Fiche I : La relation travail-croissance
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Fiche I : La relation travail-croissance
Fiche Exercices Nº : 25002 ECONOMIE Série ES LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE Fiche I : La relation travail-croissance Sujet du bac (dissertation) Vous analyserez les effets d’une politique de réduction du temps de travail sur le niveau de l’emploi. Documents Document 1 Indicateurs statistiques sur le travail en France (1896-1995) D’après O. Marchand et C. Thélot, Le Travail en France, Nathan, 1997. Document 2 La réduction du temps travaillé – pour ceux qui ont un emploi – entraînerait le recrutement de demandeurs d’emploi pour compenser le temps non travaillé ainsi dégagé. En effet, pour maintenir un niveau égal de production, les entreprises seraient amenées à recruter de la main-d’œuvre supplémentaire. Le retour ou l’arrivée sur le marché du travail de nouveaux individus aboutirait à une augmentation de la consommation grâce à l’élévation ou à la réapparition du revenu des anciens chômeurs et, par voie de conséquence, à une hausse du niveau de l’activité. Cette relance de l’activité contribuerait à son tour à la réduction du chômage. L’effet positif de cette mesure serait accentué par la diminution des coûts – directs et indirects – liés au chômage : indemnisation des demandeurs d’emplois, bonification des emplois aidés, abondement1 aux régimes de Sécurité sociale, pour compenser le manque à percevoir, pertes de rentrées fiscales, etc. Cet effet d’entraînement serait stimulé par l’accroissement de la consommation des salariés qui auraient choisi de diminuer leur temps de travail ; le temps libre étant en principe consacré aux loisirs. De façon plus générale, la modification des habitudes de vie conduirait à une élévation de la richesse nationale. 1. Abondement: versement effectué par une entreprise. Robert Holcman, « Le chômage », Les Etudes de la Documentation française, 1997. © Tous droits réservés Studyrama 2010 Fiche téléchargée sur www.studyrama.com En partenariat avec : 1 Fiche Exercices Nº : 25002 ECONOMIE Série ES LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE Document 3 Une réduction significative du temps de travail, si elle est accompagnée d’un réaménagement du temps de travail, permet d’allonger la durée d’utilisation des équipements par l’introduction d’équipes supplémentaires. La réorganisation du travail qui en résulte permet d’accroître la productivité du travail et l’efficacité du capital. Si cet enchaînement se produit, la compensation salariale1 peut théoriquement s’effectuer sans dégrader le taux de marge2 des entreprises. Au plan macroéconomique, un tel schéma est porteur d’un cercle vertueux de type keynésien. L’aménagement du temps de travail améliore la compétitivité prix à l’exportation des entreprises. La réduction et la réorganisation du temps de travail engendrent une masse de revenus supplémentaires, via la compensation salariale et via les emplois créés pour allonger la durée d’utilisation des équipements. Cette masse de revenus alimente la consommation, ce qui exerce un effet accélérateur sur l’investissement, la croissance et l’emploi. 1. Compensation salariale: réduction du temps de travail sans baisse du niveau des rémunérations. 2.Taux de marge : excédent brut d’exploitation/valeur ajoutée. Hoang-Ngoc Liëm, Salaires et emplois : une critique de la pensée unique, Syros, 1996. Document 4 La réduction du temps légal du travail (39 heures hebdomadaires au lieu de 40 heures) est intervenue dans une conjoncture médiocre1. La compensation salariale intégrale a été la règle, ce qui a pesé sur les coûts de ces dernières. Face à ce contexte morose, quels ont été les réactions du patronat et les effets sur l’emploi et la production ? Les deux tiers des entreprises ont pris des mesures concernant l’organisation de la production, essentiellement selon deux axes. Les unes ont cherché à accroître la productivité du travail en faisant davantage fonctionner les machines, en mettant en service de nouveaux équipements, en promouvant le travail en équipe. Cette réaction a été très visible pour les grandes entreprises de biens intermédiaires et dans l’agroalimentaire. Les autres ont fait souvent appel aux sous-traitants ou ont modulé les horaires selon les saisons (automobiles, textile, habillement). Un tiers des entreprises ont subi passivement les mesures (surtout des PME). Les effets sur l’emploi ont été limités. Un cinquième des entreprises dans l’industrie, un sixième dans le commerce ont procédé à des embauches. Il s’agit surtout des firmes ayant réagi en réorganisant le processus de production. Au total, moins de 30 000 emplois nouveaux, à plein-temps, ont été créés. 1. Le passage de 40 à 39 heures hebdomadaires est intervenu au 1er janvier 1982 en France. B. Marcel, J. Taïeb, Le Chômage aujourd’hui, Analyses et perspectives, Circa, Nathan, 1997. Document 5 Effets prévisibles de la réduction de la durée hebdomadaire du travail de 39 à 35 heures1 Variante A : sans réorganisation du travail, avec compensation salariale jusqu’à 1,8 fois le Smic. Variante B : avec réorganisation du travail, sans compensation salariale. Variante C : avec réorganisation du travail, compensation salariale jusqu’à 1,5 fois le Smic et baisse des cotisations sociales des employeurs. 1. Effet : écart de la variable par rapport à son niveau en l’absence de réduction de la durée du travail. D’après J. Généreux, Introduction à la politique économique, Seuil, 1999. © Tous droits réservés Studyrama 2010 Fiche téléchargée sur www.studyrama.com En partenariat avec : 2 Fiche Exercices Nº : 25002 ECONOMIE Série ES LE TALENT C’EST D’AVOIR ENVIE Document 6 Les dernières heures travaillées dans la semaine le sont de façon moins intense et sont donc moins « productives ». Encore fautil nuancer cette affirmation selon le métier exercé ; vraie pour un programmateur informatique, elle sera plus incertaine pour une caissière de grand magasin. Mais, dans le même temps, apparaissent de nombreuses occasions de perdre en productivité. Les fonctions de commandement ou d’encadrement sont difficilement sécables1. De même, toutes les missions confiées à des experts porteurs d’une compétence rare, que se partagent plusieurs unités de l’entreprise. Certaines firmes du secteur tertiaire buteront sur cette difficulté pour l’ensemble de leur personnel : entreprises de presse, banques d’affaires, etc. Les PME ne seront concernées qu’en 2002. La question des indivisibilités qui se posera à ce moment-là ne sera pas pour autant aisée à résoudre. Comment réduire de 10 % le temps de travail d’une PME de cinq personnes ? […] En se réorganisant, par exemple, en annualisant le temps de travail, l’entreprise devra non seulement compenser le coût induit par l’embauche de personnels supplémentaires, mais aussi surmonter toutes les difficultés inhérentes à la gestion de ces frottements. Il ne va pas de soi que le bilan sera positif. 1. Sécables: séparables, dissociables. G. Maarek, « Le risque des 35 heures », Futuribles, n° 237, décembre 1998. © Tous droits réservés Studyrama 2010 Fiche téléchargée sur www.studyrama.com En partenariat avec : 3