isolation insonorisation étanchéité

Transcription

isolation insonorisation étanchéité
ISOLATION INSONORISATION ÉTANCHÉITÉ
ISOLATION ET INSONORISATION
Un mur isolant et étanche, voilà ce qui s’impose quand on construit écologique. Pas
seulement isolant (le chandail). Pas seulement étanche (l’imperméable, le coupe-vent..).
Mais les deux ! Voici quelques clés pour comprendre et choisir.
Publié par : Écohabitation | Céline Lecomte et Emmanuelle Walter
© Therm-O-Comfort
1. De quoi est fait mon mur ?
Un mur conventionnel comprend cinq couches. En partant du dehors, on a d’abord
le parement extérieur (bois, brique...), le pare-air (pellicule plastique perméable à la vapeur
qui limite les entrées d’air), puis l’isolant (un matériau qui isole du froid, voir le paragraphe
suivant), ensuite le pare-vapeur(souvent une pellicule plastique qui empêche la vapeur
venue de la maison de stagner dans les murs qu’elle risque de détériorer), une lame d’air et
enfin le revêtement intérieur (panneaux de gypse, par exemple). Toute cette superposition,
c’est votre enveloppe, celle qui vous permet de vous sentir chez vous comme dans un nid
douillet.
Pour savoir si votre maison est étanche à l’air, passez donc la main autour de vos portes,
fenêtres, entrées d’électricité, entrées de câblage... Mais rien de mieux qu’un test
d’infiltrométrie ! Il est réalisé systématiquement dans toutes les maisons qui s’apprêtent à
être labellisées Novoclimat ou LEED. Il permet de détecter les fuites d’air, de les localiser,
les quantifier, et de choisir l’intervention nécessaire. Enfin, pour affiner vos connaissances,
sachez que les spécialistes utilisent un « coefficient de résistance thermique » pour mesurer,
par pouce, la performance de chaque isolant. Par exemple, la laine de roche a une valeur
« R » de 4 et la cellulose a une valeur « R » de 3,7 par pouce d’épaisseur.
Pensez-y
D’où viennent les pertes de chaleur ?
Voir le schéma ci-dessous.
Données issues du site de l’Agence pour l’efficacité énergétique. © Julia Chartier
2. Les matériaux isolants pour vos murs
Voici une liste de matériaux isolants que les constructeurs peuvent vous proposer. Sachez
peser le pour et le contre en termes d’efficacité et d’environnement.
Uréthane giclé à cellules fermées

Uréthane giclé à cellules fermées.
© Céline Lecomte

Pour : L’uréthane est un très bon isolant, très pratique sur les murs inégaux (ex : murs
de pierre avec infractuosités, lucarnes dans les toitures). Il joue également le rôle du
pare-vapeur et du pare-air ! Son impact sur la qualité de l’air intérieur de la maison est
très correct.

Contre : Sur un plan écologique, ce matériau laisse à désirer. Cette résine est issue du
pétrole, son extraction et sa production émettent des polluants (voir note sur les agents
de gonflement en bas de l’article). Elle nécessite beaucoup d’énergies grises (énergies
dépensées avant sa mise en service). Par ailleurs, il n’est pas facile à mettre en place.
Une fois installé, il est médiocre en termes d’insonorisation et de performance antifeu.
Enfin... il est très cher !
Uréthane giclé à cellules ouvertes

Uréthane giclé à cellules ouvertes
© Bala structures

Pour : Son impact sur la qualité de l’air est correct.Son efficacité en termes d’isolation
est acceptable, mais moins grande que celle de l’uréthane giclé à cellules fermées (il
est d’ailleurs moins cher). Ses agents gonflants ont peu d’impact sur les changements
climatiques, ce qui améliore nettement son bilan écologique.

Contre : A l’exception de ses agents gonflants HFC, moins nocifs, il a les mêmes
défauts écologiques et pratiques que son jumeau, l’uréthane giclé à cellules fermées
(voir ci-dessus). En plus il ne joue pas le rôle de pare-vapeur...
Polystyrène expansé (PSE)

Polystyrène expansé (PSE)
© Mike Reynolds

Pour : C’est une mousse blanche compacte, d’origine pétrochimique, que vous pouvez
observer dans les emballages de produits fragiles. C’est un excellent isolant, sans nul
doute. Son impact sur la qualité de l’air intérieur est correct. Il est polyvalent - utilisable
pour les murs du sous-sol et les murs extérieurs - et assez facile à installer. Et il n’est
pas cher.

Contre : Ecologiquement, ce n’est pas grandiose : il est issu du pétrole, il nécessite des
énergies grises importantes, et contient des ajouts ignifuges à base de brome qui sont
persistants dans l’environnement ... Enfin, il n’est pas efficace en termes
d’insonorisation.
Laine de roche

Laine de roche. © Céline Lecomte

Pour : Ecologiquement, on est bien au-dessus des matériaux cités plus haut. La laine
de roche est issue de roches volcaniques transformées en fibres. Elle est très efficace
en termes d’insonorisation et sa performance antifeu est excellente. Elle est
polyvalente, utilisable au grenier comme pour les murs. Son coût est moyen. Certains
fabricants pratiquent le recyclage.

Contre : Le liant utilisé dans sa composition, à hauteur de 5% du matériau, émet des
composés organiques volatils dont le formaldéhyde. Cependant, dans la plupart des
cas, les émissions sont faibles. Par ailleurs, son extraction occasionne de la pollution.
Et la roche volcanique n’est pas un matériau renouvelable.
Laine ou fibre de verre.
© Céline Lecomte
Laine ou fibre de verre

Pour: Issue d'un mélange de verre liquéfié et de sable, la laine de verre est avant tout
très efficace en insonorisation, et c'est un isolant très correct. Elle a la même
polyvalence que la laine de roche, et sa fabrication à partir de verre recyclé est un bon
point.

Contre: Son impact sur la qualité de l'air intérieur est un problème. On peut
cependant trouver de la fibre de verre sans formaldéhyde (EcoTouch, chez Owens
Corning, ou de Johns Manville).
Cellulose

Cellulose. © Céline Lecomte

Pour : On aime la cellulose, issue du recyclage de journaux non distribués. C’est un
bon isolant, qui insonorise bien les pièces, et qui a une bonne performance anti-feu,
malgré l’idée qu’on peut s’en faire ! Enfin, son prix est peu élevé.

Contre : Pas facile à installer. Elle n’est pas utilisable dans les sous-sols.
Isolants naturels et écologiques
Ils arrivent lentement sur le marché canadien mais ils sont intéressants à maints égards.

Paille © Mike Reynolds

La paille (pour les murs) est également un très bon produit sur le plan écologique, mais
nécessite une charpente adaptée et n’est pas commercialisée. On la trouve donc …
chez les agriculteurs. La pose est laborieuse et normalement réservée aux
autoconstructeurs.

Le chanvre (murs et toiture), plus cher que la paille et la fibre de bois, s’utilise avec du
gypse, de la chaux et de la terre cuite. La charpente doit être adaptée, et la pose doit
être exécutée par un spécialiste (ArtCan).
Le coton (murs extérieurs et intérieurs) est également un bon isolant, qu’on peut
obtenir au Québec auprès de Jasztex Fiber.

De nouveaux matériaux isolants, déjà utilisés en Europe, sont à l’étude au Canada. Suivez
l’actualité d’Ecohabitation pour vous tenir informés…
Pensez-y
Méfiez-vous des agents de gonflement !
L’uréthane giclé à cellules fermées et le polystyrène extrudé sont des mousses isolantes
installées grâce à des « agents de gonflement », composés de gaz hydrofluorocarbures
(HFCs). Lorsqu’elles sont libérées des produits, les molécules HFCs ont un impact sur les
changements climatiques... jusqu’à 1430 fois plus élevé que le dioxyde de carbone !
Heureusement, les fabricants sont en train d’étudier les produits de remplacement.
Le Thermofoil, un faux isolant !
Thermofoil © Mike Reynolds
Cette pellicule plastique ressemble au papier-bulles utilisé pour protéger des objets
cassables, elle est dotée en plus d’une couche d’aluminium. Son impact sur la qualité de l’air
intérieur est correct, et il est facile à installer. Mais ce n’est pas un isolant, contrairement à ce
qu’affirment nombre de fournisseurs ! C’est un simple pare-vapeur, qui pose de nombreux
problèmes écologiques : émission de polluants lors de sa fabrication (pétrole, aluminium),
beaucoup d’énergies grises, source non renouvelable. Il n’est pas performant contre le feu et
c’est un piètre insonorisant. En plus... il est cher !