L`acquisition de la propreté. - Magny-les

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L`acquisition de la propreté. - Magny-les
S.P/Fev 2000
L'acquisition de la propreté.
L'acquisition de la propreté ne s'apprend pas. Cela fait partie des acquisitions naturelles de l'enfant
(comme marcher, parler, attraper …).
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Pour être propre, l’enfant doit être prêt physiquement.
Lorsqu'il est bébé, le système nerveux de l’enfant n'est pas achevé. Les fibres du cerveau vers ses muscles
qui transmettent les ordres concernant les mouvements volontaires (comme marcher), ne sont pas encore
fonctionnelles. Cette maturation se fait progressivement et ce n'est pas un hasard si l'âge de la marche et l'âge de
la propreté se suivent d'assez près. Ce n'est pas un hasard non plus, si de plus en plus de médecins conseillent de
ne parler du pot à l'enfant que lorsqu'il saura descendre tout seul un petit escalier en ne posant qu'un pied par
marche. Cet exercice révèle simplement la maturité des fibres nerveuses. Un enfant est, en général, propre entre
18 et 30 mois. Il peut encore porter des couches à 2 ans et demi sans qu'il y ait la moindre anomalie.
Il est donc inutile de mettre un enfant sur le pot dans sa première année puisqu'il n'est pas encore capable de
contrôler sa vessie et son sphincter anal, qu'il maîtrise en premier.
De la même manière, la propreté se fera d'abord de jour, puis de nuit (entre 24 et 36 mois, mais qui peut
tarder jusqu'à 5-6 ans, surtout chez les garçons). Il lui faut devenir capable de se retenir de demander, de se
déplacer, d'enlever sa culotte. Il lui faut être capable de s'asseoir sur le pot seul. Pour que le passage à la
propreté se fasse sans heurt, il est donc important de respecter le rythme naturel de l’enfant. Il va devenir de luimême propre quand l'adulte n'exigera rien. L'enfant est propre parce que c'est naturel, et que ça lui plaît.
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C'est l’enfant qui décide du moment.
Uriner ou déféquer dans la couche n'est pas une situation de gêne pour l'enfant. Il n'a pas la même notion de
confort que l'adulte. Le dégoût, il l'apprendra, ce n'est pas une sensation spontanée. D'autre part, être propre
implique que l'enfant va devoir renoncer à être changé, câliné par sa maman ou son papa. Et il n'abandonne pas
ces merveilleux instants si simplement.
De plus, accéder à la propreté, s'accompagne d'inquiétudes et d'angoisses. L'enfant ne comprendra que
lentement que ce qui sort de son corps peut être perdu sans dommage, que ce n'est pas un morceau de lui-même
qui s'en va. Si les parents exigent trop tôt et avec trop de sévérité que l'enfant soit propre, il risque de garder
longtemps le sentiment qu'à chaque séance pot, il perd quelque chose de lui-même, et que cette perte est exigée
par ceux dont il dépend. Il faut parler avec l’enfant, mettre des mots sur ce qui se passe dans son corps.
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Ainsi, la propreté représentera pour l’enfant, l'acquisition d'une autonomie. Il s'affirmera en tant que grand.
En vidant son pot (ou en tirant la chasse d'eau), il contrôle par lui-même la perte de cette partie de lui. Cela rend
cette perte moins douloureuse. La continence trop précoce peut être un signe de retard d'autonomie. C'est un
signe que l'enfant a subi un "dressage" et non pas qu'il a été propre de lui-même. Il a fait plaisir à l'adulte.
Il lui faut donc accepter ce qu'on lui demande. Quand son corps est assez mur, si on lui présente les choses
comme l'occasion de grandir, de faire comme les grands et si on lui donne une information claire : "dans ce que
tu manges, une partie te sert à grandir et reste dans ton corps, le reste ne sert à rien, il s'en va et on le jette", cela
se passera, a priori, avec moins de difficultés.
C'est pendant cette période qu’il va employer de plus en plus souvent "je". Il prend conscience de lui
comme une personne à part entière (d'où les jeux d'imitation).
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Comment aider l’enfant à devenir propre :
Toute méthode contraignante risque de le perturber et de retarder cette acquisition. Il faut avant tout le
laisser suivre son propre rythme.
Il est possible de lui proposer le pot lorsqu’il manifeste le besoin d’uriner ou de faire une selle. Sans aucune
brusquerie ni précipitation, avec patience, on peut lui montrer le pot et lui demander : "veux-tu aller sur le
pot ? ". Lorsque l’enfant accepte, au bout de quelques minutes, qu’il ait fait ou non, il ne faut pas hésiter à le
relever et lui remettre sa couche. Car ce n’est pas le fait de supprimer les couches qui le rendra propre. Au
contraire, chaque accident risque de provoquer un peu plus de tension. Peu importent les couches souillées dans
l’intervalle. Peu importe que l’enfant se relève pour se promener avec son pot, car il découvre ce nouvel objet.
Si l’enfant a fait dans le pot, on peut le complimenter pour manifester notre intérêt. Mais attention, pas
d’extase, ce n’est pas un exploit, et ne pas le laisser croire que c’est le plus grand événement du monde !
Il est important de laisser le pot à disposition de l’enfant. Afin de le rendre autonome, il faut lui mettre des
vêtements simples à enlever : pas de salopettes ou des pantalons à boutons, mettre une culotte plutôt qu’un
body.
S’il tarde vraiment à être propre, il est important d’être patient(e) et encourageant(e) plutôt que d’être que
punitif (ve) et dévalorisant(e). Il est important de ne pas le culpabiliser et surtout de le gronder. Comme la
plupart des autres, il fait sans doute de réels efforts, et il peut lui être douloureux que ceux-ci ne soient pas
reconnus. On peut également le changer debout (c’est un grand).
Il faut dédramatiser les “petits accidents” de l’enfant, fréquents au début des premières tentatives de “sans
couches” et éviter à tout prix de l’humilier dans ces circonstances. Le but n’est pas de faire plaisir à un adulte.
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L’enfant redemande une couche, souille à nouveau son slip ou sa culotte, il est utile de réfléchir à la situation :
y’a t’il eu un peu de “forcing”? Il n’y a pas de laxisme à redouter autour de la propreté. Il faut juste
accompagner l’enfant. Toutes les activités « salissantes » sont les bienvenues : patauger dans l’eau, dans la
peinture, malaxer de la pâte à modeler, à sel…
Les enfants mis sur le pot pendant leur première année y sont habitués. Et au moment où ils doivent “sentir”
leurs sphincters, ils ne font pas la relation entre le pot et leur sensation, puisque le pot est une habitude. Et cela
a plutôt tendance à retarder leur réaction par rapport à la fonction du pot. Donc, pas de “séance pot” à heure fixe
et interminables.
D’autres attitudes sont à proscrire :
- L’usage des menaces, des moqueries, de l’humiliation.
- Ne pas instituer de monnaie d’échange (ni punition, ni récompense).
- Les réveils nocturnes, qui altéreront considérablement la qualité de sommeil de l’enfant et auront
tendance à le stresser.
- Le rationnement d’eau le soir, attitude allant à l’encontre des besoins physiologiques.
- Ne pas administrer de médicaments sous forme de suppositoires.
Enfin, il est important de lui demander s’il désire mettre une couche pour la sieste, quand il est propre de
jour, idem pour la couche de la nuit.
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Et après, les rechutes ?
C’est le désir des parents que l’enfant a envie de satisfaire en devenant propre. Mais son accord sur ce point,
il ne va certainement pas le donner définitivement et sans retour. En dehors des inévitables accidents qui se
produiront encore pendant quelques mois, l’enfant peut avoir des périodes de refus obstinés. Si ce refus n’est
pas compréhensible, il faut l’accepter et attendre que l’enfant change d’avis de lui-même. Insister dans ces
circonstances peut aboutir à des problèmes de constipation chronique.
De manière générale, les troubles vécus par l’enfant ont un retentissement sur la propreté (naissance d’un
petit frère, déménagement…). Françoise Dolto constate que les enfants « dressés » précocement à être propre et
d’une façon trop stricte :
- Présentent une relation de dépendance avec l’adulte, ont moins d’autonomie,
- Ont une moins bonne liberté du corps,
- Deviennent facilement énurétiques dès le moindre problème,
- Plus grands, ils peuvent être atteints d’éjaculation précoce.
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