Nicomède - Lettres de l`académie d`Aix
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Nicomède - Lettres de l`académie d`Aix
AU THÉÂTRE DE LA CRIÉE Nicomède Nicomède de Pierre Corneille mise en scène Brigitte Jaques-Wajeman du 9 au 26 octobre 2008 › THÉÂTRE DE LA CRIÉE Petit Théâtre Nicomède de mise en scène collaboration artistique scénographie et lumières musique costumes maquillages et coiffures assistant à la mise en scène Pierre Corneille Brigitte Jaques-Wajeman François Regnault Yves Collet Marc-Olivier Dupin Annie Melza Tiburce Catherine Saint-Sever Pascal Bekkar Avec Flaminius Pascal Bekkar Raphaèle Bouchard Laodice Sophie Daull Arsinoé Pierre-Stéfan Montagnier Prusias Thibault Perrenoud Attale Agnès Proust Cléone Marc Siemiatycki Araspe Bertrand Suarez-Pazos Nicomède Création › janvier 2008 au Théâtre de la Tempête (Paris). Production › Comédie de Reims, Compagnie Pandora et Théâtre de la Tempête. Avec le soutien de la DRAC Île de France et de la Direction des affaires culturelles de la ville de Paris. Avec la participation du Jeune Théâtre National. En coréalisation avec le Théâtre de la Tempête. ( Corneille et le pouvoir d’état Rencontre animée par Marie-Claude Hubert, professeur de littérature française à l’Université de Provence, avec Brigitte Jaques-Wajeman et Alain Ollivier, metteurs en scène. CABARET ! À LA CRIéE › SAMEDI 29 NOVEMBRE 2008 À 16H ) REPRÉSENTATIONS PHOTOS RENSEIGNEMENTS CONTACT du 9 au 26 octobre 2008 THÉÂTRE DE LA CRIÉE Petit Théâtre mardi, mercredi à 19h jeudi, vendredi, samedi à 20h dimanche à 15h durée du spectacle : 2h15 Des photos libres de droits pour la presse régionale sont disponibles sur notre site www.theatre-lacriee.com RÉSERVATIONS Florence Lhermitte Tel : 04 96 17 80 35 [email protected] Béatrice Duprat Tel : 04 96 17 80 34 [email protected] Nicomède - 09/09/2008 AU THÉÂTRE DE LA CRIÉE du mardi au samedi de 12h à 18h aux guichets et par téléphone au 04 91 54 70 54 vente en ligne : www.theatre-lacriee.com Tarifs de 9 à 21€ page 2 En quelques mots L’action se déroule en Bithynie, l’actuelle Turquie. Elle raconte l’histoire d’un héros résistant face à l’impérialisme romain et aux manœuvres collaborationnistes des autochtones. Corneille ose faire d’une tragédie où la menace de mort plane d’un bout à l’autre, une véritable comédie. Face à ce sombre théâtre politique, Corneille veut un spectateur lucide et heureux. Dans ce monde épouvantable, le spectateur peut admirer un héros libre. Interroger cette pièce aujourd’hui est intéressant du point de vue politique, et du point de vue de sa forme. Dans Nicomède, il y a constamment du théâtre dans le théâtre, et cette théâtralité exhibée donne envie d’expérimenter. Les spectateurs sont installés dans des gradins qui encerclent une grande table, table ou vont se jouer toutes les intrigues. Le prince Nicomède, victorieux à la guerre, est revenu à la Cour de Bythinie sans l’accord de son père, le Roi Prusias. C’est un risque qu’il a pris pour revoir la Princesse Laodice qu’il aime, la fille du Roi d’Arménie, en exil chez Prusias. Nicomède se sait en outre haï de sa bellemère la Reine Arsinoé, seconde femme de Prusias, qui lui a envoyé l’armée des sbires pour le compromettre et le perdre, et qui soutient contre lui le fils qu’elle a eu de Prusias, Attale. Ce dernier a fait ses études morales et politiques à Rome, et sa mère veut le voir monter sur le trône de son père, et épouser Laodice, dont il est aussi amoureux, avec le soutien des Romains, et notamment celui de l’ambassadeur des Romains Flaminius, qui s’éternise à la Cour de Prusias et entend bien se mêler de la politique locale. Nicomède - 09/09/2008 Tel est le nœud de cette tragédie, qui met donc aux prises le prince Nicomède, héros dont les victoires ont établi et affermi le trône de son père, qui a pour idéal politique celui de la liberté et de l’indépendance des souverains légitimes, et pour modèle Hannibal, l’ennemi de Rome, avec le parti pro-romain, représenté par Prusias, la Reine Arsinoé, son demi-frère Attale, et bien entendu, l’Ambassadeur de Rome. L’opposition des deux partis est accusée du fait qu’Hannibal, qui s’était réfugié en Bithynie, a été livré par la Reine à la vindicte des Romains, et s’est empoisonné pour leur échapper. L’intrigue de ce drame plein de surprises et de retournements, de complots et de séditions, se dénouera de façon heureuse par la déconfiture des collaborateurs de Rome, le triomphe du Prince généreux qui sera délivré des Romains grâce au soutien de son frère Attale, le partage de la Bithynie et des royaumes, conquis ou à conquérir, entre les deux frères, et l’union de Nicomède avec Laodice. Nicomède est, Corneille le dit lui-même, sa vingt et unième pièce. Elle date de 1651. Elle fut jouée sans doute à l’Hôtel de Bourgogne en février de cette même année. Corneille confie : « Je ne veux point dissimuler que cette pièce est une de celles pour qui j’ai le plus d’amitié ». page 3 Théâtre en Nicomédie En travaillant sur le théâtre de Corneille, j’ai été frappée par le nombre important de pièces que Rome lui avait inspiré (13), particulièrement par celles dont l’action se déroule dans « les pays alliés » de Rome. Il s’agit d’un ensemble de cinq pièces que j’ai intitulé : Le Théâtre colonial de Corneille. En font partie La Mort de Pompée (en Egypte), Nicomède (en Turquie), Sophonisbe (en Tunisie), Sertorius (en Espagne) et Suréna (en Iran). Corneille y décrit la politique impériale des Romains et les stratégies hasardeuses, de collaboration ou de résistance, des populations dominées; c’est qu’il excelle à décrire les relations éminemment dialectiques qui se tissent entre eux, la fascination réciproque qu’ils exercent les uns sur les autres, singulièrement par le biais des femmes. Au fil des années, dans différents théâtres, j’ai réussi à mettre en scène toutes ces pièces (et même parfois deux fois) excepté Nicomède. C’est sans doute parmi les cinq pièces, la plus résolument politique, la plus résolument critique. Je pense qu’aujourd’hui où la question des relations Nord- Sud ainsi que du bilan colonial se fait brûlante, pour ne pas dire explosive, il est intéressant de monter la pièce et de parachever le cycle. Voici comment Corneille s’explique à son lecteur: « Mon principal but a été de peindre la politique des Romains au dehors, et comme ils agissaient impérieusement avec les rois leurs alliés, leurs maximes pour les empêcher de s’accroître, et les soins qu’ils prenaient de traverser leur grandeur, quand elle commençait à leur devenir suspecte à force de s’augmenter et de se rendre considérable par de nouvelles conquêtes.» Tout en s’inspirant comme à son habitude d’un historien de l’Antiquité, il imprime à cette pièce un ton particulier qui la détache des autres tragédies. Dans un monde absolument noir, désespéré, il fait surgir un homme Nicomède - 09/09/2008 libre, un héros intrépide, sans peur et sans reproche, que rien n’ébranle tandis qu’autour de lui tout n’est que calculs, complots, trahisons. Nicomède ne cherche pas à susciter la pitié ou la crainte, mais ironique, cinglant, provocant, avec une jubilation et une énergie à peine imaginables, il renvoie chacun à son triste secret: La soif de pouvoir qui se mêle à la faiblesse morale, la jalousie, l’envie devant la grandeur qui les conduit au pire. Il dénonce aussi bien la politique romaine, que la soumission honteuse du roi de Bithynie son père, que les intrigues de la reine, épouse séductrice, marâtre de « Ni-Comédie.» Rarement en effet chez Corneille, les genres auront été plus mélangés: il s’agit d’une tragédie politique, mais chaque scène ou presque atteint à la bouffonnerie! C’est que Corneille s’essaye à un nouveau genre: selon lui, Nicomède doit provoquer l’admiration chez le spectateur, et non plus l’effroi ou les larmes. Grâce à cette nouvelle règle, Corneille invente un théâtre « démonstratif » où l’excès de la théâtralité est poussé à l’extrême. L’ironie cinglante et l’intrépidité du héros mettent le spectateur à distance; au lieu d’une empathie respectueuse, il doit éprouver une intense jubilation devant la mise en pièces de la machine politique, devant les intrigues, les mensonges du théâtre de la politique. A la manière géniale de Brecht, comme dans Arturo Ui, Corneille ose faire d’une tragédie où la menace de mort plane d’un bout à l’autre, une véritable comédie. Face à ce héros résistant, au-delà de toute mesure, Corneille veut un spectateur lucide et heureux. Dans ce monde épouvantable, le spectateur peut admirer un héros libre et pourquoi pas prendre exemple sur lui ! BRIGITTE JAQUES-WAJEMAN page 4 Pierre Corneille (1606 - 1684) Né à Rouen le 6 juin 1606 - mort à Paris le 1er octobre 1684. D'une famille de robe, Pierre Corneille fait ses études au Collège des Jésuites de sa ville natale, puis, diplômé de droit, devient avocat en 1628, métier qu'il exerce jusqu'en 1651. De sa vie privée, fort discrète, on connaît peu de chose. Il épouse, en 1640, Marie de Lempérière, qui lui donne six enfants et quitte Rouen pour s'installer à Paris en 1662, lorsque la suite de ses succès au théâtre lui garantit la reconnaissance du public. Il écrit sa première comédie, Mélite ou les fausses lettres, en 1629. Elle est jouée à Paris en 1630 par le célèbre acteur Mondory, fondateur du Théâtre du Marais, auquel Corneille confie toutes ses pièces jusqu'en 1647. Après ce premier succès Corneille donne, entre 1630 et 1633, Clitandre ou l'Innocence délivrée, puis La Veuve ou le Traître trahi, La Galerie du Palais ou l'Amie rivale, La Suivante, La Place Royale ou l'Amour extravagant. Tragi-comédies, ou comédies à l'espagnole, les pièces de Corneille sont écrites dans un langage riche, sonore et efficace. En 1635, Corneille aborde la tragédie, avec Médée, dont il emprunte le sujet à Sénèque, et compose L'Illusion comique, comédie gigogne qui met en scène à la fois l'allégorie du théâtre du monde et les différents genres dramatiques possibles. La même année, le cardinal de Richelieu fait appel à lui pour constituer, avec Boisrobert, Colletet, L'Estoile et Rotrou, les « cinq auteurs » chargés de rédiger tragédies et comédies sur des canevas imaginés par Richelieu. Ainsi sont composées La Comédie des Tuileries et L'Aveugle de Smyrne. À partir du Cid, tragi-comédie inspirée d'une épopée espagnole, créée au début de l'année 1637, il connaît une suite de grands succès. Paraissent alors des tragédies à sujets romains, successivement Horace (1640), Cinna ou la Clémence d'Auguste (1641), Polyeucte, martyr (1641), La Mort de Pompée (1643). Il revient à la comédie avec Le Menteur (1643) et La Suite du Menteur. Puis la série des tragédies continue avec Rodogune, princesse des Parthes (1644), Théodore vierge et martyre Nicomède - 09/09/2008 (1645), Héraclius, empereur d'Orient (1646), Andromède (1650) tragédie à machines jouée dans les décors de Torelli, Don Sanche d'Aragon (1649), Nicomède (1651) jusqu'à l'échec de Pertharite, roi des Lombards, en 1651. Corneille se détourne momentanément du théâtre et se consacre à la traduction en vers de L'Imitation de Jésus-Christ. Il renoue avec la tragédie en 1659 avec Œdipe, puis La Conquête de la Toison d'Or (1660), tragédie à grand spectacle, et donne ensuite Sertorius (1662), Sophonisbe (1663), Othon (1664) et Agésilas (1666). Avec Attila (1667), puis Tite et Bérénice (1670), Corneille quitte l'Hôtel de Bourgogne et s'adresse à la troupe de Molière, qui a déjà interprété plusieurs de ses pièces. Pulchérie, jouée au Théâtre du Marais en 1672, puis Suréna en 1674, terminent la carrière dramatique de Corneille. En 1682, paraît sous son contrôle l'édition complète de son Théâtre et il assiste à une reprise triomphale d'Andromède. Sa pension, inexplicablement suspendue sept ans auparavant, est alors rétablie. Le théâtre de Corneille, écrit dans une versification dense et étonnamment moderne, présente des héros d'une rare grandeur, confrontés à des situations nécessitant des choix difficiles. L'honneur, le devoir, l'élévation de pensée sont les qualités de personnages dont le code moral et politique exigeant s'exprime dans un parcours dialectique qui n'exclut ni les sentiments ni l'ironie. Si ses œuvres les plus représentées à la Comédie-Française au cours des siècles restent encore Le Cid, Cinna, Polyeucte, Horace, Nicomède, Rodogune et la comédie du Menteur, la tendance est actuellement à redécouvrir des pièces peu connues, voire méconnues, telles Tite et Bérénice — qui pâtit en son temps de la comparaison avec la Bérénice de Racine —, Sertorius ou encore Suréna. page 5 Brigitte Jaques-Wajeman Formée dans les classes d’Antoine Vitez, elle travaille en tant que comédienne dans plusieurs de ses spectacles de 1969 à 1974, date à partir de laquelle elle se consacre à la mise en scène et crée la Compagnie Pandora avec François Regnault. Elle enseigne l’art dramatique à l’école de la rue Blanche (l’ENSATT) de 1981 à 1987 et dirige le centre dramatique national Théâtre de la Commune-Pandora d’Aubervilliers de 1991 à 1997. Depuis 2006, elle enseigne à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm. Puisant dans les répertoires classiques et modernes, elle a mis en scène plus d’une trentaine de pièces présentées lors de festivals et dans de nombreux théâtres, en France et à l’étranger (Comédie-Française, Chaillot, Odéon, Athénée, Théâtre de la Ville, …). Parmi ses dernières mises en scène de théâtre on retiendra entre autres : La Nuit de l’iguane de Tenessee Williams, Sophonisbe, Horace, La Mort de Pompée et La Place Royale de Corneille, Angels in America de Tony Kushner créé pour le Festival d’Avignon en 1994. Mais aussi Elvire/Jouvet 40 d’après sept leçons de Louis Jouvet, Entretiens avec Pierre Corneille composés par Brigitte Jaques et Jacqueline Lichtenstein, Le Prince travesti de Marivaux, et Sertorius de Corneille. En 1998, elle monte Dom Juan de Molière à la Comédie de Genève repris au Théâtre de l'Odéon et Le Passage de Véronique Olmi joué à Lausanne et au Théâtre des Abbesses, à Paris. En 2000, elle dirige la mise en scène de la lecture intégrale de l'Odyssée dans le cadre du Festival d'Avignon et pour l'Auditorium du Louvre. Entre 2001 et 2003, elle Nicomède - 09/09/2008 monte deux pièces de Plaute dans des traductions originales de Florence Dupont, La Marmite et Pseudolus au Théâtre de La Tempête. En 2001, elle crée Ruy Blas de Victor Hugo à la Comédie-Française. En 2003, elle crée Viol, de Danièle Sallenave au Théâtre du RondPoint, puis elle met en scène un texte pour le jeune public, de Gérard Wajcman, Le Voyage de Benjamin, dans le cadre d’Odyssées 78. En 2004 Brigitte JaquesWajeman travaille sur la création au théâtre du VieuxColombier de Britannicus de Racine. En 2005, elle crée L'Illusion comique de Corneille, à la Comédie de Genève, au Théâtre de Gennevilliers et à la Comédie de Reims. Puis elle présente une lecture-mise en scène à l’Auditorium du Louvre, La Chanson de Roland, et met en scène Le Cid, de Corneille, à la Comédie-Française, pour la saison 2005-2006. Elle met en scène Ténèbres de Henning Mankell, à Théâtre Ouvert, en janvier 2007 avec Maurice Benichou et Rachida Brakni. Elle prépare pour janvier 2008, Jouer avec Nicomède de Corneille pour le Théâtre de La Tempête. Par ailleurs, elle travaille sur une adaptation théâtrale du roman de Vassili Grossman, Vie et Destin, pour la saison 2008-2009. Pour le monde de l'opéra, Brigitte Jaques-Wajeman a également mis en scène Faisons un opéra de Benjamin Britten, Aventures, Aventures nouvelles de Ligeti, Je vous dis que je suis mort de Georges Aperghis et Le Jeu du Narcisse de Marc-Olivier Dupin et Don Giovanni de Mozart en janvier 2005 au Capitole de Toulouse repris en novembre 2007. page 6