Le boom des allergies
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Le boom des allergies
« Le boom des allergies ?» la faute à nos modes de vie > SOMMAIRE Pourquoi des Journées de la Fondation Recherche Médicale ? p. 2 Sommes-nous allergiques à trop d’hygiène ? p. 3 Comment organiser la défense contre les allergènes ? p. 4 Recherche : combattre l’allergie à sa source p. 5 Témoignages p. 6 Les réponses à vos questions p. 7 À propos de la Fondation p. 13 Propos recueillis à l’occasion de la 4è édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale, sur le thème « Sommes-nous malades de notre environnement ? ». Le présent débat s’est déroulé le 15 septembre 2005, au Centre universitaire méditerranéen de Nice. Débat animé par Laurent Romejko, journaliste de France 2. Document disponible sur le site web de la Fondation Recherche Médicale www.frm.org Publication : novembre 2005 Crédits photographiques : Fondation pour la Recherche Médicale Avec la participation de : > Pr Frédéric de Blay, Pneumo-allergologue à l’hôpital Lyautey et chercheur à l’Institut de recherche EA 3771 « Inflammation et environnement dans l’asthme » à Strasbourg. > Pr Antoine Magnan, Pneumo-allergologue à l’hôpital Sainte-Marguerite et directeur de l’unité de recherche EA 3287 « Pathologies respiratoires liées à l’environnement » au sein de l’Université de la Méditerranée à Marseille. > Pr Nicolas Glaichenhaus, Vice-président recherche de l’Université et directeur de l’Emi 03-44 « Immunité des Maladies Infectieuses, allergiques et auto-immunes » à Nice. La Fondation pour la Recherche Médicale a été créée en 1947 pour apporter une aide rapide et décisive aux chercheurs dans tous les domaines de la recherche médicale. La Fondation a ainsi participé à toutes les grandes découvertes médicales françaises. Grâce uniquement aux dons et legs privés, elle soutient chaque année 1 chercheur sur 3 et finance environ 700 programmes de recherche. La Fondation Recherche Médicale remplit également une mission d’information pour favoriser le dialogue entre les Français et les chercheurs. A ce titre, elle s’est vue attribuer par le gouvernement le label « campagne d’intérêt général 2005 ». Pour faire un don : Bullletin à découper en dernière page de ce document. À retourner à : Fondation pour la Recherche Médicale 54, rue de Varenne - 75335 Paris cedex 07 Tél. : 01 44 39 75 75 - Fax : 01 44 39 75 99 ou sur sur www.frm.org (rubrique "aidez la recherche") Le boom des allergies y www.frm.org 1 Pourquoi des « Journées de la Fondation Recherche Médicale » ? Plus que jamais, les liens entre environnement et santé sont aujourd’hui au cœur des inquiétudes des Français. Pollution de l’air et de l’eau, risques alimentaires, contamination microbiologique et chimique, rayonnements, stress et bruit… sont autant de facteurs incriminés dans nombre de maladies et auxquels nous sommes tous potentiellement exposés. En outre, les maladies liées directement ou indirectement à notre environnement et à nos modes de vie sont en constante augmentation : cancers, maladies cardiovasculaires, allergies, obésité, stérilité… À titre d’exemple, on estime que 7 à 20 % des cancers seraient imputables à des facteurs environnementaux ! Pourtant, aujourd’hui encore, nombre de questions restent en suspens… Devant le besoin d’information que vous nous manifestez chaque jour, la Fondation Recherche Médicale a décidé en septembre 2005 d’ouvrir ce débat avec vous, en présence des meilleurs experts. La 4e édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale1 a posé, en effet, la question « Sommes-nous malades de notre environnement ? ». Au cours de six débats sur six thématiques différentes et dans six villes de France, un public venu nombreux a pu dialoguer avec les chercheurs et trouver réponses à ses questions. Face à ce questionnement, la Fondation Recherche Médicale a également choisi de lancer, dès 2004, le programme « Défis de la recherche en allergologie2 ». C’est une réelle incitation au développement de recherches sur les origines moléculaires et cellulaires des allergies et sur les pistes de traitements. C’est également une initiative ambitieuse qui n’aurait pu voir le jour sans la générosité et la confiance de ses donateurs - peut-être vous ? -. Cette nouvelle édition des Journées de la Fondation Recherche Médicale est finalement l’occasion de mieux comprendre les enjeux de la recherche et de mesurer le rôle essentiel de la Fondation Recherche Médicale. Joëlle Finidori, Directrice des affaires scientifiques de la Fondation Recherche Médicale 1 visitez le site consacré à l’événement http://www.jfrm.org pour plus d’infos, consultez la page http://www.frm.org/demandez/dem_specifiques_allergie.php 2 Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 2 Sommes-nous allergiques à trop d’hygiène ?* Pr Frédéric de Blay, Pneumo-allergologue à l’hôpital Lyautey et chercheur à l’Institut de recherche EA 3771 « Inflammation et environnement dans l’asthme » à Strasbourg. Indispensable pour nous défendre contre les agresseurs – virus, bactéries, parasites… - le système immunitaire peut aussi s’emballer à tort et développer une hypersensibilité à une substance pourtant inoffensive, alors appelée allergène. Depuis environ trente ans, le nombre de personnes confrontées aux allergies ne cesse d’augmenter. Ce qui porte actuellement à 30 % la part de la population qui a déjà subi une pathologie allergique. Selon certaines estimations, cette proportion devrait atteindre 50% entre 2035 et 2050. Le fonctionnement du système immunitaire repose sur une part d’inné et une part d’acquis. L’inné, c’est en partie la susceptibilité génétique aux allergies, celle que nous héritons de nos parents. Si l’un des deux est allergique, l’enfant aura jusqu’à 50 % de probabilité de l’être à son tour et si les deux parents le sont, ce risque peut atteindre 70%. L’augmentation des allergies constatée est cependant beaucoup trop rapide et régulière pour être due à une mutation génétique. Elle serait plutôt due à des changements environnementaux agissant sur certaines susceptibilités (génétiques) individuelles. C’est pourquoi les spécialistes se penchent sur les changements de mode de vie intervenus ces trente dernières années qui pourraient avoir bouleversé la part « d’acquis » de la réponse immunitaire. Selon ce que les spécialistes appellent « la théorie hygiéniste », le développement de l’hygiène, des vaccins, des antibiotiques, qui évite au système immunitaire d’être stimulé par des infections, l’aurait rendu de plus en plus disponible pour développer des allergies. Ainsi, les enfants soumis à un environnement moins aseptisé (en milieu rural par exemple) développeraient moins d’allergies que les autres. Il faut toutefois nuancer cette idée car toutes les infections ne produisent pas le même effet et ne sont pas sans danger. S’il a été démontré que des infections virales bénignes au niveau digestif ainsi qu’une flore bactérienne intestinale équilibrée réduisent le risque d’allergies, il n’en est pas de même pour les infections cutanées et respiratoires. D’autres peuvent même exacerber les symptômes des allergies, telle l’infection au staphylocoque doré, par exemple, qui aggrave les symptômes de la dermatite du nourrisson. L’augmentation considérable de l’exposition aux allergènes est une autre explication possible à l’augmentation des allergies. Nous mangeons de nombreux produits exotiques qu’on ne rencontrait jamais auparavant, nous respirons de nouvelles espèces de pollens… Ce sont autant de nouveaux allergènes potentiels. La pollution atmosphérique et le tabac, sont eux, incriminés en tant que facteurs facilitants des allergies respiratoires en irritant parfois très profondément la muqueuse des bronches et des poumons. Par exemple, au Japon, les personnes allergiques au pollen de cèdre qui habitent près des grandes voies de circulation ont des symptômes plus intenses que ceux qui en sont éloignés. Les allergies ont des manifestations diverses. Les allergies respiratoires se traduisent par de l’asthme et des rhinites, parfois associées à des syndromes oculaires comme la conjonctivite. Les allergies cutanées recouvrent la dermatite atopique, l’urticaire aiguë, l’œdème de Quincke et l’eczéma de contact. Toutefois, les symptômes se manifestent parfois loin de la « voie d’entrée » de l’allergène. Les allergies alimentaires, par exemple, peuvent se manifester par des problèmes intestinaux, bien sûr, mais aussi cutanés ou respiratoires. Dans les cas les plus graves, elles peuvent même provoquer un choc anaphylactique. Ce dernier, heureusement très rare, est une forme extrême d’allergie. Touchant de multiples organes, il peut se traduire par une mort rapide. Il se caractérise notamment par une obstruction des voies respiratoires supérieures, des spasmes bronchiques, une hypotension et des troubles du rythme cardiaque, une congestion du foie, de la rate… L’anaphylaxie peut survenir suite à un contact avec n’importe quel allergène mais le plus Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 3 souvent, elle est due à une allergie alimentaire (cacahuète…), au venin d’hyménoptère (guêpe, abeille, frelon, etc.) ou à un médicament. *en raison d’un problème technique, l’intervention du Pr de Blay n’a pu être retranscrite. Les propos ci-dessus sont extraits de la revue Recherche & Santé n°102 à laquelle a participé le Pr de Blay. Comment organiser la défense contre les allergènes ? Pr Antoine Magnan Pneumo-allergologue à l’hôpital SainteMarguerite et directeur de l’unité de recherche « Pathologies respiratoires liées à l’environnement » au sein de l’Université de la Méditerranée à Marseille. Connaître l’origine de l’allergie est une difficulté, mais la première est d’identifier les signes cliniques tels qu’une éruption cutanée ou une toux. A l’inverse, un certain nombre de symptômes viennent d’une allergie mais sont négligés. Dans tous les cas, il convient de s’interroger y compris sur de petits désagréments qui paraissent anodins, comme la toux chronique, la toux nocturne (notamment chez l’enfant), le nez qui coule, le nez bouché. Il faut alors se poser la question de savoir s’il s’agit bien d’une allergie et quel en est le facteur déclenchant. > Diagnostiquer l’allergie Le premier geste est de consulter un médecin, afin d’engager un dialogue pour essayer de bien déterminer des coupables. Jacques Charpin avait montré qu’une bonne façon d’approcher le diagnostic d’une allergie est basée sur une unité de lieu, une unité d’action et une unité de temps : l’allergie se déclenche toujours au même endroit, de la même manière et au même moment. La deuxième étape, qui permet de déterminer le terrain, est le test cutané qui consiste à administrer l’allergène sur la peau afin d’observer éventuellement la réaction allergique habituelle. Si l’histoire de la maladie est compatible, on peut s’orienter vers un coupable : le chat, la moisissure, l’acarien, le pollen, etc. Lorsque les recherches sont vaines, il faut collaborer entre le médecin et le malade, réfléchir, afin de déterminer pour les fois suivantes comment vont se développer les manifestations, par exemple une crise d’urticaire au cours d’une exposition particulière qui a pu échapper au médecin. > Traiter l’allergie Lorsque l’allergène est identifié, on peut s’en débarrasser. Le cas le plus flagrant et qui devrait être le plus simple est celui de l’allergie professionnelle. En effet, un certain nombre d’allergènes étant bien identifiés, en supprimant l’exposition, la maladie est guérie, comme dans le cas du latex ou de la farine pour le boulanger. Notons qu’il est parfois difficile de proposer des reclassements à ces personnes. L’allergie au chat apparaît plus simple à résoudre, il suffit de se débarrasser du chat, même si l’attachement à l’animal rend la séparation parfois douloureuse. Mais il est très difficile de limiter le nombre d’acariens, et une stratégie d’éviction des pollens est illusoire. Dans ces cas-là, nous entrons dans une maladie chronique. Il va falloir « faire avec » et « au mieux avec ». Le mieux sera fait à condition que le malade luimême connaisse très bien la maladie. Il faudra observer ce qui déclenche les symptômes pour pouvoir les éviter. Il faudra connaître les traitements, savoir lesquels sont efficaces, à quel moment on doit les prendre ou les augmenter, non pas pour guérir mais pour contrôler la maladie. Les traitements de fond visent d’abord à se débarrasser le plus possible de l’allergène. Procéder à des tests cutanés, discuter avec un allergologue en sont la base. En effet, mieux on connaît les allergènes auxquels on est sensibles, mieux on pourra être en mesure de les éviter soi-même. Les traitements existent, leur prise doit être quotidienne et continue. S’ils respectent bien la prescription, les asthmatiques (y compris dans les formes sévères) peuvent avoir une vie normale. Au cours des vingt dernières années, nous avons vu apparaître la corticothérapie d’action locale qui n’a pas les effets secondaires de la corticothérapie par voie générale. Dans le traitement de l’asthme, Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 4 les broncho-dilatateurs ont une plus longue durée d’action. La vie des patients a pu être transformée et, dans la grande majorité des cas, les asthmatiques ont pu reprendre une vie normale et faire du sport, puisque la pratique régulière d’une activité physique chez l’asthmatique est fortement encouragée. Recherche : combattre l’allergie à sa source Pr Nicolas Glaichenhaus Vice-président recherche de l’Université et directeur de l’Emi 03-44 « Immunité des Maladies Infectieuses, allergiques et autoimmunes » à Nice. Les épidémiologistes ont fait des progrès considérables pour identifier les facteurs favorisants et les facteurs de risques. Pour l’avenir, il faut essayer d’identifier de nouvelles pistes. Les cliniciens peuvent étudier, à partir de prélèvements humains, quels types de cellules se trouvent dans le produit d’expectorations, par exemple. > Développer des modèles animaux Une autre voie adoptée par des chercheurs un peu plus fondamentalistes consiste à développer des modèles animaux afin de mieux disséquer les mécanismes intimes, mieux identifier les cellules et les molécules qui jouent un rôle dans le développement de la maladie. Les chercheurs expérimentent sur les animaux car le comportement de ceux-ci ressemble à celui des hommes mais, surtout, ils utilisent les animaux pour essayer de comprendre comment se développe la maladie. Par exemple, on injecte la protéine du blanc d’œuf (après l’avoir purifiée) à une souris en laboratoire. Ensuite, on donne des aérosols de cette même protéine et l’on s’aperçoit que la souris développe des signes cliniques ressemblant très fortement à ceux développés par les patients qui font une allergie respiratoire. Cette expérience est reproductible. Afin d’intervenir et d’identifier les cellules ou les molécules qui jouent un rôle, on peut analyser les poumons des souris ; on peut également utiliser des souris mutantes à qui il manque une protéine particulière et comparer avec des souris normales. Si une différence est constatée, cela signifie que la protéine manquante est impliquée dans la maladie. On peut surtout utiliser ces souris pour tester en phase pré clinique un certain nombre de traitements et observer si ceux-ci vont diminuer les symptômes de la maladie et, même, empêcher la souris de développer la maladie. > Comprendre le système immunitaire dans sa globalité Un autre type d’étude encore plus fondamentale consiste à essayer de comprendre de manière générale comment fonctionne le système immunitaire. Dans le cas des allergies, nous pouvons dire que le système immunitaire s’emballe, donne une réponse de manière tellement inadaptée que des signes cliniques vont apparaître. En fait, il se détourne de son rôle bénéfique pour devenir néfaste à l’individu. Toute recherche qui va tenter de comprendre le fonctionnement du système immunitaire en général aura des retombées et pourra éventuellement déboucher sur de nouveaux traitements dans le cadre des allergies, mais également dans le cadre de maladies auto-immunes, de cancers ou autres. Les immunologistes ont redécouvert, depuis une dizaine d’années, un type cellulaire (cellules T régulatrices) que nous possédons tous dans notre organisme et qui empêche notre système immunitaire de s’emballer. On peut manipuler ces cellules et les inciter à être plus efficaces afin qu’elles inhibent les réponses immunitaires. Une recherche de ce type va permettre de mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement du système immunitaire et, par voie de conséquence, de développer de nouveaux traitements non seulement pour les allergies, mais pour toutes les maladies dans lesquelles le système immunitaire est impliqué. Voilà un exemple de recherche fondamentale qui aura des conséquences très pratiques pour le développement de nouveaux traitements. Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 5 Témoignages Laurent Romejko – En 2004, la Fondation pour la Recherche Médicale a lancé un programme spécifique « Défis de la recherche en allergologie ». Valérie Julia, vous avez reçu une aide de la Fondation dans le cadre de ce programme… Valérie Julia – La Fondation pour la Recherche Médicale m’avait déjà aidée en tant qu’étudiante pour terminer ma thèse. J’ai reçu une aide indispensable et de forte importance, soit une dotation sur trois ans s’élevant à un peu moins de 300 000 € pour aider le laboratoire notamment sur les deux axes fondamentaux de recherche : l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques et les lymphocytes T régulateurs. Cette aide nous permet également d’aller vers les laboratoires de recherche clinique puisque nous ne pouvons pas valider nos recherches sur des modèles animaux sans passer par le stade de validation de ces cibles chez l’homme. L’aide apportée par la Fondation pour la Recherche Médicale nous a permis de faire justement cette jonction avec le Pr Antoine Magnan. Laurent Romejko – Merci à vous tous qui permettez que la Fondation pour la Recherche Médicale aide Valérie Julia et toutes les équipes. Des traitements sont actuellement en phase d’essais. Florence Dumas, l’une des patientes du professeur Magnan, est présente parmi nous et profite de ces nouveaux traitements. Professeur Magnan, pouvez-vous nous en dire plus avant que nous ne lui donnions la parole ? recherche immunologique, en particulier ces dernières années, a été axé sur des traitements plus ciblés. Dans l’allergie, le dérèglement provient notamment de l’IgE et la recherche s’oriente particulièrement sur le développement des anticorps contre l’IgE. Ce traitement est un peu compliqué mais bien toléré et surtout, il permet de réduire la cortisone. L’objectif principal est d’atteindre le sevrage de la cortisone par voie générale. Florence Dumas – Je suis ce traitement depuis fin décembre 2004. Il m’apporte des améliorations, je ne prends plus de cortisone depuis fin mai. Malheureusement, je suis obligée d’avoir recours à la cortisone de façon ponctuelle. Vingt-cinq ans de cortisone laissent beaucoup de traces. A quarante ans, je présente une ostéoporose comme une dame de soixante-quinze ans. J’ai également des problèmes de poids. Les traitements aident les malades à vivre correctement la plupart du temps et le nouveau traitement était porteur de beaucoup d’espoir. La guérison n’interviendra pas mais nous espérons que d’autres recherches aboutiront pour que nous puissions vivre normalement. Laurent Romejko – Votre confort de vie a été amélioré mais vous pensez qu’il reste encore de la marge. Florence Dumas – Je vais tout de même devoir renoncer à toute activité professionnelle. Le confort de vie s’est un peu amélioré, je ne suis plus cortico- dépendante 24 heures sur 24. Pr Antoine Magnan – Chez certains asthmatiques allergiques, la responsabilité de l’allergène intervient de temps en temps mais ils souffrent d’une maladie inflammatoire chronique qui les handicape en permanence. Le seul recours pour ces malades est la cortisone, comme pour toutes les allergies chroniques. Par contre, les effets secondaires sont redoutables : la fonte musculaire, la fragilité osseuse, etc. Il faut donc trouver une autre solution. Le développement de la Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 6 Les réponses à vos questions « Qu’entend-on par « trop d’hygiène » au quotidien ? » Pr Frédéric de Blay – La notion de « trop d’hygiène » n’a jamais été définie. Nous avons mesuré les endotoxines et avons étudié le cas de personnes qui vivent avec de nombreux chats. Ces personnes ne développent pas d’allergie car les chats libèrent beaucoup d’endotoxines qui stimulent le système immunitaire contre la défense anti-infectieuse et l’allergie. Je n’ai pas de réponse à cette question. Pr Antoine Magnan – Pour compléter la réponse, l’hypothèse hygiéniste « trop d’hygiène » s’adresse à un mode de vie de l’ensemble d’une population. L’hygiène a contribué à diminuer considérablement les maladies infectieuses. Prévenir l’allergie par l’hygiène n’a aucun sens. «En matière d’hygiène à l’intérieur de la maison, peut-on se fier à des appareils censés délivrer des ions négatifs et purifier l’atmosphère ? Dans l’affirmative, pouvezvous nous expliquer le fonctionnement ? » Pr Frédéric de Blay – Différents appareils purificateurs d’air ont été comparés. Malheureusement, il n’a jamais été démontré la moindre efficacité avec les ioniseurs. Les seuls purificateurs d’air sont les aspirateurs munis de filtres HEPA ou les électroprécipitateurs. « Peut-on être allergique à tout et n’importe quoi ? Tout peut-il devenir potentiellement un allergène ? » Pr Frédéric de Blay – Nous ne pouvons pas définir de caractéristiques communes à l’ensemble des allergènes. En revanche, nous avons remarqué qu’il s’agit souvent d’enzymes. L’on peut bien sûr être allergique au cheval, au latex, etc. En revanche, les produits chimiques sont souvent accusés de provoquer des allergies alors que souvent, les allergènes sont des glucoprotéines. Nous avons pu observer que 50 % des personnes allergiques au pollen de bouleau le sont également à la pomme parce qu’ils contiennent une même protéine ; le traitement chimique éventuel n’est pas du tout en cause. « L’allergie aux produits laitiers est-elle une réalité aujourd’hui ? Est-elle en recrudescence ? Les produits d’origine végétale de type soja sont-ils un bon moyen de substitution et l’organisme les assimile-t-il correctement ? » Pr Frédéric de Blay – Nous observons une augmentation des allergies alimentaires dont fait partie celle aux produits laitiers, importante chez l’enfant. Aucune étude n’a démontré l’intérêt du soja dans la prévention des allergies alimentaires. « Peut-on démentir les idées reçues selon lesquelles en supprimant le lait, l’allergie disparaît ? Sommes-nous tous allergiques au lait ? » Pr Frédéric de Blay – Présenter un test positif au lait ne signifie pas qu’un enfant (le plus souvent touché) est cliniquement allergique. Il faut le prouver par un test de provocation. « Ma fille souffre d’allergie alimentaire se traduisant par des urticaires géantes au contact avec la moindre protéine de lait. J’ai dû interrompre l’allaitement au 7ème mois car apparemment, il aggravait son allergie. Si j’ai un second enfant, dois-je l’allaiter ou lui donner des laits médicalisés ? » Pr Antoine Magnan – D’une façon générale, nous recommandons l’allaitement. L’intolérance aux protéines de lait de vache peut être induite lorsque les mamans qui allaitent consomment beaucoup de lait. Il y a alors passage, dans le lait maternel, de protéines de lait de vache. « Où en sont les connaissances actuelles au sujet des allergies au gluten ? » Pr Frédéric de Blay – L’intolérance au gluten peut exister de façon naturelle chez les jeunes enfants et s’installer par la suite. Il ne s’agit pas de mécanismes allergiques mais d’une maladie purement digestive due à d’autres types d’anticorps : les IgA. L’intolérance au gluten ne rentre pas dans le cadre de l’allergie Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 7 mais oblige à suivre un régime sans gluten. Il est particulièrement difficile d’en poser le diagnostic absolu, réalisé par un spécialiste en gastro-entérologie au cours d’un examen de l’intestin. La fréquence des intolérances, dont on peut avoir l’impression qu’elle augmente, relève d’intolérances transitoires. « Pourquoi avez-vous nommé le sélénium et l’oméga 3 ? » Pr Frédéric de Blay – Des études épidémiologiques ont concerné le sélénium et l’oméga 3. De nombreux facteurs ont été étudiés : l’environnement dans l’air, l’environnement digestif. Il convient de se montrer très prudents vis-à-vis d’une étude qui a pu être menée à un moment donné sur les effets des oméga 3 sur l’allergie. « Quelle stratégie les chercheurs ont-ils adoptée vis-à-vis du domaine agroalimentaire ? » Pr Nicolas Glaichenhaus – Vous me demandez sans doute si les OGM peuvent provoquer des allergies. Nous collaborons avec des entreprises agro-alimentaires qui commercialisent des produits transgéniques. Dans leurs recherches, ils testent obligatoirement sur les animaux la capacité de ces produits à générer des réactions allergiques. A ma connaissance, jusqu’à présent, il n’a pas été montré que les produits transgéniques induisaient des allergies. « Comment éviter la récidive en matière d’allergie au bouleau sachant qu’elle survient toujours au même moment de l’année ? » raison psychosomatique. Par contre, si vous êtes asthmatiques et subissez un stress important, il a été démontré que les crises d’asthme surviennent. Pr Antoine Magnan – En ce qui concerne le déclenchement d’une allergie chez des asthmatiques sévères, il ne faut pas en chercher la raison dans la psyché au départ. En revanche, des émotions, des stress, des périodes particulièrement difficiles peuvent déclencher des symptômes et entretenir des symptômes chroniques. Ces éléments font partie de la prise en charge de la maladie, de l’hygiène de vie au sens large, pour éviter le déclenchement des symptômes. « Qu’en est-il de la vaccination aujourd’hui pour les enfants exposés aux allergènes dans les fermes ? Y a-t-il eu des études entre vaccination, allergies et asthme ? A quel âge un enfant doit-il être vacciné ? » Pr Frédéric de Blay – Nous disposons d’études transversales sur la vaccination, c’est-à-dire une photographie à un moment donné et, dans ce cas, nous ne pouvons pas établir de relation de cause à effet. D’après certaines études, des personnes vaccinées vont se révéler plus allergiques que celles qui ne l’ont pas été. D’après d’autres études, nous ne trouvons aucune différence entre les deux types de population. Il ne faut pas aller trop loin en ce qui concerne les études épidémiologiques et les photographies car la relation de cause à effet n’a jamais été démontrée. Il convient donc de se montrer très prudents. L’âge de la vaccination n’a aucun effet. Pr Nicolas Glaichenhaus – Venez vivre dans le Midi… ! La saison des pollens d’arbres est bien identifiée. Le traitement doit commencer une quinzaine de jours auparavant pour se terminer en fin de saison. Un traitement intermittent peut être suffisant chez des patients sensibles uniquement au bouleau. « Peut-on développer une allergie pour une raison psychosomatique ? » « Y a-t-il des mesures particulières à prendre vis-à-vis des antibiotiques ? » Pr Frédéric de Blay – Il n’a jamais été observé qu’une allergie pouvait se développer pour une Pr Antoine Magnan – Aucune mesure particulière n’est à prendre si aucune réaction Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 8 n’a eu lieu avant. En cas de manifestation allergique, il faut d’abord la prouver par des tests et généralement, l’allergie vaut pour toute la classe d’antibiotiques, ceux que l’on utilise le plus et qui sont les pénicillines. Le médecin devra apprécier la nécessité du traitement ou la possibilité d’utiliser un antibiotique d’une autre classe. Pr Frédéric de Blay – Autant pour les pénicillines nous disposons de tests cutanés, autant pour les autres tests cutanés nous sommes souvent pris en défaut. En cas d’allergie alimentaire, nous pratiquons très souvent des tests de provocation si nous voulons apporter des preuves. Neuf fois sur dix, l’allergie mentionnée à tel ou tel médicament sur le carnet de santé de l’enfant n’a pas été réellement prouvée. « J’ai deux enfants qui ont des allergies, j’ai moi-même découvert incidemment une allergie au sparadrap. Avant une intervention chirurgicale, le patient doit remplir un questionnaire mais il est dans l’incapacité de répondre à la question concernant les allergies. Les chercheurs font-ils des recherches pour que nous puissions disposer de tests destinés aux personnes devant subir une intervention chirurgicale ? » Pr Antoine Magnan – Nous avons étudié cette question car des produits utilisés en anesthésie peuvent déclencher des réactions allergiques. Une étude a été lancée à Marseille il y a quelques années pour le latex qui fait partie des allergies per-opératoires, ainsi que pour les myorelaxants, médicaments utilisés au cours des anesthésies générales. Dans les deux cas, il est apparu que 6 % de la population avait des tests cutanés positifs sans avoir pour autant une allergie. Ces tests diagnostics sont pertinents à condition qu’il y ait une histoire clinique compatible. Il ne faut pas entrer dans ces stratégies de dépistage qui conduiraient à priver inutilement bon nombre de patients de la possibilité de bénéficier de traitements dont ils ont besoin. L’allergie per-opératoire est bien contrôlée par les anesthésistes mais il est préférable que le patient qui connaît ses allergies puisse les préciser avant l’intervention chirurgicale. « Y a-t-il un terrain génétique ? Cette question est souvent posée aux personnes allergiques, mais nous n’avons pas toujours l’information sur un carnet de santé. » Pr Antoine Magnan – L’atopie ou la tendance à développer des allergies est héréditaire. Il faut l’intervention à la fois de l’environnement et de l’hérédité pour que la maladie se déclare. Contrairement au cas de la mucoviscidose où un gène donne une maladie, de très nombreux gènes sont en cause dans l’allergie, et qui ne sont pas les mêmes d’une population à l’autre. Pr Nicolas Glaichenhaus – La recherche a permis d’identifier ces gènes et leurs produits, c’est-à-dire les protéines pour lesquels ils codent. Cette piste de recherche est intéressante car elle signifie que telle protéine est typiquement une cible significative et que si l’on arrive à la bloquer par des médicaments adaptés, on pourra essayer de formuler de nouveaux traitements. Pr Antoine Magnan – L’allergie au lait et l’allergie alimentaire citées tout à l’heure me font rappeler ces fameuses cellules T régulatrices. L’allergie au lait chez l’enfant disparaît spontanément et il a été montré que ces lymphocytes T régulateurs, déficitaires au départ, réapparaissent de façon spontanée. Par contre, chez les enfants qui restent allergiques, ces mêmes lymphocytes n’apparaissent pas. Cette piste est véritablement très importante. En effet, si nous parvenions à prélever ces cellules, les activer et les stimuler afin de les réinjecter chez les patients atteints le plus sévèrement, nous aurions une amélioration. Ce ne sont que des prémices, mais je tenais à vous en faire part car c’est typiquement cette thématique de recherche que nous voulons aborder, avec des chercheurs fondamentaux comme Nicolas Glaichenhaus ou Valérie Julia qui sont soutenus par la Fondation pour la Recherche Médicale, et mon équipe qui cherche à faire l’application clinique des résultats obtenus chez les animaux. « Qu’est-ce qu’une urticaire géante ? Un œdème de Quincke ? Quelles en sont les origines et, de manière générale, quelles peuvent être les différentes manifestations des allergies ? » Pr Antoine Magnan – Frédéric de Blay et moimême sommes pneumologues et surtout impliqués en allergologie respiratoire. Les Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 9 urticaires géantes sont, le plus souvent, la conséquence d’une allergie alimentaire pour laquelle la démarche de diagnostic est la même. Il convient d’interroger le malade et de pratiquer des tests. En matière d’allergie alimentaire, il faut parfois pratiquer les tests avec les aliments eux-mêmes et, s’ils sont négatifs, faire des tests de provocation sur la lèvre afin de provoquer cette réaction uniquement sur la lèvre, ce qui n’est pas très grave. Cela permet d’incriminer les aliments impliqués. Parfois, le diagnostic est difficile. De plus, toutes les urticaires géantes ne sont pas d’origine allergique, elles peuvent provenir de certaines maladies de système et parfois par le pouls, en tout cas entretenues par des origines psychosomatiques. Il en est de même pour l’œdème de Quincke. Les manifestations d’urticaire géante ou d’œdème de Quincke peuvent aussi être provoquées par des médicaments. Dans ce cas, il faut les identifier, les tester et trouver des solutions de remplacement si le médicament est nécessaire. « Qu’en est-il du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple ? » Pr Frédéric de Blay – Le syndrome d’hypersensibilité chimique multiple atteint des personnes exposées à un bouillon chimique et qui, par la suite, auront une intolérance à certains produits chimiques, au parfum ou à certaines odeurs. Cette maladie est très difficile pour le raisonnement des médecins qui souhaitent avoir des données objectives. Malheureusement, nous ne possédons pas de test pour ce syndrome et les patients présenteront une fatigue, une irritabilité de la gorge ou des bronches, des sensations d’arthralgie. Nous disposons d’une centaine de publications sur ce syndrome mais nous n’avons pas de données objectives véritables. En tant que clinicien et pour avoir vu un certain nombre de personnes, c’est une entité qui existe. Laurent Romejko – Des travaux de recherche sont-ils en cours ? Pr Frédéric de Blay – Oui, l’on s’oriente beaucoup sur l’hypothèse neurologique qui pourrait ressembler à une sorte de phobie. Toutefois, nous n’avons pas de test objectif qui permette de recueillir des données précises. La prudence est de mise face à ces maladies. « Quid de l’asthme à l’effort ajouté à l’allergie? » Pr Antoine Magnan – L’asthme à l’exercice est très fréquent et très souvent associé aux autres formes d’asthme. Un traitement peut être administré quelques jours avant l’exercice physique afin que la personne asthmatique puisse pratiquer du sport normalement. « J’ai un petit garçon qui a développé une allergie alimentaire depuis l’âge de six mois alors qu’il était allaité exclusivement au sein. S’y ajoute une intolérance au gluten, au riz, à l’arachide, aux légumineuses, etc. Un test de provocation a entraîné cinq heures de coma pour un gramme de blé. Avons-nous d’autres indicateurs fiables pour estimer le degré d’allergie ? D’autre part, les traitements nouveaux qui permettent de mieux stabiliser l’asthme sont-ils accessibles aussi aux jeunes enfants ? » Pr Antoine Magnan – Votre exemple montre la nécessité de poursuivre des efforts importants et soutenus sur les mécanismes des maladies allergiques et leur traitement. Vous vivez l’expression maximale de l’allergie alimentaire du jeune enfant et pour laquelle nous sommes totalement démunis, à moins d’une éducation drastique avec une inquiétude de tous les instants. Les efforts de recherche accomplis sur le ciblage des molécules responsables de l’allergie, en particulier des IgE, visent à des thérapeutiques porteuses d’espoir pour ces enfants-là. Pour l’instant, dans l’indication de l’asthme allergique, les anticorps monoclonaux et anticorps IgE sont délivrés chez l’asthmatique sévère et réservés aux formes les plus graves. Des traitements permettent effectivement d’équilibrer les patients, ils intéressent 80 % des malades. Malheureusement, pour les 20 % qui restent, la plupart vivent un cauchemar et vous en faites partie. Votre témoignage montre bien pourquoi il faut soutenir cette recherche. « Ma fille souffre d’allergies et d’intolérances multiples. Je suis personnellement intolérante au lait mais j’en consomme du fait de mon ostéoporose. Je suppose que ces intolérances s’aggravent avec le temps et que certaines personnes sont moins Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 10 favorisées que d’autres. Certains médecins que j’ai consultés m’ont parlé de dégranulation. Avant la naissance de ma deuxième fille, un médecin homéopathe m’a proposé un protocole de désensibilisation avec une isothérapie que l’on m’a déconseillé. Y a-t-il eu des essais à ce sujet ? D’autre part, est-il exact que certains tests sont positifs avec des allergènes dont le malade n’a jamais été en contact ?» Pr Nicolas Glaichenhaus – Je pense que vous êtes intolérante aux produits lactés et qu’il faut soigner votre ostéoporose d’une autre manière. Des essais sérieux en matière d’homéopathie se sont avérés négatifs. Il faut rester dans le domaine du rationnel. Quant aux tests cutanés positifs pour des allergènes auxquels le malade n’a pas été exposé, il s’agit du principe des allergies croisées. En effet, des protéines sont communes dans plusieurs substances différentes. « Existe-t-il des résistances aux traitements au long cours tels que les bronchodilatateurs ou les anti-histaminiques ? » Pr Antoine Magnan – Il n’y a pas d’accoutumance ou nécessité d’augmenter les doses pour les traitements tels que les broncho-dilatateurs, les anti-histaminiques, les corticoïdes d’action locale. Simplement, la maladie peut s’aggraver. Avoir besoin d’autres thérapeutiques est d’ailleurs souvent le signe d’une aggravation de la maladie. Nous avons besoin de réfléchir à de nouvelles pistes car nous voyons que les anti IgE, malgré tout, apportent un mieux être mais restent limités. Ce sont précisément les études épidémiologiques, avec cette hypothèse de l’hygiène dont nous parlions au départ, qui servent à établir éventuellement de nouveaux traitements. Qu’est-ce qui fait que le système immunitaire n’a pas réagi comme il le fallait dans la petite enfance et que l’allergie s’est développée ? Peut-être s’agit-il d’une éducation du système immunitaire et que l’absence de microbes l’a empêchée ? Toutes ces études des mécanismes de tolérance visà-vis des agents extérieurs vont se développer. « La presse aurait fait état de la découverte imminente et fondamentale d’un récepteur qui empêcherait l’apparition des crises d’asthme. Qu’en est-il ? » Pr Nicolas Glaichenhaus – Cette découverte faite par Valérie Julia concerne une souris à laquelle il manque un gène récepteur et qui, contrairement aux autres souris « normales », n’arrive pas à développer la maladie. Si on lui injecte une protéine et si on lui donne des aérosols de cette même protéine, la souris ne présente pas de signes cliniques. La perspective de traitement est de parvenir à bloquer cette protéine avec des anticorps. Il ne s’agit pour l’instant que de la première pièce d’un puzzle. Il faudra confirmer que cette cible thérapeutique intéressante joue un rôle chez l’homme, d’où l’intérêt de la collaboration entre Valérie Julia et Antoine Magnan. Malgré tous les efforts des chercheurs, le développement d’un nouveau traitement exige beaucoup de temps. « Je souffre régulièrement de bronchite asthmatiforme traitée massivement par des antibiotiques à défaut d’autres traitements possibles. » Pr Nicolas Glaichenhaus – La bronchite asthmatiforme n’existe pas, il s’agit d’asthme qui doit être traité comme tel, en tout cas pas avec des antibiotiques. « Je pratique la course à pied et souffre très souvent de bronchite asthmatique. Avec le traitement de fond très efficace dont je bénéficie actuellement, puis-je caresser l’espoir de récupérer ma capacité de souffle ? » Pr Nicolas Glaichenhaus – Oui, mais vous devrez conserver le traitement. « Peut-on guérir d’un rhume des foins ? » Pr Nicolas Glaichenhaus – Ce n’est pas certain. La désensibilisation avec l’éviction constituent le seul vrai traitement spécifique de l’allergie à l’heure actuelle qui est efficace dans la majorité des cas. L’allergie revient quelques années après l’arrêt de la désensibilisation mais ce traitement permet de se débarrasser du rhume des foins. « La cortisone a-t-elle une incidence sur la croissance des enfants ? » Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 11 Pr Antoine Magnan – Oui, la cortisone par voie générale a une incidence sur la croissance des enfants. Toutefois, dès que l’interruption de son administration est possible, la croissance sera rattrapée. C’est plus difficile pour la corticothérapie par voie générale à très fortes doses. En revanche, les corticoïdes par voie locale n’ont aucune incidence sur la croissance des enfants. Florence Dumas – L’éducation des asthmatiques me tient particulièrement à cœur. En effet, beaucoup de gens ne suivent pas correctement leur traitement mais il ne faut pas hésiter à se faire aider par des psychologues et fréquenter des écoles de l’asthme. J’ai le projet de créer ce type d’école sur Hyères ou Toulon. J’ai vu tant d’enfants dans mon métier d’enseignante refuser la pratique de sport parce qu’ils n’avaient pas pris leur broncho-dilatateur ! La majorité des personnes asthmatiques pourraient mener une vie normale si elles étaient correctement éduquées. Il est très important que le malade se prenne lui-même en charge. en plus de personnes et les allergologues sont de moins en moins nombreux. J’ai souvent frappé à la porte de l’Education Nationale et j’ai monté avec difficulté des réseaux d’éducation des enseignants. » Synthèse rédigée pour la Fondation pour la Recherche Médicale par Editelor. www.editelor.com Les Journées de la Fondation Recherche Médicale 2005 ont été organisées avec le précieux soutien de l'AG2R, l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, IDS France, Matmut, France 5, France Inter, Pleine Vie, Top Santé, Femme Actuelle et La Vie. En régions : les Dernières Nouvelles d’Alsace, France3 Alsace, Ouest-France, France 3 Normandie, Le Dauphiné Libéré, Nice Matin, France 3 Méditerranée, La Dépêche du Midi et France 3 Sud. « En matière d’éducation, l’information fait défaut, en particulier sur un plan pratique (aliments de substitution, réseaux existants…). En tant qu’enseignante, j’estime que l’éducation ne doit pas uniquement être dirigée vers le patient mais vers toute la société car l’intégration à l’école des enfants atteints d’allergies est difficile. » Pr Nicolas Glaichenhaus – Des progrès ont été faits sur l’accueil de l’enfant allergique à l’école grâce au lobbying des familles de patients aidées par les allergologues et différentes associations. Les PAI (Projet d’Accueil Individualisé) permettent, depuis cinq ans, d’accueillir l’enfant à l’école dans des conditions où il puisse vivre avec son allergie, recevoir un traitement et avoir éventuellement un régime approprié. Je pense qu’il appartient aux associations de patients et aux allergologues de vous aider. « Je suis une allergologue passionnée par mon travail depuis toujours. Je suis particulièrement satisfaite que l’on parle ici de l’allergologie pour laquelle le gouvernement fait peu de choses. Malheureusement, l’allergie touche de plus Journées de la Fondation Recherche Médicale y Le boom des allergies y www.frm.org 12 À propos de la Fondation pour la Recherche Médicale Créée en 1947 et reconnue d’utilité publique depuis 1965, la Fondation pour la Recherche Médicale a pour mission principale de financer la recherche médicale grâce aux dons et legs qu’elle collecte auprès du grand public et des entreprises. Ses aides concernent tous les aspects de la recherche médicale, que celle-ci soit fondamentale, clinique ou épidémiologique. Et ceci, dans toutes les disciplines médicales. Le but est clairement affiché : lutter contre toutes les maladies, sur tous les fronts. Grâce à la générosité de ses donateurs, la Fondation Recherche Médicale est devenue un acteur majeur de la recherche française. Depuis sa création, elle a participé à toutes les grandes découvertes médicales. à travers sa revue Recherche & Santé, ses guides « Santé : 100 idées reçues. L’avis des chercheurs » et son site web www.frm.org. Elle organise chaque année de nombreuses rencontres chercheurs / grand public partout en France pour favoriser le débat scientifique au sein de notre société. À ce titre, elle s’est vue attribuer par le Gouvernement le label « campagne d’intérêt général 2005 ». Quelques chiffres ► 15 millions d’euros sont consacrés chaque année à la recherche. ► 440 000 personnes font chaque année un « don utile » à la Fondation Recherche Médicale. ► Grâce à ces dons, la Fondation soutient un chercheur sur trois en France et finance plus de 700 programmes de recherche chaque année. Rappelons que la Fondation ne bénéficie d'aucune subvention et fonctionne uniquement grâce à la générosité de particuliers et d’entreprises. La Fondation Recherche Médicale remplit également une mission d’information du public > Bulletin de soutien Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par chèque bancaire ou postal à l’ordre de la Fondation pour la Recherche Médicale, un don de : 20 euros 25 euros 30 euros 40 euros 50 euros autre ………….. M. Mme Mlle M. et Mme NOM ………………………………………………… Prénom……………………………………………… Adresse……………………………………………… ……………………………………………………….. Code postal I_I_I_I_I_I Ville……………………. ……………………………………………………….. E-mail ……………………………………………….. Déduction fiscale : 66% de votre don est déductible de vos impôts à concurrence de 20% de votre revenu imposable. 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