Désorientation Professionnelle

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Désorientation Professionnelle
presente
Desorientation
Professionnelle
Qu’est-ce que tu veux faire, quand tu seras grand ?
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Désorientation Professionnelle
Préambule
[Voix off. Photos et vidéos défilent sur un écran.]
Alex : Depuis tout petit, et j’imagine que c’est pareil pour vous, on m’a toujours demandé
ce que je voulais faire plus tard. Ils sont marrants les adultes quand même. Ils posent la
question à un gosse et s’émerveillent quand le petit garçon répond qu’il veut être policier,
pompier, ou astronaute, ou quand la petite fille leur dit maîtresse d’école, princesse, ou
jardinière. De toute façon, à un moment donné, les gosses changent d’avis, sinon tous les
hommes du monde seraient soit policier, soit pompier, soit astronaute. Or on sait bien que
ce n’est pas le cas car sinon il y aurait pas de contrôleurs d’impôts, d’employé de la voirie
ou de président des Etats-Unis. Et il faut que quelqu’un, à un moment donné, dise aux
petites filles que princesse, c’est pas un métier d’avenir…
Alors moi, quand on me posait la question, je répondais que je savais pas, mais que je
savais en tout cas ce que je voulais pas faire.
Dès le moment ou j’ai débarqué sur cette terre, j’ai uriné sur le docteur, et j’ai su que je
voulais pas devenir médecin.
Quelques années après, c’est en vomissant dans les cheveux de ma maîtresse de jardin
d’enfants que j’ai su que l’enseignement n’était pas fait pour moi.
Toutes les fois où j’ai mouillé mon lit, je me suis juré que je serais jamais femme au
foyer.
J’ai assez vite écarté toute carrière dans le sport [photo d’Alex tout plâtré…]
Quant à artiste, je ne me suis pas fait d’illusions longtemps [photo peinture horrible]
En fait, à chaque fois qu’il m’arrivait un truc, j’éliminais une profession. Au début, mes
parents trouvaient ça mignon, comme n’importe quel parent du monde trouve mignon la
moindre idiotie de son enfant. Mais au bout d’un moment, ils trouvaient ça moins
mignon, au fur et à mesure que je devenais moins mignon moi-même. Et quand j’ai eu 18
ans, et toujours pas la moindre vocation à l’horizon, c’était plus mignon du tout, c’était
carrément inquiétant…
C’est ici que l’histoire commence. Je venais de terminer mes examens de baccaulauréat,
période pendant laquelle j’ai décrété que je ne serais jamais expert, cuisinier à la cantine
ou pharmacien, au cours de trois incidents distincts, mais dont le point commun fut la
cuvette des WC.
Mon meilleur ami, un charmant jeune homme répondant au doux prénom de Christophe,
avait eu la présence d’esprit d’échouer, et on devait donc mettre une croix sur notre envie
de prendre un appartement en colocation ensemble. Jusqu’à qu’il débarque chez moi
quelques jours après les résultats.
Acte 1
Acte 1, Scène 1
A : J’ai cru que tu voulais pas sortir de chez toi tant que t’avais pas fait un profond travail
sur toi-même.
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C : Moi aussi ça m’fait plaisir de te voir. T’as raison, je m’étais puni, mais c’était
seulement parce que j’avais raté mon bac.
A : Ah, et en deux jours, y a prescription ?
C : Tu sais que j’ai raté à cause du français. Et j’ai refusé de te dire quel sujet j’ai choisi
et ce que j’ai écrit.
A : Oui, je sais toujours pas pourquoi, d’ailleurs.
C : J’avais peur pour mon intégrité physique… J’ai choisi le sujet sur le risque.
A : C’était quoi, déjà ?
C : Y avait deux phrases. Une de Noctuel, écrivain français peu connu, et une de Nicolas
Sarkozy, français connu peu écrivain. [Récite] « L'oisif est un individu qui préfère ne
rien faire qui serve à quelque chose plutôt que de risquer de faire quelque chose qui ne
serve à rien” disait Noctuel.
A: Et Sarko?
C: “Le pire risque, c'est celui de ne pas en prendre.”
A : Ah oui je me rappelle maintenant. J’ai pas pris ça, la donnée c’était « faites discuter
ces deux citations », non ?
C : Ouais.
A : J’ai zappé, ça m’inspirait pas, une discussion entre deux citations… T’as écrit quoi
alors ?
C : Le risque, c’est ça.
A : Et ?
C : Point.
A : Attends. Tu as écrit quatre mots ?
C : Treize lettres.
A : Tu te fous de moi ?
C : C’est ce que les premiers correcteurs ont dû penser. Ils m’ont mis la note minimale…
A : Les premiers correcteurs ?
C : Ouais apparement y a eu une petite controverse, et mon papier a fini dans les mains
d’un expert un peu plus jeune et moderne, qui a trouvé génial. Il a trouvé que ma dissert’
était presque une œuvre d’art, car elle était le sujet lui-même, au lieu d’en parler. Il m’a
mis la note maximale, alors ça a compensé.
A : Donc ?
C : Donc… [Sort un papier de sa poche] Nous nous excusons du malentendu et nous vous
offrons nos félicitations en vous transmettant ci-joint votre certificat, bla bla bla…
A : T’as passé ?
C : J’ai passé…
[Scène de joie, handshake personnalisé]
Alex [Voix off] : Cet idiot avait toujours trouvé un moyen de s’en sortir, et cette fois je
me plaignais pas. Dès le jour suivant, on commence à chercher un appart.
Scène 2
[Visitent un appartement.]
Al : Ah, vous voilà.
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A : Oui, désolé, on a eu quelques soucis sur la route.
Al : Je vous attendais plus vieux…
A : Non quand même pas, c’était juste quelques embouteillages…
Al : Et je vous attendais aussi plus…
C : Eh bien maintenant vous ne nous attendez plus, alors est-ce qu’on peut voir cet
appartement ?
Al : Oui oui bien sûr. J’ai pensé que cet appartement vous corresponderait. Récemment
rénové, meublé très design, un quartier très ouvert.
C : Ouvert ?
Al : Euh oui, ouvert d’esprit.
C : Et en quoi ça nous correspondrait ? Qui vous dit qu’on est pas des vrais enculés ?
Al [rit] : Pas mal… Je l’ai toujours dit, une blague raciste c’est plus drôle quand c’est un
noir qui la raconte, alors là…
C : Mais, vous parlez de quoi ?
A : Ah, je crois comprendre. Mademoiselle Keller croit que toi est moi on est…
impliqués romantiquement, dirons-nous.
C : Quoi ?
A : Alors quand t’as dit qu’on était peut-être de vrais enculés, elle a cru que tu faisais de
l’humour.
C : Deux amis veulent prendre une coloc ensemble et directement vous vous imaginez
qu’on est des folles ?
Al : Excusez-moi, mais dans le marché actuel, il est fréquent que…
A : Arrêtez-vous là, je crois que vous vous enfoncez.
C : J’ai cru que c’était nous, qui étions censés s’enf...
A [l’interrompt]: Christophe ! Ca suffit, elle a fait un erreur, elle s’est excusée, oublions.
C : D’accord, on fait la paix. Ca m’rappelle, comment on dit paix en latin ? Pax (pacs), je
crois. Tiens, ça me rappelle autre chose…
Al : vous en avez d’autres ? Sinon, je peux peut-être vous montrer les chambres.
C : J’imagine qu’il n’y a qu’une chambre avec un double lit. Non, cet appartement ne
nous intéresse pas.
Al : Vous êtes sûrs ? C’est ce que j’ai de mieux, très bel immeuble, quartier joyeux,
[détache ses mots] très gai. J’ai compris, allons voir ailleurs.
Acte 1, Scène 3
Al : Je suis désolée, il fallait me dire au téléphone que vous étiez des étudiants avec peu
de moyens, j’aurais adapté ma sélection.
A : On était pas sûrs d’être des clients intéressants, si on disait ça.
Al : Ah bon ?
A : Les colocs d’étudiants, c’est un peu le cauchemard des gérances.
C : Certains clichés valent la peine d’être tus au premier abord. Etudiant et coloc, on
imagine tout de suite les problèmes qu’il peut y avoir. Par exemple si vous apprenez que
quelqu’un a fait de la prison, vous pensez tout de suite à quelqu’un de violent, un passé
trouble, vous ne lui donneriez pas votre fille. Et bien, Mandela et Gandhi ont fait de la
prison.
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Al : Je vois ce que vous voulez dire. Donc ici nous avons un ravissant 3 pièces et demi.
Bien situé, non loin du métro et du centre-ville. Vous avez des voisins jeunes et tolérants
au bruit, donc pas de problème pour les heures de rentrée. Le loyer est une affaire.
A : Mais ?
Al : Mais ?
A : Il y a toujours un mais…
C : [Sort la tête de derrière quelque chose] Ecoute, pas forcément, y a pas de cadavres
d’animaux dans la salle de bains, toutes les fenêtres ont des vitres, aucun des tapis ou
draps ne semble abriter une colonie d’insecte, il y a 2 chambres, pas de posters de
George, que ce soit Boy ou Michael, nan vraiment tout est parfait, je crois qu’on a touché
le gros lot [fin de la phrase inaudible, énorme bruit de train qui passe]
Al : Mais on est situé très près des rails et c’est mal insonorisé.
A : Je pense que pour insonoriser ça, il faut du blindage. Il passe tous les combien de
temps ?
Al : C’est l’express, un par quart d’heure…
C : Bien, merci, au suivant.
Acte 1, Scène 4
Al : Bien, comme je vous disais, je vous ai pas fait visiter celui-ci en premier, car il est
trop grand pour deux personnes, et donc au dessus de vos moyens financiers.
A : C’est combien ?
Al : 3600 par mois, tous frais compris.
C : [calcul mental rapide] On le prend
A et Al : Pardon ?
A : Christophe, je peux te parler deux secondes ? [S’isolent]
C : J’ai calculé, c’est raisonnable, on trouvera pas mieux. Pour la taille que c’est..
A : Justement, on devrait trouver au moins 3 autres colocs.
C : Quatre. Et c’est faisable.
A : C’était supposé être toi et moi
C : C’est encore mieux, je me réjouis
A : Non, on le prend pas.
C : On le prend
A : On le prend pas.
C : On le prend
A : On le prend pas.
C : Bon, d’accord, on y réfléchit.
Al : Et ça vous étonne que je vous ai pris pour un couple. Alors ?
En même temps : A : Ecoutez… C : On le prend [A le fixe, bouche bée]
Al : Bien, je vais chercher les papiers.
Acte 1, Scène 5
[Séquence de rêve. Salle d’opération. Alex entre en habit de chirurgien]
A : A quoi on a affaire ?
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V : 32 ans. Il est passé au travers de sa baie vitrée, une chute de trois étages. Nombreuses
fractures et lésions dues au verre, et un poumon perforé. Il a eu de la chance.
A : On se met au travail. Scalpel [Regarde le patient, c’est Christophe]
C : Bonjour Alex. Alors, on a les chocottes ? Pourtant c’est l’occasion rêvée de me
montrer une bonne fois pour toutes que t’es meilleur que moi. Aller, sauve moi la vie,
t’attends quoi ?
A : Augmentez les doses d’anesthésiant, je l’ai vu remuer.
V : Docteur, une trop forte dose et on pourrait le perdre.
A : Vous voulez m’apprendre mon métier ? Vous êtes infirmière, contentez-vous de me
passer les instruments et de coucher avec le chef de service dans le local d’entretien,
comme tout le monde ! Augmentez la dose. Bistouri.
V : Dépêchez-vous, son rythme cardiaque devient irrégulier.
A : C’est plein de bouts de verre la dedans, on se croirait dans un terrain vague.
V : On le perd, docteur.
C : Alors, Alex, un petit souci ? C’est pas grave, tu sais, j’étais un bon à rien, tu te tuais à
le répéter. Un flemmard, un je-m’en-foutiste.
A : Charge [essaie de le réanimer].
V : Chargé à 200.
A : Charge.
V : Chargé à 250.
C : Arrête ça, ça picote. Ca sert à rien de t’acharner. Tu peux t’avouer vaincu.
V : Il est parti. Heure du décès : 22h14.
[Alex se réveille en sursaut, va noter médecin sur sa liste noire]
Acte 1, Scène 6
A : J’aurais jamais dû t’écouter… Poster des affiches sur les murs de l’uni ? J’ai
l’impression que je veux vendre un vieux vélo.
C : Tout le monde recherche une coloc, t’inquiètes pas, on aura que l’embarras du choix.
H [lit par dessus leur épaule] : Exactement ce que je cherchais. Je me présente, H, votre
nouveau colocataire.
C : « Ash » ?
H : Oui c’est moi, la personne qui va changer vos vies. [à Christophe, lui tend une carte]
Tiens, c’est un bon coiffeur, il rattrapera ce qui peut l’être, [à Alex] mauvais choix de
couleurs. Et arrangez-vous pour que cette demoiselle voie l’affiche. Elle m’a l’air toute
perdue, et ma boussole pointe toujours le nord, si vous voyez ce que je veux dire.
[va vers Chloé] Bonjour mademoiselle, je me suis dit que ça pourrait vous intéresser.
Ch : Ah ? Ah oui je cherche un logement, merci.
H : [revient vers les hommes] Comme ça, ça, c’est fait. Alors, parlons un peu de cette
coloc’, il vous manque combien de personnes ?
A : euh.. quatre.
H : Ca fait trois, avec moi. Il faut qu’on organise une sorte de casting, je peux préparer un
questionnaire, il faut pas choisir à la légère les gens avec qui on va habiter.
C : Et on devrait te choisir toi, comme ça ?
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H : [Faux rire] S’il te plait. Si t’as une Ferrari sous le sapin, pour Noël, tu fais pas ton
difficile pour la couleur, tu remercies le vieillard là-haut, ou le père Noël, ça dépend en
qui tu crois. J’ai envie d’habiter avec vous, et un jour vous vous demanderez ce que vous
avez fait pour mériter tant d’honneurs. Aujourd’hui, mes amis, est le premier jour du
reste de vos vies.
C : Ah, t’es un de ces Jesus People, qui parcourt le monde en prêchant la bonne parole en
costard ?
H : Les costards, c’est la classe.
A : C’est un habit de travail.
H : Et mon travail, c’est avoir la classe.
A : C’est pas si con, son idée de casting, on va avoir beaucoup de candidatures, c’est vrai.
C : Ok, mais [hésite] « H », tu dois le passer aussi.
H : Je ne vous décevrai pas.
Acte 1, Scène 7
[La lumière se focalise sur la personne qui parle. La plupart des candidats n’apparaissent
pas, sauf ceux qui seront pris, les colocs font les questions et les réponses.]
A : Euh, bien, alors, « H », comment tu t’appelles ?
H : Quel est la couleur du cheval blanc de Napoléon ? Indice, la réponse est dans la
question.
C : Ok, On y reviendra. Pourquoi est-ce qu’on devrait te prendre dans la coloc’ ?
H : Choisis un nombre entre 1 et 1138
C : Hein ? 999.
H : [cherche dans ses pages] 999. Si plus tard vous avez des problèmes d’argent, vous
pourrez toujours écrire un livre sur vos années en colocation avec moi, et le manuscrit
s’arrachera parmi les éditeurs.
A : Dis-moi, la modestie, ça fait pas partie de tes qualités.
H : Je ne considère pas la modestie comme une qualité, plutôt comme un frein aux
ambitions. En revanche, voilà la liste de mes 43 principaux points forts. [lui tend une
feuille]
C : « Connaît les phrases essentielles à la séduction féminine en 33 langues. » C’est quoi
les phrases essentielles à la séduction féminine ?
H : Comment t’appelles-tu? Tu as de beaux yeux. Je suis suisse. Notre spécialité, c’est les
pendules à coucou. [Mime l’ouverture de la braguette] Coucou !
A : Et t’appelles ça la séduction féminine ?
H : J’aurais pu mettre la pêche au gros, mais c’était moins poétique.
C : Et en quoi le fait que tu sois si polyglotte peut nous être utile ?
H : Tu te rappelles la cousine bulgare de ton voisin, celle à qui tu mourais d’envie de
parler seul à seul cet été, seulement la langue était une barrière entre nous ? Grâce à mes
services, la langue aurait été un pont entre vous, si tu vois ce que je veux dire…
A [se regardent, rigolent] : Ecoute, on t’aime beaucoup, mais si on va te prendre, il faut
qu’on en sache un peu plus sur toi. C’est quoi ton vrai nom ?
H : Je savais qu’on en arriverait là. Ce que je vais vous dire maintenant, ça reste entre
nous. Le prénom qui m’a été donné, c’est Horace. Je sais, je sais, horrible nom, ma mère
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était folle du poète, longue histoire… J’en ai eu honte tout mon enfance… Et à 9 ans,
quand j’ai commencé ma puberté…
C : T’as commencé ta puberté à 9 ans ? Voilà qui explique certaines choses.
H : [ignore l’interruption] J’avais deux idoles. Howard Hughes, le célèbre milliardaire et
Hugh Hefner, le fondateur de Playboy. Deux hommes qui sont partis de rien pour bâtir un
empire. Les deux plus célèbres séducteurs de l’histoire, qui ont conquis les plus belles
femmes du monde, l’une après l’autre. Howard. Hughes. Hugh. Hefner. 4 fois H. Horace.
J’avais trouvé mon point commun avec eux. Depuis ce jour-là, je me suis fait appeler H.
A : Très bien, Horace. Bienvenue chez toi.
H : Je déconne pas, je m’appelle H, vous êtes les seuls au courant de mon vrai nom, et si
ça s’ébruite, je vous retrouverai…
C : Ouuuh… En attendant, je t’invite à passer de l’autre côté, il y a beaucoup de
candidats qui attendent.
H : A propos, j’ai établi une liste de critères qui devraient pouvoir nous aider à faire le tri.
A [lit]: Personne de plus séduisant que nous trois ?
H : Si tu ramènes une demoiselle à la maison, tu veux pas qu’elle tombe amoureuse de
ton coloc’, n’est-ce pas ?
C : Et le risque n’existe pas déjà, avec nous trois ?
H : S’il te plait, on est une équipe, une confrérie à partir d’aujourd’hui. Les règles sont
claires, jamais la même fille, même si c’est longtemps après. Deal ?
A : Deal.
C : Deal. [Continue à lire] Etonnant ça : pas de fille plus belle que 6/10 comme coloc.
H : Ca, c’est stratégique. Si y a une fille trop jolie qui habite avec toi, les chances sont
qu’un jour ou l’autre, suivant les circonstances, il se passera quelque chose. Et les
chances sont que ça durera pas. Est-ce que t’as envie de rentrer tous les soirs chez toi, et
de voir ton ex, ou une fille avec qui t’as eu un coup d’un soir ?
A : Très juste. Ah voilà, notre premier… candidat.
C : Monsieur, je crois que vous vous êtres trompé. On recherche des étudiants pour une
colocation.
A : Ah bon ? Vous êtes étudiant ?
C : Non monsieur, ce n’est pas de la discrimination, je pense simplement que ce ne soit
pas une bonne idée. Disons que nos modes de vie sont sans doute différents.
H : Vous ne comprenez pas ? Ecoutez monsieur, je veux pas être méchant, mais nous
habitons au 5ème étage, nous écoutons de la musique très fort, et il y a fort à parier que
notre appartement sera le théâtre d’un défilé défilé impressionant de bimbos et autres
filles de peu de vertu, et tous trois sont des facteurs de complications cardiaques. Alors
faites-moi plaisir, si vous voulez vraiment habiter en communauté, contactez un hospice.
[Le regardent partir, Aux autres] Pardon, je suis un monstre, mais si on est pas un peu
fermes, on y passe la journée.
C : T’as raison. Suivant !
Acte 1, Scène 8
[Chloé arrive sur scène, si c’est possible, projo sur elle et Christophe, vent dans ses
cheveux, musique romantique, ralenti.]
A : Bonjour mademoiselle.
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Chl : Bonjour messieurs.
H : Vous emmenagez quand ?
Chl et A [en même temps, Christophe toujours bouche bée] : Pardon ?
A : H, Christophe, je peux vous parler 2 secondes ? Christophe ? [H mime un
défibrillateur, mets les mains sur le torse de Christophe. Mime un choc électrique.]
C : Hein quoi ?
A : J’ai cru qu’on s’était jurés de pas prendre de filles trop jolies.
H : Les fabricants du Titanic ont juré que leur bateau était insubmersible.
A : Certes… Et ?
H : Ben je laisserais bien mon bateau percuter son iceberg, si vous voyez ce que je veux
dire…
C : Quoi ? Mais elle est veut rien dire ta métaphore.
H : Oh ça va, on peut pas toucher le jackpot à tous les coups.
Chl : Excusez-moi, vous avez l’air d’avoir des trucs à discuter, vous voulez que j’aille
faire un tour ?
C : Non non, c’est bon. Alors, Chloé, c’est ça ?
Chl : oui.
C : Ah c’est marrant, j’m’appelle Christophe, nos prénoms commencent par les deux
mêmes lettres. [Rire nerveux, bête] Quelle coïncidence, j’veux dire le monde est petit.
[Se tait, embarrassé]
A : Et tu fais quoi ?
Chl : J’entre à l’uni, en psychologie.
A : 600 francs par mois, ça te va ?
Chl : Je fais du mannequinat par ci par là pour gagner de l’argent, donc oui ça ira.
H : Evidemment. Les choses sont simples sur terre pour une jolie fille.
Chl [souriant]: Je vais retenir que le compliment.
A : je vois qu’on est déjà en train de se lier d’amitié. Chloé, tu peux passer de ce côté.
Suivant !
C : Bonjour mademoiselle, installez-vous.
A : Que faites-vous dans la vie ?
Chl : Des films ? Quel genre de film ?
H [son regard s’illumine] : Ah, ce genre de film ? [Pause] Non, nous sommes très
ouverts, ça nous dérange pas du tout.
A : Chacun son moyen de se payer les études !
C : Ah, vous ne faites pas d’études ?
H : J’ose vous demander quels étaient les derniers projets sur lesquels vous avez
travaillé ?
Chl : Les garçons, je peux juste vous toucher deux mots ?
H : Tu peux nous toucher tout ce que tu veux.
Chl : [doucement] C’est elle, ou c’est moi. Je refuse de partager une salle de bains avec
elle, ou de lui faire la conversation.
« Ca a été ta journée, pas trop dur ? »
[voix de cruche] « oh non mon boss est sans cesse sur mon dos, j’en ai plein le cul ».
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H : Tes préjugés sur l’industrie du film pour adultes me sidèrent. C’est un milieu où
nombre d’artistes talentueux s’expriment, et je suis sûr que notre … Jessie Luna en fait
partie. Joli nom.
C : Chloé à raison, c’est pas une bonne idée. [elle lui sourit]
H : Ecoutez mademoiselle, il nous faut un peu de temps pour nous prononcer, laissez
nous votre numéro de téléphone, personnel de préférence, et je vous… on vous appellera.
Merci. Au revoir.
Note à moi-même. Cocher « prendre le numéro d’une porn-star » sur la liste des choses
que je dois faire avant de mourir.
A : Suivant !
A : Bonjour Monsieur, asseyez-vous. Vous prendrez bien un sandwich ? Celui-là ? C’est
jambon fromage. Comment ça ?
C : Alors monsieur je vais être très très clair. A la question, est-ce que nous nous
abstenons de mélanger les produits laitiers et la viande, est-ce que nous utilisons
différents services et assiettes ou est-ce que nous nous soucions de comment la bête est
tuée ? », la réponse est non monsieur. Nous, si on veut monsieur, on prend un bout de
pain, un bout de fromage, monsieur, et un bout de jambon, et on se fait un sandwich
jambon-fromage, sans prendre la peine de chier une pendule. Merci, monsieur, au revoir
monsieur.
Acte 1, Scène 9
C : Suivant.
A : Installez-vous. Vous êtes ?
V : Valérie Lebatard.
H : Sacré nom. Votre mère était volage ?
V : Si j’avais 2 francs pour chaque fois qu’on m’a fait une blague sur mon nom, je
louerais l’appart toute seule. C’est pas un nom facile à porter, vous comprenez que je
cherche au plus vite un mari qui sera capable de me soulager de ce poids.
Chl : Et de t’en infliger mille autres [en rigolant].
V : Ce jour ne peut pas arriver assez vite.
A : Mais t’étudies, non ?
V : Oui, pas pour faire carrière, mais il n’y a pas meilleur endroit pour trouver l’amour. Je
suis donc en maths, pour maximiser les chances.
Chl : C’est sûr, tu dois pas avoir beaucoup de concurrence.
H [dans sa barbe] : Au royaume des bites, la chatte est reine.
V : Comment ?
H : Non, je disais « Au royaume des chiites, le shah règne ». C’était une pensée comme
ça.
V : Certes. [Les autres se retiennent péniblement de rire]
A : On te pose la même question qu’à tous les autres, pourquoi on devrait te prendre ?
V : Eh bien, mes qualités sont nombreuses. J’aime faire à manger, et il faut que tout soit
propre dans ma maison, si bien que je nettoie et range souvent le bordel des autres [Les 3
se regardent] et…
C : Viens de ce côté.
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V : Vraiment ?
H : Ouais, j’ai renversé du café tout à l’heure, c’est tout collant. [Pause] Nan J’déconne,
bienvenue dans l’équipe.
V : [passe de l’autre côté, en maugréant] ça commence bien, j’aurais mieux fait de me
taire.
C : Salut. Alors, t’es prêt à nous convaincre qu’on doit te laisser la dernière place ?
A : Oui, il ne reste qu’une place.
C : Comment ça ? Non une, pas une et demi. Je comprends pas.
Chl : Euh, non, je connais pas de bonne garderie dans le coin.
A : Ah, non, dis-moi pas que t’as un gosse…
V : Oh, un bébé, il a quel âge ?
H : Non, on est désolés, c’est pas possible. [Pause] Oui, j’ai vu le film avec Will Smith, il
est très bien, mais je t’invite à aller à la recherche du bonheur ailleurs. Merci
H : Ah, mademoiselle, je sens qu’on va s’entendre.
Chl : C’est quoi là, sous ton bras, le sac à main qui bouge ?
C : Ah non, même pas la peine de t’asseoir, on accepte pas les animaux. Non, même pas
les chihuahuas.
V : Tu comprends pas ? tu prends ton steak sur pattes et tu vas faire ta Paris Hilton
ailleurs.
[Les autres la regardent]
V : Désolée, mais moi ces filles qui propagent l’image de la femme libérée écervélée et
riche, qui tourne le dos à tous les impératifs historique du sexe faible, ça me met hors de
moi
[Musique : « Macho macho man »]
Acte 1, Scène 10
C : Avant de perdre de temps, si t’es cannibale, marié, que tu veux emménager avec ta
tante malade ou chapeauter un trafic de drogues depuis la chambre, te foule pas, on
t’veux pas.
M : Non, non, rien de tout ça [V sourit discrètement]
V : Excuse-nous, mais avec les fous qui défilent ici, on devient méfiant.
M : Pas grave… Je pensais pas que vous seriez autant.
H : Il reste un seul sésame. Tu as devant toi 80% de la coloc la plus prisée du pays !
M : Alors ça fait 83, 33%, sans vouloir être chiant.
A : Bon, dis-nous, en deux mots, qui est Mathieu Ledernicht ?
V: C’est quoi cette question ? Comment tu veux qu’il réponde en deux mots ? « Scuzemoi, rapidement, en deux secondes, résume-moi la politique américaine de 88 à
2008. » J’aimerais bien t’y voir.
H : [appuie sur un buzzer] en 3 mots. Bush-à-bush.
A : Pas mieux.
M : Non, ben, j’ai 21 ans, j’habitais chez mes parents, et ils m’ont foutu dehors parce que
je foutais rien et j’passais mon temps sur l’ordi
H : Laisse-moi deviner, t’as jamais eu de copines ?
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M : Euh.. c’est à dire que.
H : C’est bien ce que je pensais. Mathieu, aujourd’hui est le premier jour du reste de ta
vie. Bienvenue chez nous.
C : Bon ben les amis, on dirait qu’on est au complet. On se voit dans 3 jours ici, pour
organiser tout ça.
A :[en se levant] Au moins j’ai appris que je serais jamais directeur de casting, ou des
ressources humaines.
C : Pense à ajouter ça à ta liste.
H : Quelle liste ?
C : Il fait une liste de tous les métiers qu’il sait qu’il veut pas faire, comme ça il finira par
trouver le bon.
H : Et ça prendrait pas moins de temps de faire une liste de ceux qu’il veut faire, et de
choisir ?
A : Mais j’en sais rien, de ce que je veux faire…
H : Quelle idée… C’est comme faire une liste de toute les filles qui veulent pas coucher
avec toi, pour trouver celles qui sont d’accord. [Pause] Après réflexion, ça me paraît une
très bonne idée…
V : En tout cas, en première place de la liste des qualités que t’as pas, ajoute la modestie.
H : [lui regarde les fesses] seulement si toi tu mets « callypige». [se prend une baffe.] Ca
promet…
Acte 2
Acte 2, Scène 1
[Les colocs sont en ligne, sauf Alex et Christophe, H marche devant chacun, se prend
pour un sergent instructeur]
H : Vous avez été choisis au terme d’un processus extrêmement sélectif. Vos qualités
intrinsèques font de vous des atouts destructeurs. Vous êtes l’élite de ce pays et sa fierté !
C : Nouvelle sans relation, les champignons hallucinogènes sont un fléau qui se propage
chez les jeunes.
H : T’es relou, t’as tué toute ma vibe là.
A : H, il faut pas que t’oublies, t’es un coloc comme les autres, t’as été choisi pareil.
H : Mais ils le savaient pas, ça. Et pis je voulais faire une impression, un truc clash, non ?
C : Non. Mais tu t’en remettras. Alors si vous le voulez bien, on va choisir les chambres.
Alors ça devrait être simple. Y en a 6, on est 6.
Chl : J’aimerais juste une chambre proche de la cuisine, j’ai souvent faim la nuit.
M : Et moi proche des toilettes, la nuit j’ai souvent [mal à l’aise, se touche le ventre]…
soif.
H : Une avec un double lit, j’ai souvent de la compagnie la nuit.
V : Répugnant. Moi ça m’est égal, tant que c’est pas à côté de la sienne.
A : Bon, ben choisissez, et on se retrouve au salon dans cinq minutes pour discuter.
Acte 2, Scène 2
12
[Scène visuelle où l’on voit les colocs se disputer pour les chambres, qui sont
représentées en arrière-scène par des séparations modulables]
Voix off : 45 minutes plus tard.
[Silence. Tout le monde tire la gueule. Les filles décoiffées, les gars un peu amochés,
comme s’ils s’étaient battus.]
C : Bon, maintenant que ça, c’est fait.
A : J’aurais jamais pensé devoir recourir au tirage au sort pour éviter un meurtre. Bref.
C : On est dans un pays libre, …
M : [l’interrompant] La liberté, c’est tout à fait relatif, on a même pas le choix de pas être
libre.
C : On est dans un pays libre. [Regarde Mathieu, défiant, celui-ci flanche] Mais on est
obligés d’avoir quelques règles pour vivre en harmonie. On partage le loyer, mais aussi
l’électricité, le gaz et l’eau, alors personne n’en abuse.
H : Celui qui prend un bain 3 fois par jour, il faudra pas qu’il s’étonne de se retrouver
noyé dedans.
A : H… On partage le même air, alors personne ne fume dans la maison. Cigarette,
herbes de provence, plante médicinale, moquette, tout ce qui fait de la fumée et qui pue.
Ce qui veut dire, H, à tout hasard, que tu ne vas pas pouvoir allumer tes pets avec un
briquet sous ce toit.
C : Et pour terminer, chacun respecte le sommeil des autres, quoi qu’il puisse se passer
dans sa vie privée ce soir-là.
H : Certains sont moins concernés que d’autres.
Chl : T’inquiète pas H, le plaisir solitaire, j’crois que tu peux.
V : Excusez-moi d’interrompre cette charmante discussion, mais vous avez prévu quoi
pour les tâches ménagères ?
H : Les tâches ménagères, ou les ménagères qui tâchent ? [Tout le monde le regarde]
Chais pas, j’ai cru que j’avais une vanne, et finalement non.
A : Euh, chais pas, on pensait le faire un peu à l’arrache, on nettoie quand c’est sale, on
répare quand c’est cassé.
V : Ca, c’est bien les hommes, dans deux semaines on habite un nid de poussières, avec
une organisation comme ça. Faut qu’on se répartisse les corvées, et on fait un tournus.
Moi je m’excuse, mais je peux pas habiter dans un endroit sale, je me sens sale après.
C : Donc on organise un tournus : les filles à la vaisselle et au ménage, et nous on
s’occupe de pas pisser dans le lavabo. [Pause] Je déconne…
Chl : Ca commence bien…
H : Une idée, comme ça, vous me dites ce que vous en pensez. Histoire de garantir la
bonne humeur et la bonne entente entre les sexes, il serait peut-être utile qu’on ait un
calendrier, où vous marquez où vous en êtes, comme ça on sait quand on doit être moins
méchant.
Chl : Je saisis pas.
H : Qu’est-ce qui sert à tirer des traits et qui rime avec bègle ?
V : T’es vraiment trop con.
[Mathieu rigole, tout le monde le regarde, il s’arrête.]
13
Acte 2, Scène 3
[Alex se retrouve dans une salle de classe, en tant que prof.]
A : On se calme. Aujourd’hui on va faire [regarde sa feuille] des maths. Oui ?
Chl : [voix de nympho pré-adolescente] J’ai une question
A : Je vois bien, oui
Chl : Je peux avoir votre numéro ?
A : Mon numéro ? Mais pour quoi faire ?
Chl : Ben pour vous parler, vous êtes beaux.
A : Très bien. Alors, le théorème de Pythagore…
H : Monsieur ?
A : Oui
H : Pythagore, c’est le cousin de Kezgor ?
A : Quoi ? Qui ?
H : Mais oui, toi-même tu sais, Kezgor des quartiers sud.
M : Pythagore était un mathématicien grec qui a découvert que dans un triangle isocèle,
la somme des carrés des petits côtés, les cathètes, est égale au carré du grand côté,
l’hypoténuse.
H : J’vais t’faire la cathète au carré, tu vas voir.
A : S’il vous plait, on se calme.
H : Viens on va dehors, pour j’me calme.
Chl : Monsieur ? [A la regarde, soupire] Vous avez MSN ?
A : Bon, on peut faire des maths ?
C : On peut répondre non ?
A : Aaaah [donne un coup de poing dans le tableau]
Chl : Laissez tomber, en fait, vous êtes trop violent.
Acte 2, Scène 4
Voix off : On venait de s’embarquer, sans le savoir, dans une aventure qui allait changer
notre vie à chacun, certains plus que d’autres. Je parle pas d’une épopée épique, mais si
on ne s’était pas tous retrouvés à partager la même coloc, on ne serait pas là où on est
aujourd’hui. Mais, à ce moment-là, mon pote Christophe et moi, on vient d’emménager
avec quatre inconnus, et pour les connaître un peu mieux, on décide de faire des jeux un
soir, pour tous se découvrir et rire ensemble.
M : Moi j’ai un jeu, on le faisait au camp de programmation, on devait imiter des stars de
l’informatique, et les autres devaient deviner, et on avait pas le droit de dire les logiciels
qu’ils avaient inventé, c’était super dur.
H : Ouais, trop bien, on fait ça.
M : T’es en train de te moquer de moi ?
H : Je suis en train de me moquer de toi…
M : On va pas vraiment jouer à ça ?
H : On va pas vraiment jouer à ça
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C : Mais on peut faire un truc du genre. Vous connaissez les « charades » [Prononcé à
l’américaine]
A : Les charades ?
H : J’préfère les monsieur et madame. Monsieur et madame Lebatard ont une fille,
V : Valérie…
H : Tu la connaissais ?
C : J’ai dit « charades ». Le mot américain pour mime.
A : Et dire mime, ça aurait été trop simple ?
Chl : Tu me vois faire des mimes ? J’suis incapable d’exprimer quoi que ce soit avec mon
corps.
H : Sauf quand t’enlèves tes habits.
Chl : J’te trouve dur.
H : C’est ce qu’elle a dit.
V : Qui ?
M : Valérielebatard. Va-lérie-lebatard. Valé-rielebatard. Les mecs, j’comprends pas…
Valérieleba-tard.
C : J’ai préparé des billets.
[H se lève, prend un billet, mime une caméra qui tourne.]
M : Film ? [H applaudit] Applaudissement. [H fait non] Non ? [H fait chut] Ma gueule ?
ok. [H montre Valérie du doigt]
Chl : Un film avec Valérie. [H mime une femme pulpeuse]
C : Un film de cul avec valérie. [H refait la séquence de mouvements, puis fait mine de
réfléchir.] Un film de cul avec Valérie qui réfléchit.
V : Bon, Christophe, t’es presque lourd.
H : Rah, j’en peux plus vous êtes nuls. C’est Pulp Fiction.
A : C’est comme ça que tu mimes Pulp Fiction ?
Chl : Valérie a joué dans Pulp Fiction ?
H : Elle est pas pulpeuse, mais en fiction. Pulp fiction.
V : Merci
C : C’était nul.
A : J’aurais dansé, comme Travolta [Montre]
H : Ouais, ben faut penser en finesse des fois.
V : Bravo la finesse. [prend un billet] Ah. [Mime Lady Di. En trois phases. 1 : Princesse.
2 : Chassée par les paparazzis. 3 : Accident. Les autres disent des conneries, puis finissent
par trouver] Quelle horreur, jouer une femme de si peu de morale.
Chl : Lady Di ? La princesse de cœur ?
V : Elle a trompé son mari.
Chl : En même temps, quand tu vois sa gueule… Et sauf erreur c’est lui qui l’a trompée.
Bref [Prend un billet. Commence à faire une série de gestes plus incompréhensibles les
uns que les autres. Suggestions allant de « canard rachitique » à « Eric Cantona en
talons » en passant par « Boutros Boutros Ghali »]
C : Ok, t’as le droit de parler comme ton personnage.
Chl : Mais je parle pas !
C : si t’es un film, une ligne de dialogue. Si t’es un livre, une partie de l’aciton…
Chl : Et si je suis le processus d’auto-détermination, connard ? [il éclate de rire] Fais
l’malin, tu le savais, c’est toi qui l’a mis là !
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[Au tour de Mathieu. C’est Grand Corps Malade. Il le fait bien. Les autres comprennent
tout de suite, mais font semblant de pas deviner.]
H : Euh, je vois pas, un blessé de guerre ?
Chl : Un handicapé ? [A fait signe que c’est sur la bonne voie]
C : Un attardé congénital.
V : Un rappeur qui s’est fait tirer dessus ? 50 cent ! Tu es 50 cent !
H : Un mutilé du Vietnam ? Un vétéran du Golfe ?
A : Un poète urbain hémiplégique ?
M : Lequel ?
A : Bah attends, t’es marrant, je m’y connais pas en poètes urbains hémiplégiques, moi.
C : Bon aller, t’as le droit de parler.
M : [La voix la plus grave possible] Moi quand chuis amoureux, on dirait que je prends le
train.
H : Un ancien combattant qui a la voix grave ?
V : 50 cent qui prend le train !
M : Mais non, aller…
Chl : [condescendante] Grand Corps Malade
M : Ouf… J’ai cru que vous alliez jamais trouver…
Acte 2, Scène 5
Voix off : Au final, une soirée de fou rires. La couleur était annoncée. La bonne humeur
régnait, ce qui n’empêchait pas, parfois, aux conflits de survenir, pour des raisons
diverses et variées, et toujours aux pires moments.
M : Je dis juste, la fille la plus téléchargée du monde, c’est Paris Hilton.
A : Oui, OK, mais la fille la plus belle du monde, c’est Angelina Jolie.
Chl : Pas très original comme garçon, toi. Moi j’aime bien Natalie Portman. Elle a réussi
à être sexy même avec la boule à zéro, c’est rare.
H : 2 mots. 5 syllabes. Scarlett Johansson.
Chl : Evidemment, dès que ça a des melons, tout le monde est d’accord.
M [allumant la musique]: Pas tous les hommes sont comme ça, tu sais…
V [faisant irruption] : c’est qui ?
C : Lui ? C’est Mathieu. Je sais, il parle pas beaucoup, mais il habite avec nous depuis 2
semaines.
V : Peut-être qu’il parle peu, mais au moins il dit 3 fois moins de conneries que toi.
Venez à la salle de bain. Et j’espère que vous avez le cœur bien accroché. [la musique est
si forte qu’on l’entend à peine]. Moi, ce genre de trucs ça me… Mathieu ! Tu veux pas
arrêter ta musique, on s’entend plus vieillir. [Se déplacent] Alors, c’est qui ?
M : Tu ferais mieux de dire « c’est quoi ? », ça a pas l’air vivant.
V : T’es en train de te rattraper sur les conneries ? Je sais ce que c’est, c’est de la crasse.
C : Non, c’est un peu réducteur, y a des poils aussi.
H : Pis regarde là, on dirait de la mousse.
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Chl : Pour répondre à ta question Valérie, ça me fait penser à Georges Moustaki, ou
l’Abbé Pierre…
A : On dirait un mouton écrasé.
M : Non, je sais, c’est un orque dans World of Warcraft [tous le regardent], mais vous
connaissez pas…
Chl : Si t’inclines la tête, on dirait Carlos, nu, de profil.
C : Je vois pas bien, quel profil ?
Chl : Gauche.
C : Ah oui, maintenant que tu le dis, c’est énorme.
V : Mais je m’en fous, ce que je veux savoir, c’est qui l’a fait.
H : Carlos ? Ben sa mère, Françoise Dolto. L’accouchement a dû être douloureux, quand
même…
V : Mais non, ce truc dégoûtant !
A : Arrête, t’es dure avec Carlos, paix à son âme.
V : Putain, mais vous pouvez pas être sérieux deux secondes ? Qui s’est lavé ici en
dernier ?
M : Pas moi.
Chl : Ni lui.
C : Carlos.
A : C’est elle.
H : Ou pas.
V : C’est bon. J’ai compris, cette fois je nettoie. Et vous pouvez me remercier.
C : On peut ? ou on doit ?
H : C’est une obligation morale, comme de donner un pourboire à la dame-pipi.
A : Ah, voilà un nouveau truc que je peux rayer de ma liste.
Chl : C’était pas déjà fait ?
A : Je sais pas, j’ai toujours été fasciné par cet univers qu’est l’hygiène des gens. Et pis
les discussions avec les collègues, ça doit être inédit.
Chl : Vous êtes vraiment crades les gars.
H : Et c’est toi qui dit ça ? On sait tous qui s’est lavée en dernier…
Chl : Quoi ?
H: C’est pas grave Chloé, au moins t’es propre maintenant.
Chl : J’vous emmerde.
[Alex écrit Dame Pipi sur sa liste]
Acte 2, Scène 6
Voix off : Je sais que vous pensez. On est cruels, tout ça. Mais la vérité, c’est qu’on était
une démocratie. 7 pièces et demi. 6 personnes. La plus petite démocratie du monde. A
chaque conflit, une majorité se formait naturellement, et la personne en faute était forcée
d’accepter le verdict. Eh bien croyez-le ou pas, Valérie a lavé la salle de bains cette foisci, et on a tellement apprécié la propreté qu’après ça, on s’est relayé à tour de rôle pour le
faire, jusqu’à la fin. Mais du coup, certains aimaient tellement y passer du temps que ça
commençait à poser problème.
[H couché au milieu de la scène, sur son lit.]
17
[Praise you – fatboy slim. Sur les premières notes, H se réveille, s’asseoit, baille, se lève,
s’étire. La musique bloque, H est debout, tout endormi, puis comme saisi de spasmes,et
quand la musique redémarre, à plat ventre -> workout, pompes, si possible tractions,
abdos, etc… Passe à la salle de bains, douche (si possible dans les rideaux de la salle, ou
paravent), sort de la douche, se voit dans la glace (musique : Ti Amo) Se rapproche,
s’admire, se rase, parfume. Tapage sur la porte]
Chl : H, tu peux sortir de là, j’aimerais me préparer.
H : Ben, je suis en train de le faire, et si tu déranges ma routine matinale, tu niques mon
karma pour toute la journée !
M : En attendant, ton karma, il va me mettre en retard, tu peux pas t’en occuper après ?
Tu fais rien de la journée de toute façon.
H : C’est pas parce que je vais pas à l’université que je fais rien.
V : Tu passes ta journée en ville à essayer de draguer, ou sur internet.
H : Et je gagne mieux ma vie que vous tous réunis.
A : Oui d’ailleurs il faudra que tu nous expliques comment tu fais, mais en attendant, sors
de là, on est tous à la bourre !
C : Mais tu fous quoi ? Si c’est comme ça, j’entre !
H : Si t’entres, j’éclate le flacon Chanel nº5 de Chloé.
Chl : [En se jetant sur Christophe] Non !
M : J’m’en fous du flacon moi, j’vais me faire au froc.
H : J’ai le flacon dans la maiiin.
V : Le parfum, c’est pour les gens qui puent de toute façon !
Chl : Mais tu dis quoi ? Et le savon, c’est pour les gens qui sont sales ?
C : [à V] Tu mets pas de parfum ?
M : Je vais me faire au froc !
A : [autoritaire] Que tout le monde se calme ! Voilà ce qu’on va faire. H, tu vas reposer le
flacon doucement, et sortir avec les mains sur la tête. Mathieu va y aller en premier, je
crois que personne a envie de le nettoyer s’il n’y va pas, et…
[bruit de verre cassé]
H : Oups..
Chl : [en entrant dans la salle de bains] Nooooooon ! Ben ? Il est là mon flacon.
M : Poussez-vous putain… [Voix de chien battu] Mon parfum… Oh non, t’es chiant..
[personne ne peut s’empêcher de rire].
A : Voilà un truc de plus qui n’est pas pour moi.
Chl : Quoi ?
A : Négociateur
V : Négociateur ?
A : Le mec qui essaie de sauver les otages, comme Samuel L. Jackson dans « Le
Négociateur ».
V : Ah…
H : C’est quoi cette odeur, y a une grève des égoûts ?
[M sort de la salle de bains, dépité, et sort de scène. Tout le monde sauf A sort, pendant
qu’il écrit sur sa liste « Le mec qui essaie de sauver les otages, comme Samuel L. Jackson
dans « Le Négociateur ». »]
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Voix off : Plus le temps passait, plus on s’appréciait et on se connaissait. Mais certains
voulaient en connaître d’autres encore plus. Ou plutôt, quelques mois plus tard, un certain
voulait connaître une autre. Et une certaine voulait connaître un autre. Mais
malheureusement, il s’agissait de 4 personnes différentes.
Acte 2, Scène 7
[D’un côté de la scène, les 4 garçons, attablés, de l’autre côté, les 2 filles, lumières en
alternance]
A : Ben, Christophe, pourquoi t’avais besoin de nous ?
M : Et tu me dois 5 francs. J’étais en train de jouer au poker en ligne et j’ai dû tout miser
sur une main pourrie.
C : Tu peux y retourner, si tu veux, j’avais surtout besoin des deux autres.
M : Euh…
C : C’est pas que je t’aime pas, au contraire, tu es un jeune homme bien sous tous
rapports, mais j’ai besoin de conseils par rapport à une femme, donc je pense pas que tu
ne me sois d’un grande utilité.
M : Mais? Euh non rien t’as raison.
H : Tu t’es enfin décidée à aller de l’avant avec la boulangère ?
A : La boulangère ?
H : Ouais, y a une ptite nouvelle à la boulangerie du coin, elle arrête pas de le reluquer
quand il va acheter les croissants. Tu t’es enfin décidé à la laisser pétrir ta baguette, si tu
vois c’que j’veux dire ?
A : Oui, on voit c’que tu veux dire, on est pas complètement cons, t’es pas obligé de
terminer tes phrases par « si tu vois c’que j’veux dire » pour qu’on réalise qu’il y a un
sous-entendu cochon.
H : Non, mais j’dis ça pour Mathieu.
A : Arrête, Mathieu à très bien compris. Hein Mathieu ?
M : Oui oui
H : Ah bon ?
M : [nonchalant] Ben j’sais pas, y avait quelque chose à comprendre ?
C : C’est pas la boulangère, c’est Chloé.
[switch]
V : Chloé, c’est toi ?
Chl : Tu voulais me parler ?
V : J’ai besoin de tes conseils.
Chl : Ah… J’attendais que tu me demandes. Oui, tu devrais t’épiler les sourcils, et change
de coupe de cheveux, pendant qu’on y est.
V : Non, pas ça, je suis très bien comme je suis.
Chl : Tout est relatif.
V : J’ai besoin de tes conseils pour un homme.
Chl : Ah ? Toutes ces heures passées à rôder à la bibliothèque t’ont enfin permis de
dénicher l’oiseau rare ?
V : Ouais, on peut parler d’un oiseau rare. C’est Mathieu.
[Switch. Ca sent pas bon. Les garçons reniflent.]
19
A : C’est Mathieu.
H : Il faut changer son lange ?
M : Euh… On peut revenir au sujet ?
H : Ah t’as vu ? Il fait diversion, ça veut dire que c’est lui [triomphant].
C : T’es vraiment un gamin H. J’ai besoin d’aide, les gars, alors mettez vos querelles de
côté deux secondes, et Mathieu, s’il te plait, retiens-toi un peu.
M : Pardon. T’es complètement malade de t’attaquer à elle, elle habite avec nous !
C : Ah bon ? Merci de me l’apprendre…
H : Ce que Mathieu veut dire, avec le vocabulaire caractéristique des enfants de son âge,
c’est qu’il faut que tu sois vraiment sûr, après y a pas de retour en arrière.
C : Je suis sûr, j’y peux rien. Je l’ai dans la peau.
A : Arrête avec les clichés. Elle a un copain, Chloé.
H : S’il te plaît, amateur, focalisons-nous sur les choses importantes. Il faut trouver le
moment propice.
M : Elle tromperait jamais son copain, elle est bien trop amoureuse.
H : Vous êtes vraiment des viennent-ensuite vous.
C : Belle insulte.
H : Merci. C’est bien simple, il suffit que son copain la trahisse, elle aura le cœur brisé, et
qui sera là, comme par enchantement, le sauveur sur son cheval blanc ?
A : Napoléon.
H : Tu penseras à ajouter humoriste à ta liste noire. Tu ferais même pas rire une bande
d’adolescents attardés shootés à la Marie-Jeanne.
C : Bon, et ton plan digne de Machiavel, on fait quoi si son copain la trahit pas ?
H : Il la trahira.
M : Comment tu peux en être aussi sûr ?
H : [rire forcé] Arrête. Je passe deux coups de fil et c’est réglé.
C : T’as pas fini de me surprendre.
[switch]
Chl : T’as pas fini de me surprendre. Mathieu ! Tu lui trouves quoi ?
[temps]
V : Attends, je réfléchis.
[temps]
Chl : Ca s’annonce bien. Avec l’âge, Cupidon commence à perdre en précision.
V : Peut-être que tu le vois pas, dans ta tour d’ivoire où tout le monde est beau, mais
Mathieu, il a une innocence, une pureté qui me touche, qui me rassure. Il est pas louche.
Il ferait pas de mal à une mouche.
Chl : Et tu peux toujours courir pour qu’il couche.
V : Chloé !
Chl : Quoi, on faisait pas les rimes en –ouche ?
V : Moi je me dévoile, et toi tu te fous de moi. Ca se voit que t’as toujours eu ce que tu
voulais.
CHl : Même pas. Jusqu’à 16 ans, j’étais joufflue comme un cochon, mais on se battait pas
pour me manger, si tu vois ce que je veux dire.
V : Chloé…
Chl : Désolée, c’est à force de passer du temps avec H.
20
V : J’ai besoin de ton aide. Je sens qu’il peut se passer un truc vraiment bien, s’il sort de
sa coquille.
Chl : Pffff…
V : Quoi ?
Chl : J’allais dire un truc, mais je préfère me taire.
V : J’veux pas savoir
Chl : Ouais ça vaut mieux je crois. Ben écoute, toi t’as plutôt tendance à dominer, et lui
est de nature à se soumettre. Alors pour trouver un équilibre dans votre couple, ça
m’paraît essentiel qu’il fasse le premier pas. Mais si t’as envie qu’il le fasse avant ta
ménopause, il faut que tu l’y encourages le plus possible.
V : Certes, mais comment ?
Chl : C’est des choses qu’il a jamais faites, alors faut que tu lui paves le chemin. Sans
prendre d’initiatives.
V : C’est pas un peu contradictoire ?
Chl : Faut lui donner confiance, on va s’arranger pour qu’il entende une conversation où
tu me dis qu’il te plait, et où tu espères follement qu’il vienne à toi.
V : Et si, même après ça, il tente rien ?
Chl : J’crois qu’à ce moment-là, on atteint le stade du problème anatomique, faut que tu
lui mettes la main au paquet pour vérifier qu’il y a bien une paire. [V pouffe] Bon j’y
vais, vais voir mon homme, je reviens en fin de soirée, et opération séduction.
Acte 2, Scène 8
C : Chloé n’est pas là ?
V : Elle est allée voir son copain, elle ne rentre que tard ce soir.
H : Elle va bientôt revenir.
V : Je viens de le dire, tard ce soir, elle est partie il y a à peine une demi-heure.
H : Mon médecin m’a dit que je devais arrêter le jeu, mais tu veux parier ?
V : Ben… J’suis 100% sûre, donc OK, ça me fait de l’argent facile.
M : A ta place, j’éviterais, c’est un dangereux malade.
V : C’est gentil de te faire du souci. Mais je suis sûre. On parie. 100 francs.
H : L’argent ne m’intéresse pas. Si je gagne, c’est à dire si Chloé rentre dans les 15
minutes, tu fais ma lessive pendant un an.
V : Et si tu perds ?
H : Ce que tu voudras.
V : Tu dois obéir à mes ordres pendant tout un week-end.
H : Deal.
V : Merde, j’aurais dû demander plus.
C : [à H] T’es complètement débile, tu fais quoi ?
H : S’il te plait, ne doute pas de ton stratège, ça me vexe.
M : [à V] Alors, qu’est-ce que tu vas lui faire faire ?
V : J’hésite entre des trucs utiles, genre ma déclaration d’impôts, ou des trucs humiliants,
genre l’obliger à faire ses commissions en string.
M : je te connaissais pas sadique comme ça.
V : Mais tu me connais très peu Mathieu, et c’est bien dommage [M très gêné]
21
A : [arrive en s’étirant] Bon, qui veut bouffer avec moi ?
V : J’ai l’estomac trop tendu pour l’instant.
M : tout à l’heure.
C : Non merci.
H : Pareil.
A : comme vous voulez, perso j’vais me faire une p’tite omelette.
M : Oh, fais un peu plus pour moi s’il te plait.
V : Bon ben compte-moi aussi.
C : Puisque t’y es.
A : [regarde H, il lui sourit, désolé] J’devrais apprendre à fermer ma gueule des fois.
V : Ca va, H, tu stresses pas trop ? Il reste que 5 minutes. Tu veux que j’aille voir à la
fenêtre ?
H : Vas-y, j’vais en profiter pour rassembler mon linge sale. Appelez-moi quand elle est
là.
V : Ha ! Quel flambeur. Alors qu’à l’intérieur il flippe, tel un pédophile en prison. Dismoi, tu sens les flammes se rapprocher, hein ? Mmm ? C’est quoi cette odeur ?
A [depuis les coulisses] : C’est l’omelette
V : Non, j’crois bien que c’est les poils des fesses de H qui crament. [Chloé entre,
derrière V, qui ne la voit pas. H contient sa joie]
M : Euh.. Valérie ?
V : Sois pas choqué Mathieu. C’est pas grave H. Aller, si tu reconnais ta défaite
maintenant, je réduis ta peine à un jour.
C : Euh, Valérie ?
V : Laisse, je savoure ma victoire. La première d’une longue série. Quand j’en aurai fini
avec toi, il te restera que les yeux pour pleurer et la bouche pour appeler ta mère.
[H ne dit rien, enlève son veston]
V : Tu crois que tu vas réussir à m’amadouer comme ça ? arrête, ça m’intéresse pas.
[Enlève le pantalon.] Tu bluffes. [Aux autres] Il bluffe ?
H : Tiens. Tu amèneras ça au pressing. Je les veux pour mercredi.
[V se retourne.]
V : Oh non…
C : Ben Chloé, tu pleures ?
Chl : Désolé d’interrompre. Valérie, je peux te parler ?
H : Oublie-pas mes… [Valérie ramasse.] Merci.
[Chloé et Valérie sortent.]
M : Putain, mais comment tu savais qu’elle allait revenir ?
C : Qu’est-ce que t’as fait ?
H : [faux rire] Arrête. Est-ce qu’on demande à un magicien de révéler son secret ?
C : Oui.
M : Ben oui. La plupart du temps.
H : Et est-ce qu’il le fait ?
M : Euh.
C : Non…
H : Aha ! Oh-oh…
C : Aha, oh-oh ?
22
H : J’ai laissé mon blackberry dans la poche. Faut que je le récupère. Il contient des
informations qui pourraient mettre en danger la sécurité nationale.
C : Comme quoi ? La recette de la fondue ? Le QI réel de Pascal Couchepin ?
[H sort]
C : C’est pas tout, mais faut que je me prépare pour la phase B.
M : Et j’ai une mission de guilde qui commence en ligne dans 10 minutes.
[C et M sortent. A rentre]
A : Chaud l’omelette, chaud ! [Réalise qu’il n’y a personne] Putain j’en étais sûr. Voilà
pourquoi je serais jamais cuisinier. [repart, bruit d’assiettes en coulisses.] Ni serveur.
Acte 2, Scène 9
[Chloé, Valérie. H, caché, écoute]
Chl : Putain, tu vas pas me croire. J’ai rendez-vous chez lui, il devait me faire à bouffer,
pour la Saint-Valentin, et comment je le trouve ?
V : Laisse-moi deviner, en tout cas pas en tablier derrière les fourneaux…
Chl : Au lit, à poil, menotté, avec une boule dans la bouche et une bimbo que le
chatouille avec une plume.
V : Et il t’a dit quoi ?
Chl : [bruit avec la boule dans la bouche] Mmmmm-Gnnngh
V : Et une fois que tu lui as libéré la bouche ?
Chl : « C’est pas c’que tu crois. J’peux tout t’expliquer. »
V : Classique.
Chl : J’lui dis : ah non, quand t’avais du rouge à lèvres dans le cou, c’était pas ce que je
croyais, t’as tout pu m’expliquer, c’était ta grand mère malvoyante qui avait raté ta joue.
Quand t’avais l’odeur d’une autre femme sur toi, c’était pas ce que je croyais, t’as tout pu
m’expliquer, c’était ta nièce qui s’était amusée à t’asperger de parfum pendant que vous
faisiez les boutiques. Mais là, t’es grillé, c’est la fin des haricots, je me casse.
V : Et tu t’es barrée !
Chl : Ben ouais. Juste après le sexe post-rupture.
V : Le quoi ?
[H fait du bruit]
Chl : Y a quelqu’un ?
V : C’est sûrement Mathieu, sa chambre est en face. [clin d’œil à Chloé, H guigne, voit
qui est où, et juste après les filles changent de place.]
Chl : En parlant de Mathieu, t’en penses quoi ?
V : Mathieu ? Mais je meurs d’envie de le connaître mieux. Il est tellement mignon.
Chl : Ah bon ?
V : Il n’a qu’à dire le mot et je suis toute à lui. Il a pas l’air d’oser, mais j’attends que ça.
D’ailleurs ce soir, il a promis d’m’aider à faire un truc sur mon ordi, et dès qu’on sera
dans ma chambre la porte fermée… je te fais pas un dessin.
Chl : Et s’il ne vient pas ?
V : [fort, en direction de H, qu’elle croit être Mathieu] Il a interêt à venir !
Chl : Bon ben tu me raconteras, j’ai une rupture à encaisser moi, j’vais bouffer de la glace
en regardant des films à l’eau de rose. [Sonnerie. Genre I get Money.] C’est quoi ce
bruit ?
23
V : C’est les pantalons de H. Enfin, son portable.
Chl : Ben réponds.
V : Euh… tu crois pas que…
Chl : Donne alors
H : [surgit, attrape le Blackberry.] Oui allô ? [s’éloigne des filles, qui partent.] Ah, Jessie
Luna elle-même, merci beaucoup pour ce que tu as fait. Du vrai travail de
professionnelle, si j’ose dire. Tu as reçu le versement ? Très bien, ce fut un vrai plaisir de
faire des affaires avec toi. J’aimerais beaucoup qu’on se rencontre prochainement pour
voir comment nous pouvons collaborer encore plus étroitement dans le futur. Ce soir ? A
A tout à l’heure. Bye.
Acte 2, Scène 10
C : T’es encore à poil, toi ?
H : Profite de la vue. On a un problème.
C : La sécurité nationale est compromise ?
H : J’ai entendu les filles discuter. Et j’ai été très surpris. Apparement, Chloé a un faible
pour Mathieu.
A : Mathieu ?
M : Moi ?
H : Apparement, elle l’attend dans sa chambre ce soir. Alors voilà ce qu’on va faire.
Alex, tu vas aller lui parler, lui dire tout le mal que tu penses de Mathieu, et tout le bien
que tu penses de Christophe. Et toi [à M], tu vas voir Valérie, et essayer d’en savoir plus.
A : Mais j’ai pas de mal à dire sur Mathieu !?
C : On s’en fout, t’inventes.
H : Tu dis qu’il a de l’herpès génital, ça la calmera.
M : Et ça va me poursuivre tout ma vie cette rumeur ! Et pourquoi j’irais voir Valérie ?
H : Euh… Vu ce qu’elle a dit sur toi, j’irais demander des explications.
M : Elle a dit quoi ?
H : Qu’elle comprenait vraiment pas comment on pouvait avoir envie de toi, que même
coincé sur une île déserte avec toi, elle se laisserait tenter par les gorilles avant toi.
M : A ce point là ?
H : Mot pour mot.
M : Mais ? Et si j’ai envie d’aller voir Chloé, j’ai le droit, non ?
C : Oui, t’as le droit. Mais je sais pas si t’as interêt.
H : Un accident est si vite arrivé.
M : Vous me menacez ?
H : [Musique du parrain] Mais non… Je te fais une offre que tu peux pas refuser. Tu vas
voir Valérie, et on te laisse tranquille. Alessandro, raccompagne notre ami.
A : Le parrain en caleçon, les jeunes respectent plus rien, de nos jours.
Acte 2, Scène 11
M : Valérie ?
[V toute excitée. Respire, se calme.]
24
V : [nonchalante] Oui ?
M : J’peux entrer ?
V : A ton avis ? [M Commence à repartir] Entre.
M : J’voulais te parler, de ce que t’as dit tout à l’heure.
V : [gênée] Ah… C’est parvenu jusqu’à toi.
M : On dirait.
V : J’suis désolé que tu l’apprennes comme ça.
M : C’est mieux que de pas savoir.
V : J’aurais aimé te le dire en face.
M : J’aurais préféré que tu assumes, en effet.
V : Mais j’osais pas.
M : Ca se comprend. C’est quand même des propos assez… intenses.
V : Et encore, c’est qu’un euphémisme par rapport à ce que je ressens vraiment.
M : A ce point là ?
V : Avec des personnes comme toi, il n’y a pas de limites.
M : Très bien. Ce que tu as dit m’affecte beaucoup. Je le montre pas, mais ma réaction est
très forte.
V : J’en suis ravie
M : En plus !
V : C’est gênant comme situation.
M : Un peu, mais j’espère que ça nous empêchera pas de rester amis.
V : Mais de quoi tu parles ?
M : Comment ?
V : Tu vas m’embrasser, oui ou merde ?
M : Mais et l’île déserte ? Et les gorilles ?
V : T’es complètement taré. Viens là ! [l’entraîne hors de scène]
Acte 2, Scène 12
A : Chloé ?
Chl : Casse-toi. [Alex rebrousse chemin] C’est qui ?
A : Alex.
Chl : Viens là !
A : Ca va ?
Chl : Tu sais pas ce que c’est quand un homme te blesse à ce point. [Pause] Ou je me
trompe ?
A : Ah ? Euh non, un homme non. Une femme, ça m’est arrivé.
Chl : Tu me rassures. Ouf.
A : Parce que tu pensais que.. ?
Chl : Nan, mais je vérifiais. Comme je t’ai jamais vu avec une fille, je commençais à me
poser des questions.
A : C’est pas parce que je ramène pas des filles à la maison que… Ok, ça fait quelque
temps qu’il ne s’est plus passé grand-chose.
Chl : Quelque temps ?
A : euh.. six mois.
Chl : Six mois sans rien ? J’sais pas comment t’as fait pour tenir.
25
A : C’est pas la mort. D’autres ont connu pire.
Chl : Je pourrais pas…
A : Ouais j’ai cru comprendre. T’as pas mis longtemps pour passer à autre chose.
Chl : Quoi ?
A : D’après ce que j’ai entendu ouais. Et tu changes carrément de style. Tu passes du
latin lover, au latiniste.
Chl : Latiniste ?
A : Ce n’est qu’une de ses multiples qualités. Notre expert en renseignements inutiles,
docteur ès téléchargements, chef de la cuisine cramée, utilisateur économe de la salle de
bains, notre « 21 ans, toujours puceau » national.
Chl : Mathieu ? [Alex fait signe au public d’applaudir] Je suis censée m’intéresser à
Mathieu ?
A : Il doit y avoir une bonne raison, mais je vois pas bien. Apparement tu l’attendais ce
soir.
Chl : Quoi ? Non non, c’est Valérie. Ouf, tu me rassures. Il y a eu un quoproqui. [Alex la
regarde]. Quoi ?
A : Pense quand même à lui demander un peu d’aide en latin. C’est quiproquo.
Chl : Pareil.
A : Donc t’es sur personne pour l’instant ?
Chl : Physiquement ou mentalement ? Mentalement pas encore, et physiquement bientôt.
A : Tu vises quelqu’un en particulier ?
Chl : Quelqu’un en particulier se sent visé ?
A : Ben disons que j’ai un pote qui
Chl : Le fameux « j’ai un pote qui », « c’est pas pour moi, c’est pour un ami ». Aller, pas
d’chichis entre nous, assume.
A : Nan, mais je te jure, je te parle vraiment d’un pote. C’est Chr…
Chl : J’ai une copine qui veut t’embrasser. Elle peut ?
A : Hein ? [Chloé lui saute dessus. Blackout.]
Acte 2, Scène 13
[Rêve. Alex se retrouve dans la peau d’un mannequin. Il est filmé et photographié. On
voit le spot final]
Voix off : Nicolas à l’air normal et bien portant. Pourtant, il a toutes ces maladies (des
noms de maladie flashent sur l’écran). Vous n’avez aucun symptôme ? Consultez un
médecin c’est surement très grave. Hypocondriaques sans frontières.
[Alex se réveille en sueur.]
Acte 3
Acte 3, Scène 1
C : [lisant le journal] Putain on est le 15 février.
V : Et alors, demain on sera le 16 ?
C : Ben alors hier c’était la Saint-Valentin. Et aucun de nous ne s’en est rendu compte.
Chl : Ah ouais.
26
C : Chais pas, c’est ptêtre con, mais le matin du 14 février, je me réveille avec un petit
peu plus d’espoir que les autres jours, je me dis que Cupidon va peut-être penser à moi,
que j’aurais de la chance [regarde Chloé. Chloé regarde Alex, qui regarde ses pieds.
Valérie et Mathieu se regardent. Pause]. Attends, Chloé, pourquoi tu regardes Alex
comme ça ?
Non… ne me dis pas que la nuit passée… [A V et M] Et vous aussi ? Putain… Même
vous ?
Bon, H, j’crois qu’on avait pas le bon ticket hier… Non, stoplai, pas toi… T’étais avec
qui ?
H : Dans d’autres circonstances, je le clamerais haut et fort, mais.. [doucement] Jessie
Luna.
M : Qui ? Jessie Luna ? LA Jessie Luna ? La porn… euh, l’artiste pour adultes ?
A : Celle qu’on a refusé de prendre dans la coloc ?
M : Vous avez refusé de prendre Jessie Luna dans la coloc ? Vous êtes complètement
cons tout le temps ou juste sur votre temps libre?
[V le gifle, se lève]
A : C’est chiant, hein, une femme ? Tu peux plus dire ce que tu veux.
[Chloé le gifle]
A : Mais ?
Chl : J’sais pas, j’avais envie. [sort]
Acte 3, Scène 2
C:H?
H : Oui ?
C : Qu’est-ce que t’as à dire pour ta défense ?
H : 2 mots. Jessie. Luna.
C : Non, pas ça, le reste.
H : Ben j’ai réussi à former deux couples.
C : Ouais, mais pas le bon.
H : J’admets, y a eu une petite erreur de visée. Ca peut arriver. Comme quand tu vas aux
toilettes au réveil.
M : Gaule du matin, pipi sur les mains…
C : Une petite erreur de visée ? Vous êtes vraiment incroyable, tous !
M : J’ai fait quoi, moi ?
C : T’es là, et ça suffit pour en ramasser, aujourd’hui. Tu peux rappeler à Alex le deal
qu’on a fait au début. Jamais la même fille, même si c’est longtemps après. Et jamais une
de la coloc.
A : Ca avait pas l’air de te déranger, toi, qu’elle habite avec nous. Et j’brise pas la
première règle, t’as jamais été intime avec.
H : En tant que juge unique de la ligue des meilleurs potes, je ne peux que lui donner
raison
A : Je cherchais pas juste une nuit de bon temps, je ressens quelque chose pour cette fille,
mais apparement je le seul ici à ne pas avoir une bite à la place du cœur. [sort. Pause]
M : Et à part ça, vous allez me féliciter ou pas ?
A : Pour ce merdier ?
27
M : Ben non, mais j’ai perdu un truc important hier soir.
H : Tu veux dire, à part 3 potes ?
M : Vous êtes vraiment pas cools… C’était ma première fois.
H : Ah, et ça s’est bien passé ?
A : Ouf, j’ai vraiment pas envie d’entendre ça [sort]
M : Ben, je sais pas, moi j’ai bien aimé.
H : Mais ça on s’en fout mon p’tit bonhomme. Quand tu vas à la guerre, ce qui compte
c’est de la gagner, on veut pas savoir si t’as bien aimé te battre. Ben là, c’est pareil.
M : J’te suis pas.
H : Comprends une chose jeune padawan, les femmes essaient de nous faire passer pour
les pervers, mais une fois que t’y es, il n’y a plus qu’elle qui compte. Et la vraie question,
c’est est-ce qu’elle a aimé ?
M : A ce qu’elle m’a dit, oui.
H : Ne te fie pas à ça, puéril écuyer, grossière erreur. Ca fait bientôt deux siècles qu’on a
déchiffré les hiéroglyphes à l’aide d’une vieille pierre, et même avec nos
supercalculateurs, on est toujours pas parvenu à déchiffrer le langage des femmes. Elle
disent non, ça veut dire oui, elle disent comme tu veux, ça veut dire comme j’ai dit, et si
tu l’fais pas je te quitte. Alors faut se fier au langage du corps, c’est plus simple.
M : Euh.. ben… en tout cas ça l’a beaucoup fatigué, parce qu’elle s’est vite endormie.
H : Formidable, juvénile étalon. Direct après ?
M : C’est à dire que… direct pendant.
H : [le prend par l’épaule] C’est pas grave, fougueux disciple, c’est pas grave. On va tout
reprendre depuis le début. [En sortant] Première leçon, le nerf de la guerre, les
préliminaires !
M : Les quoi ?
Acte 3, Scène 3
[C attablé. Va écrire « Meilleur Ami » sur la liste noire d’Alex. Chloé passe, avec Alex.]
Chl : attends moi ici, nounours, j’en ai pour 30 secondes. [Smack. A regarde C, gêné. M
fait son entrée, prend quelque chose dans le frigo.]
C : Mathieu, tu peux dire à Nounours que c’est pas la peine de me regarde comme s’il
était désolé, je sais qu’il ne l’est pas.
M : Oh non les gars, j’ai vraiment pas envie de jouer à ça [regard menaçant de C,
Mathieu s’éclaircit la gorge.] Euh, Alex, voudrais-tu cesser de dévisager Christophe d’un
regard apologétique, car il ne peut s’empêcher de douter de la sincérité de ce sentiment.
A : Ben dis-lui qu’il peut se les mettre où je pense, ses doutes. C’est pas la fin du monde,
à force de toujours demander à tout le monde de tout faire pour lui, ça s’est retourné
contre lui, bien fait pour sa gueule.
M : Euh, Christophe. Alex écarte ton scepticisme et te prie d’en disposer comme bon te
semble. De plus, il fait remarquer que malgré le réchauffement climatique, selon tout
apparence, cette petite histoire ne signifie pas la fin de la vie sur terre. Il termine en disant
que cette fois-ci, ton altruisme et ta propension à déléguer t’auront joué un mauvais tour.
C : C’est la meilleure ! C’est ma faute maintenant ! Qu’il aille se faire foutre. [va vers le
frigo]
28
M : Christophe est étonné au plus haut point d’être désormais incriminé dans l’affaire
et… t’invite chaleureusement à t’adonner aux plaisirs de la chair.
A : Remercie-le, et d’ailleurs, je vais suivre son conseil, j’aperçois Chloé [sort].
C : Putain, vous êtes tous des illettrés dans cette maison ? J’ai acheté des yaourts, et j’ai
mis un gros C dessus. D’après toi, C, ça peut bien vouloir dire quoi connard ?
M : Ben oui, connard, par exemple. Ou Chloé.
C : Oh, ça va l’humour ! Y a des jours où il faut pas.
M : La chance tournera. Un proverbe anglais dit : « Qui marche toute une journée sur des
excréments peut, le lendemain, traverser un champ de mines sans problèmes ».
C : J’suis vraiment pas d’humeur pour ton jeu des proverbes inventés là.
M : Même pas un seul ? T’es vraiment no fun. Euh… Christophe ?
C : Quoi ?
M : Le yaourt que tu manges, là, y a un gros M dessus. D’après toi, ça peut vouloir dire
quoi ?
C : Ben chais pas, mange-moi ?
M : T’es vraiment un cas, bon j’vais me coucher.
[Musique : Born to lose. Christophe se lève, se cogne les orteils contre un pied de table et
jure bruyamment. Puis sort de scène, musique continue.]
Acte 3, Scène 4
[Scène de rêve. Talk show. Alex est le présentateur. Valérie est invitée.]
A : Merci d’être resté avec nous. Je vous rappelle que nous somme avec Valérie, qui
vient de nous raconter comment son obsession de la propreté détruit son couple, qui est
actuellement en crise, car son mari a décidé d’arrêter de se raser tous les poils du corps
chaque jour, depuis, Valérie ne l’approche plus. Ca va toujours, Valérie ?
V : Absolument.
A : Nous accueillons Mathieu, le mari, qui, comme vous le voyez, a décidé de se laisser
pousser la barbe. Bonjour monsieur.
M : Salut.
A : Nous allons tenter de rétablir le dialogue dans ce couple [Ahhh du public] Une
question dans le public.
C : J’ai une question pour Mathieu. Comment est-ce que tu peux laisser un mec comme
lui te donner des conseils ?
M : Euh…
C : Il se fait appeler le Docteur des Cœurs. Ce mec est un hypocrite, un imposteur, une
mascarade, un charlatan, un monstre. C’est un prédateur sentimental, qui n’hésite pas à
transgresser toutes les lois de l’honneur et de l’amitié pour satisfaire ses envies. Et c’est à
lui que vous demandez de sauver votre couple ?
A : Sécurité ! C’est incroyable, on a pas de sécurité sur le plateau ?
C : Vous pouvez me faire taire, la vérité finira par éclater
[A se réveille]
Acte 3, Scène 5
29
[C revient, en pyjama, toujours boudant, se met au lit. Bruits venant des coulisses]
V [pouffant] : Mais non, j’ai cru que c’est toi qui t’en chargeait. Va demander à Alex et
Chloé.
M : Vais trop passer pour un con. J’suis obligé d’y aller ?
V : Comme tu veux…
M [apeuré] : J’y cours. [Bruits de pas. Toque (toujours hors scène, ou derrière paravent)]
A : Occupés.
M : Euh Alex, c’est Mathieu, tu peux me dépanner, j’ai plus de… enfin des…, les…, tu
sais.
Chl : des capotes ?
M : Shh…
Chl : Ouais attend, y en a là. Ah non merde [rires] on a tout utilisé, désolé [Christophe se
crispe].
A : Va demander à Christophe. [Bruits de pas. Toque]
C : Non, enflure, j’les ai utilisés pour faire des bombes à eau.
M : Faut pas le prendre comme ça.
C : Va dormir, comme tout le monde.
M : Ben… justement, ce soir, tout le monde…
C : Je sais, c’est bon, c’est pas un scoop, dégage. [Bruits de pas. Christophe essaie de se
rendormir, se remue, bruits, puis il se lève et sort de sa chambre. Il croise Alison, l’agente
immobilière dans le couloir.] Mlle Keller ?
Al : Chut.. Il me cherche
H : [Faisant irruption, un caleçon, cravate sur les yeux.] Marco… [Attrape C, par la
poitrine] Polo. Je te tiens.
C : C’est bien. Lâche moi maintenant.
H : Oh pardon. Je croyais que… Mais tu comprends, c’est parce que [montre la poitrine
d’Alison.]
Al : Parce que quoi ?
C : C’est quoi ce bordel ?
H : Alicia est
Al : Alison
H : Alison est passée tout à l’heure pour voir si on se plaisait ici, et j’ai voulu lui montrer
qu’on était pleinement satisfait. [doucement] et qu’elle pouvait l’être aussi.
C : C’est un jeu c’est ça ? C’est une expérience à la con ? Le but c’est de voir jusqu’où on
peut pousser Christophe avant qu’il explose ? On fait croire qu’on est tous de son côté, et
on le trahit un par un ?
H : Je te jure que c’est pas ça, Christophe.
C : Mais comment tu veux que je te fasse confiance ? Je sais même pas qui tu es, sous tes
airs de Casanova de Wall Street. T’étais supposé m’aider à conquérir Chloé.
Félicitations !
Chl : [en arrivant] Ah bon ?
C : Ah, t’es là, toi ? [A alex] et toi aussi ? Oh, excusez-moi, je vous ai dérangé peut-être ?
[Alex pouffe] Au moins ça te divertit.
A : Non non, enfin si.
C : Continuez comme ça, et je vais vous montrer un truc que vous avez jamais vu.
30
Al : Tes ovules ?
C : Hein ?
Al : Arrête de te comporter comme une tapette un peu ! « Bouuh, moi je suis tout seul, et
les autres ils ont quelqu’un pour faire joujou, c’est pô juste ! » Si tout ce dont t’as besoin,
c’est un peu d’affection, fallait le dire tout de suite, viens vers tata Alison et en deux
minutes c’est réglé.
Chl : aller, 2 minutes 30.
C : C’est ça, allez-y, chacun son tour, y en aura pour tout le monde.
A : C’est vrai, soyez sympas, c’est pas facile pour lui.
Al : Regarde comme c’est mignon, il défend son chouchou.
C : [à Alex] Toi, tu la mets en veilleuse, à ta place je me ferais pas remarquer.
Acte 3, Scène 6
M : Euh, scusez-moi ?
Tous : QUOI ?
M : [terrifié] Non, mais c’est juste pour demander si vous pouviez un peu faire un peu
moins de bruit, ça nous dérange pour..
C : Pour quoi ? Le cours d’éducation sexuelle ? Elle t’a déjà montré comment on met le
pilou-pilou dans le gouzi-gouzi ?
M : Les gars, vous êtes pas cools.
H : Si tu cherches des gens cools, t’arrives au mauvais moment, au mauvais endroit.
Autant chercher une physicienne nucléaire dans un strip-club.
V : Tu crois vraiment que c’est le moment pour ton humour de préadolescent ?
Al : Fais péter les pop-corns, l’équipe est au complet, le spectacle va pouvoir commencer.
Tous : Oh toi, ta gueule ! [Elle éclate de rire]
A : D’ailleurs, je voudrais pas passer pour un mec à cheval sur la loi, mais t’as le droit
de… te mettre à cheval sur tes clients ?
Al : Non, et ça tombe bien, car légalement, c’est Christophe et toi mes clients, alors j’ai
une bonne excuse pour résister à vos avances.
C : J’profite que nous soyons ici tous les 6 [pause], avec Mademoiselle Keller [elle lui
envoie un baiser], pour vous dire que votre attitude de ces derniers temps m’a beaucoup
déçu.
Chl : C’est bon Christophe, tu nous les casses. T’as pas eu ce que tu voulais. Mais ça veut
pas dire qu’on doit tous être malheureux. On a compris, t’es triste, t’es seul, on va pas
s’arrêter de vivre pour autant.
C : C’est pas ce que je dis mais vous pourriez faire preuve d’un peu plus de tact.
V : De tact ? En gros, on doit cacher qu’on s’amuse parce que monsieur n’a pas été assez
câliné par sa maman quand il était gosse ?
Al : Et voilà que les théories freudiennes font irruption, j’adore.
Chl : Si ça peut te consoler, je ressens rien de spécial pour Alex, il a le mérite d’avoir été
au bon endroit au bon moment.
A : Moi aussi je t’aime, Chloé
C : Ouais merci, ça me console.
H : [A la manière d’un commentateur de boxe] Mesdames et messieurs, nous venons
d’assister à un incroyable retournement de situation, alors que notre ami Christophe
31
Casse-couilles était dans les cordes, son adversaire, Chloé Poing d’acier, se retourne et
s’attaque au pauvre Alex Bonendroit-bonmoment. Elle lui assène un formidable uppercut,
quel joli jeu de jambes, un droite de bonendroit-bonmoment, esquive de Poing d’acier,
qui répond par un crochet.
A : Ca faisait dix minutes que t’avais pas ouvert ta gueule, c’est incroyable les conneries
que tu peux raconter pour reprendre le crachoir.
C : Mais puisque tu fais ton intéressant, on va s’intéresser à toi, tiens.
V : Bonne idée. En fait tu parles tout le temps, mais on sait rien de toi.
M : A commencer par ton prénom, tes parents étaient fan de la série avec Jamel ou quoi ?
H : Quoi ?
Chl : Une série comique française qui se déroulait dans un hôpital, avec Eric et Ramzy,
Jamel, et ça s’appelait H.
H : Avec Sophie Mounicot, Catherine Benguigui, et notre compatriote Jean-Luc Bideau,
qui jouait le patron ?
M : Oui.
H : Désolé, je vois pas de quoi vous parlez. Ma mère était fan de la Roue de la Fortune, et
mon père était fan d’à peu près n’importe quoi une fois qu’il avait avalé sa bouteille
quotidienne de Jack Daniel’s.
Chl : Bon OK, on va laisser ton enfance tranquille, mais on aimerait mieux te connaître.
On sait tous au moins 78 métiers qu’Alex veut pas faire, mais toi tu veux faire quoi de ta
vie ?
H : Je le fais déjà.
A : Monsieur mystère, j’suis sûr que les filles adorent ça.
H : En effet.
Al : Moi c’est autre chose que j’ai adoré.
V : Encore là, toi ?
Al : Et je kiffe chaque seconde.
M : Nan, mais t’es relou, c’est quoi que tu fais, au juste ?
H : Tu veux dire, quand je dois pas jouer à l’agent matrimonial ou au médiateur entre
deux des grands enfants qui partagent leur toit avec moi et leur goût de l’amour tragique
avec Roméo et Juliette ?
V : [silence] Oui.
H : En fait, vous aller rire… [Son téléphone sonne] Allô ? Tu as vu l’heure qu’il est ? Et
tu sais ce que je fais en général, à 3h du matin ? Mais je me fous qu’il est 9h à Pékin !
Mais ouvre-toi le ventre avec ton katana, Hiroki, et après on peut discuter ! [aux autres] Il
faut vraiment que je prenne ça, ça a l’air important. [sort]
Acte 3, Scène 7
V : Evidemment, au moment où il allait nous dire
C : Tu crois vraiment que c’est une coïncidence ?
A : Toujours avec des théories du complot, toi ?
M : Quelqu’un a parlé de théorie du complot ? Laquelle ? Le 11 septembre a-t-il été
l’œuvre de Bush ? L’homme a-t-il marché sur la lune ? Qui a tué kennedy ? Le groupe de
Bilderberg, les francs-maçons ?
Chl : Certains le mettrait en cage, d’autres se contentent de le mettre au lit.
32
V : Oh toi, la grognasse, t’y passe tellement de temps que ta jambe gauche à oublié à quoi
ressemblait la droite. [s’empoignent pendant que Mathieu et Alex tentent de faire qqch, H
revient].
Chl : En tout cas, ta joue gauche va se rappeler à quoi ressemble mon poing droit !
H : Oh non, les filles, arrêtez, oh non pas les habits, stop, tirez-vous pas les cheveux, quel
de violence, arrêtez !
Chl & V : Oh toi ça va le pervers !
V : T’oses le traiter de pervers ? T’as vu comme tu te comportes ?
Chl : au moins avec moi les gens savent à quoi s’attendre, je promets pas la lune à un
pauvre garçon.
V : Mes histoires avec Mathieu, c’est pas tes affaires.
M : J’préférais quand elles s’arrachaient les habits, moi…
V : Mathieu, écoute pas cette vipère, elle est jalouse de ce qu’on vit. Elle a bien vu que
toi et moi, ça fonctionne parfaitement, elle voit bien qu’on est faits l’un pour l’autre,
qu’on est au début d’une longue histoire. Elle est jalouse car elle sait pas ce que c’est
d’aimer, et d’être aimé.
H : Donnez-moi un mouchoir, j’crois que j’vais pleurer.
V : Ta gueule, tu vas pas gâcher ce moment…
M : Euh.. Valérie… C’était vraiment sympa ces derniers jours, je m’amuse bien,
j’apprend des trucs, j’ai vu tes seins [rire enfantin]. Mais tu trouves pas que tu vas un peu
vite ?
[V est abasourdie, regarde autour, fixe H.]
H : Mais pourquoi tu me regardes ? J’ai rien fait, cette fois. [Montre à Mathieu qu’il est
fier de lui, en faisant des signes dans le dos de Valérie.]
M : Valérie, prends-le pas comme ça. [elle sort]
Chl : Comme ça, ça c’est fait.
Al : En voilà enfin un qui a une paire, ici !
H : Je sais, je suis tellement fier de lui. [pause] Comment ça, enfin un qui a une paire ?
Tu l’as pas vu d’assez près, m..
Al : H…
C : H…
A : H…
M : H…
Al : H, puisqu’on est sur toi..
C : Parle pour toi.
Al : Puisqu’on est sur le sujet, il me semble que tu étais en train de nous dire quelque
chose, avant qu’Hiroshima explose.
H : Je crois qu’il ne faut rien exagérer. Toutes nos installations répondent au norme de
sécurité, au japon comme ailleurs.
A : Bref, alors, tu fais quoi ?
H : J’exerce une activité professionnelle indépendante, dont je fixe les aléas.
C : Ca veut rien dire, tu réponds pas à la question.
H : Ecoutez, j’entends bien, mais je ne suis pas quelqu’un qui marche sur les sentiers
battus, je navigue au flot de ma volonté, et je sais les opportunités que je m’offre.
A : Putain, mais il fait exprès, un dirait Sarah Palin dans un débat.
Chl : Tu saoûles, là, c’est quoi ton métier, merde !?
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H : ok ok, calmez-vous, on va pas en faire une fondue. C’est simple je s… [coupure de
courant]
Acte 3, Scène 8
Al : Evidemment.
C : H, je suis sûr que t’as fait exprès de pas payer la facture d’électricité ?
H : Oh merde, je voulais l’faire, mais après je me suis dit que ça pourrait me servir qu’on
ait des coupures.
Al : T’es un peu parano quand même. Vous inquiétez pas, c’était arrivé aux précédents
locataires aussi, ça durera quelques minutes.
A : Aïe
Chl : Quoi ?
A : Rien, c’est mon pied.
Chl : Oh pardon.
A : Aïe
Chl : Encore ?
A : C’est ma main.
Chl : mais tu fous quoi assis par terre.
A : Ca réduit mes chances de tomber.
[chuchotement entre H et Christophe, H se marre, bruits, la lumière revient. Christophe a
le pantalon défait et s’apprêtait à montrer ses fesses à Chloé. H est mort de rire. Alison et
Mathieu ont disparu.]
Acte 3, Scène 9
Chl : Tout va bien, Christophe ?
C : Hein ? [se rhabille] Oui oui. Il m’a promis mille francs si je te montrais mes fesses
dans le noir [H n’en peut plus]. T’as encore fait exprès ! Tu savais que ça allait se
rallumer !
Chl : Je voudrais pas casser l’ambiance, tant de maturité fait toujours plaisir à voir, mais
où sont Alison et Mathieu ?
A : Ils sont plus là, en tout cas.
H : Bravo Sherlock. Fais pas détective non plus.
C : Vous croyez que… ? Non… pas… je… eux… non…
A : Christophe il nous fait un texte à trou tellement il n’en revient pas.
H : J’suis tellement fier de lui. J’ai toujours su qu’il avait un énorme potentiel. J’crois que
je suis même plus heureux que si je l’avais chopée moi-même. Ah mais attends, [pause],
je l’ai chopée moi-même [grand sourire].
Chl : Regardez-ça, les mâles… Et après ça s’étonne que les filles ne croient plus en
l’amour.
H : Comment t’expliquer ? Nous on sait que ça existe pas, mais si vous, vous arrêtez d’y
croire, tout va se casser la gueule. Tous les adultes savent que le père Noël n’existe pas,
mais ils continuent de le faire croire aux enfants, parce qu’ils savent très bien que sinon,
un marché de plusieurs milliards de dollas s’effondrera.
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Chl : Il est mignon, avec ses métaphores. Il fait le mec qui a tout compris, mais en fait, il
fait attention de jamais se découvrir une seconde, il révèle rien, il a bien trop peur de
souffrir.
H : C’est pas moi qui joue la femme fatale, passant d’homme à homme, alors que tout ce
que tu recherches, c’est compenser les câlins que t’as pas reçu de ton papa.
A : Ces deux ensemble, c’est Merteuil et Valmont au XXIe siècle.
[Pendant qu’ils se crient dessus, H et Chloé se rapprochent, ils sont maintenant à
quelques centimètres l’un de l’autre.]
Chl : Laisse-moi rire, Mr. Je-me-vide-les-couilles-en-espérant-que-ça-remplira-le-videde-mon-cœur !
H : Toi, tu oses venir me parler de trous à boucher ?! C’est la meilleure !
[Ils s’empoignent vigoureusement, et s’embrassent à s’en arracher la tête jusqu’en
coulisses.]
Acte 3, Scène 10
A : [En baillant] J’sais pas toi, mais perso, toutes ces histoires ça m’a exténué. Mais si je
vais dormir, j’ais encore me retrouver dans la peau d’un physicien nucléaire à qui tout
pète à la gueule.
C : Plains-toi pas. Toutes les fois où je me demande ce que je vaudrais comme avocat,
toubib, chauffeur de bus, j’aimerais bien me retrouver dans la peau du personnage, et voir
comment je m’en sors !
A : Aha, ouais. Mais attends, c’est pas con ce que tu dis…
C : C’est jamais con ce que je dis.
A : Ben, ces derniers temps…
C : Bon, ça va, hein. A quoi tu penses alors ?
A : En fait, tout ce temps, j’étais indécis sur mon avenir. Mais je suis pas le seul ! Des
millions de jeunes gens sont dans mon cas. Et même ceux qui ont une idée précise, ils ont
des doutes, des remises en question. Ce que je souhaite faire… [Coupure de courant]
C’est tout d’abord me barrer de cet appart’…
C : Ouais, je crois que la coloc a vécu ses derniers jours, on serait plus trop capable de
cohabiter de toute façon.
A : Christophe ?
C : Quoi ?
A : Rassure-moi, t’es pas en train de te déshabiller ? [Soupir de Christophe] Ok ok, je
vérifiais juste, on est jamais trop sûrs. Alors je te disais, [sortent de scène.]
Epilogue
[En vidéo, plusieurs années après.]
A : De nos jours, les possibilités d’avenir sont innombrables. Et il faut faire son choix de
carrière très tôt. On a de moins en moins droit à l’erreur. L’incertitude et le doute sont des
handicaps considérables. Vous aussi, vous êtes terrifiés à l’idée de vous tromper, de
choisir la mauvaise voie ? N’ayez plus peur. Avec l’Orientor 3000, vous pouvez vérifier
en un instant si le métier de vos rêves est fait pour vous.
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La technologie révolutionnaire développée par nos chercheurs va permettre de vous
plonger quelques minutes, ou quelques heures, selon vos moyens, dans le quotidien de la
profession de notre choix.
N’hésitez plus, venez prendre rendez-vous dans un centre proche de chez vous, et
regardez vers l’avenir [défilé de photos des colocs dans des tenues de métiers différents]
Orientor. Choose To Know.
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