la Russie : retrouver son histoire

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la Russie : retrouver son histoire
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la Russie : retrouver son histoire
Date : 19 avril 2016
Auran Derien, enseignant ♦
La Russie célèbre chaque année un hommage aux victimes de la tyrannie bolchévique. La
cérémonie est marquée par l’allumage de bougies sur la place Lubianka, face à l’édifice qui
hébergeait le KGB. On lit aussi les noms de victimes dont il n’est pas nécessaire d’inventer
l’histoire en s’appuyant sur une inquisition grotesque.
Dans l’axe de la résistance, dont les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud)
forment l’ossature, la Chine et la Russie convergent dans la reprise d’une tradition spécifique,
avec des nuances dont ce siècle connaîtra les conséquences. Mao (1893-1976) à partir de sa
prise de pouvoir en 1949, a détruit son pays. Ses décisions ont engendré la mort de plus de 70
millions de personnes, faisant mieux que les assassins Trotskistes, KGBistes et autres bêtes
fanatisées. Pourtant, le régime actuel ne paraît pas ranger ce boucher dans les rayons de
l’inhumanité. Mao reste objet d’un culte. Dans les petites villes, on trouve toujours un portrait
de ce criminel en série, les billets de 100 yuans sont décorés de son image, son portrait orne la
porte de Tiananmen et le petit livre rouge que les adolescents boutonneux du film “la Chinoise”
devaient vendre à Paris pour prouver leur militantisme est présent dans les boutiques de
souvenirs.
En Russie, des milliers de personnes rendent hommage à leurs prédécesseurs assassinés par
les bolchéviques, financés depuis les banquiers Kuhn, Loeb et Schiff installés à Wall Street, et
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le Président Poutine dépose des fleurs au pied des monuments commémoratifs, alors que
l’Église orthodoxe, le 4ème samedi qui suit Pâques, célèbre un office religieux dans les lieux
mêmes où périrent ces martyrs de la barbarie dont Washington fut toujours le support.
Heureusement, la majorité du peuple russe veut oublier cette époque, 25 ans après que la
Russie soviétique ait terminé son parcours (en 1991), alors que les successeurs de Mao à la
tête de la Chine continuent à enseigner, dès la garderie, les mensonges habituels sur le grand
timonier. Le couple Halliday-Chang, auteur d’une biographie magistrale sur Mao, confirme que
le lavage de cerveau continue ce qui empêche la population de connaître la vérité au sujet du
personnage, contrairement donc à ce qui se passe en Russie mais en parfaite harmonie avec la
méthode des occidentaux en faveur des génocideurs anglo-saxons et des banquiers de Wall
Street, souteneurs du génocide des populations. Pourquoi s’en étonner ? Wall Street finançait
alors Moscou, il finance maintenant Bruxelles….
Les relations entre Russie et Chine, membres de l’axe de la résistance, sont-elles solides à
cause de leurs attitudes comparables face à l’époque révolue des tueries massives? Halliday et
Chang affirment que Mao vendit les récoltes à l’URSS en échange de la technologie nucléaire,
tout en sachant que cela conduirait à la famine une partie de son peuple. L’humanisme derrière
lequel se camouflent tous les racistes-assassins depuis la révolution française fut utilisé aussi
par Mao pour camoufler ce crime bien documenté, les auteurs cités expliquant que Mao
proclama devant ses proches que la moitié de la population pouvait bien mourir si en échange
la Chine obtenait la bombe nucléaire…. Les successeurs de Mao ont mis sur le dos de son
entourage les morts de ces terribles famines et ils minimisent en permanence les dégâts dus au
grand timonier.
Poutine, à l’inverse des européens, a décidé de s’éloigner de ceux qui firent couler des rivières
de sang, tout en sachant que la population ne renoncera pas au passé soviétique car elle a été
secouée par l’ignominie occidentale dont elle a souffert entre 1991 et 1998. Comme les Russes
ont été du côté des vainqueurs en 1945, ils préfèrent oublier les horreurs du régime de l’époque
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pour garder l’idée de victoire. On verra dans les années à venir ce que mettra en circulation,
sous le nom d’ “histoire” , le groupe de travail sur la mémoire historique appartenant au Conseil
Présidentiel pour les droits humains. Un prêtre de la cathédrale dédiée aux martyrs russes à
Butovo considère que l’idée de construire le paradis sur terre est difficile à abandonner.
Aujourd’hui, la population russe cherche la prospérité, ce qui est différent de la folie idéologique
antérieure, mais la critique de la construction du paradis bolchévique demeure délicate, elle
risque de mettre en cause en même temps la recherche actuelle d’un mieux-être matériel.
La Chine connaît une situation comparable
Mao avait affirmé en 1949 que jamais plus son pays ne serait esclave, pensant d’abord aux
trafiquants de drogue tels Sassoon qui s’enrichirent grâce aux guerres de l’opium, puis à
l’occupation japonaise. Même si la génération actuelle est tournée vers l’enrichissement au
sein d’une société remarquablement inégalitaire à l’inverse des souhaits du grand timonier, les
dirigeants gardent présent dans le peuple cette fierté du Chef qui, en 1949, redonna sa dignité
à la Chine. Dignité que Poutine restitue aux Russes. Le discours de 2014, à Valdai, affirma la
reprise d’une réflexion sur l’identité russe après le totalitarisme bolchévique. Il a clairement
exprimé qu’il n’y aurait pas de retour des niaiseries léninistes et qu’aucun progrès ne pourrait
apparaître sans un fond spirituel, culturel et une autodétermination nationale.
La distance avec les Européens et la finance globalitaire ne pouvait pas être plus soulignée
qu’au moment où il déclara que la Russie est l’un des ultimes gardiens de la culture
européenne, de la véritable civilisation européenne. Il a aussi repris le thème aristotélicien du
bien commun qui unit les membres d’une Nation et, signe de reprise d’une tradition, a permis le
transport des restes de la famille impériale à Saint-Petersbourg.
Le système totalitaire qui se développe en occident, repose bien sur le même principe
bolchévique, passant de la recherche de prospérité à la folie du paradis sur terre, sous la férule
inhumaine des crapules à vérité révélée, histoire sainte et autres bouffonneries imposées par
des crétins en robe de magistrat, le tout financé par les banquiers de Wall Street. Rien de bien
neuf, donc. Et la mort des Européens pourra être au rendez-vous.
Lire : Jung Chang, Jon Halliday, Mao, l’histoire inconnue , Paris, Éd. Gallimard, coll. NRF biographies, 2006, 844
p.
Illustration : l'Église orthodoxe russe, une histoire millénaire, un creuset culturel, une énorme puissance !
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