Regard sur la vie religieuse La fragilité, une chance pour la vie

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Regard sur la vie religieuse La fragilité, une chance pour la vie
Regard sur la vie religieuse
Il ne s’agit pas là d’un exposé sur la vie consacrée en général, ni même sur la seule vie
religieuse en général. Beaucoup plus modestement, je voudrais partager quelques convictions,
parole située dans la vie apostolique féminine, à partir de ce que je vis dans ma propre
congrégation, à partir de ce que nous vivons comme vie religieuse sur le diocèse et à partir de
ce que nous pouvons vivre au-delà.
La fragilité, une chance pour la vie religieuse
La première chose qui saute aux yeux en regardant la vie religieuse aujourd’hui, c’est sa
fragilité. Et souvent, la première chose qui nous est souvent renvoyée, c’est notre âge.
Notamment quand il s’agit des congrégations féminines anciennes. Le constat est en effet sans
appel : moyenne d’âge autour de 80 ans, peu d’entrée (à l’inter-noviciat de Chevilly Larue de
cette année, une cinquantaine de novices, dont 8 de nationalité française).
On peut se lamenter de cette situation. Mais outre le fait que cela ne sert pas à grand-chose, il
me semble qu’on passe à côté du moment qu’il nous est donné de vivre.
Il y a une vraie fragilité à accueillir, et au travers de cette fragilité à accueillir, des chemins
nouveaux qui s’ouvrent. D’abord un vrai chemin de dépouillement, de dé-maîtrise à
emprunter pour nous-mêmes. Ce n’est pas très facile et nous devons nous interroger parfois
sur la façon dont nous nous situons par rapport à notre vieillissement : sommes-nous dans une
logique de survie ou dans une démarche de dépossession. La question mérite d’être posée,
notamment quand on accueille des jeunes en formation, si l’on veut préserver la liberté du
discernement.
Pourtant, de cette fragilité, les prémices fleurissent dont je voudrais donner quelques
exemples :
- L’inter-congrégations
Quand on est nombreux et jeunes, on pourrait avoir tendance à se croire auto-suffisant
et à se concentrer sur sa chapelle. Nous n’avons pas échappé à la règle par le passé.
Même quand la démographie s’inverse, le premier mouvement est de voir l’autre
comme un concurrent, notamment lorsqu’on intervient en pastorale des jeunes.
Aujourd’hui, il me semble que tout cela est dépassé, au moins dans les congrégations
anciennes. La rencontre inter-congrégations est devenue la règle, dans la confiance
réciproque
Ce que nous vivons à cet égard sur le diocèse est riche : collaboration de toutes les
congrégations présentes sur Poitiers dans le soutien aux étudiants étrangers à travers
l’expérience du CEP étudiants ; recherche actuelle autour de l’animation de Pitié ;
groupe Corref-jeunes pour la région ; collaboration aussi entre apostoliques et moines
et moniales comme par exemple la rencontre des noviciats de la Congrégation romaine
de St Dominique et de l’abbaye de Ligugé…
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L’internationalité
De la même façon, au sein même de nos congrégations, la dimension internationale
devient une réalité plus proche. Pour nombre d’entre nous, nous la vivions peut-être
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plus en théorie qu’en réalité à part dans les chapitres généraux (pour nous tous les 6
ans !), phénomène d’autant plus accentué selon l’organisation interne (quand
l’autonomie des provinces est forte par exemple). Aujourd’hui, la dimension
internationale se vit de façon plus naturelle. Par exemple : communautés
internationales avec le souci d’y vivre l’inter-culturel, rencontres des gouvernements
européens, collaborations dans la formation...
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La collaboration avec les laïcs
De plus en plus de familles spirituelles naissent où les laïcs ne sont pas des seconds
couteaux mais de vrais collaborateurs, où l’on travaille dans la complémentarité de
nos états de vie : cf Salvert, les coopérateurs de Don Bosco présents à Poitiers, la
tutelle scolaire chez nous.
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L’audace de la fragilité
Nous vivons une période où les fusions (ou unions) se font de plus en plus nombreuses
actuellement. Il ne s’agit pas de devenir plus fortes. A travers les fusions, nous
devenons certes plus nombreuses, mais tout aussi fragiles. Il ne s’agit pas non plus
d’un « sauve qui peut » général. C’est notre fragilité qui permet à des instituts de faire
ce chemin ensemble : la fragilité accueille la fragilité.
Ces fruits de la fragilité ne concernent pas uniquement la vie interne. Cela nous donne
aussi d’être plus proches des plus fragiles. Vous allez me dire que ce n’est pas
nouveau, certes. Mais peut-être que notre propre fragilité nous permet d’être présents
d’une autre manière, non pas à partir d’une position qui risque d’être « dominantes »,
« surplombantes », mais à partir de notre propre pauvreté. Notre fragilité peut nous
conduire ainsi à cultiver avec plus de soin nos proximités, nos solidarités, notre
sensibilité à l’humanité blessée, à la miséricorde.
Et sans doute aussi, cette situation de pauvreté, amène-t-elle l’Eglise à poser un regard
moins utilitariste sur la vie religieuse, à l’accueillir non pas seulement à partir de ce
qu’elle FAIT mais de ce qu’elle EST. C’est vrai, permettez-moi de le dire en toute
amitié, pour une partie des prêtres au moins, c’est vrai pour les laïcs, c’est vrai aussi
pour nous-mêmes : je n’ai jamais oublié la parole d’une sœur qui au soir de sa vie, me
disait qu’elle n’était plus rien parce qu’elle ne faisait plus rien…
Notre fragilité actuelle nous invite à revisiter, à redécouvrir peut-être même, la raison
même de notre vocation, la gratuité de la sequela Christi. La fragilité nous invite à
vivre la vérité des paroles de l’Ecriture et à en témoigner : « quand je suis faible c’est
alors que je suis fort ». C’est un des appels du pape dans sa lettre apostolique pour
l‘année de la vie consacrée. Mais soyons honnête, une chose est de le dire quand on
est fort, autre chose de le vivre quand on est faible.
Il nous faut sortir d’une logique d’efficacité pour retrouver une logique de fécondité et
de confiance, pour ne pas nous fier à nos propres forces. C’est à une démarche
spirituelle que nous sommes conviés.
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La vie religieuse reste une chance pour le monde
« Le choix de la vie religieuse est une des manifestations de la liberté qu’autorise notre
monde. Il est une manière d’exister qui, même, si elle est devenue marginale, atteste qu’il y a
des espaces pour vivre autrement, pour proposer des alternatives tant au niveau des valeurs
que des comportements. L’existence même de religieux et religieuses dit de façon éloquente
que, pour tous les contemporains, des choix peuvent être faits pour se situer face aux grandes
tendances de ce monde »1. Pas de fatalité. Jean-Claude Lavigne, parle d’écart fertile. Par là
même, la vie religieuse est en dialogue et elle est force de proposition pour toute la société,
bien au-delà des cercles catholiques. Cette inscription dialoguante de la vie religieuse dans la
société contemporaine est possible si les institutions la choisissent et se donnent les moyens
de communiquer, d’entrer en débat, et non en polémique.
La difficulté c’est sans doute que la vie religieuse comme telle est mal connue, pour beaucoup
l’appellation ne renvoie pas une référence. Dire qu’on est religieux ne signifie rien pour
certains, même vaguement. Ce n’est pas une question d’habit ou pas habit, c’est avant tout
une question de démographie. Dans un passé pas si lointain, beaucoup de villages avaient leur
communauté religieuse. Et même les non croyants les connaissaient quand bien même ils n’en
avaient qu’une image floue ou fausse. Aujourd’hui, de vastes zones sont totalement
dépourvues de communautés religieuses. C’est un obstacle, mais c’est aussi une chance, celle
de ne pas être figée dans une image d’Epinal mais de faire découvrir d’autres facettes de nos
vies qui peuvent interpeller les pratiques au dehors, empêcher un système de se clore.
La première facette c’est la vie communautaire. Le pape le souligne avec force dans sa
lettre.
« Dans une société de l’affrontement, de la cohabitation difficile entre des cultures différentes,
du mépris des plus faibles, des inégalités, nous sommes appelés à offrir un modèle concret de
communauté qui, à travers la reconnaissance de la dignité de chaque personne et du partage
du don dont chacun est porteur, permette de vivre des relations fraternelles ».
Nos communautés devraient être des laboratoires pour expérimenter de nouvelles manières de
vivre ensemble, de dire un horizon de fraternité, à l’intérieur, comme avec l’extérieur de la
communauté.
A mes yeux, c’est l’enjeu essentiel de la vie religieuse aujourd’hui. Le témoignage de la vie
communautaire qui peut dire que, bien qu’extrêmement différents, d’histoire, d’âge, de
culture, nous pouvons vivre ensemble, nous ne sommes pas condamnés à l’atomisation. C’est
la communauté Ste Prédication chère à Dominique.
Et je suis frappée de voir à quel point c’est une dimension déterminante pour les jeunes que
nous accueillons. Alors bien sûr, ce n’est pas idyllique, et le premier deuil à faire pour une
postulante, c’est celui de la communauté idéale. Ca passe assez vite !!!! En revanche, elles
font l’apprentissage du pardon offert et reçu en communauté. Il nous faut apprendre à ne pas
enfermer les sœurs et frères dans des cases, il nous faut apprendre la patience pour découvrir
la richesse de l’autre, celle qui m’énerve ou celle dont je trouve les réflexions parfois à côté
de la plaque, et comprendre qu’autant que moi, elles participent à la construction de la
Catherine Fino, JC Lavigne, Lucie Licheri, Jean-Louis Souletie, La vie religieuse dans le monde d’aujourd’hui,
Salvator, 2011.
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communauté, qu’elles détiennent une parcelle de vérité qui va contribuer à élaborer le bien
commun.
C’est aussi la place des sœurs âgées qui se joue là : comment les considérons-nous ? Je ne
crois pas me tromper en disant que l’accompagnement du grand âge (et on vit âgé dans la vie
religieuse !!!) est une priorité de toutes les congrégations. J’entends encore une ancienne
provinciale me dire « un des signes de bonne santé de la congrégation, c’est qu’on y meurt
bien ». Elle signifiait par là qu’on y meurt entourées de ses sœurs, accompagnées, loin de la
solitude de beaucoup de nos contemporains.
C’est une communion qui envoie au dehors : la vie religieuse porte un visage d’Eglise que la
communion ne ferme pas sur elle-même mais qui est appelée au dehors, qui ouvre la
communion à plus large que soit. Cette communion que nous essayons de vivre entre nous
nous invite :
- à mettre en dialogue des milieux qui habituellement ne se côtoient pas, en provoquant
des rencontres improbables ;
- à faire des ponts. Par exemple, nous avons fait le choix en communauté, de participer
à la vie de différentes communautés locales de Poitiers pour tisser du lien.
- à être présentes dans des lieux qui paraissent sans valeur aux yeux du monde, des lieux
de fracture. Habiter des lieux de non sens, y être une présence pour donner du sens
commun : les soins palliatifs, les maisons de retraite, la prison, les solitudes si
nombreuses autour de nous dans notre rue, les quartiers populaires où tant de
communautés sont présentes, sans bruit, simplement pour partager la vie avec les
familles dans toute sorte de situation.
Le rapport au pouvoir
Jean Paul II, dans Sollicitudo Rei Socialis, invitait à vivre l’interdépendance sous le mode de
la solidarité et non de la domination.
Car notre monde vit de fait une interdépendance mais les tentations sont fortes de rétablir sans
cesse des dépendances, des relations de domination, de pouvoir. L’interdépendance subie se
régule dans la société sur la base de la méfiance réciproque et des rapports de force.
Dans nos chapitres, lieu de décision de nos communautés, c’est la confiance réciproque et
l’alliance qui permettent à chacun de devenir vraiment autonome, c’est-à-dire de vivre une
interdépendance qui lui permet de s’épanouir et de développer ses capacités propres. A travers
cela, nous disons « je ne suis pas autosuffisant, j’ai besoin des autres » et en même temps
« les autres ont besoin de moi ». Non pour entrer dans une relation de soumission mais de
collaboration, de responsabilité partagée autour d’un projet commun.
« Tout ce qui est vécu par tout le monde doit être décidé par tout le monde ». Tout le monde a
la même voix au chapitre, indépendamment de son âge, sa situation, ce qu’il rapporte…
C’est finalement bien cela de vivre d’une promesse : c’est s’appauvrir de ses certitudes car on
compte aussi sur les autres et sur l’Autre. Cela se traduit dans la pratique des charges
temporaires et tournantes. En arrivant à Poitiers, je suis ainsi devenue prieure de la soeur qui
fut ma maîtresse des novices et de la sœur qui fut ma prieure de la communauté précédente.
Je peux témoigner que lorsqu’on est interrogé sur nos façons de décider, cela interpelle.
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La gestion des biens
Autre question qui n’est jamais très loin quand on prend le temps de parler avec les gens :
« pour l’argent, ça marche comment chez vous ? vous vivez de quoi ? ». Dans un monde
dominé par l’économie et la finance, notre rapport à la gestion des biens fait signe.
Quand on commence à parler de mise en commun des biens, notamment d’un budget décidé
et géré ensemble ; quand on explique que chaque sœur ne dépense pas en fonction de ce
qu’elle gagne ; que cela ne s’arrête d’ailleurs pas à la communauté ; qu’il est possible que
notre communauté soit en déficit parce que d’autres ne le sont pas mais que ce qui va
déterminer la fermeture et l’ouverture d’une communauté c’est le projet ; que nous sommes
solidaires de nos sœurs du Bénin, du Brésil ; qu’on s’interroge sur la valeur, pas uniquement
marchande, mais sur ce qui vaut « qui a du prix aux yeux de Dieu » ; que nous attachons de
l’importance à d’autres critères sans pour autant échapper aux contraintes économiques de
tout un chacun ; que nous réfléchissons à ce que nous voulons être et pas à ce que nous
voulons avoir. Chaque fois que l’on est en mesure de partager autour de ces sujets, qu’on ose
le faire, cela fait jaillir des échanges profonds.
Alors bien sûr, nous pouvons être pointées du doigt en raison de notre immobilier souvent.
Mais il peut là aussi, être utilisé d’une autre façon : le château de Salvert est un lieu pour
remettre des gens debout, nos locaux trop grand à Poitiers nous donne de permettre à une
famille irakienne de reprendre pied, de vivre en famille avant d’affronter une vie nouvelle.
Il me semble qu’il y a là quelque chose à dire dans un monde dominé par la recherche de
profit. La vie religieuse ouvre un espace où la gratuité et la relation l’emportent sur la valeur
entendue en termes de richesse.
La vie religieuse, une couleur qui enrichit la palette de l’Eglise
(cf propositions théologiques de la Corref)
La place de la Parole
Notre expérience peut contribuer à redire la centralité de la Parole.
Né de l’écoute d’une Parole, la profession engage la vie du religieux sur la Parole pour
toujours. Cet engagement est fait envers Dieu, entre les mains d’un supérieur ou d’un prieur
au sein d’un institut et selon une règle, pour une annonce de la Bonne nouvelle. Parole
personnelle qui exprime un choix, ce geste est marqué d’une gratuité absolue que rien
n’oblige. Le rituel de profession ne comporte pas de geste spécifique : il est la réponse à une
Parole entendue.
La Parole est le roc qui tient notre existence. Nous avons choisi de ne pas avoir d’autre lieu
fondateur et structurant.
C’est encore la Parole qui construit et unit la communauté : elle seule peut mettre le juste
espace là où jouent les affinités et rappeler à la profondeur du lien là où se manifestent les
tensions. En communauté, ce qui assure l’être ensemble, c’est d’être sous cette Parole ;
l’écoute qui fonde l’existence de chacun est aussi ce qui fonde le groupe. Mais la Parole
réunit non en fermant les cercles mais en les ouvrant : elle envoie, elle donne la parole, elle
met au cœur de la mission l’annonce de l’évangile reçu.
Articuler unité et diversité
Notre expérience de l’internationalité peut-être nourrissante pour le corps entier.
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Les communautés sont enracinées dans une Eglise locale à la vie de laquelle elles participent
d’une manière ou d’une autre. Mais le fait de se lier à une congrégation, en particulier
internationale, implique la disponibilité à vivre autrement cet enracinement, à accepter par
avance de partager la vie d’autres églises, lointaines ou non, directement ou à travers nos
sœurs de là-bas. Il dit quelque chose de l’universalité de l’Eglise à laquelle chaque Eglise
particulière est appelée à s’ouvrir. L’internationalité de la vie religieuse rend présente cette
dimension.
Sur un autre plan, au sein de l’Eglise, la vie religieuse peut également représenter une forme
d’unité originale. Dans l’Eglise existent deux logiques : la logique hiérarchique et pastorale,
la logique que l’on peut qualifier d’« associative ». La vie religieuse relève de la logique
associative (sans pour autant échapper à la logique hiérarchique puisque c’est l’évêque par
exemple qui autorise l’implantation). Il ne s’agit pas de penser ces deux logiques en
opposition. Mais la dimension « associative » de la vie religieuse donne à l’unité des
communautés une couleur particulière. Cette unité ne relève pas d’abord d’une obéissance à
un magistère commun. Au sein des congrégations, l’unité naît de la rencontre que vivent des
hommes et des femmes réunis dans leur propre institut par la seule expérience spirituelle, elle
repose sur un appel à se lier ensemble pour se livrer personnellement à la rencontre du
Seigneur. Ainsi la vie religieuse est-elle présence au sein de l’Eglise d’une unité assurée par
une expérience spirituelle. Elle manifeste que l’unité se fait en définitive par l’expérience
spirituelle, qu’elle est communion et non soumission. Elle reçoit en outre de pouvoir faire
entendre dans l’Eglise et dans la société, la force d’une parole commune qui n’est pas celle
d’un magistère.
Conclusion
La vie religieuse, avec ses troupes vieillissantes, est porteuse de sens. Celui d’une vie basée
sur une rencontre d’un Dieu qui n’est que relation et qui nous invite à sa suite au ministère de
la rencontre et de la fraternité.
Mais qui nous invite aussi à la fidélité créatrice qui n’est pas répétition, qui n’est pas
reproduction. Nos fondateurs ont trouvé des modes de vie, des charismes en écoutant leur
temps, en étant attentifs aux signes des temps. Le 50ème anniversaire du concile qui s’achèvera
bientôt nous l’a rappelé avec force : nous sommes invités à écouter les signes de notre temps.
Cette invitation se prolonge pour nous dominicains en cette année de 8ème centenaire. Cela
peut passer par une remise en cause parfois radicale de nos modes de vie. Et alors ?
L’essentiel c’est que l’Evangile soit annoncé…
Sr M-Laure Dénès, op
Poitiers, 30 mars 2015
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