Discours de Sophie Malakian
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Discours de Sophie Malakian
Discours Bouc Bel Air Il fut Le grand chef, Le président du Clan des Siciliens, Il fut L’ennemi public numero un des intellectuels de la nouvelle vague, qui ne cessèrent de le critiquer, mais qu’il considéra comme Des Gens sans importance, puisque les dollars n’ont cessé de pleuvoir sur sa carrière. Tout d’abord 100 mille au soleil, puis Mille milliards. Rien ne pouvait arrêter ce Morfalou de la réussite, ni La peur sur la ville , ni La bataille de San Sebastian, ni Le corps de son ennemi, Les lions lâchés, Le mouton à cinq pattes ou Le serpent. Depuis son Escale au soleil, dans cette belle région provençale, il côtoya les plus grands acteurs : Fernandel, Jean Gabin, Alain Delon, Jean Paul Belmondo, Lino Ventura, Bernard Blier, Anthony Quinn Charles Bronson, Henri Fonda, Robert Hossein, Philippe Noiret, Yul Brinner, Dirk Bogard, Michel Bouquet, Yves Montand, Patrick Dewaere, Claudia Cardinale, Omar Sharif, Richard Berry et bien d’autres encore. Telle une Mélodie en sous sol, sa carrière cinématographique aux 34 films et 91 millions de spectateurs, l’envoya au Paradis au 588 de la rue. Cela fait 13 ans qu’Henri Verneuil, mon père est parti, et je me souviens, devant sa dépouille mortelle qui gisait au funérarium, de m’être demandé où était passé ce qui fît de lui ce qu’il était. Son charisme, sa personnalité, son talent, sa présence. Aujourd’hui, je sais que son absence physique n’effacera jamais ce qu’il a été, ni dans nos cœurs, ni dans nos souvenirs, qu’ils soient cinématographiques ou personnels. Il a marqué son époque, par les films qu’il nous a laissé. Il a marqué la communauté arménienne, par sa réussite, et par son film Mayrig dans lequel il décrit de manière efficace, et sans concession le génocide arménien. Enfin il a marqué sa famille, à qui il a donné un indéfectible amour et la profondeur de son regard sur le monde. Le regard douloureux, d’un rescapé, un reste de l’épée, comme disaient les turcs après les massacres de 1915, lorsqu’ils parlaient des arméniens qui avaient survécu. 100 ans après, ce traumatisme reste comme un tatouage indélébile dans le cœur de tous les arméniens, d’Arménie, ou d’ailleurs. Mais malgré toute la haine, malgré l’absurdité d’avoir encore aujourd’hui à prouver le massacre de près d’un million et demi d’arméniens, malgré cette tragédie, il reste un peuple courageux, qui s’est reconstruit. 90 ans après l’arrivée du petit Achod Malakian sur cette terre d’accueil, l’hommage qui lui est rendu aujourd’hui annule finalement tout le négationnisme. Il célèbre le talent et le parcours d’un homme mais aussi le courage de tous les arméniens, qui ont prouvé que l’espoir et la réussite peuvent survivre à la haine. Le cœur d’Henri Verneuil a cessé de battre le 11 Janvier 2002, mais il bat encore dans la mémoire collective. Il bat encore dans nos cœurs. Son esprit vaillant nous accompagne aujourd’hui sur cette place, dans cette ville, au nom qui évoque un bel air qu’on respire au sommet d’une petite colline. Il aurait, sans aucun doute, aimé y voir son nom gravé, puisqu’il a toujours visé le sommet, et puisque ce sommet là, chante la Provence qu’il aimait tant. En baptisant ce rond point Henri Verneuil, c’est un petit bout de sa mémoire qui s’enracine ici. Une mémoire qui je l’espère sera source de réussite et d’inspiration pour tous les jeunes de Bouc bel air. Un exemple d’intégration, aussi, car comme il le disait en entrant à l’Académie Française, Arménien il fut, et resta toute sa vie, mais plus Français que lui tu meurs. A l’heure où l’immigration fait couler beaucoup d’encre, où les jeunes immigrés ou fils d’immigrés ont parfois tant de mal à rêver pour eux d’un avenir à la SUCCESS STORY. Le parcours de ce petit immigré arménien reste un exemple rempli d’espoir, un antidote contre la dépression et la morosité ambiante, destructrice de vocations. Merci à tous ceux qui ont œuvré pour rebaptiser ce rond point Henri Verneuil. Merci pour ce bel Hommage rendu à sa mémoire. Merci à Monsieur le Maire Richard Maillé, et Monsieur Edmond Eutedjian, pour cette initiative, ainsi que pour la projection du film La vache et le Prisonnier qui aura lieu ce soir, en plein air. Je viens dans votre ville de Bouc Bel Air pour la première fois, mais grâce à vous, je m’y sens désormais un peu chez moi. Et pour finir, j’ajouterai juste que je sais qu’il y a une chose qui de la haut d’où il nous regarde, le réjouis plus que tout : c’est de voir, sa famille réunie ici ce soir, grâce à lui, et aussi grâce à vous. MERCI