La Maison des Quatre
Transcription
La Maison des Quatre
Date: 12/2008 Pages: 15-16 Edition: (FRA) Rubrique: Côté terrain /Zoom sur... Côté terrain Zoom sur… La Maison des Quatre ORIGINES L a première maison familiale a été créée en 2000, à l’initiative de l’AFTC (Association des familles de traumatisés crâniens) de Gironde et de Ladapt (Ligue pour l’adaptation du diminué physique), et plus précisément de deux ergothérapeutes, Hervé Delmas et Rodolphe Peter. Aujourd’hui respectivement président et directeur général de Traumatisés crâniens assistance (TCA), un service d’aides humaines spécialisé, et fondateurs de l’Agence de développement d’activités sociales et médico-sociales (Adams), chargée de diffuser le concept au niveau national, ils poursuivent le développement de leur bonne idée. Il existe aujourd’hui 13 maisons en Gironde, deux dans l’agglomération de Chartres et une à Aix-en-Provence. LES CHIFFRES C haque année, entre 3 000 et 5 000 personnes sont victimes de traumatismes crâniens graves en France. L’âge moyen, au moment de l’accident, est de 25 ans. sont cohérents, et construire autour d’eux un accompagnement totalement sur mesure – aides humaines, techniques et suivi médico-social. Ces colocataires sont, en fait, sous-locataires de leur logement, et s’acquittent, comme tout un chacun, de leur loyer. Outre ces prestations d’aide à domicile et ce suivi médicosocial, une association de gestion et médiation locative fait l’interface entre eux et le propriétaire des lieux. Une mutualisation des heures Difficile de dresser une typologie des maisons. Il y a autant d’accompagnements différents que de personnes accompagnées. « Sur la dizaine de maisons familiales de Le Journal du Domicile & des services à la personne ©Covéa ©Covéa LES Un pavillon en centre-ville. Quatre ou cinq colocataires. Un accompagnement personnalisé qui s’inscrit dans le projet de vie de chacun d’entre eux. C’est le concept de Maison des Quatre, ou maison familiale, une formule spécifiquement dédiée aux traumatisés crâniens ou aux personnes cérébrolésées. « Une maison familiale n’est pas un établissement médico-social, prévient d’emblée Alain Larribau, directeur de TCA (Traumatisés crâniens assistance) Bordeaux, service prestataire d’aide à domicile spécialisé. C’est un domicile privé partagé, inscrit dans un dispositif plus large d’insertion sociale de traumatisés crâniens en milieu ordinaire. » Cette définition cache une idée plutôt séduisante et innovante : réunir, sous un même toit, quatre ou cinq malades dont l’état de santé est stabilisé et dont les projets de vie N°5 - Décembre 2008 Sous cette appellation sibylline se cache une structure tout à fait originale dédiée aux jeunes traumatisés crâniens, véritable alternative au retour à domicile traditionnel ou à l’entrée en établissement. Les Maisons des Quatre, ou maisons familiales, accueillent quatre ou cinq colocataires soutenus notamment par un service d’aide à domicile très spécialisé. Maison des Quatre de Luisant, près de Chartres 15 Côté terrain Zoom sur… la région bordelaise, pas une ne se ressemble », confirme Alain Larribau. Tout dépend, en fait, de la lourdeur du handicap des colocataires. Mais il y a quatre constantes. D’abord, chaque maison est « managée » par un référent – dans certaines maisons, on les appelle aussi des « maîtresses de maison ». C’est une auxiliaire de vie, une assistance de vie ou une aide soignante, selon les cas, mais toujours un professionnel avec un peu de bouteille, dont le rôle consiste à coordonner l’ensemble des intervenants qui passent dans la maison, et à faire le lien avec les familles. Le Journal du Domicile & des services à la personne N°5 - Décembre 2008 Ensuite, les interventions sont organisées selon le principe très ingénieux de la mutualisation des heures. En clair, les heures d’intervention prévues dans le cadre de la prestation de compensation du handicap (PCH) de chacun des colocataires s’ajoutent les unes aux autres. En encore plus clair, « si chacune des quatre personnes bénéficie de six heures d’intervention par jour, cela fait au final une présence 24 heures sur 24 dans la maison », explique le directeur de TCA Bordeaux. Ce qui peut radicalement changer la donne ! Et permet, dans les cas de handicaps les plus lourds, d’assurer un accompagnement professionnel permanent, avec une veille de nuit si nécessaire. Ce que ne pourraient pas se permettre les mêmes personnes, mais vivant seules, chacune dans son logement individuel. 16 Un service à domicile ultra spécialisé Autre constante des maisons : le service d’aides humaines est toujours spécialisé. Car l’accompagnement de ces malades n’a pas grand-chose à voir avec celui des personnes âgées dépendantes ou d’autres types de handicap mental. D’abord, ce sont en majorité des personnes jeunes – 25 ans en moyenne au moment de l’accident qui a entrainé le traumatisme. Ensuite, le handicap est sournois car souvent invisible à l’œil nu. Il faut savoir déchiffrer, sans juger, la possible irritabilité, les troubles de la mémoire, La création d’une maison familiale nécessite l’alliance d’au moins trois partenaires : un service d’aide à domicile spécialisé, une structure pour assurer le suivi médico-social, du type Samsah, et une association de gestion locative. Un quatrième est également le bienvenu : un investisseur capable de mettre à disposition des biens immobiliers adaptés et à un coût abordable pour les colocataires. C’est le cas de Covéa, groupe d’assurance mutualiste fondé par la GMF, Maaf et MMA, engagé dans l’aventure des Maisons des Quatre depuis leur création. « Outre l’investissement immobilier, nous pouvons également aider le service prestataire associé à la maison à se créer grâce à l’intervention des Fondations Maaf et MMA et du Fonds d’entraide GMF », précise Philippe Hingray, responsable du pôle performance corporel chez Covéa AIS, l’entité de gestion des sinistres de Covéa. Ainsi, pour la Maison des Quatre que Covéa vient d’inaugurer à Chartres, le groupe d’assurance mutualiste a mis plus de 800 000 euros sur la table. Covéa a accompagné la création de six Maisons des Quatre à Bordeaux, deux à Chartres et une près d’Aix-en-Provence. Et de nouvelles maisons sont prévues à Mulhouse, Strasbourg et au Mans. L’Adams accompagne les acteurs locaux du début à la fin du projet. du des services à la personne EHPA Presse C o n s e i l Formation Responsables de services Vous avez monté une structure innovante ? Vous avez mis en place des procédures particulières ? Le Journal du Domicile & des services à la personne est là pour faire connaître vos réalisations. CONTACTEZ-NOUS Valérie Lespez Le groupe d’assurance Covéa s’investit Journal& Domicile Le de l’orientation, de la concentration ou de l’initiative. « Certains traumatisés crâniens savent se laver ou s’habiller sans problème. Sauf qu’ils ont besoin sans cesse qu’on leur rappelle que c’est l’heure, qu’il faut prendre le savon, etc. », précise Alain Larribau. Enfin, parce qu’il s’agit surtout d’accompagner la réinsertion sociale des colocataires, une autre structure assure le suivi médico-social, un service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah), qui évalue – et réévalue au fil du temps – le projet de vie et les besoins en aides humaines et en aides techniques. [email protected]