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#1 NOV 2015 € 4,95 COMPRENDRE VOTRE THYROÏDE a plus d’importance que vous ne le pensez ! POURQUOI ET COMMENT ÉVITER LES ANTIBIOTIQUES ? CHANGER AGIR MAINTENANT ! SANG-HOON DEGEIMBRE LES SECRETS DU CHEF ÉTOILÉ DANS VOTRE CUISINE DANS LA PEAU D’UNE PLANTE ITINÉRAIRE D’UNE POMME BIO DANS CE NUMÉRO LA RAW COSMÉTIQUE DU CRÛ POUR VOTRE BEAUTÉ PASCAL CHABOT MARC LUYCKX GHISI MICHÈLE CÉDRIC FRANÇOIS COUPLAN... Chic N°1 la lingerie sexy ÉTHIQUE ! JE CUISINE LOCAL LE RAFFINEMENT A L’ETAT BRUT • BIO OU LOCAL? • TRAÇABILITÉ, LE CONTRÔLE OPTIMAL • BIO, UNE APPELLATION PROTÉGÉE ET CONTRÔLÉE • LES BONNES QUESTIONS À POSER • LES ADRESSES IMPEC DE LA RÉDACTION. NEWS EN VRAC PAR LUC RUIDANT Le constat est sans appel : devant le tabac et la pollution, L’UE APPROUVE UN TUEUR D’ABEILLES la malbouffe est le principal contributeur (21%) des quelque 30 millions de décès évitables chaque année dans le monde, dont 10 millions dus à l’hypertension artérielle. Les données émanent de 108 pays entre 1990 et 2013. (source : The Lancet, 10/09/2015) Un tribunal aux États-Unis vient de statuer en faveur des abeilles: le Sulfoxaflor, un pesticide tueur d'abeilles commercialisé par le géant de l'agrochimie Dow Chemicals, n'aurait jamais dû être approuvé. Jusqu’ici tout va bien mais ne vous réjouissez pas trop vite. Cet été, l’Union européenne a effet approuvé le même pesticide mortel. Et cerise sur le gâteau: les législateurs européens se sont basés sur les dires de Dow Chemicals pour prendre leur décision. Dites à la Commission d’interdire ce tueur d’abeilles. Une pétition circule http://action.sumofus.org/fr/a/eu-commission-dow-french/) OGM : résistance européenne BIOTEMPO! Dix-neuf Etats membres de l'Union européenne (UE), dont la Belgique pour la Wallonie, ont demandé l'interdiction sur tout ou partie de leur territoire de la culture d'organismes génétiquement modifiés (OGM), déjà autorisés par l'UE, ou en voie d'autorisation. Ces demandes ont été introduites en vertu d'une directive récente. Actuellement, le MON 810 est le seul OGM autorisé dans l'UE. Il est cultivé en Espagne, au Portugal et dans une moindre mesure, en République tchèque. 74 LA SUÈDE BIENTÔT SANS PÉTROLE Saviez-vous que la Suède entretient le rêve ambitieux d’être le premier État continental du monde à ne plus utiliser de pétrole sur son territoire ? C’est prévu pour 2020. Le pays souhaite passer à un modèle énergé- L’ANOREXIE LIÉE AU MICROBIOTE INTESTINAL En étudiant la liaison entre le cerveau et l'intestin et en comparant le microbiote intestinal de femmes souffrant d'anorexie, et celui d'autres femmes sans trouble du comportement alimentaire, des chercheurs de Caroline du Nord ont découvert que les jeunes femmes anorexiques avaient une moindre quantité et une moins grande diversité de bactéries intestinales. Autrement dit, le déséquilibre du microbiote aurait une incidence sur l'anorexie. Il reste à découvrir si, en améliorant la flore intestinale, notamment par l'administration de probiotiques, on peut réduire les symptômes de l'anorexie. C'est actuellement à l'étude. à suivre donc... (source : Psychosomatic Medicine, 1er octobre 2015) tique propre, notamment pour répondre au challenge du changement climatique. Depuis les années 70, la part de pétrole du bilan énergétique y est passée de 70 % à 30 %. Et le projet suédois se concrétise par des investissements de plus en plus importants dans le développement des énergies renouvelables. Un exemple à suivre en Europe à l’heure de COP21… édito RÊVER UN POSSIBLE RÊVE Vous tenez entre les mains le premier numéro d’un mensuel bio et santé made in Belgium ! BIOTEMPO c’est une équipe de journalistes qui a décidé d’aller jusqu’au bout de son rêve. Le rêve d’un magazine qui soit le reflet d’un monde plus beau, plus bio, et plus solidaire. Utopique ? Peut-être. Mais les utopies ne servent-elles pas à déplacer, à changer, à agir et à transformer. Et c’est notre souhait. Nous avons l’ambition d’un monde plus humain, plus solidaire, plus respectueux des êtres vivants, de la terre et de l’eau. Un monde qui est déjà là, prêt à se lancer et dont on sent l’énergie se renforcer. Être bio, c’est une façon de vivre, de penser et de se comporter. C’est bien plus que consommer des produits certifiés. C’est respecter la vie sous toutes ses formes. Éthique, intégrité, authenticité, transparence, crédibilité, expertise, partage, solidarité, collaboration, diversité, plaisir, créativité, innovation, qualité. Voilà notre programme ! Performances, émotions, rencontres et informations pertinentes autour du bio et du bien-être : voilà notre volonté. Avec la passion sous toutes ses formes. Nous ne sommes pas à l’abri d’une erreur - personne ne l’est mais nous sommes déterminés à nous rapprocher le plus possible de ce monde-là. Dans ce premier numéro, vous pourrez suivre l’itinéraire d’une pomme bio, vous mettre dans la peau d’une plante, ou vous plonger dans l’univers de la raw cosmétique, inspirée du crudivorisme. Vous nous suivrez au Japon pour un petit-déjeuner santé, vous passerez en Écosse pour y découvrir des whiskies d’exception et vous rencontrerez un maître d’escrime comme vous n’en avez jamais vu. Avant de vous laisser aller dans votre lecture, je voudrais dire merci. Merci à toutes les personnes extraordinaires, et elles sont nombreuses, qui ont rendu ce magazine possible. Merci à tous les acteurs du bio, aux magasins et aux distributeurs, aux annonceurs, aux associations qui nous rejoignent dans cette aventure. Merci surtout à vous, nos lectrices et lecteurs, qui, nous l’espérons vraiment, allez nous accompagner dans nos actions bioffensives ! Et enfin, merci à mon père, qui m’a donné le goût de l’authenticité, l’amour des abeilles et la volonté de réaliser des rêves. LE MONDE CHANGE, LE BIO AUSSI ! À TRÈS VITE. www.bio-tempo.com Anne Gillet ÉQUILIBRES PAR ANDRÉ ROUX QUESTION DE SURVIE HARO SUR LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS Comme dans tous les domaines où l’homme a laissé ses découvertes lui coûter plus cher que le profit immédiat escompté, la chimie pétrolière est un drame dont on ne sait plus comment sortir. Alors qu’elle a tout envahi dans nos vies, on prend aujourd’hui conscience de son extrême dangerosité pour notre équilibre hormonal. E BIOTEMPO! Endocrinien= hormonal Les PE sont des composés chimiques (pesticides, médicaments, phtalates, bisphénol, etc.) qui miment l’action des œstrogènes sur nos organismes. Ils touchent la reproduction, la croissance, le comportement, etc. 14 ntre les années 40 et les années 80, les hommes ont perdu, en moyenne, 50% de leurs spermatozoïdes (étude de Niels Skakkebeak de l’Université de Copenhague). Pour ce qui concerne plus particulièrement la faune, des études ont montré que, depuis l’emploi massif des pesticides pour la destruction des insectes dans les marais en Louisiane et en Floride, les alligators ont vu leur nombre se réduire à cause d’une reproduction en chute libre. Les mâles ont des pénis anormalement petits et un taux de testostérone insuffisant, alors que leurs femelles ont des taux d’œstrogènes trop élevés. Les oiseaux femelles s’accouplent ensemble, les coquilles de leurs œufs encore pondus sont minces et friables. Un état des lieux sans équivoque. LES XÉNO-ŒSTROGÈNES Depuis que la chimie pétrolière s’est développée, le monde est envahi par des molécules de synthèse qui imitent l’action de nos œstrogènes, les xéno-œstrogènes (xéno = étranger). Ces molécules (qui ont un anneau benzène dans leur structure et donc une activité œstrogène-like) agissent comme nos propres hormones, mais plus violemment et plus durablement en produisant une dominance œstrogénique à l’origine des troubles suivants (cités par le Dr John Lee) : • accélération du processus de vieillissement •allergies • sensibilité des seins, seins fibrokystiques, baisse de la libido, syndrome prémenstruel, dysfonctionnement thyroïdien simulant l’hypothyroïdie, stérilité, fausse couche • perte osseuse de la pré-ménopause et ostéoporose • rétention d’eau, œdème, accroissement des graisses, particulièrement autour de l’abdomen, des hanches, et des cuisses • fatigue et dépression, confusion mentale, maux de tête, irritabilité, perte de mémoire •hypoglycémie • coagulation sanguine excessive (accroissant le risque d’attaque cérébrale ou cardiaque) • fibromes utérins, cancer de l’utérus • affections de la vésicule biliaire • troubles auto-immunes, tels que le lupus érythémateux, la thyroïdite et, probablement, la maladie de Sjögren. La thèse officielle est de dire que les doses sont très faibles mais des expériences (Sumpter et Charles Tyler, Université de Uxbridge en Angleterre) montrent qu’un nanogramme (c’est-dire 1 milliardième de gramme !) d’une de ces molécules suffit à perturber le système hormonal des truites dans une rivière. Et on ne parle jamais de l’effet cumulatif des différentes sources auxquelles nous pouvons être soumis. DES EFFETS BOULEVERSANTS Depuis les troubles du système hormonal (puberté précoce chez les filles, cryptorchidie chez les garçons, syndrome prémenstruel, troubles de la pré-ménopause et de la ménopause, ostéoporose… et la féminisation) aux cancers hormono-dépendants (seins, ovaires, col de l’utérus, prostate et testicules) en constante augmentation depuis plus de 80 ans, en passant par les malformations génitales des garçons (hypospadias – voir ci-dessous), et bien d’autres choses encore, on n’en finit pas de dresser la liste des pathologies graves liées à cet excès d’œstrogènes en provenance de notre environnement. Je peux en témoigner puisque j’ai deux amis proches dont les garçons ont souffert d’hypospadias (malformation congénitale avec un urètre trop court qui s’ouvre sur la face inférieure du pénis). À Montpellier, le chirurgien chargé de la « réparation » a dit clairement que l’origine était une pollution œstrogénique lors de la grossesse ! QUE FAIRE ? Si j’en reviens aux termes employés par le docteur John Lee, nous vivons dans une véritable « marée d’œstrogènes » contre laquelle, outre la complémentation en progestérone naturelle, il y a des mesures simples à prendre : • consommation exclusive de produits de culture biologique • suppression de tous les produits d’entretien, d’hygiène, de cosmétique, de décoration qui ne sont pas exclusivement de base végétale • limitation des matières plastiques dans la maison et, au moins, ne jamais y mettre de produits chauds • lire les étiquettes et ne jamais acheter de produits contenant des conservateurs de synthèse C’est une question de survie ! PERTURBATEURS ENDOCRINIENS DANS 1 PRODUIT SUR 6 POUR BÉBÉS L’UFC - Que Choisir a publié en février dernier les résultats alarmants d’une étude qui révèle la présence de perturbateurs endocriniens dans 1 produit sur 6 pour bébés, un public particulièrement fragile et vulnérable. Selon les spécialistes, l’exposition à ces moments clés pourrait contribuer à l’apparition de certaines pathologies à l’âge adulte, comme le diabète, l’obésité, ou encore des cancers hormonodépendants. Attention donc aux jouets et tétines, mais aussi aux bodys, couches, matelas à langer, tapis de sol, etc. Attention aussi aux mentions fallacieuses sur les étiquettes! Sources : www.quechoisir.org UN ANTIPUCES POUR CHAT QUI S’ATTAQUE À LA THYROÏDE L’Obs a récemment fait analyser 63 mèches de cheveux d’un panel d’enfants de moins de 12 ans. Les perturbateurs endocriniens s’y bousculent ! Avec pour origine, entre-autres le fipronil, un antipuces prescrit pour les chats par les vétérinaires. C’est un perturbateur endocrinien qui s’attaque à la thyroïde, et dont les conséquences sur le développement des enfants sont plus qu’inquiétantes. Sources : tempsreel.nouvelobs.com BIOTEMPO! Ils sont présents dans : • les gaz d’échappement • les pesticides et herbicides de l’agriculture et donc dans vos fruits et légumes, y compris ceux du jardin, si votre voisin n’est pas bio • les anti-insectes domestiques, comme l’antipuces ou l’anti-tiques de vos chats et chiens • les viandes et produits animaux non-bio • la pilule anticonceptionnelle et les traitements hormonaux, y compris leurs résidus dans l’eau des rivières ! • les produits d’entretien et détergents exclusivement, les produits d’hygiène et de cosmétique, et les produits de décoration et de peinture du bois, qui n’ont pas une base végétale • les conservateurs de synthèse, comme les parabènes (industrie cosmétique) • toutes les matières plastiques qui libèrent ces molécules à chaud (bisphénol A ou phtalates, entre autres) • certains meubles en mélamine qui contiennent du formaldéhyde (un retardateur de flamme chloré) •etc. 15 CONNAISSANCE DU VIVANT PAR DIDIER DILLEN LES ÉTONNANTES FACULTÉS DES PLANTES ! LES PLANTES SONT-ELLES INTELLIGENTES ? BIOTEMPO! La notion « d’intelligence » des plantes est un sujet de controverses. Quels sont les points de vue en présence, les arguments principaux évoqués par les uns et les autres ? La réponse de Catherine Lenne. Comment définir l’intelligence ? Peut-on parler de cognition chez les plantes ? Je pense qu’il s’agit d’abord d’une guerre de terminologie. Ce que certains appellent intelligence des plantes, d’autres plus prudents parlent de sensibilité et d’adaptation. L’hypothèse de l’intelligence des plantes a été évoquée depuis 2005 et il y a désormais une communauté de chercheurs qui travaillent autour de cette question. Ces chercheurs revendiquent dans les plantes l’existence d’un système de transferts d’information, sous forme de signaux électriques, comparable à celui de notre système nerveux. Ces signaux électriques ont été mis en évidence sans conteste dans le cas des mouvements rapides des plantes suite au toucher, chez la Dionée attrape-mouche par exemple. Dans ces cas précis, on a même remarqué une genèse et une propagation de vrais potentiels d’action comparables à ceux mesurés le long des cellules nerveuses animales ! Et des propagations de signaux électriques longue distance ont été décrits dans de nombreuses espèces végétales. 20 Les plantes ne sont pas des potiches végétales ! Sensibles à tout ce qui les entoure, elles ont mis au point des mécanismes de défenses d'une redoutable efficacité, sont capables de communiquer entre elles et même de faire circuler des informations au sein de leurs cellules. Certains leur prêtent même une forme « d'intelligence » ! Le point avec Catherine Lenne, professeur de biologie végétale à l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, chercheuse à l'INRA et auteur d'un livre passionnant sur la vie secrète des plantes. Les plantes sont-elles plus sensibles à ce qui les entoure qu’on ne l’imagine ? Les plantes sont sensibles à toutes sortes de signaux extérieurs : le vent, la gravité, la lumière et les ultra-violets, la température... L’évolution leur a permis de développer des « sens » comparables à ceux des animaux. La différence essentielle est que leurs capacités de perception ne sont pas exercées par des organes localisés, des oreilles, des yeux…, mais sont réparties dans l’ensemble de la plante, à l’instar de notre toucher. Les plantes perçoivent par exemple la lumière grâce aux pigments dits phytochromes. Et ces photorécepteurs sont présents dans toutes les feuilles. Ils sont activés par la lumière rouge claire, et désactivés par le rouge lointain et le très-proche infrarouge. Or la proportion de ces deux bandes spectrales dans la lumière environnante varie en fonction de la présence d’objets autour de la plante. La proportion de phytochromes activés ou inactivés dans les tissus des feuilles renseigne donc la plante sur la présence de voisines dont les feuilles réfléchissent une partie du rouge lointain reçu. Le système permet même à la plante de distinguer ces voisines d’objets non chlorophylliens, comme un rocher par exemple, qui ne réfléchit pas le rouge lointain. Ces signaux sont utilisés par les plantes pour contrôler leur croissance par rapport aux plantes qui les entourent et donc leur place dans la compétition pour l’accès à la lumière. De manière surprenante, si on rend les plantes « aveugles » en faisant muter leurs phytochromes, on constate que leurs tiges ont des hauteurs plus hétérogènes que lorsqu’elles sont capables de se « voir » entre-elles ! Elles peuvent par ailleurs aussi combiner plusieurs « sens » pour engendrer des réponses élaborées. En 2012, des chercheurs d’Utrecht ont montré chez l’arabette des dames, que des plantes qui poussent côte à côte sont à même de percevoir les contacts prolongés entre leurs feuilles. Ce toucher appuyé provoque une réaction de redressement actif de certaines feuilles. Or les feuilles qui se redressent ne réfléchissent pas de la même manière les radiations rouge foncé et proches de l’infrarouge que les feuilles horizontales. Et ce qui est étonnant, c’est que ce signal lumineux brandi par les feuilles qui se sont redressées fonctionne comme un véritable « feu rouge ». Il provoque l’arrêt de la croissance foliaire des plantes voisines, ce qui limite ainsi les risques de se faire de l’ombre. Les plantes auraient donc conscience de leur environnement ? Je n’irai pas jusqu’à dire que la plante est « consciente » de son environnement, au sens humain du terme. La conscience est d’ailleurs un terme difficile à définir et les philosophes s’emploient à le faire depuis toujours. Jusqu’à présent, on n’a pas démontré l’existence d’une conscience chez les plantes, mais seulement l’existence d’une sensibilité et d’une capacité d’adaptation fine des réponses. Les plantes sont-elles aussi dotées de Parmi les comportements dont disposent les plantes, celui de pouvoir communiquer semble un des plus étonnants. Chez les plantes, on a constaté par exemple l’existence d’une forme de communication aérienne. Cela passe par une large panoplie de signaux de stress et d’alarme. Dès qu’elles sont agressées, les plantes émettent une petite molécule gazeuse, l’éthylène, qui est une véritable hormone d’alerte. Cette molécule gazeuse est transportée par les courants d’air et perçue par les plantes qui se trouvent à proximité. Alertées, ces plantes développent à leur tour des réponses de défense similaires. Ce processus existe aussi chez les acacias lorsqu’ils sont attaqués par des antilopes koudou, mais on l’a constaté également en laboratoire. Lorsque l’on fléchit une plante, on déclenche à la fois une réponse d’arrêt de croissance chez elle mais aussi la même réponse temporaire chez sa voisine non fléchie ! Quelles sont les tactiques des plantes pour faire face à leurs agresseurs ? Les plantes possèdent en réalité plusieurs lignes de défense face à leurs agresseurs et ce système défensif est terriblement efficace ! Elles mettent d’abord en place des défenses passives sous la forme de barrières naturelles. La cuticule ou le liège qui recouvre les branches et les troncs, constituent un premier obstacle à la pénétration de pathogènes, champignons, bactéries ou virus. Mais ces barrières physiques ne sont pas infranchissables. La plante dispose donc de défenses actives. Elle est ainsi capable de détecter l’effraction de ses tissus par un pathogène, ou la blessure causée par un herbivore, grâce aux substances que ce pathogène libère. Cette intrusion va déclencher en retour la fabrication de jasmonate. Il s’agit d’une phytohormone qui orchestre la synthèse d’une série de défenses chimiques qui vont être dirigées contre l’agresseur afin de le détruire, le repousser ou le circonscrire à la zone d’infection. Pour se défendre, les plantes sont aussi capables de pratiquer la « politique de la terre brûlée » ! Elles vont jusqu’à sacrifier la zone atteinte en la cloisonnant et en l’inondant d’une armada de substances toxiques qui tuent indifféremment les cellules végétales malades et le pathogène. Cette réponse maximale de défense est appelée « réponse hypersensible ». Elle se manifeste par la mise en place dans les tissus attaqués d’une zone de nécrose qui isole le pathogène et le bloque à son point d’entrée. A cette dimension de réponse locale s’ajoute un deuxième niveau plus global, qui met la plante entière dans un état de défense maximal, et qui la rend prête à réagir plus rapidement à une deuxième attaque, même si elle n’a pas lieu au même endroit. C’est une sorte de « vaccination », bien que les plantes ne disposent pas vraiment d’un système immunitaire. DANS LA PEAU D’UNE PLANTE ! Ce ne sont pas les guides d’identification des plantes qui maquent, ni les livres de jardinage ou ceux qui mettent en avant leurs vertus médicinales. Mais personne ne s’était jamais penché sur la vie intime de nos compagnes végétales. Que sait-on réellement des plantes ? L’ouvrage de Catherine Lenne répare cette injustice. En 70 questions impertinentes, elle vous transporte dans la peau d’une plante : sa vie sexuelle, sa vie sociale, ses problèmes de poids, ses voyages, rien ne vous échappera ! Guidé par une enseignantechercheuse tombée amoureuse des plantes il y a plus de vingt ans, vous apprendrez que les plantes ressentent les caresses, qu’elles sont capables de vrais mouvements, qu’elles savent parler aux insectes et mille autres choses étonnantes encore… Facile à lire, scientifiquement irréprochable, ce livre comblera tous les curieux de nature et de connaissance, avec une mention spéciale pour les amateurs de fleurs et de forêts. Catherine Lenne. Dans la peau d’une plante. Ed. Belin. 23 €. BIOTEMPO! capacités proches de l’ouïe, du toucher ? Les plantes peuvent effectivement ressentir les stimuli mécaniques de l’environnement. Les tiges des plantes volubiles s’enroulent par exemple autour de leur tuteur car elles perçoivent son contact et y répondent par une croissance différentielle de leur tige. Plus largement, chez la plupart des espèces, le fait de toucher une plante régulièrement, de la brosser, de lui taper sur la tête, de la soumettre au vent... induit une réponse appelée thigmomorphogenèse, qui diminue sa croissance en hauteur et augmente sa croissance en diamètre. Les plantes sont aussi sensibles aux sons, bien que les récepteurs aux vibrations restent à identifier chez elles. Les expériences montrent en tout cas qu’elles sont capables de percevoir les vibrations sonores et d’y répondre. Une expérience a ainsi permis de montrer que des racines de maïs poussant dans l’eau et soumises à l’émission d’un son continu d’une fréquence de 220 hertz, s’orientent vers la source du son ! Et les mesures réalisées à cette occasion montrent aussi clairement que les jeunes racines émettent à leur tour des vibrations dans la même bande passante ! 21 PETIT D’HOM PAR DIDIER DILLEN LES LUTINS VERTS: UNE CRÈCHE CERTIFIÉE 100% BIO! Les lieux d’accueil pour la petite enfance sont de plus en plus sensibles à l’écologie et l’alimentation saine. Les aliments bio y rencontrent par exemple un succès croissant. Mais chez les Lutins Verts à Liège, on est allé plus loin. Ce milieu d’accueil éco-responsable est aussi actuellement le seul de Belgique à être certifié : l’alimentation des bambins y est donc garantie 100% bio ! Une attention toute particulière a été apportée lors de l’aménagement de la crèche. Les matériaux sont écologiques et proviennent de négociants spécialisés ou du recyclage BIOTEMPO! Infos : rue Ferdinand Nicolay, 205 Thier à Liege 0494/38.35.35 www.facebook.com/ leslutinsvertsliege 40 R ien n’est trop bien pour nos bouts d’choux. C’est ce que beaucoup de parents se disent et c’est aussi la conclusion à laquelle Valia Petit est arrivée pour créer ce milieu d’accueil d’un nouveau genre qui vient d’ouvrir ses portes au mois d’août ! C’est en voyant en effet la difficulté des jeunes parents de son entourage à trouver des milieux d’accueil correspondant à leurs valeurs, notamment en matière d’écologie, que Valia a eu l’idée d’ouvrir une crèche éco-responsable. « J’ai voulu créer le milieu d’accueil que j’aurais aimé avoir pour mes enfants ! », sourit-elle. L’idée de ne servir que des repas bio lui a, quant à elle, été naturellement inspirée par ses convictions personnelles. Mère de deux filles de 6 et 12 ans, Valia est depuis des années cliente de la Ferme à l’Arbre de Liège et de son magasin de produits bio et locaux. Lequel est d’ailleurs proche de la crèche. « Et pour moi, il était inimaginable d’ouvrir un lieu d’accueil pour les tout-petits sans donner la même qualité alimentaire que celle que je propose à mes enfants et moi-même. Je voulais privilégier le bio, mais aussi les produits locaux et de saison, le contact avec le producteur, puisqu’une bonne partie des fruits et des légumes sont cultivés sur place ». Ce choix de la filière bio et de l’alimentation la plus saine possible, est donc apparu comme une évidence à Valia, de même que le fait de faire certifier son milieu d’accueil par un organisme officiel, ce qui au passage n’a posé aucun souci particulier, bien que ce type de certification soit quasiment une première. « Ça a vraiment été un plaisir à tous les niveaux de travailler avec Certisys. Que ce soit avec les gens que j’ai contacté sur place, qui étaient tout à fait enchantés du projet, qu’avec l’agent certificateur. Je n’ai jamais eu aucun problème ! » ÉCOLOGIE : RÉFLEXION GLOBALE Les engagements de Valia pour un milieu d’accueil plus durable ne se limitent cependant pas aux repas bio. Chez les Lutins Verts, pour tout ce qui ne concerne pas l’alimentation, la barre est également placée très haut. La santé des tout-petits et celle de notre planète restent ainsi toujours au centre lors du choix des produits utilisés par Valia. Cosmétiques, produits d’entretien et lessive sont par exemple choisis dans des gammes bio ou écologiques. Les fesses de bébé ? Langes en tissu lavables ou en cellulose recyclée, lingettes lavables en tissu... de ce côté-là aussi, tout est prévu. Une attention toute particulière a en outre été apportée lors de l’aménagement de la crèche. Les matériaux sont écologiques et proviennent de négociants spécialisés ou du recyclage. Écologie oblige, certains jeux et jouets sont en bois ou proviennent eux-aussi du réemploi, après nettoyage et remise à neuf, bien évidemment. « J’essaye d’avoir une réflexion la plus UN JARDIN BIO EXTRAORDINAIRE Le choix du bâtiment et sa situation sur le Thier à Liège collent parfaitement avec la philosophie du projet. Tout en restant à moins de dix minutes du centre-ville, les enfants bénéficient d’un cadre de vie agréable et proche de la nature. La maison est du reste entourée d’un grand jardin avec un potager, actuellement cultivé par une ancienne institutrice. Valia, qui déborde de projets, aimerait transformer l’endroit en un mini-jardin pédagogique. « L’idée serait d’organiser des ateliers de jardinage pour les plus grands. Nous pourrions déjà commencer cet automne. Nous avons d’ailleurs déjà récolté certaines choses avec les enfants. Au printemps prochain, j’aimerais aussi installer un petit enclos dans le jardin, avec des lapins, pour donner aux enfants l’occasion d’avoir un contact avec des animaux !». SOUTIEN À LA PARENTALITÉ Unes des particularités des Lutins Verts est d’offrir un large soutien à la parentalité. « Trop souvent j’ai pu constater que les parents se retrouvent seuls face à leurs questions, à leurs doutes. Je tiens à les accompagner le mieux possible en mettant notamment à leur disposition un espace de dialogue et de documentation où ils trouvent par exemple des livres sur les différentes philosophies d’éducation, mais aussi sur le couple, sur l’agriculture et l’alimentation... C’est une façon de prolonger les réflexions que je développe dans ce milieu d’accueil ». Toujours dans l’optique d’un soutien à la parentalité, Valia compte organiser plusieurs fois par an des réunions entre les parents des bambins qui fréquentent sa crèche. « Ce sera une manière de créer du lien entre les parents qui en sont déjà à leur deuxième ou troisième enfant, et ceux pour qui c’est le premier, et qui s’interrogent parfois beaucoup sur leur rôle et les choix à faire. L’échange entre parents est quelque chose de très enrichissant ! Ce sera aussi l’occasion de les impliquer dans la vie de la crèche, de parler de tout ce que l’on fait, de leur montrer des photos de leur bébé, dans une atmosphère plus décontractée que le matin 8h ou le soir à 17h ». Aux Lutins Verts, il n’y a pas que les enfants qui sont rois, les parents aussi ! BIO, UNE APPELLATION PROTÉGÉE ET CONTRÔLÉE N’est pas « bio » qui veut ! L’appellation « bio » est, en effet, protégée dans un cahier des charges Biogarantie® reconnu et approuvé en Wallonie et à Bruxelles. Toute entreprise de restauration (crèche, traiteur, restaurant, etc.) qui communique en termes « bio » s’engage à respecter les règles en la matière et à soumettre son entreprise à un contrôle. Il existe différents niveaux de certification : 100% bio, plats bio, ingrédients bio, pourcentage bio ou même pour un évènement ponctuel. Le prix de la certification est adapté au volume de l’activité. Dans le cas d’une crèche 100% bio on compte 544€/an tout compris (information, déplacements, visites de contrôle, suivi, etc.). Ces tarifs ont été élaborés en collaboration avec le secteur bio. Infos: www.certisys.eu/ commencer en BIO/catering BIOTEMPO! globale possible », explique Valia Petit. « Je composte sur place épluchures et excédents de repas, j’achète des aliments en vrac. Dans un milieu d’accueil, tous les gestes comptent. Une seule lingette en moins, pour chaque enfant, cela peut faire beaucoup à la fin de la journée ! » 41 INTERVIEW PAR DIDIER DILLEN SANG HOON DEGEIMBRE Q À la tête d'une des meilleures tables de Belgique, fier de ses racines, Sang Hoon Degeimbre cultive depuis de très nombreuses années la passion des produits du terroir, en plus de son propre potager bio ! Ce chef emblématique, doublement étoilé, est depuis 2013 une des chevilles ouvrières du projet de valorisation du patrimoine culinaire et gastronomique wallon : Génération W. Il nous explique les raisons de ces choix et de son amour pour les produits d'ici. uelles sont les raisons qui vous poussent à plaider pour les produits du terroir, le retour aux racines ? Cela fait partie de la conscience naturelle d'un cuisinier : mettre en valeur ce qui existe à côté de chez lui. Quand je suis arrivé ici, mon premier souci à été de trouver des produits du coin ! Ça me semblait naturel. À partir du moment où vous habitez à un endroit, vous essayez de vous fournir en produits locaux. J'ai commencé par des produits basiques et au fur et à mesure, en rencontrant les gens, en explorant les alentours, j'ai découvert un producteur de foie gras et de magrets de canard à dix kilomètres à peine du restaurant, mais aussi un éleveur de pigeons, de poulets. Finalement je me suis rendu compte que ma région regorgeait de produits intéressants. Comment pourrait-on définir votre utilisation du terroir en cuisine ? Selon moi, trois choses sont importantes en cuisine, c'est le produit, la technique et l'émotion qui découlent des deux premiers. La technique est quelque chose que l'on acquiert. Mais il faut aussi trouver des produits de qualité pour faire de la bonne cuisine et cette qualité, on la trouve tout autour de nous. Il n'est pas nécessaire d'aller très loin. Dans les produits locaux, le plus important, c’est l’humain qui est derrière ! SANG HOON DEGEIMBRE AU MENU PAR ALAIN MAHIEU MANGER DES INSECTES, EST-CE DUR À AVALER ? Les insectes sont-ils vraiment les protéines du futur, comme on l’annonce depuis un certain temps ? Quelle différence entre une sauterelle ou des escargots ? L’homme d’aujourd’hui peut-il encore manger des insectes et dans ce cas sont-ils bon pour lui ? Le point sur l’entomo-gastronomie, bientôt — ou pas — dans nos assiettes. L e titre en dégoûtera peut-être plus d’un... ce qui n’est pas vraiment étonnant puisque nous baignons dans une société dont la culture est foncièrement insectophobe, voire insecticide. Rien que l’idée d’enfourner un insecte dans la bouche même si son goût peut paraître bon ne convaincra personne. Il est vrai que le plaisir alimentaire, comme tous les autres d’ailleurs, reste un phénomène irrationnel qui ne se commande pas et qui dépend de facteurs émotionnels qui puisent leurs sources déjà dans notre tendre enfance, voire même avant. On sait, par exemple, que les habitudes culinaires de la femme enceinte pourront déteindre, déjà in utero, sur les préférences alimentaires de son futur enfant. On sait aussi qu’après avoir intégré et fixé certains plaisirs gustatifs, on a généralement du mal à s’en débarrasser surtout si c’est pour les remplacer par d’autres que l’on ne connaît pas. L’idée que l’on se fait de l’inconnu est souvent faussée par la peur et les préjugés et ce malgré l’évidence des faits qui devrait pourtant sauter aux yeux. TOUS DES ARTHROPODES BIOTEMPO! Mais déjà avant tout, ne mangeons-nous pas des coquillages crus et vivants comme les huîtres et les moules parquées ? Les escargots ne font-ils pas également partie de notre gastronomie ? Les crustacés comme les crevettes et les crabes ne sont-ils pas aussi appréciés par beaucoup d’entre nous ? Or sait-on que les crustacés sont des invertébrés qui font partie du même embranchement que celui des insectes, que l’on nomme 60 « arthropodes » ? D’ailleurs leurs protéines constitutives sont sensiblement identiques entre elles d’un point de vue histologique mais aussi gustatif. L’ENTOMOPHAGIE, FLEURON DE LA PALÉONUTRITION Si les chimpanzés, dont le métabolisme digestif est identique au nôtre, ont toujours fait des termites leur mets de prédilection, nos ancêtres du paléolithique trouvaient déjà dans les insectes une source abondante dede protéines, facilement accessibles et particulièrement attractifs sur le plan gustatif. Pour en savoir plus sur le sujet, référons-nous à un ouvrage unique et remarquable intitulé « Délicieux insectes »1 et dont l’auteur, Bruno Comby, nous fait part de son expérience de mangeur d’insectes qu’il dégustait crus la plupart du temps. Selon lui, et fait qui a été confirmé par bien d’autres par la suite, les insectes comestibles qu’il a eu l’occasion de consommer se sont révélés étonnamment agréables au goût voire même délicieux. Des goûts bien de chez nous De plus, ce qui est à priori surprenant, c’est que leur dégustation rappelle souvent les saveurs des préparations culinaires que l’on retrouve dans notre gastronomie. Des exemples ? Les œufs de fourmis ont un goût qui fait penser à la meringue ; les abeilles rappellent le pain d’épice tandis que leurs larves évoquent une exquise crème à la vanille ; les sauterelles par contre dégagent dans la bouche un fumet exquis de steak à la crème ; et il en est de même pour les grillons, les criquets, les cigales, les papillons ainsi que les larves de coléoptères qui constituent tous un mets de choix au sein d’une véritable gastronomie qui remonte vraisemblablement dans la nuit des temps. Et quoi que l’on en pense, nous les néophytes en la matière, le verdict des dégustateurs reste, à cet égard, unanime et sans appel. DES CIGALES DANS L’ASSIETTE DES ROMAINS Dès lors, Il est n’est pas étonnant qu’un grand nombre d’espèces différentes d’insectes soit encore consommé couramment par l’homme au travers de toute la planète. Déjà dans l’Antiquité, les Romains étaient friands de cigales tandis que les Grecs avaient une préférence pour les larves de papillon (dixit Aristote, Pline et Hérodote). Actuellement les insectes sont très prisés en Afrique, en Amérique du sud et bien sûr en Asie. L’Europe, elle non plus, n’a pas été épargnée, puisque jusqu’il y peu, on pouvait en effet consommer des coléoptères en Lombardie et des cuisses de sauterelles sur les bords de la Loire. Et comme Bruno Comby le faisait très pertinemment remarquer dans son livre, « ce qui semble le plus surprenant ce n’est pas qu’il existe encore des pays où les hommes mangent des insectes, mais plutôt qu’il existe des pays dont la population n’en mange plus. » LA CARENCE PROTÉIQUE, UN PROBLÈME PLANÉTAIRE Une alimentation ne peut réellement CAPACITÉ DE REPRODUCTION IMPRESSIONNANTE Les insectes constituent plus des 4/5 de toutes les espèces animales connues en formant le groupe le plus diversifié et le plus répandu du règne animal (plus de 650.000 espèces). Et leur capacité de reproduction est sans nulle autre pareille dans le règne animal. Ils constituent par conséquent la source de protéines animales la plus abondante sur terre. Une colonie de termites peut contenir jusqu’à 3 millions d’individus et un nuage de sauterelles peut en receler jusqu’à 400 milliards. Ce qui constitue un apport de près de 10.000 tonnes de protéines comestibles. LA GRANDE GAGNANTE, LA SAUTERELLE Par conséquent, l’idée de les élever dans le but de les consommer, déjà évoquée en 1885 par Vincent Holt dans son manifeste « Why not eat insects », ne paraît donc pas si saugrenue. Rien que sur le plan du rendement il faut 10kg de protéines végétales pour produire 1kg de protéine de bœuf, alors que 3kg suffisent pour obtenir 1kg de protéine d’insectes. De plus, les insectes contiennent au moins deux fois plus de protéines que la viande et le poisson (Roy Smelling, entomologiste du Museum National d’Histoire de Los Angeles, USA). Un steak ou une darme de saumon apportent 20% de protéines alors qu’on en trouve 50% dans la termite ; la palme revenant à la sauterelle avec ses 75% de protéines. Même la NASA (USA) s’ est mise dabs l’aventure, intéressée qu’elle est de trouver, chez les insectes, une source de protéines concentrées et de bonne qualité, faciles à élever et à produire pour les voyages intersidéraux et les futures colonies de l’espace. INSECTES, CRUS OU CUITS ? Si les primates consomment les insectes tels quels, crus et vivants, l’homme leur fera plutôt subir les artifices de la cuisine comme la cuisson, la grillade, la fricassée, la friture, la marinade ou la réduction en poudre qui sera intégrée dans une sauce ou avec d’autres aliments. Rappelons que toutes ces manipulations dénaturent les protéines de l’insecte qui sont très fragiles à la chaleur, tout en leur apportant des toxiques de cuisson. Par conséquent, faute de les manger crus, il est recommandé de les consommer frais, surgelés ou séchés et éventuellement assaisonnés à la vinaigrette ou moutarde. 1. «Délicieux insectes Broché, de Bruno Comby, édition Broché, 1990 SÉMINAIRE D’ALIMENTATION BIO-COMPATIBLE FORMATION COMPLÈTE POUR UNE PRATIQUE AISÉE DE L’ALIMENTATION SAINE Cycle de 6 samedis dispensés à Bruxelles ASBL DEVENEZ VOTRE PROPRE DIÉTÉTICIEN 1. Les fondements de la bio-nutrition 2. Les vérités renversantes sur les sucres 3. Les nouvelles révélations sur les graisses 4. Les clés essentielles pour l’équilibre intestinal 5. Les aliments qui nous intoxiquent 6. Les eaux de santé et les jus frais de légumes Infos: 02/675 69 39 - [email protected] - www.efelia.be Annonce 120x90.indd 1 10/07/15 11:10 BIOTEMPO! satisfaire aux besoins physiologiques de l’organisme que si elle apporte en suffisance des protéines de haute qualité biologique. Selon un nombre grandissant de spécialistes en nutrition, les insectes pourraient présenter une solution au manque de protéines auquel l’humanité grandissante risque d’être confrontée dans un futur assez proche. Actuellement la famine touche dans le monde plus de 800 millions d’individus dont une très grande majorité d’enfants. Les symptômes dont ils souffrent, sont ceux qui révèlent une carence récurrente en protéines : retard de croissance, insuffisance pondérale, vieillissement précoce et déficience immunitaire rendant les sujets extrêmement vulnérables aux maladies infectieuses. La solution végétarienne, encensée depuis peu par l’Europe, n’apparaît pas convaincante aux yeux de beaucoup de nutritionnistes pour qui les sources de protéines sont loin d’être équivalentes entre elles. Si les protéines végétales, présentes surtout dans les céréales et les légumineuses, sont plus faciles à obtenir de par un meilleur rendement à la production, leur coefficient d’efficacité protéique (CEP), qui détermine la richesse et la variété des acides aminés qu’elles contiennent, est par contre nettement inférieur à celui des protéines animales. De plus, leur teneur en fibres de cellulose et la présence d’hydrates de carbone font qu’elles sont moins digestes et assimilables que ces mêmes protéines animales. Ainsi, s’équilibrer exclusivement avec des protéines végétales peut relever souvent du parcours du combattant et à certains égards s’avérer nettement insuffisant. La majorité de la population souffre de carence en protéines. En effet, celles qui nous sont proposées habituellement par les filières industrielles conventionnelles subissent de telles manipulations et transformations qu’elles en deviennent, en fin de parcours, si dénaturées et toxiques, que l’organisme n’est plus à même de pouvoir les utiliser correctement. 61 PIQUÉE[S] D’ABEILLES ! PAR AGNÈS FAYET NOTRE COUP DE POUCE AUX ABEILLES L’ACTU QUI ACHETEZ LE MIEL DU COIN Celui de votre voisin l’apiculteur. Manger du miel « toutes fleurs » de sa région serait conseillé aux personnes souffrant du rhume des foins, car c’est une manière de s’immuniser contre les effets des pollens dans l’air. C’est ce que dit l’expérience des uns et la médecine populaire des autres. Acheter du miel local permet d’aider indirectement les abeilles de nos régions en aidant leurs bergers, les apiculteurs ! A PLANTER CE MOIS-CI UNE FLEUR POUR LES ABEILLES (ET LES AUTRES) LE LIERRE GRIMPANT (HEDERA HÉLIX) Cette liane de nos contrées a de nombreuses vertus. Elle fleurit en automne, période de floraison décroissante dans la nature et les jardins. Les fleurs de lierre, qui ne sautent pas aux yeux, sont très fréquentées par les butineurs. D’un jaune tirant sur le vert, les fleurs forment des ombelles qui apportent nectar et pollen en abondance. C’est la fleur de prédilection d’une abeille sauvage, la collète du lierre (Colletes hederae). Contrairement aux idées reçues, le lierre grimpant n’est pas une plante parasite. Elle n’étouffe pas l’arbre sur lequel elle a élu domicile, même s’il est mieux de dompter un peu l’ardeur de notre grimpeur. Une bonne taille suffit avant qu’il n’arrive aux branches. Le lierre est même bénéfique à l’arbre qui le supporte puisqu’il absorbe l’humidité excessive tout en inhibant le développement de micro-organismes susceptibles de s’attaquer à son hôte. Il n’est donc pas le « bourreau des arbres » mais leur protecteur ! Le lierre n’abîme pas non plus les murs sains sur lesquels ses petites ventouses s’agrippent mais il peut, il est vrai, élargir des fissures existantes. Il abrite le beau papillon citron (Gonepteryx rhamni) durant sa période d’hibernation. Un véritable ami pour les abeilles… et pour les autres ! MOT À MOT - ESSAIMAGE L’essaim est un modèle d’intelligence que nous offre la nature. C’est un ensemble d’insectes de la même espèce qui se sont regroupés pour satisfaire leurs besoins vitaux ou leur développement. Pour les abeilles, l’essaim participe au mode de reproduction de la colonie. Lorsque l’horloge biologique des abeilles en décide, lorsque la ruche est bien peuplée, au printemps, une partie de la colonie s’en va avec la reine et une jeune reine la remplace, soignée par les abeilles qui n’ont pas quitté la ruche. C’est l’accouchement du superorganisme* ! Une partie du patrimoine génétique s’envole pour tenter sa chance ailleurs, donnant ainsi aux abeilles un accès potentiel à l’immortalité. GOURMANDISE 100% BIO Vous connaissez la « crème de noisettes et de miel » de Nectar&co ? Si vous ne l’avez pas encore testée, il faut rattraper le temps perdu, et vite ! Une alchimie inédite et gourmande de miel, de noisettes et de savoir-faire. Une pâte à tartiner tout simplement divine… Une mauvaise pollinisation a des effets désastreux. Dans certaines régions du monde, les populations sont carencées en nutriments, ce qui induit un cortège de maladies. Un apport insuffisant en aliments clés obtenus grâce aux espèces pollinisatrices (fruits, légumes, noix, graines) entraine des risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, de cancer de l'œsophage et de cancer du poumon. Une diminution de l’apport en vitamine A et en acide folique affecte le système immunitaire, la vue et le système nerveux. Des chercheurs ont récemment modélisé les effets potentiels de la disparition des pollinisateurs sur la santé humaine en se basant sur la perte de la qualité nutritionnelle des aliments. Selon les résultats de cette estimation, la perte complète des pollinisateurs mettrait 71 millions de personnes supplémentaires dans le rang des individus carencés en vitamine A et 173 millions de personnes supplémentaires dans le rang des personnes carencées en folate (vitamine B9). Cette étude a semé un vent de panique. Elle montre à quel point la pollinisation est inestimable. http://www.thelancet.com Le 27 juillet dernier, la Commission Européenne a approuvé l’utilisation du Sulfoxaflor, substance active produite par la firme américaine Dow AgroSciences. C’est un insecticide neurotoxique très similaire aux insecticides systémiques suspendus en 2013 (néonicotinoïdes). La décision politique de mise sur le marché a été prise malgré les mises en garde de l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA). Il manque des informations pour compléter l’évaluation des risques. La décision est vivement critiquée par les apiculteurs européens et Pan Europe. http://bee-life.eu Aujourd’hui, ce sont 205 communes et 3 provinces qui sont engagées dans le Plan Maya de la Région Wallonne. Au terme des trois premières années, un bilan des engagements des communes a été dressé et les communes les plus pro-actives ont été récompensées par « trois abeilles Maya » sur le principe des fleurs octroyées dans le cadre des villes et villages fleuris. 12 communes ont reçu leurs trois abeilles et 21 communes ont reçu deux abeilles. http://biodiversite.wallonie.be * vous en saurez plus dans le prochain numéro… MENUS HYPER-VITALITÉ PAR GISÈLE LOUIS Crème citronnée à la mangue et aux amandes Crème de lentilles aux poivrons et pistils de safran NUTRITION PAR GISÈLE LOUIS MENUS HYPER-VITALITÉ PAR GISÈLE LOUIS DÎNER MENUS HYPER-VITALITÉ PAR GISÈLE LOUIS PETIT-DÉJEUNER SOUPER Rizotto aux épinards frais et feuilles de basilic TOUT LE TEMPS ! Les légumineuses, c’est bon pour la santé ! Pour 1 personne INGRÉDIENTS • 1/2 mangue fraîche épluchée et dénoyautée • 50g d’amandes (poids sec) trempées une nuit, rincées et égoutées • 1/2 jus de citron bio et son zeste • 1 c à s de sucre de canne brut ou sirop d’érable • 1 branche de menthe pour la décoration ou un fruit rouge POUR LA DÉCORATION • Couper des petits cubes de mangue RECETTE ❱Mixer dans un blender à haute vitesse la mangue avec le jus de citron, les amandes trempées et le sucre de canne brut. ❱ Servir directement dans des verrines. ❱ Parsemer avec le zeste de citron et les cubes de mangue. ❱ Décorer avec des feuilles de menthe ou le fruit rouge SOUPER RIZOTTO AUX ÉPINARDS FRAIS ET FEUILLES DE BASILIC Pour 4 personnes INGRÉDIENTS • 1 oignon rouge haché finement • 1 échalote hachée finement • 60g d’épinards frais • 10 feuilles de basilic frais • 1 jus de citron vert • 1 bouillon végétal • 300g de rizotto Carnaroli ou Arborio • 700g d’eau pure • 2 c à s d’huile d’olive (20g) • 1 pincée de fleur de sel (facultatif) POUR LA DÉCORATION • Quelques feuilles de basilic frais et/ou des pétales de parmesan RECETTE Toute la recette se fait à feu très doux, idéalement à 95°C maximum ❱Faire suer l’oignon rouge et l’échalote doucement à l’huile d’olive pendant 4 minutes 30. ❱Ajouter les épinards frais et les faire fondre. Puis rajouter le riz et remuer doucement pour qu’il s’imprègne de l’huile, et du mélange épinards, oignon et échalote. Ajouter l’eau, le bouillon de cube et laisser cuire tout doucement 20 à 25 minutes en remuant régulièrement jusqu’à ce que le riz ait absorbé la majorité du bouillon. ❱En fin de cuisson, ajouter le jus de citron, remuer de manière homogène et ajouter quelques feuilles de basilic frais. Le rizotto doit être mœlleux et souple. Selon votre goût, vous pouvez ou non ajouter une pincée de fleur de sel MENUS HYPER-VITALITÉ PAR GISÈLE LOUIS CRÈME CITRONNÉE À LA MANGUE ET AUX AMANDES DÎNER CRÈME DE LENTILLES AUX POIVRONS ET PISTILS DE SAFRAN Pour 4 personnes INGRÉDIENTS • 100g de lentilles trempées une nuit, rincées et égouttées • 1 oignon rouge épluché • 1 éclat d’ail • 1 poivron rouge • 1 c à s de tamari • 1 feuille de laurier • 1 c à c de curcuma • 1 pincée d’algues déshydratées (un mélange style nori, laitue de mer, wakame…) • 1 c à s d’huile de sésame non grillé POUR LA DÉCORATION • 1 poignée de graines germées • 1 poignée de coriandre hachée • Quelques pistils de safran RECETTE ❱Cuire à la vapeur les lentilles avec l’oignon rouge, l’ail, les poivrons coupés en dés, le laurier, le persil et la pincée d’algues. ❱Une fois cuit, ajouter le curcuma, la pincée d’algues, le tamari et mixer le tout. NUTRITION PAR GISÈLE LOUIS MENUS HYPER-VITALITÉ PAR GISÈLE LOUIS MENUS HYPER-VITALITÉ PAR GISÈLE LOUIS PETIT-DÉJEUNER TOUT LE TEMPS ! LES LÉGUMINEUSES, C’EST BON POUR LA SANTÉ ! Ce sont des légumes secs indispensables pour une alimentation équilibrée. Elles sont riches en protéines et en acides aminés essentiels. Lorsqu’elles sont associées aux céréales, leur apport nutritif en protéines est équivalent à de la viande. Elles contiennent du fer qui doit être associé à un ingrédient acide, comme du citron par exemple, pour être assimilé. Les lentilles sont riches en minéraux avec principalement du phosphore, du fer, du manganèse, du cuivre, et des folates. Pour rappel, une alimentation idéale devrait être composée de 2/3 de protéines végétales pour 1/3 de protéines animales. COMMENT LES CUISINER ? Il est préférable de les faire tremper une nuit dans l’eau et de bien les rincer avant de les faire cuire à la vapeur (idéalement). Deux avantages à cela : •Elles cuisent beaucoup plus vite (gain d’énergie et de temps) •Elles se digèrent beaucoup mieux (on a éliminé l’acide phytique et on a démarré la germination) Il suffit donc d’un peu d’organisation, et surtout, d’y penser à l’avance, pour gagner un temps fou. BEURK !!! PAR GISÈLE LOUIS LE SUCRE, L’ENNEMI PUBLIC N°1 Le sucre fait les beaux jours de l’industrie agroalimentaire. Il est aussi nocif que le tabac, mais bien plus sournois, car il est dissimulé dans bon nombre d’aliments, même les plus inattendus. Il est rare aujourd’hui de trouver encore, dans le commerce, une mayonaise sans sucre ! Mais on peut apprendre à les repérer, ces sucres, pour mieux les éliminer. L e sucre nocif, c’est le sucre raffiné, celui qui nous empoisonne lentement mais surement. Les glucose, fructose et autres saccharoses qui ont envahi les produits alimentaires. De ce fait, la consommation moyenne annuelle de sucre en Belgique est de 45 kilos par personne, soit 15 carrés par jour, ou encore 100 grammes. Le plus souvent, nous consommons du sucre sans nous en rendre compte. Céréales, soupes industrielles, hamburgers, sauces et plats préparés, ketchup, pain, biscottes, yaourts aux fruits, sauce tomate industrielle… ils contiennent tous des sucres incorporés. Et cela, à l’insu des consommateurs et en toute légalité. CAMOUFLEZ-MOI CE GRAS ! Pour développer son commerce juteux, l’industrie agroalimentaire vend du gras et du sucre au prix le plus bas. Pour cela, elle utilise des graisses bon marché, qu’elle transforme et stabilise. Qui aurait l’idée de manger du gras ? personne, sauf s’il est camouflé par du sucre. Car le sucre, non seulement déguise, mais rend aussi plus onctueux tout en conservant mieux les aliments. Ce sucre-là n’est rien d’autre que du sirop de glucose (ou fructose), extrait du maïs. Parfait pour nos papilles en demande de douceur, il est rajouté sans modération aux sodas, gâteaux, pâtisseries, biscuits, charcuteries, plats préparés. L’OBJECTIF, C’EST DE NE PAS RASSASIER On comprend mieux pourquoi l’industrie agroalimentaire se concentre sur le snacking (la restauration rapide) et le grignotage. Équivalent à sept ou huit repas en calories (et oui !), le grignotage ne rassasie pas. Or, sans satiété, il n’y a pas de conscience de ce qui est ingurgité. Ajoutez à cela des sodas, et c’est la catastrophe, car le taux de sucre grimpe alors dans le sang, ce qui augmente la sécrétion d’insuline, et donc, deux heures plus tard, une hypoglycémie réactionnelle provoquant une nouvelle sensation de faim avec une attirance pour le sucré et le gras. Et c’est reparti ! ATTENTION, ADDICTION Le sucre est une super drogue autorisée car il produit une addiction. Et c’est bien l’objectif sournois : rendre les gens accros. Le sucre active dans le cerveau le système de récompense. C’est une substance aussi addictive que l’alcool et le tabac et aussi dangereuse. Et c’est la voie toute tracée vers l’obésité (en Belgique, un enfant sur cinq est obèse) et le diabète. La consommation excessive de sucre est aussi responsable d’une pathologie émergente : le syndrome métabolique, considéré aujourd’hui comme une réelle épidémie mondiale. Cette affection se caractérise par une hypertrophie abdominale, une hypertriglycéridémie, une hypercholestérolémie, de l’hypertension et une hyperglycémie à jeun. Il provoque des maladies cardiovasculaires, lipidiques, de l’hypertension, le diabète de type 2, la stratosphère non alcoolique du foie, le syndrome des ovaires polykystiques (qui empêche la fertilité chez les jeunes femmes). L’OMS S’EN MÊLE BIOTEMPO! Toutes ces raisons ont poussé l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) à lancer la chasse aux sucres cachés. Elle a ainsi décidé de limiter les 10% de la part énergétique sous forme de sucre à 5%, soit 25 grammes (ou 4 morceaux de sucre) au lieu de 50 grammes par jour pour un individu. Une valeur toutefois très vite atteinte quand on sait que cela représente l’équivalent d’un jus de fruit pressé. 59 TRAÇABILITÉ PAR DIDIER DILLEN ITINÉRAIRE D’UNE POMME BIO Le bio, ce n’est pas qu’un mode de culture écologique et sain. C’est aussi la méthode de production alimentaire la plus contrôlée au monde ! Ce contrôle repose notamment sur un grand principe : la traçabilité. En clair, à tout endroit de la filière, la conformité d’un produit bio est obligatoirement vérifiée et peut être retracée. Démonstration avec une pomme bio. De l’arbre à l’assiette. BIOTEMPO! Le contrôle au verger, comporte un examen visuel et des analyses en laboratoire sur des échantillons de sol et de fruits. Certains contrôleurs sont même capables de reconnaître les pesticides de synthèse rien qu’à l’odeur ! 68 LA SÉANCE CHEZ LE PRODUCTEUR DE POMMES MARC BALLAT À BOMBAYE (DALHEM) Ancien ingénieur commercial, puis informaticien, Marc Ballat est devenu producteur de pommes bio en 2008 par conviction et par envie de nourrir les gens. « Et de les nourrir bien » précise-t-il. Dans son verger de huit hectares, cultivé de manière biologique depuis les années 90, il fait pousser de nombreuses variétés de pommes toutes plus savoureuses les unes que les autres, ainsi que quelques variétés de poires : Elstar, Jonagold, Jonagored, Pirouette, Flamboyante, Wellant, Pilot, Suntan, Cox orange... Une diversification qui lui permet d’offrir un large choix à ses clients et d’étaler sa période de production de la mi-août à la mi-octobre, mais qui l’oblige évidemment aussi à jongler avec des conditions de conservation parfois très différentes ! Une partie de sa production est également transformée en sirop de poire et en jus. CONTRÔLE ET TRAÇABILITÉ Chez Marc Ballat, deux activités font l’objet d’un contrôle : la production et la commercialisation. « Cela implique au moins un contrôle annuel pour chaque aspect de mon activité et des contrôles inopinés », précise Marc Ballat. « Pour la commercialisation, on me demande par exemple de justifier les quantités de pommes que j’ai vendues à mes clients. Je dois avoir des bordereaux de livraison en ordre. Au niveau de la production, cela inclut une visite du contrôleur au verger, avec un examen visuel et des analyses en laboratoire sur des échantillons de sol et de fruits. Certains contrôleurs sont même capables de reconnaître les pesticides de synthèse rien qu’à l’odeur ! ». Toutes les factures d’achat de notre producteur sont d’autre part scrutées avec attention : « Mon facturier d’entrée est contrôlé pour vérifier que je n’ai pas acheté de produit non autorisé en bio, ainsi que mon stock de produits phytosanitaires. Si j’utilise un produit qui est interdit, je suis sanctionné. En pratique, ça veut dire que mes pommes sont déclassées et que je ne peux plus les vendre comme étant bio. Ce qui est un gros manque à gagner ! ». De l’avis de notre producteur, le contrôle peut s’avérer très minutieux : « Il faut par exemple que le stock de bouillie bordelaise que j’ai acheté en début de saison corresponde à ce que j’ai utilisé et ce qui me reste en fin de saison ». CHEZ LE GROSSISTE BIOFRESH Pionnier du secteur, Biofresh est un des rares grossistes en produits bio du marché belge. Sa particularité est de ne travailler qu’avec les commerces alimentaires LE CONTRÔLE « Nous avons les mêmes obligations que tous les grossistes, mais beaucoup d’autres en plus. Chaque année, une douzaine de contrôles inopinés sont organisés par l’organisme de certification bio dans nos trois dépôts. Chez nous il s’agit de Certisys. Les contrôleurs prennent par exemple des échantillons de pommes au hasard, pour vérifier leur conformité aux normes bio. Ils vérifient aussi que chaque lot de produit en provenance du producteur possède bien son certificat bio », détaille Filip Fraeye, responsable chez Biofresh. « Tout ce qui entre et sort de chez nous doit par ailleurs avoir son certificat et chaque document d’entrée et de sortie doit mentionner le fait qu’il s’agit d’un produit bio. C’est un très gros travail de gestion qui occupe une personne à temps plein chez nous. Si ce certificat manque, et même si le produit et le producteur sont certifiés bio, l’organisme de contrôle est en droit de nous sanctionner. C’est donc quelque chose que nous ne prenons pas du tout à la légère. Des contrôles programmés ont aussi lieu dans nos entrepôts. Dans ces cas-là, tout est passé en revue, du stock au facturier. Il faut absolument que les quantités achetées correspondent aux quantités vendues. Si nous avons rentré neuf tonnes de tomates, et que nous en avons vendu dix, il y a un problème. Certisys, n’est pas le seul à venir vérifier la conformité de nos activités. L’AFSCA effectue aussi des contrôles, même sur l’aspect bio. C’est contraignant, mais cela ne nous dérange pas car cette sévérité est la meilleure façon selon nous d’assurer la crédibilité du secteur bio ». DANS LES RAYONS DU MAGASIN AL BINÈTE À HACCOURT En trente ans, la coopérative Al Binète est passée d’une petite activité maraîchère bio à une véritable entreprise en pleine croissance, tout cela sans rien perdre des valeurs qu’elle affiche depuis ses débuts : offrir des produits 100% bio, principalement locaux et de saison. Pour son trentième anniversaire, Al Binète a même ouvert un troisième point de vente à Haccourt, après celui de Liège et de Rocourt. Un nouveau magasin qui se veut une réponse aux besoins actuels des consommateurs et à l’évolution du secteur bio, et notamment l’arrivée de certaines enseignes liées à la grande distribution. Lesquelles n’ont désormais qu’à bien se tenir ! Avec ce magasin, Al Binète dispose en effet d’un espace de vente de 500 m2 au look contemporain, équipé de manière professionnelle pour assurer la fraîcheur des aliments, cheval de bataille de la coopérative. Très bien placé, il devrait toucher non seulement la clientèle de Liège, mais aussi celle du Limbourg et de la région de Maastricht, où rien d’équivalent n’existe ! Par ailleurs, comme ses deux frères, le magasin est ouvert sept jours sur sept. explique Paul Mathieu, l’un des responsables d’Al Binète. « En plus de cela, nous avons aussi, et notamment au niveau des fruits, des contrôles destinés à voir si les produits que nous vendons sont bien bio eux aussi. Ces contrôles se font sur rendez-vous mais aussi de manière totalement inopinée. C’est fréquent. Que ces contrôles soient menés par des organismes de contrôle bio ou le Ministère des affaires économiques. Nous sommes d’ailleurs demandeurs, car pour le consommateur, c’est une garantie que les choses sont faites de manière sérieuse. On ne fait pas du bio n’importe comment, et notamment aucun pesticide de synthèse ne peut être utilisé. Et ça, les contrôles et les analyses restent les meilleurs moyens de le prouver. En plus de la différence de goût aussi, bien sûr ! ». LE PLUS Outre les contrôles habituels en bio, Al Binète a également choisi d’adhérer au cahier des charges Biogarantie. Non obligatoire, ce dernier label garantit le respect de critères plus stricts encore, et vérifie notamment l’application de prix équitables, la conservation des ressources (eau, énergie, biodiversité), la minimisation du transport, des emballages et des déchets. « Nous y avons souscrit car cela permet de mettre en valeur notre engagement à ne vendre que des aliments produits de manière biologique et à ne pas dépasser les 30% de produits non alimentaires. En ce qui nous concerne, nous sommes largement en-dessous ! ». LES CONTRÔLES Chez Al Binète, n’entrent que les producteurs, de pommes ou autres, certifiés bio qui peuvent présenter le certificat qui prouve que leur production est bien produite selon les règles de l’agriculture biologique. « Chaque producteur doit avoir été contrôlé », BIOTEMPO! spécialisés (magasins, fermes, marchés...) et non avec les grandes surfaces. Biofresh se concentre principalement sur les fruits et légumes, surtout belges, mais aussi d’importation (35% du chiffre d’affaires), les produits réfrigérés ou surgelés (35 % du C.A.) et les produits secs et d’épicerie (30% du C.A.). La société possède trois plate-formes de stockage et de distribution, dont deux en Flandre et une en Wallonie, à Alleur pour être précis. Elle possède son propre service de logistique. Elle est par ailleurs passée d’un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros en 2003 à 52 millions en 2014 et a obtenu cette année la certification ISO 22000, une norme internationale de qualité relative à la sécurité des denrées alimentaires (traçabilité, hygiène). 69