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L A R E V U E D U M É D E C I N DOSSIER Le ligament croisé postérieur 1re partie Pages 15-24 D E T E R R A I INDEX L’index 2001 de Médecins du Sport Page 27 DROIT ET SPORT La responsabilité du médecin du sport Pages 26-29 CAS CLINIQUE Une grosse fesse Pages 33-34 Salt Lake City Jeux olympiques d’hiver 2002 2002 Médecins du Sport vous propose un tour d’horizon des disciplines pratiquées lors des Jeux Olympiques d’hiver à Salt Lake City et un gros plan sur la traumatologie du curling, du ski alpin et du snowboard. BIMESTRIEL - NUMÉRO 49 - JANVIER/FÉVRIER 2002 - 36 F / 5,5 E N P. 4-5 PROFESSION Actualités professionnelles LE PRIX DE LA LIBERTÉ P. 7-13 ÉVÉNEMENT JEUX OLYMPIQUES D’HIVER 2002 : Salt Lake City Médecins du Sport vous propose un tour d’horizon des disciplines pratiquées lors des Jeux Olympiques d’hiver à Salt Lake City et un gros plan sur la traumatologie du curling, du ski alpin et du snowboard. < DOSSIER > P.15-24 Le ligament croisé postérieur (LCP) 1re partie Le point sur l’anatomie, la biomécanique, l’épidémiologie, les mécanismes lésionnels, l’examen clinique et l’imagerie du LCP. D.R. 1928, dans un night club de Buenos Aires, probablement sur un fond de tango, Jean Mermoz, chef pilote de l’aérospatiale, propose au directeur général Julien Pranville un vol direct de 2 500 km de Rio de Janeiro à Montevideo et précise : « je volerai de nuit. » Pranville en reste abasourdi. Mermoz s’envole dans la nuit du 16 au 17 avril 1928, se pose à Santos, Montevideo, puis à Pacheco sur des terrains balisés par quelques feux de fûts d’essence. Il a réussi : Jean Mermoz et sa lumière intérieure ont vaincu les ténèbres. Eric Tabarly, Ayrton Senna, Régine Cavagnoud, Peter Black et tant d’autres ont aussi porté en eux cette lumière, mais le ciel s’est méchamment obscurci. Cap Lauwers en un matin blafard, le gouvernement australien interpelle le comité de course du Vendée Globe ; Dinelli a chaviré et Marc Thiercellin erre comme une âme en peine à larecherche de son ami Jerry Roof emporté par l’écume glaciale des cinquantièmes hurlants. Faut-ilinterdire la course ? Peut-on légiférer sur le droit de l’extrême ? Qui sont les responsables ? Et nous, médecins, sommes-nous les complices du “jusqu’au boutisme” fatal de l’exploit ? Celui qu’on surnommait l’archange de l’aéropostale apporte une ébauche de réponse lorsqu’à cette problématique il répondait « l’accident pour nous, c’est de mourir de maladie. » Ne nous y trompons pas, nous touchons du doigt l’espace même de notre liberté, du libre arbitre, de l’engagement personnel de notreresponsabilité et il n’est pas, à mon sens, d’autorité, fût-t-elle médicale, qui puisse la cloisonner. Alors, où se situe notrerôle ? Personnellement, je le perçois à trois niveaux. En premier lieu, d’information par rapport aux risques encourus et il est quasi implicite à toute pratique sportive avec, bien évidemment, un corollaire préventif (on ne part pas tout simplement au ski sans une préparation physique minimale). Le deuxième niveau est plus pointu, plus spécialisé vis-à-vis de la potentialité d’accidents et des règles de survie qui en découlent. Alain Bombard a été un précurseur dans ce registre. Enfin, le dernier niveau est celui de l’exigence du risque minimaliste dont nous savons tous qu’il n’est jamais nul comme en témoigne cette bâche en kevlar dramatiquement déchirée sur une piste de Val d’Isère. La transition est peut-être un peu brutale, voire déplacée, mais flânant sur l’Ile de la Cité, je suis descendu me recueillir sur le mémorial de la déportation et j’y lis cette phrase de Paul Eluard gravée sur le mur sombre : « Je suis né pour te connaître, pour te chanter liberté. » Il arrive que ce chant soit triste comme un tango argentin mais Dieu que cette musique est belle. P. 26-29 DROIT ET SPORT La responsabilité du médecin du sport P. 31 INDEX EDEL'index 2001 des articles DU SP parus dans Médecins du Sport P. 32 ABONNEMENT P. 33-34 CAS CLINIQUE Docteur Olivier FICHEZ Médecin du sport, Saint-Raphaël Une grosse fesse Directeur de la publication :Dr Antoine Lolivier - Rédacteur en chef :Dr Didier Rousseau - Rédacteur en chef adjoint :Odile Mathieu -Secrétaire de rédaction : Isabelle Ampart - Maquette :Christine Lecomte - Production :Gracia Bejjani - Comité de rédaction :Dr Gilles Bruyère- Pr François Carré - Pr Pascal Christel - Dr JeanMarie Coudreuse - Laurence Ducrot - Dr Hervé de Labareyre - Dr Olivier Fichez - Dr Jacques Gueneron - Dr Eric Joussellin - Dr Pascal Lefèvre - Dr Philippe Le Van Dr Dominique Lucas - Dr Patrick Middleton - Dr Paule Nathan - Dr Marie-France Oprendek-Roudey - Dr Jacques Parier - Dr Gérard Porte - Dr Jacques Pruvost - Dr Philippe Thelen - Dr Hervé Zakarian. - Service d’abonnement :Ghislaine Chih - Photos de couverture :DR/DPPI. Cette publication est éditée par Expressions Santé, 2, rue de la Roquette – Passage du Cheval Blanc, cour de Mai - 75011 Paris.Tél. : 0149292929. Fax : 0149292919. E-mail : [email protected] - N °ISSN : 1279-1334. Imprimeur :Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne. Tous les articles sont sous la responsabilité de leurs auteurs. MÉDECINS DU SPORT 3 N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Sommaire ÉDITO Profession Profession ACTUALITÉS PROFESSIONNELLES Etude POLLUTION L’été dernier, Médecins du Sport publiait dans le numéro 45 (août/sept 01), un article intitulé “La plongée sub-aquatique et l’enfant”. Une partie des données de cet article est issue d’une thèse réalisée par le Dr Jean-Pierre Pham-Van*, et publiée en 1996. Il s’agit d’une étude de surveillance médicale sportive sur 140 enfants, âgés de 7 à 17 ans, menée de 1987 à 1992. L’une des originalités de cette étude était d’inclure, chaque année, un suivi tympanométrique. L’examen tympanométrique reste un des éléments de surveillance du suivi médical des enfants plongeurs qui a été adopté par FFESSM. Plus d’asthme chez les enfants sportifs * Dr Jean-Pierre Pham-Van, Moniteur Fédéral, Médecin de la FFESSM (Fédération Française d’Etudes et de Sports Sous-Marins) CLRMP, Toulouse. U ne récente étude américaine, parue dans le Lancet, fait état du rôle favorisant de la pollution sur le déclenchement des crises d’asthme chez les enfants sportifs.Durant 5 ans,3 535 enfants, sans antécédents d’asthme,âgés de 9 à 16 ans,furent suivis grâce à un questionnaire détaillant les activités sportives et le temps passé à l’extérieur. La qualité de l’air des 12 communautés impliquées fut également mesurée,prenant en compte la présence de différents polluants tels que l’ozone, les particules de calibre supérieur à 10 µm,le dioxyde d’azote (NO2) et les vapeurs d’acide inorganique. Dans les zones à concentration d’ozone élevée, les auteurs notent un risque relatif d’affection respiratoire de 3,3 chez les enfants pratiquant un sport d’équipe, en comparaison à des enfants ne pratiquant pas de sport ;Cette plus forte incidence d’apparition de crises d’asthme est aussi corrélée au temps passé à l’extérieur. L’accélération de la ventilation (par un facteur 17) lors de l’exercice physique,impliquerait,selon les auteurs,une fixation de l’ozone plus profonde dans les voies aériennes, potentialisant ainsi ses effets. ■ Pour en savoir plus :Lancet 2002 ; 359 : 386-391. PRÉVENTION Les petits guides des parfaits skieurs A vec l’ouverture de la saison de ski,les pouvoirs publics ont mis en place plusieurs campagnes de prévention sous forme de dépliants pratiques. Entorses du genou Parce que plus d’une entorse du genou sur deux est due à un mauvais réglage des fixations, l’association Médecins de montagne, l’Assurance maladie et le Comité français d’éducation pour la santé publient,en complément de spots publicitaires radios et télévisés, un petit dépliant incitant les skieurs à faire vérifier le réglage de leurs fixations. Celui-ci doit être renouvelé chaque année et prendre en compte le poids, la taille et le niveau de pratique de chacun.Un tableau explicatif et une carte de réglage incitent également à une vérification auprès de professionnels. ● “Total contrôle” Le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Commission de sécurité des consommateurs éditent un livret de 16 pages intitulé :“Total contrôle”, qui rappelle les quelques règles indispensables à respecter en terme de:préparation,équipement, protections, météo, signalisation,vitesse, hors piste… pour skier intelligent. ■ ● Dopage La liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des substances interdites et/ ou soumises à restrictions dans le cadre de la réglementation contre le dopage a été mise à jour, le 30 janvier dernier, sur le site du ministère de la Jeunesse et des Sports. http : //www. jeunessesports.gouv.fr/français/mjs dopliste3.htm LU DANS LA PRESSE Parole de ministre : le dopage en question D ans un entretien accordé au Quotidien du médecin le 6 février dernier,la ministre de la Jeunesse et des Sports, Marie-Georges Buffet,profitait de l’ouverture des JO de Salt Lake City pour faire le point sur le dopage en milieu sportif.Après avoir rappelé les rôles des différentes instances crées et mise en place à ce sujet (CPLD*, LNDD**,AMA***,antennes médicales régionales de lutte contre le dopage...), elle s’est penchée sur l’implication des médecins du sport dans ce domaine. Selon elle, « un effort complémentaire pourrait être réalisé en matière de communica- tion entre les médecins qui suivent, à divers titres, les sportifs.».La ministre rappelle également que la formation des médecins du sport fait partie des thèmes de travail de la commission “Activités physiques et sportives,santé publique,prévention des conduites dopantes” qui rendra ses conclusions dans le courant du mois.Quant aux prescriptions de corticoïdes lors des compétitions, cette problématique complexe sera « traitée par les institutions concernées (ministère et CPLD pour la France ;AMA au niveau international) avec toutes les parties intéressées.» ■ * Conseil de prévention et de lutte contre le dopage.** Laboratoire national de dépistage du dopage.*** Agenge mondiale antidopage. MÉDECINS DU SPORT 4 N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Tapez www.menarini.fr et découvrez le premier site francophone INFORMATION consacré à la médecine du sport La journée des jeunes sportifs L a fondation d’entreprise Sunny Delight pour le Sport propose aux médecins,pédiatres,professeurs de sport et instituteurs,un kit pédagogique intitulé “la journée du jeune sportif”. Composé de brochures et d’affiches illustrées, destinées aux jeunes de 8 à 14 ans, ce petit guide rappelle les règles indispensables à une bonne pratique du sport avant, pendant et après l’effort. Echauffement, hygiène, repos, hydratation, suivi médical, alimentation… sont autant de sujets abordés pour décrire aux jeunes sportifs l’intérêt d’une pratique sportive saine. Ces thèmes sont par ailleurs traités plus en détail par un comité d’experts scientifiques (médecins du sport, nutritionnistes, entraîneurs…) dans une lettre d’information. ■ Mise à jour tous les mois •Plus de 1 000 pages de documents consacrés à la médecine du sport •Plus de 500 photos classées par localisation anatomique •Des données épidémiologiques sur plus de 7 000 cas •Des articles originaux •Un accès aux moteurs de recherche bibliographiques et des liens vers de nombreux sites internet (Medline, CHU de Rouen, INSEP…) Pour en savoir plus : Fondation Sunny Delight pour le Sport Christine Cabon Tél. : 01 40 88 57 26 Fax : 01 40 88 52 20 •Une base de données exclusive en médecine du sport •Le calendrier des événements sportifs PETITES ANNONCES Le centre de Médecine et Traumatologie du Sport de la clinique Bordeaux-Mérignac Recherche un nouvel Associé Capacité de Médecine et Biologie du sport exigée D.U. de traumatologie souhaité Tél. : 05 56 12 14 59 Adresser CV et lettre de motivation à : Clinique de Bordeaux-Mérignac Service de Médecine du Sport Des Drs Baudot, Labanere, Merle 9, rue jean Moulin - 33 700 Mérignac (Gironde) Ou par Fax : 05 56 12 13 43 MÉDECINS DU SPORT et l’index de tous les articles de Médecins du Sport, référencés depuis sa création. 5 N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 DPPI Salt Lake City A l’occasion des Jeux Olympiques d’hiver de 2002, Salt Lake City (Utah) est devenue capitale mondiale de tous les sports de glisse; l’espace d’une quinzaine de jours (du 8 au 24 février), les gigantesques montagnes Rocheuses américaines ont vibré au rythme des compétitions. Au total, plus de deux mille athlètes, représentant plus de soixante-dix pays, ont concouru dans des disciplines aussi diverses que le ski alpin, le biathlon, le bobsleigh, le ski de fond, le curling, le patinage artistique, le freestyle (ou ski acrobatique), le hockey sur glace, la luge, le combiné nordique, le skeleton, le saut à skis, le snowboard et le patinage de vitesse. Les meilleurs mondiaux se sont affrontés au cours de soixante-dix-huit épreuves, dont la moitié a été introduite au programme olympique depuis 1984. Pour la France, l’enjeu était particulièrement symbolique, car la tragique disparition de Régine Cavagnoud est encore dans tous les esprits. Mais ces JO étaient aussi l’occasion pour le surf des neiges de montrer sa maturité en tant que discipline olympique. C’est en effet la seconde fois que ce sport était présent à un tel niveau depuis les Jeux de Nagano (Japon) en 1998. La délégation française a regroupé 118 sportifs, dont 62 de la Fédération française de ski, 54 licenciés de la Fédération des sports de glace, 93 cadres ■ et personnels techniques et 24 cadres médicaux. MÉDECINS DU SPORT 7 N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 Jeux olympiques d’hiver 2002 Médecins du Sport vous propose, dans un premier temps, de vous familiariser avec quelquesunes des disciplines, parfois insolites, de ces 64e JO d’hiver, avant d’aborder, plus en détail, notamment dans leurs aspects traumatologiques et préparatoires, le ski alpin, le snowboard et le curling. Cyril Hofstein T TÉLÉMARK DPPI DR echnique de ski ancestrale originaire principalement LE de Norvège, le télémark est une discipline très esthétique et technique qui fait partie, depuis quelques années, du domaine de la compétition internationale.Le télémark est géré, en France,par l’Association française de télémark,créée en 1987. Elle s’efforce de promouvoir la discipline sur tout le territoire français et participe à sa progression mondiale, autant sur ses côtés compétitifs,que loisirs.Son principal objectif est de voir le nombre de pratiquants augmenter chaque année. L’association compte aujourd’hui 300 adhérents,dont la moitié s’est inscrite la saison dernière. ■ D.R. LE SKI ACROBATIQUE L ’appellation “ski acrobatique” regroupe trois disciplines : les bosses, le saut et l’acroski. DPPI Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 Sports de glisse sur les Les bosses Dans cette discipline spectaculaire,le skieur doit à la fois exprimer sa virtuosité en évoluant dans des bosses et mettre en valeur son audace lors de la réalisation de sauts. Les épreuves se déroulent sur une pente d’une longueur de 200 à 270 mètres, dont l’inclinaison peut aller jusqu’à 32°. Tout le long du parcours, sont disposés des bosses et deux tremplins de saut.A l’issue de plusieurs sauts éliminatoires, une note finale est décernée par 5 ou 7 juges-arbitres.Elle dépend à 50 % du style,à 25 % des sauts et à 25 % de la vitesse. Le saut A ne pas confondre avec le saut “classique”(appelé “saut spécial”),le saut acrobatique peut être apparenté au trampoline ou à la gymnastique. Les skieurs s’élancent sur des tremplins moins longs,mais plus relevés,et effectuent des séries de figures enchaînées (saltos et vrilles principalement). La combinaison des sauts,de plus en plus sophistiquée,est jugée par rapport à un barème de difficulté théorique, à la qualité d’exécution et de réception. L’acroski Cette discipline s’apparente à une chorégraphie proche du patinage artistique ; le skieur effectue un programme de figures libres sur un rythme musical, au cours duquel l’appui sur les bâtons est permis. On utilise des skis très courts sur une pente de faible inclinaison.La note finale dépend de la technique et de l’expression artistique. ■ MÉDECINS DU SPORT 8 LE BOBSLEIGH L ors des compétitions de bobsleigh, des luges aérodynamiques courent contre la montre sur une piste glacée, serpentant sur 1,3 km. La compétition masculine comporte une course à deux hommes et une course à quatre hommes. La compétition féminine, à deux femmes, est une nouveauté en 2002. La “poussée de départ”est essentielle à la course de bobsleigh. Une fois dans la luge, le conducteur (ou la conductrice) guide le traîneau dans les virages relevés, en choisissant la trajectoire qui lui permet de conserver le plus d’élan possible tout au long de la descente. Le bobsleigh peut atteindre plus de 135 km/h au cours d’une descente typique de 60 secondes. Un bobsleigh pour deux personnes mesure 2,70 m de long et son poids, avec les deux équipiers, ne doit pas excéder 390 kg. Un bobsleigh pour quatre personnes mesure 3,35 m de long, pour un poids maximum de 630 kg ■ N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 D.R. LE SKI NORDIQUE L ’appellation “Ski nordique” regroupe 4 disciplines. Le ski de fond DPPI Le ski de fond se pratique en style classique ou en style libre. En style libre, les athlètes ont le choix de la technique de progression ; le “skating” (ou pas de patineur) est le plus souvent utilisé car il demeure le plus rapide. En compétition, le coureur doit parcourir une distance donnée en un minimum de temps. Ces distances varient de 10, 15, 30 à 50 km pour les hommes, et de 5, 10, 15 à 30 km pour les femmes. Le relais oppose des équipes de quatre concurrents qui s’affrontent sur des distances de 4 x 10 km pour les hommes et 4 x 5 km pour les femmes. Le saut spécial LE SKELETON Le saut (sur tremplin de 90 ou 120 mètres) se déroule en 3 phases : la prise d’élan, la phase de vol et la phase de réception. Le sauteur effectue deux sauts,notés par les juges en fonction de leur longueur et de leur style d’exécution (technique de vol et de réception). Cette discipline est essentiellement masculine. L e skeleton est un sport particulier qui utilise la même piste et le même départ que le bobsleigh. Cependant, les athlètes s’élancent la tête première sur leur luge,plutôt qu’assis dans un bobsleigh. Leur visage et leur menton ne sont qu’à 3 cm de la surface de la glace lorsqu’ils dévalent la pente à 120 km/h. Le but est de descendre la piste dans le temps le plus court,ce qui signifie emprunter la ligne de pente la plus courte, tout en évitant de percuter un mur. Il n’y a pas de mécanisme de direction dans le skeleton et pour se guider,les coureurs doivent se servir de leurs épaules et de leurs pieds.Le freinage s’opère grâce à des chaussures équipées de griffes.A l’occasion de ses débuts aux Jeux Olympiques d’hiver de Salt Lake City, le skeleton est l’un des événements les plus courus de 2002. ■ Le combiné nordique Cette discipline allie le saut et le ski de fond et se déroule sur deux jours. Un concours de saut spécial (tremplin de 90 ou 120 m) a lieu le premier jour. Une note est attribuée en points, puis convertie en secondes. Le classement du saut détermine ainsi l’ordre de départ de la course poursuite de 5, 10 ou 15 km en ski de fond qui se déroule le lendemain. Le biathlon L’idée d’origine du biathlon appartient aux militaires français et allemands qui ont eu l’idée d’introduire dans leur entraînement physique des séances de tirs. L’intérêt était alors d’alterner des phases d’effort important et des phases de concentration où la précision est indispensable.Aujourd’hui, le biathlon est devenu un sport à part entière et une discipline olympique majeure. Les distances courues sont les suivantes : ● pour les femmes : 15 km individuel, 7,5 km sprint, 4 x 7,5 km relais, 7,5 km équipe ; ● pour les hommes : 20 km individuel, 10 km sprint, 4 x 7,5 km relais, 10 km équipe. ■ LA LUGE PI DP A vant de se lancer sur la piste glacée, à bord de leur luge, les concurrents “rament”en position assise à la surface de la glace pendant quelques mètres pour accroître leur élan.Leur vitesse acquise,les coureurs s’allongent sur le dos,les pieds devant dans la posture la plus profilée possible pour diminuer la résistance au vent. Il suffirait de relever légèrement la tête pour augmenter le frottement de l’air et abaisser la vitesse.En tout,ils doivent parcourir 17 courbes successives le long d’une piste de 1 316 m en moins d’une minute, sans freins. La direction est assurée par les mollets (pressant contre l’extérieur des patins avant de la luge) et par les épaules faisant pression sur l’arrière.Le lugeur,casqué,en combinaison plastifiée, muni de gants spéciaux, dirige la luge en tenant une double courroie, d’une main. Ses pieds prennent appui sur la partie avant de l’engin qui est équipé de patins (entre 1,28 m et 1,35 m de long pour l’ensemble). La coque, en fibre de verre, est relativement légère : 22 kg pour les luges simples et 25 kg pour les luges doubles.Les athlètes peuvent atteindre 135 à 145 km/h.Pour la course en double,le plus lourd des deux concurrents se place devant et les deux font équipe tout le long de la descente. Les courses de luge se gagnent ou se perdent par des marges infimes, de l’ordre de 1/1 000 de seconde. ■ MÉDECINS DU SPORT 9 N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 rocheuses A LE HOCKEY SUR GLACE R. D. lliant l’expression artistique aux prouesses athlétiques,le patinage artistique olympique combine des mouvements d’une haute technicité. Glissant sur des lames d’à peine 3 à 4 mm d’épaisseur, les athlètes effectuent des mouvements spectaculaires comme des sauts Salchow, des triples Axel, des sauts de boucle et des sauts périlleux arrière. Le patinage artistique olympique est constitué de quatre disciplines différentes:le simple femme,le simple homme,les couples et la danse sur glace.La compétition se déroule en deux volets: le programme court et le style libre. L’essentiel du patinage en couple réside dans le synchronisme exact et la simultanéité des mouvements.La danse sur glace se fonde sur différents aspects. L’accent est mis sur le rythme, l’interprétation sur la musique et la précision des pas. ■ I DPP T rès populaire OutreAtlantique et en Europe du nord,le hockey sur glace est l’une des compétitions les plus populaires des Jeux Olympiques d’hiver. Cette année, 55 parties se sont échelonnées sur 16 jours. Le hockey sur glace féminin a rejoint les compétitions officielles depuis les Jeux de Nagano. Les joueurs s’affrontent 6 contre 6 sur un terrain de jeu de 60 m de long et 30 de large, ceinturé de balustrades et de parois en plexiglas. Le jeu dure trois tiers-temps de vingt minutes. Chaque équipe comprend 20 joueurs:deux gardiens,trois lignes de deux défenseurs,quatre lignes de trois attaquants. Il s’agit de lancer un palet en caoutchouc vulcanisé de 7,62 cm de diamètre et 2,54 cm d’épaisseur, pesant 160 grammes, à l’aide de crosses en bois, fibre de verre ou carbone, vers le but ou de faire des passes aux partenaires. Les athlètes sont protégés par un équipement destiné à résister aux chocs avec notamment casque, coquille, épaulières,coudières,jambières,gants et patins en plastique ou cuir renforcés au bout. ■ PI DP Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 LE PATINAGE ARTISTIQUE LE PATINAGE DE VITESSE A u cours des compétitions de patinage de vitesse, les patineurs s’affrontent à deux sur une piste ovale de 400 mètres et courent contre la montre.Les athlètes balancent les bras pour accroître leur vitesse et s’inclinent de 45 à 50 degrés dans les courbes. A chaque tour, les patineurs changent de couloirs dans la ligne opposée afin d’égaliser les distances à parcourir. Depuis l’hiver 1997,des patins à talon mobile ou “klap”,qui comportent une charnière à ressort à l’avant permettent aux patineurs de séparer le talon de la lame.Ce mécanisme rend possible une foulée plus naturelle et une plus longue enjambée,ce qui a eu pour résultat une sensible amélioration des temps. La lame d’acier au carbone de haute résistance est large de 1 millimètre et longue de 42 à 46 cm. Les compétitions se déroulent sur un anneau de 400 mètres et sur les distances de 500, 1 000, 1500, 5 000 et 10 000 mètres pour les messieurs; 500, 1000, 1500, 3000 et 5 000 mètres pour les dames. Des compétitions exclusivement réservées au sprint (500 et 1 000 mètres) sont organisées, ainsi que des championnats toutes distances, dits :“all round” (1 seul titre décerné, celui du combiné), et des championnats par distances (1 titre décerné par épreuve). Aux Jeux Olympiques, chacune des cinq épreuves donne lieu à l’attribution de médailles. Le short-track Le short-track est une version réduite du patinage de vitesse dans le cadre d’une patinoire de configuration classique et sur une piste d’un développement de 110 mètres environ,contre 400 mètres habituellement.« Pour autant,assure la Fédération française des sports de glace,ce n’est pas une version douce de la vitesse… Certains parlent même de roller-ball,avec les six à huit patineurs casqués et protégés par des gants, une minerve et des genouillères. » « Dès le départ,ils se lancent à toute vitesse,prennent des angles d’attaque extrêmement aigus dans les virages matérialisés par des plots, tout en se servant du bout des doigts de leur main gauche pour ne pas voler dans le décor en raison de leur forte inclinaison vers le sol (45°). Patinage musclé, voire agressif, extrêmement spectaculaire mais où tous les coups ne sont pas permis. Les risques de chutes sont en effet permanents et peuvent entraîner leur auteur et ses adversaires. La tactique et l’audace jouent beaucoup, comme la chance. La position en tête est souvent favorable. Les qualifications se font à la place (premier, deuxième…). » Pratiqué par les hommes et les femmes,en individuel et en relais (quatre équipiers),le short-track n’a cessé de gagner en popularité depuis sa première apparition,en démonstration,aux JO de Calgary (1988).Il est devenu une discipline olympique officielle depuis les Jeux d’Albertville (1992). Les compétitions masculines et féminines ont lieu sur 500 et 1 000 m avec un relais sur 5 000 m pour les messieurs, sur 3000 m pour les dames. ■ MÉDECINS DU SPORT 10 N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Face et crâne : • Traumatismes du rachis cervical • Traumatismes crâniens DR Fracture du bassin ou fémur (si vitesse et/ou chocs violents) Entorses du genou et rupture du ligament croisé antérieur (lésions les plus fréquentes) Fractures de jambe (partie haute) ou “ski boot top fracture”. Il s’agit de fractures transversales des deux os, ou fracture incomplète du péroné Pied : • Hématome sous-unguéal (si chaussure trop petite ou pied insuffisamment maintenu) • Bursite (frottement d’un relief anatomique au niveau du tubercule du scaphoïde, ou conflit entre une exostose et une coque qui comprime trop) • Troubles vasculo-nerveux (compression par serrage) Membres supérieurs : • Entorses ou fractures du pouce • Fractures bras, avant-bras, poignet • Fractures/luxations du coude … Le ski alpin Le ski alpin de compétition regroupe deux disciplines, chacune se déclinant selon deux épreuves. Disciplines de vitesse • La descente Épreuve reine du ski alpin, la descente associe la vitesse à la maîtrise des courbes dans un parcours d’un dénivelé important qui utilise au maximum le profil du terrain. • Le super géant Mélange de vitesse et de technique, le super-G est un compromis entre la descente et le géant. Discipline récente, elle requiert un touché de neige à vitesse élevée particulièrement virtuose pour négocier en finesse des courbes plus fermées. Disciplines techniques • Le géant Cette épreuve demande une grande rapidité dans l’exécution des mouvements (vitesse de pieds) et une technique irréprochable (contact ski-neige) afin de négocier des courbes de rayon moyen à enchaînements très mouvementés. • Le slalom Discipline spectaculaire et risquée,par sa rapidité d’exécution et par le contact avec les piquets,le slalom demande de la combativité, de la vivacité et une technique irréprochable. ■ Le ski alpin, en tête des accidents de sport d’hiver En terme d’accidentologie liée aux sports d’hiver, le ski alpin arrive en tête. Selon les dernières statistiques de l’association Médecins de montagne, pour la saison 2000-2001, plus de 66 % des accidents sont liés à cette discipline. En partenariat avec l’Assurance maladie et le CFES, l’association lance d’ailleurs une campagne de prévention pour la saison 2001-2002, précisant que le ski alpin est à l’origine de 140 000 accidents par saison ; l’entorse du genou étant la lésion la plus fréquente, pour laquelle 15000 personnes sont victimes d’une rupture du ligament croisé antérieur. Rappelons également que beaucoup de pathologies graves sont aussi liées à des chocs violents, résultant souvent d’une vitesse excessive non contrôlée. Le port du casque est donc obligatoire dans la pratique de haut niveau et fortement recommandée chez les enfants. MÉDECINS DU SPORT 11 N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 Gros plan sur... Très spectaculaire,particulièrement médiatique et souvent caractérisé par un fort esprit d’indépendance, le surf des neiges ou snowboard fait désormais partie des disciplines de glisse incontournables des JO (depuis les Jeux de Nagano en 1998).Toutefois, seules sont considérées, à ce jour, comme olympiques le slalom géant, inspiré du ski alpin, et le half-pipe, qui rappelle les prouesses des skate-boardeurs sur des rampes enneigées. Le half-pipe fait appel à une pratique acrobatique du surf qui s’exerce sur des terrains aménagés avec différents obstacles,bosses;la notation s’effectue selon la hauteur, la qualité de réalisation et la réception des figures effectuées par les snowboardeurs. Les autres disciplines pratiquées sont le boarder cross (parcours jonché d’obstacles et de courbes dans lequel les surfers s’élancent à plusieurs),le slalom spécial,le supergéant, le slalom parallèle, et le module contest (épreuve de saut où l’on prend en compte la longueur, la hauteur et la difficulté de la figure effectuée).Le snowboard en France est géré par l’Association française de snowboard (AFS), sous la tutelle DPPI Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 ...Le snowboard de la Fédération française de ski. Pour le Dr Jean-Christophe Corradi,médecin de l’équipe de France, « la jeunesse de l’encadrement médical de ce sport fait qu’il y a peu de statistiques sur sa traumatologie. Le suivi des athlètes n’a qu’une année d’existence,et par conséquent,nous n’avons que peu de recul sur les profils médicaux des quelque douze membres de l’équipe de France,tous très jeunes puisque l’âge moyen est de 25 ans.Il semble cependant qu’à haut niveau,le snowboard demeure un sport peu traumatique,car les athlètes utilisent systématiquement des protections des lombaires (dainese, une ceinture renforcée et articulée) et de la tête (casque).» Concernant le Freestyle, pour les catégories Élite, Haut niveau et Pôle espoir, la grande majorité des atteintes porte sur les membres supérieurs (68 %),suivie par les membres inférieurs (12 %) et les grills costaux (12 %). S’ajoutent à cela, beaucoup plus rarement,des tassements vertébraux et des traumatismes crâniens. En terme de pathologie spécifique aux snowboardeurs, on peut également parler du risque non négligeable de surmenage musculaire et de claquages, car les muscles des surfeurs sont particulièrement sollicités au niveau des ischiojambiers et des quadriceps. Préparation physique « A haut niveau, explique Frédéric Roualen,professeur d’éducation physique et sportive, les snowboardeurs utilisent des programmes de préparation très proches de ceux des skieurs. Une compétition de snowboard (type Half-Pipe) est composée d’une suite de mouvements très rapides,demandant une forte impulsion des membres inférieurs pendant une période de 45 secondes à une minute. Cette séquence se répète plusieurs fois par jour. La récupération entre deux manches est de 30 minutes à deux heures maximum.Une bonne préparation inclut donc un travail de puissance des membres inférieurs (renforcement musculaire) permettant un maintient des habiletés techniques durant la minute de descente ; un travail de la capacité lactique en favorisant le coté puissance de cette filière afin de s’adapter au mieux au travail en lactatémie et enfin un travail de la capacité aérobie afin de favoriser la récupération entre deux séries (en tenant compte des basses températures dans lesquelles se déroulent ces compétitions, et souvent du manque de place pour une récupération active). » ■ la chaussure : amie et ennemie Tendinopathies de la coiffe des rotateurs (liées au mouvement du bras en abduction rotation externe). Leur fréquence augmente avec le niveau de pratique sportive « Un bon indicateur de traumatologie pourrait être la chaussure, fait remarquer Olivier More, kinésithérapeute spécialisé dans les sports de glisse. Pour le Half-Pipe, les chaussures utilisées sont des bottes souples accompagnées de fixation flexibles qui permettent une grande mobilité de la cheville et du pied. Par conséquent, la dorsiflexion du pied n’est pas limitée et les contraintes au niveau de l’articulation tibio-tarsienne seront maximales aussi bien en flexion dorsale qu’en rotation. » Tendinopathie du jambier antérieur (liée à la position des jambes en extension sur la planche de surf) et Risques de claquages Fractures/entorses des poignets (fréquentes) et des doigts, en particulier au niveau du carpe (perte d’équilibre et chute au sol, bras en hyperextension) Pied / cheville : • Fractures du péroné ou tibia • Lésions osseuses au niveau des scaphoïdes • Fracture de l’apophyse externe de l’astragale (lésion rare et de diagnostic difficile), liée à un mécanisme d’entorse en flexion dorsale • Lésions du complexe musculo-tendineux et du cartilage du médio-pied Entorses du genou (plutôt rares) MÉDECINS DU SPORT 12 N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 DPPI Membre supérieur : • Ampoules et cals dus au balayage intensif. • Epicondylites et tendinites des poignets (rares) Membre inférieur • Tendinites des adducteurs • Tendinites du moyen fessier et fractures de fatigue du fémur (plus rares) • Douleurs du genou gauche : conflits fémoro-patellaires, tendinites rotuliennes, tendinites et bursites du fascia lata, tendinites de la patte d’oie • Tendinites d’Achille ou bursite rétro-achiléennes • Douleur en regard de l’orifice du sinus du tarse (très spécifique, résultant sans doute d’un conflit astragalo-calcanéen) ...Le curling Le curling peut se comparer à un jeu de stratégie, mêlant adresse, sens tactique et résistance physique,souvent défini comme la “pétanque sur glace”. Un match de curling oppose 2 équipes de 4 joueurs sur une piste en glace artificielle de 42 m de long. Chaque joueur lance, à partir d’un plot, deux pierres de 20 kg vers une cible (maison) de 3,66 m de diamètre,située à l’autre bout de la piste. Seules les pierres atteignant l’intérieur de la maison et les plus proches du centre marquent des points. Quatre joueurs participent à chaque lancer et seul un travail d’équipe coordonné peut assurer la victoire.Un joueur lance la pierre dans un mouvement de glissade sur un pied. La pierre est lâchée avec un lent mouvement de rotation sur elle-même.Elle décrit une trajectoire en courbe tendue ou “curl”. Le capitaine, appelé “Skip”, placé derrière la maison indique la direction.Les deux autres joueurs accompagnent la pierre en balayant devant elle. Le frottement réchauffe la glace,modifiant la glisse et le curl de la pierre et par là,la longueur et la direction de sa trajectoire.Les débuts olympiques du sport ont été couronnés de succès à Nagano.C’est l’équipe canadienne des femmes, qui a remporté la première médaille d’or du curling olympique. ■ Un membre inférieur hypersollicité Le membre inférieur d’appui est très sollicité lors de la phase de glisse. Lors de la phase du lancer, le joueur accompagne sa pierre. Pour permettre un abaissement maximal du buste, la cuisse gauche est portée vers l’extérieur par une flexion abduction de la hanche, le genou est en hyperflexion, varus, rotation externe, la cheville en flexion dorsale, éversion, rotation externe. Pour en savoir plus : Le site officiel des Jeux Olympiques de Salt Lake City http ://www.saltlake2002.com/french/index.html Le site de l’association Médecins de montagne http://www.mdem.org Le site de la Fédération française de ski http://www.ffs.fr/ Le site de la Fédération française des sports de glace http://www.ffsg.org/ Pour retrouver les adresses des fédérations http://www.menarini.fr MÉDECINS DU SPORT 13 N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Evénement : Jeux Olympiques d’hiver 2002 Rachis : • Contractures • Rachialgies < DOSSIER > D.R. Le ligament croisé postérieur Le ligament oublié ! Mots clés 1re partie La première partie de ce dossier fait le point sur l’anatomie, la biomécanique, l’épidémiologie les mécanismes lésionnels, l’examen clinique et l’imagerie du ligament croisé postérieur. Genou Ligament croisé postérieur Laxité postérieure PR P. CHRISTEL* DRS M. BRANFAUX** ET P DJIAN * Sommaire Introduction Page 16 Anatomie du ligament croisé postérieur (LCP) A paraître dans un prochain numéro : 2e partie LCP : méthodes et indications thérapeutiques Page 16 A - Une forme de grosse “virgule” B - Deux faisceaux de fibres ● C - Vascularisation Epidémiologie Page 18 Aspects cliniques Page 20 ● ● ● ● Aspects biomécaniques Page 17 A - Propriétés mécaniques ● B - Aspects cinématiques ● C - Rôle du LCP dans la stabilité du genou ● D - Conséquences biomécaniques de la rupture du LCP ● A - Mécanismes lésionnels B - Symptomatologie fonctionnelle ● C - L’examen physique ● D - Mise en évidence d’une laxité postéroexterne associée ● E - Les tests dynamiques ● F - Classification des laxités postérieures Imagerie Page 23 A - Radiologie standard B - Clichés sous contrainte ● C - L’IRM ● D.R. ● Histoire naturelle des ruptures du LCP Page 24 A - La phase d’adaptation fonctionnelle B - La phase de tolérance fonctionnelle ● C - La phase de l’arthrose ● D - Les lésions méniscales ● ● * CHIRURGIEN ORTHOPÉDISTE, CLINIQUE NOLLET, PARIS. ** HIA DESGENETTES, LYON. MÉDECINS DU SPORT 15 N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Ligament croisé postérieur - 1re partie Introduction L es connaissances concernant le ligament croisé postérieur (LCP) sont en retard par rapport à celles du ligament croisé antérieur. Les lésions du LCP représentent environ 10 % de l’ensemble des ruptures ligamentaires du genou. L’utilisation de l’IRM permet de mieux diagnostiquer les ruptures récentes isolées. Si la séméiologie clinique, l’imagerie et l’histoire naturelle des ruptures du LCP sont maintenant bien connues, la reconstruction chirurgicale et la rééducation des lésions du LCP ont récemment progressé, du fait d’une meilleure connaissance de son anatomie et de sa biomécanique. Sur le plan chirurgical, un résultat ana- < DOSSIER > La pathologie du ligament croisé postérieur (LCP) connaît depuis quelques années un regain d’intérêt du fait de la progression récente des connaissances dans le domaine de son anatomie et de sa biomécanique. La mise en évidence du rôle distinct des deux faisceaux qui le compose a permis d’envisager des techniques de reconstruction anatomiques et “physiométriques”, permettant d’améliorer les résultats, en termes de correction de la laxité. Ce dossier sera traité en deux parties. La premièrefait le point des acquis sur l’anatomie et la biomécanique du LC P, l’épidémiologie, et les mécanismes lésionnels, l’examen clinique et l’imagerie, et l’histoire naturelle. La seconde partie sera consacrée aux méthodes et aux indications thérapeutiques. tomique satisfaisant ne peut être obtenu que si la position des sites d’insertion, surtout au niveau du condyle médial, est reproduite. La plupart des techniques décrites utilisent des greffes de tendons autologues prélevées aux dépens du tendon rotulien, du tendon quadricipital ou des ischio jambiers. La reconstruction peut se faire, avec de nombreuses variantes techniques, par arthrotomie ou arthroscopie en utilisant une greffe à un ou deux faisceaux. Seule la seconde technique de reconstruction permet de reproduire la physiologie du LCP, avec un faisceau antéro-latéral se tendant en flexion et un faisceau postéro-médial se tendant en extension. Ainsi, la reconstruction à un faisceau sera plutôt utilisée dans les laxités postérieures isolées, de faible amplitude, et les reconstructions à deux faisceaux, dans les laxités postérieures importantes, toujours combinées à des atteintes périphériques. Dans ces cas, la reconstruction du LCP doit être associée à une reconstruction périphérique, et éventuellement à une ostéotomie tibiale. La rééducation, qui constitue un élément essentiel de la gestion de ces ruptures ligamentaires, a progressé avec la mise au point de protocoles spécifiques adaptés aux caractéristiques biomécaniques du LCP. Anatomie du ligament croisé L es ligaments croisés et les ligaments méniscaux-fémoraux, de Humphrey et de Wrisberg, forment le pivot central du genou. Le LCP s’insère sur la surface rétrospinale du tibia pour se diriger vers la face axiale du condyle interne ; dans le plan frontal, il occupe les 2/3 internes de l’échancrure intercondylienne en laissant libre le 1/3 externe pour le passage du LCA en extension. Le LCP est synovialisé à partir de la capsule articulaire postérieure sur sa portion antérieure, interne et externe. La zone d’insertion tibiale fusionne avec la capsule postérieure et le périoste. Sur le plan anatomique strict, le LCP est intra-synovial et extra-articulaire. D.R. postérieur (LCP) ■A - une forme de grosse “virgule” La longueur moyenne du LCP est de 38 mm. Sa surface de section augmente, de distal en proximal, lui conférant une structure en éventail (Fig. 1). Les fibres du LCP s’insèrent sur la face externe du condyle interne, sur une surface en forme de grosse “virgule” (Fig. 2), dont la longueur moyenne, dans son plus grand axe (antéro-postérieur), est de 32 mm. La zone d’insertion tibiale (Fig. 3) est située dans une dépression épiphysaire, entre les 2 plateaux tibiaux, approximativement 1 cm sous la surface tibiale; cette insertion s’étend de quelques millimètres distalement sur la surface postérieure du tibia, et sa largeur est en moyenne de 13 mm. MÉDECINS DU SPORT 16 Figure 1: le ligament croisé postérieur vu par sa face latérale (CM: condyle médial). Noter: la forme en éventail, les deux faisceaux antéro-latéral (AL) et postéromédial (PM). En IRM, quand le genou est en extension, de profil, le LCP a une forme de virgule noire, homogène, à concavité antérieure. N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Ligament croisé postérieur - 1re partie ■C - Vascularisation D.R. Figure 2: insertion du LCP sur la face axiale du condyle interne. AL: faisceau antérolatéral. PM: faisceau postéro-médial. D.R. Figure 3: insertion tibiale du LCP. La surface de cette insertion se situe en moyenne 15 mm sous l’interligne fémoro-tibial. Elle est beaucoup moins étendue qu’au niveau du fémur. AM: faisceau antéro-latéral. PM: faisceau postéro-médial. Contrairement au LCA, plus fin, le LCP est visible en entier sur une seule coupe sagittale. Sa face antérieure est croisée par le ligament de Humphrey (Fig. 4). ■B - Deux faisceaux de fibres Le LCP se subdivise en deux faisceaux de fibres, antéro-latéral (AL) et postéro-médial Figure 4: aspect IRM (T1) d’un LCP normal, de profil. *: ligament de Humphrey. (PM). Si ces deux faisceaux ne présentent pas de séparation nette sur le plan macroscopique, ou histologique, il est cependant possible sur le plan fonctionnel ou biomécanique de les distinguer par leur comportement. Les ligaments ménisco-fémoraux sont représentés par le ligament antérieur de Humphrey et le ligament postérieur de Wrisberg. Ils sont inconstants : ils sont retrouvés dans 70 % des cas. Ils cravatent le LCP et viennent s’attacher sur la périphérie de la corne postérieure du ménisque externe, le ligament de Humphrey se terminant en avant de l’attache fémorale du LCP sur la face axiale du condyle fémoral interne. En flexion, la partie antérieure du LCP et le ligament de Wrisberg sont tendus ; en extension, la partie postérieure du LCP et le ligament de Humphrey sont tendus (Fig. 5). La surface de section des LMF représente, en moyenne, 20 % de la taille du LCP (7 % à 35 %) ; sur le plan fonctionnel, ils jouent surtout un rôle dans la cinématique méniscale. La portion proximale du LCP est principalement vascularisée à partir de la synoviale antérieure et par des branches collatérales d’artères pénétrant le toit de l’échancrure inter-condylienne et le condyle interne ; les vaisseaux des portions moyenne et distale du LCP, ligaments ménisco-fémoraux inclus, cheminent, d’une part le long de sa face postérieure et, d’autre part, latéralement et en avant dans l’intervalle entre les deux ligaments croisés. Le segment distal du LCP est aussi vascularisé par des rameaux d’artères capsulaires postérieures et par des petites branches récurrentes de l’artère géniculée moyenne, provenant de la partie distale du LCA ; ces dernières sont principalement dirigées vers le faisceau AL. Il a été montré que la répartition des vaisseaux dans le LCP n’est pas homogène. Il existe une zone centrale du tiers moyen, avasculaire, avec une structure histologique ressemblant à du fibrocartilage avec présence de collagène de type II. Les lésions survenant dans cette zone n’ont pas tendance à cicatriser. D.R. D.R. D.R. < DOSSIER > Faisceau AL tendu Faisceau PM détendu Faisceau AL détendu Faisceau PM tendu Figure 5: en flexion, le faisceau AL se tend, tandis qu’en extension, c’est le faisceau PM qui est tendu. Aspects biomécaniques ■A - Propriétés mécaniques Les propriétés mécaniques du LCP sont complexes, du fait de l’existence de 2 faisceaux et des ligaments ménisco-fémoraux. La résistance à la rupture du LCP est d’environ 1700 N, valeur qui se rapproche de celle du LCA. Cependant, cette valeur dépend du contin- gent testé (le faisceau AL est significativement plus résistant et plus rigide que le faisceau PM) et de l’âge des sujets. En effet, il a été montré que la résistance du LCA est environ 3 fois plus élevée chez les sujets jeunes (35 ans) que dans une population âgée (60 ans). Ainsi, il se pourrait que la résistance du faisceau AL du LCP soit de 4900 N, et celle du faisceau MÉDECINS DU SPORT 17 PM de 800 N, chez une population de jeunes sportifs. ■B - Aspects cinématiques Le LCP s’allonge lors de la flexion du genou, de la contraction des ischiojambiers et de la rotation interne. Les études N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Ligament croisé postérieur - 1re partie sur cadavres ont montré, lors du tiroir postérieur, que le contingent AL est en charge surtout entre 40° et 120°, tandis que le contingent PM est sollicité entre 0° et 30°, puis de nouveau au-delà de 120°. Entre 0° et 30°, un tiroir postérieur de 2 mm est absorbé à 65 % par les formations périphériques, et à 35 % par les fibres PM (Fig. 6). Pour des charges plus importantes, avec des tiroirs postérieurs de 4 et 6 mm, ces proportions restent les mêmes en début de flexion, mais le rôle des fibres PM et AL augmente très rapidement. Les mesures de modifications de longueur du LCP s’accordent sur le fait que, comme pour le LCA, le site fémoral, par rapport au site tibial, est le facteur primordial déterminant la variation de longueur du LCP. Au contraire du LCA, le LCP est un < DOSSIER > ligament fortement anisométrique dont la reconstruction s’avère, a priori, plus complexe. du tiroir postérieur, la rotation tibiale externe, la laxité en varus et l’hyperextension du genou. ■C - Rôle du LCP dans la stabilité du genou ■D - Conséquences biomécaniques de la rupture du LCP La section isolée du LCP s’accompagne d’un recul postérieur du tibia de 5 à 6 mm, entre 0 et 30°, augmentant jusqu’à 11-15 mm à 90° de flexion. Les rotations et la stabilité en varus-valgus ne sont pas modifiées (Fig. 7). Les structures capsulo-ligamentaires postéroexternes jouent un rôle important dans la stabilité postérieure du genou. Elles travaillent en synergie avec le LCP entre 0° et 30° de flexion, donc avec le faisceau PM du LCP. Leur section expérimentale majore de manière considérable le recul du tibia lors L’étude des pressions de contact fémoro-tibiale interne, et fémoro-patellaire, sur genoux intacts et après section séquentielle du LCP et des formations postéro-externe a montré que la pression fémoro-patellaire et la force du quadriceps étaient significativement augmentées après section combinée du LCP et des structures postéro-latérales. Après section isolée du LCP, une augmentation significative des pressions fémoro-tibiales interne et moindre du compartiment fémoro-patellaire a été retrouvée. Figure 6: partage des charges, en pourcentages, entre faisceau AL, faisceau PM et les autres structures ligamentaires périphériques, pour un tiroir postérieur de 4 mm en fonction du degré de flexion du genou. Figure 7: tiroir postérieur, LCP intact ou sectionné, en fonction de la flexion du genou. Le tiroir postérieur est maximum à 90° de flexion du genou. Epidémiologie I l y aurait une rupture de LCP pour 5 ruptures de LCA. L’incidence des lésions du LCP rapportée dans la littérature est variable. L’étude la plus ancienne, en 1955, celle d’O’Donoghue, retrouve 11 % de lésions du LCP sur l’ensemble des ruptures ligamentaire du genou. Ce taux dépend, en fait, des moyens diagnostiques utilisés. Il est vraisemblable que les études anciennes ont sous-estimé la fréquence lésionnelle réelle. La meilleure connaissance de la sémiologie, l’utilisation de l’IRM et des clichés radiologiques en stress, permettent de dépister plus de ruptures du LCP que par le passé. Par ailleurs, la fréquence ainsi que l’étiologie de la rupture varient selon que l’on considère une population générale ou sportive. Dans la population générale, Misayaka et Daniel en retrouvent 3 %, Casteleyn et Coll. 11 %, tandis que Fanelli et Coll., lors d’une étude réalisée dans un centre d’urgence, chez des patients traumatisés du genou, en trouvent 38,3 %. La population touchée est essentiellement masculine, entre 75 et 82 % d’hommes, et l’âge moyen de 26 ans. La rupture fait pratiquement toujours MÉDECINS DU SPORT 18 suite à un mécanisme à haute énergie. Dans les accidents de la voie publique, 95 % des lésions du LCP sont associées à d’autres lésions ligamentaires alors que lors des accidents sportifs, la plupart des lésions du LCP sont isolées. Le taux des lésions isolées du LCP varie, selon la littérature, entre 3 et 50 % (Tab. I). Selon les auteurs, donc selon leur recrutement, le pourcentage des ruptures du LCP survenant lors d’accidents sportifs est très variable (Tab. II), ce qui conditionne aussi la fréquence des lésions associées (Tab. III). N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 < DOSSIER > Ligament croisé postérieur - 1re partie Tableau I : épidémiolgie des ruptures du LCP. Auteurs (réf) Symposium SOFCOT 1995 Myklebust Levy Maffuli Fanelli Misayaka Casteleyn Simonsen Loos Moore & Larson Hughston Savatsky Kennedy Torisu Meyers Trickey O’Donoghue Nb de cas Age moyen (ans) Sex ratio H/F 92 28 4/1 6 2 2 85 91 11 16 102 19 29 54 60 36 14 17 9 Population Hand ball Rugby Adolescents Générale Générale Générale Générale Générale 7/2 3/2 3/1 4/1 3/1 4/1 19/1 28/1 22 24 27 27 23,5 25 % LCP isolé 40 (37/92) 1/2 14,6 % LCP 7 2,7 (2/76) 2 38 (85/222) 3 11 10 3,5 36 25 22 0 Sportifs 25,4 36 23 27,4 20 3/1 2,5/1 6/1 4/1 LCP isolé % LCP associé % 26 10 Générale Générale Générale Générale Générale 0 11 33 Tableau II : étiologies lésionnelles. Auteurs Nb de cas AVP % Sport % Autres % SOFCOT 1995 92 40 60 65 26 9 Fanelli 85 3,5 96,5 54 33 13 Misayaka 37 49 51 38 41 21 Casteleyn 11 36 64 91 0 9 Loos 102 22 78 44 21 35 Moore & Larson Hughston Kennedy Torisu HUGHSTON 19 29 60 36 18 0 100 10 90 32 17 37 72 0 53 76 42 0 78 16 7 22 28 22 Meyers Trickey total 14 17 520 0 100 93 94 0 0 7 6 20% 80% 53% 31% 16% Moyenne Tableau III : lésions associées. Auteurs SOFCOT 1995 Fanelli Misayak Loos Moore & Larson Hughston Savatsky Kennedy Meyers O’Donoghue Total Moyenne (%) Nb cas LCP isolé % LCP associé % LCA % Plan int. % Ménisque int. % Plan ext. % 92 85 37 59 18 29 54 32 45 9 460 40 3,5 49 22 0 60 96,5 51 78 100 exclu 3,5 28 9,4 21 24 41 31 26 7 3 26 10 74 90 100 66 46 53 90 74 56 62 50 25 55 72 26 10 0 33 44 77 76 45 81 100 17 16 42 17 9 20,40 79,60 55,40 52,15 MÉDECINS DU SPORT 19 25,50 N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Ménisque ext. % Ligament croisé postérieur - 1re partie < DOSSIER > ■A - Mécanismes lésionnels Le mécanisme le plus commun (environ 45 % des cas) se rencontre au cours des accidents de la voie publique, lors du syndrome du tableau de bord, avec un choc direct à la face antérieure de l’extrémité supérieure du tibia, genou fléchi. Les ruptures du LCP, en pratique sportive, sont secondaires à des mécanismes en hyperflexion du genou, avec le pied en flexion plantaire (Fig. 8). Ce mécanisme est responsable de ruptures isolées du LCP. L’hyperflexion isolée peut être, en elle-même, une cause de rupture du LCP, mais elle est souvent combinée à un choc antérieur sur le tibia. Un mécanisme en varus ou en valgus peut se retrouver dans les traumatismes à haute énergie. Dans ces cas, le LCP se rompt toujours après que les formations ligamentaires périphériques se soient rompues, de même que dans les mécanismes en rotation interne ou externe. L’hyperextension isolée peut être la cause de la rupture du LCP, mais généralement après que le LCA soit rompu. ■B - Symptomatologie fonctionnelle En urgence, les ruptures du LCP associées à des lésions périphériques sont facilement diagnostiquées. Le genou est fortement augmenté de volume, ecchymotique et la laxité majeure. En revanche, les ruptures isolées du LCP peuvent passer inaperçues. Il faudra y penser devant le mécanisme lésionnel, l’existence de lésions cutanées tibiales proximales et de douleurs postérieures en bas du creux poplité. Si la laxité postérieure n’est pas certaine, l’IRM permettra d’affirmer la rupture du LCP. Au stade de la laxité postérieure chronique, les patients consultent la plupart du temps pour des douleurs survenant typiquement à l’accélération ou à la décélération. L’existence de phénomènes d’instabilité, avec dérobements “vers l’arrière”, doit faire évoquer l’existence d’une laxité combinée, surtout postérieure et postéroexterne. Après plusieurs années d’évolution, les patients consultent surtout pour des douleurs d’abord fémoro-tibiales internes, ensuite fémoro-patellaires liées à l’atteinte cartilagineuse dégénérative. ■C - L’examen physique Il commence par l’évaluation du morphotype du patient debout, à la recherche d’un genu varum, dont l’existence complique sérieusement le traitement des laxités postéro-externes associées. Figure 8: mécanisme de rupture du LCP le plus fréquent en pratique sportive. MÉDECINS DU SPORT 20 D.R. Aspects cliniques Figure 9: recherche du tiroir postérieur à 90° de flexion. De nombreux tests ont été décrits pour détecter une rupture isolée du LCP, le plus sensible est la recherche du tiroir postérieur. Recherche du tiroir postérieur La recherche du tiroir postérieur (TP) s’effectue le genou fléchi à 70-90° (Fig. 9), hanche fléchie à 45°. Ceci permet de tester essentiellement le faisceau AL. Le faisceau PM s’évalue par la recherche du Lachman postérieur à 30° de flexion. ● Dans le cadre d’une rupture récente, le TP à 90° est souvent “élastique” et se réduit spontanément après que l’on ai poussé le tibia vers l’arrière. Par contre, en situation chronique, le tibia est spontanément en subluxation postérieure, et il faut d’abord réduire ce déplacement avant d’évaluer l’importance du tiroir, qui s’apprécie sur le déplacement de la tubérosité tibiale antérieure. Cette réduction de la subluxation postérieure du tibia peut être prise à tort pour un tiroir antérieur. Le TP s’évalue en rotation indifférente, puis en rotation externe et enfin, interne. Quand le faisceau superficiel du ligament latéral interne est intact, le TP diminue en rotation interne. Si le TP reste identique, en rotation indifférente, et en rotation externe, on peut conclure à N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 < DOSSIER > Ligament croisé postérieur - 1re partie D.R. Dans les lésions de grade III, quand le tiroir postérieur dépasse 10 mm, le bord antérieur du plateau tibial interne est en arrière du bord antérieur du condyle, et le décalage est inversé, correspondant au “posterior sag”. Atteinte des structures ligamentaires périphériques Dans plus de 60 % des cas, la lésion du LCP est associée à une atteinte des structures ligamentaires périphériques ; cellesci sont très importantes à rechercher, car elles vont conditionner la prise en charge thérapeutique. L’existence de ces lésions augmente le TP à 90°, qui passe alors au-delà de 15 mm de laxité différentielle. Différents tests permettent de rechercher ces lésions associées. ● Figure 10: subluxation postérieure spontanée de la TTA, genou fléchi à 90° (“posterior sag”). ■D - Mise en évidence d’une laxité postéroexterne associée L’existence d’une laxité postéro-externe va entraîner une augmentation de la laxité du genou dans les 3 plans de l’espace : frontal, horizontal et sagittal. Laxité frontale Cette décoaptation externe se recherche d’abord sur le genou en extension. Une importante laxité (15° de différentielle) signe la rupture des éléments externes (LLE, point d’angle postéo-externe) et du LCP. Puis, elle est cherchée à 30° de flexion, pied en rotation interne (Fig. 12), le point d’angle postéro-externe étant alors électivement testé. En cas d’importante laxité externe et postéro-externe, il faut penser à une atteinte combinée du LCA. ● Figure 11: les trois stades du “Stepoff” tibial. l’absence d’atteinte postéro-externe associée. Si le TP augmente en rotation externe, il existe alors une composante postéro-externe associée et s’il augmente en rotation interne, il existe alors une composante postéo-interne. Subluxation postérieure spontanée du tibia Il s’agit du “posterior sag” des anglosaxons. Ce signe s’évalue en observant les deux genoux de profil à 90° de flexion. Du côté de la lésion du LCP, comparativement au côté sain, il existe un ● recul de la TTA que l’on chiffre en millimètres (Fig. 10). Ce signe existe rarement en cas de rupture ligamentaire récente. Le “tibial stepoff” (Fig 11) permet aussi de graduer la sévérité de la laxité. Sur un genou normal à 90° de flexion, le plateau tibial interne est décalé d’1 cm en avant du condyle interne. Dans les lésions de grade I, le décalage n’est plus que de 5 mm. Dans les lésions de grade II, où le tiroir postérieur est entre 5 et 10 mm, le décalage disparaît (plateau tibial interne et condyle interne sont au même niveau). MÉDECINS DU SPORT 21 Laxité horizontale La rupture associée du point d’angle postéro-externe entraîne une augmentation de la rotation tibiale externe (RTE), à 90°, et surtout à 30° de flexion. L’examen est réalisé jambe pendante, ou en décubitus ventral, de façon comparative (Fig. 13) ; en cas de rupture du LCP et du point d’angle postéro-externe, la RTE est augmentée d’au moins 15°. La difficulté de ce test est d’apprécier le point neutre de rotation, en palpant les rebords ● N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 < DOSSIER > Ligament croisé postérieur - 1re partie antérieurs de chaque plateau tibial, ceci afin de bien différencier un recul du plateau tibial externe (laxité postéro-externe) d’une avancée du plateau tibial interne (laxité antéro-interne). Laxité sagittale L’existence d’une laxité postéro-externe s’accompagne d’une augmentation de l’hyperextension comparativement au genou sain. Le test de recurvatum-rotation externe de Hughston, se recherche sur un sujet en décubitus dorsal, en soulevant les 2 membres inférieurs par le gros orteil. Lorsque le test est positif, le genou lésé se met en varus-hyperextension et le tibia tourne en rotation externe. Ce test, faiblement positif en cas de lésion isolée Le “Reverse Pivot-Shift” de Jakob C’est un test dynamique qui demande une décontraction totale de la part du patient, notamment des ischio jambiers. Il est positif si une sensation de ressaut est ressentie quand le genou fléchi, tibia en rotation externe, est mis en extension avec une contrainte en valgus ; un ressaut se produit vers 30° de flexion, et correspond à la réduction vers l’avant du plateau tibial externe, initialement subluxé en arrière. La positivité de ce signe, qui peut atteindre 35 % sous anesthésie générale, augmente lors de l’atteinte combinée du LCP. On peut le retrouver chez les sujets hyperlaxes. ● Le test de Whipple Le patient est en décubitus ventral, genou fléchi à angle droit. L’examinateur maintient d’une main la jambe verticale sans bloquer la rotation, et de l’autre pousse sur la tubérosité tibiale antérieure, de distal en proximal. En cas de laxité postéro-externe associée, le pied tourne en rotation externe, l’évaluation étant comparative. D.R. ■F - Classification des laxités postérieures a D.R. ■E - Les tests dynamiques ● b du point d’angle postéro-externe, devient très prononcé en cas de lésion associée des éléments du pivot central et du point d’angle postéro-externe. ● D.R. D.R. Les tests d’hypermobilité externe de Bousquet et tiroir postérieur en rotation externe de Hughston sont deux tests similaires. Ils recherchent le couplage de la rotation tibiale externe et de la translation postérieure ; ils s’effectuent sur un sujet couché, hanche fléchie à 45°, genou à 90°. Il s’agit de provoquer un mouvement de translation antéro-postérieure du compartiment externe du genou fléchi ; en cas d’atteinte des struc- tures postéro-externes, cette translation se fait en raison de l’augmentation de la rotation tibiale externe. Figure 12: évaluation de la laxité en varus-flexion-rotation interne. Figure 13 (a et b): évaluation de la rotation tibiale externe. La mesure se fait en décubitus ventral pour réduire la subluxation postérieure spontanée du tibia. a: 30° de flexion - b: 90° de flexion. MÉDECINS DU SPORT 22 Selon les résultats de l’ensemble des tests précédents, la laxité sera classée en : • laxité postérieure directe, si la lésion du LCP est isolée ; • laxité postéro-postéro-externe, en cas d’atteinte combinée LCP + éléments postéro-externes ; • laxité postéro-postéro-interne, en cas d’atteinte combinée LCP + éléments internes et postéo-internes ; • laxité postérieure globale, en cas d’atteinte LCP + postéro-externe + postéro-interne ; • laxité antéro-postérieure, en cas d’atteinte combinée LCP + LCA. N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 < DOSSIER > Ligament croisé postérieur - 1re partie Imagerie ■A - Radiologie standard 0 D.R. D.R. D.R. D.R. D.R. 70 ° Le bilan radiologique doit comporter, au minimum, une radiographie de face et de profil du genou en charge, avec une incidence fémoro-patellaire. Elle permet de rechercher: • une subluxation postérieure spontanée du tibia, ainsi que des séquelles d’arra- Figure 14: comparaison du recul spontané des tubérosités tibiales antérieures à 70° de chement osseux au niveau des insertions flexion en rotation indifférente selon Puddu et Chambat. Du côté gauche le recul de la ligamentaires, tubérosité tibiale antérieure est du double de celui du côté droit. • des signes de souffrance articulaire a fémoro-tibial interne et fémoro-patellaire. L’incidence de profil permet aussi de mesurer la pente tibiale, élément important à considérer dans l’optique d’une ostéotomie de flexion. Par ailleurs, une gonométrie en charge sera nécessaire, à chaque fois qu’il existe une laxité postéro-postéro-externe, pour chiffrer un éventuel genu varum. Puddu et Chambat ont décrit l’utilisation a de l’incidence fémoro-patellaire à 70° de b flexion, en rotation indifférente. En mesurant comparativement la distance entre le sommet de la tubérosité tibiale antérieure et le fond de la gorge de la trochlée, on peut ainsi calculer le tiroir postérieur différentiel droite-gauche (Fig. 14). ■B - Clichés sous contrainte Pour quantifier la laxité sous contrainte, deux types de clichés sont utilisables: des clichés de profil avec et sans contrainte, à 90° de flexion, testant le faisceau AL, et des clichés à 30° testant le faisceau PM. L’évaluation chiffrée comparative du TP se fait en mm et en différentielle (TP en contrainte du côté lésé - TP en contrainte du côté sain). Deux méthodes sont applicables : appareil de type Telos ou contraction résistée des ischio jambiers. Dans les deux cas, le patient est installé en décubitus latéral sur la table de radiologie pour obtenir un profil latéral du genou en rotation neutre (Fig. 15). Les bords postérieurs des condyles doivent être strictement superposés (Fig. 16). Avec l’appareil Telos, une poussée antéro-postérieure de 15 kg est appliquée sur la tubérosité tibiale b Figure 15 a: installation du patient pour cliché radiographique en profil latéral du genou, avec et sans contraction des ischio-jambiers. Le genou est fléchi à 90°. Le talon repose sur une poignée contre laquelle le patient pousse en contractant ses ischio-jambiers. Figure 15 b: installation du patient pour cliché radiographique en profil latéral du genou, avec l’appareil Telos. La cuisse est bloquée par une pince située en arrière des condyles. L’appui situé sur la tubérosité tibiale antérieure pousse le tibia vers l’arrière. Une force de 15 kg est généralement utilisée. MÉDECINS DU SPORT 23 Figure 16 (a et b): mesures radiographiques de la laxité postérieure sans et avec contraction résistée des ischio-jambiers. Le bord postérieur des condyles doit être superposé. a: côté sain (TP = 2 mm), b: côté lésé (TP = 11 mm). La différentielle de 9 mm correspond à une rupture isolée du LCP. antérieure, tandis qu’avec la contraction contrariée des ischio jambiers, le patient fléchi contre une poignée placée derrière son talon. Ces deux examens donnent des résultats comparables. ■C - L’IRM Dans le cadre des lésions récentes, l’IRM est l’examen le plus fiable pour diagnostiquer la lésion du LCP (qui n’est pas toujours évidente quand elle est isolée ou N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Ligament croisé postérieur - 1re partie partielle) pour évaluer les lésions associées et suivre sa cicatrisation (Fig. 17). C’est avec l’IRM qu’on a pu montrer, par exemple, que le LCP pouvait être lésé à plusieurs niveaux quand il existe un arrachement osseux tibial. L’IRM peut être aussi utile pour suivre la cicatrisation du LCP après traitement fonctionnel. Dans le cadre des laxités postérieures chroniques, dans la mesure où le diagnostic de laxité postérieure chronique est clinique, l’IRM est surtout indiquée pour évaluer les lésions associées: cartilage, ménisques et à moindre degré, formations ligamentaires périphériques. < DOSSIER > b a Figure 17 a: aspect IRM, en T1, d’une rupture distale récente du LCP au 11e jour. Figure 17 b: évolution de la rupture de la Fig. 17 a à un an. Le LCP a cicatrisé mais trop long. Il est inefficace. Histoire naturelle des ruptures du LCP L ’histoire naturelle a bien été étudiée par H. Dejour qui distinguait trois phases évolutives. ■A - La phase d’adaptation fonctionnelle c Elle dure entre 3 et 18 mois. Durant cette période, la gêne fonctionnelle est souvent marquée par des douleurs, des sensations d’instabilité en flexion, accentuée dans les escaliers. Les sujets jeunes, sportifs, vont s’adapter le mieux et le plus vite ; la compensation quadricipitale est un des facteurs principaux, celle-ci étant significativement aidée par la rééducation. ■B - La phase de tolérance fonctionnelle C’est la phase permettant la reprise de toutes les activités, même à haut niveau. Cependant, la perturbation de la cinématique du genou est responsable d’une détérioration progressive des surfaces cartilagineuses fémoro-patellaire, et fémorotibiale ; celle-ci est précoce mais peu évolutive. Ainsi, l’analyse précise des symptômes montre que la plupart des patients présentent quelques douleurs, voire une discrète instabilité. Cette phase, qui peut être estimée à 15 ans environ, est parfois absente, voire beaucoup plus longue. a ■C - La phase de l’arthrose Essentiellement fémoro-tibiale, elle est retrouvée par H. Dejour dans 28 % des cas, en moyenne après 15 ans d’évolution, en ne prenant en compte que les pincements articulaires. Parolie et Bergfeld, qui incluent les remodelés sans pincement articulaire véritable, en retrouvent 36 % à 7 ans. L’atteinte se présente sous deux formes: fémoro-tibiale interne avec bascule progressive en varus (forme la plus évolutive), et bi-compartimentale, moins évolutive, en raison de l’équilibre frontal (Fig. 18). La scintigraphie au technecium peut être utile pour objectiver la souffrance débutante du compartiment fémoro-tibial interne, et inciter à la stabilisation chirurgicale. Les modifications du compartiment fémoro-patellaire, qui sont parfois retrouvées assez précocement, sont fréquentes et témoignent de la perturbation de la cinématique du genou; il s’agit le plus souvent d’un simple remaniement peu MÉDECINS DU SPORT 24 b Figure 18: évolution naturelle d’une laxité postérieure chronique après 18 ans. a: arthrose fémoro-tibiale interne. b: subluxation postérieure fixée du tibia avec arthrose antérieure. c: arthrose fémoro-patellaire. évolutif, traduisant la compensation quadricipitale du tiroir postérieur. ■D - Les lésions méniscales Les lésions méniscales dans les ruptures du LCP semblent en fait relativement fréquentes : environ 10 % de lésions du ménisque interne et externe sont retrouvés avant 2 mois ; au stade chronique les lésions dégénératives augmentent sur le compartiment interne avec, en fonction des séries, 20 à 30 % de lésions du ménisque interne, et 8 à 13 % de lésions du ménisque externe. A l’évolution lente, et souvent bien tolérée, des laxités postérieures isolées, il faut opposer l’évolution rapide et invalidante des laxités combinées, surtout postéropostéro-externe, qui vont nécessiter une stabilisation chirurgicale précoce. ■ N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Droit et sport Médecins du sport Mots clés Jean-Claude Mériot* Quelle(s) responsabilité(s) ? En tous temps, en tous lieux, dans les fédérations ou à l’étranger, la responsabilité civile professionnelle du médecin peut être engagée. Le contrat d’assurance de son cabinet ou de son employeur est-il suffisant, intervient-il en dehors de la territorialité ordinale du praticien ? RÔLES ET OBLIGATIONS Dans sa pratique quotidienne,le médecin du sport est amené à : ● établir les certificats de non contre-indication à la pratique du sport (loi du 23.03.1999), ● établir les certificats de non contre-indication préalable aux surclassements, ● suivre les athlètes de haut niveau, ● mettre en place l’organisation matérielle des secours, ● assurer la couverture médicale des compétitions sportives, dans des conditions de travail parfois difficiles, ● travailler dans l’urgence décisionnelle, ● apprécier l’aptitude physique. Ces conditions de travail ne sont pas sans risques et il n’est pas à l’abri de voir mettre sa responsabilité civile professionnelle en jeu. Sur les compétitions Lorsqu’il couvre une compétition ou traite un blessé, le médecin n’a pas d’obligation de résultat, mais une obligation de moyen. Il doit assurer les premiers secours et prévoir la stratégie d’évacuation. S’il a passé un contrat avec l’organisateur * Courtier d’assurance, spécialiste en médecine du sport, Strasbourg. pour définir le cadre de ses prérogatives par exemple, c’est alors une obligation contractuelle qui lui est faite et risque de tendre ainsi vers une quasi-obligation de résultat. Lors d’une compétition sportive,le médecin peut donc : ● participer à la vérification administrative des certificats médicaux obligatoires, ● reconnaître le terrain,les moyens d’évacuation, ● diriger tout le personnel mis à sa disposition, ● gérer les budgets de l’assistance médicale, ● prévoir les moyens de réanimation,d’urgence et le réseau de communication avec le SAMU et les hôpitaux, ● contribuer à la lutte anti-dopage… Il doit donc bien veiller à être assuré en responsabilité civile professionnelle, s’il commet un dommage luimême, avec une extension pour d’éventuels préposés, même occasionnels (confrère ou équipier avec lequel il a un simple lien de subordination) ou en cas de faute, d’omission ou de non-respect du contrat tacite passé avec l’organisateur (Art. 1 832 à 1 873 C. Civ) ou vis-à-vis d’un sportif ou du public (Art. 1 101 à 1 381), mais aussi lorsqu’il pratique en dehors de sa circonscription territoriale ordinale, voire même à l’étranger. Enfin, sa responsabilité, en tant que organisation matérielle des secours, devra être garantie et étendue à la responsabilité des mandataires sociaux (Art. 1 732 à 1 735 et 1 382 à 1 384 du Code Civil). SES FONCTIONS Un médecin du sport est avant tout médecin.A ce titre,il doit s’inscrire dans le cadre juridique et répondre aux critères imposés par les textes. MÉDECINS DU SPORT 26 Droit Assurance Responsabilité civile professionnelle Conduit à exercer en différents lieux et en tous temps,sa fonction se situe sur un terrain contractuel à différents niveaux. Il pourra être vacataire,bénévole,salarié, bénéficier d’un contrat de travail avec une fédération, un club, un établissement public, privé ou associatif. Dans tous les cas, il est préférable que le médecin du sport signe un contrat de travail, pour préciser ses tâches, son statut, sa rémunération et son mode, en conformité avec le schéma type du 28 janvier 1999 qui existe au CNOM. Ainsi, en cas de litige ou de différent, un document précisera ses attributions, les limites de son action et lui permettra de se défendre. Le médecin du sport est tour à tour : ● un conseiller en prévention et recommandations de toutes natures, y compris alimentaires, ● un thérapeute, ● un expert en aptitude physique, ● un surveillant des compétitions et/ou des entraînements, ● un auxiliaire de la lutte anti-dopage, ● un responsable de la sécurité des sportifs et/ou du public. Il est important de garder à l’esprit que le fait d’oublier de prévoir les secours primaires ou de ne pas interrompre la compétition alors que l’ambulance des premiers secours est partie en intervention et qu’il n’y a pas de deuxième ambulance, ou qu’un sportif lors d’une compétition est victime d’un accident cardiovasculaire grave, met en jeu la responsabilité civile et pénale du médecin. Un contrat d’assurance spécifique à cette activité de médecine du sport le garantissant en tous temps et en tous lieux, prendra alors en charge la défense civile et pénale du médecin et payera les préjudices civils. N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Le code de déontologie, précise que « le médecin est libre de ses prescriptions » mais il doit toujours informer ses patients. Il doit interroger ses patients pour savoir s’ils sont sportifs compétiteurs,et éviter de leur prescrire des produits qui pourraient “positiver”les contrôles antidopages. Omission et négligence De plus, la jurisprudence a considérablement étendu cette obligation.L’omission ou la négligence dans l’information du patient est sévèrement punie.Le juge s’appuie sur le Code Civil (Art. 16-3 de la loi du 29 juillet 1994) :« Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité thérapeutique pour la personne. Le consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir. » Il est important de savoir que le caractère tacite du consentement n’est plus accepté d’office par le juge ; sa remise en question est même fréquente,ne seraitce que pour rapporter la preuve que le médecin a bien recueilli le consentement de son patient. Cet arrêt a bel et bien inversé la charge de la preuve, qui incombe maintenant au médecin. A lui de prouver qu’il a bien informé son patient (Cour de Cassation chambre Civile du 25 février 1997). C’est un pas de plus vers l’accord éclairé et écrit du patient, puisque cette même cour avait admis, en son arrêt du 4 avril 1995, que l’information et le consentement pouvaient être oraux, le patient ne devant pas signer son accord. Il a d’ailleurs été rappelé dans cet arrêt, que toutes clauses d’exonérations de responsabilités sont réputées non écrites de par son caractère illégal (Art ; 1382, 1383, 1 384 et 1 386-15 du Code Civil). dans le cas des infections nosocomiales. Les hôpitaux sont condamnés à coup sûr, sauf à démontrer que le patient était porteur du germe en venant dans l’établissement. La responsabilité pour faute sera appréciée en fonction de son degré d’erreur ou de négligence et sa matérialité en raison de la commission d’un acte ou d’un comportement, d’un conseil ou d’une abstention. De l’obligation de moyen à l’obligation de résultats L’arrêt Mercier du 20 mai 1936 de la Cour de Cassation a permis de placer la relation médecin-patient sur le terrain contractuel. Ainsi, il suffit au patient de démontrer que le contrat ne s’est pas réalisé, sans recherche de faute du praticien, pour que sa responsabilité soit engagée. Ce n’est donc plus une obligation de moyen qui est faite au médecin, mais une quasiobligation de résultat. En plus de la réparation du préjudice de la personne (droit civil), le code pénal (Art 121-3) relève la responsabilité du praticien par imprudence, négligence, manquement aux obligations de prudence ou de sécurité, mais le fait de travailler dans l’urgence décisionnelle sur le terrain est très largement pris en compte par le juge (Art 122-7). La faute pénale peut être retenue individuellement ou collectivement (Art 121-7). Ainsi, pour tout examen, le Conseil d’Etat a précisé que « lorsque l’acte médical, accompli même dans les règles de l’art, comporte un risque de mort ou d’invalidité, le patient doit en être informé, ceci afin de lui offrir des conditions qui permettent de recueillir son consentement éclairé. » (Arrêt du 5 janvier 2000). La notion de faute La responsabilité sans faute est de plus en plus utilisée, il lui suffit de démontrer que vous n’avez pas recueilli le consentement éclairé du patient ou du sportif, pour que le juge puisse retenir une responsabilité sans faute contre vous. Mais fort heureusement, la situation intellectuelle et psychologique de la victime est prise en compte par le magistrat, pour apprécier votre degré de responsabilité. Dans le milieu hospitalier, elle est de plus en plus souvent invoquée, notamment L’information sur les risques d’exam e n doit être faite, tant par le médecin prescripteur, que par le médecin qui réalise l’examen, « afin de permettre au patient d’être en mesure à tout moment de retirer son consentement » (Cass. Civ. 29 mai 1984). MÉDECINS DU SPORT 27 Droit civil Il est important de noter qu’en Droit civil les tribunaux sont là pour réparer un préjudice subi par une victime.De ce fait la responsabilité civile du praticien peut être recherchée sur le terrain : ● extra contractuel (délictuel ou quasi délictuel) sur la base des Art 1 382 à 1 386 du Code Civil ; ● contractuel,dont la source est un engagement préalable (contrat qui à force de loi entre les parties). L’assurance responsabilité civile souscrite doit permettre, en cas de mise en cause de la responsabilité du praticien, de réparer le préjudice en indemnisant la victime. Droit pénal En Droit pénal, il en va tout autrement. Il s’agit pour l’auteur du dommage de réparer la faute qu’il a commise visà-vis de la Société. Le “coupable” est puni d’une amende qui peut être assortie d’une peine privative de liberté. Cette dernière sera soit exécutée préventivement (détention préventive en attendant d’être jugé) et sera limitée à la durée déjà effectuée. Mais il se peut qu’elle aille audelà, le prévenu sera alors incarcéré à l’issue du procès. Si la peine est prononcée avec sursis, elle ne sera exécutable que si une autre condamnation devait intervenir ultérieurement,les deux peines se cumulant. Une procédure pénale peut-être déclenchée par simple plainte (Art. 85 du Code de procédure pénale). Si celle-ci s’effectue auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal, avec création de partie civile, la mise en examen est immédiatement prononcée. Il est important de vérifier que votre contrat d’assurance prend en charge les frais d’avocat pour votre défense pénale. Ils sont généralement indiqués avec un montant maximum d’honoraires pris en charge par litige. Cependant, l’assureur ne payera pas vos amendes et n’ira pas à votre place en prison ! N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Droit et sport LE DEVOIR D’INFORMATION Droit et sport Les principaux risques de responsabilité pénale Atteinte à la vie ou à l’intégrité physique. Non-assistance à personne en danger. ● Violation du secret professionnel. effectuera des soins d’urgence,ne pourra pas recevoir de frais d’actes de consultations.Il pourra être défrayé ou être indemnisé par l’organisateur. ● ● Pour invoquer la responsabilité pénale il faut qu’il y ait une faute, un préjudice et un lien de causalité entre les deux. L’EXPERTISE Le médecin du sport peut être sollicité pour “expertiser”l’aptitude du sportif,son profil,son état de santé après un accident, l’évaluation de son potentiel pour la compétition ou pour son recrutement par un club sportif. Le médecin du sport est tenu au secret professionnel qui, s’il ne s’oppose surtout pas aux malades ou aux sportifs, s’impose vis-à-vis des tiers. Il ne doit jamais rien divulguer à la presse de l’état de santé des sportifs qu’il est amené à examiner (bulletins de santé), même si le sportif examiné veut le délier expressément du secret professionnel. Seul le sportif lui-même est habilité à faire un communiqué sur son état de santé. L’article 4 du code de déontologie va dans ce sens, puisqu’il ne permet pas aux sportifs de lever le médecin de son secret professionnel. Si l’entraîneur demande au médecin son avis médical sur l’état de santé d’un sportif, celui-ci ne peut donner qu’un pronostic fonctionnel et en aucun cas un diagnostic, seul le patient peut renseigner l’entraîneur sur son état de santé. Ainsi, avec l’entraîneur, le médecin peut parler éventuellement des aspects qui concernent la pratique de l’entraînement. Le médecin qui agit en expertise, se trouve dans une situation contractuelle avec le sportif qu’il examine,que celui-ci l’ait choisi ou non. Dans tous les cas, l’examen ne pourra se faire qu’avec le consentement du sportif. Notamment pour les épreuves d’effort,le médecin doit tenir compte des recommandations de la Société française de médecine du sport (1, 2). Un certificat de non contre-indication à la pratique des sports est obligatoire pour tous compétiteurs licenciés ou non tel qu’il est prévu dans la loi 84-610 du 16.07.1984 et précisé par le décret d’application 87-473 du 01.07.1987, et la loi 99-223 du 23 mars 1999. Il est valable pour un an, pour toutes compétitions, que le sportif soit licencié ou non. Pour des sports à risques, les fédérations doivent établir un protocole spécifique (Art 5 de la loi 99-223). Dans tous les cas, pour la surveillance des sportifs de haut niveau, le CES ou la capacité de médecine du sport est obligatoire suite au décret de 1987. COUVERTURE MÉDICALE DES COMPÉTITIONS L’organisateur est responsable de tout, y compris d’une demande d’ouverture de compétition auprès du Préfet, surtout si elle se passe sur la voie publique.Le médecin recruté par l’organisateur est pleinement responsable de toute la couverture médicale et, à ce titre, il n’est pas subordonné à l’organisateur. Il est donc indispensable de se faire préciser l’étendue de son mandat, notamment s’il doit également s’occuper du public, sur les moyens et les lieux de travail et d’exercice de la médecine. Dans tous les cas, il est responsable de l’organisation matérielle des secours. Il MÉDECINS DU SPORT 28 Il est vivement conseillé de passer un contrat avec l’organisateur, définissant les responsabilités et les moyens donnés au médecin, car il est véritablement l’organisateur et le chef de l’équipe médicale. Il est important de veiller que le contrat d’assurance souscrit couvre cette activité d’organisateur et de mandataire avec des préposés. Le cas du public Dans le cadre de manifestations avec la présence d’un public important, à défaut, l’équipe médicale qui couvre la manifestation devient responsable de l’assistance médicale pour le public.En revanche,toutes les manifestations en salle ou en stade bénéficient d’une réglementation spécifique pour la couverture médicale du public. Renseignez-vous bien avant d’accepter d’être le médecin de cette compétition. Rappelez-vous que si l’ambulance, ou vous-même, quitte le terrain, la compétition doit être suspendue. Il est impératif de vérifier que l’assurance responsabilité civile qui couvre le médecin le garantit en tous temps et en tous lieux : ● même s’il ne perçoit aucune rémunération ; ● ne procède à aucune prescription ; ● puisse intervenir en tous temps, en tous lieux, y compris sur la voie publique ; ● puisse intervenir en dehors de son lieu de prescription ordinal ; ● s’il soigne des sportifs amateurs, même de haut niveau ; ● s’il surveille l’entraînement et conseille le sportif ; ● s’il intervient comme expert ; ● s’il assume la responsabilité de l’organisation de la sécurité d’une compétition. Lorsque le praticien doit exercer en dehors de sa territorialité ordinale, pour être en règle visà-vis de l’Ordre, il doit l’en aviser et solliciter l’autorisation temporaire d’exercice hors de son lieu ordinal habituel (Art. L 462 du code de santé public) pour justifier de sa demande, il lui suffit de présenter le contrat qu’il a passé avec l’organisateur. N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Sportifs professionnels L’assurance responsabilité civile devra le garantir en tous temps et en tous lieux sans restriction ;si la responsabilité civile du cabinet n’a pas cette extension ou si le praticien est salarié,il pourra souscrire le contrat médecine du sport.Il est à noter que parfois, même dans le cadre de la médecine traditionnelle, les assureurs excluent ou perçoivent une surprime,soit pour certains actes à haut risque (anesthésie),soit parce qu’ils soignent des sportifs professionnels pour lesquels le préjudice financier pourrait être important (soigner un rhume avec un produit qui pourrait se révéler positif au contrôle antidopage). Même si le sportif professionnel venait à donner son accord, il ne faut jamais oublier qu’il est conseillé par un impresario, des soigneurs, ou un agent qui, lui, pourrait trouver un intérêt à vous attaquer. Le préjudice accessoire qui peut vous être réclamé risque d’être bien plus important que le préjudice principal.Aussi, lorsque vous soignez, surveillez, prescrivez pour des sportifs professionnels ou des personnes du show bisness, vérifiez que votre assureur vous garantit pour intervenir sur ce type de profession. CONTRÔLE ANTIDOPAGE ET SECRET MÉDICAL En cas de suspicion de dopage,le médecin peut orienter la personne vers les antennes médicales des CHU qui peuvent lui apporter aide et conseil. A la vue des signes évocateurs du dopage, le médecin doit refuser la délivrance du certificat médical de non contre-indication à la pratique des sports. Les contrôles peuvent être effectués en tous lieux, entre 6 et 21 heures, pendant la compétition ou sur le lieu de l’entraînement,et en tout état de cause,sauf dans la chambre du sportif, avec la rogation d’un juge, le contrôleur peut saisir tout objet ou document inhérent au dopage. Un procès-verbal doit être adressé au Procureur de la République compétent territorialement, dans les 5 jours. Les relations du médecin avec les antennes médicales de lutte contre le dopage, doivent respecter le secret médical. “Le secret médical” Si vous deviez malgré tout prescrire un produit qui est interdit ou qui peut se révéler positif au contrôle antidopage, il est obligatoire de préciser cela à votre patient, en lui indiquant clairement par écrit sur l’ordonnance, que la prise de ce produit est incompatible avec la pratique du sport en compétition. Le décret N° 95-1 000 du 6 septembre 1995 étend le secret professionnel du médecin, comme du paramédical, à tout ce dont il a eu connaissance dans l’exercice de ses fonctions,c’est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu, entendu ou compris. En procédure civile (Art. 10 et 11 du Sportif professionnel Sportif qui ne vit que de ses performances, du sponsoring et des cachets versés par le club qui l’emploie, par opposition à un sportif amateur, même s’il est détaché à plein temps par son employeur ou son administration, de par son statut de sportif de haut niveau. MÉDECINS DU SPORT NCPC), le secret médical est considéré comme un“empêchement légitime”qui permet au praticien de refuser de communiquer,même à un juge lors d’un procès,un document ou une pièce qui contient des renseignements concernant la santé ou la vie privée de la personne qu’il suit. Pour celui qui ne respecterait pas ces préceptes, l’article 4 du Code de déontologie précise que le médecin est tenu au secret professionnel et on ne parle plus de secret médical. De plus, le Code pénal, dans son Art.226-13, prévoit des sanctions allant jusqu’à 100 000 francs d’amende et un an de prison. La levée du “secret médical” Le praticien peut être délié du secret dans certains cas où la loi l’y autorise,voire l’impose. Il y a bien sûr les cas de sévices ou de privations,mais également du dopage. Par ailleurs en matière d’assurance, la levée du secret professionnel a été autorisée par la jurisprudence.En effet,les tribunaux admettent le droit pour l’assureur de demander une expertise médicale destinée à vérifier l’exactitude de la déclaration de la personne pour évaluer le risque. Il s’agit de savoir pour la compagnie si la déclaration faite par son assuré est sincère et véritable. Dans cette hypothèse, il est admis que le médecin traitant ne peut s’opposer à communiquer à l’expert judiciaire les éléments lui permettant d’évaluer si l’intéressé n’a pas fait de fausse déclaration,« dès lors que le médecin traitant ne donne aucune indication sur le genre ou les causes de la maladie dont le souscripteur pouvait être atteint en dépit de ses déclarations contraires » (TGI 18 décembre 1989). Pour la Cour de Cassation (1 re Ch Civile 3 janvier 1991), le respect du secret professionnel est destiné à protéger des intérêts légitimes (le droit pour le patient à s’opposer à la divulgation de son état de santé,le droit au respect de sa vie privée) et c’est le détourner de sa finalité que de faire échec à l’exécution de la bonne foi d’un contrat d’assurances, en refusant la communication de documents médicaux. ■ Pour en savoir plus (1) Société Française de Médecine du sport 1998 ; 13 : 174-187. (2) Société Française de Médecine du sport 1999 ; 14 : 5-6. 29 N° 49-JANVIER/FÉVRIER 2002 Droit et sport A défaut de précisions par l’organisateur, l’équipe médicale qui couvre la compétition devra s’occuper également du public,d’où la nécessité d’avoir un contrat avec l’organisateur. ■ CAS CLINIQUE MDS 43 Un syndrome de loge inhabituel MDS 44 Deux ressauts de genou MDS 45 Une curieuse image du cuboïde MDS 48 Une fausse méralgie Index par rubrique MDS 45 Championnats d’Europe de surf Championnats du Monde d’escrime Championnats du Monde de triathlon 1re coupe d’Europe des clubs de gymnastique MDS 46 COMPTE RENDU CONGRÉS MDS 42 Mildt /5-6déc 2000 pratiques sportives des jeunes et conduites à risques DÉCOUVERTE D’UN SPORT MDS 44 Hockey sur gazon MDS 45 La plongée sub-aquatique et l’enfant DOSSIER MDS 41 MDS 42 MDS 43 MDS 44 MDS 45 MDS 46 MDS 47 MDS 48 Hématologie et sport 1re partie Hématologie et sport 2e partie Diagnostic des tendinopathies de la cheville Fracture de fatigue et périostite Rhumatologie interventionnelle Sport et enfant Maladies Chroniques et sport 1re partie (épilepsies/asthme) Maladies Chroniques et sport 2e partie (Arthrose/hypertension artérielle) MDS 47 MDS 48 ■ FICHE TECHNIQUE MDS 42 Genu varum douloureux et semelles orthopédiques MDS 47 Isocinétisme et sport MDS 48 Traitement de la tendinite d’Achille : place du Laser CO2 IMAGERIE MDS 43 INDEX MDS MDS 42 MATÉRIEL MDS 48 Radiographies de l’épaule traumatique 1996-2000 : 5 ans de Médecins du Sport Examen “clinique” de la chaussure de course à pied ■ MISE AU POINT MDS 41 Tendinopathie de pointe et syndrome rotulien MDS 48 Etude clinique : cycle menstruel et performances sportives ■ NUTRITION MDS 46 ■ PRATIQUE MDS 46 Les fibres Quel sport pour quel enfant ? ■ PROFESSION MDS 42 L’information du patient : une obligation ■ REEDUCATION MDS 41 Les techniques de gain d’amplitude MDS 43 La physiothérapie ■ TECHNOPATHIE MDS 47 Aponévrosite plantaire et basket-ball ■ THÉRAPEUTIQUE MDS 46 Prescription de glucocorticoïdes : les risques médico-légaux MDS 47 Tendinopathies de la cheville : modalités thérapeutiques ■ DROIT ET SPORT MDS 41 L’arrêt Bosman ■ ÉPIDÉMIOLOGIE MDS 44 Etude des impacts talon/sol chez de jeunes footballeurs ■ ÉVÉNEMENT MDS 41 Coupe du Monde de rugby à 7 MDS 42 Championnats du monde de Handball MDS 43 Le marathon de Paris MDS 44 Les sports d’eau vive EDECINS DU SP RT Retrouvez la liste complète des articles publiés dans médecins du Sport, référencés depuis sa création sur le site internet : www.menarini.fr Index 2001 Les articles parus dans la revue en 2001 Cas clinique D.R. D.R. Une grosse fesse ➊ D.R. Le diagnostic de lésion musculaire impose de retrouver un contexte traumatique, intrinsèque ou extrinsèque, et une symptomatologie fonctionnelle cohérente dans les suites. Méfiance ! Drs Hervé de Labareyre* et Bernard Roger* UNE MAUVAISE CHUTE participation à une autre compétition 10 jours après la chute. Mademoiselle Y.,26 ans,coureuse internationale de demi-fond,percute une autre coureuse lors de l’échauffement d’une compétition en salle et chute sur le côté gauche. Elle peut néanmoins courir sa série quelques dizaines de minutes plus tard et même la finale le surlendemain,sans gêne particulière. La douleur est néanmoins avivée après cette épreuve avec apparition d’une douleur en position assise. Elle note également une tuméfaction locale. Une première échographie mentionne l’existence d’un hématome intramusculaire dans le grand glutéal. Trois jours après la chute,apparaissent des tiraillements dans la fesse gauche,générant des douleurs pendant 15 minutes lors de la phase d’échauffement des footings. Cette gêne douloureuse, persistante, est attribuée à une lésion musculaire mineure, mais n’empêche pas sa * Clinique des Lilas, Les Lilas. Après une période d’entraînement moins intensif pendant laquelle la symptomatologie semble s’améliorer, une nouvelle tentative de compétition s’avère très pénible avec réactivation des douleurs et du gonflement de la fesse.Une deuxième échographie confirme l’existence d’un hématome intramusculaire plutôt plus important que lors du premier examen. MÉDECINS DU SPORT 33 ➋ Figure 1 : coupe IRM axiale T1. Spontanément, cette étude axiale T1 ne montre pas de façon évidente d’anomalie morphologique ou de signal intramusculaire. Il existe, en revanche une modification en périphérie du muscle grand glutéal gauche, au contact de la graisse souscutanée. Figure 2 : coupe axiale T2 fat sat. Le muscle grand glutéal gauche apparaît globalement en hypersignal et de façon plus ou moins diffuse. On individualise une formation bien limitée en hypersignal intense, ovalaire et superficielle dans le muscle et correspondant à une collection. N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002 D.R. D.R. Cas clinique RÉFLEXIONS AUTOUR D’UN ABCÈS La découverte de cet abcès amène plusieurs réflexions,toujours plus faciles,une fois la solution connue : Il ne faut pas mettre trop facilement une étiquette de lésion musculaire si la symptomatologie fonctionnelle n’est pas parfaitement cohérente. Même si l’hypothèse du traumatisme initial était possible dans ce cas, il n’est pas cohérent de pouvoir courir 2 courses en trois jours sans gêne fonctionnelle,encore moins lors de la deuxième tentative, même en cas d’apparition retardée d’un hématome ; ● ➌ Mots clés Une lésion musculaire authentique, collectée ou non, n’a pas de raison d’évoluer selon un mode inflammatoire, même si des troubles fonctionnels peuvent persister longtemps, en particulier si la prise en charge n’est pas appropriée ; ● Fer Abcès IRM Fesse UNE FESSE GONFLÉE Lors de sa première consultation,5 semaines après le traumatisme initial, on note une très grosse fesse indurée, douloureuse à la mobilisation et à la contraction, ainsi qu’une discrète adénopathie inguinale homolatérale, sensible à la palpation. Il n’est pas noté de signes généraux. Une IRM est demandée immédiatement. Le compte rendu mentionne une « collection intramusculaire développée dans les muscles fessiers gauches, à contenu séro-hématique. Il s’agit d’un contenu épais, non liquidien pur et non hématique pur. Cette formation mesure environ 3 cm de diamètre et s’accompagne d’une importante réaction œdémateuse et inflammatoire intramusculaire.» Devant ce tableau d’évolution chronique avec collection manifeste à l’IRM, il est décidé de réaliser une ponction sous contrôle échographique. Il est retiré 5 cm3 de pus. L’analyse cyto-bactériologique met en évidence quelques jours plus tard un staphylococcus aureus, sensible aux deux antibiotiques prescrits d’emblée. La surveillance clinique et IRM effectuée 8 jours puis 1 mois plus tard montrent une diminution rapide de la symptomatologie et des images. La reprise de l’entraînement est alors autorisée, mais il s’avère que celui-ci a déjà été repris 15 jours avant l’autorisation officielle… Cette athlète a pu retrouver son niveau pour la saison estivale suivante. ● Sans effraction cutanée et sans circonstance favorisante patente chez cette athlète (diabète,déficit immunitaire), il a bien fallu pousser l’interrogatoire un peu plus loin pour rechercher la cause de cette infection.L’explication donnée est finalement la plus simple :il s’agirait de l’utilisation répétée de supplémentation en fer par voie injectable, les injections étant réalisées dans des lieux et par des personnes pas toujours appropriés. Ceci serait en concordance avec le compte rendu d’IRM initial qui précise qu’il « existe, dans les muscles fessiers droits, des anomalies de signal correspondant à des dépôts d’hémosidérine.» Ces dépôts étaient,initialement, totalement noyés dans l’œdème du côté gauche et ne sont devenus visibles que secondairement, ils peuvent être considérés comme les cicatrices IRM des injections de fer, visibles dans les deux fesses. CONCLUSION La découverte imprévue de cet abcès a rétrospectivement fait prendre le risque d’une dissémination locale ou générale lors de la ponction, tout comme la reprise prématurée de l’entraînement… Une évolution défavorable malgré le traitement aurait pu conduire à un drainage chirurgical. En dehors du fait que la supériorité de MÉDECINS DU SPORT 34 ➍ Figure 3 : coupe IRM axiale T1 IV fat sat. Cette séquence est réalisée après injection IV de contraste. On met ainsi en évidence les modifications par rapport à la séquence T1 : le muscle grand glutéal gauche est en hypersignal et de façon diffuse et la formation qui était en hypersignal T2 apparaît maintenant en hyposignal intense, confirmant ainsi son caractère liquidien et mixte. Figure 4 : coupe IRM frontale T1. Le signal des deux muscles grands glutéaux apparaît en fait légèrement hétérogène sur cette séquence, et cela indépendamment des zones d’œdème car celles-ci n’étaient localisées qu’au muscle grand fessier gauche. Il s’agit en fait de dépôts d’hémosidérine consécutifs à des injections intra-musculaires, rétrospectivement visibles sur la coupe axiale T1. l’efficacité du traitement par le fer injectable, par rapport au traitement oral n’a jamais été clairement démontrée chez le sportif (la tolérance digestive est meilleure mais cela justifie-t-il un geste invasif ?), on connaît les risques de tatouage et l’apparition de lésions musculaires malignes a été rapportée chez l’animal. Cette observation donne un argument supplémentaire contre les supplémentations en fer par voie injectable. ■ N°49-JANVIER/FÉVRIER 2002