Pour lire l`article cliquez ici. - Annie et Jean Louis à vélo vers Agadir
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6 RENCONTRE AVEC Charente Libre Mercredi 7 octobre 2015 Tandem Rendez-vous le 13 à Agadir Annie Fougère et Jean-Louis Epinoux entreprennent un voyage de 2 300 km à vélo en 40 jours jusqu’au sud marocain Un cheminement personnel et un pas de plus vers les autres, tout à la fois. Le Sud n’est pas seulement une promesse de lumière et de soleil. C’est une commande de leur boussole intime. Jean-Louis HERVOIS [email protected] eux regards clairs comme un ciel d’Oléron vous accueillent devant la table basse dans un pavillon rempli de livres et traversé de lumière au pied du plateau d’Angoulême. Annie Fougère et Jean-Louis Epinoux ont enfourché cette semaine leur vélo, cinquante kilos bagages compris, pour rallier Agadir, au Maroc, depuis Fouras, leur port d’attache de retraités. D Blog Tout au long de leur périple, Annie Fougère et Jean-Louis Epinoux veulent témoigner et faire partager leur aventure avec tous ceux qui rêveraient dans leur sillage de nouveaux horizons. Rendez-vous sur l’espace blog de Charente Libre à l’adresse http://aveloversagadir. blogs.charentelibre.fr/ Le Sud les aimante depuis toujours. Dans le social ou dans la politique, qu’ils ont traversés en Charente, en Dordogne ou en Afrique, ils ont connu toutes sortes de vents, favorables ou contraires, de droite et de gauche. Adjointe de Philippe Mottet à la mairie d’Angoulême, Annie a labouré le terrain social où le skipper Epinoux tirait des bords à sa façon avec l’association Enfin. A 65 et 66 ans, leur boussole intime leur dicte de préciser le cap et tenter l’échappée. La voie est libre. «Le troisième âge qui arrive, j’appelle ça le début de soirée...», dit Epinoux. Le seul bruit du silence De 60 à 90 kilomètres tous les jours, 12 à 13 km/h de moyenne, le martyre pour les fesses, le camping du soir, le cérémonial du matin, le vélo, c’est comme la messe, il suffit de suivre: un début, une fin, debout, puis assis, écouter, se taire ou chanter, rentrer en soimême. Ne rien dire et ne penser à rien quand la route est longue et la pente raide, comme aurait dit Raffarin que l’un et l’autre ne détestaient pas. Ce silence qu’ils ont goûté en juin sur la «vélodyssée», entre Fouras et Fuentarrabia, à la frontière espagnole, pour se muscler tête et jambes, les suit à la trace, rythmé par les coups de pédale. Car, on l’a compris, l’aventure est plus métaphysique que physique, animée par le souvenir de ceux qu’on aime et de ceux qu’on a aimés. 40 jours en liberté «Etre libre, faire le tour du monde.» Ils ont donné rendezvous à leurs mères, Colette et Blanche, 90 ans, le 13 novembre à Agadir où ils entendent passer un peu de bon temps au chaud sous le soleil de l’hiver marocain, en famille avec un ami blogueur. D’ici là, il y a moins de 40 jours à sortir la tête du guidon pour saisir au passage tout ce que la vie offre aux yeux du cycliste en liberté. «Annie, c’est l’attachée culturelle». Jean-Louis, c’est plutôt le coach. Traverser l’Espagne, la sublime lumière de Castille et les feux andalous, un petit matin à Salamanque, avoir à portée de manivelle une œuvre d’art en temps réel, le Maroc lumineux, les rivages atlantiques de l’Atlas. «A vrai dire, on compte un peu sur El Niño et le dérèglement cli- Photo Phil Messelet ” On a un peu de mal de voir autour de nous toute cette désespérance. Comment faire ? matique pour nous offrir un été indien». La pluie et le pessimisme sont les adversaires du cycliste. L’appel du sud Les deux Don Quichotte à vélo n’entendent pas réduire leur combat à une poursuite intime, accrochée aux pédales et au bitume. L’essentiel est ailleurs. « On a un peu de mal de voir autour de nous cette désespérance. Comment faire ? Ce n’est pas un hasard si on va vers le sud, les musulmans, le Maroc, l’Afrique. Ce sont des cultures hautement respectables.» Pour les partager et les faire partager, ils veulent à chaque étape se faire modestes ouvriers de leur petite entreprise. «Il y a quelqu’un qui a fait un tour du monde avec 5 euros. On n’a pas cette prétention, mais les chambres d’hôtes à chaque étape, ce n’est pas dans notre budget», explique Jean-Louis Epinoux. Ce sera donc la douche au camping ou un toit trouvé au hasard des rencontres. «A vélo, il y a le plaisir de s’arrêter. Le lien social est assuré d’emblée. Tout le monde se parle, te dit bonjour. On est en direct avec les gens». Cela fait beaucoup d’espoirs sur le porte-bagages. Ils ouvriront un blog sur le site de Charente Libre en espérant le faire partager à un peloton de suiveurs, proches ou amis. Quelque part dans les têtes planent les écrits d’Axel Kahn, de Jean-Christophe Ruffin ou du député Lassalle, tous trois marcheurs aux quatre coins du monde pour y sonder les états d’âme. Mais c’est Théodore Monod, le voyageur du désert, qui habite les rêves de méharée d’Annie. Avant de partir, elle a déjà reconstruit son espace et son temps selon un autre logiciel. «Lâcher prise». La voiture a été vendue, ça fait une assurance de moins à payer. Il n’y a plus de déplacements qu’à pied, à vélo ou en TER dans ce qui ressemble déjà à un autre ailleurs.