Monet Fiche enseignant

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Monet Fiche enseignant
Otto Dix
Monet
Fiche enseignant
4e
Histoire des arts
Claude Monet
(Paris, 1840 – Giverny, 1926)
La vallée de la Creuse, 1889
huile sur toile
Face à l’œuvre :
Monet a peint le ravin au confluent de deux rivières : la Petite et la Grande Creuse, près
de Fresselines. Décris précisément ce paysage.
La courbe de la rivière est en partie cachée par une butte arrondie, à contre-jour, qui occupe
l’angle inférieur gauche du tableau. Au premier plan, la Petite Creuse part en oblique pour
retrouver la grande Creuse, non visible sur cette œuvre puisqu’elle vient de l’extrême gauche
derrière la butte. Au fond, une colline plus élevée se détache sur le ciel. Monet décrit une
nature sauvage, qui ne semble pas habitée par l’homme (« ce pays d’une sauvagerie
terrible », dira-t-il en évoquant la vallée de la Creuse).
Quelle place occupe le ciel dans cette toile ? Pourquoi ?
C’est la terre de ce pays et sa rivière qui ont retenu l’attention de l’artiste et qui sont le sujet
de sa composition. Collines et eau se partagent l’espace, au détriment du ciel qui apparaît peu.
À quel moment précis de la journée a-t-elle été peinte ? Justifie ta réponse.
Monet représente ce paysage au crépuscule. Il a choisi le moment du soleil couchant. L’astre
solaire a disparu derrière la colline, mais le ciel est encore embrasé de sa lumière orangée. Le
peintre a saisi la lumière au moment même où elle décline provoquant un contraste avec la
masse des falaises assombries par le contre-jour.
D’après toi, où était placé Monet lorsqu’il a peint cette œuvre ?
Pour peindre ce tableau, l’artiste a pris place sur une pente d’où il surplombe la rivière. La
vue plongeante limite le ciel à une toute petite portion de surface.
Grâce à la peinture réalisée en plein air, l’artiste réussit à rendre la luminosité de
l’atmosphère. Quels sont les éléments du paysage où l’artiste montre les vibrations de la
lumière ?
Monet capte les effets fugitifs de la lumière naturelle sur les collines recouvertes d’herbes
roussies par les rayons du soleil couchant, dans le ciel et au niveau des reflets sur l’eau du
fleuve. L’artiste attire l’attention du spectateur sur ces jeux de lumière fugaces.
Monet a passé onze semaines dans la vallée de la Creuse entre mars et mai 1889.
Vingt-trois versions différentes de la vallée de la Creuse ont été répertoriées par les
spécialistes. Monet a représenté plusieurs fois ce même paysage à différents moments de
la journée en peignant directement sur le motif (il a planté son chevalet en pleine nature,
a observé et peint directement le paysage). Plusieurs musées (musée de Reims, musée
Marmottan, Museum of Fine Arts de Boston…) conservent différentes représentations
avec des titres évocateurs : « par temps sombre », « par temps gris », « effet de soleil
l’après-midi », « au déclin du jour », « au soleil couchant ».
Selon toi, pourquoi peindre une telle série, en représentant souvent le même endroit
plusieurs fois?
Ce qui fascine Monet, ce sont les variations de la lumière sur les différents éléments du
paysage (ciel, végétation, eau) qui changent de couleurs selon le moment de la journée ou le
temps qu’il fait.
La déclinaison d’un même motif par Monet, procède de la tentative de saisir l’instant, ce qui
est fugitif, ce qui disparaît, ce qui est instable. L’artiste a écrit « …Je m’entête à une série
d’effets différents… mais le soleil décline si vite que je ne peux le suivre (…). Plus je vais,
plus je vois qu’il faut beaucoup travailler pour arriver à rendre ce que je cherche :
l’instantanéité… ».
Décris la manière de peindre de Monet. Comment est appliquée la peinture ? Est-elle
déposée de la même manière sur les différentes parties du tableau ?
Dans cette œuvre de Monet, on voit des traces de pinceaux partout et de la peinture empâtée.
Par sa manière de peindre avec des touches, Claude Monet va heurter le public de l’époque
qui est habitué aux peintures « achevées » dans lesquelles on ne voit ni traces de pinceaux, ni
matière accidentellement déposée.
Les touches de couleurs sont ici apposées côte à côte pour composer le sujet identifiable
lorsqu’on regarde la toile à une certaine distance. Elles ne sont pas toujours appliquées de la
même manière ; horizontales et parallèles pour représenter l’eau et ses reflets, elles sont plus
obliques et tourmentées dans le rendu des collines ou du ciel.
Quelles couleurs Monet a-il utilisées ?
Un choix audacieux de couleur restitue les effets de lumière propres à cette heure du
crépuscule. Juxtaposant des tons d’orangés et de rouges très voisins dans le ciel, Monet
compose la terre par touches divisées de vert franc, rouge, brun et bleu, proposant ainsi à l’œil
d’en recomposer la masse colorée. C’est sans doute à la surface de l’eau que Monet saisit le
mieux les jeux fugitifs de la lumière : le rose et le bleu sont mis en présence et s’obscurcissent
à l’approche du rivage pour se confondre avec la falaise.
À l’œuvre :
Dès ses premiers coups de pinceau ou presque, Monet s’essaie à peindre des toiles par
paires en représentant un même motif sous des éclairages différents. Il va poursuivre
cette méthode en travaillant sous des angles de vue de plus en plus proches et en
représentant plusieurs fois le même sujet comme pour cette vallée de la Creuse. Pour
pouvoir saisir toutes les variations de la lumière au fil du temps, Monet travaille souvent
à plusieurs toiles à la fois :... « ..Je lutte et je travaille…lâchant, reprenant mes toiles au
fur et à mesure que le temps change » écrit-il. Il met donc en chantier plusieurs toiles en
même temps et les avance en parallèle en fonction des différentes heures du jour et de la
météo. Il lui est arrivé de travailler sur onze tableaux distincts lors d’une même journée!
Cette démarche qu’il expérimente dès 1870 et qu’il systématise dans la Creuse (1889)
préfigure d’autres séries célèbres.
RECHERCHE EN HISTOIRE DES ARTS
Fais une recherche pour découvrir les autres séries peintes par Monet. Pour chacune
observe ce qui change d’une toile à l’autre (le cadrage, le point de vue, la saison, le
moment de la journée…)
Les séries constituent une recherche sans précédent sur la substance de la lumière et des
couleurs. Quelques exemples de séries peuvent être citées : La gare Saint Lazare (1877),
Jeune fille à l'ombrelle (1886), Les meules (1890-1891), Les peupliers (1890-1891), Les
cathédrales de Rouen (1890-1891), Le Parlement de Londres (1900-1901). Cette recherche
culmine avec le cycle des nymphéas.
Pour la série des meules par exemple, Monet peint un même motif cadré tour à tour en gros
plan, plan moyen, plan général, se déplaçant de toile en toile. Il guette heure après heure,
saison après saison « les infinis changements du temps sur l’éternelle face de la nature »
comme l’écrit le critique Gustave Geffroy pour qui Monet est avant tout « l’anxieux
observateur des différences de minutes »
ARTS PLASTIQUES
En t’inspirant d’un des paysages qui t’entourent, amuse-toi à le représenter à deux
moments de la journée en jouant sur les effets de lumière. Marque les différences entre
ces deux esquisses et exprime tes impressions devant ce paysage avec des touches de
couleurs.
Choisis une des esquisses et reproduis-la en utilisant la technique des peintres
impressionnistes et de Monet (utilisation de fonds clairs, de couleurs lumineuses, de
touches). Pour obtenir un fond clair tu pourras, recouvrir le support de ton choix (toile,
carton, panneau de bois) de gesso (enduit blanc). Les couleurs lumineuses seront
obtenues en les choisissant sur le cercle chromatique et en rajoutant ou non du blanc. Le
noir et le brun seront bannis de ta palette. Les touches seront réalisées avec des brosses
ou des pinceaux, juxtaposant ou superposant les couleurs vierges, sans presque jamais
les mélanger, de façon à conserver leur fraîcheur, leur transparence.

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