les virtuoses - Philharmonie de Paris
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les virtuoses - Philharmonie de Paris
cité de la musique François Gautier, président Brigitte Marger, directeur général Dans la culture britannique contemporaine, les brass bands (ensembles de cuivres) bénéficient d’une popularité qui ne s’est pas démentie pendant plus d’un siècle, à la différence des orchestres d’harmonie français progressivement marginalisés depuis l’entre-deux guerres. Il faut dire qu’en Grande-Bretagne, les brass bands n’ont pas hésité à interpréter les grands succès de la musique pop ou rock, tout comme les pages les plus célèbres du répertoire symphonique classique. Cette pratique musicale décomplexée a aussi donné au fil des ans - et particulièrement dans une Grande-Bretagne en pleine crise économique - un moyen de ressouder les générations et de garder un contact entre les différentes classes sociales. En témoigne le film Les Virtuoses de Mark Herman qui résume avec humour la place insolite qu’occupe les brass bands dans la société britannique : des orchestres où la sincérité l’emporte sur les préjugés de toutes sortes. Il a donc paru intéressant à la cité de la musique de proposer une programmation à tonalité britannique au moment où, en France aussi, se fait sentir un nouveau souffle pour animer les orchestres d’harmonie, conciliant bonne humeur et projet social. Les brass bands anglo-saxons ont bel et bien contribué à la reconnaissance d’un patrimoine musical qu’il est désormais temps de reconsidérer. samedi 18 juillet - 16h30 / kiosque à musique Les Virtuoses Extraits de la bande son du film et autres pièces pour orchestre Garry Cutt, direction The Grimethorpe Colliery Band samedi 18 juillet - 20h / salle des concerts Labour and Love Hector Berlioz Les Francs-Juges, op 3 (arrangement Frank Wright) (durée : 13 minutes) Jean-Baptiste Arban Le Carnaval de Venise (durée : 6 minutes) Giacomo Meyerbeer Marche du Prophète (arrangement Hawkins) (durée : 4 minutes) Charles Gounod Lend me your aid (arrangement J. Ord-Hume) Percy Fletcher Labour and Love (durée : 14 minutes) entracte Gustav Holst A Moorside Suite (durée : 10 minutes) scherzo, nocturne, march Percy Code Zelda (durée : 6 minutes) Eric Ball Resurgam (durée : 10 minutes) Gilbert Vinter Triumphant Rhapsody (durée : 12 minutes) Peter Bassano, direction Richard Marshall, cornet Jonathan Beatty, trombone The Grimethorpe Colliery Band (durée : 6 minutes) dimanche 19 juillet - 14h30 / amphithéâtre du musée cinéma Les Virtuoses film de Mark Herman Royaume-Uni, 1997, 105 mn, vostf Trevor Jones, Geoff Alexander, musique avec Pete Postlethwaite, Ewan Mac Gregor, Tara Fitzgerald, Stephen Tompkinson La vie des habitants de Grimley, petite ville minière du Yorkshire, est menacée par la prochaine fermeture des derniers puits de charbon. Les difficultés et les tensions s’accentuent. Reste la fanfare locale, dirigée par un chef qui lui donne toute son âme, et qui tente de solidariser à nouveau les mineurs. Ces « virtuoses » finissent par s’accorder autour d’un but : gagner le concours national au Royal Albert Hall. La fanfare est le lieu où les mineurs, écrasés par l’absence de perspectives, retrouvent une solidarité et une dignité perdues, le lieu où les amours se nouent, où lesliens filiaux s’expriment. Le second long métrage de Mark Herman illustre l’une des traditions les plus fermement ancrées en Grande-Bretagne : celle des orchestres d’harmonie (brass bands). Les transcriptions cocasses - dont celle du célèbre Concerto d’Aranjuez et l’immersion dans la communauté des mineurs ont contribué au succès inattendu de ce film, à la fois généreux et juste. dimanche 19 juillet - 16h30 / salle des concerts Labour and Love Wilfred Heaton Praise (durée : 4 minutes) Edwar d Gr egson Les Plantagenets (durée : 10 minutes) Joaquin Rodrigo Concerto d’Aranjuez (extrait) (arrangement Kevin Bolton) adagio (durée : 8 minutes) Andrew Powell Themes et Episodes : Falstaff (création) (durée : 10 minutes) pause Joseph Horovitz Euphonium Concerto (durée : 12 minutes) John McCabe Cloudcatcher Fells (durée : 17 minutes) I - Great Gable, Grasmoor, Grisedale Tarn II - Haystacks, Catchedicam III - Angle Tarn IV - Grisedale Brow, Striding Edge, Helvellyn Peter Bassano, direction Mark Walters, bugle Michael Dodd, euphonium The Grimethorpe Colliery Band les virtuoses les fanfares de Grande-Bretagne En 1850,W. H.Wills raconte qu’en visitant Merthyr, il fut « extrêmement surpris d’entendre les jeunes ouvriers d’une fonderie siffler des airs de musique sérieuse, rarement interprétés hors des salles de danse, des théâtres lyriques ou des salons à la mode » (HouseholdWords, magazine édité par Charles Dickens). Il réalise par la suite que le propriétaire de la fonderie avait créé une fanfare pour ses ouvriers. « J’eus le plaisir, continue W. H. Wills, de les entendre jouer, et je fus étonné par leur habileté [...] à interpréter les ouvertures de Zampa, du Calife de Bagdad, de Fra Diavolo et quelques morceaux d’ensemble extraits de Robert le Diable, Don Giovanni et Lucia de Lammermoor. » A quoi doit-on en fait l’origine de cette musique d’harmonie proprement britannique qui impressionna tant W. H.Wills ? La réponse prend la forme d’un premier paradoxe : l’orchestre d’harmonie anglais est né à Paris, dans les ateliers du facteur d’instruments d’origine belge Adolphe Sax (1814-1894). C’est lui, en effet, qui démocratise l’usage du piston pour les cuivres. D’instruments mélodiquement restreints (leurs échelles élémentaires suivent les intervalles d’arpège du spectre harmonique), ils deviennent rapidement des instruments chromatiques émancipés, couvrant une gamme de deux octaves et demie, et délaissant un phrasé systématiquement puissant au profit d’une expression plus lyrique et virtuose. Bien que le piston ait été inventé en Prusse dès 1814, son véritable essor a attendu plusieurs décennies. Il est initialement adjoint aux instruments déjà existants : le cornet par exemple - probablement mis au point par Halari à Paris aux alentours de 1828 - naît d’une adaptation du cor de postillon. Mais il faut attendre 1842, année durant laquelle Adolphe Sax, avec l’aide et l’encouragement de Berlioz, ouvre son atelier parisien, pour que les possibilités offertes par le piston soient pleinement exploitées. Adolphe Sax invente alors deux familles d’instruments totalement nouvelles auxquelles il donne son nom : les saxhorns et les saxophones, la première étant caractérisée par l’usage du piston, à la différence de la seconde présentant des clés et une anche simple. Les saxhorns sont vite pratiqués par un nombre important d’interprètes, parmi lesquels on compte alors les Distins, un quintette de musiciens anglais qui rencontrent Adolphe Sax en 1844 et s’engagent à notes de programme |5 les virtuoses promouvoir les saxhorns en Angleterre. Ils sont pour cela grandement aidés par le chef d’orchestre français Louis Jullien (1812-1860) qui présente, outre les Distins, de nombreux solistes lors des concerts populaires qu’il entreprend à travers toute l’Angleterre. En France, un virtuose du cornet se distingue de tous les autres : JeanBaptiste Arban (1825-1889). Ses prouesses techniques n’incitent pas seulement nombre de jeunes musiciens à étudier le cornet, mais suscitent également l’intérêt des compositeurs. En 1850, Berlioz ajoute par exemple, dans le manuscrit autographe de la Symphonie fantastique (Valse), un solo de cornet dont on pense que le premier interprète fut Arban. Cette partie reste malheureusement absente des représentations actuelles. Arban est aussi connu pour sa méthode d’apprentissage, un ouvrage de référence que les élèves de trompette des conservatoires du monde entier ont abondamment pratiquée depuis plus d’un siècle. En Angleterre, les interprétations des Distins ont démontré, au XIXe siècle, la richesse harmonique et l’homogénéité des instruments d’Adolphe Sax, ainsi que leur parfaite aptitude à bien sonner en extérieur (une qualité essentielle pour les concerts d’harmonie). Cette extériorisation d’ailleurs a permis de multiplier les occasions de concert. Les classes laborieuses en sont les premières bénéficiaires puisque s’est rapidement développée une musique constituée de transcriptions, offrant du même coup une alternative plus « démocratique » aux musiques savantes dont l’exécution était jusque-là cantonnée aux classes moyennes et à l’aristocratie. L’espace sera ensuite vite comblé - et avec un enthousiasme délibérément philanthropique ! - entre la simple écoute, l’apprentissage et la pratique. En Angleterre, le changement des conditions sociales, causé par la Révolution industrielle, permet le réveil d’une expression créatrice et artistique que l’abandon du travail agraire et de l’artisanat avait laissé assoupie. Les effets néfastes sur la santé provoqués par l’atmosphère nauséabonde de la mine ou des hauts fourneaux semblaient aussi être amoindris par le fait de chanter ou de souffler dans un instrument. En résulte l’émergence de chorales masculines du Pays de Galles, et de fanfares dans le Nord de l’Angleterre fortement industrialisée. Ces formations étaient par ailleurs l’occasion pour les chefs d’entreprise, de lutter contre la montée en puissance des syndicats et de détourner leurs employés des activités politiques radicales. Pour favoriser ces occupations jugées plus « saines », ils contribueront fortement à l’achat d’instruments ou à la promotion des orchestres. En un laps de temps relativement court, plusieurs centaines de fanfares voient ainsi le jour. 6 |cité de la musique les virtuoses le concours des orchestres d’harmonie : art ou sport ? Au XIXe siècle se fait aussi sentir le besoin de mesurer la valeur de chaque fanfare. Ainsi naissent les concours d’orchestres d’harmonie, chaque fanfare attirant des supporters énergiques et partisans. Les premiers concours, organisés au niveau régional, sont décrits comme partiaux et désordonnés mais, dès 1853, leurs dirigeants prennent conscience de la nécessité d’établir des règles incontestables. Ainsi sont inaugurés, à Belle Vue, dans la ville de Manchester, les British Open Championships. Mais il faudra encore attendre 47 ans pour que les gens du Nord acceptent de participer aux National Championships tenus au Crystal Palace de Londres. Plusieurs facteurs les y encouragent : l’adoption d’un programme musical imposé (facteur d’égalité dans le jugement, d’après les contemporains), une meilleure opinion des gens du Sud et une confiance naissante en la fiabilité des chemins de fer. Au plus fort de leur popularité, dans les années 1890, le nombre de fanfares existant en Grande-Bretagne est estimé à 40 000 et le public du Crystal Palace se compte en dizaines de milliers. Entre 1853 et 1925, les pièces imposées du British Open sont toutes des arrangements - principalement tirés d’œuvres lyriques -, les compositeurs les plus joués étant Gounod, Meyerbeer, Rossini, Spohr et Verdi. Quant aux organisateurs des National Championships, ils adoptent, dès 1913, une œuvre originale comme pièce imposée, estimant que l’orchestre d’harmonie peut être un bon vecteur pour populariser le langage musical contemporain. La première composition originale majeure interprétée aux championnats sera intitulée Labour and Love (Percy Fletcher). Peter Bassano (traduction Maurice Salem) Hector Berlioz Ouverture des Francs-Juges Berlioz achève en 1826 son opéra Les Francs-Juges dont seules subsistent aujourd’hui l’Ouverture et la Marche à l’échafaud, intégrées dans la Symphonie fantastique (1830). L’Ouverture installe l’atmosphère sombre du sujet de l’œuvre : une assemblée où siègent les redoutables juges de la Cour secrète. C’était l’une des ouvertures préférées du notes de programme |7 les virtuoses compositeur qu’il a dirigée de nombreuses fois durant sa carrière. L’arrangement de ce concert (réalisé par Franck Wright) a été joué en première audition lors des National Championships de 1961. Jean-Baptiste Arban Le Carnaval de Venise L’exploration par Paganini des possibilités techniques du violon a probablement encouragé Arban à faire de même avec le cornet. Ses variations sur le Carnaval de Venise représentent l’un des plus brillants solos écrits pour cet instrument. Elles s’inspirent du genre air varié qui reprend un air connu pour le recouvrir de figures de virtuosité propres à l’instrument. Giacomo Meyerbeer Marche du Prophète En plus d’une nombreuse distribution vocale, d’un chœur et d’un orchestre, la partition de l’opéra de Meyerbeer Le Prophète inclut une fanfare de 24 musiciens. Il est donc peu surprenant que cette partition ait trouvé grâce auprès des premiers défenseurs de la musique d’harmonie. Plusieurs autres arrangements d’œuvres de ce compositeur ont d’ailleurs été choisis à huit occasions pour les concours annuels. Charles Gounod Lend me your aid Les airs d’opéra s’adaptaient souvent bien aux versions instrumentales. L’air célèbre de Gounod Inspirez-moi race divine de la Reine de Saba a connu une immense popularité comme pièce pour fanfare. 8 |cité de la musique les virtuoses Percy Fletcher Labour and Love Pendant plus de soixante ans les orchestres continuèrent à jouer les arrangements d’œuvres de compositeurs célèbres et ce jusqu’aux National Championships de 1913, année à laquelle John Henry Iles, l’organisateur du concours du Crystal Palace accepta comme pièce imposée Labour and Love, la première œuvre originale pour fanfare d’une certaine importance. Labour and Love est un poème symphonique, thématiquement et formellement influencé par l’œuvre de Liszt. Le récitatif déclamatoire, les solos lyriques et la cadence enlevée du cornet doivent beaucoup aux arrangements d’opéras et aux airs variés des années précédentes. Suivant la tradition établie par Berlioz pour sa Symphonie fantastique, Fletcher rédigea une étrange note de programme qui dut sans aucun doute recueillir l’assentiment des chefs d’industrie ayant financé le mouvement des orchestres d’harmonie : « L’initial symbolise l’état d’esprit d’un homme qui, n’aimant pas son travail, trouve son environnement oppressant et s’imagine tel un esclave opprimé. L’allegro agitato le représente engagé dans son labeur quotidien, travaillant aveuglément en utilisant sa seule force musculaire, sans but dans la vie. L’interlude meno mosso mène à l’andante patetico (solo de basse) dans lequel son âme s’afflige en une lamentation angoissée et désespérée. Dans l’allegro dramatico, son esprit agité connaît un état de rébellion. Avec une indignation frénétique, il abandonne son travail, déclarant (dans le récitatif pour trombone) qu’il n’acceptera plus de telles conditions. Dans l’andante e molto espressivo, le solo de cornet représente la « voix de l’amour ». Sa femme l’appelle tendrement, le suppliant en son nom et au nom de ses enfants de considérer les choses sous un jour différent. Elle aussi a ses problèmes, mais elle y fait face avec détachement. L’interlude du solo de cor suggère qu’il s’est résolu à céder aux supplications de son épouse ; la joie de celleci devant une telle décision s’exprime par la cadence du cornet. Avec l’allegro marziale il est de retour au travail ; mais son état d’esprit a changé. Considérant son travail, son cœur se gonfle de fierté et il se lance avec détermination dans sa tâche, résolu à améliorer sa condition par un dévouement constant aux intérêts de son employeur. Vaillamment, il travaille, et la « voix de l’amour » est devenue pour lui le « glaive de la puissance » avec lequel il l’emportera sur ses ennemis, notes de programme |9 les virtuoses la dépression et le désespoir. Il réalise alors qu’il a un but dans la vie : son travail est celui de « Labour of Love », un travail de l’amour. » Gustav Holst Moorside Suite Gustav Holst fut tromboniste professionnel. Il posséda donc très vite l’habileté nécessaire à l’orchestration pour harmonie (une habileté que nombre de compositeurs trouvent intimidante). Une Moorside Suite lui fut commandée pour les National Championships de 1928. Cette pièce devient ainsi la première œuvre pour ensemble de cuivres écrite par un compositeur renommé. Holst éprouvait en effet un grand intérêt pour la chanson populaire anglaise en reconnaissant une dette à l’égard des personnes qui avaient permis, au début du siècle, la redécouverte de cette musique. Les trois mouvements contrastés de son suite s’inspirent de l’atmosphère populaire de la chanson anglaise. Ils restent, pour les orchestres actuels, des pièces techniquement très exigeantes, tout en privilégiant les qualités lyriques et musicales. Percy Code Zelda En 1906, la célèbre fanfare du Lancashire Besses O’ th’ Barn fit une tournée en Australie. Cette visite stimula grandement la pratique locale du brass band. Le père de Percy Code était chef de musique d’une fanfare qui - à l’instar de Sousa - portait son nom : le Code’s Brass Band. Dans la digne tradition des harmonistes, le père (chef de musique) apprit à son fils à jouer du cornet, avant que ce dernier ne le remplace à la tête de l’orchestre. Après des études musicales approfondies, Percy Code devint, dans les années 1930-40, le chef d’orchestre principal des Orchestres de la Radiodiffusion Australienne. L’utilisation de titres shakespeariens ou classiques était courante chez les compositeurs d’orchestres à vent du début du XXe siècle. Le choix fait par le compositeur du nom grec Zelda - l’un des quatre vents ou Zéphyrs - fait référence à la nature capricieuse de la pièce. 10 |cité de la musique les virtuoses Eric Ball Resurgam Ecrite pour le British Open de 1950, cette œuvre représenta à l’époque une nouveauté par rapport aux programmes imposés des années précédentes qui, de manière générale, plaçaient la virtuosité au-dessus de la spiritualité. Eric Ball fut longtemps membre de l’Armée du Salut, une organisation para-religieuse très populaire en GrandeBretagne, et qui utilisait la mobilité des fanfares pour ses défilés et ses réunions en pleine rue. L’Armée du Salut a, de fait, produit une culture musicale propre, à laquelle un grand nombre de musiciens britanniques professionnels doivent leurs premiers contacts avec la musique. La foi profonde de Ball et la nature évangéliste de l’Armée du Salut conduisirent le musicien à écrire une pièce considérée comme singulière par les orchestres en compétition. Bien que ses œuvres ne soient pas dépourvues de vigueur et de difficultés techniques, le compositeur privilégia ainsi l’inspiration philosophique en référence aux pensées du Moyen-Age et de la Renaissance qui considéraient l’écriture musicale comme un acte de foi. A cet égard, la source d’inspiration de Ball pourrait se rapprocher de celle d’Olivier Messiaen. Malgré la variété de thèmes existant dans son œuvre - dont le Dies Irae -, celui qui domine et qui revient de manière récurrente est inspiré d’un verset du Livre de la Sagesse (III 1-3) : Les âmes des justes sont dans la main de Dieu Aucun tourment ne les affligera. Aux yeux du fou ils semblent comme morts, Leur disparition est prise pour châtiment, Leur éloignement s’apparente à la chute, Et pourtant ils sont en paix. Un auditoire très cultivé pourrait juger naïfs les sentiments qui ont présidé à la création de cette œuvre. Mais le public des années 1950, composé de familles des classes moyennes (dont nombre avaient perdu des parents pendant la Seconde Guerre mondiale) fut profondément touché par cette expression sincère. notes de programme |11 les virtuoses Gilbert Vinter Triumphant Rhapsody Dès sa première grande œuvre pour fanfare (Variations on a Ninth), Gilbert Vinter a atteint une popularité immense auprès des amateurs de ce type de musique. Triumphant Rhapsody, écrite pour les National Championships de 1965, fut le deuxième des cinq programmes imposés à ces compétitions. Gilbert Vinter débuta sa carrière professionnelle comme bassonniste, puis devint un chef d’orchestre réputé et très respecté par ses musiciens. Pourtant non dénué d’originalité, son style de composition pour orchestre d’harmonie s’inspire de la tradition, et notamment des idéaux romantiques. On décèle néanmoins dans son œuvre certaines innovations, comme les rythmes complexes et l’usage de percussions mélodiques. Wilfred Heaton Praise Wilfred Heaton peut être considéré comme un pur produit de l’éducation musicale développée par l’Armée du Salut en Grande-Bretagne. La marche Praise, écrite en 1958, fut sa première composition pour harmonie. Depuis cette œuvre,Wilfred Heaton a peu composé, mais celles qui ont suivi restent toutes d’une grande qualité. Edwar d Gr egs on The Plantagenets Edward Gregson est actuellement un compositeur pour brass band considéré comme l’un des plus connus. Sa culture musicale a également été imprégnée par l’Armée du Salut. Il a joué de l’euphonium et du piano avant d’étudier la composition avec Alan Bush à la Royal Academy of Music. C’est à lui que l’on doit l’utilisation par les orchestres à vent de formes plus étendues, d’une écriture plus ambitieuse que la durée standard des pièces imposées dans les concours (dix minutes). Il a notamment écrit des concertos avec accompagnement de brass band pour trompette, cor, trombone et tuba. L’année passée, Gregson a été 12 |cité de la musique les virtuoses nommé directeur du Royal Northern College of Music de Manchester. The Plantagenets n’est pas a priori une musique à programme. Cette œuvre tente plutôt d’illustrer l’atmosphère et les émotions d’une période : celle de la Dynastie des Plantagenêts qui régna sur l’Angleterre, du milieu du XIIe siècle à la fin du XVe siècle. The Plantagenets fut écrit pour les National Championships de 1973. Joaquin Rodrigo Concerto d’Aranjuez Avec la généralisation des moyens d’enregistrement et de radiodiffusion, il n’est plus nécessaire de passer par l’arrangement pour que la musique soit diffusée dans les villes ne disposant pas d’orchestre ou d’opéra. De plus, l’intérêt croissant pour les compositions originales a rendu les arrangements presque inutiles. La musique espagnole semble pourtant se prêter à idéalement à l’arrangement pour harmonie, telle qu’en témoigne cette version du thème bien connu de Rodrigo, considérée comme l’un des moments les plus émouvants du film Les Virtuoses. Andrew Powell Falstaff Andrew Powell a étudié la musique au King’s College de Cambridge, puis la composition auprès de Stockhausen et Ligeti. Son travail en en studio le met rapidement en contact avec les musiciens de rock : il devient ainsi directeur musical-arrangeur de Kate Bush et clavier du célèbre groupe de rock Alan Parson’s Project. Il a écrit la musique de nombreux films et prépare actuellement l’arrangement et la direction musicale d’un album réunissant le groupe de rock allemand The Scorpions et l’Orchestre Philharmonique de Berlin. Falstaff est sa première œuvre pour orchestre d’harmonie. notes de programme |13 les virtuoses Joseph Horovitz Euphonium Concerto Joseph Horovitz est né à Vienne. En 1926, la montée au pouvoir de Hitler le force à fuir son pays. Il étudie alors la musique à Oxford au Royal College of Music où il occupe actuellement une chaire de composition, puis à Paris avec Nadia Boulanger. Compositeur éclectique, prolifique et plein d’esprit, il a écrit à la fois des musiques légères et savantes. Son Concerto pour tuba-ténor est écrit dans un style réjouissant qui ne nécessite pas d’explications musicales particulières. John McCabe Cloudcatcher Fells John McCabe mène une double carrière de compositeur et de pianiste. Ses fréquentes tournées en récital lui ont fait parcourir de nombreux pays. Ce sont les divers paysages de ses voyages qui lui ont servi d’inspiration pour la plupart de ses compositions. Cloudcatcher Fells a été commandé pour les National Championships de 1985 et est devenue l’une des œuvres les plus jouées du répertoire pour harmonie. Le titre est tiré d’un poème de David Wright, et l’œuvre fait référence à plusieurs lieux, principalement montagnards, de la Région des lacs au Nord-Ouest de l’Angleterre, lieux où le compositeur passa une partie de son enfance pour raisons de santé. Cette œuvre se compose de quatre mouvements enchaînés. Elle illustre montagnes et lacs par la forme « jaillissante » d’un thème de neuf notes. Ce dernier émerge de la texture « brumeuse » (suggestion des paysages d’Angle Tarn) pour parcourir un chemin imaginaire menant l’auditeur à travers les paysages de Grisedale Brow, de Striding Edge puis du sommet majestueux d’Helvellyn. Cette œuvre fortement émouvante est dédiée à la mémoire de son père compositeur. P. B. 14 |cité de la musique les virtuoses biographies Peter Bassano est descendant d’une famille de musiciens vénitiens qui s’étaient établis en Angleterre à la cour d’Henri VIII en 1540 pour renforcer les ensembles à vent et à cordes des Tudors. Peter Bassano a étudié le trombone et le chant au Royal College of Music de Londres où il est aujourd’hui chef d’orchestre. En 1973, il rejoint le Philharmonia Orchestra comme tromboniste, mais conserve une prédilection toute particulière pour la musique ancienne. Il joue alors parallèlement avec le Early Music Consort de David Munrow, avec les English Baroque Soloists, le Gabrieli Consort et l’ensemble His Majesty’s Sagbutts and Cornetts. En 1978, il fonde avec ses collèges du Philharmonia le quintette de cuivres Equale Brass (7 enre- gistrements, 37 créations contemporaines, des master-classes en Suède et en Australie, de nombreuses tournées à travers le monde). En 1990, il a fondé son propre ensemble The Gentlemen of the Chappell, avec le soutien de John Eliot Gardiner, Lorin Maazel, Roger Norrington et EsaPekka Salonen. Il a aussi co-dirigé plusieurs enregistrements des Gabrieli Consort and Players avec Paul MacCreesh (Venetian Coronation, Music at San Rocco). Garry Cutt est né en 1959 à Glossop dans le Derbyshire. Cornettiste dans le CWS Band (Manchester), il s’intéresse à la direction d’orchestre lors de ses études au Collège de Technologie de Salford. Il intègre un premier poste de chef résident en 1980 avec notes de programme |15 les virtuoses les Wingates. Durant les dix années suivantes, il enrichit son expérience en dirigeant le James Shepherd Versatile Brass, les Yorkshire Imperial Metals, et le célèbre Grimethorpe Colliery Band. Parallèlement à sa participation aux plus grands brass bands, il entretient depuis 1983 une relation exceptionnelle avec le Marple Band. Cette association doit son succès fulgurant à l’obtention du titre le plus convoité par les brass bands : le British Open Champions, s’étant tenu au Manchester’s Bridgewater Hall (le 7 septembre 1996), qui fut pour Garry Cutt sa deuxième victoire à l’Open. En 1989, il mène le Kennedy Swinton Band au sommet, lorsqu’il remporte le Mortimer Maestro Award décerné pour la première fois et faisant de lui le plus jeune chef 16 |cité de la musique d’orchestre vainqueur à un concours. En plus de ses activités, il fait des apparitions en tant que chef invité avec de nombreuses formations en Europe et au Royaume-Uni, où il est régulièrement sollicité comme chef d’orchestre ou comme jury pour différents festivals. The Grimethorpe Colliery Band Cet orchestre d’harmonie (brass band) a été fondé en 1917, grâce au fonds de soutien des propriétaires miniers de la Carlton Main Company ainsi que des donations faites par les fonctionnaires et les travailleurs de la mine. Presque aussitôt, le groupe a été couronné de succès et il a remporté trois prix au British Open en juillet 1918. L’orchestre a fait sa première émission de radio en 1932, et depuis lors, participe régulièrement aux programmes de musique « sérieuse » et de variété pour la BBC. Sous la direction de George Thompson, de 1958 jusqu’à sa retraite en 1972, ses musiciens ont obtenu d’excellentes résultats dans les concours de musique. L’arrivée d’Elgar Howarth à la succession de George Thompson a été un tournant décisif dans l’histoire du groupe. Harrison Birtwistle leur écrit Grimethorpe Aria, et Hans Werner Henze Ragtimes and Habaneras à l’occasion d’une invitation à Montepulciano. Le Grimethorpe Colliery a été le premier groupe à se produire au Royal Albert Hall de Londres. Ils ont aussi accompli plusieurs tournées, visitant les Etats-Unis et plusieurs pays d’Europe, et se sont produits dans les salles de concert les plus importantes des îles britanniques. Le 13 octobre 1992, la les virtuoses fermeture de la mine de Grimethorpe fut annoncée à la suite d’une baisse de la demande en charbon. Quatre jours après, le groupe est parti concourir à la National Band Competition du Royal Albert Hall de Londres, réalisant un score quasi parfait de 199 points (maximum possible de 200 points). C’est cet événement et tout ce qui s’y rattache qui a inspiré le film Brassed Off (Les Virtuoses) en 1996, un film dont le groupe a interprété la musique. Durant les deux années suivantes, le groupe a continué à se produire à travers le RoyaumeUni sans sa principale source de revenus : la mine. Même si aujourd’hui celle-ci a été définitivement fermée, le groupe, avec l’aide de son sponsor attitré RJB Mining, essaie de prolonger dans le siècle prochain le grand nom qu’il avait adopté il y a 81 ans. En 1983 et en 1991, Grimethorpe Colliery Band a remporté le titre du BBC Band de l’année. En septembre prochain, cet ensemble donnera trois concerts en Suisse et reprendra en octobre sa place de résident permanent au Royal College of Music. En 1999, une grande tournée est prévue incluant le Japon, l’Australie, la Nouvelle Zélande et Hong Kong. Mark Lowe Mark Walters euphoniums Michael Dodd Matthew Grimes trombones Roy Batty Jonathan Beatty Paul Davies Andrew Snell Roy Bowater Andrew Warriner Richard Windle percussions Mark Arnold Simon Williams Peter Matthews cornets David Barraclough Colin Brook Duncan Byers Nigel Fielding Peter Hadfield Michael Kennedy Stewart Kennedy Richard Marshall Stephen Peacock Shaun Randall Darryl Robbins technique salle des concerts Noël Le Riche régie générale Jean-Marc Letang régie plateau Marc Gomez régie lumières cors kiosque à musique Robert Archer Alan Ball Melvyn Bathgate Clifford Hopes Olivier Fioravanti régie générale Eric Briault régie plateau notes de programme |17