La végétation fait Le mur

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La végétation fait Le mur
Photo Pascal Raso
Mur végétal et plantes grimpantes
dans une salle d’eau.
Mur intérieur à la Galerie Verte, Paris.
Réalisation des Jardins de Babylon
(www.jardindebabylone.fr).
La
végétation fait le mur
Pour voir la vie en vert, osons le mur végétal. Une autre manière d’inviter
la nature chez soi. Evelyne Malod-Dognin
En milieu urbain, le végétal tend à récupérer à la verticale l’espace
qu’il a perdu à l’horizontale. Les façades vertes se multiplient au gré
de nouveaux systèmes permettant aux végétaux de croître et de se
multiplier et de réinvestir la ville. Elles participent ainsi à la qualité
de vie en contribuant à la fraîcheur en été et à la réduction du bruit
ambiant. Mais la tendance végétale gagne aussi du terrain dans l’habitat. Courette, patio, mur, minijardin se prêtent aussi à la végétalisation
verticale; une manière astucieuse d’inviter la nature tout en préservant
la surface de son terrain. De l’extérieur à l’intérieur, il n’y a qu’un pas,
de plus en plus souvent franchi. Plutôt que d’investir l’espace et le sol
de sa maison avec des pots garnis de plantes exubérantes, pourquoi
ne pas consacrer un pan entier de mur à la végétation? Outre son
côté spectaculaire, ce choix permet souvent de sublimer des recoins
ingrats, comme une cage d’escalier, par exemple. Par ailleurs, une
paroi végétale peut aussi générer une séparation verdoyante dans un
grand espace, revêtir l’angle d’une pièce et prendre différents aspects
selon que l’on en attend une fonction utilitaire ou essentiellement décorative. Tableau vivant ou véritable jardin intérieur, tout est possible
ou presque, certaines entreprises du paysage ont en effet développé
des concepts qui se plient à nombre de configurations. Des systèmes
qui sont aussi étudiés pour favoriser la mixité des végétaux, en associant des feuillages de différentes formes et couleurs. Le mur devient
ainsi complètement partie intégrante du décor. Par ailleurs, on trouve
sur le marché quantité de produits destinés à la création de ce type
d’installation. Ils se présentent souvent sous forme de modules à juxtaposer, dotés de cavités permettant d’installer les plantes dans une
niche de substrat, celui-là étant le plus souvent du terreau. Un système
d’irrigation est généralement fourni dans le kit. Ces équipements à
poser soi-même nécessitent toutefois de la vigilance. En effet, malgré
les apparences, installer un mur végétal à l’intérieur de sa maison ne
s’improvise pas. Les principaux risques étant d’aboutir à la dégradation du mur support sous l’effet d’un excès d’humidité ou de voir les
plantes végéter ou mourir faute d’avoir su choisir les mieux à même de
se développer dans ce genre de conditions. Avant de se lancer, il faut
savoir que la pérennité et la beauté d’un jardin vertical vont de pair
avec de l’attention et de la constance dans l’entretien.
espaces contemporains I 169
Photo: Vertiss
Un système à usage multiple
Dans un patio, un mur végétal
agrémenté d’une lame d’eau
se déversant dans un bassin.
Pour réaliser ce jardin vertical dans un patio, l’entreprise globale du
paysage Green Art (www.greenartsa.com) a fait appel au système VertissTM. Son principe repose sur l’association d’une structure métallique,
fixée contre le support à végétaliser, et de modules préfabriqués en polypropylène expansé haute densité, disponibles en différents coloris.
Résistant aux UV comme au gel, au feu, aux nitrates et autres diverses
substances, ce matériau contribue également à réguler les températures
et le bruit et, détail important, il est recyclable.
Par sa maniabilité, le concept VertissTM s’adapte à moult configurations. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, que ce soit en appui contre un
mur existant ou en cloisons autoportantes. A noter que dans ce dernier
cas la végétation garnit les deux faces de la paroi, et celle-là ne peut
excéder 2,30 mètres de hauteur. Une solution verte pour cloisonner un
espace intérieur ou pour délimiter des terrasses et des petits jardins.
Ici, les poches de plantation ont été pensées pour permettre un développement racinaire suffisant à la croissance optimale des plantes. De
plus, leur angle d’inclinaison respecte le géotropisme des végétaux,
autrement dit l’orientation naturelle de leur implantation, ce qui contribue également à leur bonne santé dans la durée. Le substrat de culture
remplissant les poches est composé d’argile expansée, de matière inerte type pouzzolane et
de particules retenant l’eau. Un
tuyau d’arrosage automatique,
de type goutte-à-goutte, est installé au sommet de chaque module. Il suffit de deux arrosages
de deux minutes par jour pour
assurer l’irrigation. Eau et engrais
sont donc réduits au minimum.
Autre aspect d’importance, les
végétaux doivent être choisis en
fonction de la situation du mur
végétal, mais les possibilités de
composition sont extrêmement
vastes. Et pour les impatients,
il est possible de se faire livrer
des modules précultivés en pépinière.
Dans un restaurant japonais
à Hambourg.
(réalisation Green Art SA).
A l’extérieur
Réalisé en extérieur, ce mur végétal est composé de briques de sphaigne,
une mousse naturelle à forte capacité de rétention d’eau, fixées sur une grille
support. Au sommet a pris place un système d’arrosage par goutte-à-goutte.
Ce mur est planté de touffes rases qui jouent les contrastes de teintes,
comme dans un tableau. Pour indication, il a fallu 2200 sagines (les touffes
vertes), 100 saxifrages (les taches grises) et 100 thyms laineux pour créer
cette paroi végétale. De part et d’autre du mur, du jasmin étoilé grimpant
installé dans des pots ajoute du relief et une touche d’exubérance à la
composition (réalisation Jacquet SA, Genève).
170 I espaces contemporains