deS élèveS - Revue EPS

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deS élèveS - Revue EPS
Pluridisciplinarité
Course d’orientation
GPS et déplacements réels
En course d'orientation, la difficulté à observer les élèves en action peut
être surmontée par l'emploi de montres GPS. Des technologies susceptibles
de les séduire tout en confortant l'usage des TICE en EPS.
vérifier la mise en œuvre des procédures travaillées telles que la détermination d'un point d'attaque, l'utilisation de la routine technico-tactique du
« feu tricolore 3 », la détermination des
fondamentaux d’un itinéraire 4, etc.
Considérant que chaque point de la
trace est lié à une heure exacte de passage, l’enseignant peut estimer la perte
de temps de la moindre déviation : par
exemple, en survolant un point de la
trace et en le comparant avec l’instant
où l’élève a réellement poinçonné, il
peut mesurer son temps perdu à « grenouiller » à proximité d’un poste.
L’itinéraire réellement suivi
par l'élève sur la carte
La démarche
Matériel et mise en œuvre
• Une montre GPS par élève, une
carte (format image ou Ocad), le logiciel gratuit Quick Route.
• Un ordinateur portable pour faire la
régulation et le suivi en direct.
• Le logiciel Purple Pen (gratuit) pour
tracer les parcours sans utiliser Ocad.
Après avoir appuyé sur le bouton
pour localiser les données initiales,
les élèves équipés sont lancés dans
des situations de recherche de postes
qu’ils valideront sur leur montre GPS.
L’importation des données du GPS
et le calage de la trace1 font l’objet
d’un traitement pour obtenir et visualiser les informations sur les déplacements réels.
Intérêts pédagogiques
des données recueillies (fig. 1)
Différentes données peuvent être
utilisées en fonction du niveau de
classe et/ou de CO. La plus simple, la
trace sur la carte, est utilisable avec
tous les élèves, alors que les données
et analyses plus complexes (tableaux,
calculs de vitesse, histogrammes)
seront plutôt proposées à des lycéens
ou dans le cadre de l’association
sportive.
La révélation du trajet, des allures et
des écarts entre le trajet idéal et le cheminement suivi2 aident l’enseignant à
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Il renseigne sur des informations habituellement recueillies par la seule
verbalisation des élèves, souvent partielle, superficielle, au mieux descriptive, et sujette aux capacités de compréhension ou d’analyse des élèves.
Avec les élèves les plus désorientés
n’ayant pas trouvé de postes, la visualisation de la trace concrétise l’itinéraire réellement effectué et sert
d’appui aux régulations futures. La
plus-value est considérable, puisqu’il
s’agit généralement des mêmes
élèves qui sont en difficulté pour verbaliser leur parcours.
Le temps de passage à chaque balise et le temps de course
La visualisation des vitesses (dégradés de couleur paramétrables à souhait) renseigne sur les allures et l’activité de course de l’élève.
L’écart entre le trajet théorique
(à vol d’oiseau) et le déplacement
effectué
Même si l’itinéraire direct est rarement
possible (dénivelé, étendue d’eau, végétation dense, etc.), l’élève dispose
d’un repère chiffré (en distance totale
et en pourcentage) et tangible sur son
parcours réalisé par rapport à un trajet « optimal ». Il est ainsi en mesure
d’analyser la qualité de ses choix
d’itinéraire.
Les vitesses et variations d'allure cumulées (histogramme) ou
chronologiques
Le code couleur – rouge de 0 à 6 km/h,
jaune de 6 à 12 km/h, vert pour les vitesses supérieures à 12 km/h5 – pour
représenter les vitesses exprimées en
km/h (plus signifiantes que les allures
en min/km) aide l’enseignant à situer les
élèves dans des profils de course/navigation et à les orienter rapidement vers
un travail ciblé selon leurs besoins.
Données GPS
et caractérisation
de l’activité des élèves
Le fonceur (fig. 2)
L’histogramme en « dos de chameau »
illustre une conduite précipitée et
pseudo-performative : l’élève court
vite mais change fréquemment de direction, il s‘arrête également très souvent pour lire la carte ou prendre une
décision. La durée de course est souvent importante chez ces élèves dans
la mesure où ils peuvent faire des erreurs dans le choix des lignes qu’ils
empruntent et qu’ils naviguent sans
réelle stratégie à l’approche du poste.
Face à ces comportements, l’enseignant proposera des situations valorisant la précision de l’orientation ainsi
que le respect des fondamentaux de
l’itinéraire.
Le désorienté (fig. 3)
La seule lecture de la trace révèle
des difficultés puisqu’on repère notamment deux postes manqués et
de nombreux arrêts. L’histogramme
montre une forte proportion de vitesse nulle ou faible. Le suivi chronologique de la trace révèle qu’après
avoir manqué le poste 2, l’élève est
revenu vers le départ alors qu’il était
Intérêts de l’utilisation des GPS en course d’orientation
Pour l’élève
Feed back concret et verbalisation facilitée.
Apprentissage par analyse de son action.
Apprentissage par comparaison avec
ses camarades.
Motivation accrue par l’utilisation
des nouvelles technologies.
Pour l’enseignant
Recueil et compréhension de l’activité réelle
des élèves.
Surveillance disciplinaire et réglementaire.
Poursuite des compétences méthodologiques
et sociales de l’EPS.
Contribution au B2I.
www.revue-eps.com
Photo : G. Aulard, N. Hayer
© Éditions EP&S 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Reproduction interdite.
des élèves
© Éditions EP&S 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Reproduction interdite.
1 - Recueil et visualisation des données
à proximité du poste 3 vers lequel il
repart ensuite 6.
Des apprentissages de lecture de
carte s’imposeront pour l’orienter et la
lire à chaque intersection de chemins.
Le randonneur (fig. 4)
La faible étendue des vitesses, la
quasi-absence d’arrêts et de course
rapide (supérieur à 10 km/h) est souvent observée (hormis en raison des
capacités foncières) chez des élèves
motivés par des conduites sécuritaires. Davantage mises en œuvre par
les filles7, elles privilégient les lignes
de niveau 1 ou 2 sans utiliser de technique de saut8, préférant emprunter à
vitesse réduite ou moyenne les chemins pour s’orienter.
L’enseignant proposera avec intérêt
des situations telles que des cartes
thématiques ou des suivis d’itinéraire
pour tenter de modifier le type de données utilisées dans l’itinéraire et des
courses aux tickets ou des relais pour
favoriser la vitesse.
L’apprenti orienteur (fig. 5)
L’élève semble profiter pleinement
des portions courantes comme en témoigne la présence de barres vertes
mais il s’arrête ou ralentit trop fortement. Ces diminutions brusques de vitesse correspondent à des arrêts pour
la lecture de la carte, pour le recalage
ou pour la recherche dans la zone
proche du poste. L’identification d’une
de ces alternatives nécessite une analyse plus fine à partir de la trace.
Un outil, de nombreuses
applications
Au-delà cette dimension didactique,
la trace GPS constitue également un
élément de « surveillance disciplinaire
et réglementaire », limitant les comportements de suiveur 9 (généralement
d’un autre élève identifié comme compétent sans mise en jeu des capacités
personnelle de lecture ou de planification d’itinéraire) ou de « dormeur » loin
de la vue de l'enseignant.
L’utilisation des GPS fait également
gagner du temps à l’enseignant dans
la mise en place de l’activité : elle évite
de poser des balises pour des élèves
expérimentés qui valident alors, par
un appui sur la montre GPS, le lieu
recherché selon les indications de la
carte (balises virtuelles).
Q
Si la caractérisation des profils est
utile à l’enseignant, le relevé GPS permet une matérialisation graphique de
l’activité accessible aux élèves et propice à la réflexion et à la verbalisation
nécessaires à l’élaboration de nouvelles stratégies (tableau). Analyser sa
pratique, se questionner, échanger et
se comparer aux camarades, enrichir
son répertoire technique, formuler de
nouveau projets… autant de pistes qui
s’ouvrent à l’élève grâce à l’exploitation des traces GPS.
Johann Rage,
Professeur agrégé d’EPS, BEES 1er degré
en CO, STAPS de Font-Romeu.
Guillaume Aulard,
Professeur agrégé d’EPS, membre de la
cellule TICE de l’académie de Grenoble
collège Les Allinges Saint-Quentin Fallavier.
Lycée
Nicolas Hayer,
Professeur agrégé d’EPS, membre de
la commission Jeune FFCO, faculté
des Sciences du Sport de Poitiers.
1. Modalités d’utilisation des GPS et de récupération de
données sur : uv2s.univ-perp.fr.
2. B oichut, C., « La technologie GPS au service de
l’entraîneur de CO », mémoire de BEES 1er degré de course
d’orientation.
3. Symbolisation de la gestion de l’allure et de la
concentration selon l’itinéraire (recherche et sortie de
poste, suivi de lignes ou repères, point d’attaque, etc.) :
vert (vitesse élevée et concentration moyenne), orange
(vitesse moyenne et concentration importante), rouge
(vitesse plus faible et concentration optimale).
4. Voir des mêmes auteurs : La Grammaire de l’itinéraire,
consultable sur uv2s.univ-perp.fr.
5. 7 km/h représente le seuil à partir duquel on trouve
plus confortable de courir que de marcher et 12 km/h une
vitesse moyenne de course.
6. Pour les élèves désorientés, il faut combiner la lecture
des traces et de la chronologie car les parcours se
superposent (un clic de souris permet de basculer entre
chronologie et carte).
7. Gillonier F. « Pourquoi les femmes ne savent pas lire
les cartes routières ? La course d’orientation à l’école :
évaluation et évolution des stéréotypes de sexe », in
Femmes et Hommes dans les sports de montagne. Au-delà
des différences, Ottogali-Mazzacalo C. et Saint-Martin J.
(dir), CNRS-Publications de la MSH-Alpes, septembre 2009.
8. Le saut correspond au passage d’une ligne à une autre
sans emprunter une ligne (couper à travers champs ou bois).
9. En CO, la réglementation sportive interdit à un coureur
d’en suivre un autre.
2 - Histogramme de Léo
3 - Trace et histogramme de Thomas
4 - Histogramme de Mélissandre
5 - Histogramme de Romuald
Pour en savoir plus
Sur uv2s.univ-perp.fr retrouvez le
module didactique et pédagogique
proposé par les auteurs dans le cadre
de l'Université numérique virtuelle
des sciences du sport.
juin-juillet-août 2013 #357 / 87