Jésus et ses bourreaux
sont arrivés au lieu du supplice appelé Golgotha, c’est la transcription d’un mot araméen qui veut
dire : lieu du crâne. En latin calvaria, c’est-à-dire calvaire.
Quelqu’un présente à boire au Seigneur un peu de vin mêlé de fiel. Selon Proverbes 31:6-7, on
donnait aux condamnés un breuvage aromatisé pour les anesthésier un peu. Jésus refuse. Il ne veut
pas atténuer ses souffrances. Il veut garder toute sa lucidité. Il est 9 heures du matin, la troisième
heure. Le supplice, qu’on appelle la neuvième heure, durera jusqu’à 15 heures. On le crucifie à ce
moment-là entre deux brigands. C’est Barabas qui aurait dû se trouver en lieu et place de Jésus.
Pilate a fait faire une inscription : ‘‘celui-ci est Jésus, le roi des Juifs’’. Elle est en hébreux, en latin
et en grec. Beaucoup de gens la lisent, dit l’Evangile. Et voilà que déjà cette mort prend
publiquement des dimensions inhabituelles, universelles. Cette inscription est méprisante. C’est le
mépris de Pilate, non pas pour Jésus mais pour les Juifs qui lui ont forcé la main. Ainsi se venge-t-il
sur eux de ce qu’ils lui ont fait faire. Les Juifs d’ailleurs sentent l’ironie et l’humiliation et
demandent que cette inscription soit changée en : ‘‘Je suis roi des Juifs !’’ Pilate qui en a assez,
répond sèchement : ‘‘Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit’’. Ce sera la dernière parole explicite de Pilate
rapportée par les Evangiles.
Enfin, les soldats, c’était la coutume, se partagent ses vêtements et tirent au sort sa tunique.
L’évènement est rapporté par les quatre évangiles. Ainsi se réalise la prophétie du Psaume 22:19.
On lui prend tout, ses vêtements et sa vie.
Alors, dans cette solitude, cet abandon et ce dénuement, il prononce sa première parole : « Père,
pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font ». Quel incommensurable amour de prononcer cette
parole à cet endroit et en ce moment-là.
Deuxième parole : « En vérité, en vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le
paradis ». Les moments sont à l’injure : « Toi qui détruis le temple et le rebâtis en 3 jours… si tu es
le Fils de Dieu, descends de la croix… Il a sauvé les autres, il ne peut se sauver lui-même… S’il est
roi d’Israël qu’il descende de la croix et nous croirons en lui… Il s’est confié en Dieu, que Dieu le
délivre maintenant s’il l’aime ».
Perfidie du cœur humain. Dans un premier temps, les deux brigands l’insultent de la même manière.
Mais, peu à peu, l’un des deux se tait. Il se passe quelque chose dans son cœur. La lumière se fait.
Brusquement, alors que son compagnon vient d’insulter Jésus disant « N’es-tu pas le Christ ?
Sauve-toi toi-même et nous avec… » Il le reprend : « Ne crains-tu pas Dieu, toi qui subis la même
condamnation ? Pour nous c’est justice, le prix de nos crimes, mais lui, il n’a rien fait de mal. » Puis
il ajoute : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. » Et Jésus lui répond aussitôt :
« En vérité je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Le mot paradis est rare dans le Nouveau Testament, il correspond à royaume et signifie jardin.
Troisième parole : « Femme, voici ton fils ! Voilà ta mère ! ». Dans la foule qui passe ou qui
s’arrête, qui injurie ou reste indifférente, il y en a quelques-uns qui sont prostrés, écrasés de douleur
mais impuissants devant le drame. Il y a les trois Marie : la mère de Jésus, la tante de Jésus (sœur de
sa mère, mère de Clopas, et Marie Madeleine dont il avait chassé 7 démons.)
Tout près de sa mère se trouve le disciple qu’il aimait. C’est Jean qui raconte la scène et par pudeur
il ne cite pas son nom. Pendant qu’il le peut encore, car bientôt ce sera la sixième heure, c’est-àdire, midi, et il se passera des choses nouvelles, Jésus pense à sa mère et prend soin d’elle en la
confiant à son disciple. A Marie, il dit en regardant Jean : « Voilà ton fils. » Et à Jean, regardant
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Marie, il ajoute : « Voilà ta mère. » Elle a besoin de cela Marie, car elle n’est pas la reine du ciel ni
la médiatrice.
Elle n’est pas au-dessus de la croix, ni sur la croix, mais au pied de la croix, partie intégrante de
l’humanité souffrante, limitée et pécheresse qui a besoin de l’œuvre expiatoire de Jésus. Et dès ce
jour, Jean l’a prise chez lui.
Quatrième parole : « Eli, Eli, lama sabachthani ». Tout ce que nous venons de voir s’est passé
dans les trois premières heures de la crucifixion, entre 9 heures et 12 heures. A partir de midi, nous
entrons plus profondément dans le drame de l’expiation. Le récit se fait plus sobre, plus avare de
détails. L’obscurité et les ténèbres sont sur toute la terre. Ainsi en est-il de la 6ème à la 9ème heure,
c’est-à-dire de midi à 15 heures. C’est le black-out total dans les récits de la crucifixion. Jésus est
seul. Jésus expie. Il est maudit. Il est abandonné.
Trois heures de silence, trois heures d’obscurité, trois heures d’agonie inconcevable à l’esprit
humain car Jésus est ici fait péché pour nous. Puis, un cri déchirant : « Eli, Eli, lama sabachthani ».
Nous sommes ici presque à la fin et au cœur du drame.
Cette parole est la seule qui soit rapportée par plus d’un évangéliste (Matthieu et Marc). Toutes les
autres paroles ne le sont qu’une seule fois. Elle est la seule à être donnée dans l’original : en
araméen pour Marc et en hébreux pour Matthieu, traduite aussitôt pour que tous comprennent :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » C’est le seul moment où Jésus s’adressant
à son Père dit : mon Dieu. C’est le cri de détresse le plus poignant qui ne soit jamais sorti de la
bouche du Seigneur.
Quelques-uns des assistants s’animent, mais c’est pour se moquer : il appelle Elie, le prophète…
laissez, voyons si Elie viendra pour le descendre ».
Cinquième parole : « J’ai soif ». Nous sommes au terme des six heures d’agonie de Jésus. C’est la
première parole qu’il prononce le concernant et pour exprimer un besoin physique, faire une
demande : « J’ai soif ». Alors, on court remplir une éponge de vinaigre pour lui donner à boire.
Cette boisson n’est pas la même qu’au début. Elle est acidulée mais pas stupéfiante. Jésus prend le
vinaigre.
Sixième parole : « Tout est accompli ». C’est la fin, il en a fini. Il va mourir. Quel merveilleux et
bien-aimé Sauveur. Il a tout accompli : expié le péché, vaincu Satan, ouvert la porte des cieux aux
pécheurs, réconcilié les rebelles avec son Père… tout cela et bien d’autres choses encore, au prix de
sa vie.
Septième parole : « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Il dit de nouveau « Père ». Cette
ultime parole est prononcée d’une voix forte. Et Jésus qui a mis tout ce qui lui restait d’énergie,
dans cette parole, expire en la prononçant. Il est mort, le premier des trois. Pilate s’en étonnera et
fera appeler le centurion pour le confirmer. Oui, c’est fait. Jésus est mort.
Le voile du Temple se déchire de haut en bas. La terre est secouée par un violent tremblement de
terre et des morts ressuscitent physiquement. Les soldats ont peur et le centenier dit, mais un peu
tard : assurément, cet homme était juste !
Frédéric Travier