Alimentation et troubles de la croissance du chiot
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Alimentation et troubles de la croissance du chiot
C o m m u n i c a t i o n Alimentation et troubles de la croissance du chiot : combattons les idées reçues ! par Maxime Coquet Docteur vétérinaire, CES de diététique canine et féline, CES d’ophtalmologie vétérinaire, Clinique vétérinaire Jules Verne, 80210 Feuquières en Vimeu RÉSUMÉ Pendant la croissance du chiot, les risques nutritionnels/pathologiques sont dominés par les risques d’excès : surnutrition et vitesse de croissance excessive, complémentation minérale ou vitaminique inadéquate ou anarchique… Les déséquilibres, notamment protéines/énergie, énergie/minéraux ou entre minéraux devront être prévenus et une attention particulière sera également apportée notamment à l’apport d’acides gras essentiels, à l’hygiène et au mode de distribution de l’aliment. En pratique, le suivi, la pesée régulière du chiot, l’appréciation de son indice de condition corporelle (ICC), l’individualisation de son rationnement quantitativement et qualitativement tout au long de sa croissance contribueront à une meilleure prévention de ces différents risques. Mots-clés chiot, alimentation, croissance, idée reçue, puppy, growth, nutrition, preconceived idea 12 B u l l . S o c . V é t . P r a t . d e F r a n c e , o c t o b r e / n o v e m b r e t / d é c e m b r e 2 0 0 9 , T. 9 3 , n o 4 lus, est-ce mieux ? (« il ne faut pas qu’il manque… »). Une croissance rapide estelle idéale ? (« il est beau pour son âge… »). Un chiot doit-il être « bien en chair » ? (« il vaut mieux faire envie que pitié… »). Faut-il complémenter la ration d’un chiot, notamment en minéraux ? (« c’est bon pour son squelette… »). Faut-il lui distribuer sa ration à volonté (« s’il mange, c’est parce qu’il a faim… ») ou en repas pesés et minutés ? Voici par exemple quelques-unes des interrogations ou idées reçues qui reviennent régulièrement dans l’exercice au quotidien. Si, historiquement, les maladies nutritionnelles du chiot en croissance (seule la croissance postsevrage sera évoquée ici) étaient caractérisées par la(les) carence(s), il en est généralement tout autrement aujourd’hui… Partant donc d’une simple prévention des carences vers la performance zootechnique puis la santé et le bienêtre, la perception du besoin et donc la nutrition du chiot ont, elles aussi, évolué… P ils appartiennent et dont on peut définir plusieurs groupes : petits, moyens, grands et géants notamment par la variabilité du pic de croissance ; ce dernier étant défini comme le point d’inflexion de la courbe de croissance, c’est-à-dire le point de gain moyen quotidien (GMQ) maximum (cf. figures 2 et 3). La précocité à la naissance d’un chiot est fonction du format adulte de sa race : un chiot de petite race naît plus « avancé » dans sa croissance qu’un chiot de grande race. Figure 1 – Relation dose-effet en nutrition 1. « Plus, c’est mieux ? » Quelques rappels nutritionnels Il existe en nutrition une relation de type doseeffet (cf. figure 1). Dans cette zone « optimum » d’apport, l’objectif peut refléter différentes réalités (alimenter pour la survie, pour la santé minimale ou optimale ou pour la performance etc.) et module donc la largeur de cette zone de tolérance… Il convient également de bien différencier le besoin qui est une donnée individuelle et la recommandation qui est une approche collective : si le besoin brut correspond à l’apport nécessaire permettant de couvrir le besoin net (en tenant compte du coefficient d’assimilation réel), la recommandation, quant à elle, représente la valeur indicative de la quantité de nutriment nécessaire à satisfaire les besoins de l’ensemble des animaux d’une population, alors exprimée en général en valeur relative (% de matière sèche (MS) ou g/mégacalorie d’énergie métabolisable (g/Mcal EM). Figure 2 – Courbe de croissance, GMQ et point d’inflexion 2. « Vite fait, bien fait ? » La croissance du chiot : quelques données zootechniques Les courbes de croissance des chiots sont différentes en fonction du format de la race à laquelle Figure 3 – Courbes de croissance selon la race 13 Figure 5 – Besoin énergétique « de base » chez le chien en fonction de son poids que proportionnel (cf. figure 5). Figure 4 – Croissance différentielle du chiot et risque pathologique (d’après Paragon et Grandjean, 1993) De plus, les différents tissus (os, muscle, tissu adipeux) du chiot présentent également une croissance différentielle, expliquant par la même que le risque pathologique/nutritionnel diffère lui aussi selon le format (cf. figure 4). 3. Niveau et équilibre alimentaire 3.1. Niveau alimentaire L’énergie est le cœur du rationnement. Dans le « bol » énergétique doivent se retrouver tous les nutriments essentiels. Quel niveau énergétique choisir ? La diversité des races et des besoins impose une prise en compte du statut individuel bref une personnalisation de l’approche nutritionnelle. On peut définir le besoin énergétique en croissance (BEC) comme le produit du besoin énergétique (BE) « de base » et de différents facteurs correctifs (k1, k2, k3, etc.) : racial, comportemental, physiologique… voire le mode de vie, l’environnement climatique ou l’activité physique [13]. Diverses formules de calculs du BE « de base » ont été proposées parmi lesquelles on peut citer : – la formule du NRC 2006(3) : BE (en kcal EM) = 130.P0,75 (P : poids du chien en kg) ; – Kronfeld, en 1991, qui avait proposé la formule BE = 156.P0,67 considérée par certains comme « plus » adaptée aux chiens de grand format [13]. Il faut donc retenir que le besoin énergétique, fonction du poids métabolique, est donc moins 14 au poids de l’animal En pratique, le besoin énergétique en croissance peut donc être calculé/approché pour l’individu par la formule BEC = k1.k2.k3.130.P0,75. Les facteurs correctifs et notamment le facteur physiologique de croissance k3 ont fait l’objet de différentes études : il en existe (cf. tableau I) différentes méthodes d’estimation [NRC 1985 et 2006, Blanchard et al. 1998, Grandjean et Paragon (6), etc.]. Prenons un exemple. Soit un chiot femelle de type Labrador de 3 mois pesant 10 kg, en état corporel normal (ni grosse ni maigre : se référer aux silhouettes bien connues d’indice de condition corporelle ; ou en première approche : les côtes sont palpées facilement sous la peau sans les voir). Son format de race permet d’estimer son poids adulte entre 25 et 40 kg. Ce chiot pèse actuellement moins de 40 % de son poids adulte. On peut proposer d’estimer son BEC à 1184 kcal EM = 0,9 (race prédisposée à l’obésité) x 0,9 (chiot calme) x 2 (< 40 % du poids adulte) x 130 x 100,75. Il est alors très facile de calculer la dose d’aliment à lui distribuer : si j’ai choisi un aliment croissance pour ce chiot à 3700 kcal EM/kg par exemple, il faudra donc lui en apporter quotidiennement Q = 1184/3700 = 320 g. Les risques associés aux excès d’ingéré énergétique ou à une vitesse de croissance excessive ont été mis en évidence par différentes études parmi lesquelles Dämmrich K. et al. 1991 [5], Meyer et al. 199 [11], Nap, Hazewinckel et al. 1991 [12], Slater et al. [16] etc. Ainsi a été notamment mise en évidence une moindre résistance intrinsèque en croissance du tissu osseux épiphysaire chez les chiots de grandes races par rapport à ceux de petites races. Chez ces chiots de grande race, la surnutrition entraîne notamment un rythme de croissance élevé, une augmentation de la masse musculaire et du poids (voire une Tableau I Exemple de propositions de coefficients [d’après Grandjean et Paragon 1987] pour la prise en compte du statut individuel du chiot. Type racial Coefficient d’ajustement racial k1 Comportement Coefficient d’ajustement comportemental k2 Physiologie Coefficient d’adaptation physiologique chez le chiot k3 Chiens nordiques 0,8 Très calme 0,8 Pré-sevrage 3 Races prédisposées à l’obésité (Beagle, Retriever, Cocker…) 0,9 Calme 0,9 Post-sevrage 2 Races prédisposées à la maigreur 1,1 Normal 1 < 40 % poids adulte Autres 1 Actif 1,1 40-49 % Hyperactif 1,2 obésité), ainsi que des contraintes mécaniques excessives, altérant la croissance ainsi que le remodelage squelettique et accroissant notamment la fréquence des lésions ostéo-articulaires. A contrario, une vitesse de croissance modérée (il est souvent proposé de tendre vers 75 % de la vitesse de croissance maximale qui serait obtenue par une consommation ad libitum) diminuerait la fréquence et la gravité des troubles ostéoarticulaires en croissance. Les exercices répétés ou jeux « appuyés » entre chiots augmenteraient également les risques de troubles de la croissance et notamment « d’ostéochondroses » [16]. En pratique, un suivi clinique régulier incluant la pesée (hebdomadaire ou bimensuelle), l’appréciation de l’indice de condition corporelle (ICC), l’établissement et le suivi d’une courbe de croissance permettront d’adapter la ration à l’évolution du poids du chiot et d’éviter notamment tout surpoids. En ce qui concerne donc le niveau alimentaire chez le chiot en croissance, le risque majeur est bien l’excès (obésité chez les petites races et troubles osseux chez les grandes races) : « PLUS » n’est certainement pas synonyme de mieux… 1,75 50-69 % 1,5 70-79 % 1,35 80-89 % 1,2 Adulte 1 3.2. Équilibre alimentaire proportionnel au poids de l’animal (besoin en protéines (en g) = 4,8.P.k3 [NRC 1974]) et non à son poids métabolique comme pour l’énergie. Compte tenu de la variabilité de la concentration énergétique de la ration ou DER (densité énergétique de la ration en kcal EM/kg d’aliment tel quel ou de MS), il convient de raisonner non par rapport au pourcentage absolu de protéines dans l’aliment mais préférentiellement en terme de rapport protido-calorique (RPC) qui se définit comme le nombre de grammes de protéines par mégacalorie (1000 kcal) d’EM d’aliment. Prenons un exemple. Soit deux aliments croquettes chiot : un aliment A à 30 % de protéines, et une DER = 4000 kcal EM/kg brut et un aliment B à 28 % de protéines et une DER = 3500 kcal EM/kg brut. Si le BEC du chiot est, dans cet exemple, de 2000 kcal, sa ration quotidienne (de 2000 kcal EM) apporte à ce chiot : avec l’aliment A : 150 g de protéines (2000/4 x 0,3). Le RPC de A est de 300/4 = 75. Avec l’aliment B, le chiot reçoit 160 g de protéines (2000/3,5 x 0,28). Le RPC de B est de 280/3,5 = 80. A quantité d’énergie ingérée égale, l’aliment B, dont le taux en valeur absolue en % de protéines dans l’aliment est cependant inférieur à celui de A, apporte néanmoins plus de protéines au chiot. 3.2.1. La croissance et les protéines Quel niveau protéique choisir ? • sur le plan quantitatif Parmi différentes études, celle de Kronfeld, en 1989 (citée par Blanchard G. et al. [1]) sur des chiots Beagle, a « défini » pour cette race une zone optimale d’apport située entre 75 et 125 g de protéines par Mcal EM, soit donc un RPC de 75 à 125 ; à noter cependant, dans ces essais, que la Les protéines sont indispensables à une bonne expression du potentiel de croissance et notamment aux exigences du tissu maigre du chiot à savoir le muscle et l’os. Leur besoin est 15 Tableau II Proposition de recommandation pratique indicative de RPC en croissance (d’après Paragon 2003 (13)) Format du chiot Avant 2/3 de la croissance Après 2/3 de la croissance Petite race 70 65 Race moyenne 75 70 Grande race 80 75 croissance certes plus faible existait néanmoins pour des valeurs inférieures. Nap et al. [15 ], quant à eux, ont étudié sur des chiots danois de 7 semaines (et ce, pendant une période de 18 semaines) l’influence sur la croissance de l’apport de différents taux de protéines, toutes choses égales par ailleurs, sans néanmoins démontrer de conséquences discriminantes sur le développement squelettique ou l’apparition de troubles de la croissance. En pratique, le RPC en croissance sera toujours préférentiellement choisi supérieur à 70 [13]. Le format du chiot influera sur son besoin : le RPC sera renforcé chez les chiots de grand format. De même pourra-t-on proposer également une différenciation selon le stade de la croissance (cf. tableau II). • sur le plan qualitatif Tous les acides aminés indispensables (AAI) doivent être présents en quantité suffisante (notion de facteur limitant), en équilibre entre eux. Il conviendra d’apporter majoritairement des protéines d’origine animale. Valeur biologique, digestibilité, supplémentation azotée, qualité des matières premières et traitements technologiques des aliments seront également considérés car influant notamment sur l’efficacité protéique. En ce qui concerne les protéines, en croissance, le risque majeur semble bien celui de la carence. 3.2.2. La croissance et les minéraux Les minéraux comprennent des éléments majeurs comme le calcium, le phosphore, le potassium, le sodium mais également tous les oligo-éléments. Le principal sujet de controverses ou d’idées préconçues concerne certainement le calcium (Ca). Élément essentiel de l’os, son apport en valeur absolue (%) prime sur le rapport Ca/P (d’après Hazewinckel et al., J. Am. An. Hosp. Assoc., 1985, cité par PARAGON, 2003 [13]) dont l’impact semble plus accessoire : le rapport Ca/P semble en effet peu discriminant s’il est supérieur 16 à 1 alors qu’il semble indicatif d’un risque dans le cas contraire. (NB : recommandation FEDIAF 2008 [4] : Ca/P de 1 à 1,8 selon le stade de croissance). Il faut également retenir que chez le très jeune chiot (avant 4 à 5 mois pour les races géantes), l’absorption du calcium est mal régulée : plus la ration est riche en calcium, plus son absorption est importante expliquant la sensibilité des races géantes aux excès d’apport en début de croissance (2). Lauten et al. (10), en 2002, ont d’ailleurs également montré que l’influence de l’apport minéral sur la croissance était beaucoup plus important avant l’âge de 6 mois chez le chiot qu’ensuite… Les conséquences d’un excès chronique de Ca (rencontré principalement de nos jours lors d’ajouts non contrôlés) sont établis [7, 8, 9, 12, 14, 16] : hypercalcémie, hypophosphatémie, retard de la maturation osseuse, du remodelage osseux et de la maturation du cartilage, altération de l’ossification enchondrale, conduisant à un arrêt de la croissance, de l’ostéochondrose, etc. Quel niveau calcique retenir ? Ces études et d’autres ont permis en leur temps de définir des « limites » : pour un aliment à 3950 kcal EM/kg, la carence était estimée en-deçà de 0,61 % de Ca, l’excès au-dessus de 2,70 %. Actuellement, un apport de 2 à 3,75 g de calcium/ 1000 kcal EM (soit pour un aliment à 4000 kcal EM/kg, un taux de Ca de 0,8 à 1,5 %) est maintenant considéré comme permettant d’assurer une croissance osseuse optimale du chiot (Weber et al., 2000 cité par Blanchard et al. [1]). La FEDIAF (4) propose quant à elle depuis 2008 des recommandations calciques allant de 1 % MS de l’aliment (NB : aliment de référence FEDIAF à 4000 kcal EM/kg MS) en début de croissance à 0,8 % MS en fin de croissance (avec des maxima respectivement de 1,6 et 1,8 %). En pratique, selon le format du chiot et le stade de sa croissance, on peut proposer une recommandation pratique différenciée (cf. tableau III). Par ailleurs, apporter un complément ou correcteur calcique sans justification ou sur un aliment complet pour chiot en contenant déjà en quantité suffisante Tableau III Recommandation Ca, P et Ca/P au pic de croissance selon le format de race chez le chiot (PARAGON, 2003 (13)) Format Calcium (Ca) Phosphore (P) Ca/P (environ) Races petites et moyennes (adulte < 25 kg) 0,9 % MS soit 2,5 g/Mcal EM 0,7 % MS soit 1,9 g/Mcal EM 1,3 Grandes races (adulte > 25 kg) 1,2 % MS soit 3 g/Mcal EM 0,9 % MS soit 2,5 g/Mcal EM 1,35 Races géantes (adulte > 50 kg) 1,4 % MS soit 3,4 g/Mcal EM 1,0 % MS soit 2,6 g/Mcal EM 1,4 est contre-indiqué. Il convient uniquement de vérifier, si nécessaire, que les exigences des chiens de grand format soient bien respectées. A l’inverse, la complémentation minérale calculée de la ration ménagère s’impose afin d’éviter toute carence (en particulier par rapport au phosphore, le Ca/P étant habituellement inférieur à 1 dans ce type de ration). Il en serait de même lors de la distribution d’un aliment composé inadapté mais ce dernier cas de figure demeure peu fréquent et dans ce cas, pourquoi ne pas changer d’aliment complet plutôt de le complémenter ? En croissance, le risque majeur concernant le calcium est donc bien celui de l’excès. • Oligo-éléments (OE) Le zinc, le cuivre, le fer, l’iode, le manganèse ou le sélénium (Zn, Cu, Fe, I, Mn, Se) ou d’autres encore sont bien entendu impliqués dans la croissance mais sans relation claire avec les troubles osseux. Certains ratios doivent être respectés [13], par exemple le ratio Ca/Zn (environ 100 avec un maximum de 200), le ration Zn/Cu (environ 5). 3.2.3. Croissance et autres éléments • Lipides et acides gras essentiels (AGE) interviennent notamment dans l’appétence de la ration, le maintien du statut corporel (masse grasse), les fonctions inflammatoires et immunitaires (AGE). D’un point de vue quantitatif, on peut recommander un apport de matières grasses (MG) de l’ordre de 10 à 20 % de la MS en croissance [13]. D’un point de vue qualitatif, des apports en AGE sont nécessaires. Les recommandations sont pour la série oméga 6 (ω6, acide linoléique) de 1,3 g /100 g MS (max 6,5) et pour la série oméga 3 (ω3 : acide alpha-linolénique) de 0,08 g/100 g MS [4]. Des recommandations supplémentaires [3,4] concernent l’apport d’autres acides gras polyinsaturés (AGPI) : acide arachidonique (ω6 présent notamment dans la viande) et acides éicosapentaénoïque (EPA) et docosahéxaénoïque (DHA) de la série ω3 (recommandation EPA + DHA : 0,05 g/100 g MS [4]) que l’on trouve notamment dans certaines huiles de poissons de mers froides : cet apport favoriserait « l’apprentissage » des chiots notamment mais différentes études semblent nécessaires pour affiner la recommandation [1]. • Glucides Le besoin en fibres demeure minimal (pour assurer le transit) chez le chiot dont le tube digestif supporte mal leur excès. Les amidons quant à eux ne sont pas non plus toujours bien tolérés chez le chiot, alors même qu’ils sont souvent très (parfois trop ?) présents dans les aliments secs pour chiots. On pourrait proposer qu’ils ne représentent pas plus de 30-40 % de la MS de l’aliment au sevrage ou en post-sevrage immédiat [13]. Leur substitution excessive par les lipides peut néanmoins conduire à une élévation rapide de la DER et par-là même à la nécessité d’un rationnement précis pour éviter tout surpoids [1]. • Vitamine D Fondamentale au métabolisme calcique et à la croissance osseuse, sa carence est rare : peu probable avec les aliments industriels, elle demeure possible [13] notamment avec certaines rations ménagères maigres complémentées en minéraux mais non en vitamine D. Sa supplémentation est indispensable : diverses recommandations [4, 13] proposent un apport d’environ 500 UI/kg de MS dans l’aliment (maximum 3200) ou selon un ratio de 50 UI/g de Ca. Il est également nécessaire de prévenir tout excès, dont les effets néfastes souvent irréversibles notamment sur la croissance ont été montrés (ostéopathie hypertrophique, etc.). • Autres vitamines La vitamine A, essentielle également à la croissance, doit être présente selon un ratio Vit A/ Vit D d’environ 10, ce qui approcherait la recommandation vers 5000 UI/kg de MS de l’aliment (maximum 400 000 UI/kg de MS [4]) ou selon un ratio de 500 UI/g de Ca. Les excès (notamment lors de distribution excessive de foie ou très régulière d’huile de foie de morue par exemple) conduisent notamment à de graves désordres osseux, souvent irréversibles. La vitamine C conditionne la qualité du collagène mais aucun lien n’aurait été démontré avec la pathologie osseuse, notamment de par sa synthèse endogène [13]. 4. Hygiène et rythme alimentaire L’hygiène alimentaire doit être renforcée chez le chiot : une attention particulière sera portée à la salubrité et à la qualité de l’aliment. Salubrité, en raison notamment de l’immaturité digestive du chiot, la maîtrise du risque notamment bactérien prenant alors toute son importance et qualité par le choix de matières premières à haute digestibilité (supérieure à 86 %), ceci permettant de limiter 17 l’encombrement digestif et participant à prévenir la diarrhée et la sous-nutrition [13]. Le rythme alimentaire fait encore l’objet de certaines controverses. Rationnement à volonté (libre-service) et rationnement à temps et quantité limités présentent chacun différentes particularités. – Le rationnement à volonté ou libre-service présente différents avantages : moindre effort pour le détenteur ; limitation de la compétition entre chiots, des nuisances sonores avant l’heure des repas ainsi que du risque de sous-alimentation des chiots dominés. Il optimise également le transit digestif et la digestibilité par la multiplication des repas mais présente néanmoins des limites : réservé aux aliments secs avec un réel risque de gaspillage et un risque hygiénique supérieur [13]. Le principal risque est cependant bien celui de la surconsommation énergétique notamment si l’aliment est très appétent (notamment par sa richesse en lipides) ou en cas de compétition alimentaire (chiots dominants) conduisant alors au surpoids, à l’obésité et notamment aux risques associés de la surconsommation énergétique en croissance déjà évoqués précédemment. En pratique, ceci conduit à déconseiller ou contreindiquer le rationnement à volonté, notamment chez le chiot de grande race, tant que ce dernier n’a pas dépassé 80 % de son poids adulte (13). – Le rationnement en temps (repas de 5, 10 à 20 minutes) et quantité limités se révèle quant à lui particulièrement indiqué notamment chez les chiots de grandes races. De 4 à 3 repas (en postsevrage immédiat) puis 3 puis 2 repas au fur et à mesure de la croissance, ce mode de distribution permet un contrôle précis des quantités ingérées, un meilleur suivi et contribue également à l’éducation du/des chiots. Ce mode de rationnement peut néanmoins diminuer la consommation et la vitesse de croissance mais sans affecter le format final de l’animal (13). Conclusion Pendant la croissance du chiot, les risques nutritionnels/pathologiques sont dominés par les risques d’excès : surnutrition et vitesse de croissance excessive, complémentation minérale ou vitaminique inadéquate ou anarchique. Les déséquilibres, notamment protéines/énergie, énergie/minéraux ou entre minéraux devront être prévenus et une attention particulière sera également apportée notamment à l’apport d’AGE, à l’hygiène et au mode de distribution de l’aliment. En pratique, le suivi, la pesée régulière du chiot, l’appréciation de son indice de condition corporelle, l’individualisation de son rationnement quantitativement et qualitativement tout au long de sa croissance contribueront à une meilleure prévention de ces différents risques. 쮿 Références bibliographiques 1. Blanchard G., Paragon B.M. - L’alimentation des chiens, conseils pratiques - rations adaptées. 206 pages, Éditions France Agricole, 2008. 2. Blanchard G., Martin L. - Besoin calcique du chiot : mise au point. Supplément technique n° 82 à La Dépêche Vétérinaire, 2002, 9-11. 3. Collectif. - Subcomittee on dog and cat nutrition, Committee on animal nutrition, National Research Council. Nutrient requirements of dogs and cats, 2006, 424 pages, the national Academies Press. 4. Collectif. - Nutritional guidelines for complete and complementary pet food for cats and dogs. FEDIAFEuropean Pet Food Industry Federation, av. Louise 89, B-1050 Bruxelles, www.fediaf.org 5. 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