Extrait de la Relation de la fête de Versailles du dix
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Extrait de la Relation de la fête de Versailles du dix
Extrait de la Relation de la fête de Versailles du dix-huit juillet mille six cent soixante-huit Le roi donne ses ordres « Le roi ayant accordé la paix aux instances de ses alliés et aux voeux de toute l’Europe, et donné des marques d’une modération et d’une bonté sans exemple, même dans le plus fort de ses conquêtes, ne pensait plus qu’à s’appliquer aux affaires de son royaume lorsque, pour réparer en quelque sorte ce que la cour avait perdu dans le carnaval pendant son absence, il résolut de faire une fête dans les jardins de Versailles où, parmi les plaisirs que l’on trouve dans un séjour si délicieux, l’esprit fut encore touché de ces beautés surprenantes et extraordinaires dont ce grand prince sait si bien assaisonner tous ses divertissements. Pour cet effet, voulant donner la comédie ensuite d’une collation, et le souper après la comédie, qui fut suivi d’un bal et d’un feu d’artifice, il jeta les yeux sur les personnes qu’il jugea les plus capables pour disposer toutes les choses propres à cela. Il leur marqua lui-même les endroits où la disposition du lieu pouvait par sa beauté naturelle contribuer davantage à leur décoration. Et parce que l’un des plus beaux ornements de cette maison est la quantité des eaux que l’art y a conduites malgré la nature qui les lui avait refusées, Sa Majesté leur ordonna de s’en servir le plus qu’ils pourraient à l’embellissement de ces lieux, et même leur ouvrit les moyens de les employer et d’en tirer les effets qu’elles peuvent faire. Pour l’exécution de cette fête, le duc de Créqui, comme Premier gentilhomme de la Chambre, fut chargé de ce qui regardait la comédie ; le maréchal de Bellefonds, comme Premier maître d’Hôtel du roi, prit le soin de la collation, du souper, et de tout ce qui regardait le service des tables ; et monsieur Colbert, comme surintendant des Bâtiments, fit construire et embellir les divers lieux destinés à ce divertissement royal et donna les ordres pour l’exécution des feux d’artifice. » Félibien, André, Relation de la fête de Versailles du 18 juillet 1668, Paris 1668, in Les Fêtes de Versailles, chroniques de 1668 & 1674, Paris, Éditions Dédale, Maisonneuve et Larose, 1994, p.31-32. Félibien, André, sieur des Avaux et de Javersy (Chartres 1619-Paris 1695). Historien et critique d’art. Secrétaire d’ambassade à Rome auprès du marquis de Fontenay-Mareuil, il se lie avec Poussin, puis devient en 1666 historiographe du roi et de ses bâtiments, arts et manufactures de France et, en 1671, secrétaire de l’Académie d’architecture. Parallèlement à ses diverses fonctions, il donne des descriptions des fêtes royales, de Versailles et des collections de la couronne. Considéré comme un des principaux théoriciens du classicisme, Félibien est notamment l’auteur d’Entretiens sur les vies et les ouvrages principaux des plus excellents peintres anciens et modernes (1666-1688). Extrait de la Relation de la fête de Versailles du dix-huit juillet mille six cent soixantehuit. Le roi donne ses ordres Etablissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles – www.chateauversailles.fr Bureau des activités éducatives - RP 834 - 78008 Versailles Cedex 01 30 83 78 00 – [email protected] 1