Fiche de révision Auguste Perret, reconstruction du Havre

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Fiche de révision Auguste Perret, reconstruction du Havre
L'architecture d'Auguste PERRET pour reconstruire le centre ville du Havre, 1945-1964
Comment l'art s'adapte-t-il aux sociétés modernes ?
I°) Présentation :
A°) Qui est Auguste PERRET ?
Auguste PERRET est un architecte néoclassique français (né en Belgique) qui a marqué le XXe siècle
car il utilise les innovations technologiques et urbanistiques de son époque : il utilise intelligemment le béton,
il utilise de nouvelles textures (lisses, rugueuses) et parvient à donner une couleur au béton.
Il a fait ses études à l'école des Beaux-arts de Paris, il crée un cabinet d'architecte avec ses frères.
Il s'inspire de voyages en Algérie (il a une famille de constructeurs, d'ingénieurs et d'architectes qui y a
réalisé de nombreux projets), en Italie (il s'inspire des vestiges de la Rome antique), en Turquie…
Ses œuvres avant de reconstruire Le Havre :
1913 : 1ère grande réalisation, le théâtre des Champs-Elysées (Paris). Il utilise le béton armé mais les formes
rappellent le classicisme français.
Années 1920 et 1930 : sa notoriété augmente, il réalise Notre-Dame de Rancy (1922-23), le palais d'Iéna (1937).
Années 1930 : Perret devient professeur, il enseigne à l'ecole spéciale d'architecture et devient membre de
l'Académie des Beaux-arts en 1943, durant l'occupation. Il rencontre divers artistes (Ecrivains et poètes :
Apollinaire, Paul Valérie - des peintres : Picabia, des architectes : Lecorbusier, Lloyd Wright).
Après la Seconde Guerre mondiale : il obtient le chantier de la reconstruction du centre-ville du Havre
entièrement détruit par les bombardements. Il meurt à la moitié des chantier, en 1954.
B°) Qu'est-ce que la ville du Havre ? (Localisation et origines)
Repères géographiques : Département : Seine-Maritime, Région : Haute-Normandie, embouchure de la Seine,
sur la Manche, à 200 km à l'Ouest de Paris.
Repères historiques :
1517 : François Ier décide la création de la ville du « Havre de Grâce », un Havre est un port naturel, cette baie
du littoral de la Manche offre un refuge pour les bateaux lors de tempêtes, c'est aussi port défensif face à
l'ennemi de l'époque, l'Angleterre.
XVIII et XIXe siècle : Croissance démographique grâce à l'augmentation de l'activité commerciale du port.
1789 : Le port du Havre devient le 2e port français après Nantes, la ville est embellie par de grands boulevards.
Aujourd'hui : L'agglomération havraise (Le Havre + les communes de la banlieue) représentent 240 000
habitants (Le Havre et les 16 autres communes de la CODAH).
C°) Pourquoi le centre-ville et le port du Havre ont-il été anéantis par nos alliés anglais en septembre
1944 ?
Les Allemands occupent la ville et son port stratégique pour le contrôle de la Manche et des échanges
de marchandises. Le Royaume-Uni est avec l'URSS le seul ennemi européen des Allemands. Ils créent donc des
blockhaus pour contrer les débarquement, le Havre est une ville stratégique sur le « mur de l'Atlantique ».
Les 5 et 6 septembre 1944 : Les Anglais bombardent le centre-ville et le port, le bilan est lourd, 5 000
morts, 150 hectares de ville rasés, le port est dévasté, il y a 80 000 sans abris.
1945 - 1964 : Le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme confie à Auguste Perret la
reconstruction du centre-ville du Havre, début du chantier en 1945, le chantier s'achève avec l'église SaintMichel, près du centre René Coty.
II°) Description et explications :
Perret décide de construire une ville moderne (de larges rues pour les automobiles), change le plan de la
ville (sauf lorsqu'un bâtiment ou un monument a survécu aux bombardements : Eglise Notre-Dame, monument
aux morts face au Volcan actuel), répondant aux attentes des habitants des années 1950 (appartements
lumineux), avec un matériau économique (le béton armé). Il faut loger 40 000 habitants en centre-ville. Il limite
cependant la hauteur des immeubles, 5 à 6 étages, « l'homme a besoin de garder contact avec le sol » dit-il.
A°) La ville vue de loin :
Si l'on vient de la mer, on voit des tours, des immeubles de différentes hauteurs, ce qui donne
l'impression d'arrivée dans une mégapole américaine. Perret a décidé de construire sur les 3 m de hauteur de
la ville détruite, cela est moins coûteux que de déblayer le centre-ville et donne un effet grandiose, majestueux.
Les deux bâtiments les plus élevés sont la tour de l'hôtel de ville et l'église Saint Joseph. Dans la ville,
de nombreuses avenues et de larges rues conduisent à l'hôtel de ville et sa place, ce qui augmente de le
caractère central de ce lieu, et ouvre de belles perspectives.
Les colonnes de la façade de la mairie évoquent l'Antiquité, notamment, le Parthénon d'Athènes (Ve siècle av.
J.-C.).
Les lignes Porte-Océane (mer) / gare et Hôtel de ville / rue
de Paris forment l'axe principal du centre-ville. Le plan est orthogonal (= en damier), la plupart des rues se
coupent à angle droit, cela ouvre de grande perspectives, permet de faire entrer au maximum la lumière dans la
ville et dans les immeubles. Un « Triangle monumental » est formé par la rue de Paris (rue commerçante
inspirée de la rue de Rivoli à Paris, elle est bordée de galeries semi_ouvertes), l'avenue Foch (relie l'hôtel de
ville à la plage, elle est aussi large que l'avenue des Champs-Elysée, les bas des immeubles sont décorés de basreliefs représentant de grandes figues de l'histoire du Havre) et le boulevard François Ier (relie la Porte Océane
au front de mer Sud-Est). Les immeubles sont organisés sur le base de modules carrés de 100 m sur 100 m (10
000 m² = 1 hectare). 4 immeubles forment un îlot avec une cour intérieure dans laquelle il y a des espaces verts,
des jeux pour enfants, des entrées de garages souterrains ou des stationnements pour les voitures.
B°) Les immeubles vus de près
Lorsque que l'on regarde de près les murs des immeubles, ont distingue des structures en béton lissés et
des structures en béton bouchardé (béton rugueux). Les bétons sont colorés de différentes nuances rosées. Les
colonnes des arcades et des galeries sont espacées de 6,24m, elles sont différentes lorsqu'on les regarde de près.
Perret joue avec les formes, on trouve des triangles dans des carrés pour animer les façades, il aussi utilise des
claustras (parois qui laissent passent la lumière).
Les hauteurs des immeubles et les balcons changent des bâtiments voisins pour rythmer l'espace. Il pense aussi à
l'aspect pratique, les arcades, les portiques doivent protéger les piétons de la pluie et faciliter le commerce.
C°) Les appartements :
Ils sont conçus pour les classes moyennes, ils sont calmes, bien aérés, lumineux, avec des vues
dégagées. Les fenêtres en hauteur laissent entrer plus de lumières, les immeubles sont équipés de caves, de
parkings souterrains, de vide-ordures, de placards encastrés, de chauffage collectif et d'ascenseurs pour les
immeubles de plus de 4 étages.
D°) L'église Saint Joseph :
C'est un lieu dédié au culte catholique mais c'est aussi un monument en mémoire de
la reconstruction de la ville, en effet, Joseph était charpentier selon la Bible. Les travaux
durent de 1951 à 1956, elle est inscrite sur le liste des monuments historiques en 1965. Elle
possède une tour-clocher de 107 m de haut, c'est l'une des plus hautes églises d'Europe. Elle
évoque aussi la forme de l'Empire State Building à New York (photo de droite), c'est un
clin d’œil à ceux qui font le voyage pour relier Le Havre à New York, voyage qui se fait en
bateau à l'époque. L'intérieur est très coloré car la lumière passe par 6 500 verres de
plusieurs couleurs : Rouges au Nord, verts et violets à l'Est, dorés au Sud, roses et orangers
à l'Ouest.
Conclusion :
Après l'enthousiasme de l'inauguration et de la reconstruction, l'architecture est critiquée, le béton est
perçu comme gris, froid, les larges rues laissent entrer le vent marin et donnent parfois l'impression d'une ville
en courant d'air. A cela s'ajoute la nostalgie pour l'ancien centre-ville chez ceux qui l'ont connue. L'image de la
ville s'améliore dans les années 1990, puis l'architecture Perret du Havre est classée patrimoine mondial de
l'humanité par l'Unesco en 2005, soulignant « un exemple exceptionnel de l'architecture et de l'urbanisme
d'après guerre » et saluant « l'exploitation novatrice du potentiel du béton ». Ce classement à entraîné
l'augmentation du nombre de visites de touristes du monde entier, des bateaux de croisière s'arrêtent
régulièrement, Le Havre devient aussi le décor pour le tournage de films.
III°) Lien avec l'étude de l'école d'architecture du BAUHAUS, 1919-1933 :
Comme Walter Gropius (fondateur de l'école du Bauhaus en 1919), Auguste Perret est attaché à ce que
son son œuvre architecturale soit belle et convienne à ceux qui y habitent. Pour cela il tente de créer une
harmonie à différentes échelles : le centre-ville (aéré, ouvert, circulation facile), l'îlot (la cour intérieur peut
avoir différents usages), l'immeuble (la lumière rose du couché de soleil est amplifiée par le béton rosé),
l'appartement (lumineux, facile à modifier, proche du sol). Cependant, Auguste Perret ne sera pas critiqué aussi
fermement que les membres du Bauhaus, il ne devra pas quitter la France, Perret a peut-être été plus classique
dans les formes (colonnes et proportions évoquant l'Antiquité) et très exigent dans l'aspect utilitaire de son
œuvre, il semble en effet facile de faire évoluer notre ville aujourd'hui (ex : le Tramway en centre-ville).