Le test de Wingate - Janic Lessard Forcier

Transcription

Le test de Wingate - Janic Lessard Forcier
Le test de Wingate: un test
de puissance et de capacité
anaérobie
Source: www.scienceforsport.com
Dans le sport amateur ou de haut niveau, l’utilisation de
tests de terrain permet d’identifier les besoins des athlètes
et d’évaluer les qualités physiques nécessaires à leur sport.
Ils permettent aussi d’assurer un contrôle de la charge
d’entraînement, de la récupération et de la fatigue, et ainsi
de mieux prédire les performances sportives. En bref, ils
permettent de savoir si le plan d’entraînement a été efficace
ou non.
Introduction
L’exercice
physique
est
généralement
divisé
en
deux
catégories: soit aérobie ou anaérobie. Durant la respiration
aérobie, le corps utilise l’oxygène comme source d’énergie
principale. Cette forme d’exercice dure plus de deux minutes
et est principalement associée aux sports d’endurance.
L’effort anaérobie, pour sa part, est caractérisé par des
intervalles d’efforts brefs et intenses durant moins de deux
minutes chacun, tel un lancer au baseball ou une échappée au
hockey. Au cours de ceux-ci, le corps ne peut pas traiter
suffisamment d’oxygène, et doit utiliser un carburant stocké
dans les muscles appelé ATP-CP, ainsi que du glycogène
musculaire et de l’acide lactique, pour répondre aux exigences
des muscles. Ceci dit, l’un des tests les plus populaires pour
déterminer la puissance et la capacité anaérobie d’un athlète
est le test de Wingate.
Qu’est-ce que le test de Wingate?
Le test de Wingate est un test impliquant de pédaler sur une
bicyclette ergométrique pendant 30 secondes à vitesse maximale
et contre une résistance qui est déterminée en fonction du
poids corporel ou de la masse maigre du sujet (1,2). Le test
de Wingate est un test considéré comme objectif, valide,
fiable et sensible à l’amélioration ou à la détérioration de
la performance anaérobie (3). Il s’agit d’un test simple, noninvasif et qui ne requiert aucun équipement compliqué (4,5).
Il peut être utilisé autant chez les personnes sédentaires
(6), les athlètes (7,8), les enfants (9), les personnes âgées
(10), les malades chroniques (11, 12, 13), de même qu’être
appliqué aux membres inférieurs ou aux membres supérieurs.
Dans certains sports où la force-vitesse (i.e. puissance,
explosivité) est sollicitée et doit être maintenue durant un
certain temps, il sert à évaluer et à quantifier la puissance
maximale pouvant être générée par l’athlète et sa capacité à
la maintenir durant un certain temps, comme une période de
jeu, un quart-temps ou un match par exemple. Ainsi, il nous
renseigne sur le profil de production de puissance.
À quels sports peut-il s’appliquer?
Source: @Teka England, Flickr.com
Le test de Wingate est évidemment des plus spécifiques au
cyclisme. Par exemple, un cycliste possédant une puissance
moyenne et maximale élevée sera un bon sprinter. Durant
combien de temps il pourra maintenir la même puissance
dépendra de sa fatigue anaérobie. Le test de Wingate peut
aussi être utilisé dans le cadre de plusieurs sports cycliques
ou dans lesquels des sprints sont répétés: cyclisme, hockey,
patinage courte piste, canoë-kayak, etc. Ainsi, des cyclistes,
des joueurs de hockey division 1 (lien 1 ou 2) ou de la Ligue
Nationale de Hockey et des membres de l’équipe canadienne de
patinage courte piste effectuent périodiquement ce test.
Protocole
Le test de Wingate est généralement exécuté sur un vélo
ergomètre de type « Monark ». Il débute avec une période
d’échauffement de 5 à 10 minutes, pendant laquelle les sujets
vont pédaler au moins trois fois à leur niveau de vitesse de
rotation maximale durant 3 à 5 secondes toutes les 20
secondes. Après une minute de repos actif, l’athlète commence
à pédaler aussi vite que possible sans résistance. Puis,
quelques secondes plus tard, une résistance est appliquée et à
la commande « Go », l’athlète pédale le plus fort et le plus
vite que possible tout en demeurant assis. Il n’y a pas de
rythme ou de tempo particulier à suivre. Il s’agit d’un effort
maximal du début à la fin. L’athlète devrait viser à obtenir
la puissance maximale et la puissance moyenne les plus élevés
que possible dans la totalité des 30 secondes.
La force appliquée est prédéterminée afin de produire la plus
grande puissance absolue et d’induire un développement notable
de la fatigue (i.e. une baisse de la puissance mécanique) dès
les premières secondes. Cette charge constante est établie en
fonction du poids corporel ou de la masse maigre de l’athlète.
Si la charge de travail est trop faible, l’athlète pourra
aller très vite mais ne pourra pas développer suffisamment de
puissance. Si la charge de travail est trop élevée, l’athlète
pourrait ne pas être capable de terminer le test. On doit donc
choisir le meilleur réglage pour chaque client, avec un
maximum de 3 ou 4 essais. Bien que la force optimale ne fasse
pas consensus dans la documentation existante, il faut
multiplier le poids corporel de l’athlète en kilogrammes par
.075 à .092 et sa masse maigre en kilogrammes par .090 à 0.11
pour obtenir la charge de résistance.
Quelles variables
mesurées?
peuvent
être
a) La puissance maximale (Peak power ou PP)
Elle représente la plus haute puissance mécanique réalisée
durant chaque étape ou chaque intervalle (~ 5 secondes) du
test. Elle représente les caractéristiques explosives de la
puissance musculaire d’un athlète.
Normes pourcentiles de puissance maximale pour les jeunes
adultes actifs*:
%Rank
Male Female
Watts Watts
90
822
560
80
777
527
70
757
505
60
721
480
50
689
449
40
671
432
30
656
399
20
618
376
10
570
353
b) La puissance maximale relative (Relative peak
power ou RPP)
Elle est obtenue en divisant la puissance maximale par la
masse corporelle de l’athlète. Elle est exprimée en watts/kg.
Normes pourcentiles de puissance maximale relative pour les
jeunes adultes actifs*:
%Rank
Male
Female
Watts.Kg Watts.Kg
90
10.89
9.02
80
10.39
8.83
70
10.20
8.53
60
9.80
8.14
50
9.22
7.65
40
8.92
6.96
30
8.53
6.86
20
8.24
6.57
10
7.06
5.98
* Source: National register of personal trainers (NRPT.com)
c) La puissance moyenne (Average power ou AP)
Elle représente la puissance moyenne générée durant le test.
Soit, la moyenne des données de puissance enregistrées à
chaque intervalle de temps, soit 5 secondes généralement.
d) La capacité anaérobie (Anaerobic capacity ou
AC)
Elle est la quantité de travail total accompli durant la durée
du test. Dans notre cas, l’action dure 30 secondes. Elle se
calcule comme suit:
Capacité anaérobie = somme de chaque pic de puissance
enregistré à chaque intervalle de 5 secondes.
e) L’indice de
fatigue ou AF)
fatigue
anaérobie
(Anaerobic
Il exprime le déclin de la puissance de la puissance maximale
par rapport à la puissance minimale sur la durée du test,
généralement de 30 secondes. Il peut être représenté en
pourcentage (%) et est calculé comme suit:
Indice de fatigue = (puissance maximale en watts – puissance
minimale en watts)/puissance maximale en watts X 100
Méthode 1: (puissance maximale – puissance minimale)/puissance
maximale X 100
Le résultat est en pourcentage
Méthode 2: (Puissance maximale – puissance minimale)/durée du
test
Le résultat est en watts/secondes
N.B. La puissance est exprimée en watts et la durée du test en
secondes.
L’exemple de Laurent*
Laurent est un athlète que j’ai récemment entraîné en
cyclisme. Comme je n’avais pas accès à des vélos spécialisés
pour l’entraîner (Wattbike, Cyclus2, Vélotron, etc.), je me
suis servi des watts affichés sur un vélo de type “spinning”
que l’on retrouve dans la plupart des centres de
conditionnement physique. Après quelques tests initiaux, j’ai
jugé que les résistances 17 et 19 (niveaux qui correspondent à
un degré de résistance inconnu) semblaient offrir la meilleure
combinaison vitesse-force pour ce test. Durant 8 reprises, sur
une période relativement courte, j’ai testé Laurent durant les
entraînements pour mesurer son amélioration. À titre
d’exemple, voici ses résultats dans un tableau simplifié:
* Nom fictif
À quel moment de la planification
d’entraînement l’utiliser?
Le test de Wingate, lorsqu’on l’utilise, doit être effectué
périodiquement à différents moments de l’année selon le sport
et les objectifs poursuivis. Ceci nous permet de savoir si
l’entraînement a induit ou non les changements désirés.
L’athlète s’est-il amélioré? A-t-il atteint une plus haute
valeur de puissance maximale? S’est-il fatigué moins
rapidement? De plus, il est possible d’incorporer le protocole
du test de Wingate à une séance régulière de conditionnement
physique. Ceci peut être pratique entres autres lorsque vous
ne suivez pas l’athlète sur une base régulière. Enfin, il est
conseillé de ne pas exécuter ce test plus d’une fois par
semaine, puisque celui-ci induit beaucoup de fatigue sur le
corps.
Articles d’intérêt
Test Wingate: normes établies auprès d’athlètes masculins
universitaires, Joanie Caron, Guy Thibault, site de SavoirSport.org, consulté le 23 juin 2016.
The Wingate anaerobic test, site de Scienceforsport.com,
consulté le 30 mai 2016.
Erin Coppin, Edward M. Heath, Eadric Bressel, and Dale
R.Wagner. Wingate Anaerobic Test Reference Values for Male
Power Athletes. International Journal of Sports Physiology and
Performance, 2012,7, 232-236.
Purvi K. Changela, Sarla Bhatt. The Correlational Study of the
Vertical Jump Test and Wingate Cycle Test as a Method to
Assess Anaerobic Power in High School Basketball Players.
International Journal of Scientific and Research Publications,
Volume 2, Issue 6, June 2012.
Wingate anaerobic test, Coaching and Sports Science Division
of the United States Olympic Committee, August 2004.
Sands W.A., McNeal J.R., Ochi M.T. et al. Comparison of the
Wingate and Bosco anaerobic test. Journal of Strength and
Conditioning Research, 2004, 18(4), 810–815.
Anaerobic Training & the Wingate Test, site de Livestrong.com,
Jonathan Thompson, 28 janvier 2015.
Validity of the RAST for evaluating anaerobic power
performance as compared to Wingate test in cycling athletes.
Queiroga M.R., Cavazzotto, T.G. et al. Motriz, Rio Claro, v.19
n.4, p.696-702, Oct./Dec. 2013.
Zupan, M.F., Arata, A.W., Dawson L.H. et al. Wingate anaerobic
test peak power and anaerobic capacity classifications for men
and women intercollegiate athletes. Journal of Strength and
Conditioning Research (2009), 23(9),2598-2604.
Reliability and Validity of a New Maximal Anaerobic Shuttle
Running Test. Dardoury W., Gharbi Z. et al. International
Journal of Sports Medicine 35(4) · September 2013.
Test-Retest Reliability, Criterion-Related Validity, and
Minimal Detectable Change of Score on an Abbreviated Wingate
Test for Field Sport Participants. Hachana Y., Attia A. et al.
The Journal of Strength and Conditioning Research
26(5):1324-30 · April 2012.
ÖZTÜRK M., ÖZER K. GÖKÇE E. Evaluation of blood lactate in
young men after wingate anaerobic power test. Eastern Journal
of Medicine 3 (1):13-16, 1998.
Entraînement de la tolérance lactique, site
fredericgrappe.com, consulté le 17 juin 2016.
web
de
Pantelis T.N., Afonso J., et al. Vertical Jumping Tests versus
Wingate Anaerobic Test in Female Volleyball Players: The Role
of Age. Sports 2016, 4(1), 9
Comparison of a Four 40-Yard Sprint Test for Anaerobic
Capacity in Males Vs. the Wingate Anaerobic Test. Peter
Christian Johnson, Georgia Southern University, spring 2007.
Wingate test, site de wikipedia.org, consulté le 18 juin 2016.
Wingate anaerobic test, Dr. Cheatham, HPHE 6720, Western
Michigan University, consulté le 10 juin 2016.
Wingate test for anaerobic capacity, site de National
registerer of personal trainers, www.nrpt.com.
Relation entre les seuls lactiques, la puissance de pédalage
et la performance de cyclistes expérimentés, Kevin Plourde,
Université du Québec à Trois-Rivières, avril 1997.
The Wingate test for anaerobic power, Human performance lab,
Center for orthopaedics, University of New England, consulté
le 20 juin 2015.
Wingate muscular power test. Len Kravitz, University of New
Mexico, consulté le 15 juin 2016.
Jimmy C. Smith, PhD, and David W.Hill, PhD. Contribution of
energy systems during a Wingate power test. Department of
Kinesiology, University of North Texas. Br J Sp Med
1991;25(4).
Références
1. Bar-Or O. Testing of anaerobic performance by the Wingate
Anaerobic Test. Bloomington: GRS Tech Publication;1994
2. Green S. Measurement of anaerobic work capacities in
humans. Sports Med 1995;19:32-42
3. Tharp GD, Newhouse RK, Uffelman L, Thorland WG, Johnson GO.
Comparison of sprint and run times with performance on the
Wingate Anaerobic Test. Res Q Exerc Sport 1985;56:73-6
4. Bar-Or O. The Wingate Anaerobic Test: An update on
methodology, reliability and validity. Sports Med
1987;4:381-94
5. Williams CA. Children’s and adolescents’ anaerobic
performance during cycle ergometry. Sports Med 1997;24:227-40
6. Bediz C, Gökbel H, Kara M et al. Comparison of the aerobic
contributions to Wingate anaerobic tests performed with two
different loads. J Sports Med Phys Fitness 1998;38:30-4
7. Granier P, Mercier B, Mercier J, Anselme F, Prefaut C.
Aerobic and anaerobic contribution to Wingate test performance
in sprint and middle-distance runners. Eur J Appl Phys
1995;70:58-65
8. Horswill CA, Scott JR, Galea P. Comparison of maximum
aerobic power, maximum anaerobic power, and skinfold thickness
of elite and nonelite junior wrestlers. Int Sports Med
1989;10:165-8
9. De Ste Croix MBA, Armstrong N, Chia MYH et al. Changes in
short-term power output in 10- to 12-year-olds. J Sports Sci
2001;19:141-8
10. Marsh GD, Paterson DH, Govindasamy D, Cunningham DA.
Anaerobic power of the arms and legs of young and older men.
Exp Physiol 1999;84:589-97
11. Parker DF, Carriere L, Hebestreit H, Bar-Or O. Anaerobic
endurance and peak muscle power in children with spastic
cerebral palsy. Am J Disabled Child 1992;146:1069-73
12. Counil F, Varray A, Karila C et al. Wingate test
performance in children with asthma: Aerobic or anaerobic
limitation? Med Sci Sports Exerc 1997;29:430-5
13. Van Mil E, Schoeber N, Calvert RE, Bar-Or O. Optimization
of force in the Wingate test for children with a neuromuscular
disease. Med Sci Sports Exerc 1996;28:1087-92