Qualités de vol de l`avion souple
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Qualités de vol de l`avion souple
Qualités de vol de l’avion souple Influence de la souplesse voilure sur le foyer Dominique BLANC Rodolphe GOURSEAU 17 mars 2005 P.I.R. Long X PROMOTION 2005 SUPAERO-ONERA Remerciements Nous remercions Jean-Luc Boiffier et Clément Toussaint pour nous avoir guidés et soutenus tout au long de ce projet de recherche. Nous soulignons également la contribution essentielle des travaux d’Élodie Roux et de Marco Adurno à notre étude. Tables de matières iii Table des matières Introduction 1 Hypothèses 1.1 Notations . . . . . . . . 1.2 Masse volumique de l’air 1.3 Hauteur de caisson . . . 1.4 Force de portance . . . . iv . . . . 1 1 2 3 4 2 Calcul du moment quadratique 2.1 Moment de flexion de la force de portance . . . . . . . . . . . 2.2 Moment quadratique d’une section . . . . . . . . . . . . . . . 6 6 7 3 Déplacement du foyer 3.1 Dimensionnement et vol 3.2 Loi de déformation . . . 3.3 Loi d’incidence . . . . . 3.4 Avancement du foyer . . 3.5 Application numérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 8 8 9 11 14 4 Validité du modèle 4.1 Choix de la répartition de portance . . . . . . 4.1.1 Corde linéaire . . . . . . . . . . . . . . 4.1.2 Portance proportionnelle à la corde . . 4.2 Modèle de structure . . . . . . . . . . . . . . . 4.2.1 Semelles du caisson . . . . . . . . . . . 4.2.2 Influences . . . . . . . . . . . . . . . . 4.3 Simplification de la statique de l’avion souple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 16 16 17 17 17 17 18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Synthèse 19 Bibliographie 20 P.I.R. 17 mars 2005 Introduction iv Introduction De même que n’importe quelle structure soumise à une sollicitation, une aile d’avion se déforme sous l’action des forces aérodynamiques. Ainsi, même si les mécaniciens des structures tentent de minimiser leurs effets, portance et traînée ont une incidence sur l’aspect d’une aile qui, portant, n’a plus en l’air la forme qu’elle avait au sol. Un cisaillement dans la direction de la largeur d’une poutre la déforme moins que s’il lui est appliqué selon son épaisseur. Si on suppose en plus que l’aile d’avion a une bonne finesse (portance supérieure d’un ordre de grandeur à la traînée), on peut supposer que l’effet principal des contraintes aérodynamiques est celui de la portance. On s’attend alors logiquement à un déplacement vertical de l’aile sous l’effet de sa souplesse. Mais, par un effet géométrique, ce déplacement induit également une diminution de l’incidence locale de l’aile. Cela a pour conséquence de faire avancer le foyer de l’avion. Ce phénomène peut être dangereux si le foyer passe devant le centre de gravité de l’avion. L’avion est alors instable, c’est-à-dire que soumis à une rafale qui augmenterait son incidence, la somme des moments tendrait à faire augmenter cette incidence, et l’avion deviendrait incontrôlable. Mais sans aller jusqu’à cette situation, le déplacement du foyer a une influence sur la maniabilité de l’avion. À deux masses différentes (ie pour deux déformations différentes de la voilure) mais pour le même ordre du pilote, l’avion régira différemment. On comprend alors l’intérêt de pouvoir prévoir le déplacement du foyer d’un avion. Notre étude, qui allie structures, aérodynamique et géométrie, a pour objectif de retrouver cet effet par la théorie, de le quantifier et de comparer nos résultats théoriques aux données disponibles. Pour rendre nos développements plus concrets, nous les appliquerons au cas de l’Airbus A300-600. P.I.R. 17 mars 2005 1 Chapitre 1 Hypothèses Dans cette partie, nous définissons les variables, les notations ainsi que le modèle d’atmosphère utilisé pour la calcul de la masse volumique de l’air à l’altitude de croisière, le modèle géométrique d’aile (purement trapézoïdale) et le type de répartition de portance que nous utiliserons. 1.1 Notations x y O ϕ η Fig. 1.1 – Repère avion et axe élastique P.I.R. 17 mars 2005 1.2 Masse volumique de l’air 2 On considère le repère avion canonique Oxyz et on introduit l’axe Oη élastique de l’aile. L’angle entre Oy et Oη est l’angle de flèche ϕ. On introduit une variable adimensionnée y suivant l’axe Oy. On a alors : b y=y . 2 b . η est une variable adimensionnée par 2 cos(ϕ) On utilise les notations suivantes : – ϕ : angle de flèche ; – b : envergure des deux ailes ; – h : coefficient permettant de ne considérer que la hauteur du longeron sans la peau, rapport entre la hauteur effective du longeron et l’épaisseur de l’aile ; – er : épaisseur relative du profil, rapport entre l’épaisseur et la corde ; – cemp : corde à l’emplanture ; – cma : corde moyenne aérodynamique ; – ε : effilement, rapport entre la corde à l’extrémité et la corde à l’emplanture ; – λ : allongement de l’aile, rapport entre le carré de l’envergure et la surface alaire ; – Sa : surface alaire ; – E : module d’Young du matériau du caisson ; – MM T OW : masse maximale au décollage ; – V : vitesse de croisière ; – nz : facteur de charge extrême ; – g : accélération de la pesanteur ; – σ = −3.10−3 E : contrainte extrême en compression du matériau du caisson ; – ρ : masse volumique locale de l’air ; – Czα : gradient de coefficient de portance ; – v : déformation transversale suivant Oz locale de l’aile en mètres. 1.2 Masse volumique de l’air On considère le modèle standard de l’atmosphère pour évaluer la masse volumique de l’air à une altitude donnée ζ. ρ = ρ0 e P.I.R. − ζζ 0 (1.1) 17 mars 2005 1.3 Hauteur de caisson 3 Les valeurs références sont : ρ0 = 1.225 kg.m−3 (1.2) ζ0 = 9.103 m (1.3) Ainsi à une altitude de 10000 m, la masse volumique de l’air vaut : (1.4) ρ ' 0.403 kg.m−3 1.3 Hauteur de caisson On fait l’hypothèse que la corde varie linéairement en fonction de η : (1.5) c = cemp (1 + (ε − 1) η) Cette corde est la longueur d’une section d’aile prise dans le sens de l’écoulement amont de l’air. La corde c est donc parallèle à l’axe Ox, ou encore perpendiculaire à Oy. On peut aussi exprimer aussi la corde en fonction de y : 2y c = cemp 1 + (ε − 1) (1.6) b On suppose de plus que l’épaisseur relative er et le coefficient h sont constants sur toute l’aile. Ainsi la hauteur du caisson varie linéairement en fonction de la corde et s’exprime par a : (1.7) h = h er c = h er cemp (1 + (ε − 1) η) On peut alors mettre en évidence les relations suivantes : cma 2 = b Z b 2 c(y) dy = cemp 0 Sa = b cma λ= b2 b = Sa cma b = λ cma a ε+1 2 (1.8) (1.9) (1.10) (1.11) Élodie Roux, Méthodes de masse voilure [1], p. 57 P.I.R. 17 mars 2005 1.4 Force de portance 1.4 4 Force de portance On considère un cas simplifié où la force de portance varie proportionnellement avec la corde. On choisit donc une force linéique Fη du type : (1.12) Fη = K c(η) Il s’agit d’une force linéique par unité de longueur suivant l’envergure. K est une constante qui s’interprète physiquement comme une portance surfacique. L’égalité de l’accélération (produit du facteur de charge extrême et du poids) et de la portance à la rupture Fextr (cas dimensionnant pour les semelles du caisson) pour une seule aile permet de déterminer la valeur de K: Z 1 b MM T OW nz g Fextr = K c(η) cos(ϕ)dη = (1.13) 2 cos(ϕ) 0 2 Le terme c(η) cos(ϕ) provient du fait qu’il faut projeter la corde selon un axe perpendiculaire à l’axe d’intégration qui est ici l’axe élastique Oη (voir figure 1.2). x ϕ dη.c(η).cos( ϕ) η Fig. 1.2 – Corde réelle et corde projetée b vient du fait que η est une grandeur adimensionnée et 2 cos(ϕ) b que l’intervalle d’intégration est physiquement [ 0 ; ]. 2 cos(ϕ) Le terme P.I.R. 17 mars 2005 1.4 Force de portance 5 x B A c(η) ϕ η Fig. 1.3 – Surface de l’aile et surface d’intégration En intégrant de cette manière, on n’intègre pas sur la forme véritable A de l’aile, mais sur une forme B différente aux extrémités (comme le montre la figure 1.3). En fait, un calcul simple d’aire de trapèzes montre que ces deux surfaces sont égales. Après calcul, on obtient la forme suivante pour la force linéique de portance : 2 MM T OW nz g K= (1.14) b cemp (ε + 1) Fη = P.I.R. 2 MM T OW nz g (1 + (ε − 1) η) b (ε + 1) (1.15) 17 mars 2005 6 Chapitre 2 Calcul du moment quadratique Pour calculer la déformation de l’aile, les équations de structures nécessitent la connaissance du moment quadratique du caisson. Pour cela, nous avons besoin de ses caractéristiques. N’ayant pas accès aux valeursconstructeur des sections des semelles du caisson, nous les dimensionnons pour supporter les charges extrêmes. 2.1 Moment de flexion de la force de portance Pour l’aile tribord, on calcule d’abord le moment de flexion de la force de portance Fη = K c(η) exercé par la portion située à droite de η sur la portion à gauche ou encore le moment en η de toute la portance qui s’exerce à droite de η : 2 Z 1 b MF = (2.1) (1 − η) K c(η) cos(ϕ) dη 2 cos(ϕ) η Là encore il faut voir le coefficient K comme une portance surfacique. Comme on effectue l’intégration dans la direction de l’axe élastique Oη, l’élément de surface à considérer est : c(η) cos(ϕ) dη. Comme pour le calcul de la force de portance, la surface d’intégration ne correspond pas à la forme réelle de l’aile (voir figure 1.2). L’intégration suivant la surface B est plus naturelle et le résultat obtenu est le même que celui obtenu avec la surface A. Tout calcul fait, on obtient le résultat suivant : MF = b MM T OW nz g (1 − η)2 (ε + 2 [1 + (ε − 1) η]) 12 (ε + 1) cos(ϕ) (2.2) 1 Remarquons la dépendance en cos(ϕ) qui fait augmenter le moment avec la force. Cette évolution se comprend lorsque l’on voit qu’augmenter ϕ revient P.I.R. 17 mars 2005 2.2 Moment quadratique d’une section 7 à augmenter la longueur de la poutre sans changer l’envergure de l’aile. 2.2 Moment quadratique d’une section En compression, la surface de la semelle extrados est dimensionnée selon le critère a : MF (2.3) SE = − hσ En utilisant les résultats précédents, on obtient : SE = − b MM T OW nz g (1 − η)2 (ε + 2 [1 + (ε − 1) η]) 1 + (ε − 1) η 12 (ε + 1) σ h er cemp cos(ϕ) (2.4) Nous dimensionnons la semelle intrados par la formule simple suivante qui représente bien la réalité : SI ' SE 2.5 (2.5) La surface extrados doit assurer la tenue de l’aile pour un facteur de charge de 2.5 × 1.5. La surface intrados doit, elle, tenir pour un facteur de charge de −1 × 1.5. Il est donc raisonnable de prendre un rapport de section SE 2.5×1.5 égal au rapport des facteurs de charge | −1×1.5 | = 2.5. SI Le moment quadratique est donné par b : Iy = h 2 SE SI SE ' h2 SI + S E 3.5 (2.6) Le résultat du calcul du moment quadratique est le suivant : Iy = − a b b MM T OW nz g h er cemp (1−η)2 (ε+2 [1+(ε−1) η]) (1+(ε−1) η) (2.7) 42 σ (ε + 1) cos(ϕ) Élodie Roux, Modèle de Masse Voilure [1], p. 55 Élodie Roux, Méthodes de masse voilure [1], p. 52 P.I.R. 17 mars 2005 8 Chapitre 3 Déplacement du foyer L’objet de ce chapitre est d’estimer l’avancement du foyer dû à la souplesse de l’aile. Pour cela, il nous faut connaître la déformation de l’aile. Celle-ci va modifier la répartition de la portance ainsi que le moment de tangage et le point d’application de la résultante aérodynamique. 3.1 Dimensionnement et vol Le calcul du moment quadratique est effectué pour le facteur de charge extrême nz = 2.5 × 1.5 = 3.75 qui est dimensionnant pour les semelles. En revanche, pour la suite on se place dans le cas du vol de croisière où nz = 1. Les expressions littérales de la force de portance et de son moment de flexion (déterminés pour un facteur de charge quelconque) sont a fortiori valables en prenant cette nouvelle valeur de facteur de charge. 3.2 Loi de déformation La loi de déformation de l’aile v(η) est donnée en fonction du moment de portance à nz = 1, du moment quadratique de dimensionnement(nz = 3.75) et du module d’Young E. 2 2 2 cos(ϕ) ∂ v MF = E I y (3.1) b ∂η 2 Le terme P.I.R. 2 cos(ϕ) b 2 vient du fait que η est une variable adimensionnée 17 mars 2005 3.3 Loi d’incidence par 9 b . 2 cos(ϕ) Après calcul, on obtient : ∂2v 1 7 σ b2 = − 2 2 ∂η 8 nz h er cemp E cos (ϕ) 1 + (ε − 1) η (3.2) ∂v (0) = 0 donne : ∂η ln 1 + (ε − 1) η 7 σ b2 ∂v =− (3.3) ∂η ε−1 8 nz h er cemp E cos2 (ϕ) Une première intégration sur [0; η] avec la condition Une deuxième intégration sur [0; η] avec la condition v(0) = 0 donne le résultat final : 1 + 1 + (ε − 1) η ln 1 + (ε − 1) η − 1 7 σ b2 v(η) = − (ε − 1)2 8 nz h er cemp E cos2 (ϕ) (3.4) a La flèche est maximale en η = 1 et la valeur maximale est : v(η = 1) = − 3.3 1 − ε + ε ln(ε) 7 σ b2 2 (ε − 1)2 8 nz h er cemp E cos (ϕ) (3.5) Loi d’incidence Le fait que l’axe élastique ne soit pas perpendiculaire à l’écoulement (et donc à la corde aérodynamique) entraîne que les extrémités d’une corde n’appartiennent pas à la même section élastique. Par conséquent, la flexion de l’aile crée dans l’axe de la corde une incidence locale supplémentaire ∆α(η) qui dépend de la flexion v(η). Ainsi, comme le montre la figure 3.2, on a : c(η) 2 cos(ϕ) c(η) 2 cos(ϕ) v η− 2 sin(ϕ) − v η + 2 sin(ϕ) b b tan(∆α) = (3.6) c(η) 2 cos(ϕ) Le terme en associé au terme c(η) est indispensable car la variable b η est adimensionnée. a Pour un Airbus A300-600, cette valeur vaut numériquement 0.96 m [voir section 3.5]. P.I.R. 17 mars 2005 3.3 Loi d’incidence 10 v(η = 1) v(η = 0.75) v(η = 0.5) v(η = 0.25) 0 0.2 0.4 η 0.6 0.8 1 Fig. 3.1 – Allure de la flèche v en fonction de η Dans la suite, on pose : ξ= c(η) sin(ϕ) (3.7) v(η − 2ξ ) − v(η + 2ξ ) (3.8) b 2 cos(ϕ) Ce qui conduit à : tan(∆α) = ξ b 2 cos(ϕ) sin(ϕ) qui est équivalent à : 2 cos(ϕ) v(η − 2ξ ) − v(η + 2ξ ) tan(∆α) = sin(ϕ) b ξ (3.9) En effectuant un développement limité au premier ordre b en η, la variation d’incidence due à la flexion de l’aile suit la loi : 2 cos(ϕ) ∂v tan(∆α) = − sin(ϕ) (η) (3.10) b ∂η On linéarise aux petits angles : ∆α = − 2 sin(ϕ) cos(ϕ) v 0 (η) b (3.11) On commet une erreur de moins de 1% sur toute l’envergure du profil en ne conservant que le premier terme dans le développement limité, ce qui justifie cette approximation. b P.I.R. 17 mars 2005 3.4 Avancement du foyer 11 x écoulement aérodynamique y ϕ ϕη η ϕ η v(η) ∆η=2.ξ ∆v η η +2.cos(ϕ)/b.c(η).sin(ϕ) η−2.cos(ϕ)/b.c(η).sin(ϕ) Fig. 3.2 – Variation d’incidence ∆α On obtient finalement : 7 σ b tan(ϕ) ln 1 + (ε − 1) η ∆α = ε−1 4 nz h er cemp E 3.4 (3.12) Avancement du foyer On vient de mettre en évidence l’apparition d’une variation d’incidence due à la souplesse de l’aile. Celle-ci va donc perturber la répartition linéique de portance Fη calculée en vol de croisière pour une aile rigide, et va modifier la position du foyer. Dans un premier temps, on s’intéresse à la portance linéique de l’avion rigide en vol de croisière à la vitesse V . P.I.R. 17 mars 2005 3.4 Avancement du foyer 12 0 ∆α(η = 0.25) ∆α(η = 0.5) ∆α(η = 0.75) ∆α(η = 1) 0 0.2 0.4 η 0.6 0.8 1 Fig. 3.3 – Allure de la variation d’incidence ∆α en fonction de η Elle s’exprime par : (Fη )R = Knz =1 c(η) = 2 MM T OW g (1 + (ε − 1) η) b (ε + 1) La portance totale d’une aile est donc : Z 1 b MM T OW g FR = Knz =1 c(η) cos(ϕ) dη = 2 cos(ϕ) 0 2 (3.13) (3.14) En raison de la flèche de l’aile, le moment de tangage associé a deux composantes : l’une suivant Ox et l’autre suivant Oy. Or seule la contribution suivant Ox influe sur la position longitudinale du foyer (par symétrie de l’avion, les composantes suivant Oy des deux ailes sont opposées et s’annulent). On calcule donc le moment de tangage de la portance rigide projeté sur l’axe Ox. 2 Z 1 b η Knz =1 c(η) cos(ϕ) dη (3.15) MR = sin(ϕ) 2 cos(ϕ) 0 soit MR = P.I.R. b tan(ϕ) MM T OW g 2 ε + 1 12 ε+1 (3.16) 17 mars 2005 3.4 Avancement du foyer 13 On note xR la distance entre l’origine O (point d’intersection de l’axe Ox et de l’axe élastique Oη) et la position du foyer rigide. Le point O est un point de la corde à l’emplanture. La prise en compte du diamètre du fuselage n’est pas nécessaire dans le problème du tangage (symétrie de l’avion par rapport à Ox). On a : xR = − b tan(ϕ) 2 ε + 1 MR =− FR 6 ε+1 (3.17) On peut adimensionner par la corde à l’emplanture ou par la corde moyenne aérodynamique la position du foyer dans le cas statique. On obtient alors : xR λ =− tan(ϕ) (2 ε + 1) (3.18) cemp 12 λ tan(ϕ) 2 ε + 1 xR =− cma 6 ε+1 (3.19) Dans un deuxième temps, on calcule la portance de l’avion souple ce qui nécessite de connaître la portance linéique. On peut décomposer cette portance linéique en deux contributions : la première est celle due à l’avion rigide, et la deuxième provient de la variation locale d’incidence due à la flexion de l’aile. Cela s’écrit : 1 ρV 2 (Fη )S = (3.20) (Fη )R + Czα c(η) ∆α Γ 2 Le coefficient Γ est ajusté de manière à équilibrer la portance totale et le poids de l’avion : MM T OW g FS = (3.21) 2 Pour cela, on intègre la formule précédente : 1 MM T OW g 7 b2 ρ V 2 σ Czα tan(ϕ) 2 ε2 ln(ε) ε + 1 + − (3.22) FS = Γ 2 (ε − 1)2 ε−1 64 nz h er E On obtient alors l’expression de Γ : 7 b2 ρ V 2 σ Czα tan(ϕ) Γ=1+ 32 MM T OW g nz h er E P.I.R. 2 ε2 ln(ε) ε + 1 − (ε − 1)2 ε−1 (3.23) 17 mars 2005 3.5 Application numérique 14 On calcule ensuite la composante suivant Ox du moment de tangage associé à la force FS : b tan(ϕ) MM T OW g 2 ε + 1 12 Γ ε+1 MS = 7 b3 ρ V 2 σ Czα sin(ϕ) tan(ϕ) 6 ε2 (2ε − 3) ln(ε) − (ε − 1)(4ε2 − 5ε − 5) + (ε − 1)3 1152 nz h er E Γ (3.24) En introduisant cma , on a : λ tan(ϕ) MM T OW g 2 ε + 1 cma 12 Γ ε+1 MS = + 7 λ3 σ Czα sin(ϕ) tan(ϕ) 6 ε2 (2ε − 3) ln(ε) − (ε − 1)(4ε2 − 5ε − 5) ρ V 2 c3ma 3 (ε − 1) 1152 nz h er E Γ (3.25) Puis on obtient la position du foyer de l’avion souple : xS = − MS FS (3.26) Le déplacement du foyer peut alors être évalué par : ∆x = xS − xR = 3.5 MR − M S MM T OW g 2 (3.27) Application numérique Pour un Airbus A300-600 c , on a : – ϕ = 28˚ – b = 39.6 m – h = 0.93 – er = 0.11 c Élodie Roux, Modèle de masse voilure [1], p. 30-32 P.I.R. 17 mars 2005 3.5 Application numérique – – – – – – – – – – 15 cemp = 10 m ε = 0.29 E = 2.1011 P a MM T OW = 165000 kg V = 245 m.s−1 (M = 0.82) nz = 2.5 × 1.5 = 3.75 g = 9.81 m.s−2 σ = −3.10−3 E = −6.108 P a ρ = 0.403 kg.m−3 (à une altitude de 10000 m) C zα = 5 Après calcul, on obtient : xR = −0.67 cma soit xS = −0.62 cma xR = −4.29 m xS = −4.03 m (3.28) (3.29) On obtient finalement un avancement du foyer dans le cas de statique de : ∆x = 4.13% cma (3.30) ∆x = 0.27 m (3.31) soit P.I.R. 17 mars 2005 16 Chapitre 4 Validité du modèle Le résultat présenté au chapitre précédent a été obtenu en utilisant certaines hypothèses dont il faut vérifier la validité. Nous comparerons également notre résultat numérique à la donnée-constructeur. 4.1 4.1.1 Choix de la répartition de portance Corde linéaire On a choisi de représenter l’aile comme un trapèze. Ce choix de forme ne correspond pas à l’aspect réel d’une aile. En effet, afin de ménager de l’espace pour le mécanisme du train d’atterrissage, le bord de fuite des ailes de la plupart des avions de transport civil présente une cassure que nous n’avons pas prise en compte (voir figure 4.1). Celle-ci se traduit par un changement de flèche du bord de fuite (flèche nulle à l’emplanture). Fig. 4.1 – Airbus A300 cassure du bord de fuite P.I.R. 17 mars 2005 4.2 Modèle de structure 17 Cette cassure invalide notre hypothèse de corde linéaire. Du même coup, la surface alaire réelle de l’avion n’est pas celle qu’on obtient par notre calcul. Toutefois la différence relative entre ces deux aires est inférieure à 1.5%, ce qui justifie cette approximation. En outre, les déformations de l’aile ont surtout lieu à son extrémité, et c’est donc cette partie de l’aile qui influence le plus le déplacement du foyer. 4.1.2 Portance proportionnelle à la corde Dans notre développement, pour simplifier les calculs, nous avons supposé que la portance locale était proportionnelle à la corde. Il existe d’autres modèles plus réalistes de répartition de portance, comme la répartition elliptique. Cependant on ne peut pas mener des calculs de manière analytique avec ce type de modèles. Nous avons aussi négligé les contributions du fuselage et de l’empennage alors qu’ils participent également au moment de tangage et au déplacement du foyer par leur souplesse [2]. En tout état de cause, il nous est difficile d’estimer l’erreur que nous commettons en faisant cette hypothèse. 4.2 4.2.1 Modèle de structure Semelles du caisson Nous avons dimensionné la surface de la semelle extrados du caisson en considérant qu’elle ne travaillait qu’en compression. Le dimensionnement pourrait être amélioré en appliquant le modèle plus précis développé par Élodie Roux [1]. Pour la semelle intrados, nous avons raisonné sur les facteurs de charge extrêmes ce qui a certainement introduit une erreur supplémentaire. Ces deux approximations disparaîtraient si l’on avait accès aux donnéesconstructeur. 4.2.2 Influences Les hypothèses utilisées pour déterminer les surfaces des semelles du caisson ont un impact direct sur l’estimation du moment quadratique. Puis on a introduit la déformation de l’aile en considérant que le problème se ramenait à celui d’une poutre 1D. Là encore la validité de ce choix P.I.R. 17 mars 2005 4.3 Simplification de la statique de l’avion souple 18 est discutable compte tenu des dimensions du caisson. Toutes les petites approximations signalées se cumulent, et il nous est malheureusement difficile de connaître l’ordre de grandeur des erreurs qu’elles introduisent. La seule façon de s’affranchir de ces approximations serait d’avoir accès aux données-constructeur (surface de la semelle, mesure directe en essai en vol de la déformation de l’aile. . .). 4.3 Simplification de la statique de l’avion souple Lors du calcul de l’avancement du foyer, nous avons d’abord étudié le cas de l’avion rigide auquel nous avons ajouté une perturbation (variation locale d’incidence) pour obtenir le cas de l’avion souple. Ce raisonnement aurait fourni une portance inférieure au poids si nous n’avions pas normalisé la portance totale. Pour être rigoureux, il aurait fallu redéfinir l’équilibre de l’avion en utilisant les angles d’incidence. On aurait alors des incidences différentes dans les cas rigide et souple (l’incidence dans le cas souple étant plus faible que celle dans le cas rigide). 1 (4.1) F = ρ V 2 S C zα α 2 Conformément à l’équation 4.1, si l’on veut que F soit constante alors que α diminue, il faut que V augmente (toutes choses égales par ailleurs). D’un point de vue quantitatif, il est impossible d’avoir accès aux paramètres de vol de l’avion rigide puisque tous les avions sont souples. P.I.R. 17 mars 2005 Synthèse 19 Synthèse Le déplacement que nous avons calculé n’est dû qu’à la souplesse des ailes. Comme nous l’avons dit précédemment, fuselage et empennage contribuent également à la portance et leur souplesse participe à l’avancement du foyer. On peut prendre en compte cet incrément en reprenant les résultats d’une étude précédente de l’ONERA a qui évalue cette contribution à l’avancement à 0.99% de la cma . On l’ajoute alors à notre résultat (4.13%). On obtient finalement un avancement du foyer de l’avion de 5.12% de la cma . Pour l’avion complet, par une méthode statistique, Airbus b évalue l’avancement du foyer à 7.27%. Modèle empennage-fuselage ONERA Modèle voilure présenté Total empennage-fuselage-voilure Modèle statistique Airbus (avion complet) Déplacement du foyer en pourcentage de la cma -0.99 -4.13 -5.12 -7.27 L’ordre de grandeur de notre résultat est satisfaisant compte tenu de la simplicité du raisonnement que nous avons suivi. Avec des modèles rustiques, on a réussi à approcher l’avancement réel du foyer. En les approfondissant, on peut donc sans doute représenter la réalité avec une meilleure fidélité. De plus, la prise en compte des effets dynamiques devrait certainement améliorer l’estimation du déplacement du foyer. a b section 3.3 de la référence [2] section 3.3 de la référence [2] P.I.R. 17 mars 2005 Bibliographie 20 Bibliographie [1] Élodie Roux, Modèle de Masse Voilure, thèse SUPAERO - ONERA, 2003 [2] Marco Adurno, L’avion souple : approche analytique — avions de transport civil, stage long SUPAERO - ONERA, 2003-2004 P.I.R. 17 mars 2005