Enquête sur les sites internet de santé
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Enquête sur les sites internet de santé
Moins de temps chez le docteur, plus de temps devant l’ordinateur Enquête sur les sites internet de santé Sylvie Craipeau et Gérard Dubey, sociologues à Télécom Ecole de Management, ont analysé l’information qui circule sur les sites internet et les forums de santé-bien-être Evry, septembre 2011. En France, plus d’un internaute sur trois visite une fois par mois un site internet de santé-bien-être, ce qui représente 16 millions de personnes. Ce phénomène bouleverse la relation médicale, avec des patients se présentant comme des « experts » et une profession médicale quelque peu déboussolée. Mais que se dit-il sur ces sites et leurs forums ? Pourquoi un tel engouement autour d’eux ? L’information diffusée est elle fiable ? Implique-t-elle des risques ? Construit-elle un savoir spécifique sur la santé ? Sylvie Craipeau et Gérard Dubey, sociologues de l’équipe de recherche UCOTIC de Télécom Ecole de Management, ont mené une étude en se penchant sur trois pathologies : le cancer, le sida et l’autisme. Les évolutions de la médecine favorisent le développement des sites de santé Premier constat de l’étude, les progrès de la médecine rallongent la durée de la vie et celle du traitement des maladies (notamment chroniques et létales). L’expérience de la maladie se fait donc plus longue. L’institution médicale techniciste et probabiliste ne peut pas répondre aux questions existentielles que se pose alors le malade, questions qui touchent à la transformation de son identité et à l’apprentissage social que celle-ci impose. Les sites de santé-bien-être répondent à cette attente : ils constituent de nouveaux savoirs basés sur l’expérience, le vécu, le rapport du malade à sa maladie. Autre évolution structurelle relevée par l’étude : face à l’hyper spécialisation technique et au manque de temps des médecins, les patients ressentent le besoin de prolonger la consultation. Ils répondent à ce manque en allant chercher et partager des informations sur internet. Un savoir « profane » complémentaire à celui de l’institution médicale Sylvie Craipeau et Gérard Dubey relèvent que les informations sur la santé diffusées sur Internet ne se positionnent pas pour ou contre le savoir institué, mais sur la base d’expériences situées hors du champ de l’institution médicale. Ces savoirs « profanes » ont davantage pour finalité d’accompagner les patients dans la cadre de leur vie quotidienne que de s’approprier le savoir expert détenu par les médecins. Les échanges portent sur les expériences de vie des patients et mettent l’accent sur leur importance dans le cadre du processus de guérison. Se construit ainsi un savoir complémentaire à celui de l’institution médicale qui intéresse les patients, mais aussi les médecins eux-mêmes. La dérive anxiogène des grands sites généralistes Deuxième tendance relevée par l’étude : le caractère anxiogène des informations échangées. L’internaute s’exprime souvent à la suite d’un diagnostic, principalement la nuit pour soulager son angoisse. Il projette son espace privé dans l’espace public de façon violente et crue, sans code ni médiation avec le destinataire du message, qui est souvent lui-même une personne fragile. Certains malades utilisent leur pathologie comme une revendication identitaire, notamment sur les sites de santé généralistes, qui tournent parfois au pugilat émotionnel. D’où le besoin de mettre en place une régulation sociale, selon les deux sociologues, qui ont remarqué que la parole est mieux canalisée sur les petits forums créés par des associations de malades, et spécialisés sur une pathologie. Sur ces forums, les échanges peuvent mener à la réalisation d’actions communes concrètes, à la différence des grands sites généralistes qui dérivent parfois en défouloirs anxiogènes. L’équipe de recherche UCOTIC de Télécom Ecole de Management étudie les usages sociaux des TIC Composée de 18 chercheurs de Télécom Ecole de Management et d’établissements associés (Ecole Polytechnique, Université Paris 1, Télécom ParisTech, Copenhague Business School), l’équipe de recherche UCOTIC étudie les usages sociaux des technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle questionne les rapports de l’homme - individus et collectifs - à l’innovation technique. UCOTIC analyse les transformations socio-organisationnelles de notre société, en interrogeant tout particulièrement les TIC et leurs usages comme les outils et l’expression de nouvelles formes d’articulation entre individu et collectif, local et global. Contact presse - Télécom Ecole de Management Tristan Horreaux - (+33)6 81 53 37 39 - [email protected] Télécom Ecole de Management est une grande école de commerce publique avec une expertise reconnue dans les nouvelles technologies et l’économie numérique. Les médias et les DRH placent régulièrement Télécom Ecole de Management parmi les toutes meilleures formations au management en France. Accréditée par l’AMBA, membre de l’EFMD, de l’AACSB et de la FNEGE, Télécom Ecole de Management compte 1200 étudiants et 73 enseignants-chercheurs. Dirigée par Denis Lapert, l’école partage son campus à Evry avec Télécom SudParis, grande école d'ingénieurs. Télécom Ecole de Management fait partie de l’Institut Télécom, organisme d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation en sciences et technologies de l'information et de la communication, aux côtés de Télécom ParisTech, Télécom Bretagne, Télécom SudParis, des deux filiales Télécom Lille1 et Eurecom, et de 5 écoles associées. www.telecom-em.eu