Le boom des allergies

Transcription

Le boom des allergies
« Le
boom des allergies
?»
la faute à nos modes de vie
> SOMMAIRE
Pourquoi des Journées
de la Fondation Recherche Médicale ?
p. 2
Sommes-nous allergiques
à trop d’hygiène ?
p. 3
Comment organiser la défense
contre les allergènes ?
p. 4
Recherche :
combattre l’allergie à sa source
p. 5
Témoignages
p. 6
Les réponses à vos questions
p. 7
À propos de la Fondation
p. 13
Propos recueillis à l’occasion de la 4è édition des
Journées de la Fondation Recherche Médicale, sur le
thème « Sommes-nous malades de notre
environnement ? ». Le présent débat s’est déroulé le 15
septembre 2005, au Centre universitaire méditerranéen
de Nice.
Débat animé par Laurent Romejko, journaliste de
France 2.
Document disponible sur le site web de la Fondation
Recherche Médicale www.frm.org
Publication : novembre 2005
Crédits photographiques : Fondation pour la
Recherche Médicale
Avec la participation de :
> Pr Frédéric de Blay,
Pneumo-allergologue à l’hôpital Lyautey et chercheur à l’Institut de recherche
EA 3771 « Inflammation et environnement dans l’asthme » à Strasbourg.
> Pr Antoine Magnan,
Pneumo-allergologue à l’hôpital Sainte-Marguerite et directeur de l’unité de recherche
EA 3287 « Pathologies respiratoires liées à l’environnement » au sein de l’Université de la
Méditerranée à Marseille.
> Pr Nicolas Glaichenhaus,
Vice-président recherche de l’Université et directeur de
l’Emi 03-44 « Immunité des Maladies Infectieuses, allergiques et auto-immunes » à Nice.
La Fondation pour la Recherche Médicale a été créée en 1947 pour apporter une aide rapide et décisive aux chercheurs
dans tous les domaines de la recherche médicale. La Fondation a ainsi participé à toutes les grandes découvertes
médicales françaises. Grâce uniquement aux dons et legs privés, elle soutient chaque année 1 chercheur sur 3 et finance
environ 700 programmes de recherche. La Fondation Recherche Médicale remplit également une mission d’information
pour favoriser le dialogue entre les Français et les chercheurs. A ce titre, elle s’est vue attribuer par le gouvernement le
label « campagne d’intérêt général 2005 ».
Pour faire un don :
Bullletin à découper en dernière page de ce document.
À retourner à :
Fondation pour la Recherche Médicale
54, rue de Varenne - 75335 Paris cedex 07
Tél. : 01 44 39 75 75 - Fax : 01 44 39 75 99
ou sur sur www.frm.org (rubrique "aidez la recherche")
Le boom des allergies y www.frm.org
1
Pourquoi
des « Journées de la Fondation Recherche Médicale »
?
Plus que jamais, les liens entre environnement et santé sont aujourd’hui au
cœur des inquiétudes des Français. Pollution de l’air et de l’eau, risques
alimentaires, contamination microbiologique et chimique, rayonnements, stress
et bruit… sont autant de facteurs incriminés dans nombre de maladies et
auxquels nous sommes tous potentiellement exposés. En outre, les maladies
liées directement ou indirectement à notre environnement et à nos modes de
vie sont en constante augmentation : cancers, maladies cardiovasculaires,
allergies, obésité, stérilité… À titre d’exemple, on estime que 7 à 20 % des
cancers seraient imputables à des facteurs environnementaux ! Pourtant,
aujourd’hui encore, nombre de questions restent en suspens…
Devant le besoin d’information que vous nous manifestez chaque jour, la
Fondation Recherche Médicale a décidé en septembre 2005 d’ouvrir ce débat avec vous, en présence
des meilleurs experts. La 4e édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale1 a posé, en
effet, la question « Sommes-nous malades de notre environnement ? ». Au cours de six débats sur six
thématiques différentes et dans six villes de France, un public venu nombreux a pu dialoguer avec les
chercheurs et trouver réponses à ses questions. Face à ce questionnement, la Fondation Recherche
Médicale a également choisi de lancer, dès 2004, le programme « Défis de la recherche en
allergologie2 ». C’est une réelle incitation au développement de recherches sur les origines
moléculaires et cellulaires des allergies et sur les pistes de traitements. C’est également une initiative
ambitieuse qui n’aurait pu voir le jour sans la générosité et la confiance de ses donateurs - peut-être
vous ? -. Cette nouvelle édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale est finalement
l’occasion de mieux comprendre les enjeux de la recherche et de mesurer le rôle essentiel de la
Fondation Recherche Médicale.
Joëlle Finidori,
Directrice des affaires scientifiques
de la Fondation Recherche Médicale
1
visitez le site consacré à l’événement http://www.jfrm.org
pour plus d’infos, consultez la page http://www.frm.org/demandez/dem_specifiques_allergie.php
2
Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org
2
Sommes-nous allergiques
à trop d’hygiène ?*
Pr Frédéric de Blay,
Pneumo-allergologue à l’hôpital Lyautey et
chercheur à l’Institut de recherche EA 3771
« Inflammation et environnement dans
l’asthme » à Strasbourg.
Indispensable pour nous défendre contre les
agresseurs – virus, bactéries, parasites… - le
système immunitaire peut aussi s’emballer à
tort et développer une hypersensibilité à une
substance pourtant inoffensive, alors appelée
allergène. Depuis environ trente ans, le
nombre de personnes confrontées aux
allergies ne cesse d’augmenter. Ce qui porte
actuellement à 30 % la part de la population
qui a déjà subi une pathologie allergique.
Selon certaines
estimations,
cette proportion
devrait atteindre
50% entre 2035
et 2050.
Le
fonctionnement
du système
immunitaire
repose sur une
part d’inné et
une part
d’acquis. L’inné, c’est en partie la susceptibilité
génétique aux allergies, celle que nous
héritons de nos parents. Si l’un des deux est
allergique, l’enfant aura jusqu’à 50 % de
probabilité de l’être à son tour et si les deux
parents le sont, ce risque peut atteindre 70%.
L’augmentation des allergies constatée est
cependant beaucoup trop rapide et régulière
pour être due à une mutation génétique. Elle
serait plutôt due à des changements
environnementaux agissant sur certaines
susceptibilités (génétiques) individuelles. C’est
pourquoi les spécialistes se penchent sur les
changements de mode de vie intervenus ces
trente dernières années qui pourraient avoir
bouleversé la part « d’acquis » de la réponse
immunitaire.
Selon ce que les spécialistes appellent « la
théorie hygiéniste », le développement de
l’hygiène, des vaccins, des antibiotiques, qui
évite au système immunitaire d’être stimulé
par des infections, l’aurait rendu de plus en
plus disponible pour développer des allergies.
Ainsi, les enfants soumis à un environnement
moins aseptisé (en milieu rural par exemple)
développeraient moins d’allergies que les
autres. Il faut toutefois nuancer cette idée car
toutes les infections ne produisent pas le
même effet et ne sont pas sans danger. S’il a
été démontré que des infections virales
bénignes au niveau digestif ainsi qu’une flore
bactérienne intestinale équilibrée réduisent le
risque d’allergies, il n’en est pas de même
pour les infections cutanées et respiratoires.
D’autres peuvent même exacerber les
symptômes des allergies, telle l’infection au
staphylocoque doré, par exemple, qui aggrave
les symptômes de la dermatite du nourrisson.
L’augmentation considérable de l’exposition
aux allergènes est une autre explication
possible à l’augmentation des allergies. Nous
mangeons de nombreux produits exotiques
qu’on ne rencontrait jamais auparavant, nous
respirons de nouvelles espèces de pollens…
Ce sont autant de nouveaux allergènes
potentiels. La pollution atmosphérique et le
tabac, sont eux, incriminés en tant que
facteurs facilitants des allergies respiratoires
en irritant parfois très profondément la
muqueuse des bronches et des poumons. Par
exemple, au Japon, les personnes allergiques
au pollen de cèdre qui habitent près des
grandes voies de circulation ont des
symptômes plus intenses que ceux qui en sont
éloignés.
Les allergies ont des manifestations diverses.
Les allergies respiratoires se traduisent par de
l’asthme et des rhinites, parfois associées à
des syndromes oculaires comme la
conjonctivite. Les allergies cutanées
recouvrent la dermatite atopique, l’urticaire
aiguë, l’œdème de Quincke et l’eczéma de
contact. Toutefois, les symptômes se
manifestent parfois loin de la « voie d’entrée »
de l’allergène. Les allergies alimentaires, par
exemple, peuvent se manifester par des
problèmes intestinaux, bien sûr, mais aussi
cutanés ou respiratoires. Dans les cas les plus
graves, elles peuvent même provoquer un
choc anaphylactique.
Ce dernier, heureusement très rare, est une
forme extrême d’allergie. Touchant de
multiples organes, il peut se traduire par une
mort rapide. Il se caractérise notamment par
une obstruction des voies respiratoires
supérieures, des spasmes bronchiques, une
hypotension et des troubles du rythme
cardiaque, une congestion du foie, de la rate…
L’anaphylaxie peut survenir suite à un contact
avec n’importe quel allergène mais le plus
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souvent, elle est due à une allergie alimentaire
(cacahuète…), au venin d’hyménoptère
(guêpe, abeille, frelon, etc.) ou à un
médicament.
*en raison d’un problème technique, l’intervention du
Pr de Blay n’a pu être retranscrite. Les propos ci-dessus
sont extraits de la revue Recherche & Santé n°102 à
laquelle a participé le Pr de Blay.
Comment organiser la défense
contre les allergènes ?
Pr Antoine Magnan
Pneumo-allergologue à l’hôpital SainteMarguerite et directeur de l’unité de recherche
« Pathologies respiratoires liées à
l’environnement » au sein de l’Université de la
Méditerranée à Marseille.
Connaître l’origine
de l’allergie est
une difficulté,
mais la première
est d’identifier les
signes cliniques
tels qu’une
éruption cutanée
ou une toux. A
l’inverse, un
certain nombre de
symptômes viennent d’une allergie mais sont
négligés. Dans tous les cas, il convient de
s’interroger y compris sur de petits
désagréments qui paraissent anodins, comme
la toux chronique, la toux nocturne
(notamment chez l’enfant), le nez qui coule, le
nez bouché. Il faut alors se poser la question
de savoir s’il s’agit bien d’une allergie et quel
en est le facteur déclenchant.
> Diagnostiquer l’allergie
Le premier geste est de consulter un médecin,
afin d’engager un dialogue pour essayer de
bien déterminer des coupables. Jacques
Charpin avait montré qu’une bonne façon
d’approcher le diagnostic d’une allergie est
basée sur une unité de lieu, une unité d’action
et une unité de temps : l’allergie se déclenche
toujours au même endroit, de la même
manière et au même moment.
La deuxième étape, qui permet de déterminer
le terrain, est le test cutané qui consiste à
administrer l’allergène sur la peau afin
d’observer éventuellement la réaction
allergique habituelle. Si l’histoire de la maladie
est compatible, on peut s’orienter vers un
coupable : le chat, la moisissure, l’acarien, le
pollen, etc.
Lorsque les recherches sont vaines, il faut
collaborer entre le médecin et le malade,
réfléchir, afin de déterminer pour les fois
suivantes comment vont se développer les
manifestations, par exemple une crise
d’urticaire au cours d’une exposition
particulière qui a pu échapper au médecin.
> Traiter l’allergie
Lorsque l’allergène est identifié, on peut s’en
débarrasser. Le cas le plus flagrant et qui
devrait être le plus simple est celui de l’allergie
professionnelle. En effet, un certain nombre
d’allergènes étant bien identifiés, en
supprimant l’exposition, la maladie est guérie,
comme dans le cas du latex ou de la farine
pour le boulanger. Notons qu’il est parfois
difficile de proposer des reclassements à ces
personnes.
L’allergie au chat apparaît plus simple à
résoudre, il suffit de se débarrasser du chat,
même si l’attachement à l’animal rend la
séparation parfois douloureuse.
Mais il est très difficile de limiter le nombre
d’acariens, et une stratégie d’éviction des
pollens est illusoire. Dans ces cas-là, nous
entrons dans une maladie chronique. Il va
falloir « faire avec » et « au mieux avec ». Le
mieux sera fait à condition que le malade luimême connaisse très bien la maladie. Il faudra
observer ce qui déclenche les symptômes
pour pouvoir les éviter. Il faudra connaître les
traitements, savoir lesquels sont efficaces, à
quel moment on doit les prendre ou les
augmenter, non pas pour guérir mais pour
contrôler la maladie.
Les traitements de fond visent d’abord à se
débarrasser le plus possible de l’allergène.
Procéder à des tests cutanés, discuter avec un
allergologue en sont la base. En effet, mieux
on connaît les allergènes auxquels on est
sensibles, mieux on pourra être en mesure de
les éviter soi-même.
Les traitements existent, leur prise doit être
quotidienne et continue. S’ils respectent bien
la prescription, les asthmatiques (y compris
dans les formes sévères) peuvent avoir une
vie normale. Au cours des vingt dernières
années, nous avons vu apparaître la
corticothérapie d’action locale qui n’a pas les
effets secondaires de la corticothérapie par
voie générale. Dans le traitement de l’asthme,
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les broncho-dilatateurs ont une plus longue
durée d’action. La vie des patients a pu être
transformée et, dans la grande majorité des
cas, les asthmatiques ont pu reprendre une vie
normale et faire du sport, puisque la pratique
régulière d’une activité physique chez
l’asthmatique est fortement encouragée.
Recherche : combattre
l’allergie à sa source
Pr Nicolas Glaichenhaus
Vice-président recherche de l’Université et
directeur de l’Emi 03-44 « Immunité des
Maladies Infectieuses, allergiques et autoimmunes » à Nice.
Les épidémiologistes ont fait des progrès
considérables pour identifier les facteurs
favorisants et les facteurs de risques. Pour
l’avenir, il faut essayer d’identifier de nouvelles
pistes. Les cliniciens peuvent étudier, à partir
de prélèvements humains, quels types de
cellules se trouvent dans le produit
d’expectorations, par exemple.
> Développer des modèles animaux
Une autre voie adoptée par des chercheurs un
peu plus fondamentalistes consiste à
développer des modèles animaux afin de
mieux disséquer les mécanismes intimes,
mieux identifier les cellules et les molécules
qui jouent un rôle dans le développement de la
maladie. Les chercheurs expérimentent sur les
animaux car le comportement de ceux-ci
ressemble à celui
des hommes
mais, surtout, ils
utilisent les
animaux pour
essayer de
comprendre
comment se
développe la
maladie.
Par exemple, on injecte la protéine du blanc
d’œuf (après l’avoir purifiée) à une souris en
laboratoire. Ensuite, on donne des aérosols de
cette même protéine et l’on s’aperçoit que la
souris développe des signes cliniques
ressemblant très fortement à ceux développés
par les patients qui font une allergie
respiratoire. Cette expérience est
reproductible. Afin d’intervenir et d’identifier les
cellules ou les molécules qui jouent un rôle, on
peut analyser les poumons des souris ; on
peut également utiliser des souris mutantes à
qui il manque une protéine particulière et
comparer avec des souris normales. Si une
différence est constatée, cela signifie que la
protéine manquante est impliquée dans la
maladie. On peut surtout utiliser ces souris
pour tester en phase pré clinique un certain
nombre de traitements et observer si ceux-ci
vont diminuer les symptômes de la maladie et,
même, empêcher la souris de développer la
maladie.
> Comprendre le système immunitaire dans
sa globalité
Un autre type d’étude encore plus
fondamentale consiste à essayer de
comprendre de manière générale comment
fonctionne le système immunitaire. Dans le
cas des allergies, nous pouvons dire que le
système immunitaire s’emballe, donne une
réponse de manière tellement inadaptée que
des signes cliniques vont apparaître. En fait, il
se détourne de son rôle bénéfique pour
devenir néfaste à l’individu. Toute recherche
qui va tenter de comprendre le fonctionnement
du système immunitaire en général aura des
retombées et pourra éventuellement
déboucher sur de nouveaux traitements dans
le cadre des allergies, mais également dans le
cadre de maladies auto-immunes, de cancers
ou autres. Les immunologistes ont
redécouvert, depuis une dizaine d’années, un
type cellulaire (cellules T régulatrices) que
nous possédons tous dans notre organisme et
qui empêche notre système immunitaire de
s’emballer. On peut manipuler ces cellules et
les inciter à être plus efficaces afin qu’elles
inhibent les réponses immunitaires. Une
recherche de ce type va permettre de mieux
comprendre les mécanismes de
fonctionnement du système immunitaire et, par
voie de conséquence, de développer de
nouveaux traitements non seulement pour les
allergies, mais pour toutes les maladies dans
lesquelles le système immunitaire est impliqué.
Voilà un exemple de recherche fondamentale
qui aura des conséquences très pratiques pour
le développement de nouveaux traitements.
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Témoignages
Laurent Romejko – En 2004, la Fondation
pour la Recherche Médicale a lancé un
programme spécifique « Défis de la recherche
en allergologie ». Valérie Julia, vous avez reçu
une aide de la Fondation dans le cadre de ce
programme…
Valérie Julia – La Fondation pour la
Recherche Médicale m’avait déjà aidée en tant
qu’étudiante pour terminer ma thèse. J’ai reçu
une aide indispensable et de forte importance,
soit une dotation sur trois ans s’élevant à un
peu moins de 300 000 € pour aider le
laboratoire notamment sur les deux axes
fondamentaux de recherche : l’identification de
nouvelles cibles thérapeutiques et les
lymphocytes T régulateurs. Cette aide nous
permet également d’aller vers les laboratoires
de recherche clinique puisque nous ne
pouvons pas valider nos recherches sur des
modèles animaux sans passer par le stade de
validation de ces cibles chez l’homme. L’aide
apportée par la Fondation pour la Recherche
Médicale nous a permis de faire justement
cette jonction avec le Pr Antoine Magnan.
Laurent Romejko –
Merci à vous tous qui
permettez que la
Fondation pour la
Recherche Médicale
aide Valérie Julia et
toutes les équipes.
Des traitements sont
actuellement en
phase d’essais.
Florence Dumas,
l’une des patientes du
professeur Magnan, est présente parmi nous
et profite de ces nouveaux traitements.
Professeur Magnan, pouvez-vous nous en dire
plus avant que nous ne lui donnions la
parole ?
recherche immunologique, en particulier ces
dernières années, a été axé sur des
traitements plus ciblés. Dans l’allergie, le
dérèglement provient notamment de l’IgE et la
recherche s’oriente particulièrement sur le
développement des anticorps contre l’IgE. Ce
traitement est un peu compliqué mais bien
toléré et surtout, il permet de réduire la
cortisone. L’objectif principal est d’atteindre le
sevrage de la cortisone par voie générale.
Florence Dumas – Je suis ce traitement
depuis fin décembre 2004. Il m’apporte des
améliorations, je ne prends plus de cortisone
depuis fin mai. Malheureusement, je suis
obligée d’avoir recours à la cortisone de façon
ponctuelle. Vingt-cinq ans de cortisone laissent
beaucoup de traces. A quarante ans, je
présente une ostéoporose comme une dame
de soixante-quinze ans. J’ai également des
problèmes de poids. Les traitements aident les
malades à vivre correctement la plupart du
temps et le nouveau traitement était porteur de
beaucoup d’espoir. La guérison n’interviendra
pas mais nous espérons que d’autres
recherches aboutiront pour que nous puissions
vivre normalement.
Laurent Romejko – Votre confort de vie a été
amélioré mais vous pensez qu’il reste encore
de la marge.
Florence Dumas – Je vais tout de même
devoir renoncer à toute activité
professionnelle. Le confort de vie s’est un peu
amélioré, je ne suis plus cortico- dépendante
24 heures sur 24.
Pr Antoine Magnan – Chez certains
asthmatiques allergiques, la responsabilité de
l’allergène intervient de temps en temps mais
ils souffrent d’une maladie inflammatoire
chronique qui les handicape en permanence.
Le seul recours pour ces malades est la
cortisone, comme pour toutes les allergies
chroniques. Par contre, les effets secondaires
sont redoutables : la fonte musculaire, la
fragilité osseuse, etc. Il faut donc trouver une
autre solution. Le développement de la
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6
Les réponses
à vos questions
« Qu’entend-on par « trop d’hygiène » au
quotidien ? »
Pr Frédéric de Blay – La notion de « trop
d’hygiène » n’a jamais été définie. Nous avons
mesuré les endotoxines et avons étudié le cas
de personnes qui vivent avec de nombreux
chats. Ces personnes ne développent pas
d’allergie car les chats libèrent beaucoup
d’endotoxines qui stimulent le système
immunitaire contre la défense anti-infectieuse
et l’allergie. Je n’ai pas de réponse à cette
question.
Pr Antoine Magnan – Pour compléter la
réponse, l’hypothèse hygiéniste « trop
d’hygiène » s’adresse à un mode de vie de
l’ensemble d’une population. L’hygiène a
contribué à diminuer considérablement les
maladies infectieuses. Prévenir l’allergie par
l’hygiène n’a aucun sens.
«En matière d’hygiène à l’intérieur de la
maison, peut-on se fier à des appareils
censés délivrer des ions négatifs et purifier
l’atmosphère ? Dans l’affirmative, pouvezvous nous expliquer le fonctionnement ? »
Pr Frédéric de Blay – Différents appareils
purificateurs d’air ont été comparés.
Malheureusement, il n’a jamais été démontré
la moindre efficacité avec les ioniseurs. Les
seuls purificateurs d’air sont les aspirateurs
munis de filtres HEPA ou les électroprécipitateurs.
« Peut-on être allergique à tout et n’importe
quoi ? Tout peut-il devenir potentiellement
un allergène ? »
Pr Frédéric de Blay – Nous ne pouvons pas
définir de caractéristiques communes à
l’ensemble des allergènes. En revanche, nous
avons remarqué qu’il s’agit souvent
d’enzymes. L’on peut bien sûr être allergique
au cheval, au latex, etc. En revanche, les
produits chimiques sont souvent accusés de
provoquer des allergies alors que souvent, les
allergènes sont des glucoprotéines. Nous
avons pu observer que 50 % des personnes
allergiques au pollen de bouleau le sont
également à la pomme parce qu’ils
contiennent une même protéine ; le traitement
chimique éventuel n’est pas du tout en cause.
« L’allergie aux produits laitiers est-elle une
réalité aujourd’hui ? Est-elle en
recrudescence ? Les produits d’origine
végétale de type soja sont-ils un bon
moyen de substitution et l’organisme les
assimile-t-il correctement ? »
Pr Frédéric de Blay – Nous observons une
augmentation des allergies alimentaires dont
fait partie celle aux produits laitiers, importante
chez l’enfant. Aucune étude n’a démontré
l’intérêt du soja dans la prévention des
allergies alimentaires.
« Peut-on démentir les idées reçues selon
lesquelles en supprimant le lait, l’allergie
disparaît ? Sommes-nous tous allergiques
au lait ? »
Pr Frédéric de Blay – Présenter un test positif
au lait ne signifie pas qu’un enfant (le plus
souvent touché) est cliniquement allergique. Il
faut le prouver par un test de provocation.
« Ma fille souffre d’allergie alimentaire se
traduisant par des urticaires géantes au
contact avec la moindre protéine de lait.
J’ai dû interrompre l’allaitement au 7ème
mois car apparemment, il aggravait son
allergie. Si j’ai un second enfant, dois-je
l’allaiter ou lui donner des laits
médicalisés ? »
Pr Antoine Magnan – D’une façon générale,
nous recommandons l’allaitement.
L’intolérance aux protéines de lait de vache
peut être induite lorsque les mamans qui
allaitent consomment beaucoup de lait. Il y a
alors passage, dans le lait maternel, de
protéines de lait de vache.
« Où en sont les connaissances actuelles
au sujet des allergies au gluten ? »
Pr Frédéric de Blay – L’intolérance au gluten
peut exister de façon naturelle chez les jeunes
enfants et s’installer par la suite. Il ne s’agit
pas de mécanismes allergiques mais d’une
maladie purement digestive due à d’autres
types d’anticorps : les IgA. L’intolérance au
gluten ne rentre pas dans le cadre de l’allergie
Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org
7
mais oblige à suivre un régime sans gluten. Il
est particulièrement difficile d’en poser le
diagnostic absolu, réalisé par un spécialiste en
gastro-entérologie au cours d’un examen de
l’intestin. La fréquence des intolérances, dont
on peut avoir l’impression qu’elle augmente,
relève d’intolérances transitoires.
« Pourquoi avez-vous nommé le sélénium
et l’oméga 3 ? »
Pr Frédéric de Blay – Des études
épidémiologiques ont concerné le sélénium et
l’oméga 3. De nombreux facteurs ont été
étudiés : l’environnement dans l’air,
l’environnement digestif. Il convient de se
montrer très prudents vis-à-vis d’une étude qui
a pu être menée à un moment donné sur les
effets des oméga 3 sur l’allergie.
« Quelle stratégie les chercheurs ont-ils
adoptée vis-à-vis du domaine agroalimentaire ? »
Pr Nicolas Glaichenhaus – Vous me
demandez sans doute si les OGM peuvent
provoquer des allergies. Nous collaborons
avec des entreprises agro-alimentaires qui
commercialisent des produits transgéniques.
Dans leurs recherches, ils testent
obligatoirement sur les animaux la capacité de
ces produits à générer des réactions
allergiques. A ma connaissance, jusqu’à
présent, il n’a pas été montré que les produits
transgéniques induisaient des allergies.
« Comment éviter la récidive en matière
d’allergie au bouleau sachant qu’elle
survient toujours au même moment de
l’année ? »
raison psychosomatique. Par contre, si vous
êtes asthmatiques et subissez un stress
important, il a été démontré que les crises
d’asthme surviennent.
Pr Antoine Magnan – En ce qui concerne le
déclenchement d’une allergie chez des
asthmatiques sévères, il ne faut pas en
chercher la raison dans la psyché au départ.
En revanche, des émotions, des stress, des
périodes particulièrement difficiles peuvent
déclencher des symptômes et entretenir des
symptômes chroniques. Ces éléments font
partie de la prise en charge de la maladie, de
l’hygiène de vie au sens large, pour éviter le
déclenchement des symptômes.
« Qu’en est-il de la vaccination aujourd’hui
pour les enfants exposés aux allergènes
dans les fermes ? Y a-t-il eu des études
entre vaccination, allergies et asthme ? A
quel âge un enfant doit-il être vacciné ? »
Pr Frédéric de Blay – Nous disposons
d’études transversales sur la vaccination,
c’est-à-dire une photographie à un moment
donné et, dans ce cas, nous ne pouvons pas
établir de relation de cause à effet. D’après
certaines études, des personnes vaccinées
vont se révéler plus allergiques que celles qui
ne l’ont pas été. D’après d’autres études, nous
ne trouvons aucune différence entre les deux
types de population. Il ne faut pas aller trop
loin en ce qui concerne les études
épidémiologiques et les photographies car la
relation de cause à effet n’a jamais été
démontrée. Il convient donc de se montrer très
prudents. L’âge de la vaccination n’a aucun
effet.
Pr Nicolas Glaichenhaus – Venez vivre dans
le Midi… ! La saison des pollens d’arbres est
bien identifiée. Le traitement doit commencer
une quinzaine de jours auparavant pour se
terminer en fin de saison. Un traitement
intermittent peut être suffisant chez des
patients sensibles uniquement au bouleau.
« Peut-on développer une allergie pour une
raison psychosomatique ? »
« Y a-t-il des mesures particulières à
prendre vis-à-vis des antibiotiques ? »
Pr Frédéric de Blay – Il n’a jamais été observé
qu’une allergie pouvait se développer pour une
Pr Antoine Magnan – Aucune mesure
particulière n’est à prendre si aucune réaction
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n’a eu lieu avant. En cas de manifestation
allergique, il faut d’abord la prouver par des
tests et généralement, l’allergie vaut pour toute
la classe d’antibiotiques, ceux que l’on utilise
le plus et qui sont les pénicillines. Le médecin
devra apprécier la nécessité du traitement ou
la possibilité d’utiliser un antibiotique d’une
autre classe.
Pr Frédéric de Blay – Autant pour les
pénicillines nous disposons de tests cutanés,
autant pour les autres tests cutanés nous
sommes souvent pris en défaut. En cas
d’allergie alimentaire, nous pratiquons très
souvent des tests de provocation si nous
voulons apporter des preuves. Neuf fois sur
dix, l’allergie mentionnée à tel ou tel
médicament sur le carnet de santé de l’enfant
n’a pas été réellement prouvée.
« J’ai deux enfants qui ont des allergies, j’ai
moi-même découvert incidemment une
allergie au sparadrap. Avant une
intervention chirurgicale, le patient doit
remplir un questionnaire mais il est dans
l’incapacité de répondre à la question
concernant les allergies. Les chercheurs
font-ils des recherches pour que nous
puissions disposer de tests destinés aux
personnes devant subir une intervention
chirurgicale ? »
Pr Antoine Magnan – Nous avons étudié
cette question car des produits utilisés en
anesthésie peuvent déclencher des réactions
allergiques. Une étude a été lancée à Marseille
il y a quelques années pour le latex qui fait
partie des allergies per-opératoires, ainsi que
pour les myorelaxants, médicaments utilisés
au cours des anesthésies générales. Dans les
deux cas, il est apparu que 6 % de la
population avait des tests cutanés positifs sans
avoir pour autant une allergie. Ces tests
diagnostics sont pertinents à condition qu’il y
ait une histoire clinique compatible. Il ne faut
pas entrer dans ces stratégies de dépistage
qui conduiraient à priver inutilement bon
nombre de patients de la possibilité de
bénéficier de traitements dont ils ont besoin.
L’allergie per-opératoire est bien contrôlée par
les anesthésistes mais il est préférable que le
patient qui connaît ses allergies puisse les
préciser avant l’intervention chirurgicale.
« Y a-t-il un terrain génétique ? Cette
question est souvent posée aux personnes
allergiques, mais nous n’avons pas
toujours l’information sur un carnet de
santé. »
Pr Antoine Magnan – L’atopie ou la tendance
à développer des allergies est héréditaire. Il
faut l’intervention à la fois de l’environnement
et de l’hérédité pour que la maladie se déclare.
Contrairement au cas de la mucoviscidose où
un gène donne une maladie, de très nombreux
gènes sont en cause dans l’allergie, et qui ne
sont pas les mêmes d’une population à l’autre.
Pr Nicolas Glaichenhaus – La recherche a
permis d’identifier ces gènes et leurs produits,
c’est-à-dire les protéines pour lesquels ils
codent. Cette piste de recherche est
intéressante car elle signifie que telle protéine
est typiquement une cible significative et que si
l’on arrive à la bloquer par des médicaments
adaptés, on pourra essayer de formuler de
nouveaux traitements.
Pr Antoine Magnan – L’allergie au lait et
l’allergie alimentaire citées tout à l’heure me
font rappeler ces fameuses cellules T
régulatrices. L’allergie au lait chez l’enfant
disparaît spontanément et il a été montré que
ces lymphocytes T régulateurs, déficitaires au
départ, réapparaissent de façon spontanée.
Par contre, chez les enfants qui restent
allergiques, ces mêmes lymphocytes
n’apparaissent pas. Cette piste est
véritablement très importante. En effet, si nous
parvenions à prélever ces cellules, les activer
et les stimuler afin de les réinjecter chez les
patients atteints le plus sévèrement, nous
aurions une amélioration. Ce ne sont que des
prémices, mais je tenais à vous en faire part
car c’est typiquement cette thématique de
recherche que nous voulons aborder, avec des
chercheurs fondamentaux comme Nicolas
Glaichenhaus ou Valérie Julia qui sont
soutenus par la Fondation pour la Recherche
Médicale, et mon équipe qui cherche à faire
l’application clinique des résultats obtenus
chez les animaux.
« Qu’est-ce qu’une urticaire géante ? Un
œdème de Quincke ? Quelles en sont les
origines et, de manière générale, quelles
peuvent être les différentes manifestations
des allergies ? »
Pr Antoine Magnan – Frédéric de Blay et moimême sommes pneumologues et surtout
impliqués en allergologie respiratoire. Les
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urticaires géantes sont, le plus souvent, la
conséquence d’une allergie alimentaire pour
laquelle la démarche de diagnostic est la
même. Il convient d’interroger le malade et de
pratiquer des tests. En matière d’allergie
alimentaire, il faut parfois pratiquer les tests
avec les aliments eux-mêmes et, s’ils sont
négatifs, faire des tests de provocation sur la
lèvre afin de provoquer cette réaction
uniquement sur la lèvre, ce qui n’est pas très
grave. Cela permet d’incriminer les aliments
impliqués. Parfois, le diagnostic est difficile. De
plus, toutes les urticaires géantes ne sont pas
d’origine allergique, elles peuvent provenir de
certaines maladies de système et parfois par
le pouls, en tout cas entretenues par des
origines psychosomatiques. Il en est de même
pour l’œdème de Quincke.
Les manifestations d’urticaire géante ou
d’œdème de Quincke peuvent aussi être
provoquées par des médicaments. Dans ce
cas, il faut les identifier, les tester et trouver
des solutions de remplacement si le
médicament est nécessaire.
« Qu’en est-il du syndrome
d’hypersensibilité chimique multiple ? »
Pr Frédéric de Blay – Le syndrome
d’hypersensibilité chimique multiple atteint des
personnes exposées à un bouillon chimique et
qui, par la suite, auront une intolérance à
certains produits chimiques, au parfum ou à
certaines odeurs. Cette maladie est très
difficile pour le raisonnement des médecins qui
souhaitent avoir des données objectives.
Malheureusement, nous ne possédons pas de
test pour ce syndrome et les patients
présenteront une fatigue, une irritabilité de la
gorge ou des bronches, des sensations
d’arthralgie. Nous disposons d’une centaine de
publications sur ce syndrome mais nous
n’avons pas de données objectives véritables.
En tant que clinicien et pour avoir vu un certain
nombre de personnes, c’est une entité qui
existe.
Laurent Romejko – Des travaux de recherche
sont-ils en cours ?
Pr Frédéric de Blay – Oui, l’on s’oriente
beaucoup sur l’hypothèse neurologique qui
pourrait ressembler à une sorte de phobie.
Toutefois, nous n’avons pas de test objectif qui
permette de recueillir des données précises.
La prudence est de mise face à ces maladies.
« Quid de l’asthme à l’effort ajouté à
l’allergie? »
Pr Antoine Magnan – L’asthme à l’exercice
est très fréquent et très souvent associé aux
autres formes d’asthme. Un traitement peut
être administré quelques jours avant l’exercice
physique afin que la personne asthmatique
puisse pratiquer du sport normalement.
« J’ai un petit garçon qui a développé une
allergie alimentaire depuis l’âge de six mois
alors qu’il était allaité exclusivement au
sein. S’y ajoute une intolérance au gluten,
au riz, à l’arachide, aux légumineuses, etc.
Un test de provocation a entraîné cinq
heures de coma pour un gramme de blé.
Avons-nous d’autres indicateurs fiables
pour estimer le degré d’allergie ? D’autre
part, les traitements nouveaux qui
permettent de mieux stabiliser l’asthme
sont-ils accessibles aussi aux jeunes
enfants ? »
Pr Antoine Magnan – Votre exemple montre
la nécessité de poursuivre des efforts
importants et soutenus sur les mécanismes
des maladies allergiques et leur traitement.
Vous vivez l’expression maximale de l’allergie
alimentaire du jeune enfant et pour laquelle
nous sommes totalement démunis, à moins
d’une éducation drastique avec une inquiétude
de tous les instants. Les efforts de recherche
accomplis sur le ciblage des molécules
responsables de l’allergie, en particulier des
IgE, visent à des thérapeutiques porteuses
d’espoir pour ces enfants-là. Pour l’instant,
dans l’indication de l’asthme allergique, les
anticorps monoclonaux et anticorps IgE sont
délivrés chez l’asthmatique sévère et réservés
aux formes les plus graves. Des traitements
permettent effectivement d’équilibrer les
patients, ils intéressent 80 % des malades.
Malheureusement, pour les 20 % qui restent,
la plupart vivent un cauchemar et vous en
faites partie. Votre témoignage montre bien
pourquoi il faut soutenir cette recherche.
« Ma fille souffre d’allergies et
d’intolérances multiples. Je suis
personnellement intolérante au lait mais
j’en consomme du fait de mon
ostéoporose. Je suppose que ces
intolérances s’aggravent avec le temps et
que certaines personnes sont moins
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favorisées que d’autres. Certains médecins
que j’ai consultés m’ont parlé de
dégranulation. Avant la naissance de ma
deuxième fille, un médecin homéopathe
m’a proposé un protocole de
désensibilisation avec une isothérapie que
l’on m’a déconseillé. Y a-t-il eu des essais à
ce sujet ? D’autre part, est-il exact que
certains tests sont positifs avec des
allergènes dont le malade n’a jamais été en
contact ?»
Pr Nicolas Glaichenhaus – Je pense que
vous êtes intolérante aux produits lactés et
qu’il faut soigner votre ostéoporose d’une autre
manière. Des essais sérieux en matière
d’homéopathie se sont avérés négatifs. Il faut
rester dans le domaine du rationnel. Quant aux
tests cutanés positifs pour des allergènes
auxquels le malade n’a pas été exposé, il
s’agit du principe des allergies croisées. En
effet, des protéines sont communes dans
plusieurs substances différentes.
« Existe-t-il des résistances aux traitements
au long cours tels que les bronchodilatateurs ou les anti-histaminiques ? »
Pr Antoine Magnan – Il n’y a pas
d’accoutumance ou nécessité d’augmenter les
doses pour les traitements tels que les
broncho-dilatateurs, les anti-histaminiques, les
corticoïdes d’action locale. Simplement, la
maladie peut s’aggraver. Avoir besoin d’autres
thérapeutiques est d’ailleurs souvent le signe
d’une aggravation de la maladie. Nous avons
besoin de réfléchir à de nouvelles pistes car
nous voyons que les anti IgE, malgré tout,
apportent un mieux être mais restent limités.
Ce sont précisément les études
épidémiologiques, avec cette hypothèse de
l’hygiène dont nous parlions au départ, qui
servent à établir éventuellement de nouveaux
traitements. Qu’est-ce qui fait que le système
immunitaire n’a pas réagi comme il le fallait
dans la petite enfance et que l’allergie s’est
développée ? Peut-être s’agit-il d’une
éducation du système immunitaire et que
l’absence de microbes l’a empêchée ? Toutes
ces études des mécanismes de tolérance visà-vis des agents extérieurs vont se
développer.
« La presse aurait fait état de la découverte
imminente et fondamentale d’un récepteur
qui empêcherait l’apparition des crises
d’asthme. Qu’en est-il ? »
Pr Nicolas Glaichenhaus – Cette découverte
faite par Valérie Julia concerne une souris à
laquelle il manque un gène récepteur et qui,
contrairement aux autres souris « normales »,
n’arrive pas à développer la maladie. Si on lui
injecte une protéine et si on lui donne des
aérosols de cette même protéine, la souris ne
présente pas de signes cliniques. La
perspective de traitement est de parvenir à
bloquer cette protéine avec des anticorps. Il ne
s’agit pour l’instant que de la première pièce
d’un puzzle. Il faudra confirmer que cette cible
thérapeutique intéressante joue un rôle chez
l’homme, d’où l’intérêt de la collaboration entre
Valérie Julia et Antoine Magnan. Malgré tous
les efforts des chercheurs, le développement
d’un nouveau traitement exige beaucoup de
temps.
« Je souffre régulièrement de bronchite
asthmatiforme traitée massivement par des
antibiotiques à défaut d’autres traitements
possibles. »
Pr Nicolas Glaichenhaus – La bronchite
asthmatiforme n’existe pas, il s’agit d’asthme
qui doit être traité comme tel, en tout cas pas
avec des antibiotiques.
« Je pratique la course à pied et souffre
très souvent de bronchite asthmatique.
Avec le traitement de fond très efficace
dont je bénéficie actuellement, puis-je
caresser l’espoir de récupérer ma capacité
de souffle ? »
Pr Nicolas Glaichenhaus – Oui, mais vous
devrez conserver le traitement.
« Peut-on guérir d’un rhume des foins ? »
Pr Nicolas Glaichenhaus – Ce n’est pas
certain. La désensibilisation avec l’éviction
constituent le seul vrai traitement spécifique de
l’allergie à l’heure actuelle qui est efficace
dans la majorité des cas. L’allergie revient
quelques années après l’arrêt de la
désensibilisation mais ce traitement permet de
se débarrasser du rhume des foins.
« La cortisone a-t-elle une incidence
sur la croissance des enfants ? »
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Pr Antoine Magnan – Oui, la cortisone par
voie générale a une incidence sur la
croissance des enfants. Toutefois, dès que
l’interruption de son administration est
possible, la croissance sera rattrapée. C’est
plus difficile pour la corticothérapie par voie
générale à très fortes doses. En revanche, les
corticoïdes par voie locale n’ont aucune
incidence sur la croissance des enfants.
Florence Dumas – L’éducation des
asthmatiques me tient particulièrement à
cœur. En effet, beaucoup de gens ne suivent
pas correctement leur traitement mais il ne faut
pas hésiter à se faire aider par des
psychologues et fréquenter des écoles de
l’asthme. J’ai le projet de créer ce type d’école
sur Hyères ou Toulon. J’ai vu tant d’enfants
dans mon métier d’enseignante refuser la
pratique de sport parce qu’ils n’avaient pas
pris leur broncho-dilatateur ! La majorité des
personnes asthmatiques pourraient mener une
vie normale si elles étaient correctement
éduquées. Il est très important que le malade
se prenne lui-même en charge.
en plus de personnes et les allergologues
sont de moins en moins nombreux. J’ai
souvent frappé à la porte de l’Education
Nationale et j’ai monté avec difficulté des
réseaux d’éducation des enseignants. »
Synthèse rédigée pour la Fondation pour la Recherche
Médicale par Editelor. www.editelor.com
Les Journées de la Fondation Recherche
Médicale 2005 ont été organisées avec le
précieux soutien de l'AG2R, l'Assistance
Publique-Hôpitaux de Paris, IDS France,
Matmut, France 5, France Inter, Pleine Vie,
Top Santé, Femme Actuelle et La Vie. En
régions : les Dernières Nouvelles d’Alsace,
France3 Alsace, Ouest-France, France 3
Normandie, Le Dauphiné Libéré, Nice Matin,
France 3 Méditerranée, La Dépêche du Midi et
France 3 Sud.
« En matière d’éducation, l’information fait
défaut, en particulier sur un plan pratique
(aliments de substitution, réseaux
existants…). En tant qu’enseignante,
j’estime que l’éducation ne doit pas
uniquement être dirigée vers le patient
mais vers toute la société car l’intégration à
l’école des enfants atteints d’allergies est
difficile. »
Pr Nicolas Glaichenhaus – Des progrès ont
été faits sur l’accueil de l’enfant allergique à
l’école grâce au lobbying des familles de
patients aidées par les allergologues et
différentes associations. Les PAI (Projet
d’Accueil Individualisé) permettent, depuis cinq
ans, d’accueillir l’enfant à l’école dans des
conditions où il puisse vivre avec son allergie,
recevoir un traitement et avoir éventuellement
un régime approprié. Je pense qu’il appartient
aux associations de patients et aux
allergologues de vous aider.
« Je suis une allergologue passionnée par
mon travail depuis toujours. Je suis
particulièrement satisfaite que l’on parle ici
de l’allergologie pour laquelle le
gouvernement fait peu de choses.
Malheureusement, l’allergie touche de plus
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À propos de la Fondation
pour la Recherche Médicale
Créée en 1947 et reconnue d’utilité publique
depuis 1965, la Fondation pour la Recherche
Médicale a pour mission principale de financer
la recherche médicale grâce aux dons et legs
qu’elle collecte auprès du grand public et des
entreprises.
Ses aides concernent tous les aspects de la
recherche médicale, que celle-ci soit
fondamentale, clinique ou épidémiologique. Et
ceci, dans toutes les disciplines médicales. Le
but est clairement affiché : lutter contre toutes
les maladies, sur tous les fronts.
Grâce à la générosité de ses donateurs, la
Fondation Recherche Médicale est devenue
un acteur majeur de la recherche française.
Depuis sa création, elle a participé à toutes les
grandes découvertes médicales.
à travers sa revue Recherche & Santé, ses
guides « Santé : 100 idées reçues. L’avis des
chercheurs » et son site web www.frm.org.
Elle organise chaque année de nombreuses
rencontres chercheurs / grand public partout
en France pour favoriser le débat scientifique
au sein de notre société. À ce titre, elle s’est
vue attribuer par le Gouvernement le label
« campagne d’intérêt général 2005 ».
Quelques chiffres
► 15 millions d’euros sont consacrés
chaque année à la recherche.
► 440 000 personnes font chaque année un
« don utile » à la Fondation Recherche
Médicale.
► Grâce à ces dons, la Fondation soutient un
chercheur sur trois en France et finance plus
de 700 programmes de recherche chaque
année. Rappelons que la Fondation ne
bénéficie d'aucune subvention et fonctionne
uniquement grâce à la générosité de
particuliers et d’entreprises.
La Fondation Recherche Médicale remplit
également une mission d’information du public
> Bulletin de soutien
Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par
chèque bancaire ou postal à l’ordre de la
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