Victor Chantal Michel
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Victor Chantal Michel
Images’06 - photographie Les maisons monde 11 Ancienne Monneresse 3, Vevey Heures d’ouverture : 14 - 18 septembre : 11h00 – 20h00 19 - 24 septembre : 11h00 - 17h30 Victor Chantal Michel Le travail de Chantal Michel, originaire de Thoune, est basé aussi bien sur l’utilisation de la photographie et de la vidéo que de la performance. Elle a réalisé de nombreuses expositions tant dans des lieux voués à l’art que dans les lieux mêmes dans lesquels elle a travaillé (Hôtel Scribe, Schweizerhof, Bürgenstock, etc.). En 2001, elle représenta la Suisse à la Biennale de Venise alors sous la direction artistique de Harald Szeeman. Un lit, une table, une chaise, une table de chevet, une lampe, des rideaux, quelques coussins. Parfois un fauteuil, un canapé et d’autres coussins, des fruits et des livres aussi. Le papier peint, le tapis, un ou plusieurs miroirs, des cadres, en général des reproductions ou des affiches. Ce sont quelquesuns des objets d’une chambre d’hôtel. Ce sont aussi les objets avec lesquels Chantal Michel a composé les images de sa série “Victor”, respectant la demande que le festival lui a faite: s’inspirer de l’ambiance des chambres d’un hôtel cossu de Vevey, se laisser imprégner et emporter par son atmosphère, comme elle avait déjà précédemment exploré les hôtels Scribe à Paris et Schweizerhof à Berne. Mais pour la première fois, Chantal Michel introduit un nouvel élément dans son appropriation du lieu : un personnage extérieur, Victor. Ce n’est plus le corps de l’artiste, ses robes, ses attitudes, son jeu avec l’espace qui nous sont donnés à voir mais la figure énigmatique, austère et surtout masquée de Victor. Victor, à la différence de Chantal Michel, ne se love pas dans un espace, mais se bat avec lui. Il oscille entre l’ordre et le chaos, entre la folie et la pensée extrême. Victor est atypique et burlesque, il est paradoxal, comme nous tous au fond, et idiot au sens de Lars von Trier. Il empile les livres et les tables, il recherche le plus souvent la symétrie, l’harmonie, mais en est-il vraiment apaisé pour autant ? L’univers décrit ici est le même que celui des précédentes productions de l’artiste : il est poétique, comme en suspension, voisin de celui des contes. Un univers qui est sans doute proche de ses rêves d’hier, et pourquoi pas d’aujourd’hui. Devant ces images-là, nous sommes invités à une lecture à la fois émerveillée et craintive. Victor, comme un double masculin de l’artiste, a pris place dans l’imaginaire de Chantal Michel et influence à sa manière ses images. De ces dernières naissent des atmosphères révélées par une série de huit photographies qui témoignent toutes de la rencontre entre un lieu, ses objets, la photographe et son assistant devenu modèle… une semaine de printemps à Vevey. Photo: © Chantal Michel, “Victor”, 2006 Images’06 - photographie Les maisons monde 6 Musée suisse de l’appareil photographique Grande Place, Vevey Heures d’ouverture: 14 - 18 septembre: 11h00 - 20h00 19 septembre - 11 février : 11h00 - 17h30 Lundi: fermé La ferme du Garet En 1996, à 54 ans, Raymond Depardon, figure de la photographie française, sort un livre, intime, intimiste, dédié à ses deux fils, du nom de la ferme qui l’a vu naître. Entre l’album photo, le carnet de souvenir et l’autobiographie, Depardon inaugure, photographies à l’appui, un style littéraire qui lui est propre : simple, sincère, pudique. L’homme se dévoile, se révèle, confesse des origines paysannes dont il a longtemps eu un peu honte, lorsqu’à 16 ans, monté à Paris certificat d’études en poche, timide, un peu gauche, il tente de s’imposer parmi les photographes. C’est cette obstination, cette persévérance, ce côté à la fois calme et rusé du paysan qui sait attendre le mûrissement, le passage des saisons, qui feront aussi la grande force de Depardon. La ferme, sa cour traversée par les bêtes, les journées rythmées par le travail des champs forment la maison monde où Depardon grandit entre son frère et ses parents. Les mots sont rares, le quotidien parfois âpre, mais l’affection toujours présente. Enfant, Depardon se rêve cinéaste, puis photographe, s’installe un studio au grenier, prend des cours de photographie par correspondance, participe aux concours amateurs locaux. Ses proches ou les voisines posant devant l’objectif, des vaches, des canards, le cheval Bijou lancé au galop, la cour de la ferme sont ses premiers modèles, ses premiers sujets. Ses parents, respectueux de ses désirs, le placent en apprentissage dans la boutique d’optique-photo-ciné du bourg voisin. Finalement, un jour de l’été 1958, le jeune Raymond franchit le pas : il prend le train pour Paris, avec une idée fixe, embrasser la profession de reporter. Suivent les débuts difficiles à l’ère paparazzi où il faut jouer des coudes; les premiers grands reportages, la découverte de l’Afrique puis, en 1966, la création avec quelques autres (Hubert Henrotte, Hugues Vassal, Léonard de Raemy) de l’agence Gamma qui imposera sa marque d’un photojournalisme à la française. C’est l’époque des grands reportages : le Printemps de Prague, les rebelles Toubous et l’affaire Françoise Claustre au Tchad, le Chili d’Allende. En 1970, son ami et grand reporter Gilles Caron disparaît au Cambodge. Depardon traverse une crise profonde et confesse finalement ses doutes dans un premier livre,“Notes” (1979), où il interroge la place du photographe et le bien-fondé de cette profession. Images’06 - photographie Les maisons monde 5 Cinéma Rex 4 Vendredi 15 septembre, 20h30 “Profils paysans, 1: l’approche” (F 2001) En présence du réalisateur Lundi 18 septembre, 11h00 “Profils paysans, 2: le quotidien” (F 2005) Avec: “Quoi d’neuf au Garet ?” (F 2005) Raymond Depardon À présent membre de l’agence Magnum, Depardon s’éloigne peu à peu du reportage, prend ses distances avec le photojournalisme pour explorer d’autres espaces : l’essai photographique au long cours ou au fil de l’errance (“Correspondances newyorkaises”, 1981, “Paris journal”, 2004), inaugurant d’autres modes narratifs en photographie. Son espace privilégié devient celui du livre où il prend volontiers la plume à la première personne pour accompagner ses images. Parmi les premiers photographes écrivains, Depardon impose un style, sans afféterie ni complaisance, où l’homme formule ses questionnements, met à nu ses fragilités. Sa passion pour l’Afrique et le voyage revient comme un leitmotiv, un vent entêtant. Passé au cinéma (fiction et documentaire), Depardon révolutionne parallèlement l’écriture documentaire par une approche dans le temps, dans la longueur, auscultant, au plus proche des individus, les rouages de notre société. Ce n’est que sur le tard que Depardon reviendra aux sources, portant son regard sur ce monde paysan qui l’a vu naître et dont très jeune, avide de parcourir le monde, il s’est extrait. Dans son livre, il confesse son attachement profond à ses racines terriennes qu’il retrouvait en Afrique auprès des éleveurs Toubous et aussi sa tristesse en apprenant, à son retour du Tibesti, la mort de son père survenue en son absence. N’avoir pas été là. Toujours ailleurs. Hommage vibrant à la maison d’enfance, à la matrice qu’il faut fuir aussi pour grandir, l’ouvrage par les vérités qu’il énonce ne laisse pas indifférent et le ton du récit, comme chuchoté à l’oreille, va droit au cœur. La maturité atteinte, Depardon revient ainsi sur les traces de son enfance et entreprend une trilogie de films documentaires, “Profils paysans”, sur le monde rural français. Détour où l’autre est aussi le miroir de soi-même et de sa propre quête, puisque comme l’écrit si joliment Depardon lui-même : “La seule façon de raconter le monde, c’est de se raconter soi-même”. Véronique Bouruet-Aubertot Photo: © Raymond Depardon / Magnum photos Images’06 - photographie Les maisons monde Camera Architectura Gabor Ösz The walls are talking to you Comenius Röthlisberger Gabor Ösz vit et travaille à Amsterdam depuis 1993. Il obtient un postgrade de la “Rijksakademie van Beeldende Kunst” et expose les réalisations de ses projets dans plusieurs galeries et musées européens et américains. Le principe de la camera obscura est connu depuis l’Antiquité et c’est aussi évidemment celui de l’appareil photographique. Pourtant, ce principe ne cesse d’être réinventé, comme nous le démontre ingénieusement Gabor Ösz. À la pointe nord de l’Allemagne, un bâtiment dont la rigueur, l’austérité et la grandeur témoignent des idées architecturales et sociales des Nazis, est le théâtre de prises de vue savamment agencées par Gabor Ösz pour sa série “Prora Project”. Construit entre 1936 et 1939, brusquement arrêté par la guerre, ce bâtiment appelé KdF Seebad (KdF pour Kraft durch Freude) devait être un complexe balnéaire destiné à accueillir 20’000 citoyens méritants. Le bâtiment mesure plus de cinq kilomètres en front de mer, ses proportions sont gigantesques. L’élément de base de cet espace est la chambre dont l’espace s’ouvre sur le paysage par une ou deux fenêtres. Cette unité à l’échelle du bâtiment est multipliée par 10’000. Gabor Ösz investit cette cellule pour y monter la camera obscura qui fixera, après plus de trois heures de pause, le paysage marin, encadrement compris. Ce même paysage qui devait insuffler bonheur et force aux Nazis. Dans “Constructed View”, les petits orifices des blocs de béton des nouvelles constructions d’Amsterdam deviennent sténopés le temps d’une longue pause, afin de saisir et de fixer l’image de l’extérieur. A travers ces rondes ouvertures, l’image livre la vue fragmentée d’une ville en construction, en redéfinition permanente. Le bâtiment est à la base des images de Ösz. Par la dimension de ses pièces et le temps de pause, il définit l’image, indirectement son grain et sa clarté; il définit aussi l’orientation de celle-ci. L’ artiste investit un espace et laisse son papier sensible s’imprégner du monde qui l’entoure. Derrière l’aspect technique complexe de la prise de vue, la part de hasard et la magie du surgissement donnent à ces photographies une incroyable force poétique. Gabor Ösz a justement renommé ses “camera obscura” Camera Architectura. Comenius Röthlisberger vit et travaille à Bâle. Il a participé à plusieurs expositions individuelles et collectives dans de nombreuses villes. Il est lauréat de “Descubrimiento 2004” du festival PhotoEspaña à Madrid. Poursuivant une démarche de photographe de portraits, Comenius Röthlisberger s’est littéralement invité chez des artistes pour tirer celui… de leurs murs. Prises Tirées à l’échelle 1:1, ces photographies cadrent des fragments de mur ; ceux-ci nous transportent alors dans des univers qui bien que réels nous paraissent imaginaires. Ses grands tirages, représentations presque abstraites, saisissent une ambiance, celle d’un lieu qui “dit”, celle de murs qui “parlent”. La chambre noire de Wolfgang Tillmans à Londres, la chambre des enfants de Björk, le local de répétition du groupe Metallica sont autant d’intérieurs qui témoignent de l’occupation d’un lieu par un artiste, ce dernier y laissant son empreinte, ses couleurs. Les aspérités comme le monochrome du mur nous forcent à une certaine méditation, les graffitis à une lecture. Le mur vient à nous et nous révèle ses histoires. L’ exposition a été conçue en collaboration avec Family Deco. Photo: © Comenius Röthlisberger, “Metallica Headquarters”, San Rafael, USA, 2004 Photo: © Gabor Ösz, “#10 Constructed View”, 105 x 204 cm, 2004, exposure time: 4 hours, 2 holes in one take, camera obscura, 1 Galerie Quai 1 Place de la Gare 1, Vevey Heures d’ouverture: 14 - 18 septembre : 11h00 - 20h00 19 - 24 septembre : 11h00 - 17h30 9 Combles du Musée historique Rue du Château 2, Vevey Heures d’ouverture : 14 - 18 septembre: 11h00 – 20h00 19 septembre - 27 octobre, selon l’horaire du musée Images’06 - photographie Les maisons monde L’ autre Noé Cauderey Maja, Marina, Jelena Emilie Müller Noé Cauderay vit et travaille à Morges. Jeune diplômé de l’Ecole d’art appliqué de Vevey, section photographie, il présente ici sa première exposition individuelle. Emilie Müller est une jeune diplômée de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, où elle a été assistante en section graphisme. “Ne parlez donc pas tant du mur ! Créez, en vous éduquant vous-même, une morale meilleure pour le genre humain et tous les murs disparaîtront. Il y a tant de murs entre Toi et Moi. En soi, un mur est très beau, si les proportions sont justes.” Joseph Beuys, artiste allemand marqué par la Seconde guerre mondiale, lors d’une visite à Berlin, en 1964. Le travail que Noé Cauderay a mené durant ses études sous la direction du photographe Daniel Baudraz sur le thème “L’ autre” m’a immédiatement fait penser à ces paroles légendaires. Inspiré par le village où résident ses parents, au dessus de Morges, Noé Cauderay a su saisir cette Suisse dont les maisons se dissimulent derrière de grandes haies. “L’ autre”, pour Noé Cauderay, vit caché, mais vit-il pour autant heureux ? Les images sont dépourvues de toute présence humaine et le photographe s’amuse à cadrer les formes géométriques, celles qui pointent au haut de ces haies de thuyas qui sont comme d’épaisses barricades. Ces mêmes thuyas qui, m’a-t-on dit, sont, pour d’autres raisons, menacés d’extinction. “Maja, Marina, Jelena”. Trois prénoms, trois jeunes femmes, trois sœurs d’origine serbe, rencontrées à la piscine d’Yverdon. Un monde s’ouvre à moi, écrit Emilie Müller, auteure d’un reportage intime qui la mène d’Yverdon en Serbie, lieux dans lesquels les univers s’entremêlent et où les existences deviennent composites. En explorant un nouveau domaine tout en retrouvant ses thèmes récurrents, dont le monde féminin, le corps, la mode, les portraits dans la peinture, Emilie Müller est confrontée, avec ce reportage, à l’autre et aux apparences que ces trois filles ne cessent de montrer. Comment les photographier alors qu’elles semblent si bien savoir se mettre en scène ? La photographe se met à leur service et nous révèle un monde riche en émotion et en sensualité, un monde paradoxal, empreint de nostalgie et tourné vers l’avenir, un monde marqué autant par nos codes que ceux de leurs origines. C’est sans doute dans cette tension entre le rêve d’Occident et la culture plus traditionnelle que se situe l’intérêt des images d’Emilie Müller, images qui évitent le piège du cliché alors que tant d’éléments y poussaient. En ayant trouvé sa place dans cette famille, la photographe nous entraîne dans un voyage aux riches résonances. © Noé Cauderay/EAA Vevey, “L’ autre”, 2005 © Emilie Müller/ecal, “Maja, Marina, Jelena”, 2004 2 Editions Castagniééé Rue Blanchoud 6, Vevey Heures d’ouverture: 14 - 18 septembre : 11h00 – 20h00 19 - 24 septembre : 11h00 - 17h30 7 Bibliothèque municipale, Quai Perdonnet 33, Vevey Heures d’ouverture: 14 septembre - 22 octobre lu+je : 14h00 - 20h00, ma+me+ve : 14h00 - 18h00 sa : 9h30 - 12h00, di : fermé Entrée libre