Seuils dissipateurs d`énergie
Transcription
Seuils dissipateurs d`énergie
CHAPITRE 16 Seuils dissipateurs d’énergie 16.1 INTRODUCTION L’érosion du lit et des berges du cours d’eau survient lorsque les forces générées par l’écoulement sont supérieures aux forces stabilisatrices du cours d’eau. L’augmentation de la résistance à l’écoulement par l’enrochement ou la stabilisation des talus par l’implantation de végétation sont des moyens pour diminuer cette érosion. Lorsque ces moyens s’avèrent inefficaces ou trop onéreux, l’utilisation de seuils dissipateurs d’énergie devient nécessaire. Le design et la construction de ces ouvrages, afin qu’ils soient efficaces et sécuritaires, nécessitent une connaissance des principes de base. Le but de ce texte est de présenter les éléments théoriques permettant d’effectuer un design approprié des seuils dissipateurs d’énergie. Le design des seuils dissipateurs d’énergie a fait l’objet de plus de 50 publications. Ainsi, les éléments théoriques et pratiques ont été abondamment traités car les seuils sont des éléments hydrauliques essentiels dans la construction des déversoirs de sécurité dans les barrages. L’utilisation des seuils dissipateurs d’énergie dans les cours d’eau profitent de ces développements théoriques. 16.2 COURS D’EAU, DISSIPATION DE L’ÉNERGIE ET SEUILS L’eau qui s’écoule dans un canal ou un cours d’eau doit dissiper son énergie potentielle à un rythme proportionnel à la pente d’écoulement (figure 16.1). Cette énergie est dissipée par la friction de l’eau avec les talus et le fond du cours d’eau. Tant que les forces stabilisatrices sont plus grandes que les forces d’arrachement provoquées par la friction, le cours d’eau ne s’érode pas. La notion de force d’arrachement s’exprime aussi en terme de vitesse maximale, terme bien connu des ingénieurs et des traités d’hydraulique. Lorsque les forces d’arrachement sont plus grandes que les forces de résistance ou que la vitesse est supérieure à la vitesse maximale, l’érosion du cours d’eau s’amorce et le cours d’eau se dégrade 216 SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE Figure 16.1 Schéma de l’écoulement dans un cours d’eau normal. d’une façon plus ou moins importante. Lorsque cette situation se présente au niveau du design, le rayon hydraulique peut être diminué en diminuant la profondeur du cours d’eau et en l’élargissant. Cette situation a ses limites. Il est aussi possible d’augmenter la résistance du cours d’eau par l’enrochement ou la stabilisation des talus avec l’implantation de végétation. Par contre, l’implantation de végétation au fond des cours d’eau est impossible. Si l’enrochement est techniquement réalisable, ses coûts sont un handicap à son utilisation à grande échelle. Une autre approche existe et consiste à aménager le cours d’eau (figure 16.2) pour qu’il dissipe l’énergie qu’il peut dissiper naturellement et à aménager à intervalles réguliers des structures hydrauliques qui dissipent le surplus d’énergie. Ces structures sont des seuils dissipateurs d’énergie. Ainsi, la protection est concentrée en des endroits localisés représentant une faible portion du tronçon. Maintenant, l’étude des seuils dissipateurs d’énergie est justifiée. Figure 16.2 Schéma d’un cours d’eau avec structure de dissipation d’énergie. COMPOSANTES ET TYPES DE SEUILS 217 16.2.1 Pente maximale En supposant un écoulement uniforme entre les seuils et en considérant la notion de vitesse maximale, l’équation des vitesses de Manning permet d’exprimer la pente maximale de l’écoulement et du fond entre les seuils : S max ≤ V 2max n 2 Rh 43 [16.1] Smax = pente maximale de l’écoulement et du fond du cours d’eau (m/m) Vmax = vitesse maximale d’écoulement (m/s) n = coefficient de rugosité (s/m1/3) Rh = rayon hydraulique de la section mouillée du cours d’eau (m) 16.3 COMPOSANTES ET TYPES DE SEUILS Avant d’entreprendre l’étude théorique du fonctionnement des seuils dissipateurs d’énergie, il est nécessaire d’identifier les composantes et les principes de fonctionnement. 16.3.1 Composantes La figure 16.3 présente les composantes d’un seuil dissipateur d’énergie dans une perspective de design. Un seuil est composé d’une zone d’approche, d’un déversoir, d’un coeur qui provoque une chute, d’un bassin de dissipation et d’une zone aval. Figure 16.3 Schéma d’un seuil dissipateur d’énergie en terme de structure. La figure 16.4 présente les écoulements rencontrés dans un seuil dissipateur d’énergie. En amont de la zone d’approche, l’écoulement est considéré comme uniforme avec une profondeur d’écoulement normale yn . L’écoulement qui est alors fluvial y devient graduellement modifié dans la zone d’approche. Il y devient critique au--dessus de la crête du déversoir (profondeur critique yc ) avant de passer à SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE 218 un écoulement torrentiel (supercritique) dans la zone de chute. Le ressaut hydraulique se forme dans le bassin avec les hauteurs conjuguées y1 et y2 respectivement à l’entrée et à la sortie du ressaut. L’écoulement redevient fluvial dans la zone aval avec la profondeur y3 . Le ressaut est l’élément clé du seuil car le passage de l’écoulement torrentiel à l’écoulement fluvial provoque un bouillonnement de l’eau qui dissipe une grande quantité d’énergie. Écou. fluvial graduellement varié Écou. critique Ressaut Écou. fluvial graduellement varié Écou. torrentiel grad. varié Figure 16.4 Schéma des écoulements rencontrés dans un seuil dissipateur d’énergie. 16.3.2 Types de seuils Les seuils sont classifiés en fonction des types de coeur (chute) et de bassin qui les composent. Nous rencontrons deux types de coeur ou chute (figure 16.5) : S chute verticale; S chute inclinée. Chute inclinée Figure 16.5 Type de chute. Chute verticale COMPOSANTES ET TYPES DE SEUILS 219 et quatre principaux types de bassin (figure 16.6) S fosse naturelle; S fosse naturelle avec contre--épi; S bassin en dépression; S bassin en devers. Fosse naturelle Bassin en dépression Fosse naturelle avec contre--épi Bassin en devers Figure 16.6 Type de bassin de dissipation d’énergie. Si les quatre types de bassin peuvent se rencontrer théoriquement avec les deux types de chute, les fosses naturelles se rencontrent principalement avec la chute verticale alors que les bassins en devers ou en dépression peuvent se rencontrer avec les deux types de chute. Le terme bassin suppose la construction d’un radier sur son fond. Dans les cours d’eau de petite taille, les types de seuils dissipateurs qui semblent présenter le plus d’intérêt sont (figure 16.7) : S la chute inclinée avec bassin en dépression; S la chute verticale avec fosse naturelle; S les seuils en escalier. Les seuils en escalier sont une succession de chutes verticales avec, en général, des bassins en devers. Les bassins en devers sont peu d’intérêt pour les seuils de faible dénivellation car le contre--épi provoque en aval la création d’un deuxième ressaut qu’il faut dimensionner et protéger. Son intérêt n’est manifeste que pour les chutes importantes et dans les seuils en escalier. Dans ce dernier cas, le contre-épi joue le rôle de déversoir de crête. SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE 220 Chute inclinée avec bassin en dépression Chute verticale verticale avec fosse naturelle Seuil en escalier Figure 16.7 Exemples de types de seuil. 16.4 CONCEPTION D’UN SEUIL Le seuil dissipateur d’énergie comporte quatre parties : un canal d’approche en amont de la chute, un déversoir au--dessus de la crête, un bassin de dissipation qui comprend la chute (inclinée ou verticale) et le ressaut ainsi que le canal de sortie. La philosophie générale de design est de concevoir l’ensemble déversoir, chute et bassin pour ne pas influencer l’écoulement amont et pour être le moins indépendant de l’écoulement aval. ZONE D’APPROCHE ET DÉVERSOIR 221 16.5 ZONE D’APPROCHE ET DÉVERSOIR Il existe deux façons de concevoir le déversoir du seuil (le déversoir) et la zone d’approche : 1. le déversoir du seuil occupe la pleine largeur du cours d’eau; 2. le déversoir provoque un rétrécissement de l’écoulement. 16.5.1 Déversoir occupant la pleine largeur du cours d’eau Lorsque le déversoir occupe la pleine largeur du cours d’eau, l’écoulement à l’amont du déversoir passera d’un écoulement uniforme à un écoulement graduellement varié pour devenir un écoulement critique quelque part au--dessus de la crête du seuil (figure 16.8). Cela implique que la vitesse de l’écoulement va graduellement augmenter pour atteindre la vitesse critique au--dessus du seuil. Ainsi, il faut déterminer la longueur de cette zone d’approche où la vitesse sera plus grande que la vitesse maximale permise car cette zone devra être protégée. Pour minimiser la zone d’approche à protéger, il serait prudent de choisir une pente du cours d’eau entre les seuils plus faible que la pente maximale. La détermination de la zone de protection s’effectue en calculant la courbe de remous (profondeur d’écoulement et vitesse d’écoulement) à l’amont de la crête du seuil en solutionnant l’équation de l’écoulement graduellement varié (chapitre 8). Figure 16.8 Schéma de l’écoulement lorsque la crête du seuil occupe la pleine largeur du cours d’eau. 16.5.2 Déversoir de contrôle La deuxième approche consiste à concevoir un déversoir sur la crête du seuil qui influence peu l’écoulement à l’arrière du déversoir. Pour maintenir l’écoulement normal à l’arrière du déversoir, il faut que celui--ci soit plus étroit que le cours d’eau. Ce rétrécissement est bénéfique car il permet de concentrer l’écoulement au centre du canal, de diminuer les vitesses d’écoulement sur les talus dans la zone très proche de la crête et d’éliminer virtuellement la nécessité de protéger la zone d’approche 222 SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE car celle--ci devient négligeable. Pour atteindre cet objectif, le déversoir doit provoquer à l’amont une hauteur d’écoulement supérieure à la hauteur normale d’écoulement dans les cours d’eau. Le déversoir peut être de section rectangulaire ou trapézoïdale. Les sections trapézoïdales sont plus stables mécaniquement mais plus difficiles à réaliser que les sections rectangulaires. Pour calculer la largeur du déversoir, les équations des déversoirs à seuil épais sont utilisées. 16.5.3 Seuils dans un cours d’eau dégradé Lorsque les seuils sont installés dans des cours d’eau dégradés pour corriger la situation, la section d’écoulement sera non régulière et l’écoulement sera non uniforme. Le calcul de la courbe de remous et des vitesses d’écoulement devra être effectué à l’amont du seuil en considérant les deux cas extrêmes : cours d’eau non remplis de sédiments à l’amont du seuil et cours d’eau remplis de sédiments à l’amont du seuil. Cette vérification permet de s’assurer que les vitesses d’écoulement seront toujours en deçà de la vitesse maximale tolérée. 16.5.4 Courbe de remous en amont de la crête Le calcul de la courbe de remous en amont de la crête nous oblige à considérer certains aspects. L’écoulement en amont de la chute étant généralement fluvial, c’est l’extrémité du canal d’approche (le déversoir) qui devient la section de contrôle. Comme le calcul des courbes de remous s’effectuent à partir de la section de contrôle, il importe de connaître les caractéristiques de l’écoulement dans cette région. Deux hauteurs sont à retenir : la hauteur critique yc et la hauteur sur la crête yb (figure 16.9). L’écoulement, passant de fluvial à torrentiel, devra être critique en un certain point. Figure 16.9 Canal d’approche (adapté de Skogerboe et al., 1971). En première approximation, celui--ci se situerait complètement à l’extrémité du canal d’approche. Cependant, à cause de la courbure des lignes de courant non parallèles, l’écoulement critique de hau- CHUTE INCLINÉE 223 teur yc sera situé à une distance d’environ 4 yc en amont de l’extrémité du canal. La hauteur sur la crête yb sera la hauteur d’eau mesurée directement sur l’extrémité du canal amont. Cette valeur dépend de la forme du canal, de la pente critique Sc et de la pente actuelle So de ce canal et aussi de la hauteur critique. La figure 16.10 indique la variation de yb /yc en fonction du rapport So /Sc pour différents types de canaux. Le rapport yb /yc pour un canal trapézoïdal varie avec le facteur de forme k = b/zy et se situera entre les extrêmes qui sont le canal rectangulaire (k → ∞) et le canal triangulaire (k = 0). yb yc So Sc Figure 16.10 Hauteur sur la crête en terme de hauteur critique (adapté de Skogerboe et al., 1971). 16.6 CHUTE INCLINÉE Le dimensionnement d’un ouvrage hydraulique utilisant la chute inclinée (figure 16.11) peut être effectué à partir des notions exposées jusqu’à maintenant. Connaissant le débit, la forme, la pente et la rugosité du canal d’approche, la hauteur critique yc et la pente critique Sc sont déterminées. Puis à partir de ces dernières, la hauteur sur la crête yb est trouvée. Cette hauteur yb avec les caractéristiques de la chute inclinée (forme, rugosité, hauteur de la chute h, longueur horizontale Lx ) nous permettent d’effectuer le calcul de la courbe de remous afin d’obtenir la hauteur d’écoulement y1 en aval de la chute. L’écoulement étant maintenant torrentiel, un ressaut se formera et sa hauteur conjuguée y2 et sa longueur L pourront être évaluées à l’aide des notions du chapitre 14. Une approche conservatrice existe pour évaluer la hauteur d’écoulement y1 au pied de la chute. Elle suppose la conservation d’énergie dans la chute inclinée. Pour une fosse de section rectangulaire (largeur la) et en utilisant le fond de la fosse comme niveau de référence, l’équation de Bernouilli s’écrit : SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE 224 Figure 16.11 Chute inclinée (adapté de Skogerboe et al., 1971). y0 + z0 + Q2 Q2 = y + 2 2 g A 20 2 g y 22 l 2a [16.2] y0 = épaisseur d’écoulement à l’amont de la crête z0 = dénivellation entre le fond du cours d’eau et le fond de la fosse à l’amont de la crête A0 = section d’écoulement à l’amont de la crête La section critique au--dessus du réservoir peut être utilisée comme section de contrôle (Ao , Yo , Zo ). La profondeur y2 est obtenue par itération et les valeurs de y2 et longueur de la fosse L sont obtenues comme précédemment. Cette approche amène un design très sécuritaire de la fosse. 16.7 CHUTE VERTICALE Le ressaut peut s’obtenir également à partir d’une chute verticale (figure 16.12). L’écoulement d’abord fluvial devient critique légèrement en amont du seuil. Il accélère ensuite en chute libre pour devenir torrentiel au contact du fond du canal en aval. Le ressaut se forme alors et l’écoulement redevient fluvial. Afin de dimensionner l’ouvrage, les paramètres suivants sont déterminées : h, yc , y1 , y2 , L et Ld . White (1943) a développé à partir de l’équation de la quantité de mouvement, une équation permettant de déterminer la hauteur d’eau y1 : y1 yc = 2 1, 5 + 2 yh + 32 [16.3] c et une équation permettant de déterminer l’énergie spécifique E1 : E1 y1 y 2c = + yc yc 2 y2 1 [16.4] CHUTE VERTICALE 225 Figure 16.12 Chute verticale (adapté de Skogerboe et al., 1971). L’équation 16.4 est représentée graphiquement à la figure 16.13. On note qu’il y a une perte importante d’énergie EL au cours de l’impact de la nappe d’eau avec le fond du canal en aval. Connaissant la hauteur de la chute ainsi que les caractéristiques du canal (débit, géométrie, rugosité, pente), la hauteur critique et par la suite la hauteur avant ressaut y1 sont calculées. À partir des notions vues au chapitre 11, la hauteur conjuguée y2 et la longueur du ressaut L sont déterminées. Afin d’établir la longueur du bassin de dissipation, la distance horizontale Ld parcourue par la nappe d’eau en chute libre doit être évaluée. Cette distance est déterminée par les équations développées par Donnelly et Blaisdell (1965) qui tiennent compte de la submersion possible de la nappe. Ils obtiennent les équations suivantes : Ld = xf + xs 2 [16.5] xf h y c = − 0, 406 + 3, 195 − 4, 386 y c xs yc = 0,5 [16.6] x 2 0, 691 + 0, 228 y ct − yhc x 0, 185 + 0, 456 yct [16.7] Dans ces équations, Xf est la distance horizontale parcourue par la partie supérieure de la nappe en chute libre, Xs est la distance horizontale parcourue par cette nappe après submersion et Xt est la distance horizontale à laquelle la nappe en chute libre atteint la surface de l’eau dans le canal aval. Cette distance Xt est évaluée à l’aide de l’équation 16.6 où l’on remplace h par yt (yt = h + y2 ) et Xf par Xt . SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE 226 h yc E yc Figure 16.13 Perte d’énergie au pied d’une chute verticale (adapté de Skogerboe et al., 1971). L’origine du système d’axes étant située sur la crête de la chute, h sera négatif, y2 et yc seront positifs et yt pourra être positif ou négatif. La solution graphique de ces équations est donnée par la figure 16.14. On doit noter que la distance retenue Ld est la distance moyenne entre la nappe en chute libre et la nappe submergée. Suite à ces calculs, la valeur y2 est connue de même que la longueur totale du bassin de dissipation. Cette longueur comprend la longueur de chute de la nappe Ld et la longueur du ressaut L. BASSINS 227 h yc Ld yc Figure 16.14 Solution graphique à la trajectoire de la nappe (adapté de Skogerboe et al., 1971). 16.8 BASSINS Les bassins sont la zone où le ressaut se forme et l’énergie se dissipe. Ils doivent être conçus pour permettre la réalisation sécuritaire du ressaut. Ils doivent être de longueur suffisante et la hauteur conjuguée y2 doit se réaliser sécuritairement. 228 SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE 16.8.1 Bassin en dépression L’élément important lors du design des bassins en dépression est la détermination de la profondeur du bassin. Cette profondeur doit être suffisante pour permettre à la cote du niveau d’eau de la hauteur conjuguée y2 d’être égale ou inférieure à la côte au niveau d’eau dans le cours d’eau à l’aval du bassin. Ce calcul s’effectue en assurant la conservation d’énergie entre la fin du ressaut (écoulement fluvial) et la section du cours d’eau à l’aval du bassin. Si l’énergie de vitesse est négligée, la profondeur du bassin correspond à la hauteur conjuguée y2 moins la hauteur y3 d’eau dans le cours d’eau à l’aval du bassin. Comme la profondeur du bassin modifie la hauteur de chute, il est souhaitable de recalculer les caractéristiques du ressaut avec la nouvelle hauteur de chute. 16.8.2 Bassins en devers Avec la construction d’un contre--épi dans les bassins en devers, la formation du ressaut est rendue complètement indépendante des conditions d’écoulement à l’aval. Le contre--épi est en réalité un déversoir à seuil épais qui est dimensionné (hauteur) pour assurer à l’arrière de celui--ci une hauteur d’eau correspondant à la hauteur conjuguée y2 du ressaut. Les équations des déversoirs à seuils épais sont utilisées Comme le contre--épi est un déversoir à seuil épais et provoque un écoulement critique sur sa crête et un ressaut par la suite, on doit s’assurer que ces conditions sont respectées si l’on veut que le ressaut principal soit indépendant des conditions avals. Le ressaut aval doit aussi être calculé pour assurer une protection adéquate à l’aval du contre--épi. Les bassins en devers sont d’intérêt lors des chutes importantes mais devraient être peu utilisés dans les cours d’eau de petites dimensions car le contre--épi et la protection aval nécessaires occasionnent des coûts additionnels. 16.9 FOSSES NATURELLES Quoique les fosses naturelles ne provoquent pas un ressaut au sens strict, elles dissipent l’énergie par turbulence dans la masse d’eau. La fosse se creuse naturellement par le jet d’eau et atteint son équilibre lorsque les vitesses périphériques des contre--courants deviennent égales ou inférieures aux vitesses maximales provoquant l’arrachement des particules. Les éléments importants dans la conception des fosses naturelles (figure 16.15) sont la localisation de la profondeur maximale de la fosse (point de chute) et la profondeur maximale de la fosse. La connaissance de cette dernière valeur est essentielle pour construire le coeur suffisamment profond pour éviter le déchaussement. La distance du point de chute Ld peut être calculée en utilisant les équations 16.5, 16.6 et 16.7 de la chute verticale. FOSSES NATURELLES 229 Figure 16.15 Schéma d’un seuil avec fosse naturelle. La profondeur maximale de la fosse Zd peut être évaluée par l’équation développée par Veronese (1937) et utilisée par la USBR : Z d = 1, 9 h 0,225 q 0,54 [16.8] h = différence d’énergie totale entre le haut et le bas de la chute (m) q = débit unitaire (m3/m--s) Cette équation est une équation limite car elle suppose un matériel fin. Schoklitsch (1932) a développé une équation qui tient compte de la grosseur des particules composant le matériel au fond de la fosse. Zd = 4, 75 h 0,2 q 0,57 d 90 0,32 [16.9] d90 = diamètre où 90% de la masse des particules ont un diamètre inférieur à celui--ci (mm) Les deux équations ont la même forme à l’exception de l’addition du d90 par Schoklitsch. De plus, les exposants pour les facteurs communs sont pratiquement les mêmes. Si l’on considère l’équation de Veronese comme limite, l’équation de Schoklitsch est d’intérêt lorsque le d90 est supérieur à 17.5 mm. Dans la pratique, nous devrions utiliser l’équation de Veronese lorsque le d90 est inférieur à 20 mm et l’équation de Schoklitsch dans les autres cas. SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE 230 Il serait possible comme le montre l’équation de Schoklitsch de diminuer la profondeur de la fosse en tapissant celle--ci de matériel plus grossier (roches, cailloux, etc.). Par contre, l’épaisseur du matériel n’est pas connue. Quant à la largeur de la fosse, la littérature ne présente aucun détail. Le bon sens dicte que le fond de la fosse doit être aussi large que le jet d’eau (déversoir) et que les talus de la fosse doivent respecter les pentes d’équilibre des talus. BIBLIOGRAPHIE Agostini, R., A. Conte, G. Malaguti et A. Papetti. 1985. Revêtements souples en matelas Reno et en gabions en matière de canaux et de cours d’eau canalisés. Officine Maccaferri S.P.A. Bologne, Italie, 119 pages. Agostini R., A. Bizzarri et M. Masseti. 1982. Ouvrages flexibles pour les tronçons torrentiels et fluviaux. Première partie: ouvrages transversaux pour aménagement hydraulique et dérivation d’eau. Officine Maccaferri S.P.A. Bologne, Italie. 86 pages. Blaisdell, F.W. 1981. Tropical Agricultural Hydrology. John Wiley and Sons Ltd. Chow, V.T. 1959. Open--channel Hydraulics. McGraw Hill, New York. Christensen, N.A. et D. Gunder. 1943. Hydraulic design of drop structures for gully control : discussion. ASCE Transactions, 108 (2198): 927--930. Christiansen, J.E. 1943. Hydraulic design of drop strutures for gully control: discussion. ASCE Transactions, 108 (2198): 927--930. Donnelly, C.A. et F.W. Blaisdell. 1965. Straight drop spillway stilling basin. ASCE Procedings, Journal of the Hydraulic Division, Vol. 91, No. HY3, Paper 4328 : 101--131. Gill, M.A. 1979. Hydraulics of rectangular vertical drop structures. Journal of Hydraulical Research, 17 (4) : 289--302. Hall, L.S. 1943. Hydraulic design of drop structures for gully control. ASCE Transactions, 108 (2198) : 919--921. Harrold, J.C. 1954. Equation of the free--falling nappe : discussion. ASCE Proceedings, Journal of the Hydraulics Division, 80 (604) : 16--19. Hassan, N.M.K.N. et R. Narayanam. 1985. Local scour downstream of an apron. Journal of hydraulical Engineering, 111 (11) : 1371--1385. Hickox, G.H. 1943. Hydraulic design of drop structures for gully control : discussion. ASCE Transactions, 108 (2198) : 932--935. Kay, M.D. et L.D. Medlin. 1986. Gabion chute spillways for grade control. ASAE, Summer Meting 1986. ASAE Paper 862132. Mason, P. J. et K. Arumuzam. 1985. The jet scour below dams and flip buckets. Journal of Hydraulic Engineering. Vol. 111 (2) : 220--235. BIBLIOGRAPHIE 231 Morris, B.T. et D.C. Johnson. 1943. Hydraulic design of drop structures for gully control. ASCE Transactions, 108 (2198) : 887--918. Morris, B.T. et D.C. Johnson. 1943. Hydraulic design of drop structures for gully control. ASCE Transactions, 108 (2198) : 935--940. Naïb, S.K.A. 1984. Hydraulic research on irrigation canal falls. Proceedings of the 1st International Conference on Hydraulic Design in Water Ressources Engineering. University of Southampton. Springer--Verlag. Noutsopoulos, G.C. 1984. Hydraulic characteristics in a straight drop structure of trapezoidal cross section. Proceedings of the 1st International Conference on Hydraulic Design in Water Ressources Engineering. University of Southampton, Springer--Verlag. Pelech, H. 1979. Developpement and use of a flexible grade control structure. ASAE, Summer Meeting 1979. ASAE Paper 79--2014. Peterka, A.J. 1964. Hydraulic Design of Stilling Basins and Energy Dissipators. US Bureau of Reclamation, Engineering Monograph No.25. Rhone, T.J. 1977. Baffled apron as spillway energy dissipator. ASCE Proceedings, Journal of the Hydraulics Division, Vol. 103, No. NY12 : 1391--1401. Schoklitsch, A. 1932. Kolkbindung unter Ueberfallstrahlen, ”Die wasserwistschaft”, Nr. 24. Scimemi, E. 1947. Discussion : Model study of Brown Canyon Debris Barrier. Transactions Amer. Soc. Civil Eng. Vol. 112: 1016--1019. Skogerboe, G.V., V.T. Somoray et W.R. Walker. 1971. Check--Drop--Energy Dissipators Structures in Irrigation Systems. Colorado State University, Fort Collins, Colorado. Smith, C.D. et D.K. Strang. 1967. Scour in stone beds. Proceedings of the 12th Congress of the International Association for Hydraulic Research, Fort Collins, Colorado, Vol. 3 : 65--73. Soil Conservation Service, 1976. Hydraulic Design or Riprap Gradient Control Structures. Technical Release No. 59. US SCS, Engineering Division . Trencia, G. 1986. L’habitat du poisson et la canalisation des cours d’eau à des fins agricoles. Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Québec. Veronese, A. 1937. Erosioui di fonda a valle di uno scarico. Annali dei Lavori Publici. Vol. 75 (9) : 717--726. White, M.P. 1943. Energy loss at the base of a free overfall : discussion. ASCE Transaction, 108 (2204) : 1361--1364. Wilson, W.T. 1943. Hydraulic design of drop structures for gully control : discussion. ASCE Transactions, 108 (2198) : 926--927. 232 SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE