L`homme qui en savait trop

Transcription

L`homme qui en savait trop
Histoire des arts : art du son, art du visuel
Objet d’étude
Suspense au Royal Albert Hall
scène musicale extraite de
« L’homme qui en savait trop »
Film d’Alfred Hitchcock.
Etats-Unis 1956
Musique de Bernard Herrmann
Contexte artistique
Alfred Hitchcock* réalise 2 versions de « L’homme qui en savait trop » :
l’une en 1934, en noir et blanc pendant la période anglaise, l’autre en 1956,
en couleurs durant la période américaine, et pour laquelle Bernard
Hermann compose la musique. C’est la révélation de leur tandem.
La principale caractéristique de cette deuxième version repose sur
l’adéquation parfaite du film avec la partition musicale,
particulièrement pendant la scène de l’attentat dans l’Albert Hall : le
montage colle parfaitement à l’orchestration de Bernard Herrmann.
Hitchcock choisit l’acteur américain James Stewart avec lequel il a déjà
tourné « La corde » et à qui il confiera le principal rôle masculin dans
« Fenêtre sur cour » et « Sueurs froides ». L’actrice Doris Day,
chanteuse et actrice américaine interprète dans ce film la célèbre
chanson « Que sera » ( « Whatever will be will be »)... Et enfin l’acteur
Daniel Gélin se voit confier le rôle de l’espion français.
( *voir biographie étudiée en 4ème)
Présentation du film
Synopsis : en vacances au Maroc avec sa femme Dot (Doris Day) et son fils
Alain, le docteur Mc Kenna (James Stewart) fait la connaissance d’un
espion français Louis Bernard (Daniel Gélin) qui est poignardé sous leurs
yeux en pleine rue, le lendemain de leur rencontre. L’homme a tout juste le
temps de prononcer ces derniers mots : « Ambrose Chapel ». Quelques
jours plus tard, Alain est enlevé par un couple d’Anglais que ses parents
retrouvent justement à l’Ambrose Chapel. Le Dr Mc Kenna et sa femme
sont alors embarqués malgré eux dans un complot international. Obligés de
se taire pour sauver leur fils gardé en otage, leur enquête leur permet de
découvrir qu’un attentat se prépare à Londres pour assassiner un
ambassadeur lors d’un concert au Royal Albert Hall…
Le compositeur
Bernard Herrmann (1911-1975) est un pianiste, compositeur et chef
d’orchestre américain. Il commence sa carrière en illustrant des émissions
dramatiques et des publicités à la radio. En 1938, il sème la panique avec le
réalisateur Orson Welles en diffusant en direct « The war of the
worlds » : c’est l’hystérie collective, les Américains se croient envahis par
les martiens. Il est aussi le compositeur du célèbre film « Citizen Kane »
et travaille en collaboration avec A. Hitchcock pour huit de ses films
les plus fameux ; Qui a tué Harry ? Le faux coupable, L homme qui
en savait trop, Sueurs froides, la mort aux trousses, Psychose, les
oiseaux, Marnie.
Pour ce film, c’est Bernard Herrmann, qui dirige mais pour cette scène,
il joue la musique d’un autre compositeur : « Storm cloud cantata »
pour soliste, chœur et orchestre d’Arthur Benjamin, pianiste et
compositeur australien (1893-1964).
Suspense au Royal Albert Hall
Les espions ont décidé de tuer
l’ambassadeur pendant le concert
organisé en son honneur au Royal
Albert Hall. Ils ont convenu que le
tueur tirera pendant que
l’orchestre joue la cantate au moment exact où sera donné le seul coup de
cymbale de la partition.
Pour préparer cet attentat, ils se sont entraînés en écoutant la cantate
sur un disque. Le concert commence donc, tous les personnages sont en
place et c’est avec une angoisse croissante que le spectateur attend le
moment où impassible, ignorant ce qui se trame et surtout qu’il sera
l’élément déclencheur d’un drame, le cymbaliste va jouer son unique note.
Orchestre : outre la formation instrumentale habituelle (voir schéma) on
note la présence d’un orgue, de plusieurs harpes et d’un important
pupitre de cuivres. Un chœur mixte et une soliste.
La musique est utilisée à différents niveaux :
- les criminels se servent de l’œuvre jouée pour leur crime
- Hitchcock valorise son compositeur Bernard Hermann
- Il joue aussi sur la dérision : il
installe un dispositif
impressionnant d’instruments et
de chanteurs et c’est pourtant
l’unique note et le modeste rôle
du cymbaliste qui va bouleverser
l’assemblée.
Prologue :
Alfred Hitchcock présente très
habilement l’intrigue du film : on voit et on entend les différentes
percussions de l’orchestre : timbales, grosse caisse, caisse claire,
gong, cymbales.
La caméra se focalise sur le cymbaliste et une phrase énigmatique
apparaît :
« un simple coup de cymbales et la vie d’un couple d’américains
s’en trouve transformée ».
Le déroulement et l’organisation du suspense
1ère partie :
présentation des protagonistes : Dot, l’assassin, le ministre,
le chef d’orchestre, l’orchestre, les chanteurs, la soliste,
le cymbaliste.
Par des plans fixes, sans un mot, Hitchcock campe le décor. Il fait
participer le spectateur : grâce à la caméra, nous observons ce que
voit tel ou tel personnage, nous prenons leur place ; nous sommes
spectateur/acteur.
Cette 1ère partie est plus passive plus féminine : Dot, la cantatrice,
les cordes lyriques, le tempo peu rapide ; c’est l’attente, la
préparation, la montée de la tension.
2ème partie : rupture partie plus virile, le Dr Mc Kenna arrive et
passe à l’action. Le tempo est plus rapide, un chœur d’hommes
s’élève, les cuivres sont plus nombreux, la musique est plus
rythmée, le chef d’orchestre s’active davantage.
La partition joue un rôle important, nous pouvons la suivre (tout
comme la complice de l’assassin qui a amené une partition de poche
pour être plus crédible). On voit les différents signes : crescendo,
l’accélération (doubles croches) et en particulier le fameux coup
de cymbales noté seul sur la portée…
3ème partie : arrivée au paroxysme la situation se dénoue en
quelques secondes : Dot hurle, la balle dévie, Mc Kenna pénètre dans
la loge de l’assassin qui bascule dans le vide.
Hitchcock domine ce genre de suspense : il alterne 2 actions dans
un montage très maîtrisé : ici, déroulement du concert et
parallèlement, déroulement de l’attentat ; au final, les deux se
rejoignent.
Autres oeuvres
« Dial M for murder » étudié cette année en cours d’anglais et «
Psychose » étudié en 4ème en cours de musique.