BOUMBAS Macathéo Ludovic (40 ans)
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BOUMBAS Macathéo Ludovic (40 ans)
BOUMBAS Macathéo Ludovic (40 ans) La voix est suave, le ton déterminé. Dans Dissident, l’un des titres du groupe de rap Paradox, qu’il avait formé, adolescent, avec deux de ses cinq frères, Ludovic chante qu’il marche « loin des sentiers de la haine ». Pas ses assaillants, qui l’ont muselé le 13 novembre. Mais sa voix résonne encore sur Internet et dans les cœurs de ses proches. Ludovic venait de fêter ses 40 ans. Son regard malicieux, son éternel sourire et sa jovialité fédératrice étaient les sésames de tous les possibles. Lillois de naissance, originaire de la République du Congo, il était un homme de parole, de convictions et de passions. « Je ne veux surtout pas être le bouffon, le bon, le négrillon qui n’assume pas ses opinions », assène-t-il déjà dans Dissident. Ses nombreux amis vantent unanimement son infinie bonté, bonté qui l’a amené à s’interposer entre les balles ennemies et une amie qui se tenait à ses côtés, ce soir-là à La Belle Équipe. « Ce dernier geste qu’il a eu, c’est tout à son honneur. Cela témoigne de la noblesse avec laquelle il agissait chaque jour. Il a vécu en grand, il est parti en grand », témoigne son ami Damien, qui appartient lui aussi « à cette petite famille du 11e arrondissement » chère à Ludovic. « C’était un voyageur avec une belle âme » pour le rappeur, et ami lillois, Axiom, qui regrette que le voyage fut aussi bref pour cet épicurien, « amateur de rhum, de soul & funk, de foot et de fleurs », comme il le chante dans Ludo, titre qu’il lui a dédié. « Il était infatigable », explique Damien. Ingénieur informatique chez FedEx depuis 1999, il avait un pied à Paris et l’autre à Lille, auprès de ses frères et sa sœur. Il dormait peu et enchaînait les activités, notamment le football que ce milieu de terrain prisait depuis l’enfance. Ses goûts éclectiques le menaient du bassin de la piscine - où il pratiquait l’apnée - aux fauteuils de l’Opéra Bastille, ou de ses deux platines vinyles qui trônaient dans son salon aux abords d’un match de foot de rue. Et, plus que tout, il était attaché aux moments partagés avec ses amis, qu’il aimait à écouter, choyer et chambrer aussi. « Il était curieux de tout, surtout de l’humain, souligne Damien. C’était le terrain de jeu préféré de cet homme érudit, intelligent et si attachant. » Sa philosophie de vie, le carpe diem de ce célibataire sans enfants, tenait en une phrase du dalaï-lama : « Il y a deux jours dans une année où l’on ne peut rien faire. Ils s’appellent hier et demain. Aujourd’hui est le jour idéal pour aimer, croire, faire et principalement vivre. » Marlène Duretz http://www.lemonde.fr/attaques-a-paris/visuel/2015/12/11/ludovic-boumbas-40-ans-enmemoire_4829962_4809495.html